Grève et nez
Bonjour à tous et bienvenue sur mon podcast « Balades ». Aujourd'hui, nous sommes le 22 juin. Je commencerai cette émission par une histoire qui contient les 5 mots proposés par Ken. Là, j'ai eu un peu plus de difficultés à trouver une histoire. Mais j'ai finalement réussi à intégrer tous les mots. Après cette histoire, je vous propose à nouveau quelques expressions imagées. Ce sera cette fois-ci au tour du thème de l'école.
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Pour la nouvelle histoire contenant les 5 mots de Ken, j'ai mis plus de temps pour trouver de l'inspiration. Il me fallait intégrer les mots suivants : pauvre, content, étudiant, ciel et faim. Sans le mot « étudiant », j'aurais trouvé ce défi très facile. Eh oui, j'aurais pu vous raconter le conte des frères Grimm « Les ducats [1] tombés du ciel ». À mon avis, c'est un des plus beaux contes de Grimm. Il parle d'une pauvre orpheline, une petite fille qui a perdu ses parents, et qui offre le peu qu'elle possède à des nécessiteux [2]. Ainsi, elle donne son restant de pain à un homme qui a faim, ses chaussures, son bonnet, et un vêtement l'un après l'autre à des enfants qui ont froid et qu'elle rencontre le long de son chemin. Quand la nuit tombe, elle n'a plus rien et est toute seule dans la forêt. C'est alors que des ducats en or tombent du ciel. Et comme par miracle [3], elle est vêtue d'une petite robe de lin avec laquelle elle peut attraper tout cet or qui tombe pour la récompenser. Malheureusement, il n'y a pas d'étudiant qui apparaît dans cette histoire. J'étais sur le point de jeter l'éponge [4] quand je suis tombée par hasard sur un article de journal qui parlait de la grève de la faim [5] d'une dizaine d'étudiants de l'Université de Corte en Corse. Quelle était la raison pour cet acte de protestation ? Pourquoi n'étaient-ils pas contents ? Un examen raté ? Des frais [6] d'inscription trop élevés qui ne permettent pas aux étudiants pauvres de faire des études ? Des amphithéâtres [7] bondés [8] ? Non, rien de tout cela. Cette action a eu lieu en février, quelques jours après la visite du Président de la République, Emmanuel Macron, en Corse. Il faut dire que ce n'est jamais facile pour un président de la République d'aller en Corse. Même si la majorité des Corses ne souhaite pas l'indépendance [9] comme par exemple les Catalans en Espagne, les résultats des élections [10] de décembre 2017 montrent que les Corses veulent plus d'autonomie [11]. En décembre dernier, une coalition de nationalistes [12] corses a remporté [13] la majorité lors de ces élections. Ces nationalistes ont plusieurs revendications [14]. Ils veulent, par exemple, que la langue corse soit placée sur un pied d'égalité [15] avec le français. Ou que l'achat d'immobiliers soit réservé aux personnes qui habitent depuis au moins 5 ans sur l'île. En effet, les prix des maisons ne cessent [16] d'augmenter parce que beaucoup de personnes achètent des maisons pour en faire des résidences secondaires [17]. On remarque d'ailleurs ce phénomène dans toutes les régions touristiques. Une autre revendication est que les prisonniers corses puissent purger [18] leur peine [19] sur l'île et que ce que les nationalistes appellent des « prisonniers politiques » soient amnistiés [20]. Mais voilà, parmi ce groupe de prisonniers se trouvent les condamnés [21] pour le meurtre d'un préfet [22] en 1998. La Corse n'a pas de prison qui peut accueillir ce type de prisonnier. Quand Macron a visité la Corse en février, il a donc rejeté ces revendications. Onze étudiants de l'université de Corte ont alors entamé [23] une grève de la faim et ont bloqué l'université pour soutenir ces revendications. Ils espéraient mobiliser la population corse à remuer ciel et terre [24] afin que le gouvernement à Paris change d'avis. Finalement, quatre jours plus tard, ils ont arrêté leur mouvement de protestation. Que s'était-il passé ? Macron avait promis de discuter avec les nationalistes corses sur le futur statut de la Corse. Et ces nationalistes ont alors demandé aux étudiants de mettre fin à leur grève de la faim. Ce qu'ils ont fait. Ouf ! J'ai finalement réussi d'intégrer les 5 mots notés par Ken.
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Puisque j'ai parlé d'étudiants dans la première partie de mon podcast, je vous propose de rester sur le thème de l'école pour quelques expressions imagées. Ma première expression est « à bonne école ». On dit que quelqu'un est « à bonne école » quand il est entouré de personnes qui l'instruisent ou qui l'influencent. Cette influence peut être positive mais aussi négative. On utilise alors l'expression « à bonne école » de façon ironique. « Oh là là, le petit Mathieu n'arrête pas de faire des bêtises. » « Qu'est-ce que tu veux, avec son grand frère qui lui sert de modèle, il est à bonne école. Ce n'est pas étonnant. » Vous est-il déjà arrivé de faire l'école buissonnière ? Et, avez-vous été puni pour cela ? « Faire l'école buissonnière » signifie « sécher les cours », c'est-à-dire ne pas aller aux cours, et cela pas parce qu'on est malade, non, mais parce qu'on n'a pas envie d'aller à l'école. Finalement, je vous propose une dernière expression qui, elle, n'est peut-être pas directement liée au monde de l'école, mais elle convient très bien quand-même, à mon avis. En plus, je la trouve très amusante. Il s'agit de l'expression « les doigts dans le nez ». Beurk ! Ce n'est pas bien appétissant tout cela, se fourrer [25] les doigts dans le nez ! Mais bon. Quand vous avez fait quelque chose les doigts dans le nez, alors vous avez réussi très facilement, sans effort. Par exemple, les deux dernières histoires de mon défi avec les 5 mots, je les ai écrites les doigts dans le nez. Celle d'aujourd'hui, par contre, était plus difficile. Quand avez-vous réussi la dernière fois quelque chose les doigts dans le nez ? Dites-le-moi dans les commentaires sur podclub.ch.
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Et c'est déjà terminé pour aujourd'hui. Le temps passe tellement vite. J'espère vous retrouver tous dans quinze jours, le 6 juillet. Je vous raconterai alors – ou j'essaierai tout au moins – de vous raconter une histoire avec les mots de Lou. Éventuellement, j'intégrerai aussi ceux de Nelly. On va voir…. D'ici là, n'oubliez pas de travailler votre lexique grâce à la fonction vocabulaire de notre application. Et pensez aussi à me rejoindre sur Instagram sous #PodClubIsabelle et #balades. Je vous fais la bise et vous dis à bientôt pour une nouvelle balade !
Glossaire: Balades [1] le ducat: vieille pièce de monnaie généralement en or
[2] le nécessiteux: personne à qui manque le nécessaire pour vivre
[3] le miracle: fait inexplicable qu'on suppose d'origine surnaturelle
[4] jeter l'éponge: abandonner par peur de ne pas réussir
[5] la grève de la faim: décision de ne plus s'alimenter pour protester contre quelque chose
[6] les frais (m): dépenses, coût
[7] l'amphithéâtre (m): grande salle de cours à l'université
[8] bondé(e): rempli de personnes au maximum
[9] l'indépendance (f): souveraineté, liberté
[10] l'élection (f): choix d'une personne exprimé par un vote
[11] l'autonomie (f): liberté de s'administrer soi-même
[12] le nationaliste: personne qui place sa nation au-dessus de tout
[13] remporter: gagner
[14] la revendication: fait de réclamer ce qui est dû
[15] sur un pied d'égalité: au même niveau, de façon égale
[16] cesser: arrêter, abandonner
[17] la résidence secondaire: habitation de vacances
[18] purger: subir, endurer, supporter
[19] la peine: punition, sanction
[20] amnistier: supprimer, arrêter une condamnation
[21] le condamné: personne qui a été sanctionnée par un juge
[22] le préfet: haut fonctionnaire qui représente le gouvernement dans la région qu'il administre
[23] entamer: commencer
[24] remuer ciel et terre: faire tout son possible, faire de gros efforts
[25] se fourrer: (familier) se mettre, s'insérer, s'introduire