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Les mots de l'actualité (2009), SANCTUARISER   2009-04-02

SANCTUARISER 2009-04-02

Le sommet du G20 se réunit à Londres pour tenter des trouver des solutions à la crise économique, mais on sait que les remèdes envisagés, les logiques qui sont à l'œuvre, ne sont pas au goût de tout le monde. Beaucoup de gens aimeraient manifester et faire savoir leur désaccord, leur mécontentement, parfois leur colère, par rapport à ces discussions entre gouvernants.

La police londonienne est donc sur les dents, la capitale anglaise est sous haute surveillance, et l'accès au lieu des conférences est strictement limité, avec des filtrages et des contrôles draconiens. À tel point qu'on parle de la City de Londres (la City, c'est le centre économique de la ville) comme d'un sanctuaire. La City est « sanctuarisée ». C'est un mot que j'ai lu à plusieurs reprises dans la presse d'aujourd'hui. Dans Le Monde , le mot est mis entre guillemets, ce qui rappelle quand même que le sens de ce terme n'est pas vraiment attesté dans la langue, ni dans les dictionnaires. Mais enfin, on l'emploie et on le comprend. Il ne s'agit pas d'un réel néologisme, d'un mot qui aurait été créé à cette occasion. Le mot « sanctuariser » existe avec un sens propre. Sanctuariser un lieu – même si le mot est rare – signifie lui donner un caractère religieux et sacré. C'est presque comme consacrer un lieu pour en faire une église. Mais attention, une église est consacrée quand on y célèbre les offices religieux, quand c'est un lieu de culte, mais on ne dit pas qu'elle est sanctuarisée. Ce n'est pas un sanctuaire. Le mot « sanctuaire » vient du latin sanctus , qui signifie « saint », mais qui renvoie plutôt au « saint des saints ». Le sens est superlatif, il ne s'agit pas simplement d'un endroit où on célèbre une cérémonie religieuse et qui demande une attitude, un recueillement. Le lieu est encore plus défendu que cela. On n'y accède pas librement. Ce serait le profaner que d'y pénétrer sans avoir une fonction religieuse précise qu'on y remplit. Donc, le sanctuaire est le centre d'un espace qui est déjà réservé. C'est le centre du centre, comme on dit le saint des saints, un lieu interdit auquel n'ont accès que les initiés qui ont passé des épreuves, donc un tout petit nombre de personnes. Toute une légende peut donc se construire autour de ces endroits mythiques, et l'expression « le saint des saints » est plus utilisée que « sanctuaire » pour désigner un endroit où on n'arrive pas facilement. « J'ai fini par être reçu par le président dans son bureau, le saint des saints ». Ou encore : « j'ai fini par être reçu par la belle Cunégonde dans son boudoir ». Ça peut aussi être le saint des saints.

Quant au verbe « sanctuariser », dans l'usage qu'on vient de relever, c'est un peu un superlatif de « sécuriser ». C'est un mot récent. Il s'agit de contrôler, de surveiller, mais au point que personne ne doit y entrer, et que toute circulation est totalement bouclée si on n'a pas le droit d'accéder, justement, au lieu de la conférence. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


SANCTUARISER   2009-04-02

Le sommet du G20 se réunit à Londres pour tenter des trouver des solutions à la crise économique, mais on sait que les remèdes envisagés, les logiques qui sont à l'œuvre, ne sont pas au goût de tout le monde. Beaucoup de gens aimeraient manifester et faire savoir leur désaccord, leur mécontentement, parfois leur colère, par rapport à ces discussions entre gouvernants.

La police londonienne est donc sur les dents, la capitale anglaise est sous haute surveillance, et l'accès au lieu des conférences est strictement limité, avec des filtrages et des contrôles draconiens. À tel point qu'on parle de la City de Londres (la City, c'est le centre économique de la ville) comme d'un sanctuaire. La City est « sanctuarisée ». C'est un mot que j'ai lu à plusieurs reprises dans la presse d'aujourd'hui. Dans Le Monde , le mot est mis entre guillemets, ce qui rappelle quand même que le sens de ce terme n'est pas vraiment attesté dans la langue, ni dans les dictionnaires. Mais enfin, on l'emploie et on le comprend. Il ne s'agit pas d'un réel néologisme, d'un mot qui aurait été créé à cette occasion. Le mot « sanctuariser » existe avec un sens propre. Sanctuariser un lieu – même si le mot est rare – signifie lui donner un caractère religieux et sacré. C'est presque comme consacrer un lieu pour en faire une église. Mais attention, une église est consacrée quand on y célèbre les offices religieux, quand c'est un lieu de culte, mais on ne dit pas qu'elle est sanctuarisée. Ce n'est pas un sanctuaire. Le mot « sanctuaire » vient du latin sanctus , qui signifie « saint », mais qui renvoie plutôt au « saint des saints ». Le sens est superlatif, il ne s'agit pas simplement d'un endroit où on célèbre une cérémonie religieuse et qui demande une attitude, un recueillement. Le lieu est encore plus défendu que cela. On n'y accède pas librement. Ce serait le profaner que d'y pénétrer sans avoir une fonction religieuse précise qu'on y remplit. Donc, le sanctuaire est le centre d'un espace qui est déjà réservé. C'est le centre du centre, comme on dit le saint des saints, un lieu interdit auquel n'ont accès que les initiés qui ont passé des épreuves, donc un tout petit nombre de personnes. Toute une légende peut donc se construire autour de ces endroits mythiques, et l'expression « le saint des saints » est plus utilisée que « sanctuaire » pour désigner un endroit où on n'arrive pas facilement. « J'ai fini par être reçu par le président dans son bureau, le saint des saints ». Ou encore : « j'ai fini par être reçu par la belle Cunégonde dans son boudoir ». Ça peut aussi être le saint des saints.

Quant au verbe « sanctuariser », dans l'usage qu'on vient de relever, c'est un peu un superlatif de « sécuriser ». C'est un mot récent. Il s'agit de contrôler, de surveiller, mais au point que personne ne doit y entrer, et que toute circulation est totalement bouclée si on n'a pas le droit d'accéder, justement, au lieu de la conférence. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/