ADDICTION 2009-10-08
On légifère, en ce moment, sur les jeux en ligne. Le gouvernement français va, en effet, proposer au vote de l'Assemblée un texte qui permettrait l'existence légale sur le Net de jeux d'argent. Certains s'inquiètent de cette démarche, parce ce qui fait peur, c'est que cette législation pourrait favoriser les addictions ; c'est de cela qu'on parle beaucoup.
On sait bien que les joueurs « invétérés » ne peuvent s'empêcher de jouer, de miser, de perdre en fait, puisque statistiquement, on perd bien plus qu'on ne gagne. Il y a donc une addiction au jeu, déjà bien repérée. On sait aussi que les pratiques virtuelles, et la relation à internet favorise aussi les addictions. Les amateurs ne peuvent plus s'en passer, et on évoque en les redoutant de plus en plus les cyberdépendances. Alors, à croiser les deux, on risque gros !
Les phénomènes de dépendance sont bien connus et depuis longtemps. Alcool, drogue, jeux d'argent sont les supports les plus souvent évoqués. Mais cette idée qu'on peut être « drogué » à quelque chose est de plus en plus fréquente, comme si c'était l'un des risques majeurs révélé par la sociologie contemporaine. Alors, bien sûr, le vocabulaire suit.
Le mot addiction est bien récent dans le vocabulaire français, on ne le rencontre pratiquement pas avant les années 80. C'est de façon évidente un anglicisme, tout au moins un emprunt à l'anglo-américain. Mais il est important de voir que la forme du mot est parfaitement adaptée aux habitudes du français. Il dérive du latin, il a une orthographe qui évoque bien d'ailleurs les racines latines, ce add qu'on retrouve dans addition ou adduction.
Son sens est clair, il désigne le fait qu'on ne puisse se passer d'une substance ou d'une pratique. La volonté s'y casse les dents, et tout ce qu'on peut faire c'est des serments d'ivrognes comme on disait jadis. On y croit quand on le prononce, mais on l'oublie quand l'humeur a changé. Ce mot d'addiction est en concurrence avec celui de dépendance, plus ancien dans cet emploi ; dans un contexte précis, les deux mots se valent.
On remarquera seulement qu'addiction est parfois critiqué à cause de son origine. Mais son sens est précis. Alors que le sens de « dépendant » est multiple. Par exemple, on peut dire, je partage une maison avec un copain, mais je suis dépendant de ses vacances et de ses envies ; je ne peux pas y aller exactement quand je veux !
La famille de « addiction » s'est rapidement élargie. On parle de conduite addictive, on parle aussi d'addictologie, quand on étudie tous ces processus. Et puis on a addict, terme bien plus familier, qui lui vient tout droit d'une langue anglaise et qui ressemble à l' « accro » en français, dans une langue familière. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/