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Les mots de l'actualité (2009), ETATS-UNIS   2009-02-05

ETATS-UNIS 2009-02-05

Le 12e sommet de l'Union africaine, qui se déroule actuellement, accorde une large place à un débat mouvementé. Les États-Unis d'Afrique verront-ils le jour dans un proche ou un lointain avenir ? Cette idée fait débat au sein de l'Union. Le projet est porté par le colonel Kadhafi. Au-delà de son contenu politique, il est intéressant de voir les effets de cette dénomination. En effet, parler d'États-Unis ne fait pas du tout la même impression que de parler d'union des États. Des unions, on en a déjà : l'Union africaine, par exemple, ou l'Union européenne. Mais aussi cohérentes, aussi puissantes que soient ces unions d'États, on sait bien qu'elles ne sont pas des États elles-mêmes. Ce sont des ensembles à but économique, ou politique, ou culturel. Elles sont composées de gens qui se sentent des points communs, une certaine identité commune. Mais ces gens sont citoyens de pays différents et le savent bien. Ils n'appartiennent pas à la même nation, au même État. En revanche, l'appellation États-Unis se calque sur la dénomination d'un pays, les États-Unis d'Amérique. L'expression États-Unis d'Afrique en est évidemment démarquée, elle se pose inévitablement de façon symétrique, et porte avec elle une idée d'État fédéral. D'ailleurs, les partisans de ces États-Unis d'Afrique sont parfois dénommés des fédéralistes, alors qu'on nomme ceux qui sont opposés à l'idée des souverainistes. Ce dernier mot met l'accent sur la souveraineté des pays qui pourraient constituer cet ensemble. De même, on oppose les maximalistes, ceux qui veulent aller loin et vite dans la constitution de ce super État africain, aux gradualistes, ceux qui préfèrent une marche plus modérée et progressive, graduelle.

Le mot « États-Unis » est quand même très étrange. Il ne semble pas que ce soit un vrai nom d'État. Quand on ne précise pas, bien sûr, on va penser aux États-Unis d'Amérique, l'État américain. Mais là encore, le nom manque de précision, puisqu'on a aussi, par exemple, les États-Unis du Brésil, ou les États-Unis de Colombie. Evidemment, ces appellations ne sont pas fréquentes ; on parle en général de la Colombie ou du Brésil. Mais les dénominations existent pourtant.

Alors, il aurait fallu préciser, pour parler de ce grand pays, « les États-Unis d'Amérique du Nord » (à condition que ni le Canada ni le Mexique ne s'emparent de la formule). On y avait pensé vers 1905. La proposition avait été faite de parler d'USONA : United States of North America . Mais ça n'a pas pris. L'expression États-Unis était déjà entrée dans les mœurs linguistiques. Vers 1774, quelques années avant l'indépendance, alors qu'on n'a encore que des colonies anglaises, on commence dans les milieux indépendantistes à parler des United Colonies of America . Avec la Guerre d'indépendance, on change la formule, qui devient United States of America , États-Unis d'Amérique, qu'on va trouver officiellement en 1778 dans la rédaction du premier traité d'alliance avec la France, signé par Benjamin Franklin. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


ETATS-UNIS   2009-02-05

Le 12e sommet de l'Union africaine, qui se déroule actuellement, accorde une large place à un débat mouvementé. Les États-Unis d'Afrique verront-ils le jour dans un proche ou un lointain avenir ? Cette idée fait débat au sein de l'Union. Le projet est porté par le colonel Kadhafi. Au-delà de son contenu politique, il est intéressant de voir les effets de cette dénomination. En effet, parler d'États-Unis ne fait pas du tout la même impression que de parler d'union des États. Des unions, on en a déjà : l'Union africaine, par exemple, ou l'Union européenne. Mais aussi cohérentes, aussi puissantes que soient ces unions d'États, on sait bien qu'elles ne sont pas des États elles-mêmes. Ce sont des ensembles à but économique, ou politique, ou culturel. Elles sont composées de gens qui se sentent des points communs, une certaine identité commune. Mais ces gens sont citoyens de pays différents et le savent bien. Ils n'appartiennent pas à la même nation, au même État. En revanche, l'appellation États-Unis se calque sur la dénomination d'un pays, les États-Unis d'Amérique. L'expression États-Unis d'Afrique en est évidemment démarquée, elle se pose inévitablement de façon symétrique, et porte avec elle une idée d'État fédéral. D'ailleurs, les partisans de ces États-Unis d'Afrique sont parfois dénommés des fédéralistes, alors qu'on nomme ceux qui sont opposés à l'idée des souverainistes. Ce dernier mot met l'accent sur la souveraineté des pays qui pourraient constituer cet ensemble. De même, on oppose les maximalistes, ceux qui veulent aller loin et vite dans la constitution de ce super État africain, aux gradualistes, ceux qui préfèrent une marche plus modérée et progressive, graduelle.

Le mot « États-Unis » est quand même très étrange. Il ne semble pas que ce soit un vrai nom d'État. Quand on ne précise pas, bien sûr, on va penser aux États-Unis d'Amérique, l'État américain. Mais là encore, le nom manque de précision, puisqu'on a aussi, par exemple, les États-Unis du Brésil, ou les États-Unis de Colombie. Evidemment, ces appellations ne sont pas fréquentes ; on parle en général de la Colombie ou du Brésil. Mais les dénominations existent pourtant.

Alors, il aurait fallu préciser, pour parler de ce grand pays, « les États-Unis d'Amérique du Nord » (à condition que ni le Canada ni le Mexique ne s'emparent de la formule). On y avait pensé vers 1905. La proposition avait été faite de parler d'USONA : United States of North America . Mais ça n'a pas pris. L'expression États-Unis était déjà entrée dans les mœurs linguistiques. Vers 1774, quelques années avant l'indépendance, alors qu'on n'a encore que des colonies anglaises, on commence dans les milieux indépendantistes à parler des United Colonies of America . Avec la Guerre d'indépendance, on change la formule, qui devient United States of America , États-Unis d'Amérique, qu'on va trouver officiellement en 1778 dans la rédaction du premier traité d'alliance avec la France, signé par Benjamin Franklin. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/