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Le Grand Meaulnes, Le Grand Meaulnes - chapitre 15 : La rencontre

Le Grand Meaulnes - chapitre 15 : La rencontre

Le lendemain matin, Meaulnes fut prêt un des premiers.

Comme on le lui avait conseillé, il revêtit un simple costume noir, de mode passée, une jaquette serrée à la taille avec des manches bouffant aux épaules, un gilet croisé, un pantalon élargi du bas jusqu'à cacher ses fines chaussures, et un chapeau haut de forme.

La cour était déserte encore lorsqu'il descendit. Il fit quelques pas et se trouva comme transporté dans une journée de printemps. Ce fut en effet le matin le plus doux de cet hiver-là. Il faisait du soleil comme aux premiers jours d'avril. Le givre fondait et l'herbe mouillée brillait comme humectée de rosée. Dans les arbres, plusieurs petits oiseaux chantaient et de temps à autre une brise tiédie coulait sur le visage du promeneur. Il fit comme les invités qui se sont éveillés avant le maître de la maison. Il sortit dans la cour du Domaine, pensant à chaque instant qu'une voix cordiale et joyeuse allait crier derrière lui: "Déjà réveillé, Augustin?... " Mais il se promena longtemps seul à travers le jardin et la cour. Là-bas, dans le bâtiment principal, rien ne remuait, ni aux fenêtres, ni à la tourelle. On avait ouvert déjà, cependant, les deux battants de la ronde porte de bois. Et, dans une des fenêtres du haut, un rayon de soleil donnait, comme en été, aux premières heures du matin. Meaulnes, pour la première fois, regardait en plein jour l'intérieur de la propriété. Les vestiges d'un mur séparaient le jardin délabré de la cour, où l'on avait, depuis peu, versé du sable et passé le râteau. A l'extrémité des dépendances qu'il habitait, c'étaient des écuries bâties dans un amusant désordre, qui multipliait les recoins garnis d'arbrisseaux fous et de vigne vierge. Jusque sur le Domaine déferlaient des bois de sapins qui le cachaient à tout le pays plat, sauf vers l'est, où l'on apercevait des collines bleues couvertes de rochers et de sapins encore. Un instant, dans le jardin, Meaulnes se pencha sur la branlante barrière de bois qui entourait le vivier; vers les bords il restait un peu de glace mince et plissée comme une écume. Il s'aperçut lui-même reflété dans l'eau, comme incliné sur le ciel, dans son costume d'étudiant romantique. Et il crut voir un autre Meaulnes; non plus l'écolier qui s'était évadé dans une carriole de paysan, mais un être charmant et romanesque, au milieu d'un beau livre de prix... Il se hâta vers le bâtiment principal, car il avait faim. Dans la grande salle où il avait dîné la veille, une paysanne mettait le couvert. Dès que Meaulnes se fut assis devant un des bols alignés sur la nappe, elle lui versa le café en disant: "Vous êtes le premier, monsieur". Il ne voulut rien répondre, tant il craignait d'être soudain reconnu comme un étranger. Il demanda seulement à quelle heure partirait le bateau pour la promenade matinale qu'on avait annoncée. "Pas avant une demi-heure, monsieur: personne n'est descendu encore", fut la réponse. Il continua donc d'errer en cherchant le lieu de l'embarcadère, autour de la longue maison châtelaine aux ailes inégales, comme une église. Lorsqu'il eut contourné l'aile sud, il aperçut soudain les roseaux, à perte de vue, qui formaient tout le paysage. L'eau des étangs venait de ce côté mouiller le pied des murs, et il y avait, devant plusieurs portes, de petits balcons de bois qui surplombaient les vagues clapotantes. Désoeuvré, le promeneur erra un long moment sur la rive sablée comme un chemin de halage. Il examinait curieusement les grandes portes aux vitres poussiéreuses qui donnaient sur des pièces délabrées ou abandonnées, sur des débarras encombrés de brouettes, d'outils rouillés et de pots de fleurs brisés, lorsque soudain, à l'autre bout des bâtiments, il entendit des pas grincer sur le sable. C'étaient deux femmes, l'une très vieille et courbée; l'autre, une jeune fille, blonde, élancée, dont le charmant costume, après tous les déguisements de la veille, parut d'abord à Meaulnes extraordinaire. Elles s'arrêtèrent un instant pour regarder le paysage, tandis que Meaulnes se disait, avec un étonnement qui lui parut plus tard bien grossier: "Voilà sans doute ce qu'on appelle une jeune fille excentrique--peut-être une actrice qu'on a mandée pour la fête". Cependant, les deux femmes passaient près de lui et Meaulnes, immobile, regarda la jeune fille. Souvent, plus tard, lorsqu'il s'endormait après avoir désespérément essayé de se rappeler le beau visage effacé, il voyait en rêve passer des rangées de jeunes femmes qui ressemblaient à celle-ci. L'une avait un chapeau comme elle et l'autre son air un peu penché; l'autre son regard si pur; l'autre encore sa taille fine, et l'autre avait aussi ses yeux bleus: mais aucune de ces femmes n'était jamais la grande jeune fille. Meaulnes eut le temps d'apercevoir, sous une lourde chevelure blonde, un visage aux traits un peu courts, mais dessinés avec une finesse presque douloureuse. Et comme déjà elle était passée devant lui, il regarda sa toilette, qui était bien la plus simple et la plus sage des toilettes... Perplexe, il se demandait s'il allait les accompagner, lorsque la jeune fille, se tournant imperceptiblement vers lui, dit à sa compagne: "Le bateau ne va pas tarder, maintenant, je pense..." Et Meaulnes les suivit. La vieille dame, cassée, tremblante, ne cessait de causer gaiement et de rire. La jeune fille répondait doucement. Et lorsqu'elles descendirent sur l'embarcadère, elle eut ce même regard innocent et grave, qui semblait dire: "Qui êtes-vous? Que faites-vous ici? Je ne vous connais pas. Et pourtant il me semble que je vous connais". D'autres invités étaient maintenant épars entre les arbres, attendant. Et trois bateaux de plaisance accostaient, prêts à recevoir les promeneurs. Un à un, sur le passage des dames, qui paraissaient être la châtelaine et sa fille, les jeunes gens saluaient profondément, et les demoiselles s'inclinaient. Etrange matinée! Etrange partie de plaisir! Il faisait froid malgré le soleil d'hiver, et les femmes enroulaient autour de leur cou ces boas de plumes qui étaient alors à la mode... La vieille dame resta sur la rive, et, sans savoir comment, Meaulnes se trouva dans le même yacht que la jeune châtelaine. Il s'accouda sur le pont, tenant d'une main son chapeau battu par le grand vent, et il put regarder à l'aise la jeune fille, qui s'était assise à l'abri. Elle aussi le regardait. Elle répondait à ses compagnes, souriait, puis posait doucement ses yeux bleus sur lui, en tenant sa lèvre un peu mordue. Un grand silence régnait sur les berges prochaines. Le bateau filait avec un bruit calme de machine et d'eau. On eût pu se croire au coeur de l'été. On allait aborder, semblait-il, dans le beau jardin de quelque maison de campagne. La jeune fille s'y promènerait sous une ombrelle blanche. Jusqu'au soir on entendrait les tourterelles gémir... Mais soudain une rafale glacée venait rappeler décembre aux invités de cette étrange fête. On aborda devant un bois de sapins. Sur le débarcadère, les passagers durent attendre un instant, serrés les uns contre les autres, qu'un des bateliers eût ouvert le cadenas de la barrière... Avec quel émoi Meaulnes se rappelait dans la suite cette minute où, sur le bord de l'étang, il avait eu très près du sien le visage désormais perdu de la jeune fille! Il avait regardé ce profil si pur, de tous ses yeux, jusqu'à ce qu'ils fussent près de s'emplir de larmes. Et il se rappelait avoir vu, comme un secret délicat qu'elle lui eût confié, un peu de poudre restée sur sa joue... A terre, tout s'arrangea comme dans un rêve. Tandis que les enfants couraient avec des cris de joie, que des groupes se formaient et s'éparpillaient à travers bois, Meaulnes s'avança dans une allée, où, dix pas devant lui, marchait la jeune fille. Il se trouva près d'elle sans avoir eu le temps de réfléchir: "Vous êtes belle", dit-il simplement. Mais elle hâta le pas et, sans répondre, prit une allée transversale. D'autres promeneurs couraient, jouaient à travers les avenues, chacun errant à sa guise, conduit seulement par sa libre fantaisie. Le jeune homme se reprocha vivement ce qu'il appelait sa balourdise, sa grossièreté, sa sottise. Il errait au hasard, persuadé qu'il ne reverrait plus cette gracieuse créature, lorsqu'il l'aperçut soudain venant à sa rencontre et forcée de passer près de lui dans l'étroit sentier. Elle écartait de ses deux mains nues les plis de son grand manteau. Elle avait des souliers noirs très découverts. Ses chevilles étaient si fines qu'elles pliaient par instants et qu'on craignait de les voir se briser. Cette fois, le jeune homme salua, en disant très bas: "Voulez-vous me pardonner? --Je vous pardonne, dit-elle gravement. Mais il faut que je rejoigne les enfants, puisqu'ils sont les maîtres aujourd'hui. Adieu". Augustin la supplia de rester un instant encore. Il lui parlait avec gaucherie, mais d'un ton si troublé, si plein de désarroi, qu'elle marcha plus lentement et l'écouta. "Je ne sais même pas qui vous êtes", dit-elle enfin. Elle prononçait chaque mot d'un ton uniforme, en appuyant de la même façon sur chacun, mais en disant plus doucement le dernier... Ensuite elle reprenait son visage immobile, sa bouche un peu mordue, et ses yeux bleus regardaient fixement au loin. "Je ne sais pas non plus votre nom", répondit Meaulnes. Ils suivaient maintenant un chemin découvert, et l'on voyait à quelque distance les invités se presser autour d'une maison isolée dans la pleine campagne. "Voici la 'maison de Frantz'", dit la jeune fille; il faut que je vous quitte..." Elle hésita, le regarda un instant en souriant et dit: "Mon nom?... Je suis mademoiselle Yvonne de Galais..." Et elle s'échappa. La "maison de Frantz' était alors inhabitée. Mais Meaulnes la trouva envahie jusqu'aux greniers par la foule des invités. Il n'eût guère le loisir d'ailleurs d'examiner le lieu où il se trouvait: on déjeuna en hâte d'un repas froid emporté dans les bateaux, ce qui était fort peu de saison, mais les enfants en avaient décidé ainsi, sans doute; et l'on repartit. Meaulnes s'approcha de Mlle de Galais dès qu'il la vit sortir et, répondant à ce qu'elle avait dit tout à l'heure: "Le nom que je vous donnais était plus beau, dit-il. --Comment? Quel était ce nom?" fit-elle, toujours avec la même gravité. Mais il eut peur d'avoir dit une sottise et ne répondit rien. "Mon nom à moi est Augustin Meaulnes, continua-t-il, et je suis étudiant. --Oh! Vous étudiez?" dit-elle. Et ils parlèrent un instant encore. Ils parlèrent lentement, avec bonheur, avec amitié. Puis l'attitude de la jeune fille changea. Moins hautaine et moins grave, maintenant, elle parut aussi plus inquiète. On eût dit qu'elle redoutait ce que Meaulnes allait dire et s'en effarouchait à l'avance. Elle était auprès de lui toute frémissante, comme une hirondelle un instant posée à terre et qui déjà tremble du désir de reprendre son vol. "A quoi bon? A quoi bon?" répondait-elle doucement aux projets que faisait Meaulnes. Mais lorsqu'enfin il osa lui demander la permission de revenir un jour vers ce beau domaine: "Je vous attendrai", répondit-elle simplement. Ils arrivaient en vue de l'embarcadère. Elle s'arrêta soudain et dit pensivement: "Nous sommes deux enfants; nous avons fait une folie. Il ne faut pas que nous montions cette fois dans le même bateau. Adieu, ne me suivez pas". Meaulnes resta un instant interdit, la regardant partir. Puis il se reprit à marcher. Et alors la jeune fille, dans le lointain, au moment de se perdre à nouveau dans la foule des invités, s'arrêta et, se tournant vers lui, pour la première fois le regarda longuement. Etait-ce un dernier signe d'adieu? Etait-ce pour lui défendre de l'accompagner? Ou peut-être avait-elle quelque chose encore à lui dire?...

Dès qu'on fut rentré au Domaine, commença, derrière la ferme, dans une grande prairie en pente, la course des poneys. C'était la dernière partie de la fête. D'après toutes les prévisions, les fiancés devaient arriver à temps pour y assister et ce serait Frantz qui dirigerait tout. On dut pourtant commencer sans lui. Les garçons en costumes de jockeys, les fillettes en écuyères, amenaient les uns, de fringants poneys enrubannés, les autres, de très vieux chevaux dociles. Au milieu des cris, des rires enfantins, des paris et des longs coups de cloche, on se fût cru transporté sur la pelouse verte et taillée de quelque champ de courses en miniature. Meaulnes reconnut Daniel et les petites filles aux chapeaux à plumes, qu'il avait entendus la veille dans l'allée du bois... Le reste du spectacle lui échappa, tant il était anxieux de retrouver dans la foule le gracieux chapeau de roses et le grand manteau marron. Mais Mlle de Galais ne parut pas. Il la cherchait encore lorsqu'une volée de coups de cloche et des cris de joie annoncèrent la fin des courses. Une petite fille sur une vieille jument blanche avait remporté la victoire. Elle passait triomphalement sur sa monture et le panache de son chapeau flottait au vent. Puis soudain tout se tut. Les jeux étaient finis et Frantz n'était pas de retour. On hésita un instant; on se concerta avec embarras. Enfin, par groupes, on regagna les appartements, pour attendre, dans l'inquiétude et le silence, le retour des fiancés.

Le Grand Meaulnes - chapitre 15 : La rencontre Der große Meaulnes - Kapitel 15: Die Begegnung Le Grand Meaulnes - chapter 15: The encounter Le Grand Meaulnes - capítulo 15: El encuentro Le Grand Meaulnes - capítulo 15: O encontro

Le lendemain matin, Meaulnes fut prêt un des premiers. The next morning, Meaulnes was one of the first ready.

Comme on le lui avait conseillé, il revêtit un simple costume noir, de mode passée, une jaquette serrée à la taille avec des manches bouffant aux épaules, un gilet croisé, un pantalon élargi du bas jusqu’à cacher ses fines chaussures, et un chapeau haut de forme. As he had been advised, he put on a simple black suit, out of fashion, a tight-fitting jacket at the waist with puffed sleeves at the shoulders, a double-breasted waistcoat, pants that were wide at the bottom to hide his thin shoes, and a top hat.

La cour était déserte encore lorsqu’il descendit. The courtyard was still empty when he came down. Il fit quelques pas et se trouva comme transporté dans une journée de printemps. He took a few steps and found himself transported into a spring day. Ce fut en effet le matin le plus doux de cet hiver-là. It was indeed the mildest morning of that winter. Il faisait du soleil comme aux premiers jours d’avril. It was sunny like the first days of April. Le givre fondait et l’herbe mouillée brillait comme humectée de rosée. The frost was melting, and the wet grass glistened as though damp with dew. Dans les arbres, plusieurs petits oiseaux chantaient et de temps à autre une brise tiédie coulait sur le visage du promeneur. In the trees several small birds were singing and from time to time a warm breeze flowed over the walker's face. Il fit comme les invités qui se sont éveillés avant le maître de la maison. He did like the guests who awoke before the master of the house. Il sortit dans la cour du Domaine, pensant à chaque instant qu’une voix cordiale et joyeuse allait crier derrière lui:  "Déjà réveillé, Augustin?... " He went out into the courtyard of the Estate, thinking every moment that a cordial and joyful voice would cry out behind him: "Already awake, Augustin? ..." Mais il se promena longtemps seul à travers le jardin et la cour. But he walked for a long time alone through the garden and the courtyard. Là-bas, dans le bâtiment principal, rien ne remuait, ni aux fenêtres, ni à la tourelle. There, in the main building, nothing stirred, neither in the windows, nor in the turret. On avait ouvert déjà, cependant, les deux battants de la ronde porte de bois. The two leaves of the round wooden door had already been opened, however. Et, dans une des fenêtres du haut, un rayon de soleil donnait, comme en été, aux premières heures du matin. And, in one of the upper windows, a ray of sunlight shone, as in summer, in the early hours of the morning. Meaulnes, pour la première fois, regardait en plein jour l’intérieur de la propriété. Meaulnes, for the first time, looked at the interior of the property in broad daylight. Les vestiges d’un mur séparaient le jardin délabré de la cour, où l’on avait, depuis peu, versé du sable et passé le râteau. The remains of a wall separated the dilapidated garden from the courtyard, where sand had recently been poured and raked. A l’extrémité des dépendances qu’il habitait, c’étaient des écuries bâties dans un amusant désordre, qui multipliait les recoins garnis d’arbrisseaux fous et de vigne vierge. At the end of the outbuildings where he lived, there were stables built in an amusing disorder, which multiplied the recesses furnished with wild shrubs and virginia creeper. Jusque sur le Domaine déferlaient des bois de sapins qui le cachaient à tout le pays plat, sauf vers l’est, où l’on apercevait des collines bleues couvertes de rochers et de sapins encore. As far as the Domain, there was a surge of pine woods which hid it from all the flat country, except towards the east, where one could see blue hills covered with rocks and still fir trees. Un instant, dans le jardin, Meaulnes se pencha sur la branlante barrière de bois qui entourait le vivier; vers les bords il restait un peu de glace mince et plissée comme une écume. For a moment, in the garden, Meaulnes leaned over the rickety wooden fence which surrounded the fishpond; towards the edges there was a little thin ice, puckered like foam. Il s’aperçut lui-même reflété dans l’eau, comme incliné sur le ciel, dans son costume d’étudiant romantique. He saw himself reflected in the water, as if tilted against the sky, in his romantic student costume. Et il crut voir un autre Meaulnes; non plus l’écolier qui s’était évadé dans une carriole de paysan, mais un être charmant et romanesque, au milieu d’un beau livre de prix... Il se hâta vers le bâtiment principal, car il avait faim. And he thought he saw another Meaulnes; no longer the schoolboy who had escaped in a peasant cart, but a charming and romantic being, in the middle of a beautiful book of prizes ... He hastened towards the main building, because he was hungry. Dans la grande salle où il avait dîné la veille, une paysanne mettait le couvert. In the large room where he had dined the day before, a peasant woman was setting the table. Dès que Meaulnes se fut assis devant un des bols alignés sur la nappe, elle lui versa le café en disant: "Vous êtes le premier, monsieur". As soon as Meaulnes was seated in front of one of the bowls lined up on the tablecloth, she poured him the coffee, saying: "You are the first, sir". Il ne voulut rien répondre, tant il craignait d’être soudain reconnu comme un étranger. He didn't want to answer anything, he was so afraid of being suddenly recognized as a stranger. Il demanda seulement à quelle heure partirait le bateau pour la promenade matinale qu’on avait annoncée. He only asked what time the boat would leave for the morning ride that had been announced. "Pas avant une demi-heure, monsieur: personne n’est descendu encore", fut la réponse. "Not for half an hour, sir: no one has come down yet," was the reply. Il continua donc d’errer en cherchant le lieu de l’embarcadère, autour de la longue maison châtelaine aux ailes inégales, comme une église. So he continued to wander, looking for the place of the pier, around the long chateau house with uneven wings, like a church. Lorsqu’il eut contourné l’aile sud, il aperçut soudain les roseaux, à perte de vue, qui formaient tout le paysage. When he had rounded the south wing, he suddenly saw the reeds, as far as the eye could see, which formed the whole landscape. L’eau des étangs venait de ce côté mouiller le pied des murs, et il y avait, devant plusieurs portes, de petits balcons de bois qui surplombaient les vagues clapotantes. The water from the ponds came from this side to wet the foot of the walls, and there were, in front of several doors, little wooden balconies which overlooked the lapping waves. Désoeuvré, le promeneur erra un long moment sur la rive sablée comme un chemin de halage. Idle, the walker wandered for a long time on the sandy shore like a towpath. Il examinait curieusement les grandes portes aux vitres poussiéreuses qui donnaient sur des pièces délabrées ou abandonnées, sur des débarras encombrés de brouettes, d’outils rouillés et de pots de fleurs brisés, lorsque soudain, à l’autre bout des bâtiments, il entendit des pas grincer sur le sable. He was curiously examining the large, dusty glass doors that opened onto dilapidated or abandoned rooms, onto storage rooms cluttered with wheelbarrows, rusty tools and broken flowerpots, when suddenly, at the other end of the buildings, he heard loud sounds. not squeak on the sand. C’étaient deux femmes, l’une très vieille et courbée; l’autre, une jeune fille, blonde, élancée, dont le charmant costume, après tous les déguisements de la veille, parut d’abord à Meaulnes extraordinaire. They were two women, one very old and bent; the other, a young girl, blonde, slender, whose charming costume, after all the disguises of the day before, at first appeared extraordinary to Meaulnes. Elles s’arrêtèrent un instant pour regarder le paysage, tandis que Meaulnes se disait, avec un étonnement qui lui parut plus tard bien grossier: "Voilà sans doute ce qu’on appelle une jeune fille excentrique--peut-être une actrice qu’on a mandée pour la fête". They paused for a moment to look at the landscape, while Meaulnes said to himself, with astonishment which later struck him as very rude: "This is doubtless what one calls an eccentric young girl - perhaps an actress we called for the party ". Cependant, les deux femmes passaient près de lui et Meaulnes, immobile, regarda la jeune fille. However, the two women passed near him and Meaulnes, motionless, looked at the young girl. Souvent, plus tard, lorsqu’il s’endormait après avoir désespérément essayé de se rappeler le beau visage effacé, il voyait en rêve passer des rangées de jeunes femmes qui ressemblaient à celle-ci. Often later, when he fell asleep after desperately trying to remember the beautiful faded face, he dreamed of seeing rows of young women passing by that looked like this one. L’une avait un chapeau comme elle et l’autre son air un peu penché; l’autre son regard si pur; l’autre encore sa taille fine, et l’autre avait aussi ses yeux bleus: mais aucune de ces femmes n’était jamais la grande jeune fille. One wore a hat like her and the other looked a little slanted; the other his gaze so pure; the other still her slim waist, and the other also had her blue eyes: but neither of these women was ever the tall girl. Meaulnes eut le temps d’apercevoir, sous une lourde chevelure blonde, un visage aux traits un peu courts, mais dessinés avec une finesse presque douloureuse. Meaulnes had time to see, under heavy blond hair, a face with somewhat short features, but drawn with almost painful finesse. Et comme déjà elle était passée devant lui, il regarda sa toilette, qui était bien la plus simple et la plus sage des toilettes... Perplexe, il se demandait s’il allait les accompagner, lorsque la jeune fille, se tournant imperceptiblement vers lui, dit à sa compagne: "Le bateau ne va pas tarder, maintenant, je pense..." Et Meaulnes les suivit. And as she had already passed in front of him, he looked at his toilet, which was indeed the simplest and the wisest of toilets ... Puzzled, he wondered if he was going to accompany them, when the young girl, turning imperceptibly towards he said to his companion: "The boat will not be long now, I think ..." And Meaulnes followed them. La vieille dame, cassée, tremblante, ne cessait de causer gaiement et de rire. The old lady, broken, trembling, did not cease talking merrily and laughing. La jeune fille répondait doucement. The young girl answered softly. Et lorsqu’elles descendirent sur l’embarcadère, elle eut ce même regard innocent et grave, qui semblait dire: "Qui êtes-vous? And when they got down to the pier, she had that same innocent and serious look that seemed to say, "Who are you? Que faites-vous ici? What are you doing here? Je ne vous connais pas. I do not know you. Et pourtant il me semble que je vous connais". And yet it seems to me that I know you ". D’autres invités étaient maintenant épars entre les arbres, attendant. Other guests were now scattered among the trees, waiting. Et trois bateaux de plaisance accostaient, prêts à recevoir les promeneurs. And three pleasure boats docked, ready to receive the strollers. Un à un, sur le passage des dames, qui paraissaient être la châtelaine et sa fille, les jeunes gens saluaient profondément, et les demoiselles s’inclinaient. One by one, as the ladies passed by, who appeared to be the lord of the lady and her daughter, the young men bowed deeply, and the young ladies bowed. Etrange matinée! Strange morning! Etrange partie de plaisir! Strange party of fun! Il faisait froid malgré le soleil d’hiver, et les femmes enroulaient autour de leur cou ces boas de plumes qui étaient alors à la mode... La vieille dame resta sur la rive, et, sans savoir comment, Meaulnes se trouva dans le même yacht que la jeune châtelaine. It was cold despite the winter sun, and the women wrapped around their necks those feather boas which were then in fashion ... The old lady remained on the shore, and, without knowing how, Meaulnes found herself in the same yacht as the young lady. Il s’accouda sur le pont, tenant d’une main son chapeau battu par le grand vent, et il put regarder à l’aise la jeune fille, qui s’était assise à l’abri. He leaned on the bridge, holding his hat blown by the strong wind in one hand, and he could look at ease at the young girl, who was sitting in the shelter. Elle aussi le regardait. She was looking at him too. Elle répondait à ses compagnes, souriait, puis posait doucement ses yeux bleus sur lui, en tenant sa lèvre un peu mordue. She would reply to her companions, smile, then gently rest her blue eyes on him, holding her slightly bitten lip. Un grand silence régnait sur les berges prochaines. A great silence reigned on the nearby banks. Le bateau filait avec un bruit calme de machine et d’eau. The boat went by with a calm sound of machine and water. On eût pu se croire au coeur de l’été. We might have thought we were in the heart of summer. On allait aborder, semblait-il, dans le beau jardin de quelque maison de campagne. They were going to land, it seemed, in the beautiful garden of some country house. La jeune fille s’y promènerait sous une ombrelle blanche. The young girl would walk there under a white parasol. Jusqu’au soir on entendrait les tourterelles gémir... Mais soudain une rafale glacée venait rappeler décembre aux invités de cette étrange fête. Until evening we would hear the turtledoves moaning ... But suddenly an icy gust came to remind the guests of this strange feast of December. On aborda devant un bois de sapins. We landed in front of a pine wood. Sur le débarcadère, les passagers durent attendre un instant, serrés les uns contre les autres, qu’un des bateliers eût ouvert le cadenas de la barrière... Avec quel émoi Meaulnes se rappelait dans la suite cette minute où, sur le bord de l’étang, il avait eu très près du sien le visage désormais perdu de la jeune fille! On the landing stage, the passengers had to wait a moment, pressed against each other, for one of the boatmen to open the padlock of the barrier ... With what agitation Meaulnes later remembered that minute when, on the edge of the the pond, he had had very close to his own the now lost face of the young girl! Il avait regardé ce profil si pur, de tous ses yeux, jusqu’à ce qu’ils fussent près de s’emplir de larmes. He had looked at this pure profile, with all his eyes, until they were close to filling with tears. Et il se rappelait avoir vu, comme un secret délicat qu’elle lui eût confié, un peu de poudre restée sur sa joue... A terre, tout s’arrangea comme dans un rêve. And he remembered having seen, like a delicate secret that she had confided to him, a little powder left on her cheek ... On the ground, everything was arranged as in a dream. Tandis que les enfants couraient avec des cris de joie, que des groupes se formaient et s’éparpillaient à travers bois, Meaulnes s’avança dans une allée, où, dix pas devant lui, marchait la jeune fille. While the children ran with cries of joy, as groups formed and scattered through the woods, Meaulnes walked up an alley, where, ten paces in front of him, the young girl walked. Il se trouva près d’elle sans avoir eu le temps de réfléchir: "Vous êtes belle", dit-il simplement. He found himself near her without having had time to think: "You are beautiful", he said simply. Mais elle hâta le pas et, sans répondre, prit une allée transversale. But she hastened her pace and, without answering, took a side aisle. D’autres promeneurs couraient, jouaient à travers les avenues, chacun errant à sa guise, conduit seulement par sa libre fantaisie. Other walkers ran, played through the avenues, each wandering as he pleased, led only by his free whim. Le jeune homme se reprocha vivement ce qu’il appelait sa balourdise, sa grossièreté, sa sottise. The young man sharply reproached himself for what he called his stupidity, his rudeness, his stupidity. Il errait au hasard, persuadé qu’il ne reverrait plus cette gracieuse créature, lorsqu’il l’aperçut soudain venant à sa rencontre et forcée de passer près de lui dans l’étroit sentier. He was wandering around at random, convinced that he would never see this graceful creature again, when he suddenly saw her coming to meet him and forced to pass near him in the narrow path. Elle écartait de ses deux mains nues les plis de son grand manteau. She was pushing aside the folds of her large coat with her bare hands. Elle avait des souliers noirs très découverts. She had very bare black shoes. Ses chevilles étaient si fines qu’elles pliaient par instants et qu’on craignait de les voir se briser. Her ankles were so thin that they bent at times and you feared they would break. Cette fois, le jeune homme salua, en disant très bas: "Voulez-vous me pardonner? This time the young man bowed, saying very low: "Will you forgive me? --Je vous pardonne, dit-elle gravement. "I forgive you," she said gravely. Mais il faut que je rejoigne les enfants, puisqu’ils sont les maîtres aujourd’hui. But I must join the children, since they are the teachers today. Adieu". Farewell". Augustin la supplia de rester un instant encore. Augustine begged her to stay a moment longer. Il lui parlait avec gaucherie, mais d’un ton si troublé, si plein de désarroi, qu’elle marcha plus lentement et l’écouta. He spoke awkwardly to her, but in a tone so disturbed, so full of dismay, that she walked more slowly and listened to him. "Je ne sais même pas qui vous êtes", dit-elle enfin. "I don't even know who you are," she said finally. Elle prononçait chaque mot d’un ton uniforme, en appuyant de la même façon sur chacun, mais en disant plus doucement le dernier... Ensuite elle reprenait son visage immobile, sa bouche un peu mordue, et ses yeux bleus regardaient fixement au loin. She spoke each word in a uniform tone, pressing each one the same, but saying the last more gently ... Then she resumed her motionless face, her mouth a little bit bitten, and her blue eyes stared into the distance. . "Je ne sais pas non plus votre nom", répondit Meaulnes. "I don't know your name either," Meaulnes replied. Ils suivaient maintenant un chemin découvert, et l’on voyait à quelque distance les invités se presser autour d’une maison isolée dans la pleine campagne. They were now following an open path, and from a distance the guests could be seen crowding around a lonely house in the countryside. "Voici la 'maison de Frantz'", dit la jeune fille; il faut que je vous quitte..." Elle hésita, le regarda un instant en souriant et dit: "Mon nom?... "This is the 'house of Frantz'," said the young girl; I must leave you ... "She hesitated, looked at him for a moment, smiling and said:" My name? ... Je suis mademoiselle Yvonne de Galais..." Et elle s’échappa. I am Mademoiselle Yvonne de Galais ... "And she escaped. La "maison de Frantz' était alors inhabitée. The "house of Frantz" was then uninhabited. Mais Meaulnes la trouva envahie jusqu’aux greniers par la foule des invités. But Meaulnes found it invaded to the attics by the crowd of guests. Il n’eût guère le loisir d’ailleurs d’examiner le lieu où il se trouvait: on déjeuna en hâte d’un repas froid emporté dans les bateaux, ce qui était fort peu de saison, mais les enfants en avaient décidé ainsi, sans doute; et l’on repartit. Besides, he hardly had the leisure to examine the place where he was: we ate in haste with a cold meal taken in the boats, which was very little in season, but the children had decided so, without a doubt; and we set off again. Meaulnes s’approcha de Mlle de Galais dès qu’il la vit sortir et, répondant à ce qu’elle avait dit tout à l’heure: "Le nom que je vous donnais était plus beau, dit-il. Meaulnes approached Mlle de Galais as soon as he saw her leave and, responding to what she had said earlier: "The name I gave you was more beautiful," he said. --Comment? --How? 'Or' What? Quel était ce nom?" What was that name? " fit-elle, toujours avec la même gravité. she said, still with the same gravity. Mais il eut peur d’avoir dit une sottise et ne répondit rien. But he was afraid he had said something stupid and didn't answer. "Mon nom à moi est Augustin Meaulnes, continua-t-il, et je suis étudiant. "My name is Augustin Meaulnes," he continued, "and I am a student. --Oh! --Oh! Vous étudiez?" You study?" dit-elle. she says. Et ils parlèrent un instant encore. And they spoke a moment longer. Ils parlèrent lentement, avec bonheur, avec amitié. They spoke slowly, happily, with friendship. Puis l’attitude de la jeune fille changea. Then the girl's attitude changed. Moins hautaine et moins grave, maintenant, elle parut aussi plus inquiète. Less haughty and less serious now, she also seemed more worried. On eût dit qu’elle redoutait ce que Meaulnes allait dire et s’en effarouchait à l’avance. One would have said that she was dreading what Meaulnes was going to say and was startled by it in advance. Elle était auprès de lui toute frémissante, comme une hirondelle un instant posée à terre et qui déjà tremble du désir de reprendre son vol. She was beside him all shuddering, like a swallow for a moment resting on the ground and already trembling with the desire to resume its flight. "A quoi bon? "What's the point? A quoi bon?" What's the point?" répondait-elle doucement aux projets que faisait Meaulnes. she replied softly to the plans Meaulnes was making. Mais lorsqu’enfin il osa lui demander la permission de revenir un jour vers ce beau domaine: "Je vous attendrai", répondit-elle simplement. But when at last he dared to ask her permission to return one day to this beautiful domain: "I will wait for you", she replied simply. Ils arrivaient en vue de l’embarcadère. They were coming in sight of the pier. Elle s’arrêta soudain et dit pensivement: "Nous sommes deux enfants; nous avons fait une folie. She stopped suddenly and said thoughtfully, "We are two children; we have done something crazy. Il ne faut pas que nous montions cette fois dans le même bateau. This time we must not get into the same boat. Adieu, ne me suivez pas". Farewell, do not follow me ". Meaulnes resta un instant interdit, la regardant partir. Meaulnes stood speechless for a moment, watching her go. Puis il se reprit à marcher. Then he began to walk again. Et alors la jeune fille, dans le lointain, au moment de se perdre à nouveau dans la foule des invités, s’arrêta et, se tournant vers lui, pour la première fois le regarda longuement. And then the young girl, in the distance, at the moment of losing herself again in the crowd of guests, stopped and, turning to him, for the first time looked at him for a long time. Etait-ce un dernier signe d’adieu? Was this a final farewell sign? Etait-ce pour lui défendre de l’accompagner? Was it to prevent him from accompanying him? Ou peut-être avait-elle quelque chose encore à lui dire?... Or perhaps she had something more to say to him? ...

Dès qu’on fut rentré au Domaine, commença, derrière la ferme, dans une grande prairie en pente, la course des poneys. As soon as we got back to the Estate, the pony race began behind the farm in a large sloping meadow. C’était la dernière partie de la fête. It was the last part of the party. D’après toutes les prévisions, les fiancés devaient arriver à temps pour y assister et ce serait Frantz qui dirigerait tout. By all forecasts, the fiancés had to arrive in time to attend and it would be Frantz who would run everything. On dut pourtant commencer sans lui. However, we had to start without him. Les garçons en costumes de jockeys, les fillettes en écuyères, amenaient les uns, de fringants poneys enrubannés, les autres, de très vieux chevaux dociles. The boys in jockeys' costumes, the little girls in riders, some brought in dashing ribbon ponies, others very old, docile horses. Au milieu des cris, des rires enfantins, des paris et des longs coups de cloche, on se fût cru transporté sur la pelouse verte et taillée de quelque champ de courses en miniature. In the midst of cries, childish laughter, bets and long bell rings, one would have believed oneself transported onto the green lawn and carved out of some miniature racetrack. Meaulnes reconnut Daniel et les petites filles aux chapeaux à plumes, qu’il avait entendus la veille dans l’allée du bois... Le reste du spectacle lui échappa, tant il était anxieux de retrouver dans la foule le gracieux chapeau de roses et le grand manteau marron. Meaulnes recognized Daniel and the little girls with the feathered hats, whom he had heard the day before in the alley of the wood ... The rest of the show escaped him, he was so anxious to find in the crowd the graceful hat of roses and the big brown coat. Mais Mlle de Galais ne parut pas. But Mlle. De Galais did not appear. Il la cherchait encore lorsqu’une volée de coups de cloche et des cris de joie annoncèrent la fin des courses. He was still looking for her when a volley of bells and shouts of joy announced the end of the races. Une petite fille sur une vieille jument blanche avait remporté la victoire. A little girl on an old white mare had won. Elle passait triomphalement sur sa monture et le panache de son chapeau flottait au vent. She rode triumphantly on her horse, and the plume of her hat fluttered in the wind. Puis soudain tout se tut. Then suddenly everything fell silent. Les jeux étaient finis et Frantz n’était pas de retour. The games were over and Frantz was not back. On hésita un instant; on se concerta avec embarras. We hesitated for a moment; we consulted with embarrassment. Enfin, par groupes, on regagna les appartements, pour attendre, dans l’inquiétude et le silence, le retour des fiancés. Finally, in groups, we returned to the apartments, to await, in anxiety and silence, the return of the betrothed.