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Les mots de l'actualité (2009), SUICIDE   2009-09-17

SUICIDE 2009-09-17

Vague de suicides, épidémie de suicides, c'est ce qu'on lit dans la presse, depuis qu'un vingt-troisième salarié de France Télécom a mis fin à ses jours. L'information est dramatique, et on comprend ces expressions. La vague évoque la série, la succession.

Quant à l'épidémie, c'est bien sûr une façon de parler, le suicide n'est pas une maladie qui s'attrape au contact des autres et qui se propage. Mais deux raisons expliquent cette expression. D'abord le grand nombre de victimes, et ensuite l'idée de contagion, prise bien entendu au sens figuré. Mais il y a comme un mimétisme. On n'oserait pas parler d'imitation, mais ces tragédies ont parfois un effet en écho.

Il est intéressant de revenir sur la formation de ce mot « suicide ». Il est formé sur des racines latines, mais ne vient pas directement du latin. Il a été façonné au XVIIIe siècle, en français, sur le modèle du mot « homicide ». Un homicide, c'est le fait de tuer, c'est ça la racine cide , un homme, ça c'est la racine homo . Un suicide, c'est le fait de tuer soi-même, « sui » est un pronom personnel à la forme dite génitif qui signifie « soi ».

On pourrait donc imaginer d'utiliser le verbe de façon simplement intransitive. On dirait il a suicidé, pour dire il a tué sui, il s'est tué. Mais justement, on va construire la phrase sur le modèle « il s'est tué ». Et on va dire il s'est suicidé. Ce qui est dire deux fois la même chose : il s'est suicidé, littéralement veut dire il s'est tué, lui-même. Et on insiste, tant l'action profondément réflexive du suicide reste hors-norme. C'est pour ça qu'on l'exprime deux fois.

Le mot on l'a vu est donc relativement récent. Deux siècles et demi, c'est encore jeune pour la langue. Il n'empêche qu'il a souvent des usages dérivés, figurés, ou simplement qui font intervenir des notions de grande imprudence ou d'inconscience. Si l'on dit à un marin : « c'est du suicide de sortir par ce temps », on veut simplement dire que la mer est tellement dangereuse qu'on se met en danger mortel en voulant naviguer.

On parle souvent aussi de comportement suicidaire, lorsque quelqu'un se met en danger. Ce n'est pas vraiment qu'il veuille se tuer, mais il y a comme un désir qui se fait jour quand on ne prend pas les précautions élémentaires. Et on se met dans une situation incroyablement risquée, on conduit trop vite, on ne ménage pas sa santé. On dit, à ce moment là, qu'on est suicidaire.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


SUICIDE   2009-09-17 SELBSTMORD 2009-09-17 SUICIDE 2009-09-17 SUICIDIO 2009-09-17 SUICÍDIO 2009-09-17 INTIHAR 2009-09-17

Vague de suicides, épidémie de suicides, c’est ce qu’on lit dans la presse, depuis qu’un vingt-troisième salarié de France Télécom a mis fin à ses jours. Selbstmordwelle, Selbstmordepidemie, das lesen wir in der Presse, seit ein dreiundzwanzigster Mitarbeiter von France Telecom sein Leben beendete. L’information est dramatique, et on comprend ces expressions. Die Informationen sind dramatisch, und wir verstehen diese Ausdrücke. La vague évoque la série, la succession. Die Welle evoziert die Reihe, die Nachfolge.

Quant à l’épidémie, c’est bien sûr une façon de parler, le suicide n’est pas une maladie qui s’attrape au contact des autres et qui se propage. Was die Epidemie angeht, so ist das natürlich eine Redensart, Suizid ist keine Krankheit, die man sich bei Kontakt mit anderen einfängt und die sich ausbreitet. Mais deux raisons expliquent cette expression. Aber zwei Gründe erklären diesen Ausdruck. D’abord le grand nombre de victimes, et ensuite l’idée de contagion, prise bien entendu au sens figuré. Zuerst die große Opferzahl, dann der Gedanke der Ansteckung, natürlich im übertragenen Sinne. Mais il y a comme un mimétisme. On n’oserait pas parler d’imitation, mais ces tragédies ont parfois un effet en écho. Von Nachahmung würden wir nicht sprechen, aber diese Tragödien haben manchmal einen Widerhall.

Il est intéressant de revenir sur la formation de ce mot « suicide ». Il est formé sur des racines latines, mais ne vient pas directement du latin. Es wird auf lateinischen Wurzeln gebildet, kommt aber nicht direkt aus dem Lateinischen. Il a été façonné au XVIIIe siècle, en français, sur le modèle du mot « homicide ». Un homicide, c’est le fait de tuer, c’est ça la racine cide , un homme, ça c’est la racine homo . Un suicide, c’est le fait de tuer soi-même, « sui » est un pronom personnel à la forme dite génitif qui signifie « soi ».

On pourrait donc imaginer d’utiliser le verbe de façon simplement intransitive. On dirait il a suicidé, pour dire il a tué sui, il s’est tué. Mais justement, on va construire la phrase sur le modèle « il s’est tué ». Et on va dire il s’est suicidé. Ce qui est dire deux fois la même chose : il s’est suicidé, littéralement veut dire il s’est tué, lui-même. Et on insiste, tant l’action profondément réflexive du suicide reste hors-norme. C’est pour ça qu’on l’exprime deux fois.

Le mot on l’a vu est donc relativement récent. Deux siècles et demi, c’est encore jeune pour la langue. Il n’empêche qu’il a souvent des usages dérivés, figurés, ou simplement qui font intervenir des notions de grande imprudence ou d’inconscience. Si l’on dit à un marin : « c’est du suicide de sortir par ce temps », on veut simplement dire que la mer est tellement dangereuse qu’on se met en danger mortel en voulant naviguer.

On parle souvent aussi de comportement suicidaire, lorsque quelqu’un se met en danger. Ce n’est pas vraiment qu’il veuille se tuer, mais il y a comme un désir qui se fait jour quand on ne prend pas les précautions élémentaires. Et on se met dans une situation incroyablement risquée, on conduit trop vite, on ne ménage pas sa santé. On dit, à ce moment là, qu’on est suicidaire.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/