×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Les mots de l'actualité (2009), STATION-SERVICE   2009-02-04

STATION-SERVICE 2009-02-04

Dans la situation de crise que traverse en ce moment la Guadeloupe, beaucoup de choses sont difficiles, et on a en particulier bien du mal à se déplacer, parce qu'on a bien du mal à acheter du carburant. Depuis plusieurs jours, on ne pouvait plus « faire de l'essence ». Expression ancienne et certainement populaire, « faire de l'essence », c'est familièrement s'approvisionner en essence. Il s'agit d'une formule très particulière, qu'on comprend si l'on connaît l'expression « faire de l'eau ». Elle aussi est familière, mais elle est souvent en usage dans le monde maritime, et signifie s'approvisionner en eau. Cette façon de dire est étonnante. Prise au pied de la lettre, la phrase pourrait vouloir dire fabriquer de l'essence, ou fabriquer de l'eau. On voit bien que ce n'est pas le cas. Il s'agit de s'en procurer, d'en stocker, de se recharger. Pendant plusieurs jours, tous les points où l'on pouvait le faire ont été fermés en Guadeloupe. Mais je reste bien vague en parlant de « tous ces points ». C'est que, justement, on peut les nommer à l'aide de termes différents. Le plus commun est « station-service », un mot composé dont les éléments sont bien vagues. Ni « station » ni « service » ne renvoient à l'idée de carburant, ou même d'entretien de voiture. Mais si le mot – très courant en français – en a gêné certains, c'est qu'il nous vient de l'anglais. Les deux éléments qui le composent existent en français, donc on n'a aucun problème de prononciation ou d'adaptation. En revanche, c'est la grammaire, la juxtaposition de ces deux mots, qui fait plus anglo-saxon. Il s'agit d'une « station » (c'est-à-dire un endroit, un lieu aménagé) pour faire le « service » de votre voiture. Et le mot service , en anglais, correspond alors à ce qu'on appelle « entretien » en français. On peut mettre de l'essence, mais aussi faire une vidange, laver la voiture, regonfler les pneus, changer un essuie-glace. Ce n'est pas exactement de la réparation, ou alors minime. Mais il s'agit de tout ce qui peut maintenir l'auto en bon état de marche. La fonction principale est quand même la vente de carburant. Pour faire plus court, on parle parfois simplement d'une station, ou même d'une station automatique pour celles qui, en libre-service, sont disponibles jour et nuit, à condition qu'on paye à l'aide d'une carte de crédit. Pour cet usage, on a d'autres mots. Longtemps, on a parlé de « poste d'essence », une désignation qui fait un peu désuète aujourd'hui ; on ne parle plus ainsi. En revanche, on parle encore de « pompe » de façon courante. Le mot renvoie d'abord au dispositif qui permet de faire passer l'essence de sa cuve de stockage au réservoir de la voiture. Mais il sert souvent à parler de ce lieu de commerce, de la mise à disposition du carburant au consommateur. On parle du prix de l'essence à la pompe pour parler de son prix au détail, et le différencier du prix du brut ou du prix de gros. Enfin, on mentionnera fièrement « l'essencerie », mot parfaitement formé, totalement hors d'usage en Europe, qui a fait ses classes en Afrique, notamment au Sénégal, et qui est l'un des premiers mots africains à être passés dans le dictionnaire de l'Académie française. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/

STATION-SERVICE   2009-02-04 SERVICE STATION 2009-02-04

Dans la situation de crise que traverse en ce moment la Guadeloupe, beaucoup de choses sont difficiles, et on a en particulier bien du mal à se déplacer, parce qu'on a bien du mal à acheter du carburant. Depuis plusieurs jours, on ne pouvait plus « faire de l'essence ». Expression ancienne et certainement populaire, « faire de l'essence », c'est familièrement s'approvisionner en essence. Il s'agit d'une formule très particulière, qu'on comprend si l'on connaît l'expression « faire de l'eau ». Elle aussi est familière, mais elle est souvent en usage dans le monde maritime, et signifie s'approvisionner en eau. Cette façon de dire est étonnante. Prise au pied de la lettre, la phrase pourrait vouloir dire fabriquer de l'essence, ou fabriquer de l'eau. On voit bien que ce n'est pas le cas. Il s'agit de s'en procurer, d'en stocker, de se recharger. Pendant plusieurs jours, tous les points où l'on pouvait le faire ont été fermés en Guadeloupe. Mais je reste bien vague en parlant de « tous ces points ». C'est que, justement, on peut les nommer à l'aide de termes différents. Le plus commun est « station-service », un mot composé dont les éléments sont bien vagues. Ni « station » ni « service » ne renvoient à l'idée de carburant, ou même d'entretien de voiture. Weder "Station" noch "Service" beziehen sich auf die Idee von Kraftstoff oder sogar auf die Wartung von Autos. Mais si le mot – très courant en français – en a gêné certains, c'est qu'il nous vient de l'anglais. Aber wenn das Wort, das im Französischen sehr verbreitet ist, einige in Verlegenheit gebracht hat, dann kommt es aus dem Englischen. Les deux éléments qui le composent existent en français, donc on n'a aucun problème de prononciation ou d'adaptation. En revanche, c'est la grammaire, la juxtaposition de ces deux mots, qui fait plus anglo-saxon. Il s'agit d'une « station » (c'est-à-dire un endroit, un lieu aménagé) pour faire le « service » de votre voiture. Et le mot service , en anglais, correspond alors à ce qu'on appelle « entretien » en français. On peut mettre de l'essence, mais aussi faire une vidange, laver la voiture, regonfler les pneus, changer un essuie-glace. Ce n'est pas exactement de la réparation, ou alors minime. Mais il s'agit de tout ce qui peut maintenir l'auto en bon état de marche. La fonction principale est quand même la vente de carburant. Pour faire plus court, on parle parfois simplement d'une station, ou même d'une station automatique pour celles qui, en libre-service, sont disponibles jour et nuit, à condition qu'on paye à l'aide d'une carte de crédit. Pour cet usage, on a d'autres mots. Longtemps, on a parlé de « poste d'essence », une désignation qui fait un peu désuète aujourd'hui ; on ne parle plus ainsi. En revanche, on parle encore de « pompe » de façon courante. Le mot renvoie d'abord au dispositif qui permet de faire passer l'essence de sa cuve de stockage au réservoir de la voiture. Mais il sert souvent à parler de ce lieu de commerce, de la mise à disposition du carburant au consommateur. On parle du prix de l'essence à la pompe pour parler de son prix au détail, et le différencier du prix du brut ou du prix de gros. Enfin, on mentionnera fièrement « l'essencerie », mot parfaitement formé, totalement hors d'usage en Europe, qui a fait ses classes en Afrique, notamment au Sénégal, et qui est l'un des premiers mots africains à être passés dans le dictionnaire de l'Académie française. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/