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Jules Verne - Vingt mille lieues sous les mers, Partie I; Chapitre 5: À l'aventure !

Partie I; Chapitre 5: À l'aventure !

Le voyage de l' Abraham-Lincoln , pendant quelque temps, ne fut marqué par aucun incident.

Cependant une circonstance se présenta, qui mit en relief la merveilleuse habileté de Ned Land, et montra quelle confiance on devait avoir en lui.

Au large des Malouines, le 30 juin, la frégate communiqua avec des baleiniers américains, et nous apprîmes qu'ils n'avaient eu aucune connaissance du narwal.

Mais l'un d'eux, le capitaine du Monroe, sachant que Ned Land était embarqué à bord de l' Abraham-Lincoln , demanda son aide pour chasser une baleine qui était en vue. Le commandant Farragut, désireux de voir Ned Land à l'œuvre, l'autorisa à se rendre à bord du Monroe. Et le hasard servit si bien notre Canadien, qu'au lieu d'une baleine, il en harponna deux d'un coup double, frappant l'une droit au cœur, et s'emparant de l'autre après une poursuite de quelques minutes !

Décidément, si le monstre a jamais affaire au harpon de Ned Land, je ne parierai pas pour le monstre.

La frégate prolongea la côte sud-est de l'Amérique avec une rapidité prodigieuse.

Le 3 juillet, nous étions à l'ouvert du détroit de Magellan, à la hauteur du cap des Vierges. Mais le commandant Farragut ne voulut pas prendre ce sinueux passage, et manœuvra de manière à doubler le cap Horn.

L'équipage lui donna raison à l'unanimité.

Et en effet, était-il probable que l'on pût rencontrer le narwal dans ce détroit resserré ? Bon nombre de matelots affirmaient que le monstre n'y pouvait passer, « qu'il était trop gros pour cela ! » Le 6 juillet, vers trois heures du soir, I' Abraham Lincoln , à quinze milles dans le sud, doubla cet îlot solitaire, ce roc perdu à l'extrémité du continent américain, auquel des marins hollandais imposèrent le nom de leur villa natale, le cap Horn. La route fut donnée vers le nord-ouest, et le lendemain, l'hélice de la frégate battit enfin les eaux du Pacifique.

« Ouvre l'oeil !

ouvre l'oeil ! » répétaient les matelots de l ' Abraham Lincoln .

Et ils l'ouvraient démesurément.

Les yeux et les lunettes, un peu éblouis, il est vrai, par la perspective de deux mille dollars, ne restèrent pas un instant au repos. Jour et nuit, on observait la surface de l'Océan, et les nyctalopes, dont la faculté de voir dans l'obscurité accroissait les chances de cinquante pour cent, avaient beau jeu pour gagner la prime.

Moi, que l'appât de l'argent n'attirait guère, je n'étais pourtant pas le moins attentif du bord.

Ne donnant que quelques minutes au repas, quelques heures au sommeil, indifférent au soleil ou à la pluie, je ne quittais plus le pont du navire. Tantôt penché sur les bastingages du gaillard d'avant, tantôt appuyé à la lisse de l'arrière, je dévorais d'un oeil avide le cotonneux sillage qui blanchissait la mer jusqu'à perte de vue ! Et que de fois j'ai partagé l'émotion de l'état-major, de l'équipage, lorsque quelque capricieuse baleine élevait son dos noirâtre au-dessus des flots. Le pont de la frégate se peuplait en un instant. Les capots vomissaient un torrent de matelots et d'officiers. Chacun, la poitrine haletante, l'oeil trouble, observait la marche du cétacé. Je regardais, je regardais à en user ma rétine, à en devenir aveugle, tandis que Conseil, toujours phlegmatique, me répétait d'un ton calme :

« Si monsieur voulait avoir la bonté de moins écarquiller ses yeux, monsieur verrait bien davantage !

» Mais, vaine émotion ! L' Abraham-Lincoln modifiait sa route, courait sur l'animal signalé, simple baleine ou cachalot vulgaire, qui disparaissait bientôt au milieu d'un concert d'imprécations !

Cependant, le temps restait favorable.

Le voyage s'accomplissait dans les meilleures conditions. C'était alors la mauvaise saison australe, car le juillet de cette zone correspond à notre janvier d'Europe ; mais la mer se maintenait belle, et se laissait facilement observer dans un vaste périmètre.

Ned Land montrait toujours la plus tenace incrédulité ; il affectait même de ne point examiner la surface des flots en dehors de son temps de bordée — du moins quand aucune baleine n'était en vue.

Et pourtant sa merveilleuse puissance de vision aurait rendu de grands services. Mais, huit heures sur douze, cet entêté Canadien lisait ou dormait dans sa cabine. Cent fois, je lui reprochai son indifférence.

« Bah !

répondait-il, il n'y a rien, monsieur Aronnax, et y eût-il quelque animal, quelle chance avons-nous de l'apercevoir ? Est-ce que nous ne courons pas à l'aventure ? On a revu, dit-on, cette bête introuvable dans les hautes mers du Pacifique, je veux bien l'admettre, mais deux mois déjà se sont écoulés depuis cette rencontre, et à s'en rapporter au tempérament de votre narwal, il n'aime point à moisir longtemps dans les mêmes parages ! Il est doué d'une prodigieuse facilité de déplacement. Or, vous le savez mieux que moi, monsieur le professeur, la nature ne fait rien à contre sens, et elle ne donnerait pas à un animal lent de sa nature la faculté de se mouvoir rapidement, s'il n'avait pas besoin de s'en servir. Donc, si la bête existe, elle est déjà loin ! » A cela, je ne savais que répondre. Évidemment, nous marchions en aveugles. Mais le moyen de procéder autrement ? Aussi, nos chances étaient-elles fort limitées. Cependant, personne ne doutait encore du succès, et pas un matelot du bord n'eût parié contre le narwal et contre sa prochaine apparition.

Le 20 juillet, le tropique du Capricorne fut coupé par 105° de longitude, et le 27 du même mois, nous franchissions l'équateur sur le cent dixième méridien.

Ce relèvement fait, la frégate prit une direction plus décidée vers l'ouest, et s'engagea dans les mers centrales du Pacifique.

Le commandant Farragut pensait, avec raison, qu'il valait mieux fréquenter les eaux profondes, et s'éloigner des continents ou des îles dont l'animal avait toujours paru éviter l'approche, « sans doute parce qu'il n'y avait pas assez d'eau pour lui !

» disait le maître d'équipage. La frégate passa donc au large des Pomotou, des Marquises, des Sandwich, coupa le tropique du Cancer par 132° de longitude, et se dirigea vers les mers de Chine.

Nous étions enfin sur le théâtre des derniers ébats du monstre !

Et, pour tout dire, on ne vivait plus à bord. Les cœurs palpitaient effroyablement, et se préparaient pour l'avenir d'incurables anévrismes. L'équipage entier subissait une surexcitation nerveuse, dont je ne saurais donner l'idée. On ne mangeait pas, on ne dormait plus. Vingt fois par jour, une erreur d'appréciation, une illusion d'optique de quelque matelot perché sur les barres, causaient d'intolérables douleurs, et ces émotions, vingt fois répétées, nous maintenaient dans un état d'éréthisme trop violent pour ne pas amener une réaction prochaine.

Et en effet, la réaction ne tarda pas à se produire.

Pendant trois mois, trois mois dont chaque jour durait un siècle ! l' Abraham-Lincoln sillonna toutes les mers septentrionales du Pacifique, courant aux baleines signalées, faisant de brusques écarts de route, virant subitement d'un bord sur l'autre, s'arrêtant soudain, forçant ou renversant sa vapeur, coup sur coup, au risque de déniveler sa machine, et il ne laissa pas un point inexploré des rivages du Japon à la côte américaine. Et rien ! rien que l'immensité des flots déserts ! Rien qui ressemblât à un narwal gigantesque, ni à un îlot sous-marin, ni à une épave de naufrage, ni à un écueil fuyant, ni à quoi que ce fût de surnaturel !

La réaction se fit donc.

Le découragement s'empara d'abord des esprits, et ouvrit une brèche à l'incrédulité. Un nouveau sentiment se produisit à bord, qui se composait de trois dixièmes de honte contre sept dixièmes de fureur. On était « tout bête » de s'être laissé prendre à une chimère, mais encore plus furieux ! Les montagnes d'arguments entassés depuis un an s'écroulèrent à la fois, et chacun ne songea plus qu'à se rattraper aux heures de repas ou de sommeil du temps qu'il avait si sottement sacrifié.

Avec la mobilité naturelle à l'esprit humain, d'un excès on se jeta dans un autre.

Les plus chauds partisans de l'entreprise devinrent fatalement ses plus ardents détracteurs. La réaction monta des fonds du navire, du poste des soutiers jusqu'au carré de l'état-major, et certainement, sans un entêtement très particulier du commandant Farragut, la frégate eût définitivement remis le cap au sud.

Cependant, cette recherche inutile ne pouvait se prolonger plus longtemps.

L' Abraham-Lincoln n'avait rien à se reprocher, ayant tout fait pour réussir. Jamais équipage d'un bâtiment de la marine américaine ne montra plus de patience et plus de zèle ; son insuccès ne saurait lui être imputé ; il ne restait plus qu'à revenir.

Une représentation dans ce sens fut faite au commandant.

Le commandant tint bon. Les matelots ne cachèrent point leur mécontentement, et le service en souffrit. Je ne veux pas dire qu'il y eut révolte à bord, mais après une raisonnable période d'obstination, le commandant Farragut comme autrefois Colomb, demanda trois jours de patience. Si dans le délai de trois jours, le monstre n'avait pas paru, l'homme de barre donnerait trois tours de roue, et l' Abraham-Lincoln ferait route vers les mers européennes.

Cette promesse fut faite le 2 novembre.

Elle eut tout d'abord pour résultat de ranimer les défaillances de l'équipage. L'Océan fut observé avec une nouvelle attention. Chacun voulait lui jeter ce dernier coup d'oeil dans lequel se résume tout le souvenir. Les lunettes fonctionnèrent avec une activité fiévreuse. C'était un suprême défi porté au narwal géant, et celui-ci ne pouvait raisonnablement se dispenser de répondre à cette sommation « à comparaître ! » Deux jours se passèrent. L' Abraham-Lincoln se tenait sous petite vapeur. On employait mille moyens pour éveiller l'attention ou stimuler l'apathie de l'animal, au cas où il se fût rencontré dans ces parages. D'énormes quartiers de lard furent mis à la traîne pour la plus grande satisfaction des requins, je dois le dire. Les embarcations rayonnèrent dans toutes les directions autour de l' Abraham-Lincoln , pendant qu'il mettait en panne, et ne laissèrent pas un point de mer inexploré. Mais le soir du 4 novembre arriva sans que se fût dévoilé ce mystère sous-marin.

Le lendemain, 5 novembre, à midi, expirait le délai de rigueur.

Après le point, le commandant Farragut, fidèle à sa promesse, devait donner la route au sud-est, et abandonner définitivement les régions septentrionales du Pacifique.

La frégate se trouvait alors par 31°15' de latitude nord et par 136°42' de longitude est.

Les terres du Japon nous restaient à moins de deux cents milles sous le vent. La nuit approchait. On venait de piquer huit heures. De gros nuages voilaient le disque de la lune, alors dans son premier quartier. La mer ondulait paisiblement sous l'étrave de la frégate.

En ce moment, j'étais appuyé à l'avant, sur le bastingage de tribord.

Conseil, posté près de moi, regardait devant lui. L'équipage, juché dans les haubans, examinait l'horizon qui se rétrécissait et s'obscurcissait peu à peu. Les officiers, armes de leur lorgnette de nuit, fouillaient l'obscurité croissante. Parfois le sombre Océan étincelait sous un rayon que la lune dardait entre la frange de deux nuages. Puis, toute trace lumineuse s'évanouissait dans les ténèbres.

En observant Conseil, je constatai que ce brave garçon subissait tant soit peu l'influence générale.

Du moins, je le crus ainsi. Peut-être, et pour la première fois, ses nerfs vibraient-ils sous l'action d'un sentiment de curiosité.

« Allons, Conseil, lui dis-je, voilà une dernière occasion d'empocher deux mille dollars.

-- Que monsieur me permette de le lui dire, répondit Conseil, je n'ai jamais compté sur cette prime, et le gouvernement de l'Union pouvait promettre cent mille dollars, il n'en aurait pas été plus pauvre.

-- Tu as raison, Conseil.

C'est une sotte affaire, après tout, et dans laquelle nous nous sommes lancés trop légèrement. Que de temps perdu, que d'émotions inutiles ! Depuis six mois déjà, nous serions rentrés en France...

-- Dans le petit appartement de monsieur, répliqua Conseil, dans le Muséum de monsieur !

Et j'aurais déjà classé les fossiles de monsieur ! Et le babiroussa de monsieur serait installé dans sa cage du Jardin des Plantes, et il attirerait tous les curieux de la capitale !

-- Comme tu dis, Conseil, et sans compter, j'imagine, que l'on se moquera de nous !

-- Effectivement, répondit tranquillement Conseil, je pense que l'on se moquera de monsieur.

Et, faut-il le dire... ?

-- Il faut le dire, Conseil.

-- Eh bien, monsieur n'aura que ce qu'il mérite !

-- Vraiment !

-- Quand on a l'honneur d'être un savant comme monsieur, on ne s'expose pas... »

Conseil ne put achever son compliment.

Au milieu du silence général, une voix venait de se faire entendre. C'était la voix de Ned Land, et Ned Land s'écriait :

« Ohé !

la chose en question, sous le vent, par le travers à nous ! »

Partie I; Chapitre 5: À l'aventure ! Teil I; Kapitel 5: Auf ins Abenteuer! Part I; Chapter 5: Adventure! Parte I; Capítulo 5: ¡Aventura! قسمت اول؛ فصل 5: ماجراجویی! Deel I; Hoofdstuk 5: Avontuur! Parte I; Capítulo 5: Aventura! Del I; Kapitel 5: Äventyr! Частина I; Розділ 5: Пригода!

Le voyage de l' Abraham-Lincoln , pendant quelque temps, ne fut marqué par aucun incident. The journey of Abraham Lincoln for some time was not marked by any incident. Певний час плавання "Авраама-Лінкольна" було спокійним.

Cependant une circonstance se présenta, qui mit en relief la merveilleuse habileté de Ned Land, et montra quelle confiance on devait avoir en lui. However, a circumstance presented itself, which emphasized the marvelous skill of Ned Land, and showed how much confidence one should have in him. Тем не менее, появилось обстоятельство, в котором подчеркивалось изумительное мастерство Нед-Ланд, и было показано, сколько доверия ему нужно иметь. Однак виникла обставина, яка підкреслила дивовижну майстерність Неда Ленда і показала, наскільки йому можна довіряти.

Au large des Malouines, le 30 juin, la frégate communiqua avec des baleiniers américains, et nous apprîmes qu'ils n'avaient eu aucune connaissance du narwal. Off the Falklands, on the 30th of June, the frigate communicated with American whalers, and we learned that they had no knowledge of the narwhal. Біля Фолклендських островів 30 червня фрегат зв'язався з американськими китобоями, і ми дізналися, що вони нічого не знали про нарвал.

Mais l'un d'eux, le capitaine du Monroe, sachant que Ned Land était embarqué à bord de l' Abraham-Lincoln , demanda son aide pour chasser une baleine qui était en vue. But one of them, the captain of the Monroe, knowing that Ned Land was aboard the Abraham Lincoln, asked for his help to hunt a whale that was in sight. Le commandant Farragut, désireux de voir Ned Land à l'œuvre, l'autorisa à se rendre à bord du Monroe. Commander Farragut, eager to see Ned Land at work, allowed him to board the Monroe. O comandante Farragut, ansioso para ver Ned Land em ação, permitiu que ele embarcasse no Monroe. Et le hasard servit si bien notre Canadien, qu'au lieu d'une baleine, il en harponna deux d'un coup double, frappant l'une droit au cœur, et s'emparant de l'autre après une poursuite de quelques minutes ! And chance served our Canadian so well, that instead of a whale, he harpooned two with a double blow, striking the right one to the heart, and seizing the other after a pursuit of a few minutes ! E o acaso serviu tão bem ao nosso canadense que, em vez de uma baleia, ele espetou duas com um golpe duplo, acertando uma direto no coração e agarrando a outra após uma perseguição de alguns minutos.

Décidément, si le monstre a jamais affaire au harpon de Ned Land, je ne parierai pas pour le monstre. Entschieden, wenn das Monster jemals mit Ned Lands Harpune zu tun hat, werde ich nicht für das Monster wetten. Decidedly, if the monster ever deals with Ned Land's harpoon, I will not bet for the monster. Якщо монстру коли-небудь доведеться мати справу з гарпуном Неда Ленда, я б не ставив на нього.

La frégate prolongea la côte sud-est de l'Amérique avec une rapidité prodigieuse. The frigate extended the south-east coast of America with prodigious rapidity.

Le 3 juillet, nous étions à l'ouvert du détroit de Magellan, à la hauteur du cap des Vierges. On the 3rd of July, we were at the open of the Strait of Magellan, at the cape of Virgins. Mais le commandant Farragut ne voulut pas prendre ce sinueux passage, et manœuvra de manière à doubler le cap Horn. But Commander Farragut did not want to take this winding passage, and maneuvered so as to double Cape Horn.

L'équipage lui donna raison à l'unanimité. The crew gave him unanimous reason. Екіпаж одноголосно погодився.

Et en effet, était-il probable que l'on pût rencontrer le narwal dans ce détroit resserré ? And indeed, was it probable that one could meet the narwhal in this narrow strait? І справді, чи було ймовірно, що нарвал можна зустріти в цій вузькій протоці? Bon nombre de matelots affirmaient que le monstre n'y pouvait passer, « qu'il était trop gros pour cela ! Many sailors said that the monster could not pass, "that he was too big for that! » Le 6 juillet, vers trois heures du soir, I' Abraham Lincoln , à quinze milles dans le sud, doubla cet îlot solitaire, ce roc perdu à l'extrémité du continent américain, auquel des marins hollandais imposèrent le nom de leur villa natale, le cap Horn. On the 6th of July, about three o'clock in the evening, the Abraham Lincoln, fifteen miles to the south, doubled this solitary islet, that rock lost at the extremity of the American continent, to which Dutch sailors imposed the name of their native villa. Cape Horn. La route fut donnée vers le nord-ouest, et le lendemain, l'hélice de la frégate battit enfin les eaux du Pacifique. The road was given north-west, and the next day the propeller of the frigate finally beat the waters of the Pacific.

« Ouvre l'oeil ! "Open your eyes! "Дивіться в обидва!

ouvre l'oeil ! open your eyes! » répétaient les matelots de l ' Abraham Lincoln . Repeated the sailors of the Abraham Lincoln.

Et ils l'ouvraient démesurément. And they opened it excessively. І вони відкрили його навстіж.

Les yeux et les lunettes, un peu éblouis, il est vrai, par la perspective de deux mille dollars, ne restèrent pas un instant au repos. The eyes and the glasses, a little dazzled, it is true, by the prospect of two thousand dollars, did not remain a moment at rest. Jour et nuit, on observait la surface de l'Océan, et les nyctalopes, dont la faculté de voir dans l'obscurité accroissait les chances de cinquante pour cent, avaient beau jeu pour gagner la prime. Day and night, the surface of the ocean was observed, and the nyctalopes, whose ability to see in the darkness increased the chances of fifty per cent, had good luck to win the prize.

Moi, que l'appât de l'argent n'attirait guère, je n'étais pourtant pas le moins attentif du bord. I, that the lure of money did not attract much, I was not the least attentive edge. A mim, a atracção do dinheiro dificilmente me atraía, mas não estava minimamente atento a bordo. Хоча приманка грошей мене не приваблювала, на борту я був не менш уважним.

Ne donnant que quelques minutes au repas, quelques heures au sommeil, indifférent au soleil ou à la pluie, je ne quittais plus le pont du navire. Giving only a few minutes to the meal, a few hours to sleep, indifferent to the sun or the rain, I never left the deck of the ship. Dando apenas alguns minutos para a refeição, algumas horas para dormir, indiferente ao sol ou à chuva, não saí mais do convés do navio. Приділяючи лише кілька хвилин їжі, кілька годин сну, байдужий до сонця чи дощу, я ніколи не покидав палубу корабля. Tantôt penché sur les bastingages du gaillard d'avant, tantôt appuyé à la lisse de l'arrière, je dévorais d'un oeil avide le cotonneux sillage qui blanchissait la mer jusqu'à perte de vue ! Sometimes leaning over the railings of the forecastle, sometimes leaning against the rail at the back, I devoured with an eager eye the fluffy wake whitening the sea as far as the eye could see! Ora encostado na amurada do castelo de proa, ora encostado na amurada de popa, devorei avidamente a esteira algodoeira que embranquecia o mar até onde a vista alcançava! Иногда, опираясь на перила башни, иногда прислонившись к рельсу сзади, я с нетерпением ловил пушистый след, отбеливающий море, насколько мог видеть глаз! Іноді перехиляючись через фальшборти форштевня, іноді спираючись на кормове поруччя, я жадібним поглядом поглинав ватяну хвилю, що біліла море, скільки сягало око! Et que de fois j'ai partagé l'émotion de l'état-major, de l'équipage, lorsque quelque capricieuse baleine élevait son dos noirâtre au-dessus des flots. And how often have I shared the emotion of the staff, of the crew, when some capricious whale raised its blackish back over the waves. И как часто я разделял эмоции персонала, команды, когда какой-то капризный кит поднимал черную спину по волнам. Le pont de la frégate se peuplait en un instant. The bridge of the frigate was populating in an instant. Палуба фрегата вмить заповнилася. Les capots vomissaient un torrent de matelots et d'officiers. The hoods vomited a torrent of sailors and officers. З кашкетів вивергався потік матросів і офіцерів. Chacun, la poitrine haletante, l'oeil trouble, observait la marche du cétacé. Each one, his chest panting, his eyes blurred, watched the cetacean walk. Todos, com o peito arfante, os olhos preocupados, observavam o curso do cetáceo. Je regardais, je regardais à en user ma rétine, à en devenir aveugle, tandis que Conseil, toujours phlegmatique, me répétait d'un ton calme : I looked, I watched to use my retina, to become blind, while Council, always phlegmatic, repeated to me in a calm tone: Observei, observei até que minha retina se esgotou, até que fiquei cego, enquanto Conselho, ainda fleumático, repetia-me em tom sereno:

« Si monsieur voulait avoir la bonté de moins écarquiller ses yeux, monsieur verrait bien davantage ! "If monsieur would have the kindness of less wide-eyed, sir would see much more! “Se Monsieur tivesse a gentileza de abrir menos os olhos, Monsieur veria muito mais!

» Mais, vaine émotion ! But, vain emotion! L' Abraham-Lincoln modifiait sa route, courait sur l'animal signalé, simple baleine ou cachalot vulgaire, qui disparaissait bientôt au milieu d'un concert d'imprécations ! The Abraham Lincoln was changing his course, running on the signal animal, a simple whale or sperm whale, which was soon disappearing in the midst of a concert of imprecations! "Авраам-Лінкольн" змінив курс, побіг назустріч тварині, якій подали сигнал, простому киту або звичайному кашалоту, який незабаром зник під хор прокльонів!

Cependant, le temps restait favorable. However, the weather remained favorable.

Le voyage s'accomplissait dans les meilleures conditions. The journey was accomplished in the best conditions. C'était alors la mauvaise saison australe, car le juillet de cette zone correspond à notre janvier d'Europe ; mais la mer se maintenait belle, et se laissait facilement observer dans un vaste périmètre. It was then the bad southern season, because the July of this zone corresponds to our January of Europe; but the sea was beautiful, and was easily observed in a vast area.

Ned Land montrait toujours la plus tenace incrédulité ; il affectait même de ne point examiner la surface des flots en dehors de son temps de bordée — du moins quand aucune baleine n'était en vue. Ned Land war immer noch der hartnäckigste Ungläubige und tat sogar so, als würde er außerhalb seiner Bordzeit die Wasseroberfläche nicht untersuchen - zumindest, wenn kein Wal in Sicht war. Ned Land always showed the most persistent incredulity; he even affected not to examine the surface of the waves outside his edging time - at least when no whale was in sight. Нед-Земля всегда проявляла самое стойкое недоверие; он даже не исследовал поверхность волн за пределами его окантовки - по крайней мере, когда кит не был в поле зрения.

Et pourtant sa merveilleuse puissance de vision aurait rendu de grands services. And yet his marvelous power of vision would have done great service. Mais, huit heures sur douze, cet entêté Canadien lisait ou dormait dans sa cabine. But, eight hours out of twelve, this stubborn Canadian read or slept in his cabin. Але вісім годин з дванадцяти цей впертий канадець читав або спав у своїй каюті. Cent fois, je lui reprochai son indifférence. A hundred times I reproached him with his indifference. Сотні разів я дорікала йому за байдужість.

« Bah ! " Bah !

répondait-il, il n'y a rien, monsieur Aronnax, et y eût-il quelque animal, quelle chance avons-nous de l'apercevoir ? he replied, "there is nothing, Monsieur Aronnax, and if there were any animals, how lucky are we to see him?" он ответил: «Нет ничего, сударь Ароннакс, и если бы были какие-то животные, как нам повезло с нами?» Est-ce que nous ne courons pas à l'aventure ? Do not we run on an adventure? Хіба ми не вирушаємо у пригоду? On a revu, dit-on, cette bête introuvable dans les hautes mers du Pacifique, je veux bien l'admettre, mais deux mois déjà se sont écoulés depuis cette rencontre, et à s'en rapporter au tempérament de votre narwal, il n'aime point à moisir longtemps dans les mêmes parages ! We have seen, it is said, this beast not found in the high seas of the Pacific, I am willing to admit it, but two months have already elapsed since this meeting, and to relate to the temperament of your narwal, it is not I do not like to rot in the same area for a long time! Кажуть, що цього звіра, якого ніде не знайти у відкритому морі Тихого океану, бачили знову. Я не проти це визнати, але з часу тієї зустрічі минуло вже два місяці, а якщо вірити темпераменту вашого нарвала, він не любить довго залишатися в одних і тих же водах! Il est doué d'une prodigieuse facilité de déplacement. He is endowed with a prodigious ease of movement. Він має неймовірну легкість у русі. Or, vous le savez mieux que moi, monsieur le professeur, la nature ne fait rien à contre sens, et elle ne donnerait pas à un animal lent de sa nature la faculté de se mouvoir rapidement, s'il n'avait pas besoin de s'en servir. Now, you know better than I do, professor, nature does not do anything against the meaning, and it would not give a slow animal of its nature the ability to move quickly, if it did not need to to use it. Ви знаєте краще за мене, професоре, що природа нічого не робить проти зерна, і вона не дала б тварині, яка повільна від природи, здатність швидко рухатися, якби їй це не було потрібно. Donc, si la bête existe, elle est déjà loin ! So, if the beast exists, it is already far! Тож якщо звір і існує, то він вже давно пішов! » A cela, je ne savais que répondre. To that I did not know what to answer. Évidemment, nous marchions en aveugles. Obviously, we were walking blind. Mais le moyen de procéder autrement ? But the way to proceed differently? Але як ми можемо зробити це по-іншому? Aussi, nos chances étaient-elles fort limitées. Also, our chances were very limited. Cependant, personne ne doutait encore du succès, et pas un matelot du bord n'eût parié contre le narwal et contre sa prochaine apparition. However, no one doubted success yet, and no sailor on board would have bet against the narwal and his next appearance.

Le 20 juillet, le tropique du Capricorne fut coupé par 105° de longitude, et le 27 du même mois, nous franchissions l'équateur sur le cent dixième méridien. On the 20th of July, the Tropic of Capricorn was cut by 105 ° of longitude, and on the 27th of the same month, we crossed the equator on the one hundred and tenth meridian. 20 липня перетнули тропік Козерога на 105° довготи, а 27 числа того ж місяця перетнули екватор на сто десятому меридіані.

Ce relèvement fait, la frégate prit une direction plus décidée vers l'ouest, et s'engagea dans les mers centrales du Pacifique. This recovery made, the frigate took a more decided direction towards the west, and engaged in the central waters of the Pacific. Это выздоровление произошло, фрегат занял более решительное направление на запад и занял центральные воды Тихого океана. Зробивши це, фрегат взяв більш рішучий курс на захід і увійшов у центральні моря Тихого океану.

Le commandant Farragut pensait, avec raison, qu'il valait mieux fréquenter les eaux profondes, et s'éloigner des continents ou des îles dont l'animal avait toujours paru éviter l'approche, « sans doute parce qu'il n'y avait pas assez d'eau pour lui ! Commander Farragut rightly thought that it was better to frequent the deep waters, and to get away from the continents or islands whose animal had always seemed to avoid approaching, "no doubt because there was not enough water for him! Командир Фаррагут мав рацію, вважаючи, що краще частіше відвідувати глибокі води і триматися подалі від континентів або островів, до яких тварина завжди уникала наближатися, "без сумніву, тому, що там не вистачало води для неї!".

» disait le maître d'équipage. Said the boatswain. La frégate passa donc au large des Pomotou, des Marquises, des Sandwich, coupa le tropique du Cancer par 132° de longitude, et se dirigea vers les mers de Chine. The frigate then passed off the Pomotou, the Marquesas, the Sandwich, cut the Tropic of Cancer by 132 ° of longitude, and made for the seas of China.

Nous étions enfin sur le théâtre des derniers ébats du monstre ! We were finally on the scene of the last frolics of the monster! Нарешті ми були на місці останньої розваги монстра!

Et, pour tout dire, on ne vivait plus à bord. And, to be honest, we did not live on board anymore. І, кажучи прямо, ми більше не жили на борту. Les cœurs palpitaient effroyablement, et se préparaient pour l'avenir d'incurables anévrismes. Hearts trembled frightfully, and were preparing for the future of incurable aneurisms. Серця страшенно калатали, а невиліковні аневризми готувалися до майбутнього. L'équipage entier subissait une surexcitation nerveuse, dont je ne saurais donner l'idée. Die gesamte Mannschaft litt unter einer nervlichen Überreizung, die ich mir nicht vorstellen kann. The entire crew was under nervous excitement, the idea of ​​which I could not give. Весь екіпаж перебував у стані нервового перезбудження, яке я не можу описати. On ne mangeait pas, on ne dormait plus. We did not eat, we did not sleep anymore. Vingt fois par jour, une erreur d'appréciation, une illusion d'optique de quelque matelot perché sur les barres, causaient d'intolérables douleurs, et ces émotions, vingt fois répétées, nous maintenaient dans un état d'éréthisme trop violent pour ne pas amener une réaction prochaine. Zwanzigmal am Tag verursachte eine Fehleinschätzung, eine optische Täuschung eines Matrosen, der auf den Stangen saß, unerträgliche Schmerzen und diese zwanzigmal wiederholten Emotionen hielten uns in einem Zustand des Errethismus, der zu heftig war, um nicht bald eine Reaktion hervorzurufen. Twenty times a day, an error of appreciation, an optical illusion of some sailor perched on the bars, caused intolerable pain, and these emotions, repeated twenty times, kept us in a state of erethism too violent not to forget. not bring about an immediate reaction.

Et en effet, la réaction ne tarda pas à se produire. And indeed, the reaction did not take long to occur.

Pendant trois mois, trois mois dont chaque jour durait un siècle ! For three months, three months of which each day lasted a century! Три місяці, три місяці, в яких кожен день тривав століття! l' Abraham-Lincoln sillonna toutes les mers septentrionales du Pacifique, courant aux baleines signalées, faisant de brusques écarts de route, virant subitement d'un bord sur l'autre, s'arrêtant soudain, forçant ou renversant sa vapeur, coup sur coup, au risque de déniveler sa machine, et il ne laissa pas un point inexploré des rivages du Japon à la côte américaine. the Abraham-Lincoln plied all the northern seas of the Pacific, running at the sighted whales, swerving abruptly, veering suddenly from one side to the other, suddenly stopping, forcing or reversing her steam, in quick succession , at the risk of tilting his machine, and he did not leave an unexplored spot from the shores of Japan to the American coast. Et rien ! rien que l'immensité des flots déserts ! nothing but the immensity of the desert waves! Rien qui ressemblât à un narwal gigantesque, ni à un îlot sous-marin, ni à une épave de naufrage, ni à un écueil fuyant, ni à quoi que ce fût de surnaturel ! Nothing that looked like a gigantic narwhal, nor an underwater islet, nor a shipwreck, nor a fleeing rock, nor anything supernatural!

La réaction se fit donc. The reaction then took place. Тож реакція відбулася.

Le découragement s'empara d'abord des esprits, et ouvrit une brèche à l'incrédulité. Discouragement first took hold of people's minds, and opened a way for disbelief. Зневіра спочатку заволоділа умами людей і відкрила двері до невіри. Un nouveau sentiment se produisit à bord, qui se composait de trois dixièmes de honte contre sept dixièmes de fureur. A new feeling arose on board, which consisted of three tenths of shame against seven tenths of fury. На борту виникло нове почуття, яке складалося з трьох десятих сорому проти семи десятих люті. On était « tout bête » de s'être laissé prendre à une chimère, mais encore plus furieux ! We were "very stupid" to have let ourselves be taken in by a chimera, but even more furious! Les montagnes d'arguments entassés depuis un an s'écroulèrent à la fois, et chacun ne songea plus qu'à se rattraper aux heures de repas ou de sommeil du temps qu'il avait si sottement sacrifié. Die Berge von Argumenten, die sich im Laufe eines Jahres aufgetürmt hatten, stürzten auf einmal zusammen und jeder dachte nur noch daran, die Zeit, die er so töricht geopfert hatte, mit Essen oder Schlaf nachzuholen. The mountains of arguments piled up for a year collapsed at the same time, and each one thought only of making up for the hours of meals or of sleep of the time which he had so foolishly sacrificed. Гори суперечок, що накопичилися за останній рік, враз обвалилися, і кожен думав лише про те, щоб надолужити час, яким так нерозумно пожертвував, поїсти чи поспати.

Avec la mobilité naturelle à l'esprit humain, d'un excès on se jeta dans un autre. Mit der natürlichen Beweglichkeit des menschlichen Geistes stürzte man sich von einem Exzess in den nächsten. With the mobility natural to the human mind, from one excess one threw oneself into another. З природною рухливістю людського розуму ми кидалися від однієї надмірності до іншої.

Les plus chauds partisans de l'entreprise devinrent fatalement ses plus ardents détracteurs. The firm's strongest supporters inevitably became its most ardent critics. La réaction monta des fonds du navire, du poste des soutiers jusqu'au carré de l'état-major, et certainement, sans un entêtement très particulier du commandant Farragut, la frégate eût définitivement remis le cap au sud. Ohne die besondere Sturheit von Kommandant Farragut wäre die Fregatte wohl endgültig wieder auf Südkurs gegangen. The reaction rose from the bottom of the ship, from the trimmers' post to the staff quarters, and certainly, without a very particular stubbornness on the part of Commander Farragut, the frigate would definitely have turned south. Реакція піднялася з самого дна корабля, від кочегарки до штабної їдальні, і, звичайно, якби не особлива впертість командира Фарагута, фрегат точно попрямував би назад на південь.

Cependant, cette recherche inutile ne pouvait se prolonger plus longtemps. However, this unnecessary research could not be prolonged any longer. Однак ці безглузді пошуки не могли більше тривати.

L' Abraham-Lincoln n'avait rien à se reprocher, ayant tout fait pour réussir. Abraham Lincoln had nothing to be ashamed of, having done everything to succeed. Jamais équipage d'un bâtiment de la marine américaine ne montra plus de patience et plus de zèle ; son insuccès ne saurait lui être imputé ; il ne restait plus qu'à revenir. Never did the crew of an American naval vessel show more patience and more zeal; his failure cannot be attributed to him; it only remained to come back. Ніколи ще екіпаж американського військового корабля не виявляв більшого терпіння і завзяття; їхню невдачу не можна було звинувачувати; все, що залишалося, - це повернутися.

Une représentation dans ce sens fut faite au commandant. Eine entsprechende Vorstellung wurde dem Kommandanten unterbreitet. A representation to this effect was made to the commander. З цього приводу командиру було зроблено відповідне подання.

Le commandant tint bon. Der Kommandant blieb standhaft. The commander held on. Командир стояв непохитно. Les matelots ne cachèrent point leur mécontentement, et le service en souffrit. The sailors did not hide their discontent, and the service suffered as a result. Моряки не приховували свого невдоволення, і від цього страждала служба. Je ne veux pas dire qu'il y eut révolte à bord, mais après une raisonnable période d'obstination, le commandant Farragut comme autrefois Colomb, demanda trois jours de patience. I do not mean that there was a revolt on board, but after a reasonable period of obstinacy, Commander Farragut, like Columbus formerly, asked for three days of patience. Я не маю на увазі, що на борту було повстання, але після розумного періоду впертості, командир Фаррагут, як Колумб у минулому, попросив про три дні терпіння. Si dans le délai de trois jours, le monstre n'avait pas paru, l'homme de barre donnerait trois tours de roue, et l' Abraham-Lincoln ferait route vers les mers européennes. If within three days the monster had not appeared, the helmsman would turn the wheel three times, and the Abraham-Lincoln would sail for European seas. Якщо чудовисько не з'являлося протягом трьох днів, керманич робив три оберти штурвалом, і "Авраам-Лінкольн" вирушав у європейські моря.

Cette promesse fut faite le 2 novembre. This promise was made on November 2.

Elle eut tout d'abord pour résultat de ranimer les défaillances de l'équipage. The first result was to revive the failings of the crew. L'Océan fut observé avec une nouvelle attention. The Ocean was observed with new attention. Океан спостерігався з новою увагою. Chacun voulait lui jeter ce dernier coup d'oeil dans lequel se résume tout le souvenir. Everyone wanted to take that last look at him, which sums up all the memory. Все хотели бросить этот последний взгляд, в котором суммируется вся память. Кожен хотів подарувати йому той останній погляд, в якому підсумовується вся пам'ять. Les lunettes fonctionnèrent avec une activité fiévreuse. The glasses worked with feverish activity. C'était un suprême défi porté au narwal géant, et celui-ci ne pouvait raisonnablement se dispenser de répondre à cette sommation « à comparaître ! It was a supreme challenge to the giant narwhal, and he could not reasonably refrain from responding to this summons "to appear!" Це був найвищий виклик для гігантського нарвала, і він не міг не відповісти на цей виклик! » Deux jours se passèrent. Two days passed. L'  Abraham-Lincoln se tenait sous petite vapeur. The Abraham-Lincoln stood under small steam. "Авраам-Лінкольн" стояв під невеликою кількістю пари. On employait mille moyens pour éveiller l'attention ou stimuler l'apathie de l'animal, au cas où il se fût rencontré dans ces parages. A thousand means were employed to arouse the attention or stimulate the apathy of the animal, in case it had met in these parts. Тисяча і один спосіб використовувався, щоб привернути увагу тварини або стимулювати її апатію, якщо вона опинялася в цих краях. D'énormes quartiers de lard furent mis à la traîne pour la plus grande satisfaction des requins, je dois le dire. Huge wedges of bacon were left behind to the sharks' satisfaction, I must say. На радість акулам, треба сказати, були витягнуті величезні шматки сала. Les embarcations rayonnèrent dans toutes les directions autour de l' Abraham-Lincoln , pendant qu'il mettait en panne, et ne laissèrent pas un point de mer inexploré. Die Boote fuhren in alle Richtungen um die Abraham-Lincoln herum, während sie auf Grund lief, und ließen keinen Punkt auf dem Meer unerforscht. The boats beamed in all directions around the Abraham Lincoln, as it put down, and did not leave a sea point unexplored. Човни розійшлися в усі боки навколо "Авраама-Лінкольна", коли він розбився, і не залишили жодної точки моря недослідженою. Mais le soir du 4 novembre arriva sans que se fût dévoilé ce mystère sous-marin. But the evening of November 4 arrived without this underwater mystery having been revealed.

Le lendemain, 5 novembre, à midi, expirait le délai de rigueur. The next day, November 5, at noon, expired the strict deadline.

Après le point, le commandant Farragut, fidèle à sa promesse, devait donner la route au sud-est, et abandonner définitivement les régions septentrionales du Pacifique. After the point, Commander Farragut, faithful to his promise, was to give the road to the south-east, and definitively abandon the northern regions of the Pacific.

La frégate se trouvait alors par 31°15' de latitude nord et par 136°42' de longitude est. The frigate was then in 31 ° 15 'North latitude and 136 ° 42' East longitude.

Les terres du Japon nous restaient à moins de deux cents milles sous le vent. The lands of Japan remained within two hundred miles to the lee. La nuit approchait. Night was approaching. On venait de piquer huit heures. We had just stung for eight hours. Ми щойно відпрацювали вісім годин. De gros nuages voilaient le disque de la lune, alors dans son premier quartier. Big clouds veiled the disc of the moon, then in its first quarter. Важкі хмари закрили диск Місяця, а потім і його першу чверть. La mer ondulait paisiblement sous l'étrave de la frégate. The sea undulated peacefully under the bow of the frigate.

En ce moment, j'étais appuyé à l'avant, sur le bastingage de tribord. At the moment, I was leaning forward on the starboard rail. У цей момент я притулився до правого поручня.

Conseil, posté près de moi, regardait devant lui. Conseil, posted near me, was looking ahead. L'équipage, juché dans les haubans, examinait l'horizon qui se rétrécissait et s'obscurcissait peu à peu. The crew, perched in the shrouds, examined the horizon which was narrowing and darkening little by little. Les officiers, armes de leur lorgnette de nuit, fouillaient l'obscurité croissante. The officers, armed with their night glasses, searched the growing darkness. Parfois le sombre Océan étincelait sous un rayon que la lune dardait entre la frange de deux nuages. Sometimes the dark ocean sparkled under a ray that the moon darted between the fringes of two clouds. Puis, toute trace lumineuse s'évanouissait dans les ténèbres. Then, all luminous traces vanished into darkness.

En observant Conseil, je constatai que ce brave garçon subissait tant soit peu l'influence générale. Als ich Rat beobachtete, stellte ich fest, dass der brave Junge ein wenig unter dem allgemeinen Einfluss stand. As I watched Conseil, I saw that this good fellow was somewhat under the general influence.

Du moins, je le crus ainsi. At least I believed it so. Принаймні, я так думав. Peut-être, et pour la première fois, ses nerfs vibraient-ils sous l'action d'un sentiment de curiosité. Perhaps, and for the first time, his nerves were vibrating with a sense of curiosity. Мабуть, вперше його нерви пощипувала цікавість.

« Allons, Conseil, lui dis-je, voilà une dernière occasion d'empocher deux mille dollars. “Come on, Conseil,” I said to him, “this is one last chance to pocket two thousand dollars.

-- Que monsieur me permette de le lui dire, répondit Conseil, je n'ai jamais compté sur cette prime, et le gouvernement de l'Union pouvait promettre cent mille dollars, il n'en aurait pas été plus pauvre. -- Und die Unionsregierung hätte hunderttausend Dollar versprechen können, er wäre nicht ärmer geworden. "" Let Monsieur allow me to tell him, "replied Conseil," I have never counted on this bonus, and the Union government could promise a hundred thousand dollars, it would not have been poorer. -- Дозвольте мені сказати йому, - відповів Консель, - що я ніколи не розраховував на цю премію, а уряд Союзу міг би пообіцяти сто тисяч доларів, і він не став би від цього біднішим.

-- Tu as raison, Conseil.

C'est une sotte affaire, après tout, et dans laquelle nous nous sommes lancés trop légèrement. It is a foolish business, after all, and one that we have gotten too lightly into. Зрештою, це безглуздий бізнес, за який ми взялися надто легковажно. Que de temps perdu, que d'émotions inutiles ! What wasted time, what unnecessary emotions! Depuis six mois déjà, nous serions rentrés en France... For six months already, we would have returned to France ... Ми б повернулися до Франції ще півроку тому...

-- Dans le petit appartement de monsieur, répliqua Conseil, dans le Muséum de monsieur ! 'In Monsieur's little apartment,' Conseil replied, 'in Monsieur's Museum!

Et j'aurais déjà classé les fossiles de monsieur ! And I would have already classified the man's fossils! Et le babiroussa de monsieur serait installé dans sa cage du Jardin des Plantes, et il attirerait tous les curieux de la capitale ! And the gentleman's babiroussa would be installed in his cage in the Jardin des Plantes, and it would attract all the curious in the capital! А бабірусса пана буде встановлена у своїй клітці в Саду рослин, привертаючи увагу всіх допитливих глядачів столиці!

-- Comme tu dis, Conseil, et sans compter, j'imagine, que l'on se moquera de nous ! - As you say, Conseil, and without counting, I imagine, that we will be laughed at! -- Як скажете, Радо, і не кажучи вже про те, що з нас будуть сміятися!

-- Effectivement, répondit tranquillement Conseil, je pense que l'on se moquera de monsieur. 'Indeed,' Conseil replied quietly, 'I think that we will make fun of Monsieur. -- Дійсно, - тихо відповів Консель, - я думаю, вони будуть сміятися з нього.

Et, faut-il le dire... ? Und, muss man das sagen? And, must it be said ...? І, чи варто це казати...?

-- Il faut le dire, Conseil. -- It must be said, Council.

-- Eh bien, monsieur n'aura que ce qu'il mérite ! - Well, sir will only get what he deserves! -- Що ж, він отримає по заслугах!

-- Vraiment !

-- Quand on a l'honneur d'être un savant comme monsieur, on ne s'expose pas... » - When one has the honor of being a scholar like Monsieur, one does not expose oneself ... " -- Коли ти маєш честь бути науковцем, як цей джентльмен, ти не виставляєш себе напоказ..."

Conseil ne put achever son compliment. Conseil could not finish his compliment.

Au milieu du silence général, une voix venait de se faire entendre. In the midst of the general silence, a voice was heard. Серед загальної тиші щойно пролунав голос. C'était la voix de Ned Land, et Ned Land s'écriait : It was Ned Land's voice, and Ned Land was crying out:

« Ohé ! "Ahoy!

la chose en question, sous le vent, par le travers à nous ! » the thing in question, downwind, abeam to us! " a coisa em questão, sotavento, trave para nós! » "Ми хочемо, щоб ця річ була за вітром, навпроти нас!".