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Les mots de l'actualité (2009), BARBARE   2009-04-29

BARBARE 2009-04-29

Voici que s'ouvre le procès qui doit juger les membres de cette bande qu'on appelle « le gang des barbares », qui sont soupçonnés d'un infâme crime antisémite : séquestration, torture, meurtre d'un jeune homme en raison de son origine. C'est la violence des crimes dont on les pense coupables qui explique cette appellation de « barbares », dont le sens et l'écho sont très forts. La signification la plus courante du mot renvoie à une idée de cruauté, qu'on l'utilise comme nom ou adjectif – en effet, on peut parler d'un acte barbare pour un acte cruel, et d'un barbare pour celui qui le commet. Mais le mot a souvent un sens superlatif. « Barbare » signifie particulièrement cruel, qui surprend par sa cruauté. Le barbare est un peu l'inhumain, celui qui a dépassé ce qu'on pensait être les limites des vices humains. Quant au mot « barbarie », il reprend les mêmes particularités.

Cela dit, le mot « barbare » a bien d'autres échos. Par exemple, on peut parler d'un costume, d'une danse, d'un spectacle d'une beauté barbare ; c'est une façon de renvoyer à une idée de totale étrangeté. Il s'agit d'un déploiement de couleurs et de formes qui tranchent avec la civilisation à laquelle nous sommes habitués. C'est une sorte de paganisme. Ce qui est barbare a donc un côté incompréhensible qui dépasse les codes sociaux qui nous entourent ordinairement.

L'origine du mot est intéressante. On trouve les mots barbarus, en latin , et barbaros, en grec, qui renvoient d'abord à une langue, à une façon de parler. Le terme est construit comme une onomatopée, une imitation d'un mot qui ne voudrait rien dire, avec cette répétition de syllabe qu'on retrouve dans d'autres mots. « Borborygme » évoque par exemple de façon moins langagière une manière de glouglou – bruit émis par le corps et pas forcément par la bouche, son qui se situe à mi-distance du digestif et du linguistique, dont on ne sait pas s'il est une volonté d'expression ou une conséquence organique. Le barbare est donc à l'origine celui qui parle une langue incompréhensible, au point qu'on se demande si c'est vraiment une langue, un système et un code de communication. Le mot est passé en français avec ce souvenir de l'Antiquité. Les Barbares étaient ceux qui n'étaient ni grecs, ni latins. Ils sont devenus les envahisseurs qui venaient du Nord et de l'Est à l'époque de la décadence de l'empire romain. Puis le terme a clairement évoqué ce qui était étranger au monde chrétien, considéré pendant longtemps comme seul monde civilisé. Et il a gardé des souvenirs de son passé linguistique. Un barbarisme – mot scolaire qu'on entendait le plus souvent dans l'apprentissage des langues anciennes – est un mot ou une tournure qui n'existe pas, et qui donc choque l'oreille de celui qui est habitué au prétendu bon usage. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


BARBARE   2009-04-29

Voici que s'ouvre le procès qui doit juger les membres de cette bande qu'on appelle « le gang des barbares », qui sont soupçonnés d'un infâme crime antisémite : séquestration, torture, meurtre d'un jeune homme en raison de son origine. C'est la violence des crimes dont on les pense coupables qui explique cette appellation de « barbares », dont le sens et l'écho sont très forts. La signification la plus courante du mot renvoie à une idée de cruauté, qu'on l'utilise comme nom ou adjectif – en effet, on peut parler d'un acte barbare pour un acte cruel, et d'un barbare pour celui qui le commet. Mais le mot a souvent un sens superlatif. « Barbare » signifie particulièrement cruel, qui surprend par sa cruauté. Le barbare est un peu l'inhumain, celui qui a dépassé ce qu'on pensait être les limites des vices humains. Quant au mot « barbarie », il reprend les mêmes particularités.

Cela dit, le mot « barbare » a bien d'autres échos. Par exemple, on peut parler d'un costume, d'une danse, d'un spectacle d'une beauté barbare ; c'est une façon de renvoyer à une idée de totale étrangeté. Il s'agit d'un déploiement de couleurs et de formes qui tranchent avec la civilisation à laquelle nous sommes habitués. C'est une sorte de paganisme. Ce qui est barbare a donc un côté incompréhensible qui dépasse les codes sociaux qui nous entourent ordinairement.

L'origine du mot est intéressante. On trouve les mots barbarus, en latin , et barbaros, en grec, qui renvoient d'abord à une langue, à une façon de parler. Le terme est construit comme une onomatopée, une imitation d'un mot qui ne voudrait rien dire, avec cette répétition de syllabe qu'on retrouve dans d'autres mots. « Borborygme » évoque par exemple de façon moins langagière une manière de glouglou – bruit émis par le corps et pas forcément par la bouche, son qui se situe à mi-distance du digestif et du linguistique, dont on ne sait pas s'il est une volonté d'expression ou une conséquence organique. Le barbare est donc à l'origine celui qui parle une langue incompréhensible, au point qu'on se demande si c'est vraiment une langue, un système et un code de communication. Le mot est passé en français avec ce souvenir de l'Antiquité. Les Barbares étaient ceux qui n'étaient ni grecs, ni latins. Ils sont devenus les envahisseurs qui venaient du Nord et de l'Est à l'époque de la décadence de l'empire romain. Puis le terme a clairement évoqué ce qui était étranger au monde chrétien, considéré pendant longtemps comme seul monde civilisé. Et il a gardé des souvenirs de son passé linguistique. Un barbarisme – mot scolaire qu'on entendait le plus souvent dans l'apprentissage des langues anciennes – est un mot ou une tournure qui n'existe pas, et qui donc choque l'oreille de celui qui est habitué au prétendu bon usage. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/