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Candide - Voltaire, CHAPITRE HUITIÈME

CHAPITRE HUITIÈME

HISTOIRE DE CUNÉGONDE

« J'étais dans mon lit et je dormais profondément, quand il plut au ciel d'envoyer les Bulgares dans notre beau château de Thunder-ten-tronckh ; ils égorgèrent mon père et mon frère, et coupèrent ma mère par morceaux. Un grand Bulgare, haut de six pieds, voyant qu'à ce spectacle j'avais perdu connaissance, se mit à me violer ; cela me fit revenir, je repris mes sens, je criai, je me débattis, je mordis, j'égratignai, je voulais arracher les yeux à ce grand Bulgare, ne sachant pas que tout ce qui arrivait dans le château de mon père était une chose d'usage : le brutal me donna un coup de couteau dans le flanc gauche dont je porte encore la marque. -- Hélas ! j'espère bien la voir, dit le naïf Candide. -- Vous la verrez, dit Cunégonde ; mais continuons. -- Continuez », dit Candide.

Elle reprit ainsi le fil de son histoire : « Un capitaine bulgare entra, il me vit toute sanglante, et le soldat ne se dérangeait pas. Le capitaine se mit en colère du peu de respect que lui témoignait ce brutal, et le tua sur mon corps. Ensuite il me fit panser, et m'emmena prisonnière de guerre dans son quartier. Je blanchissais le peu de chemises qu'il avait, je faisais sa cuisine ; il me trouvait fort jolie, il faut l'avouer ; et je ne nierai pas qu'il ne fût très bien fait, et qu'il n'eût la peau blanche et douce ; d'ailleurs peu d'esprit, peu de philosophie : on voyait bien qu'il n'avait pas été élevé par le docteur Pangloss. Au bout de trois mois, ayant perdu tout son argent et s'étant dégoûté de moi, il me vendit à un Juif nommé don Issacar, qui trafiquait en Hollande et en Portugal, et qui aimait passionnément les femmes. Ce Juif s'attacha beaucoup à ma personne, mais il ne pouvait en triompher ; je lui ai mieux résisté qu'au soldat bulgare. Une personne d'honneur peut être violée une fois, mais sa vertu s'en affermit. Le Juif, pour m'apprivoiser, me mena dans cette maison de campagne que vous voyez. J'avais cru jusque-là qu'il n'y avait rien sur la terre de si beau que le château de Thunder-ten-tronckh ; j'ai été détrompée.

« Le grand inquisiteur m'aperçut un jour à la messe, il me lorgna beaucoup, et me fit dire qu'il avait à me parler pour des affaires secrètes. Je fus conduite à son palais ; je lui appris ma naissance ; il me représenta combien il était au-dessous de mon rang d'appartenir à un Israélite. On proposa de sa part à don Issacar de me céder à monseigneur. Don Issacar, qui est le banquier de la cour et homme de crédit, n'en voulut rien faire. L'inquisiteur le menaça d'un auto-da-fé. Enfin mon Juif, intimidé, conclut un marché, par lequel la maison et moi leur appartiendraient à tous deux en commun : que le Juif aurait pour lui les lundis, mercredis et le jour du sabbat, et que l'inquisiteur aurait les autres jours de la semaine. Il y a six mois que cette convention subsiste. Ce n'a pas été sans querelles ; car souvent il a été indécis si la nuit du samedi au dimanche appartenait à l'ancienne loi ou à la nouvelle. Pour moi, j'ai résisté jusqu'à présent à toutes les deux, et je crois que c'est pour cette raison que j'ai toujours été aimée.

« Enfin, pour détourner le fléau des tremblements de terre, et pour intimider don Issacar, il plut à monseigneur l'inquisiteur de célébrer un auto-da-fé. Il me fit l'honneur de m'y inviter. Je fus très bien placée ; on servit aux dames des rafraîchissements entre la messe et l'exécution. Je fus, à la vérité, saisie d'horreur en voyant brûler ces deux Juifs et cet honnête Biscayen qui avait épousé sa commère ; mais quelle fut ma surprise, mon effroi, mon trouble, quand je vis, dans un san-benito et sous une mitre, une figure qui ressemblait à celle de Pangloss ! Je me frottai les yeux, je regardai attentivement, je le vis pendre ; je tombai en faiblesse. À peine reprenais-je mes sens que je vous vis dépouillé tout nu : ce fut là le comble de l'horreur, de la consternation, de la douleur, du désespoir. Je vous dirai, avec vérité, que votre peau est encore plus blanche et d'un incarnat plus parfait que celle de mon capitaine des Bulgares. Cette vue redoubla tous les sentiments qui m'accablaient, qui me dévoraient. Je m'écriai, je voulus dire : " Arrêtez, barbares ! " mais la voix me manqua, et mes cris auraient été inutiles. Quand vous eûtes été bien fessé : « Comment se peut-il faire, disais-je, que l'aimable Candide et le sage Pangloss se trouvent à Lisbonne, l'un pour recevoir cent coups de fouet, et l'autre pour être pendu par l'ordre de monseigneur l'inquisiteur dont je suis la bien-aimée ? Pangloss m'a donc bien cruellement trompée quand il me disait que tout va le mieux du monde. » « Agitée, éperdue, tantôt hors de moi-même, et tantôt prête de mourir de faiblesse, j'avais la tête remplie du massacre de mon père, de ma mère, de mon frère, de l'insolence de mon vilain soldat bulgare, du coup de couteau qu'il me donna, de ma servitude, de mon métier de cuisinière, de mon capitaine bulgare, de mon vilain don Issacar, de mon abominable inquisiteur, de la pendaison du docteur Pangloss, de ce grand miserere en faux-bourdon pendant lequel on vous fessait, et surtout du baiser que je vous avais donné derrière un paravent, le jour que je vous avais vu pour la dernière fois. Je louai Dieu qui vous ramenait à moi par tant d'épreuves. Je recommandai à ma vieille d'avoir soin de vous, et de vous amener ici dès qu'elle le pourrait. Elle a très bien exécuté ma commission ; j'ai goûté le plaisir inexprimable de vous revoir, de vous entendre, de vous parler. Vous devez avoir une faim dévorante ; j'ai grand appétit ; commençons par souper. » Les voilà qui se mettent tous deux à table ; et après le souper, ils se replacent sur ce beau canapé dont on a déjà parlé ; ils y étaient quand le signor don Issacar, l'un des maîtres de la maison, arriva. C'était le jour du sabbat. Il venait jouir de ses droits, et expliquer son tendre amour.

CHAPITRE HUITIÈME ACHTES KAPITEL CHAPTER EIGHT CAPÍTULO OCHO HOOFDSTUK ACHT CAPÍTULO OITO SEKİZİNCİ BÖLÜM 第八章

HISTOIRE DE CUNÉGONDE HISTORY OF CUNEGONDE

« J'étais dans mon lit et je dormais profondément, quand il plut au ciel d'envoyer les Bulgares dans notre beau château de Thunder-ten-tronckh ; ils égorgèrent mon père et mon frère, et coupèrent ma mère par morceaux. “I was in my bed and I slept soundly, when it pleased heaven to send the Bulgarians to our beautiful castle in Thunder-ten-tronckh; They slaughtered my father and my brother and cut my mother into pieces. “Eu estava na minha cama e dormia profundamente, quando choveu no céu para enviar os búlgaros ao nosso belo castelo de Thunder-ten-tronckh; mataram meu pai e meu irmão e cortaram minha mãe em pedaços. Un grand Bulgare, haut de six pieds, voyant qu'à ce spectacle j'avais perdu connaissance, se mit à me violer ; cela me fit revenir, je repris mes sens, je criai, je me débattis, je mordis, j'égratignai, je voulais arracher les yeux à ce grand Bulgare, ne sachant pas que tout ce qui arrivait dans le château de mon père était une chose d'usage : le brutal me donna un coup de couteau dans le flanc gauche dont je porte encore la marque. A tall Bulgarian, six feet tall, seeing that I had lost consciousness at this sight, began to rape me; it made me come back, I regained my senses, I screamed, I struggled, I bit, I scratched, I wanted to scratch the eyes out of this big Bulgarian, not knowing that everything that happened in my father's castle was a usual thing: the brutal stabbed me in the left flank, the mark of which I still bear. Um búlgaro alto, com um metro e oitenta de altura, vendo que eu havia perdido a consciência, começou a me estuprar; me fez voltar, recuperei os sentidos, gritei, lutei, mordi, arranhei, queria arrancar os olhos desse grande búlgaro, sem saber que tudo o que estava acontecendo no castelo do meu pai era algo habitual : o homem brutal me esfaqueou no flanco esquerdo do qual ainda trago a marca. -- Hélas ! - Alas! j'espère bien la voir, dit le naïf Candide. I really hope to see her, said the naive Candide. -- Vous la verrez, dit Cunégonde ; mais continuons. “You will see her,” said Cunégonde; but let's continue. -- Continuez », dit Candide. -- Go on," says Candide.

Elle reprit ainsi le fil de son histoire : « Un capitaine bulgare entra, il me vit toute sanglante, et le soldat ne se dérangeait pas. She went on with the thread of her story: "A Bulgarian captain entered, he saw me all bloody, and the soldier did not disturb himself. Ela assim retomou o fio de sua história: "Um capitão búlgaro entrou, ele me viu todo ensanguentado, e o soldado não foi perturbado. Таким образом, она возобновила нить своего рассказа: «Вошел болгарский капитан, он увидел меня в крови, и солдата это не беспокоило. Le capitaine se mit en colère du peu de respect que lui témoignait ce brutal, et le tua sur mon corps. Der Kapitän war wütend über den Mangel an Respekt, den dieser Brutale zeigte, und tötete ihn an meinem Körper. The captain got angry at the lack of respect this brutal showed him, and killed him on my body. Капитан рассердился на неуважение к нему со стороны этой жестокости и убил его на моем теле. Ensuite il me fit panser, et m'emmena prisonnière de guerre dans son quartier. Then he had me bandaged up and took me as a prisoner of war to his quarters. Então ele me vestiu e me fez prisioneiro de guerra em seu bairro. Затем он меня одел и взял в плен в своем районе. Je blanchissais le peu de chemises qu'il avait, je faisais sa cuisine ; il me trouvait fort jolie, il faut l'avouer ; et je ne nierai pas qu'il ne fût très bien fait, et qu'il n'eût la peau blanche et douce ; d'ailleurs peu d'esprit, peu de philosophie : on voyait bien qu'il n'avait pas été élevé par le docteur Pangloss. Ich wusch die wenigen Hemden, die er hatte, ich kochte; er fand mich sehr hübsch, es muss gestanden werden; und ich werde nicht leugnen, dass er sehr gut gemacht war, und dass seine Haut weiß und weich war; außerdem wenig Witz, wenig Philosophie, es war klar, dass er nicht von Dr. Pangloss erzogen worden war. I was washing the few shirts he had, I was cooking; he thought me very pretty, it must be confessed; and I will not deny that he was very well made, and that his skin was white and soft; besides, little wit, little philosophy; it was clear that he had not been brought up by Dr. Pangloss. Lavé las pocas camisas que tenía, cociné para él; le parecí muy bonita, debo reconocerlo; y no negaré que estaba muy bien hecho, y que su piel era blanca y suave; además, tenía poco ingenio, poca filosofía: estaba claro que no había sido educado por el doctor Pangloss. Lavei as poucas camisas que ele tinha, fiz a comida dele; ele me achou muito bonita, é preciso admitir; e não vou negar que ele não era muito bem feito, e que tinha a pele branca e macia; além disso, pouca inteligência, pouca filosofia: era óbvio que ele não fora criado pelo doutor Pangloss. Я постирал его несколько рубашек, я готовил его; надо признать, он нашел меня очень симпатичной; и я не буду отрицать, что он был не очень хорошо сложен, и что у него была белая и мягкая кожа; кроме того, немного остроумия, немного философии: было очевидно, что его воспитал не доктор Панглосс. Au bout de trois mois, ayant perdu tout son argent et s'étant dégoûté de moi, il me vendit à un Juif nommé don Issacar, qui trafiquait en Hollande et en Portugal, et qui aimait passionnément les femmes. At the end of three months, having lost all his money and being disgusted with me, he sold me to a Jew named Don Issacar, who trafficked in Holland and Portugal, and who passionately loved women. Ao fim de três meses, tendo perdido todo o seu dinheiro e desgostoso comigo, vendeu-me a um judeu chamado Don Issacar, que traficava na Holanda e em Portugal, e que amava as mulheres apaixonadamente. По прошествии трех месяцев, потеряв все свои деньги и почувствовав отвращение ко мне, он продал меня еврею по имени Дон Иссакар, который торговал людьми в Голландии и Португалии и страстно любил женщин. Ce Juif s'attacha beaucoup à ma personne, mais il ne pouvait en triompher ; je lui ai mieux résisté qu'au soldat bulgare. This Jew was very attached to me, but he could not triumph over it; I resisted him better than the Bulgarian soldier. Этот еврей был очень привязан ко мне, но не мог победить его; Я сопротивлялся ему лучше, чем болгарский солдат. Une personne d'honneur peut être violée une fois, mais sa vertu s'en affermit. A person of honor can be raped once, but his virtue is strengthened. Честного человека можно один раз изнасиловать, но его добродетель усиливается. Le Juif, pour m'apprivoiser, me mena dans cette maison de campagne que vous voyez. The Jew, to tame me, took me to this country house that you see. Para domarme, el judío me llevó a la casa de campo que puedes ver. O judeu, para me domar, me levou para esta casa de campo que você vê. J'avais cru jusque-là qu'il n'y avait rien sur la terre de si beau que le château de Thunder-ten-tronckh ; j'ai été détrompée. I had believed until then that there was nothing on earth so beautiful as the castle of Thunder-ten-tronckh; I have been deceived. До этого я верил, что нет ничего прекраснее замка Гром-тен-Тронк на земле; Меня обманули.

« Le grand inquisiteur m'aperçut un jour à la messe, il me lorgna beaucoup, et me fit dire qu'il avait à me parler pour des affaires secrètes. "The Grand Inquisitor saw me one day at mass, he ogled me a lot, and told me that he had to speak to me on secret matters. "Un día, el Gran Inquisidor me vio en misa. Me miró mucho y me dijo que tenía asuntos secretos que tratar conmigo. «Великий инквизитор увидел меня однажды на мессе, он много разглядывал меня и сказал, что должен поговорить со мной по секретным вопросам. Je fus conduite à son palais ; je lui appris ma naissance ; il me représenta combien il était au-dessous de mon rang d'appartenir à un Israélite. Ich wurde zu seinem Palast gefahren; Ich habe ihm meine Geburt beigebracht. Er zeigte mir, wie sehr er unter meinem Rang eines Israeliten lag. I was taken to his palace; I told him of my birth; he represented to me how much below my rank to belong to an Israelite. Меня отвели в его дворец; Я рассказал ему о моем рождении; он представлял мне, насколько ниже моего ранга принадлежать к израильтянину. On proposa de sa part à don Issacar de me céder à monseigneur. It was proposed on his part to Don Issacar to give me up to my lord. Por sua parte, foi proposto a Dom Issacar que me cedesse ao Monsenhor. Don Issacar, qui est le banquier de la cour et homme de crédit, n'en voulut rien faire. Don Issacar, who is the court banker and man of credit, would not do anything. Don Issacar, que é o banqueiro da corte e homem de crédito, não faria nada a respeito. Дон Иссакар, придворный банкир и кредитный человек, ничего не сделает. L'inquisiteur le menaça d'un auto-da-fé. Der Inquisitor drohte ihm mit einem Car-Da-Fé. The inquisitor threatened him with an auto-da-fé. O inquisidor o ameaçou com um auto-de-fé. Инквизитор угрожал ему аутодафе. Enfin mon Juif, intimidé, conclut un marché, par lequel la maison et moi leur appartiendraient à tous deux en commun : que le Juif aurait pour lui les lundis, mercredis et le jour du sabbat, et que l'inquisiteur aurait les autres jours de la semaine. Finally my Jew, intimidated, made a deal, whereby the house and I would belong to both of them in common: that the Jew would have on his side Mondays, Wednesdays and the Sabbath day, and that the inquisitor would have the other days of the week. В конце концов мой еврей, напуганный, заключил сделку, по которой я и дом принадлежали им обоим вместе: еврей будет на своей стороне понедельника, среды и дня субботнего, а инквизитор будет иметь другие дни неделя. Il y a six mois que cette convention subsiste. This agreement has been in existence for six months. Esta convenção existe há seis meses. Ce n'a pas été sans querelles ; car souvent il a été indécis si la nuit du samedi au dimanche appartenait à l'ancienne loi ou à la nouvelle. Es war nicht ohne Streitigkeiten; denn oft war er sich nicht sicher, ob die Nacht von Samstag auf Sonntag dem alten oder dem neuen Gesetz entsprach. It was not without quarrels; for it was often undecided whether the night from Saturday to Sunday belonged to the old law or to the new one. Не обошлось без ссор; ибо часто не решалось, принадлежит ночь с субботы на воскресенье по старому закону или по новому. Pour moi, j'ai résisté jusqu'à présent à toutes les deux, et je crois que c'est pour cette raison que j'ai toujours été aimée. For me, I have resisted both so far, and I think that is why I have always been loved. Что касается меня, я сопротивлялся обоим до сих пор, и я верю, что именно поэтому меня всегда любили.

« Enfin, pour détourner le fléau des tremblements de terre, et pour intimider don Issacar, il plut à monseigneur l'inquisiteur de célébrer un auto-da-fé. “Finally, to avert the scourge of earthquakes, and to intimidate Don Issacar, it pleased the Inquisitor to celebrate an auto-da-fé. "Infine, per scongiurare il flagello dei terremoti e per intimidire don Issacar, piacque al mio signore inquisitore celebrare un'autodafé. “Finalmente, para evitar o flagelo dos terremotos e intimidar Dom Issacar, agradou ao Inquisidor celebrar um auto-de-fé. «Наконец, чтобы предотвратить бедствие землетрясений и запугать дона Иссакара, Инквизитору было приятно отпраздновать аутодафе. Il me fit l'honneur de m'y inviter. He did me the honor of inviting me there. Он оказал мне честь пригласить меня. Je fus très bien placée ; on servit aux dames des rafraîchissements entre la messe et l'exécution. I was very well placed; the ladies were served refreshments between mass and the performance. Я был очень хорошо расположен; между мессой и представлением дамам подали угощения. Je fus, à la vérité, saisie d'horreur en voyant brûler ces deux Juifs et cet honnête Biscayen qui avait épousé sa commère ; mais quelle fut ma surprise, mon effroi, mon trouble, quand je vis, dans un san-benito et sous une mitre, une figure qui ressemblait à celle de Pangloss ! Ich war in der Tat entsetzt, als ich diese beiden Juden und den ehrlichen Biskaya, der seine Frau geheiratet hatte, verbrennen sah. aber was war meine Überraschung, mein Schrecken, meine Verwirrung, als ich in einem San Benito und unter einer Gehrung eine Gestalt sah, die der von Pangloss ähnelte! I was truly horrified when I saw these two Jews and this honest Biscayan who had married his gossip burn; but what was my surprise, my terror, my confusion, when I saw, in a san-benito and under a miter, a face which resembled that of Pangloss! По правде говоря, меня охватил ужас, когда я увидел этих двух евреев и этого честного бискайца, женившегося на его сплетнях; но каково было мое удивление, мой ужас, мое замешательство, когда я увидел в сан-бенито и под митрой лицо, похожее на лицо Панглосса! Je me frottai les yeux, je regardai attentivement, je le vis pendre ; je tombai en faiblesse. Ich rieb mir die Augen, sah aufmerksam zu und sah, wie er hing; Ich bin in Schwäche gefallen. I rubbed my eyes, I looked attentively, I saw him hanging; I fell into weakness. À peine reprenais-je mes sens que je vous vis dépouillé tout nu : ce fut là le comble de l'horreur, de la consternation, de la douleur, du désespoir. No sooner did I regain my senses when I saw you stripped naked: this was the height of horror, consternation, pain, despair. Mal recuperei os sentidos, vi-te despido: foi o cúmulo do horror, da consternação, da dor, do desespero. Едва я пришел в себя, как увидел тебя раздетым догола: это была вершина ужаса, ужаса, боли и отчаяния. Je vous dirai, avec vérité, que votre peau est encore plus blanche et d'un incarnat plus parfait que celle de mon capitaine des Bulgares. I will tell you, with truth, that your skin is still whiter and of a more perfect incarnate color than that of my captain of the Bulgarians. Eu lhe direi, com verdade, que sua pele é ainda mais branca e de um carmesim mais perfeito do que a do meu capitão dos búlgaros. Я скажу вам честно, что ваша кожа еще белее и более малиновая, чем у моего капитана болгар. Cette vue redoubla tous les sentiments qui m'accablaient, qui me dévoraient. Dieser Anblick verdoppelte alle Gefühle, die mich überwältigten, die mich verschlang. This sight redoubled all the feelings which overwhelmed me, which devoured me. Je m'écriai, je voulus dire : " Arrêtez, barbares ! " I cried out, I wanted to say: "Stop, barbarians!" mais la voix me manqua, et mes cris auraient été inutiles. Quand vous eûtes été bien fessé : « Comment se peut-il faire, disais-je, que l'aimable Candide et le sage Pangloss se trouvent à Lisbonne, l'un pour recevoir cent coups de fouet, et l'autre pour être pendu par l'ordre de monseigneur l'inquisiteur dont je suis la bien-aimée ? Als Sie gut geschlagen worden waren: "Wie kann ich tun," sagte ich, "dass der liebenswürdige Candide und der weise Pangloss in Lissabon sind, einer, um hundert Peitschenhiebe zu erhalten, und der andere, um gehängt zu werden? auf Befehl meines Herrn, des Inquisitors, dessen Geliebte ich bin? When you have been well spanked: "How can it be," I said, "that the amiable Candide and the wise Pangloss are in Lisbon, one to receive a hundred lashes, and the other to be hanged. by the order of my lord the inquisitor whose beloved I am? Depois de bem espancado: "Como pode ser", disse eu, "que o amável Cândido e o sábio Pangloss estejam em Lisboa, um para receber cem chicotadas e o outro para ser enforcado, por ordem de meu senhor o inquisidor de quem sou amado? Когда тебя хорошо отшлепали: «Как такое может быть, - сказал я, - что милый Кандид и мудрый Панглосс находятся в Лиссабоне, один получит сотню ударов плетью, а другой будет повешен. по приказу милорда, инквизитора, чьим возлюбленным я являюсь? Pangloss m'a donc bien cruellement trompée quand il me disait que tout va le mieux du monde. So Pangloss had cruelly deceived me when he told me that everything is going the best in the world. » « Agitée, éperdue, tantôt hors de moi-même, et tantôt prête de mourir de faiblesse, j'avais la tête remplie du massacre de mon père, de ma mère, de mon frère, de l'insolence de mon vilain soldat bulgare, du coup de couteau qu'il me donna, de ma servitude, de mon métier de cuisinière, de mon capitaine bulgare, de mon vilain don Issacar, de mon abominable inquisiteur, de la pendaison du docteur Pangloss, de ce grand miserere en faux-bourdon pendant lequel on vous fessait, et surtout du baiser que je vous avais donné derrière un paravent, le jour que je vous avais vu pour la dernière fois. "Restless, distraught, sometimes outside of myself, sometimes ready to die of weakness, my head was filled with the massacre of my father, my mother, my brother, the insolence of my ugly Bulgarian soldier, the stab he gave me, my servitude, my profession as a cook, my Bulgarian captain, my ugly Don Issacar, my abominable inquisitor, the hanging of Doctor Pangloss, this great scoundrel bumblebee during which you were spanked, and especially the kiss I gave you behind a screen, the day I last saw you. "Inquieto, angustiado, a veces fuera de mí, a veces a punto de morir de debilidad, mi cabeza se llenaba de la masacre de mi padre, de mi madre, de mi hermano, de la insolencia de mi vil soldado búlgaro, de la puñalada que me dio, de mi servidumbre, de mi trabajo de cocinero, mi capitán búlgaro, mi vil Don Issacar, mi abominable inquisidor, el ahorcamiento del Doctor Pangloss, el gran miserere in faux-bourdon durante el cual fuiste azotado, y sobre todo el beso que te di detrás de un biombo el día que te vi por última vez. "" Inquieto, perturbado, às vezes fora de mim, e às vezes pronto para morrer de fraqueza, minha cabeça estava cheia do massacre de meu pai, de minha mãe, de meu irmão, da insolência do meu feio soldado búlgaro. , da facada que ele me deu, da minha servidão, da minha profissão de cozinheiro, do meu capitão búlgaro, do meu feio Dom Issacar, do meu abominável inquisidor, do enforcamento do doutor Pangloss, daquela grande falsa fortuna - zangão durante o qual você foi espancado , e principalmente o beijo que te dei atrás de uma tela no dia em que te vi pela última vez. Je louai Dieu qui vous ramenait à moi par tant d'épreuves. I praised God who brought you back to me through so many trials. Eu louvei a Deus que trouxe você de volta para mim através de tantas provações. Je recommandai à ma vieille d'avoir soin de vous, et de vous amener ici dès qu'elle le pourrait. I advised my old lady to take care of you, and to bring you here as soon as she could. Я посоветовал моей старухе позаботиться о вас и доставить вас сюда, как только она сможет. Elle a très bien exécuté ma commission ; j'ai goûté le plaisir inexprimable de vous revoir, de vous entendre, de vous parler. She executed my commission very well; I tasted the inexpressible pleasure of seeing you again, of hearing you, of speaking to you. Vous devez avoir une faim dévorante ; j'ai grand appétit ; commençons par souper. You must be devouring hunger; I have great appetite; let's start with supper. » Les voilà qui se mettent tous deux à table ; et après le souper, ils se replacent sur ce beau canapé dont on a déjà parlé ; ils y étaient quand le signor don Issacar, l'un des maîtres de la maison, arriva. Here they are both sitting down to table; and after supper, they sit back on that beautiful sofa we have already spoken of; they were there when Signor Don Issacar, one of the masters of the house, arrived. Aqui estão ambos sentados à mesa; e depois do jantar, eles se sentam naquele lindo sofá de que já falamos; estavam lá quando chegou o senhor Dom Issacar, um dos donos da casa. Вот они оба садятся за стол; и после ужина они снова садятся на тот прекрасный диван, о котором мы уже говорили; они были там, когда прибыл синьор Дон Иссакар, один из хозяев дома. C'était le jour du sabbat. It was the Sabbath day. Il venait jouir de ses droits, et expliquer son tendre amour. He came to enjoy his rights and explain his tender love. Он пришел, чтобы воспользоваться своими правами и объяснить свою нежную любовь.