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Les mots de l'actualité (2009), UNION SACRÉE   2009-04-03

UNION SACRÉE 2009-04-03

L'une des expressions qu'on a vu revenir lors de la réunion du G20 – d'abord avec espoir puis avec une certaine surprise soulagée de la part des participants – c'est celle de « l'union sacrée ». C'est à cette union qu'appelait Barack Obama juste avant les discussions officielles, même si c'était en anglais, et il semble qu'elle se soit trouvée au fil des échanges. La formule n'est pas neutre. Elle a toute une histoire, plusieurs précédents dans l'histoire, et notamment dans l'histoire de France. Et ce passé montre bien, à la fois les efforts demandés pour parvenir à cette union, et sa fragilité.

On ne saurait dire que l'union sacrée est une union contre nature, mais c'est en tout cas une entente qui nécessite des concessions de la part de tous les participants. Elle réunit des gens profondément divisés, qui ont des opinions très divergentes sur de nombreux sujets.

Mais devant un danger pressant, devant une urgence, une situation d'exception, on accepte de mettre de côté certaines inimitiés, certains scrupules de principe, certaines différences d'idées ou même d'engagements, et on décide de faire front devant un ennemi commun. Tous unis, même si c'est pour peu de temps, devant un danger qui nous menace tous. Ainsi en est-il peut-être des dirigeants rassemblés pour le G20, qui tentent de modifier les pratiques de l'économie de marché pour enrayer la crise. Mais quel souvenir du passé l'expression « union sacrée » porte-t-elle ? Un mot, déjà, pour rappeler que les plus anciennes réminiscences sont religieuses. L'union sacrée est une locution qui désigne le mariage, notamment chez les catholiques. On parle aussi du sacré lien, du sacré nœud du mariage.

Mais la politique a repris l'expression, en particulier à la veille de la Première Guerre mondiale. En France, les pacifistes s'opposent aux partisans de la guerre, jusqu'à ce que cette guerre soit imminente et qu'elle passe du discours à la réalité. Là, les partisans du conflit vont faire jouer une idée de solidarité nationale. La patrie est en danger, et ce serait nous affaiblir que de perpétuer ces querelles. On appelle donc à l'union sacrée, et la très grande majorité du personnel politique s'engage dans la même bataille. C'est l'heure de gloire de cette expression, qui sera d'ailleurs officiellement prononcée par le président de la République Raymond Poincaré lors d'un discours, le 4 aout 1914. « La France sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée, et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique ». On voit bien quelles sont les images principales à l'œuvre dans ce discours. L'idée directrice est celle de la grande famille française. La France est la mère, et tous les citoyens sont ses fils, réunis dans une assemblée fraternelle, puisque là encore, l'adjectif est prononcé. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


UNION SACRÉE   2009-04-03

L'une des expressions qu'on a vu revenir lors de la réunion du G20 – d'abord avec espoir puis avec une certaine surprise soulagée de la part des participants – c'est celle de « l'union sacrée ». C'est à cette union qu'appelait Barack Obama juste avant les discussions officielles, même si c'était en anglais, et il semble qu'elle se soit trouvée au fil des échanges. La formule n'est pas neutre. Elle a toute une histoire, plusieurs précédents dans l'histoire, et notamment dans l'histoire de France. Et ce passé montre bien, à la fois les efforts demandés pour parvenir à cette union, et sa fragilité.

On ne saurait dire que l'union sacrée est une union contre nature, mais c'est en tout cas une entente qui nécessite des concessions de la part de tous les participants. Elle réunit des gens profondément divisés, qui ont des opinions très divergentes sur de nombreux sujets.

Mais devant un danger pressant, devant une urgence, une situation d'exception, on accepte de mettre de côté certaines inimitiés, certains scrupules de principe, certaines différences d'idées ou même d'engagements, et on décide de faire front devant un ennemi commun. Tous unis, même si c'est pour peu de temps, devant un danger qui nous menace tous. Ainsi en est-il peut-être des dirigeants rassemblés pour le G20, qui tentent de modifier les pratiques de l'économie de marché pour enrayer la crise. Mais quel souvenir du passé l'expression « union sacrée » porte-t-elle ? Un mot, déjà, pour rappeler que les plus anciennes réminiscences sont religieuses. L'union sacrée est une locution qui désigne le mariage, notamment chez les catholiques. On parle aussi du sacré lien, du sacré nœud du mariage.

Mais la politique a repris l'expression, en particulier à la veille de la Première Guerre mondiale. En France, les pacifistes s'opposent aux partisans de la guerre, jusqu'à ce que cette guerre soit imminente et qu'elle passe du discours à la réalité. Là, les partisans du conflit vont faire jouer une idée de solidarité nationale. La patrie est en danger, et ce serait nous affaiblir que de perpétuer ces querelles. On appelle donc à l'union sacrée, et la très grande majorité du personnel politique s'engage dans la même bataille. C'est l'heure de gloire de cette expression, qui sera d'ailleurs officiellement prononcée par le président de la République Raymond Poincaré lors d'un discours, le 4 aout 1914. « La France sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée, et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique ». On voit bien quelles sont les images principales à l'œuvre dans ce discours. L'idée directrice est celle de la grande famille française. La France est la mère, et tous les citoyens sont ses fils, réunis dans une assemblée fraternelle, puisque là encore, l'adjectif est prononcé. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/