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Les mots de l'actualité (2009), PRÉMÉDITÉ   2009-10-30

PRÉMÉDITÉ 2009-10-30

La tuerie du stade de Conakry, en Guinée, est encore dans tous les esprits. Son bilan meurtrier n'est pas vraiment établi. Et même les circonstances de drame ne sont pas établies. On avait beaucoup pensé au départ à une tragédie de hasard, à un déferlement de violence terrifiant, comme un coup de tonnerre qui surprend tout le monde. Et on se demande, maintenant, s'il ne se serait pas agi d'un piège ou tout au moins d'un massacre plus ou moins organisé.

Sur le site de RFI comme dans de nombreux médias, j'ai donc lu à plusieurs reprises les mêmes mots qu'on ose aujourd'hui, même si rien n'est sûr : Une action préméditée ? Une action planifiée ? Ces deux mots reviennent. Et ils sont, dans cet emploi, presque synonymes. Et pourtant, il y a des différences, et presque des gradations entre eux !

Que veut dire « prémédité » ? Décomposer le mot nous aide : il commence par le préfixe « pré » qui indique, qui signifie à peu près, « avant » ! Et même dans ce cas, à l'avance. Il s'agit donc d'une action qui ne s'est pas décidée sur le moment, mais qu'on avait prévue.

Le mot peut s'employer dans toute sorte de contextes, mais il est, évidemment, très lié à son emploi judiciaire. On parle bien souvent de crime prémédité, d'action préméditée. Et on utilise aussi le nom préméditation. Une mauvaise action faite avec préméditation est toujours considérée plus sévèrement que celle qui se fait dans l'éclat d'un moment.

Et cet emploi fait réfléchir sur la deuxième moitié du mot, méditer. Le verbe est encore courant, et il signifie penser, réfléchir, avec une certaine idée de durée. On passe et on repasse un problème, une situation dans son esprit. On la goûte, on la soupèse, on en considère tous les angles. Il ne s'agit pas vraiment d'une pensée scientifique, mathématique. Et le verbe a souvent une dimension religieuse. Méditer n'est pas loin de prier, sans que ce soit la même chose. Mais on se recueille, on cesse de se disperser dans les sollicitations extérieures ! Toutefois méditer a eu des sens changeants, et il a aussi signifié qu'on mettait au point un projet. Il était plus ou moins synonyme d'échafauder, projeter, mûrir une idée, c'est-à-dire projeter dans l'avenir ce qu'on souhaitait réaliser. Une action préméditée est donc clairement une action envisagée à l'avance.

Alors y a-t-il vraiment une différence sensible entre préméditer et planifier. D'abord planifier n'a pas spécialement d'usage judiciaire. Et il n'a rien de péjoratif. Alors que si l'on prémédite quelque chose, c'est presque toujours un mauvais coup, à moins que le verbe soit pris de façon ironique. Ensuite il a un écho bien plus administratif que préméditer. Il s'agit de faire un plan, on a donc l'idée éventuelle que tout cela ne reste pas dans une tête, mais se couche sur du papier. Enfin préméditer insiste sur l'idée qu'on a à l'avance. Alors que planifier insiste sur l'organisation, la mise en œuvre. Et bien souvent, il s'agit de quelque chose de collective, et pas d'individuel.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


PRÉMÉDITÉ   2009-10-30 PREMEDITATED 2009-10-30

La tuerie du stade de Conakry, en Guinée, est encore dans tous les esprits. The killing of the stadium in Conakry, Guinea, is still on everyone's mind. Son bilan meurtrier n’est pas vraiment établi. His murderous record is not really established. Et même les circonstances de drame ne sont pas établies. On avait beaucoup pensé au départ à une tragédie de hasard, à un déferlement de violence terrifiant, comme un coup de tonnerre qui surprend tout le monde. Et on se demande, maintenant, s’il ne se serait pas agi d’un piège ou tout au moins d’un massacre plus ou moins organisé.

Sur le site de RFI comme dans de nombreux médias, j’ai donc lu à plusieurs reprises les mêmes mots qu’on ose aujourd’hui, même si rien n’est sûr : Une action préméditée ? Une action planifiée ? Ces deux mots reviennent. Et ils sont, dans cet emploi, presque synonymes. Et pourtant, il y a des différences, et presque des gradations entre eux !

Que veut dire « prémédité » ? Décomposer le mot nous aide : il commence par le préfixe « pré » qui indique, qui signifie à peu près, « avant » ! Et même dans ce cas, à l’avance. Il s’agit donc d’une action qui ne s’est pas décidée sur le moment, mais qu’on avait prévue.

Le mot peut s’employer dans toute sorte de contextes, mais il est, évidemment, très lié à son emploi judiciaire. On parle bien souvent de crime prémédité, d’action préméditée. Et on utilise aussi le nom préméditation. Une mauvaise action faite avec préméditation est toujours considérée plus sévèrement que celle qui se fait dans l’éclat d’un moment. An evil action done with premeditation is always considered more severely than one done in the brilliance of a moment.

Et cet emploi fait réfléchir sur la deuxième moitié du mot, méditer. Le verbe est encore courant, et il signifie penser, réfléchir, avec une certaine idée de durée. On passe et on repasse un problème, une situation dans son esprit. On la goûte, on la soupèse, on en considère tous les angles. Il ne s’agit pas vraiment d’une pensée scientifique, mathématique. Et le verbe a souvent une dimension religieuse. Méditer n’est pas loin de prier, sans que ce soit la même chose. Mais on se recueille, on cesse de se disperser dans les sollicitations extérieures ! Toutefois méditer a eu des sens changeants, et il a aussi signifié qu’on mettait au point un projet. However, meditating has had changing meanings, and it has also meant developing a plan. Il était plus ou moins synonyme d’échafauder, projeter, mûrir une idée, c’est-à-dire projeter dans l’avenir ce qu’on souhaitait réaliser. It was more or less synonymous with scaffolding, projecting, maturing an idea, that is to say, projecting into the future what one wished to achieve. Une action préméditée est donc clairement une action envisagée à l’avance.

Alors y a-t-il vraiment une différence sensible entre préméditer et planifier. D’abord planifier n’a pas spécialement d’usage judiciaire. Et il n’a rien de péjoratif. Alors que si l’on prémédite quelque chose, c’est presque toujours un mauvais coup, à moins que le verbe soit pris de façon ironique. Ensuite il a un écho bien plus administratif que préméditer. Il s’agit de faire un plan, on a donc l’idée éventuelle que tout cela ne reste pas dans une tête, mais se couche sur du papier. It's about making a plan, so we have the eventual idea that all this doesn't stay in a head, but goes down on paper. Enfin préméditer insiste sur l’idée qu’on a à l’avance. Alors que planifier insiste sur l’organisation, la mise en œuvre. Et bien souvent, il s’agit de quelque chose de collective, et pas d’individuel.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/