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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE VIII

CHAPITRE VIII

Importance de Joe. —Le commandant de la Resolute.—L'arsenal de Kennedy.—Aménagements.—Le dîner d'adieu.—Le départ du 21 février.—Séances scientifiques du docteur. —Duveyrier, Livingstone. —Détails du voyage aérien.—Kennedy réduit au silence.

Vers le 10 février, les préparatifs touchaient à la fin, les aérostats renfermés l'un dans l'autre étaient entièrement terminés ; ils avaient subi une forte pression d'air refoulé dans leurs flancs ; cette épreuve donnait bonne opinion de leur solidité, et témoignait des soins apportés à leur construction.

Joe ne se sentait pas de joie ; il allait incessamment de Greek street aux ateliers de MM. Mittchell, toujours affairé, mais toujours épanoui, donnant volontiers des détails sur l'affaire aux gens qui ne lui en demandaient point, fier entre toutes choses d'accompagner son maître. Je crois même qu'à montrer l'aérostat, à développer les idées et les plans du docteur, à laisser apercevoir celui-ci par une fenêtre entr'ouverte, ou à son passage dans les rues, le digne garçon gagna quelques demi-couronnes ; il ne faut pas lui en vouloir ; il avait bien le droit de spéculer un peu sur l'admiration et la curiosité de ses contemporains.

Le 16 février, le Resolute vint jeter l'ancre devant Greenwich. C'était un navire à hélice du port de huit cents tonneaux, bon marcheur, et qui fut chargé de ravitailler la dernière expédition de sir James Ross aux régions polaires. Le commandant Pennet passait pour un aimable homme, il s'intéressait particulièrement au voyage du docteur, qu'il appréciait de longue date. Ce Pennet faisait plutôt un savant qu'un soldat, cela n'empêchait pas son bâtiment de porter quatre caronades, qui n'avaient jamais fait de mal à personne, et servaient seulement à produire les bruits les plus pacifiques du monde.

La cale du Resolute fut aménagée de manière à loger l'aérostat ; il y fut transporté avec les plus grandes précautions dans la journée du 18 février ; on l'emmagasina au fond du navire, de manière à prévenir tout accident ; la nacelle et ses accessoires, les ancres, les cordes, les vivres, les caisses à eau que l'on devait remplir à l'arrivée, tout fut arrimé sous les yeux de Fergusson.

On embarqua dix tonneaux d'acide sulfurique et dix tonneaux de vieille ferraille pour la production du gaz hydrogène. Cette quantité était plus que suffisante, mais il fallait parer aux pertes possibles. L'appareil destiné à développer le gaz, et composé d'une trentaine de barils, fut mis à fond de cale.

Ces divers préparatifs se terminèrent le 18 février au soir. Deux cabines confortablement disposées attendaient le docteur Fergusson et son ami Kennedy. Ce dernier, tout en jurant qu'il ne partirait pas, se rendit à bord avec un véritable arsenal de chasse, deux excellents fusil à deux coups, se chargeant par la culasse, et une carabine à toute épreuve de la fabrique de Purdey Moore et Dickson d'Edimbourg ; avec une pareille arme le chasseur n était pas embarrassé de loger à deux mille pas de distance une balle dans l' il d'un chamois ; il y joignit deux revolvers Colt à six coups pour les besoins imprévus ; sa poudrière, son sac à cartouches, son plomb et ses balles, en quantité suffisante, ne dépassaient pas les limites de poids assignées par le docteur.

Les trois voyageurs s'installèrent à bord dans la journée du 19 février ; ils furent reçus avec une grande distinction par le capitaine et ses officiers, le docteur toujours assez froid, uniquement préoccupé de son expédition, Dick ému sans trop vouloir le paraître, Joe bondissant, éclatant en propos burlesques ; il devint promptement le loustic du poste des maîtres, où un cadre lui avait : été réservé.

Le 20, un grand dîner d'adieu fut donné au docteur Fergusson et à Kennedy par la Société Royale de Géographie. Le commandant Pennet et ses officiers assistaient à ce repas, qui fut très animé et très fourni en libations flatteuses ; les santés y furent portées en assez grand nombre pour assurer à tous les convives une existence de centenaires. Sir Francis M présidait avec une émotion contenue, mais pleine de dignité.

A sa grande confusion ; Dick Kennedy eut une large part dans les félicitations bachiques. Après avoir bu « à l'intrépide Fergusson, la gloire de « l'Angleterre, » on dut boire « au non moins courageux Kennedy, son audacieux compagnon. » Dick rougit beaucoup, ce qui passa pour de la modestie : les applaudissements redoublèrent Dick rougit encore davantage. Un message de la reine arriva au dessert ; elle présentait ses compliments aux deux voyageurs et faisait des v ux pour la réussite de l'entreprise.

Ce qui nécessita de nouveau toasts « à Sa Très Gracieuse Majesté. » A minuit, après des adieux émouvants et de chaleureuses poignées de mains, les convives se séparèrent. Les embarcations du Resolute attendaient au pont de Westminster ; le commandant y prit place en compagnie de ses passagers et de ses officiers, et le courant rapide de la Tamise les porta vers Greenwich,

A une heure, chacun dormait à bord.

Le lendemain, 21 février, à trois heures du matin, les fourneaux ronflaient ; à cinq heures, on levait l'ancre, et sous l'impulsion de son hélice, le Resolute fila vers l'embouchure de la Tamise.

Nous n'avons pas besoin de dire que les conversations du bord roulèrent uniquement sur l'expédition du docteur Fergusson. A le voir comme à l'entendre, il inspirait une telle confiance bientôt, sauf l'Écossais, personne ne mit en question le succès de son entreprise.

Pendant les longues heures inoccupées du voyage docteur faisait un véritable cours de géographie dans le carré des officiers. Ces jeunes gens se passionnaient pour les découvertes faites depuis quarante ans en Afrique ; il leur raconta les explorations de Barth, de Burton, de Speke, de Grant, il leur dépeignit cette mystérieuse contrée livrée de toutes part aux investigations de la science. Dans le nord, le jeune Duveyrier explorait le Sahara et ramenait à Paris les chefs Touaregs. Sous l'inspiration du gouvernement français, deux expéditions se préparaient, qui, descendant du nord et venant à l'ouest, se croiseraient à Tembouctou. Au sud, l'infatigable Livingstone s'avançait toujours vers l'équateur, et depuis mars l862, il remontait, en compagnie de Mackensie, la rivière Rovoonia. Le dix-neuvième siècle ne se passerait certainement pas sans que l'Afrique n'eût révélé les secrets enfouis dans son sein depuis six mille ans.

L'intérêt des auditeurs de Fergusson fut excité surtout quand il leur fit connaître en détail les préparatifs de son voyage ; ils voulurent vérifier ses calculs ; ils discutèrent, et le docteur entra franchement dans la discussion.

En général, on s'étonnait de la quantité relativement restreinte de vivres qu'il emportait avec lui. Un jour, l'un des officiers interrogea le docteur à cet égard

« Cela vous surprend, répondit Fergusson.

—Sans doute.

—Mais quelle durée supposez-vous donc qu'aura mon voyage ? Des mois entiers ? C'est une grande erreur ; s'il se prolongeait, nous serions perdus, nous n'arriverions pas. Sachez donc qu'il n'y a pas plus de trois mille cinq cents, mettez quatre mille milles [Environ 400 1ieues] de Zanzibar à la côte du Sénégal. Or, à deux cent quarante milles [Cent lieues. Le docteur compte toujours par milles géographiques de 60 au degré] par douze heures, ce qui n'approche pas de la vitesse de nos chemins de fer, en voyageant jour et nuit, il suffirait de sept jours pour traverser l'Afrique.

—Mais alors vous ne pourriez me voir, ni faire de relèvements géographiques, ni reconnaître le pays.

—Aussi, répondit le docteur, si je suis maître de mon ballon, si je monte ou descends à ma volonté, je m'arrêterai quand bon me semblera, surtout lorsque des courants trop violents menaceront de m'entraîner.

—Et vous en rencontrerez, dit le commandant Pennet ; il y a des ouragans qui font plus de deux cent quatre milles à l'heure.

—Vous le voyez, répliqua le docteur, avec une telle rapidité, on traverserait l'Afrique en douze heures ; on se lèverait à Zanzibar pour aller se coucher à Saint-Louis.

—Mais, reprit un officier, est-ce qu'un ballon pourrait être entraîné par une vitesse pareille ?

—Cela s'est vu, répondit Fergusson.

—Et le ballon a résisté ?

—Parfaitement. C'était à l'époque du couronnement de Napoléon en 1804. L'aéronaute Garnerin lança de Paris, à onze heures du soir, un ballon qui portait l'inscription suivante tracée en lettres d'or : « Paris, 25 frimaire an XIII, couronnement de l'empereur Napoléon par S. S. Pie VII.» Le lendemain matin, à cinq heures, les habitants de Rome voyaient le même ballon planer au-dessus du Vatican, parcourir la campagne romaine, et aller s'abattre dans le lac de Bracciano. Ainsi, Messieurs, un ballon peut résister à de pareilles vitesses.

—Un ballon, oui ; mais un homme, se hasarda à dire Kennedy.

—Mais un homme aussi ! Car un ballon est toujours immobile par rapport à l'air qui l'environne ; ce n'est pas lui qui marche, et est la masse de l'air elle-même ; aussi, allumez une bougie dans votre nacelle, et la flamme ne vacillera pas. Un aéronaute montant le ballon de Garnerin n'aurait aucunement souffert de cette vitesse. D'ailleurs, je ne tiens pas à expérimenter une semblable rapidité, et si je puis m'accrocher pendant la nuit à quelque arbre ou quelque accident de terrain, je ne m'en ferai pas faute. Nous emportons d'ailleurs pour deux mois de vivres, et rien n'empêchera notre adroit chasseur de nous fournir du gibier en abondance quand nous prendrons terre.

—Ah ! monsieur Kennedy ! vous allez faire là des coups de maître, dit un Jeune midshipman en regardant l'Écossais avec des yeux d'envie.

—Sans compter, reprit un autre, que votre plaisir sera doublé d'une grande gloire.

—Messieurs, répondit le chasseur, je suis fort sensible à vos compliments... mais il ne m'appartient pas de les recevoir. . . —Hein ! fit-on de tous côtés vous ne partirez pas ?

—Je ne partirai pas.

—Vous n accompagnerez pas le docteur Fergusson ?

—Non seulement je ne l'accompagnerai pas, mais je ne suis ici que pour l'arrêter au dernier moment. » Tous les regards se dirigèrent vers le docteur. « Ne l'écoutez pas, répondit-il avec son air calme. C'est une chose qu'il ne faut pas discuter avec lui ; au fond il sait parfaitement qu'il partira.

—Par saint Patrick ! s'écria Kennedy j'atteste

—N atteste rien, ami Dick ; tu es jaugé, tu es pesé , toi, ta poudre, tes fusils et tes balles ; ainsi n'en parlons plus. » Et de fait, depuis ce jour jusqu'à l'arrivée à Zanzibar, Dick n'ouvrit plus la bouche ; il ne parla pas plus de cela que d'autre chose. Il se tut.

CHAPITRE VIII CHAPTER VIII CAPÍTULO VIII CAPÍTULO VIII

Importance de Joe. —Le commandant de la Resolute.—L'arsenal de Kennedy.—Aménagements.—Le dîner d'adieu.—Le départ du 21 février.—Séances scientifiques du docteur. —The Commander of the Resolute. — Kennedy’s arsenal. — Facilities. — Farewell dinner.— The departure on February 21. — Doctor's scientific sessions. —Duveyrier, Livingstone. —Duveyrier, Livingstone. —Détails du voyage aérien.—Kennedy réduit au silence. —Details of air travel. — Kennedy silenced.

Vers le 10 février, les préparatifs touchaient à la fin, les aérostats renfermés l'un dans l'autre étaient entièrement terminés ; ils avaient subi une forte pression d'air refoulé dans leurs flancs ; cette épreuve donnait bonne opinion de leur solidité, et témoignait des soins apportés à leur construction. By February 10, preparations were nearing completion, the balloons enclosed one inside the other were fully completed; they had undergone a strong pressure of forced air in their sides; this test gave a good opinion of their solidity, and testified to the care taken in their construction.

Joe ne se sentait pas de joie ; il allait incessamment de Greek street aux ateliers de MM. Joe did not feel joy; he was constantly going from Greek street to the workshops of MM. Mittchell, toujours affairé, mais toujours épanoui, donnant volontiers des détails sur l'affaire aux gens qui ne lui en demandaient point, fier entre toutes choses d'accompagner son maître. Mittchell, always busy, but always fulfilled, willingly giving details of the affair to people who did not ask him for it, proud of all things to accompany his master. Je crois même qu'à montrer l'aérostat, à développer les idées et les plans du docteur, à laisser apercevoir celui-ci par une fenêtre entr'ouverte, ou à son passage dans les rues, le digne garçon gagna quelques demi-couronnes ; il ne faut pas lui en vouloir ; il avait bien le droit de spéculer un peu sur l'admiration et la curiosité de ses contemporains. I even believe that to show the aerostat, to develop the doctor's ideas and plans, to let him see through a half-open window, or as he passed through the streets, the worthy boy won a few half crowns ; you mustn't blame him; he had the right to speculate a little on the admiration and curiosity of his contemporaries.

Le 16 février, le  Resolute vint jeter l'ancre devant Greenwich. On February 16, the Resolute dropped anchor in front of Greenwich. C'était un navire à hélice du port de huit cents tonneaux, bon marcheur, et qui fut chargé de ravitailler la dernière expédition de sir James Ross aux régions polaires. It was a propeller ship from the port of eight hundred tons, a good walker, and which was responsible for supplying the last expedition of Sir James Ross to the polar regions. Le commandant Pennet passait pour un aimable homme, il s'intéressait particulièrement au voyage du docteur, qu'il appréciait de longue date. Commander Pennet was said to be an amiable man. He was particularly interested in the doctor's journey, which he had long appreciated. Ce Pennet faisait plutôt un savant qu'un soldat, cela n'empêchait pas son bâtiment de porter quatre caronades, qui n'avaient jamais fait de mal à personne, et servaient seulement à produire les bruits les plus pacifiques du monde. This Pennet made rather a scientist than a soldier, that did not prevent his building from carrying four carronades, which had never hurt anyone, and were used only to produce the most peaceful noises in the world.

La cale du  Resolute fut aménagée de manière à loger l'aérostat ; il y fut transporté avec les plus grandes précautions dans la journée du 18 février ; on l'emmagasina au fond du navire, de manière à prévenir tout accident ; la nacelle et ses accessoires, les ancres, les cordes, les vivres, les caisses à eau que l'on devait remplir à l'arrivée, tout fut arrimé sous les yeux de Fergusson. The hold of the Resolute was fitted out to house the aerostat; he was transported there with the greatest precautions on the day of February 18; it was stored at the bottom of the ship, so as to prevent any accident; the basket and its accessories, the anchors, the ropes, the provisions, the water boxes that had to be filled upon arrival, everything was stowed under the eyes of Fergusson.

On embarqua dix tonneaux d'acide sulfurique et dix tonneaux de vieille ferraille pour la production du gaz hydrogène. Ten tons of sulfuric acid and ten tons of old scrap metal were loaded on board for the production of hydrogen gas. Cette quantité était plus que suffisante, mais il fallait parer aux pertes possibles. This quantity was more than enough, but it was necessary to counter the possible losses. L'appareil destiné à développer le gaz, et composé d'une trentaine de barils, fut mis à fond de cale. The apparatus intended to develop the gas, and composed of about thirty barrels, was put at the bottom of hold.

Ces divers préparatifs se terminèrent le 18 février au soir. These various preparations ended on the evening of February 18. Deux cabines confortablement disposées attendaient le docteur Fergusson et son ami Kennedy. Two comfortably arranged cabins awaited Doctor Fergusson and his friend Kennedy. Ce dernier, tout en jurant qu'il ne partirait pas, se rendit à bord avec un véritable arsenal de chasse, deux excellents fusil à deux coups, se chargeant par la culasse, et une carabine à toute épreuve de la fabrique de Purdey Moore et Dickson d'Edimbourg ; avec une pareille arme le chasseur n était pas embarrassé de loger à deux mille pas de distance une balle dans l' il d'un chamois ; il y joignit deux revolvers Colt à six coups pour les besoins imprévus ; sa poudrière, son sac à cartouches, son plomb et ses balles, en quantité suffisante, ne dépassaient pas les limites de poids assignées par le docteur. The latter, while swearing that he would not leave, went on board with a real hunting arsenal, two excellent double-barreled shotgun, and a rifle foolproof from the factory of Purdey Moore and Dickson of Edinburgh; with such a weapon, the hunter was not embarrassed to lodge a bullet in the eye of a chamois two thousand paces apart; he added two six-shot Colt revolvers for unforeseen needs; his powder magazine, his cartridge bag, his lead and his bullets, in sufficient quantity, did not exceed the weight limits assigned by the doctor.

Les trois voyageurs s'installèrent à bord dans la journée du 19 février ; ils furent reçus avec une grande distinction par le capitaine et ses officiers, le docteur toujours assez froid, uniquement préoccupé de son expédition, Dick ému sans trop vouloir le paraître, Joe bondissant, éclatant en propos burlesques ; il devint promptement le loustic du poste des maîtres, où un cadre lui avait : été réservé. The three travelers got on board on the day of February 19; they were received with great distinction by the captain and his officers, the doctor always quite cold, only concerned with his expedition, Dick moved without wanting to appear too much, Joe leaping, bursting into burlesque words; he quickly became the loustic of the masters' post, where a frame had been set aside for him.

Le 20, un grand dîner d'adieu fut donné au docteur Fergusson et à Kennedy par la Société Royale de Géographie. On the 20th, a large farewell dinner was given to Doctor Fergusson and to Kennedy by the Royal Geographical Society. Le commandant Pennet et ses officiers assistaient à ce repas, qui fut très animé et très fourni en libations flatteuses ; les santés y furent portées en assez grand nombre pour assurer à tous les convives une existence de centenaires. Captain Pennet and his officers attended this meal, which was very lively and very full of flattering libations; health was brought there in sufficient numbers to assure all guests a centenary existence. Sir Francis M présidait avec une émotion contenue, mais pleine de dignité. Sir Francis M presided with a contained emotion, but full of dignity.

A sa grande confusion ; Dick Kennedy eut une large part dans les félicitations bachiques. To his great confusion; Dick Kennedy had a large share in Bach's congratulations. Après avoir bu « à l'intrépide Fergusson, la gloire de « l'Angleterre, » on dut boire « au non moins courageux Kennedy, son audacieux compagnon. After drinking "the intrepid Fergusson, the glory of" England, "we had to drink" to no less courageous Kennedy, his daring companion. » Dick rougit beaucoup, ce qui passa pour de la modestie : les applaudissements redoublèrent Dick rougit encore davantage. Dick blushed a lot, which passed for modesty: the applause redoubled Dick blushed even more. Un message de la reine arriva au dessert ; elle présentait ses compliments aux deux voyageurs et faisait des v ux pour la réussite de l'entreprise. A message from the queen arrived at the dessert; she presented her compliments to the two travelers and made wishes for the success of the business.

Ce qui nécessita de nouveau toasts « à Sa Très Gracieuse Majesté. Which again necessitated toast "to His Most Gracious Majesty." » A minuit, après des adieux émouvants et de chaleureuses poignées de mains, les convives se séparèrent. At midnight, after moving farewells and warm handshakes, the guests parted. Les embarcations du  Resolute attendaient au pont de Westminster ; le commandant y prit place en compagnie de ses passagers et de ses officiers, et le courant rapide de la Tamise les porta vers Greenwich, Resolute boats were waiting at Westminster Bridge; the captain took his place there with his passengers and his officers, and the rapid current of the Thames carried them towards Greenwich,

A une heure, chacun dormait à bord. At one o'clock, everyone slept on board.

Le lendemain, 21 février, à trois heures du matin, les fourneaux ronflaient ; à cinq heures, on levait l'ancre, et sous l'impulsion de son hélice, le  Resolute fila vers l'embouchure de la Tamise. The next day, February 21, at three in the morning, the stoves were snoring; at five o'clock the anchor was weighed down, and under the impulse of its propeller, the Resolute spun towards the mouth of the Thames.

Nous n'avons pas besoin de dire que les conversations du bord roulèrent uniquement sur l'expédition du docteur Fergusson. We need not say that the conversations on board were based solely on the expedition of Doctor Fergusson. A le voir comme à l'entendre, il inspirait une telle confiance bientôt, sauf l'Écossais, personne ne mit en question le succès de son entreprise. To see him as to hear him, he inspired such confidence soon, except the Scotsman, no one questioned the success of his enterprise.

Pendant les longues heures inoccupées du voyage docteur faisait un véritable cours de géographie dans le carré des officiers. During the long unoccupied hours of the trip, the doctor did a real geography lesson in the officers' room. Ces jeunes gens se passionnaient pour les découvertes faites depuis quarante ans en Afrique ; il leur raconta les explorations de Barth, de Burton, de Speke, de Grant, il leur dépeignit cette mystérieuse contrée livrée de toutes part aux investigations de la science. These young people were passionate about the discoveries made for forty years in Africa; he told them about the explorations of Barth, Burton, Speke, and Grant, he depicted to them this mysterious country, surrendered on all sides to the investigations of science. Dans le nord, le jeune Duveyrier explorait le Sahara et ramenait à Paris les chefs Touaregs. In the north, the young Duveyrier explored the Sahara and brought the Tuareg chiefs to Paris. Sous l'inspiration du gouvernement français, deux expéditions se préparaient, qui, descendant du nord et venant à l'ouest, se croiseraient à Tembouctou. Under the inspiration of the French government, two expeditions were preparing, which, descending from the north and coming to the west, would cross at Tembouctou. Au sud, l'infatigable Livingstone s'avançait toujours vers l'équateur, et depuis mars l862, il remontait, en compagnie de Mackensie, la rivière Rovoonia. To the south, the tireless Livingstone was still advancing towards the equator, and since March l862, he had been ascending, with Mackensie, the Rovoonia River. Le dix-neuvième siècle ne se passerait certainement pas sans que l'Afrique n'eût révélé les secrets enfouis dans son sein depuis six mille ans. The nineteenth century would certainly not happen without Africa having revealed the secrets buried in its bosom for six thousand years.

L'intérêt des auditeurs de Fergusson fut excité surtout quand il leur fit connaître en détail les préparatifs de son voyage ; ils voulurent vérifier ses calculs ; ils discutèrent, et le docteur entra franchement dans la discussion. The interest of Fergusson's listeners was excited especially when he made known to them in detail the preparations for his journey; they wanted to verify his calculations; they discussed, and the doctor frankly entered the discussion.

En général, on s'étonnait de la quantité relativement restreinte de vivres qu'il emportait avec lui. In general, people were amazed at the relatively small amount of food he carried with him. Un jour, l'un des officiers interrogea le docteur à cet égard One of the officers once asked the doctor about it

« Cela vous surprend, répondit Fergusson. "It surprises you," said Fergusson.

—Sans doute. -Without a doubt.

—Mais quelle durée supposez-vous donc qu'aura mon voyage ? "But how long do you suppose my trip will be?" Des mois entiers ? Whole months? C'est une grande erreur ; s'il se prolongeait, nous serions perdus, nous n'arriverions pas. It is a big mistake; if it continued, we would be lost, we would not arrive. Sachez donc qu'il n'y a pas plus de trois mille cinq cents, mettez quatre mille milles [Environ 400 1ieues] de Zanzibar à la côte du Sénégal. Know therefore that there are not more than three thousand five hundred, put four thousand miles [about 400 miles] from Zanzibar to the coast of Senegal. Or, à deux cent quarante milles [Cent lieues. Now, two hundred and forty miles [Hundred leagues. Le docteur compte toujours par milles géographiques de 60 au degré] par douze heures, ce qui n'approche pas de la vitesse de nos chemins de fer, en voyageant jour et nuit, il suffirait de sept jours pour traverser l'Afrique. The doctor always counts by geographical miles of 60 to the degree] by twelve hours, which does not approach the speed of our railways, by traveling day and night, it would be enough of seven days to cross Africa.

—Mais alors vous ne pourriez me voir, ni faire de relèvements géographiques, ni reconnaître le pays. "But then you wouldn't be able to see me, or make geographic surveys, or recognize the country."

—Aussi, répondit le docteur, si je suis maître de mon ballon, si je monte ou descends à ma volonté, je m'arrêterai quand bon me semblera, surtout lorsque des courants trop violents menaceront de m'entraîner. "Also," replied the doctor, "if I am the master of my ball, if I go up or down at my will, I will stop when I want, especially when too strong currents threaten to drag me.

—Et vous en rencontrerez, dit le commandant Pennet ; il y a des ouragans qui font plus de deux cent quatre milles à l'heure. "And you will meet them," said Major Pennet; there are hurricanes that go over two hundred and four miles an hour.

—Vous le voyez, répliqua le docteur, avec une telle rapidité, on traverserait l'Afrique en douze heures ; on se lèverait à Zanzibar pour aller se coucher à Saint-Louis. “You see,” replied the doctor, “with such rapidity, we would cross Africa in twelve hours; we would get up in Zanzibar to go to bed in Saint-Louis.

—Mais, reprit un officier, est-ce qu'un ballon pourrait être entraîné par une vitesse pareille ? “But,” said an officer, “could a balloon be driven by such a speed?

—Cela s'est vu, répondit Fergusson. "It has been seen," said Fergusson.

—Et le ballon a résisté ? "And did the balloon resist?"

—Parfaitement. -Perfectly. C'était à l'époque du couronnement de Napoléon en 1804. It was around the time of Napoleon's coronation in 1804. L'aéronaute Garnerin lança de Paris, à onze heures du soir, un ballon qui portait l'inscription suivante tracée en lettres d'or : « Paris, 25 frimaire an XIII, couronnement de l'empereur Napoléon par S. S. Pie VII.» Le lendemain matin, à cinq heures, les habitants de Rome voyaient le même ballon planer au-dessus du Vatican, parcourir la campagne romaine, et aller s'abattre dans le lac de Bracciano. The aeronaut Garnerin launched from Paris, at eleven o'clock in the evening, a balloon which bore the following inscription drawn in gold letters: "Paris, 25 Frimaire, year XIII, coronation of the Emperor Napoleon by SS Pius VII." The next morning, at five o'clock, the inhabitants of Rome saw the same balloon hover above the Vatican, travel through the Roman countryside, and go down into Lake Bracciano. Ainsi, Messieurs, un ballon peut résister à de pareilles vitesses. So, gentlemen, a balloon can resist such speeds.

—Un ballon, oui ; mais un homme, se hasarda à dire Kennedy. —A balloon, yes; but a man ventured to say Kennedy.

—Mais un homme aussi ! "But a man too!" Car un ballon est toujours immobile par rapport à l'air qui l'environne ; ce n'est pas lui qui marche, et est la masse de l'air elle-même ; aussi, allumez une bougie dans votre nacelle, et la flamme ne vacillera pas. Because a balloon is always motionless compared to the air which surrounds it; it is not he who walks, and is the mass of the air itself; also, light a candle in your basket, and the flame will not flicker. Un aéronaute montant le ballon de Garnerin n'aurait aucunement souffert de cette vitesse. An aeronaut riding the Garnerin balloon would not have suffered from this speed. D'ailleurs, je ne tiens pas à expérimenter une semblable rapidité, et si je puis m'accrocher pendant la nuit à quelque arbre ou quelque accident de terrain, je ne m'en ferai pas faute. Besides, I do not wish to experience such a rapidity, and if I can hang on during the night to some tree or some accident on the ground, I will not make fault of it. Nous emportons d'ailleurs pour deux mois de vivres, et rien n'empêchera notre adroit chasseur de nous fournir du gibier en abondance quand nous prendrons terre. We also take food for two months, and nothing will prevent our clever hunter from providing us with an abundance of game when we land.

—Ah ! “Ah! monsieur Kennedy ! vous allez faire là des coups de maître, dit un Jeune midshipman en regardant l'Écossais avec des yeux d'envie. you are going to make master strokes there, said a Young midshipman, looking at the Scot with envious eyes.

—Sans compter, reprit un autre, que votre plaisir sera doublé d'une grande gloire. "Without counting," replied another, "that your pleasure will be doubled with great glory."

—Messieurs, répondit le chasseur, je suis fort sensible à vos compliments... mais il ne m'appartient pas de les recevoir. "Gentlemen," replied the hunter, "I am very sensitive to your compliments ... but it is not for me to receive them." . . —Hein ! fit-on de tous côtés vous ne partirez pas ? they said on all sides you will not leave?

—Je ne partirai pas. “I won't go.

—Vous n accompagnerez pas le docteur Fergusson ? "You will not accompany Dr. Fergusson?"

—Non seulement je ne l'accompagnerai pas, mais je ne suis ici que pour l'arrêter au dernier moment. “Not only will I not accompany him, but I am only here to stop him at the last moment. » Tous les regards se dirigèrent vers le docteur. All eyes turned to the doctor. « Ne l'écoutez pas, répondit-il avec son air calme. "Don't listen to him," he replied with his calm air. C'est une chose qu'il ne faut pas discuter avec lui ; au fond il sait parfaitement qu'il partira. It is something that should not be discussed with him; deep down he knows perfectly well that he will leave.

—Par saint Patrick ! —By Saint Patrick! s'écria Kennedy j'atteste cried Kennedy I attest

—N atteste rien, ami Dick ; tu es jaugé, tu es pesé , toi, ta poudre, tes fusils et tes balles ; ainsi n'en parlons plus. “No evidence, friend Dick; you are measured, you are weighed, you, your powder, your guns and your bullets; so let's not talk about it anymore. » Et de fait, depuis ce jour jusqu'à l'arrivée à Zanzibar, Dick n'ouvrit plus la bouche ; il ne parla pas plus de cela que d'autre chose. And in fact, from that day until arriving at Zanzibar, Dick no longer opened his mouth; he spoke no more of this than anything else. Il se tut. He was silent.