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Les mots de l'actualité (2009), REFOULER   2009-11-16

REFOULER 2009-11-16

Une militante du front Polisario vient de se faire refouler à la frontière marocaine, vers les îles Canaries. Refouler ? C'est-à-dire simplement qu'on ne l'a pas laissée franchir la frontière, mais qu'on la obligée à revenir d'où elle venait. L'image est parlante, c'est comme si on l'avait non seulement empêchée d'entrer, mais repoussée vers l'endroit d'où elle venait. Et le mot est souvent utilisé dans ce sens-là, figuré mais transparent. Alors, ça vaut pour les frontières mais aussi pour d'autres circonstances, notamment quand on pense à des gens qui font pression, qui insistent pour pénétrer quelque part. Une délégation, par exemple, qui veut être reçue par un responsable politique, peut être refoulée. Ou celui qui voudrait bien assister à un spectacle alors que la salle est pleine, qu'on affiche complet, lui aussi il peut être refoulé par le service d'ordre.

Le sens du mot est au départ très concret. C'est un vieux terme du français qui s'emploie d'abord par rapport à la mer, au courant. Un bateau qui avance contre la force de l'eau, à contre-courant, refoule. Mais ces usages, même s'ils sont compréhensibles, ne sont plus actuels. Et pourtant, il en reste l'image d'une pression qu'on essaie de contrarier. Deux forces agissent l'une contre l'autre.

Et ce qui domine, c'est l'idée que quelque chose ne peut passer un certain seuil, ne peut passer d'un lieu à un autre. Ça donne quelques expressions toute faites, qi peuvent utiliser le mot de façon transitive, avec un complément direct. On dit par exemple refouler ses larmes, c'est-à-dire les retenir au dernier moment, ne pas les laisser couler, et les renvoyer au fond de soi.

Mais on parle aussi de refouler ses sentiments ; et l'emploi du mot dans le vocabulaire de la psychologie, et notamment de la psychanalyse est très important.

Le refoulement est, en effet, une théorie importante de Freud ; comme si on empêchait certaines idées, certains désirs d'accéder à la conscience. On les stoppe pour qu'il n'arrive pas à la conscience et qu'ils restent inconscients. Et le conscient et l'inconscient sont presque considérés comme des régions, séparés par une frontière. On fait donc refluer vers l'inconscient un certains nombre d'idées dont on ne veut pas accepter l'expression.

Mais si l'on quitte le domaine un peu technique de la psychologie, on retrouve ce mot, et même le participe passé refoulé, assez utilisé de façon courante et vulgarisée. On dit de quelqu'un que c'est un refoulé, ou une refoulée, c'est en général peu aimable. Ce la implique qu'il n'arrive pas à assumer, à accepter ses désirs, ce qu'il veut vraiment. Et que donc il est un peu coincé.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/

REFOULER   2009-11-16 REPRESS 2009-11-16

Une militante du front Polisario vient de se faire refouler à la frontière marocaine, vers les îles Canaries. Refouler ? C’est-à-dire simplement qu’on ne l’a pas laissée franchir la frontière, mais qu’on la obligée à revenir d’où elle venait. L’image est parlante, c’est comme si on l’avait non seulement empêchée d’entrer, mais repoussée vers l’endroit d’où elle venait. Et le mot est souvent utilisé dans ce sens-là, figuré mais transparent. Alors, ça vaut pour les frontières mais aussi pour d’autres circonstances, notamment quand on pense à des gens qui font pression, qui insistent pour pénétrer quelque part. So, that goes for borders but also for other circumstances, especially when you think of people who put pressure, who insist on entering somewhere. Une délégation, par exemple, qui veut être reçue par un responsable politique, peut être refoulée. Ou celui qui voudrait bien assister à un spectacle alors que la salle est pleine, qu’on affiche complet, lui aussi il peut être refoulé par le service d’ordre.

Le sens du mot est au départ très concret. C’est un vieux terme du français qui s’emploie d’abord par rapport à la mer, au courant. Un bateau qui avance contre la force de l’eau, à contre-courant, refoule. Mais ces usages, même s’ils sont compréhensibles, ne sont plus actuels. Et pourtant, il en reste l’image d’une pression qu’on essaie de contrarier. And yet, there remains the image of a pressure that we try to thwart. Deux forces agissent l’une contre l’autre.

Et ce qui domine, c’est l’idée que quelque chose ne peut passer un certain seuil, ne peut passer d’un lieu à un autre. Ça donne quelques expressions toute faites, qi peuvent utiliser le mot de façon transitive, avec un complément direct. On dit par exemple refouler ses larmes, c’est-à-dire les retenir au dernier moment, ne pas les laisser couler, et les renvoyer au fond de soi.

Mais on parle aussi de refouler ses sentiments ; et l’emploi du mot dans le vocabulaire de la psychologie, et notamment de la psychanalyse est très important.

Le refoulement est, en effet, une théorie importante de Freud ; comme si on empêchait certaines idées, certains désirs d’accéder à la conscience. On les stoppe pour qu’il n’arrive pas à la conscience et qu’ils restent inconscients. Et le conscient et l’inconscient sont presque considérés comme des régions, séparés par une frontière. On fait donc refluer vers l’inconscient un certains nombre d’idées dont on ne veut pas accepter l’expression.

Mais si l’on quitte le domaine un peu technique de la psychologie, on retrouve ce mot, et même le participe passé refoulé, assez utilisé de façon courante et vulgarisée. On dit de quelqu’un que c’est un refoulé, ou une refoulée, c’est en général peu aimable. Ce la implique qu’il n’arrive pas à assumer, à accepter ses désirs, ce qu’il veut vraiment. Et que donc il est un peu coincé.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/