GÉRIATRIE 2009-10-07
Le prix Nobel de médecine vient d'être décerné à trois chercheurs américains, qui étudient le vieillissement des cellules, et qui ont mis en évidence le rôle d'une enzyme particulière dans ce processus. Est-ce la clé d'une jeunesse éternelle ? Le docteur Faust revient-il parmi nous ?
Avant d'en venir à ces extrémités, on peut s'interroger sur les façons de nommer leur métier. Ce sont des spécialistes du vieillissement, qu'on pourrait appeler des gérontologues. La gérontologie est, en effet, l'étude des phénomènes liés au vieillissement. Est-ce que ce sont des gériatres ? Pas exactement, puisque ce dernier mot renvoie davantage à une idée de soin que d'étude. Les gériatres soignent les vieilles personnes, tâchent de leur rendre la vie plus facile, sont spécialisés dans les maladies qui touchent les gens âgés.
Et on parle de clinique gérontologique et de service gériatrique, ce qui montre bien que dans certains usages, les deux mots ont des compétences qui se chevauchent plus ou moins. La formation du mot s'explique grâce à une racine grecque ; geron signifie vieillard. Et on trouve quelques mots construits sur ce radical, comme gérontocratie.
Le terme n'est pas très fréquent, mais il évoque une pratique de gouvernement qui met au pouvoir des gens très âgés. Attention, l'usage du mot n'est pas neutre, on ne l'emploie que pour se moquer de ces gouvernements qui alignent des têtes blanches ou des chauves, pour souligner qu'ils bloquent la situation, qu'ils empêchent les plus jeunes générations d'arriver au pouvoir.
Mais on remarquera que les mots formés sur –cratie, et qui désignent des modes de pouvoir sont presque tous péjoratifs et dénonciateurs. Alors bien entendu, il faut enlever du lot la démocratie, ainsi d'ailleurs que l'aristocratie, qui a un sens historique et un sens figuré. Mais sans ça, la gérontocratie, la ploutocratie – le pouvoir de l'argent –, l'autocratie (le pouvoir à un seul, l'autocrate, c'est-à-dire le despote) ne sont pas employés de façon particulièrement aimable.
Géronte dérive donc du grec géron. Ce n'est pas un nom commun, mais c'est un nom de théâtre courant pour désigner un vieux, notamment dans la période classique : on a des gérontes dans plusieurs pièces de Molière : le Médecin malgré lui et les Fourberies de Scapin . Un vieux méchant, despotique, que l'on va tromper, bien entendu.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/