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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE XVI

CHAPITRE XVI

Symptômes d'orage.—Le pays de la Lune.—L'avenir du continent africain.—La machine de la dernière heure.—Vue du pays au soleil couchant —Flore et Faune.—L'orage.—La zone de feu.—Le ciel étoilé.

« Voilà ce que c'est, dit Joe, de faire les Fils de la Lune sans sa permission !

Ce satellite a failli nous jouer là un vilain tour ! Est-ce que, par hasard, mon maître, vous auriez compromis sa réputation par votre médecine

—Au fait, dit le chasseur, qu était ce sultan de Kazzeb ?

—Un vieil ivrogne à demi-mort, répondit le docteur et dont la perte ne se fera pas trop vivement sentir.

Mais la morale de ceci, c'est que les honneurs sont éphémères, et il ne faut pas trop y prendre goût.

—Tant pis, répliqua Joe.

Cela m'allait ! Être adoré ! faire le dieu à sa fantaisie ! Mais que voulez-vous ! la Lune s'est montrée, et toute rouge, ce qui prouve bien qu'elle était fâchée ! » Pendant ces discours et autres, dans lesquels Joe examina l'astre des nuits à un point de vue entièrement nouveau le ciel se chargeait de gros nuages vers le nord, de ces nuages sinistres et pesants. Un vent assez vif, ramassé à trois cents pieds du sol, poussait le Victoria vers le nord-nord-est. Au-dessus de lui, la voûte azurée était pure, mais on la sentait lourde

Les voyageurs se trouvèrent, vers huit heures du soir, par 32° 40' de longitude et 4° 17' de latitude ; les courants atmosphériques, sous l'influence d'un orage prochain, les poussaient avec une vitesse de trente cinq milles à l'heure.

Sous leurs pieds passaient rapidement les plaines ondulées et fertiles de Mtuto Le spectacle en était admirable, et fut admiré.

« Nous sommes en plein pays de la Lune, dit le docteur Fergusson, car il a conservé ce nom que lui donna l'antiquité, sans doute parce que la lune y fut adorée de tout temps.

C'est vraiment une contrée magnifique, et l'on rencontrerait difficilement une végétation plus belle.

—Si on la trouvait autour de Londres, ce ne serait pas naturel, répondit Joe ; mais ce serait fort agréable !

Pourquoi ces belles choses-là sont-elle réservées à des pays aussi barbares ?

—Et sait-on, répliqua le docteur, si quelque jour cette contrée ne deviendra pas le centre de la civilisation ?

Les peuples de l'avenir s'y porteront peut-être, quand les régions de l'Europe se seront épuisées à nourrir leurs habitants.

—Tu crois cela ?

fit Kennedy.

—Sans doute, mon cher Dick.

Vois la marche des événements ; considère les migrations successives des peuples, et tu arriveras à la même conclusion que moi. L'Asie est la première nourrice du monde, n'est-il pas vrai ? Pendant quatre mille ans peut-être, elle travaille, elle est fécondée, elle produit, et puis quand les pierres ont poussé là où poussaient les moissons dorées d'Homère, ses enfants abandonnent son sein épuisé et flétri. Tu les vois alors se jeter sur l'Europe, jeune et puissante, qui les nourrit depuis deux mille ans. Mais déjà sa fertilité se perd ; ses facultés productrices diminuent chaque jour ; ces maladies nouvelles dont sont frappés chaque année les produits de la terre, ces fausses récoltes, ces insuffisantes ressources, tout cela est le signe certain d'une vitalité qui s'altère, d'un épuisement prochain. Aussi voyons-nous déjà les peuples se précipiter aux nourrissantes mamelles de l'Amérique, comme à une source non pas inépuisable, mais encore inépuisée. A son tour, ce nouveau continent se fera vieux, ses forêts vierges tomberont sous la hache de l'industrie ; son sol s'affaiblira pour avoir trop produit ce qu'on lui aura trop demandé ; là où deux moissons s'épanouissaient chaque année, à peine une sortira-t-elle de ces terrains à bout de forces. Alors l'Afrique offrira aux races nouvelles les trésors accumulés depuis des siècles dans son sein. Ces climats fatals aux étrangers s'épureront par les assolements et les drainages ; ces eaux éparses se réuniront dans un lit commun pour former une artère navigable. Et ce pays sur lequel nous planons, plus fertile, plus riche, plus vital que les autres, deviendra quelque grand royaume, où se produiront des découvertes plus étonnantes encore que la vapeur et l'électricité.

—Ah !

Monsieur, dit Joe, je voudrais bien voir cela.

—Tu t'es levé trop matin, mon garçon.

—D'ailleurs, dit Kennedy, cela sera peut-être une fort ennuyeuse époque que celle où l'industrie absorbera tout à son profit !

A force d'inventer des machines, les hommes se feront dévorer par elles ! Je me suistoujours figuré que le dernier jour du monde sera celui où quelque immense chaudière chauffée à trois milliards d'atmosphères fera sauter notre globe !

—Et j'ajoute, dit Joe, que les Américains n'auront pas été les derniers à travailler à la machine !

—En effet, répondit le docteur, ce sont de grands chaudronniers !

Mais, sans nous laisser emporter à de semblables discussions, contentons-nous d'admirer cette terre de la Lune, puisqu'il nous est donné de la voir. » Le soleil, glissant ses derniers rayons sous la masse des nuages amoncelés, ornait d'une crête d'or les moindres accidents du sol : arbres gigantesques, herbes arborescentes, mousses à ras de terre, tout avait sa part de cette effluve lumineuse ; le terrain, légèrement ondulé, ressautait ça et là en petites collines coniques ; pas de montagnes à l'horizon ; d'immenses palissades broussaillées, des haies impénétrables, des jungles épineux séparaient les clairières où s'étalaient de nombreux villages ; les euphorbes gigantesques les entouraient de fortifications naturelles, en s'entremêlant aux branches coralliformes des arbustes. Bientôt le Malagazari, principal affluent du lac Tanganayika, se mit à serpenter sous les massifs de verdure ; il donnait asile à ces nombreux cours d'eau, nés de torrents gonflés à l'époque des crues, ou d'étangs creusés dans la couche argileuse du sol.

Pour observateurs élevés, c'était un réseau de cascades jeté sur toute la face occidentale du pays.

Des bestiaux à grosses bosses pâturaient dans les prairie grasses et disparaissaient sous les grandes herbes ; les forêts, aux essences magnifiques, s'offraient aux yeux comme de vastes bouquets ; mais dans ces bouquets, lions, léopards, hyènes, tigres, se réfugiaient pour échapper aux dernières chaleurs du jour.

Parfois un éléphant faisait ondoyer la cime des taillis, et l'on entendait le craquement des arbres cédant à ses cornes d'ivoire.

« Quel pays de chasse !

s'écria Kennedy enthousiasmé ; une balle 1aucée à tout hasard, en pleine forêt, rencontrerait un gibier digne d'elle ! Est-ce qu'on ne pourrait pas en essayer un peu ?

—Non pas, mon cher Dick ; voici la nuit, une nuit menaçante, escortée d'un orage.

Or les orages sont terribles dans cette contrée, où le sol est disposé comme une immense batterie électrique.

—Vous avez raison, Monsieur, dit Joe la chaleur est devenue étouffante, le vent est complètement qu'il se prépare quelque chose.

—L'atmosphère est surchargée d'électricité, répondit le docteur ; tout être vivant est sensible à cet état de l'air qui précède la lutte des éléments, et j'avoue que je n'en fus jamais imprégné à ce point.

—Eh bien !

demanda le chasseur, ne serait-ce pas le cas de descendre ?

—Au contraire, Dick, j'aimerais mieux monter.

Je crains seulement d'être entraîné au delà de ma route pendant ces croisements de courants atmosphériques .

—Veux-tu donc abandonner la direction que nous suivons depuis la côte.

—Si cela m'est possible, répondit Fergusson, je me porterai plus directement au nord pendant sept à huit degrés ; j'essayerai de remonter vers des latitudes présumées des sources du Nil ; peut-être apercevrons-nous quelques traces de l'expédition du capitaine Speke, ou même la caravane de M. de Heuglin.

Si mes ca]culs sont exacts, nous nous trouvons par 32° 40' de longitude, et je voudrais monter droit au delà de l'équateur.

—Vois donc !

s'écria Kennedy en interrompant son compagnon, vois donc ces hippopotames qui se glissent hors des étangs, ces masses de chair sanguinolente, et ces crocodiles qui aspirent bruyamment l'air !

—Ils étouffent !

fit Joe. Ah ! quelle manière charmante de voyager, et comme on méprise toute cette malfaisante vermine ! Monsieur Samuel ! monsieur Kennedy ! voyez donc ces bandes d'animaux qui marchent en rangs pressés ! Ils sont bien deux cents ; ce sont des loups.

—Non, Joe, mais des chiens sauvages ; une fameuse race, qui ne craint pas de s'attaquer aux lions.

C'est la plus terrible rencontre que puisse faire un voyageur. Il est immédiatement mis en pièces.

—Bon !

ce ne sera pas Joe qui se chargera de leur mettre une muselière, répondit l'aimable garçon. Après ca, si c'est leur naturel, il ne faut pas trop leur en vouloir. » ;

Le silence se faisait peu à peu sous l'influence de l'orage ; il semblait que l'air épaissi devint impropre à transmettre les sons ; l'atmosphère paraissait ouatée et, comme une salle tendue de tapisseries, perdait toute sonorité.

L'oiseau rameur, la grue couronnée, les geais rouges et bleus, le moqueur, les moucherolles, disparaissaient dans les grands arbres. La nature entière offrait les symptômes d'un cataclysme prochain.

A neuf heures du soir, le Victoria demeurait immobile au-dessus de Mséné, vaste réunion de villages à peine distincts dans l'ombre ; parfois la réverbération d'un rayon égaré dans l'eau morne indiquait des fossés distribués régulièrement, et, par une dernière éclaircie, le regard put saisir la forme calme et sombre des palmiers, des tamarins, des sycomores et des euphorbes gigantesques.

« J'étouffe !

dit l'Écossais en aspirant à pleins poumons le plus possible de cet air raréfié ; nous ne bougeons plus ! Descendrons-nous ?

—Mais l'orage ?

fit le docteur assez inquiet.

—Si tu crains d'être entraîné par le vent, il me semble que tu n'as pas d'autre parti à prendre.

—L'orage n'éclatera peut-être cette nuit, reprit Joe ; les nuages sont très haut.

—C'est une raison qui me fait hésiter à les dépasser ; il faudrait monter à une grande élévation, perdre la terre de vue, et ne savoir pendant toute la nuit si nous avançons et de quel côté nous avançons.

—Décide-toi, mon cher Samuel, cela presse.

—Il est fâcheux que le vent soit tombé, reprit Joe ; il nous eut entraînés loin de l'orage.

—Cela est regrettable, mes amis, car les nuages sont un danger pour nous ; ils renferment des courants opposés qui peuvent nous enlacer dans leurs tourbillons, et des éclairs capables de nous incendier.

D'un autre côté, la force, de la rafale peut nous précipiter à terre, si nous jetons l'ancre au sommet d'un arbre

—Alors que faire ?

—Il faut maintenir le Victoria dans une zone moyenne entre les périls de la terre et les périls du ciel.

Nous avons de l'eau en quantité suffisante pour le chalumeau, et nos deux cents livres de lest sont intactes. Au besoin, je m'en servirais.

—Nous allons veiller avec toi, dit le chasseur.

—Non, mes amis ; mettez les provisions à l'abri et couchez-vous ; je vous réveillerai si cela est nécessaire.

—Mais, mon maître, ne feriez-vous pas bien de prendre du repos vous même, puisque rien ne nous menace encore !

—Non, merci, mon garçon je préfère veiller.

Nous sommes immobiles, et si les circonstances ne changent pas, demain nous nous trouverons exactement à la même place.

—Bonsoir, Monsieur.

—Bonne nuit, si c'est possible.

» Kennedy et Joe s'allongèrent sous leurs couvertures, et le docteur demeura seul dans l'immensité.Cependant le dôme de nuages s'abaissait insensiblement, et l'obscurité se faisait profonde. La voûte noire s'arrondissait autour du g1obe terrestre comme pour l'écraser.

Tout d'un coup un éclair violent, rapide, incisif, raya l'ombre ; sa déchirure n'était pas refermée qu'un effrayant éclat de tonnerre ébranlait le profondeurs du ciel.

« Alerte !» s'écria Fergusson.

Les deux dormeurs, réveillés à ce bruit épouvantable, se tenaient à ses ordres.

« Descendons-nous ?

fit Kennedy. —Non! le ballon n'y résisterait pas. Montons avant que ces nuages se résolvent en eau et que le vent ne se déchaîne ! » Et il poussa activement la flamme du chalumeau dans les spirales du serpentin. Les orages des tropiques se développent avec une rapidité comparable à leur violence.

Un second éclair déchira la nue, et fut suivi de vin autres immédiats. Le ciel était zébré d'étincelles électriques qui grésillaient sous les larges gouttes de la pluie.

« Nous nous sommes attardés, dit le docteur.

Il nous faut maintenant traverser une zone le feu avec notre ballon rempli d'air inflammable !

—Mais à terre !

à terre ! reprenait toujours Kennedy.

—Le risque d'être foudroyé serait presque le même, et nous serions vite déchirés aux branches des arbres !

—Nous montons, monsieur Samuel !

—Plus vite !

plus vite encore. » Dans cette partie de l'Afrique, pendant les orages équatoriaux, i1 n'est pas rare de compter de trente-cinq éclairs par minute Le ciel est littéralement en feu, et les éclats du tonnerre ne discontinuent pas. Le vent se déchaînait avec une violence effrayante dans cette atmosphère embrasée ; il tordait les nuages incandescents ; on eut dit le souffle d'un ventilateur immense qui activait tout cet incendie.

Le docteur Fergusson maintenait son chalumeau à pleine chaleur ; le ballon se dilatait et montait ; à genoux, au centre de la nacelle, Kennedy retenait les rideaux de la tente Le ballon tourbillonnait à donner le vertige, et les voyageurs subissaient d'inquiétantes oscillations.

Il se faisait de grandes cavités dans l'enveloppe de l'aérostat ; le vent s'y engouffrait avec violence, et le taffetas détonait sous sa pression. Une sorte de grêle, précédée d'un bruit tumultueux, sillonnait l'atmosphère et crépitait sur le Victoria . Celui-ci, cependant, continuait sa marche ascensionnelle ; les éclairs dessinaient des tangentes enflammées à sa circonférence ; il était plein feu.

« A la garde de Dieu!

dit le docteur Fergusson ; nous sommes entre ses mains lui seul peut nous sauver. Préparons-nous à tout événement, même à un incendie ; notre chute peut n'être pas rapide. » La voix du docteur parvenait à peine à l'oreille de ses compagnons ; mais ils pouvaient voir sa figure calme au milieu du sillonnement des éclairs ; il regardait les phénomènes de phosphorescence produits par le feu Saint-Elme qui voltigeait sur le filet de l'aérostat. Celui-ci tournoyait, tourbillonnait, mais il montait toujours ; au bout d'un quart d'heure, il avait dépassé la zone des nuages orageux, les effluences électriques se développaient au-dessous de lui, comme une vaste couronne de feux d'artifices suspendus à sa nacelle.

C'était là l'un des plus beaux spectacles que la nature put donner à l'homme.

En bas, l'orage. En haut le ciel étoilé, tranquille, muet, impassible, avec la lune projetant ses paisibles rayons sur ces nuages irrités.

Le docteur Fergusson consulta le baromètre ; il donna douze mille pieds d'élévation.

Il était onze heures du soir.

« Grâce au ciel, tout danger est passé, dit-il ; il nous suffit de nous maintenir à cette hauteur.

C'était effrayant !

répondit Kennedy.

—Bon, répliqua Joe, cela jette de la diversité dans le voyage, et je ne suis pas fâché d'avoir vu un orage d'un peu haut.

C'est un joli spectacle ! »


CHAPITRE XVI CHAPTER XVI CAPÍTULO XVI CAPÍTULO XVI

Symptômes d'orage.—Le pays de la Lune.—L'avenir du continent africain.—La machine de la dernière heure.—Vue du pays au soleil couchant —Flore et Faune.—L'orage.—La zone de feu.—Le ciel étoilé. Storm Symptoms. — The Land of the Moon. — The Future of the African Continent. — The Machine of the Last Hour. — View of the Country at Sunset — Flora and Fauna. — The Storm.— The Zone of Fire .-The starry sky.

« Voilà ce que c'est, dit Joe, de faire les Fils de la Lune sans sa permission ! "That's what it's like," says Joe, "to make the Sons of the Moon without his permission!"

Ce satellite a failli nous jouer là un vilain tour ! This satellite almost played a nasty trick on us! Est-ce que, par hasard, mon maître, vous auriez compromis sa réputation par votre médecine By any chance, my master, would you have compromised his reputation by your medicine

—Au fait, dit le chasseur, qu était ce sultan de Kazzeb ? "By the way," said the hunter, "who was this Sultan of Kazzeb?"

—Un vieil ivrogne à demi-mort, répondit le docteur et dont la perte ne se fera pas trop vivement sentir. "An old half-dead drunkard," replied the doctor, whose loss will not be too keenly felt.

Mais la morale de ceci, c'est que les honneurs sont éphémères, et il ne faut pas trop y prendre goût. But the moral of this is that honors are fleeting, and you shouldn't get too fond of them.

—Tant pis, répliqua Joe. "Too bad," replied Joe.

Cela m'allait ! It suited me! Être adoré ! To be adored! faire le dieu à sa fantaisie ! make god his fancy! Mais que voulez-vous ! la Lune s'est montrée, et toute rouge, ce qui prouve bien qu'elle était fâchée ! the Moon appeared, and all red, which proves that she was angry! » Pendant ces discours et autres, dans lesquels Joe examina l'astre des nuits à un point de vue entièrement nouveau le ciel se chargeait de gros nuages vers le nord, de ces nuages sinistres et pesants. During these and other speeches, in which Joe examined the star of the nights from an entirely new point of view, the sky was loaded with large clouds to the north, these sinister and heavy clouds. Un vent assez vif, ramassé à trois cents pieds du sol, poussait le Victoria vers le nord-nord-est. A fairly brisk wind, picked up three hundred feet from the ground, drove the Victoria north-northeast. Au-dessus de lui, la voûte azurée était pure, mais on la sentait lourde Above him, the azure vault was pure, but we felt it heavy

Les voyageurs se trouvèrent, vers huit heures du soir, par 32° 40' de longitude et 4° 17' de latitude ; les courants atmosphériques, sous l'influence d'un orage prochain, les poussaient avec une vitesse de trente cinq milles à l'heure. The travelers found themselves, around eight in the evening, at 32 ° 40 'longitude and 4 ° 17' latitude; the atmospheric currents, under the influence of an approaching thunderstorm, pushed them with a speed of thirty five miles an hour.

Sous leurs pieds passaient rapidement les plaines ondulées et fertiles de Mtuto Le spectacle en était admirable, et fut admiré. The undulating and fertile plains of Mtuto quickly passed under their feet. The spectacle was admirable, and was admired.

« Nous sommes en plein pays de la Lune, dit le docteur Fergusson, car il a conservé ce nom que lui donna l'antiquité, sans doute parce que la lune y fut adorée de tout temps. "We are in the full land of the Moon," said Doctor Fergusson, "because he has kept this name given to him by antiquity, no doubt because the moon was worshiped there all the time.

C'est vraiment une contrée magnifique, et l'on rencontrerait difficilement une végétation plus belle. It is truly a magnificent region, and it would be difficult to find more beautiful vegetation.

—Si on la trouvait autour de Londres, ce ne serait pas naturel, répondit Joe ; mais ce serait fort agréable ! "If it were found around London, it would not be natural," replied Joe; but it would be very pleasant!

Pourquoi ces belles choses-là sont-elle réservées à des pays aussi barbares ? Why are these beautiful things reserved for such barbaric countries?

—Et sait-on, répliqua le docteur, si quelque jour cette contrée ne deviendra pas le centre de la civilisation ? "And do we know," replied the doctor, "if some day this region will not become the center of civilization?"

Les peuples de l'avenir s'y porteront peut-être, quand les régions de l'Europe se seront épuisées à nourrir leurs habitants. Perhaps the peoples of the future will do so when the regions of Europe are exhausted in feeding their inhabitants.

—Tu crois cela ? "Do you believe that?"

fit Kennedy.

—Sans doute, mon cher Dick.

Vois la marche des événements ; considère les migrations successives des peuples, et tu arriveras à la même conclusion que moi. See the course of events; consider the successive migrations of peoples, and you will come to the same conclusion as me. L'Asie est la première nourrice du monde, n'est-il pas vrai ? Pendant quatre mille ans peut-être, elle travaille, elle est fécondée, elle produit, et puis quand les pierres ont poussé là où poussaient les moissons dorées d'Homère, ses enfants abandonnent son sein épuisé et flétri. For perhaps four thousand years, she works, she is fertilized, she produces, and then when the stones have grown where Homer's golden harvest grew, her children abandon her exhausted and withered breast. Tu les vois alors se jeter sur l'Europe, jeune et puissante, qui les nourrit depuis deux mille ans. You then see them throw themselves on Europe, young and powerful, which has nourished them for two thousand years. Mais déjà sa fertilité se perd ; ses facultés productrices diminuent chaque jour ; ces maladies nouvelles dont sont frappés chaque année les produits de la terre, ces fausses récoltes, ces insuffisantes ressources, tout cela est le signe certain d'une vitalité qui s'altère, d'un épuisement prochain. But already his fertility is lost; its productive faculties decrease every day; these new diseases with which the products of the earth are struck each year, these false harvests, these insufficient resources, all this is the sure sign of a vitality which is deteriorating, of an impending exhaustion. Aussi voyons-nous déjà les peuples se précipiter aux nourrissantes mamelles de l'Amérique, comme à une source non pas inépuisable, mais encore inépuisée. Also we see already the peoples rushing to the nourishing breasts of America, as to a source not inexhaustible, but still inexhaustible. A son tour, ce nouveau continent se fera vieux, ses forêts vierges tomberont sous la hache de l'industrie ; son sol s'affaiblira pour avoir trop produit ce qu'on lui aura trop demandé ; là où deux moissons s'épanouissaient chaque année, à peine une sortira-t-elle de ces terrains à bout de forces. In turn, this new continent will grow old, its virgin forests will fall under the ax of industry; his soil will weaken for having produced too much what has been asked of him too much; where two harvests flourish each year, hardly one will leave these grounds at the end of strength. Alors l'Afrique offrira aux races nouvelles les trésors accumulés depuis des siècles dans son sein. Then Africa will offer to the new races the treasures accumulated for centuries in its bosom. Ces climats fatals aux étrangers s'épureront par les assolements et les drainages ; ces eaux éparses se réuniront dans un lit commun pour former une artère navigable. These fatal climates for foreigners will be purified by cropping and draining; these scattered waters will meet in a common bed to form a navigable artery. Et ce pays sur lequel nous planons, plus fertile, plus riche, plus vital que les autres, deviendra quelque grand royaume, où se produiront des découvertes plus étonnantes encore que la vapeur et l'électricité. And this country on which we hover, more fertile, richer, more vital than the others, will become some great kingdom, where discoveries will be made even more astonishing than steam and electricity.

—Ah !

Monsieur, dit Joe, je voudrais bien voir cela.

—Tu t'es levé trop matin, mon garçon. -You're up too early, my boy.

—D'ailleurs, dit Kennedy, cela sera peut-être une fort ennuyeuse époque que celle où l'industrie absorbera tout à son profit ! "Besides," said Kennedy, "it may be a very boring time for the industry to absorb everything for its own profit!"

A force d'inventer des machines, les hommes se feront dévorer par elles ! By dint of inventing machines, men will be devoured by them! Je me suistoujours figuré que le dernier jour du monde sera celui où quelque immense chaudière chauffée à trois milliards d'atmosphères fera sauter notre globe ! I always remember that the last day of the world will be the one where some huge boiler heated to three billion atmospheres will blow up our globe!

—Et j'ajoute, dit Joe, que les Américains n'auront pas été les derniers à travailler à la machine ! "And I add," said Joe, "that the Americans were not the last to work at the machine!"

—En effet, répondit le docteur, ce sont de grands chaudronniers ! "Indeed," replied the doctor, "they are great boilermakers!"

Mais, sans nous laisser emporter à de semblables discussions, contentons-nous d'admirer cette terre de la Lune, puisqu'il nous est donné de la voir. But, without getting caught up in similar discussions, let us content ourselves with admiring this land of the Moon, since it is given to us to see it. » Le soleil, glissant ses derniers rayons sous la masse des nuages amoncelés, ornait d'une crête d'or les moindres accidents du sol : arbres gigantesques, herbes arborescentes, mousses à ras de terre, tout avait sa part de cette effluve lumineuse ; le terrain, légèrement ondulé, ressautait ça et là en petites collines coniques ; pas de montagnes à l'horizon ; d'immenses palissades broussaillées, des haies impénétrables, des jungles épineux séparaient les clairières où s'étalaient de nombreux villages ; les euphorbes gigantesques les entouraient de fortifications naturelles, en s'entremêlant aux branches coralliformes des arbustes. Bientôt le Malagazari, principal affluent du lac Tanganayika, se mit à serpenter sous les massifs de verdure ; il donnait asile à ces nombreux cours d'eau, nés de torrents gonflés à l'époque des crues, ou d'étangs creusés dans la couche argileuse du sol. Soon the Malagazari, the main tributary of Lake Tanganayika, began to meander under the clumps of greenery; it gave refuge to these numerous rivers, born from swollen torrents at the time of the floods, or from ponds dug in the clay layer of the soil.

Pour observateurs élevés, c'était un réseau de cascades jeté sur toute la face occidentale du pays. For high observers, it was a network of waterfalls thrown all over the western face of the country.

Des bestiaux à grosses bosses pâturaient dans les prairie grasses et disparaissaient sous les grandes herbes ; les forêts, aux essences magnifiques, s'offraient aux yeux comme de vastes bouquets ; mais dans ces bouquets, lions, léopards, hyènes, tigres, se réfugiaient pour échapper aux dernières chaleurs du jour. Bumpy cattle grazed on the oily meadows and disappeared under the tall grass; the forests, with magnificent essences, presented themselves to the eyes like vast bouquets; but in these bouquets, lions, leopards, hyenas, tigers, took refuge to escape the last heat of the day.

Parfois un éléphant faisait ondoyer la cime des taillis, et l'on entendait le craquement des arbres cédant à ses cornes d'ivoire. Sometimes an elephant made the crown of the copses ripple, and you could hear the creaking of the trees yielding to its ivory horns.

« Quel pays de chasse !

s'écria Kennedy enthousiasmé ; une balle 1aucée à tout hasard, en pleine forêt, rencontrerait un gibier digne d'elle ! cried Kennedy, enthusiastic; a ball hacked at random, in the middle of the forest, would meet game worthy of it! Est-ce qu'on ne pourrait pas en essayer un peu ?

—Non pas, mon cher Dick ; voici la nuit, une nuit menaçante, escortée d'un orage. “No, my dear Dick; here is the night, a threatening night, escorted by a storm.

Or les orages sont terribles dans cette contrée, où le sol est disposé comme une immense batterie électrique. But thunderstorms are terrible in this region, where the ground is arranged like an immense electric battery.

—Vous avez raison, Monsieur, dit Joe la chaleur est devenue étouffante, le vent est complètement qu'il se prépare quelque chose. "You are right, sir," said Joe, the heat has become suffocating, the wind is completely blowing that something is being prepared.

—L'atmosphère est surchargée d'électricité, répondit le docteur ; tout être vivant est sensible à cet état de l'air qui précède la lutte des éléments, et j'avoue que je n'en fus jamais imprégné à ce point. "The atmosphere is overloaded with electricity," replied the doctor; every living being is sensitive to this state of the air which precedes the struggle of the elements, and I confess that I was never so impregnated with it.

—Eh bien !

demanda le chasseur, ne serait-ce pas le cas de descendre ? asked the hunter, wouldn't it be the case to go down?

—Au contraire, Dick, j'aimerais mieux monter.

Je crains seulement d'être entraîné au delà de ma route pendant ces croisements de courants atmosphériques . I'm only afraid of being carried off course during these crossings of atmospheric currents.

—Veux-tu donc abandonner la direction que nous suivons depuis la côte.

—Si cela m'est possible, répondit Fergusson, je me porterai plus directement au nord pendant sept à huit degrés ; j'essayerai de remonter vers des latitudes présumées des sources du Nil ; peut-être apercevrons-nous quelques traces de l'expédition du capitaine Speke, ou même la caravane de M. de Heuglin.

Si mes ca]culs sont exacts, nous nous trouvons par 32° 40' de longitude, et je voudrais monter droit au delà de l'équateur. If my counts are correct, we are at 32 ° 40 'longitude, and I would like to climb straight beyond the equator.

—Vois donc ! "See, then!"

s'écria Kennedy en interrompant son compagnon, vois donc ces hippopotames qui se glissent hors des étangs, ces masses de chair sanguinolente, et ces crocodiles qui aspirent bruyamment l'air ! cried Kennedy, interrupting his companion.

—Ils étouffent ! "They are suffocating!"

fit Joe. Ah ! quelle manière charmante de voyager, et comme on méprise toute cette malfaisante vermine ! Monsieur Samuel ! what a charming way to travel, and how one despises all this harmful vermin! monsieur Kennedy ! voyez donc ces bandes d'animaux qui marchent en rangs pressés ! Ils sont bien deux cents ; ce sont des loups. see these bands of animals walking in hurried rows!

—Non, Joe, mais des chiens sauvages ; une fameuse race, qui ne craint pas de s'attaquer aux lions. They are two hundred; they are wolves.

C'est la plus terrible rencontre que puisse faire un voyageur. “No, Joe, but wild dogs; a famous breed, which is not afraid to attack lions. Il est immédiatement mis en pièces. It is the most terrible encounter a traveler can make.

—Bon ! It is immediately torn to pieces.

ce ne sera pas Joe qui se chargera de leur mettre une muselière, répondit l'aimable garçon. Après ca, si c'est leur naturel, il ne faut pas trop leur en vouloir. it will not be Joe who will be responsible for putting a muzzle on them, replied the amiable boy. » ; After that, if it's their naturalness, you can't blame them too much.

Le silence se faisait peu à peu sous l'influence de l'orage ; il semblait que l'air épaissi devint impropre à transmettre les sons ; l'atmosphère paraissait ouatée et, comme une salle tendue de tapisseries, perdait toute sonorité.

L'oiseau rameur, la grue couronnée, les geais rouges et bleus, le moqueur, les moucherolles, disparaissaient dans les grands arbres. Little by little the silence fell under the influence of the storm; it seemed that the thickened air became incapable of transmitting sounds; the atmosphere seemed padded and, like a room hung with tapestries, lost all sound. La nature entière offrait les symptômes d'un cataclysme prochain. The rowing bird, the crowned crane, the red and blue jays, the mockingbird, the flycatcher, disappeared in the large trees.

A neuf heures du soir, le  Victoria demeurait immobile au-dessus de Mséné, vaste réunion de villages à peine distincts dans l'ombre ; parfois la réverbération d'un rayon égaré dans l'eau morne indiquait des fossés distribués régulièrement, et, par une dernière éclaircie, le regard put saisir la forme calme et sombre des palmiers, des tamarins, des sycomores et des euphorbes gigantesques.

« J'étouffe ! At nine o'clock in the evening, the Victoria remained motionless above Mséné, a vast gathering of barely distinct villages in the shade; sometimes the reverberation of a stray ray in the dreary water indicated ditches distributed regularly, and, by a last clearing, the glance could seize the calm and dark form of palm trees, tamarins, sycamores and gigantic euphorbia.

dit l'Écossais en aspirant à pleins poumons le plus possible de cet air raréfié ; nous ne bougeons plus ! "I'm suffocating!" Descendrons-nous ? said the Scotsman, breathing in as much of the lungs as possible of this rarefied air; we don't move!

—Mais l'orage ? Shall we go down?

fit le docteur assez inquiet. "But the storm?"

—Si tu crains d'être entraîné par le vent, il me semble que tu n'as pas d'autre parti à prendre. said the doctor, rather worried.

—L'orage n'éclatera peut-être cette nuit, reprit Joe ; les nuages sont très haut. "If you fear being dragged by the wind, it seems to me that you have no other choice to make."

—C'est une raison qui me fait hésiter à les dépasser ; il faudrait monter à une grande élévation, perdre la terre de vue, et ne savoir pendant toute la nuit si nous avançons et de quel côté nous avançons. "The storm may not break out tonight," said Joe; the clouds are very high.

—Décide-toi, mon cher Samuel, cela presse. “This is a reason which makes me hesitate to go beyond them; we would have to climb to a great elevation, lose sight of the earth, and not know during the whole night if we are advancing and on which side we are advancing.

—Il est fâcheux que le vent soit tombé, reprit Joe ; il nous eut entraînés loin de l'orage. "Make up your mind, my dear Samuel, that is urgent."

—Cela est regrettable, mes amis, car les nuages sont un danger pour nous ; ils renferment des courants opposés qui peuvent nous enlacer dans leurs tourbillons, et des éclairs capables de nous incendier. "It is unfortunate that the wind has fallen," said Joe; he would have taken us away from the storm.

D'un autre côté, la force, de la rafale peut nous précipiter à terre, si nous jetons l'ancre au sommet d'un arbre “It is regrettable, my friends, because the clouds are a danger to us; they contain opposite currents which can embrace us in their whirlwinds, and lightning capable of torching us.

—Alors que faire ? On the other hand, the force of the gust can throw us ashore, if we drop anchor at the top of a tree

—Il faut maintenir le  Victoria dans une zone moyenne entre les périls de la terre et les périls du ciel.

Nous avons de l'eau en quantité suffisante pour le chalumeau, et nos deux cents livres de lest sont intactes. Au besoin, je m'en servirais. We have enough water for the blowtorch, and our two hundred pounds of ballast are intact.

—Nous allons veiller avec toi, dit le chasseur. If necessary, I would use it.

—Non, mes amis ; mettez les provisions à l'abri et couchez-vous ; je vous réveillerai si cela est nécessaire. "We will watch with you," said the hunter.

—Mais, mon maître, ne feriez-vous pas bien de prendre du repos vous même, puisque rien ne nous menace encore ! “No, my friends; shelter the provisions and go to bed; I will wake you up if necessary.

—Non, merci, mon garçon je préfère veiller. "But, my master, would you not do well to rest yourself, since nothing threatens us yet!"

Nous sommes immobiles, et si les circonstances ne changent pas, demain nous nous trouverons exactement à la même place.

—Bonsoir, Monsieur. We are immobile, and if the circumstances do not change, tomorrow we will find ourselves in exactly the same place.

—Bonne nuit, si c'est possible.

» Kennedy et Joe s'allongèrent sous leurs couvertures, et le docteur demeura seul dans l'immensité.Cependant le dôme de nuages s'abaissait insensiblement, et l'obscurité se faisait profonde. La voûte noire s'arrondissait autour du g1obe terrestre comme pour l'écraser. Kennedy and Joe lay down under their covers, and the doctor was left alone in the vastness. However, the dome of clouds gradually lowered, and the darkness became deep.

Tout d'un coup un éclair violent, rapide, incisif, raya l'ombre ; sa déchirure n'était pas refermée qu'un effrayant éclat de tonnerre ébranlait le profondeurs du ciel. The black vault rounded around the terrestrial globe as if to crush it.

« Alerte !» s'écria Fergusson. Suddenly a violent, rapid, incisive flash struck the shadow; its tear was not closed that a frightening burst of thunder shook the depths of the sky.

Les deux dormeurs, réveillés à ce bruit épouvantable, se tenaient à ses ordres.

« Descendons-nous ? The two sleepers, awakened to this dreadful noise, stood at his orders.

fit Kennedy. —Non! le ballon n'y résisterait pas. Montons avant que ces nuages se résolvent en eau et que le vent ne se déchaîne ! » Et il poussa activement la flamme du chalumeau dans les spirales du serpentin. the balloon would not resist it. Les orages des tropiques se développent avec une rapidité comparable à leur violence. Let's go up before these clouds resolve into water and the wind is unleashed!

Un second éclair déchira la nue, et fut suivi de vin autres immédiats. And he actively pushed the torch flame into the spirals of the coil. Le ciel était zébré d'étincelles électriques qui grésillaient sous les larges gouttes de la pluie. Thunderstorms in the tropics develop with a speed comparable to their violence.

« Nous nous sommes attardés, dit le docteur. A second flash tore the sky, and was followed by other immediate wines.

Il nous faut maintenant traverser une zone le feu avec notre ballon rempli d'air inflammable ! The sky was streaked with electric sparks that sizzled under the large drops of rain.

—Mais à terre ! "We lingered," said the doctor.

à terre ! reprenait toujours Kennedy. Now we have to cross a fire zone with our balloon filled with flammable air!

—Le risque d'être foudroyé serait presque le même, et nous serions vite déchirés aux branches des arbres ! - But down!

—Nous montons, monsieur Samuel !

—Plus vite ! continued Kennedy.

plus vite encore. “The risk of being struck by lightning would be almost the same, and we would soon be torn apart by the branches of the trees! » Dans cette partie de l'Afrique, pendant les orages équatoriaux, i1 n'est pas rare de compter de trente-cinq éclairs par minute Le ciel est littéralement en feu, et les éclats du tonnerre ne discontinuent pas. Le vent se déchaînait avec une violence effrayante dans cette atmosphère embrasée ; il tordait les nuages incandescents ; on eut dit le souffle d'un ventilateur immense qui activait tout cet incendie.

Le docteur Fergusson maintenait son chalumeau à pleine chaleur ; le ballon se dilatait et montait ; à genoux, au centre de la nacelle, Kennedy retenait les rideaux de la tente Le ballon tourbillonnait à donner le vertige, et les voyageurs subissaient d'inquiétantes oscillations. even faster.

Il se faisait de grandes cavités dans l'enveloppe de l'aérostat ; le vent s'y engouffrait avec violence, et le taffetas détonait sous sa pression. Une sorte de grêle, précédée d'un bruit tumultueux, sillonnait l'atmosphère et crépitait sur le  Victoria . The wind was unleashed with frightening violence in this fiery atmosphere; he twisted the glowing clouds; it looked like the breath of a huge fan which activated all this fire. Celui-ci, cependant, continuait sa marche ascensionnelle ; les éclairs dessinaient des tangentes enflammées à sa circonférence ; il était plein feu. Doctor Fergusson kept his torch at full heat; the balloon expanded and rose; on his knees, in the center of the basket, Kennedy held back the curtains of the tent The balloon swirled to make you dizzy, and the travelers underwent disturbing oscillations.

« A la garde de Dieu! Large cavities were made in the envelope of the aerostat; the wind rushed in violently, and the taffeta detonated under its pressure.

dit le docteur Fergusson ; nous sommes entre ses mains lui seul peut nous sauver. A kind of hail, preceded by a tumultuous noise, crisscrossed the atmosphere and crackled on the Victoria. Préparons-nous à tout événement, même à un incendie ; notre chute peut n'être pas rapide. The latter, however, continued its ascending march; the lightning drew flaming tangents at its circumference; it was full fire. » La voix du docteur parvenait à peine à l'oreille de ses compagnons ; mais ils pouvaient voir sa figure calme au milieu du sillonnement des éclairs ; il regardait les phénomènes de phosphorescence produits par le feu Saint-Elme qui voltigeait sur le filet de l'aérostat. "In the care of God!" Celui-ci tournoyait, tourbillonnait, mais il montait toujours ; au bout d'un quart d'heure, il avait dépassé la zone des nuages orageux, les effluences électriques se développaient au-dessous de lui, comme une vaste couronne de feux d'artifices suspendus à sa nacelle. said Doctor Fergusson; we are in his hands only he can save us.

C'était là l'un des plus beaux spectacles que la nature put donner à l'homme. Let us prepare for any event, even a fire; our fall may not be rapid.

En bas, l'orage. The doctor's voice barely reached the ears of his companions; but they could see his calm face in the midst of the furrow of lightning; he looked at the phenomena of phosphorescence produced by the Saint-Elme fire which fluttered on the net of the aerostat. En haut le ciel étoilé, tranquille, muet, impassible, avec la lune projetant ses paisibles rayons sur ces nuages irrités. It was spinning, whirling, but it was still going up; at the end of a quarter of an hour, he had passed the zone of stormy clouds, the electric effluents were developing below him, like a vast crown of fireworks hanging from his basket.

Le docteur Fergusson consulta le baromètre ; il donna douze mille pieds d'élévation.

Il était onze heures du soir. Downstairs, the storm.

« Grâce au ciel, tout danger est passé, dit-il ; il nous suffit de nous maintenir à cette hauteur. Above the starry sky, calm, silent, impassive, with the moon projecting its peaceful rays on these irritated clouds.

C'était effrayant ! Doctor Fergusson consulted the barometer; he gave twelve thousand feet in elevation.

répondit Kennedy.

—Bon, répliqua Joe, cela jette de la diversité dans le voyage, et je ne suis pas fâché d'avoir vu un orage d'un peu haut.

C'est un joli spectacle ! » It was scary !