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Les mots de l'actualité (2009), IDENTITÉ NATIONALE   2009-11-04

IDENTITÉ NATIONALE 2009-11-04

Le grand débat sur l'identité nationale, annoncé par Éric Besson, va se poursuivre jusqu'à la fin du mois de janvier 2010. Et l'existence même du débat fait débat. On s'est beaucoup demandé si c'était une bonne chose qu'il ait lieu.

Pourquoi ? Probablement parce qu'on ne sait pas exactement ce que recouvre cette formule d'identité nationale, et qu'elle fait parfois un peu peur. Il s'agit bien de la réalité de l'appartenance à une nation, et en même temps du sentiment d'appartenir à cette nation. Le fait qu'une nation, même si elle accepte toute une diversité de populations, corresponde à un certain socle de réalités communes.

Alors qu'est-ce qui fait peur là-dedans ? Justement le fait qu'on mette une limite, et qu'on puisse dire que telle conduite, telle coutume, telle pratique ou telle opinion ne correspond pas à l'identité nationale. Et que donc, ceux qui les portent sont des exceptions au sein de l'identité nationale. Le risque étant qu'on finisse par considérer qu'ils n'appartiennent pas à cette identité, qu'ils ne sont pas dignes de lui appartenir, qu'ils en sont exclus. Donc, si cette identité peut effrayer c'est qu'on craint que l'idée soit utilisée de façon « excluante », qu'elle soit parallèle à un repli, une fermeture.

Bien que les expressions soient voisines, il est intéressant de voir que quand on parle d'identité nationale, on a un écho très différent de celui qui provient de l'expression « sentiment national ». Le sentiment national rassemble des différences autour de quelques axes. C'est l'expression qu'on employait par exemple à propos de l'unité italienne ou de l'unité allemande, en devenir à la fin du XIXe siècle.

Les Florentins, les Napolitains, les Romains, les Vénitiens se sentaient italiens, même s'ils appartenaient à des républiques ou des principautés différentes. On a peur que l'identité nationale ne serve à éloigner ceux qui sont trop éloignés de ces axes. Et cette appréhension s'entend plus encore quand on utilise non pas le nom identité, mais l'adjectif identitaire. Réflexe identitaire, repli identitaire, voilà des expressions qu'on emploie fréquemment, et plutôt pour condamner ce qu'elles représentent.

Pourtant la formule identité nationale a un côté plus moderne que sentiment national. Peut-être parce que ce mot d'identité est à en vogue. Par exemple, on peut se poser des questions sur l'identité européenne. Mais au-delà de cet effet de mode, on voit bien que les deux mots ne s'appliquent pas au même sujet. Le sentiment (national, européen, etc) est individuel. Alors que l'identité, européenne ou française par exemple, est un fait plus abstrait et plus collectif.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


IDENTITÉ NATIONALE   2009-11-04 NATIONAL IDENTITY 2009-11-04

Le grand débat sur l’identité nationale, annoncé par Éric Besson, va se poursuivre jusqu’à la fin du mois de janvier 2010. Et l’existence même du débat fait débat. On s’est beaucoup demandé si c’était une bonne chose qu’il ait lieu.

Pourquoi ? Probablement parce qu’on ne sait pas exactement ce que recouvre cette formule d’identité nationale, et qu’elle fait parfois un peu peur. Il s’agit bien de la réalité de l’appartenance à une nation, et en même temps du sentiment d’appartenir à cette nation. Le fait qu’une nation, même si elle accepte toute une diversité de populations, corresponde à un certain socle de réalités communes.

Alors qu’est-ce qui fait peur là-dedans ? Justement le fait qu’on mette une limite, et qu’on puisse dire que telle conduite, telle coutume, telle pratique ou telle opinion ne correspond pas à l’identité nationale. Et que donc, ceux qui les portent sont des exceptions au sein de l’identité nationale. Le risque étant qu’on finisse par considérer qu’ils n’appartiennent pas à cette identité, qu’ils ne sont pas dignes de lui appartenir, qu’ils en sont exclus. Donc, si cette identité peut effrayer c’est qu’on craint que l’idée soit utilisée de façon « excluante », qu’elle soit parallèle à un repli, une fermeture.

Bien que les expressions soient voisines, il est intéressant de voir que quand on parle d’identité nationale, on a un écho très différent de celui qui provient de l’expression « sentiment national ». Le sentiment national rassemble des différences autour de quelques axes. The national feeling brings together differences around a few axes. C’est l’expression qu’on employait par exemple à propos de l’unité italienne ou de l’unité allemande, en devenir à la fin du XIXe siècle.

Les Florentins, les Napolitains, les Romains, les Vénitiens se sentaient italiens, même s’ils appartenaient à des républiques ou des principautés différentes. On a peur que l’identité nationale ne serve à éloigner ceux qui sont trop éloignés de ces axes. Et cette appréhension s’entend plus encore quand on utilise non pas le nom identité, mais l’adjectif identitaire. Réflexe identitaire, repli identitaire, voilà des expressions qu’on emploie fréquemment, et plutôt pour condamner ce qu’elles représentent. Identity reflex, identity withdrawal, these are expressions that are frequently used, and rather to condemn what they represent.

Pourtant la formule identité nationale a un côté plus moderne que sentiment national. Peut-être parce que ce mot d’identité est à en vogue. Par exemple, on peut se poser des questions sur l’identité européenne. Mais au-delà de cet effet de mode, on voit bien que les deux mots ne s’appliquent pas au même sujet. Le sentiment (national, européen, etc) est individuel. Alors que l’identité, européenne ou française par exemple, est un fait plus abstrait et plus collectif.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/