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Les mots de l'actualité (2009), EMPRUNT   2009-07-01

EMPRUNT 2009-07-01

L'État lance un emprunt pour renflouer ses caisses et relancer l'économie du pays. C'est en tout cas ce dont on parle en ce moment. Et les emprunts ont un nom. Celui-là, on en parle comme de « l'emprunt Sarkozy ». C'est d'ailleurs une première, puisque les emprunts portaient précédemment le nom du ministre qui les avait portés. On se rappelle l'emprunt Pinay – indexé sur le cours de l'or – l'emprunt Giscard, l'emprunt Balladur. Là, ce sera une première, avec le nom du président de la République.

« Emprunt » vient bien sûr du verbe « emprunter », un vieux mot français qui dérive du latin de façon compliquée, ce qui montre bien que c'est un mot populaire, et non savant. « Emprunter » est bien sûr le symétrique du verbe « prêter ». J'emprunte si je demande de l'argent, que je devrai rendre plus tard, éventuellement avec des intérêts. Je prête si j'avance de l'argent qu'on me rendra plus tard. Mais bizarrement, le nom « prêt » et le verbe « prêter » sont bien plus utilisés que la famille « emprunt » et « emprunter ». Par exemple, si on manque d'argent pour s'acheter quelque chose, on peut emprunter à une banque, faire un emprunt. Mais la banque, elle, propose un prêt, c'est-à-dire qu'elle voit les choses de son point de vue. Et c'est bien souvent le mot qu'on retient. On parle de « prêt épargne-logement », et non d'un « emprunt épargne-logement ». Souvent, même, à propos de quelque chose qui ne vous appartient pas, on évitera le verbe « emprunter ». « Oh quelle belle voiture ! Elle n'est pas à moi, on me l'a prêtée. » D'ailleurs, on dira plus facilement : « Elle est jolie ta nouvelle voiture. Tu me la prêtes ? », plutôt que « je peux te l'emprunter ? ».

Cela donne un aspect plus emprunté à la phrase.

Et le verbe « emprunter » a d'autres valeurs figurées. Être emprunté, avoir l'air emprunté signifie avoir l'air gêné, comme si on avait une contenance qui n'était pas naturelle. Mais si quelqu'un a l'air emprunté, c'est toujours que cette gêne se voit, que cet embarras est évident, qu'on est mal à l'aise par rapport à cette contenance. En revanche, un nom d'emprunt est un faux nom, qu'on a adopté, non pas pour changer d'identité, mais pour cacher son identité. Il ne s'agit donc pas exactement d'un pseudonyme, dont il est officiel que c'est un autre nom que son nom d'origine. Un nom d'emprunt est destiné à tromper ceux avec qui on l'utilise, pour qu'ils ne sachent pas à qui ils ont réellement affaire. Mais le mot « emprunt » a encore d'autres emplois, moins en rapport avec une volonté de tromper. En littérature, notamment, on parle d'emprunt lorsqu'un écrivain reprend une situation ou un personnage qui existe dans des ouvrages précédents. Par exemple, on parle des emprunts de La Fontaine à Esope, qui avait écrit des fables dans l'Antiquité. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


EMPRUNT   2009-07-01 LOAN 2009-07-01 LENING 2009-07-01 贷款 2009-07-01

L'État lance un emprunt pour renflouer ses caisses et relancer l'économie du pays. C'est en tout cas ce dont on parle en ce moment. Et les emprunts ont un nom. Celui-là, on en parle comme de « l'emprunt Sarkozy ». C'est d'ailleurs une première, puisque les emprunts portaient précédemment le nom du ministre qui les avait portés. On se rappelle l'emprunt Pinay – indexé sur le cours de l'or – l'emprunt Giscard, l'emprunt Balladur. Là, ce sera une première, avec le nom du président de la République.

« Emprunt » vient bien sûr du verbe « emprunter », un vieux mot français qui dérive du latin de façon compliquée, ce qui montre bien que c'est un mot populaire, et non savant. « Emprunter » est bien sûr le symétrique du verbe « prêter ». J'emprunte si je demande de l'argent, que je devrai rendre plus tard, éventuellement avec des intérêts. Je prête si j'avance de l'argent qu'on me rendra plus tard. Mais bizarrement, le nom « prêt » et le verbe « prêter » sont bien plus utilisés que la famille « emprunt » et « emprunter ». Par exemple, si on manque d'argent pour s'acheter quelque chose, on peut emprunter à une banque, faire un emprunt. Mais la banque, elle, propose un prêt, c'est-à-dire qu'elle voit les choses de son point de vue. Et c'est bien souvent le mot qu'on retient. On parle de « prêt épargne-logement », et non d'un « emprunt épargne-logement ». Souvent, même, à propos de quelque chose qui ne vous appartient pas, on évitera le verbe « emprunter ». « Oh quelle belle voiture ! Elle n'est pas à moi, on me l'a prêtée. » D'ailleurs, on dira plus facilement : « Elle est jolie ta nouvelle voiture. Tu me la prêtes ? », plutôt que « je peux te l'emprunter ? ».

Cela donne un aspect plus emprunté à la phrase.

Et le verbe « emprunter » a d'autres valeurs figurées. Être emprunté, avoir l'air emprunté signifie avoir l'air gêné, comme si on avait une contenance qui n'était pas naturelle. Mais si quelqu'un a l'air emprunté, c'est toujours que cette gêne se voit, que cet embarras est évident, qu'on est mal à l'aise par rapport à cette contenance. En revanche, un nom d'emprunt est un faux nom, qu'on a adopté, non pas pour changer d'identité, mais pour cacher son identité. Il ne s'agit donc pas exactement d'un pseudonyme, dont il est officiel que c'est un autre nom que son nom d'origine. Un nom d'emprunt est destiné à tromper ceux avec qui on l'utilise, pour qu'ils ne sachent pas à qui ils ont réellement affaire. Mais le mot « emprunt » a encore d'autres emplois, moins en rapport avec une volonté de tromper. En littérature, notamment, on parle d'emprunt lorsqu'un écrivain reprend une situation ou un personnage qui existe dans des ouvrages précédents. Par exemple, on parle des emprunts de La Fontaine à Esope, qui avait écrit des fables dans l'Antiquité. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/