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"LE NEZ D'UN NOTAIRE" - Edmond About, Chapter 4

Chapter 4

IV. CHÉBACHTIEN ROMAGNÉ

II s'appelait Romagné, du nom de son père. Son parrain et sa marraine l'avaient baptisé Sébastien; mais, comme il était natif de Frognac-lès-Mauriac, département du Cantal, il invoquait son patron sous le nom de chaint Chébachtien. Tout porte à croire qu'il aurait écrit son prénom par un Ch; mais heureusement il ne savait pas écrire. Cet enfant de l'Auvergne était âgé de vingt-trois ou vinet-quatre ans, et bâti comme un hercule: grand, gros, trapu, ossu, corsu, haut en couleur; fort comme un bœuf de labour, doux et facile à mener comme un petit agneau blanc. Imaginez la plus solide pâte d'homme, la plus grossière et la meilleure. Il était l'aîné de dix enfants, garçons et filles, tous vivants, bien portants et grouillants sous le toit paternel. Son père avait une cabane, un bout de champ, quelques châtaigniers dans 1» montagne, une demi-douzaine de cochons, bon an mal an, et deux bras pour piocher la terre. La mère filait du chanvre, les petits garçons aidaient au père, les petites avaient soin du ménage et s'élevaient les unes les autres, l'aînée servant de bonne à la cadette et ainsi de suite jusqu'au bas de l'échelle. Le jeune Sébastien ne brilla jamais par l'intelligence, ni par la mémoire, ni par aucun don de l'esprit; mais il avait du cœur à revendre, On lui apprit quelques chapitres du catéchisme, comme on enseigne aux merles à siffler J'ai du bon tabac; mais il eut et conserva toujours les sentiments les plus chrétiens. Jamais il n'abusa de sa force contre les gens ni contre les bêtes; il évitait les querelles et recevait bien souvent des taloches sans les rendre. Si M. le sous-préfet de Mauriac avait oulu lui faire donner une médaille d'argent, il n'aurait eu qu'à écrire à Paris; car Sébastien sauva plusieurs personnes au péril de sa vie, et notamment deux gendarmes qui se noyaient avec leurg chevaux dans le torrent de la Saumaise. Mais on trouvait ces choses-là toutes naturelles j attendu qu'il les faisait d'instinct, et l'on ne songeait pas plus à le récompenser que r j"à eût été un chien de TerreNeuve. A l'âge de vingt ans, il satisfit à la loi et tira un bon numéro, grâce à une neuvaine qu'il avait faite en famille. Après quoi, il résolut de s'en aller à Paris, suivant les us et coutumes de l'Auvergne, pour gagner un peu d'argent blanc et venir en aide à ses père et mère. On lui donna un costume de velours et vingt francs, qui sont encore une somme dans l'arrondissement de Mauriac, et il profita de l'occasion d'un camarade qui savait le chemin de Paris. Il fit la route à pied, en dix jours, et arriva frais et dispos avec douze francs cinquante dans la poche et ses souliers neufs à la main.

Deux jours après, il roulait un tonneau dans le faubourg Saint-Germain en compagnie d'un autre camarade qui ne pouvait plus monter les Escaliers parce qu'il s'était donné un effort. Il fut, pour prix de ses peines, logé, couché, nourri et blanchi à raison d'une chemise par mois, sans compter qu'on lui donnait trente sous par semaine pour faire le garçon. Sur ses économies, il acheta, au bout de l'année, un tonneau d'occasion et s'établit à son compte. Il réussit au delà de toute espérance. Sa poliesse naïve, sa complaisance infatigable et sa frobité bien connue lui concilièrent les bonnes grâces de tout le quartier. De deux mille marches d'escalier qu'il montait et descendait tous les jours, il s'éleva graduellement à sept mille. Aussi envoyait-il jusqu'à soixante francs par mois aux bonnes gens de Frognac. La famille bénissait son nom et le recommandait à Dieu soir et malin dans ses prières; les petits garçons avaient des culottes neuves, et il ne s'agissait de rien moins que d'envoyer les deux derniers 5 l'école! L'auteur de tous ces biens n'avait rien changé à sa manière de vivre; il couchait à côté de son tonneau sous une remise, et renouvelait quatre fois par an la paille de son lit. Le costume de velours était plus rapiécé qu'un habit d'arlequin. En vérité, sa toilette eût coûté bien peu de chose sans les maudits souliers, qui usaient tous les mois un kilogramme de clous. Ses dépenses de table étaient les seules sur lesquelles il ne lésinât point. Il s'octroyait sans marchander quatre livres de pain par jour. Quelquefois même il régalait son estomac d'un morceau de fromage ou d'un oignon, ou d'une demi-douzaine de pommes achetées au tas sur le pont Neuf. Les dimanches et fêtes, il affrontait la soupe et le bœuf, et s'en léchait les doigts toute la semaine. Mais il était trop bon fils et trop bon frère pour s'aventurer jusqu'au verre de vin. « Le vin, l'amour et le tabac » étaient pour lui des denrées fabuleuses; il ne les connaissait que de réputation. A plus forte raison ignoraitil les plaisirs du théâtre, si chers aux ouvriers de Paris. Mou gaillard aimait mieux se coucher gratis à sept heures que d'applaudir M. Dumaine pour dix sous. Tel était au physique et au moral l'homme que M. Berm'er héla dans la rue de Beaune pour qu'il vint prêter de sa peau à M. L'Ambert. Les gens de la maison, avertis, l'introduisirent en hâte. Il s'avança timidement, le chapeau à la main, levant les pieds aussi haut qu'il pouvait, et n'osant les reposer sur le tapis. L'orage du matin l'avait crotté jusqu'aux aisselles. — Chi ch'est pour de l'eau, dit-il en saluant le docteur, je... M. Bernier lui coupa la parole.

— Non, mon garçon : il ne s'agit pas de votre commerce. — Alors, mouchu, ch'est donc pour auchtre choge? — Pour une tout autre chose. Monsieur que voici a eu le nez coupé ce matin.

— Ah! chaprichti, le pauvre homme l Et qui est-che qui lui a fait cha?

— Un Turc; mais il n'importe. — Un chauvage! On m'avait bien dit que les Turcs étaient des chauvages; mais je ne chavais pas qu'on les iaichait venir à Paris. Attendez cheulement un peu; je vas charcher le chargent de ville.

M. Bernier arrêta cet élan de zèle du digne Auvergnat et lui expliqua en peu de mots le service qu'on attendait de lui. Il crut d'abord qu'on se moquait, car on peut être un excellent porteur d'eau et n'avoir aucune notion de rhinoplastie. Le docteur lui fit comprendre qu'on voulait lui acheter un mois de son temps et environ cent cinquante centimètres carrés de sa peau. — L'opération n'est rien, lui dit-il, et vous n'avez que-fort peu à souffrir; mais je vous préviens qu'il vous faudra énormément de patience pour rester immobile un mois durant, le bras cousu au nez de monsieur. — De la pacliienche, répondit-il, j'en ai de redite; ch'est pas pour rien qu'on est Oubergnat. Mais chi je pâche un mois chez vous pour rendre cherviche à che pauvre homme, il faudra me payer mon temps che qu'il vaut. — Bien entendu. Combien voulez-vous? Il médita un instant et dit:

— La main chur la consehienche, cha vaut une pièce de quatre francs par jour.

— Non, mon ami, reprit le notaire : cela vaut mille francs pour le mois, ou trente-trois francs par journée.

— Non,répliqua le docteur avec autorité, cela vaut deux mille francs.

M. L'Ambert inclina la tète et ne fit point d'objection. Romagné demanda la permission de finir sa journée, de ramener son tonneau sous la remise et de chercher un remplaçant pour un mois.

— Du rechte, disait-il, che n'est pas la peine de commencher aujourd'hui, pour une demi-journée. On lui prouva que la chose était urgente, et il prit ses mesures en conséquence. Un de ses amis fut mandé et promit de le suppléer durant un mois.

— Tu m'apporteras mon pain tous les choirs, dit Romagné. On lui dit que la précaution était inutile, ci qu'il serait nourri dans la maison. — Cha dépend de che que cha coûtera.

— M. L'Ambert vous nourrira gratis. — Gratiche! ch'est dans mes prix. Voichi ma peau. Coupez tout de chuite!

Il supporta l'opération comme un brave, sans sourciller. — Cli'est uu plaigir, disait-il. On m'a parlé d'un Oubergnat de mon pays qui eue faigeait pétrifier dans une chourche à vingt chous Pheure. J'aime mieux me faire couper par morcheaux. Ch'est moins achujettichant, et cha rapporte pluche. M. Bernier lui cousit le bras gauche au visage du notaire, et ces deux bommes restèrent, un mois durant, enchaînés l'un à l'autre. Les deux frères siamois qui amusèrent jadis la curiosité de l'Europe n'étaient pas plus indissolubles. Mais ils étaient frères, accoutumés à se supporter dès l'enfance, et ils avaient reçu la même éducation. Si l'un avait été porteur d'eau et l'autre notaire, peut-être auraient-ils donné le spectacle d'une amitié moins fraternelle. Romagné ne se plaignit jamais de rien, quoique la situation lui parût tout à fait nouvelle. 11 obéit en esclave, ou mieux, 'en chrétien, à toutes les volontés de l'homme qui avait acheté sa peau. Il se levait, s'asseyait, se couchait, se tournait àdroite et à gauche, selon le caprice de son seigneur. L'aiguille aimantée n'est pas plus soumise au pôle nord que Roinagué n'était soumis à M. L'Ambert. Cette héroïque mansuétude toucha le cœur du notaire, qui pourtant n'était pas tendre. Pendant trois jours, il eut une sorte de reconnaissance pour les bons soins de sa victime; mais il ne tarda guère à le prendre en dégoût, cuis en lorreur.

Un homme jeune, actif et bien portant ne s'accoutume jamais sans effort à l'immobilité absolue. Qu'est-ce donc lorsqu'il doit rester immobile dans le voisinage d'un être inférieur, malpropre et sans éducation? Mais le sort en était jeté. H fallait ou vivre sans nez ou supporter l'Auvergnat avec toutes ses conséquences, manger avec lui, dormir avec lui, accomplir auprès de lui, et dans la situation la plus incommode, toutes les fonctions de la vie. Romagné était un digne et excellent jeune homme; mais il ronflait comme un orgue. Il adorait sa famille, il aimait son prochain; mais il ne s'était jamais baigné de sa vie, de peur d'user en vain la marchandise. Il avait les sentiments les plus délicats du monde; mais il ne savait pas s'imposer les contraintes les plus élémentaires que la civilisation nous recommande. Pauvre M. L'Ambert! et pauvre Romagné! quelles nuits et quelles journées! quels coups de pied donnés et reçus ! Inutile de dire que Romagné les reçut sans se plaindre: il craignait qu'un faux mouvement ne fit manquer l'expérience de M. Bernier. Le notaire recevait bon nombre de visites. Il lui vint des compagnons de plaisir qui s'amusèrent de l'Auvergnat. On lui apprit à fumer des cigares, à boire du vin et de l'eau-de-vie. Le pauvre diable s'abandonnait à ces plaisirs nouveaux avec la naïveté d'un Peau-Rouge. On le grisa, on le soûla, on lui fit descendre tous les échelons qui séparent l'homme de là brute. C'était une éducation à refaire; les beaux messieurs y prirent un plaisir cruel. N'était-il pas agréable et nouveau de démoraliser un Auvergnat? Certain jour, on lui demanda comment il pensait employer les cent louis de M. L'Ambert lorsqu'il aurait fini de les gagner: — Je les placherai à chinq pour chent, répondit-il, et j'aurai chent francs de rente. — Et après? lui dit un joli millionnaire de vingt-cinq ans. En seras-tu plus riche? en seras-tu plus heureux? Tu auras six sous de rente par jour ! Si tu te maries, et c'est inévitable, car tu es du bois dont on fait les imbéciles, tu auras douze enfants, pour le moins. — Clia, ch'est possible ! — Et, en vertu du Code civil, qui est une jolie invention de l'Empire, tu leur laisseras à chacun deux liards à manger par jour. Tandis qu'avec deux mille francs tu peux vivre un mois comme un riche, connaître les plaisirs de la vie et t'élever au-dessus de tes pareils! Il se défendait comme un beau diable contre ces tentatives de corruption; mais on frappa tant de petits coups répétés sur son crâne épais, qu'on ouvrit un passage aux idées fausses, et le cerveau fut entamé. Les dames vinrent aussi. M. L'Ambert en connaissait beaucoup, et de tous les mondes. Romagné assista aux scènes les plus diverses ; il entendit des protestations d'amour et de fidélité qui manquaient de vraisemblance. Non-seulement M. L'Ambert ne se privait pas de mentirîichement devant lui; mais il s'amusait quelquefois à lui montrer dans le tète-à-tête toutes les faussetés qui sont, pour ainsi dire, le canevas de la vie élégante. Et le monde des affaires! Romagné crut le découvrir comme Christophe Colomb, car il n'en avait aucune idée. Les clients de l'étude ne se gênaient pas plus devant lui qu'on ne se prive de parler en présence d'une douzaine d'huîtres. Il vit des pères de famille qui cherchaient les moyens de dépouiller légalement leurs fils au profit d'une maîtresse ou d'une bonne œuvre; des jeunes gens à marier qui étudiaient l'art de voler par contrat la dot de leur femme; des prêteurs qui voulaient dix pour cent sur première hypothèque, des emprunteurs qui donnaient hypothèque sur le néant! II n'avait point d'esprit, et son intelligence n'était pas de beaucoup supérieure à celle des caniches; mais sa conscience se révolta quelquefois. 11 crut bien faire, un jour, en disant à M. L'Ambert: — Vous n'avez pas mon echtime. Et la répugnance que le notaire avait pour lui se changea en haine déclarée.

Les huit derniers jours de leur intimité forcée furent remplis par une série de tempêtes. Mais enfin M. Bernier constata que le lambeau avait pris racine, malgré des tiraillements sans nombre. On détacha les deux ennemis; on modela le nez du notaire dans la peau qui n'appartenait plus à Romagné. Et le beau millionnaire de la rue de Verneuil jeta deux billets de mille francs à la figure de son esclave en disant:

— Tiens, scélérat! L'argent n'est rien; tu m'as fait dépenser pour cent mille écus de patience. Va-t'en, sors d'ici pour toujours, et fais en sorte que je n'entende jamais parler de toi! Romagné remercia fièrement, but une bouteille à l'office, deux petits verres avec Singuet et s'en alla titubant vers son ancien domicile.

Chapter 4 Chapitre Chapter 4

IV. IV IV. CHÉBACHTIEN ROMAGNÉ CHÉBACHTIEN|ROMAGNÉ CHÉBACHTIEN ROMAGNÉ

II s’appelait Romagné, du nom de son père. Il|he was called|Romagné|of the|name|of|his|father He was called Romagné, after his father. Son parrain et sa marraine l’avaient baptisé Sébastien; mais, comme il était natif de Frognac-lès-Mauriac, département du Cantal, il invoquait son patron sous le nom de chaint Chébachtien. His|godfather|and|his|godmother|they had|baptized|Sébastien|but|as|he|he was|native|of||||department|of the|Cantal|he|he invoked|his|patron|under|the|name|of|Saint|Chébachtien His godfather and godmother had baptized him Sébastien; but, since he was a native of Frognac-lès-Mauriac, in the Cantal department, he invoked his patron under the name of Saint Chébachtien. Tout porte à croire qu’il aurait écrit son prénom par un Ch; mais heureusement il ne savait pas écrire. All|it leads|to|to believe|that he|he would have|written|his|first name|with|a|Ch|but|fortunately|he|not|he knew||to write Everything suggests that he would have written his name with a Ch; but fortunately, he did not know how to write. Cet enfant de l’Auvergne était âgé de vingt-trois ou vinet-quatre ans, et bâti comme un hercule: grand, gros, trapu, ossu, corsu, haut en couleur; fort comme un bœuf de labour, doux et facile à mener comme un petit agneau blanc. |||||||||||||||||геракл||||||||||||||тягловый скот|||||||||| This|child|of|Auvergne|he was|aged|of|||or|||years|and|built|like|a|Hercules|tall|big|stocky|bony|muscular|high|in|color|strong|like|a||of|work|gentle|and|easy|to|to lead|like|a|little|lamb|white This child of Auvergne was twenty-three or twenty-four years old, and built like a Hercules: tall, big, stocky, bony, muscular, colorful; strong as a draft ox, gentle and easy to lead like a little white lamb. Imaginez la plus solide pâte d’homme, la plus grossière et la meilleure. Imagine|the|most|solid|mass|of man|the|most|coarse|and|the|best Imagine the most solid human dough, the coarsest and the best. Il était l’aîné de dix enfants, garçons et filles, tous vivants, bien portants et grouillants sous le toit paternel. ||||||||||||||копошащихся|||| It|he was|the eldest|of|ten|children|boys|and|girls|all|living|well|healthy|and|bustling|under|the|roof|paternal He was the eldest of ten children, boys and girls, all alive, healthy, and bustling under the parental roof. Son père avait une cabane, un bout de champ, quelques châtaigniers dans 1» montagne, une demi-douzaine de cochons, bon an mal an, et deux bras pour piocher la terre. His|father|he had|a|cabin|a|piece|of|field|some|chestnut trees|in|mountain|a|||of|pigs|good|year|bad|year|and|two|arms|to|to dig|the|earth His father had a cabin, a piece of field, a few chestnut trees in the mountains, half a dozen pigs, year in and year out, and two arms to till the land. La mère filait du chanvre, les petits garçons aidaient au père, les petites avaient soin du ménage et s’élevaient les unes les autres, l’aînée servant de bonne à la cadette et ainsi de suite jusqu’au bas de l’échelle. The|mother|she spun|some|hemp|the|little|boys|they helped|to the|father|the|little|they had|care|of the|household|and|they raised|the|each|the|others|the eldest|serving|as|maid|to|the|youngest|and|thus|of|following||bottom|of|the ladder The mother spun hemp, the little boys helped the father, the little girls took care of the household and raised each other, the eldest serving as a maid to the youngest and so on down the line. Le jeune Sébastien ne brilla jamais par l’intelligence, ni par la mémoire, ni par aucun don de l’esprit; mais il avait du cœur à revendre, On lui apprit quelques chapitres du catéchisme, comme on enseigne aux merles à siffler J’ai du bon tabac; mais il eut et conserva toujours les sentiments les plus chrétiens. The|young|Sébastien|not|he shone|ever|by|intelligence|nor|by|the|memory|nor|by|any|gift|of|the mind|but|he|he had|some||to|spare|We|to him|we taught|some|chapters|of the|catechism|as|we|we teach|to the|blackbirds|to|to whistle|I have|some|good|tobacco|but|he|he had|and|he kept|always|the|feelings|the|most|Christian Young Sébastien never shone in intelligence, memory, or any gift of the mind; but he had a heart to spare. He was taught a few chapters of the catechism, just as one teaches blackbirds to whistle 'I have good tobacco'; but he always had and retained the most Christian feelings. Jamais il n’abusa de sa force contre les gens ni contre les bêtes; il évitait les querelles et recevait bien souvent des taloches sans les rendre. Never|he|he did not abuse|of|his|strength|against|the|people|nor|against|the|animals|he|he avoided|the|quarrels|and|he received|quite|often|some|slaps|without|them|to return He never abused his strength against people or animals; he avoided quarrels and often received slaps without retaliating. Si M. le sous-préfet de Mauriac avait oulu lui faire donner une médaille d’argent, il n’aurait eu qu’à écrire à Paris; car Sébastien sauva plusieurs personnes au péril de sa vie, et notamment deux gendarmes qui se noyaient avec leurg chevaux dans le torrent de la Saumaise. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||поток Саумез||| If|Mr|the|||of|Mauriac|he had|wanted|to him|to give|to give|a|medal|of silver|he|he would not have|had|but to|to write|to|Paris|because|Sébastien|he saved|several|people|at the|peril|of|his|life|and|notably|two|gendarmes|who|themselves|they were drowning|with|their|horses|in|the|torrent|of|the|Saumaise If Mr. the sub-prefect of Mauriac had wanted to award him a silver medal, he would only have had to write to Paris; for Sébastien saved several people at the risk of his life, notably two gendarmes who were drowning with their horses in the torrent of the Saumaise. Mais on trouvait ces choses-là toutes naturelles j attendu qu’il les faisait d’instinct, et l’on ne songeait pas plus à le récompenser que r j"à eût été un chien de TerreNeuve. |||||||||||||||||думали о||||||||||||||| But|we|we found|these|||all|natural|I|considering|that he|them|he did|instinctively|and|we|not|we thought|not|more|to|him|to reward|as|if|I|to|had|been|a|dog|of|Newfoundland But people found these things quite natural since he did them instinctively, and no one thought to reward him any more than if he had been a Newfoundland dog. A l’âge de vingt ans, il satisfit à la loi et tira un bon numéro, grâce à une neuvaine qu’il avait faite en famille. ||||||||||||||||||девятидневная молитва||||| At|the age|of|twenty|years|he|he satisfied|to|the|law|and|he drew|a|good|number|thanks|to|a|novena|that he|he had|made|in|family At the age of twenty, he complied with the law and drew a good number, thanks to a novena he had made with his family. Après quoi, il résolut de s’en aller à Paris, suivant les us et coutumes de l’Auvergne, pour gagner un peu d’argent blanc et venir en aide à ses père et mère. After|what|he|he resolved|to|to leave|to go|to|Paris|following|the|customs|and|traditions|of|Auvergne|to|to earn|a|little|money|white|and|to come|in|help|to|his|father|and|mother After that, he decided to go to Paris, following the customs and traditions of Auvergne, to earn a little money and help his parents. On lui donna un costume de velours et vingt francs, qui sont encore une somme dans l’arrondissement de Mauriac, et il profita de l’occasion d’un camarade qui savait le chemin de Paris. We|to him|we gave|a|suit|of|velvet|and|twenty|francs|which|they are|still|a|sum|in|the district|of|Mauriac|and|he|he took advantage|of|the opportunity|of a|comrade|who|he knew|the|way|to|Paris He was given a velvet suit and twenty francs, which is still a sum in the Mauriac district, and he took the opportunity of a friend who knew the way to Paris. Il fit la route à pied, en dix jours, et arriva frais et dispos avec douze francs cinquante dans la poche et ses souliers neufs à la main. He|He made|the|journey|on|foot|in|ten|days|and|he arrived|fresh|and|ready|with|twelve|francs|fifty|in|the|pocket|and|his|shoes|new|in|the|hand He walked the route in ten days and arrived fresh and ready with twelve francs fifty in his pocket and his new shoes in hand.

Deux jours après, il roulait un tonneau dans le faubourg Saint-Germain en compagnie d’un autre camarade qui ne pouvait plus monter les Escaliers parce qu’il s’était donné un effort. Two|days|after|he|he was rolling|a|barrel|in|the|suburb|||in|company|of a|other|comrade|who|not|he could|anymore|to climb|the|Stairs|because|that he|he had|given|a|effort Two days later, he was rolling a barrel in the Saint-Germain suburb in the company of another friend who could no longer climb the stairs because he had overexerted himself. Il fut, pour prix de ses peines, logé, couché, nourri et blanchi à raison d’une chemise par mois, sans compter qu’on lui donnait trente sous par semaine pour faire le garçon. He was, in return for his troubles, housed, fed, and given laundry service for the price of a shirt per month, not to mention that he was given thirty sous per week to act as a servant. Sur ses économies, il acheta, au bout de l’année, un tonneau d’occasion et s’établit à son compte. With his savings, he bought a second-hand barrel at the end of the year and started his own business. Il réussit au delà de toute espérance. He succeeded beyond all expectations. Sa poliesse naïve, sa complaisance infatigable et sa frobité bien connue lui concilièrent les bonnes grâces de tout le quartier. His naive politeness, his tireless willingness to please, and his well-known honesty won him the favor of the entire neighborhood. De deux mille marches d’escalier qu’il montait et descendait tous les jours, il s’éleva graduellement à sept mille. Of|two|thousand|steps|of stairs|that he|he climbed|and|he descended|all|the|days|he|he rose|gradually|to|seven|thousand From two thousand steps of stairs that he climbed and descended every day, he gradually rose to seven thousand. Aussi envoyait-il jusqu’à soixante francs par mois aux bonnes gens de Frognac. So|||up to|sixty|francs|per|month|to the|good|people|of|Frognac He also sent up to sixty francs a month to the good people of Frognac. La famille bénissait son nom et le recommandait à Dieu soir et malin dans ses prières; les petits garçons avaient des culottes neuves, et il ne s’agissait de rien moins que d’envoyer les deux derniers 5 l’école! ||благословляла||||||||||||||||||||||||||||||||| The|family|it blessed|its|name|and|it|it recommended|to|God|evening|and|morning|in|its|prayers|the|small|boys|they had|some|trousers|new|and|it|not|it was a matter|of|anything|less|than|to send|the|two|last|to school The family blessed his name and recommended him to God morning and evening in their prayers; the little boys had new trousers, and it was nothing less than sending the last two to school! L’auteur de tous ces biens n’avait rien changé à sa manière de vivre; il couchait à côté de son tonneau sous une remise, et renouvelait quatre fois par an la paille de son lit. |||||||||||||||||||бочка|||||||||||||| The author|of|all|these|goods|he had|nothing|changed|to|his|way|of|living|he|he slept|next|to the side|of|his|barrel|under|a|shed|and|he renewed|four|times|per|year|the|straw|of|his|bed The author of all these goods had changed nothing in his way of living; he slept next to his barrel under a shed, and renewed the straw of his bed four times a year. Le costume de velours était plus rapiécé qu’un habit d’arlequin. ||||||залатанный||| The|suit|of|velvet|it was|more|patched|than a|outfit|of Harlequin The velvet suit was more patched than a harlequin's outfit. En vérité, sa toilette eût coûté bien peu de chose sans les maudits souliers, qui usaient tous les mois un kilogramme de clous. ||||||||||||проклятые|||||||||| In|truth|his|attire|it would have|cost|very|little|of|things|without|the|cursed|shoes|which|they wore out|all|the|months|a|kilogram|of|nails In truth, his attire would have cost very little without the cursed shoes, which wore out a kilogram of nails every month. Ses dépenses de table étaient les seules sur lesquelles il ne lésinât point. His|expenses|of|table|they were|the|only|on|which|he|not|he was stingy|at all His dining expenses were the only ones on which he did not skimp. Il s’octroyait sans marchander quatre livres de pain par jour. He|he granted himself|without|bargaining|four|pounds|of|bread|per|day He allowed himself without bargaining four pounds of bread per day. Quelquefois même il régalait son estomac d’un morceau de fromage ou d’un oignon, ou d’une demi-douzaine de pommes achetées au tas sur le pont Neuf. Sometimes|even|he|he delighted|his|stomach|with a|piece|of|cheese|or|with a|onion|or|with a|||of|apples|bought|at the|heap|on|the|bridge|New Sometimes he even treated his stomach to a piece of cheese or an onion, or half a dozen apples bought from the heap on the Pont Neuf. Les dimanches et fêtes, il affrontait la soupe et le bœuf, et s’en léchait les doigts toute la semaine. The|Sundays|and|holidays|he|he faced|the|soup|and|the||and|himself|he licked|the|fingers|all|the|week On Sundays and holidays, he faced soup and beef, and licked his fingers all week. Mais il était trop bon fils et trop bon frère pour s’aventurer jusqu’au verre de vin. But|he|he was|too|good|son|and|too|good|brother|to|to venture|up to the|glass|of|wine But he was too good a son and too good a brother to venture as far as a glass of wine. « Le vin, l’amour et le tabac » étaient pour lui des denrées fabuleuses; il ne les connaissait que de réputation. ||||||||||||||||||репутация The|wine|love|and|the|tobacco|they were|for|him|some|goods|fabulous|he|not|them|he knew|only|by|reputation "Wine, love, and tobacco" were for him fabulous goods; he only knew them by reputation. A plus forte raison ignoraitil les plaisirs du théâtre, si chers aux ouvriers de Paris. To|more|strong|reason|he was ignoring it|the|pleasures|of the|theater|so|dear|to the|workers|of|Paris All the more so, he was unaware of the pleasures of the theater, which were so dear to the workers of Paris. Mou gaillard aimait mieux se coucher gratis à sept heures que d’applaudir M. Dumaine pour dix sous. |бодрый парень||||||||||||||| Our|fellow|he liked|better|himself|to lie down|for free|at|seven|hours|than|to applaud|Mr|Dumaine|for|ten|cents Mou gaillard preferred to lie down for free at seven o'clock rather than applaud Mr. Dumaine for ten cents. Tel était au physique et au moral l’homme que M. Berm’er héla dans la rue de Beaune pour qu’il vint prêter de sa peau à M. L’Ambert. |||||||||||позвал||||||||||||||| Such|he was|in the|physical|and|in the|moral|the man|that|Mr|Berm'er|he called|in|the|street|of|Beaune|to|that he|he came|to lend|of|his|skin|to|Mr|L'Ambert Such was the physical and moral man that Mr. Berm'er hailed in the rue de Beaune to come lend his skin to Mr. L'Ambert. Les gens de la maison, avertis, l’introduisirent en hâte. ||||||||в спешке The|people|of|the|house|warned|they introduced him|in|haste The people of the house, alerted, hurriedly introduced him. Il s’avança timidement, le chapeau à la main, levant les pieds aussi haut qu’il pouvait, et n’osant les reposer sur le tapis. It|he stepped forward|timidly|the|hat|in|the|hand|lifting|the|feet|as|high||he could|and|not daring|them|to put back|on|the|carpet He stepped forward timidly, hat in hand, lifting his feet as high as he could, and not daring to put them back on the carpet. L’orage du matin l’avait crotté jusqu’aux aisselles. ||||||подмышки The storm|of the|morning|it had|caked||armpits The morning storm had muddied him up to his armpits. — Chi ch’est pour de l’eau, dit-il en saluant le docteur, je... This|it's|for|some|water|||while|greeting|the|doctor|I — Who's this for water, he said while greeting the doctor, I... M. Bernier lui coupa la parole. Mr|Bernier|to him|he cut|the|word Mr. Bernier interrupted him.

— Non, mon garçon : il ne s’agit pas de votre commerce. No|my|boy|it|not|it is about|not|of|your|business — No, my boy: it's not about your business. — Alors, mouchu, ch’est donc pour auchtre choge? So|my dear|it's|then|for|other|thing — So, sir, is it for something else? — Pour une tout autre chose. For|a|all|other|thing — For something completely different. Monsieur que voici a eu le nez coupé ce matin. Sir|whom|here|he has|had|the|nose|cut|this|morning This gentleman here had his nose cut off this morning.

— Ah! Ah — Ah! chaprichti, le pauvre homme l Et qui est-che qui lui a fait cha? goodness|the|poor|man|it|And|who|||who|to him|has|done|that Goodness, the poor man! And who did this to him?

— Un Turc; mais il n’importe. A|Turk|but|it|it doesn't matter — A Turk; but it doesn't matter. — Un chauvage! A|savage — A savage! On m’avait bien dit que les Turcs étaient des chauvages; mais je ne chavais pas qu’on les iaichait venir à Paris. We|we had|well|said|that|the|Turks|they were|some|savages|but|I|not|I knew|not|that we|them|we were inviting|to come|to|Paris I had been told that the Turks were uncouth; but I didn't know they were being brought to Paris. Attendez cheulement un peu; je vas charcher le chargent de ville. ||||||||заряд городского|| Wait|just|a|little|I|I will|I will look for|the|mayor|of|city Just wait a moment; I will go look for the city council.

M. Bernier arrêta cet élan de zèle du digne Auvergnat et lui expliqua en peu de mots le service qu’on attendait de lui. Mr|Bernier|he stopped|this|momentum|of|zeal|of the|worthy|Auvergnat|and|to him|he explained|in|few|of|words|the|service|that we|we were expecting|from|him Mr. Bernier stopped this surge of enthusiasm from the worthy Auvergnat and briefly explained the service that was expected of him. Il crut d’abord qu’on se moquait, car on peut être un excellent porteur d’eau et n’avoir aucune notion de rhinoplastie. He|he believed|at first|that we|ourselves|we were mocking|because|one|we can|to be|an|excellent|bearer|of water|and|to have|any|notion|of|rhinoplasty At first, he thought they were joking, because one can be an excellent water carrier and have no knowledge of rhinoplasty. Le docteur lui fit comprendre qu’on voulait lui acheter un mois de son temps et environ cent cinquante centimètres carrés de sa peau. The|doctor|to him|he made|to understand|that we|we wanted|to him|to buy|a|month|of|his|time|and|about|hundred|fifty|centimeters|square|of|his|skin The doctor made him understand that they wanted to buy a month of his time and about one hundred and fifty square centimeters of his skin. — L’opération n’est rien, lui dit-il, et vous n’avez que-fort peu à souffrir; mais je vous préviens qu’il vous faudra énormément de patience pour rester immobile un mois durant, le bras cousu au nez de monsieur. The operation|it is not|anything|to him|he said||and|you|you have|only|very|little|to|to suffer|but|I|you|I warn|that it|you|it will be necessary|enormously|of|patience|to|to remain|immobile|a|month|during|the|arm|sewn|to the|nose|of|sir — The operation is nothing, he told him, and you will have very little to suffer; but I warn you that you will need an enormous amount of patience to remain still for a month, with your arm sewn to the nose of the gentleman. — De la pacliienche, répondit-il, j’en ai de redite; ch’est pas pour rien qu’on est Oubergnat. Of|the|patience|he replied||I have|I have|of|repeated|it's|not|for|nothing|that we|we are|Oubergnat — As for patience, he replied, I have plenty of it; it's not for nothing that we are Oubergnat. Mais chi je pâche un mois chez vous pour rendre cherviche à che pauvre homme, il faudra me payer mon temps che qu’il vaut. But|if|I|I spend|a|month|with|you|to|to give back|service|to|that|poor|man|it|it will be necessary|to me|to pay|my|time|at|what|it is worth But if I spend a month with you to help this poor man, you will have to pay me for my time as it is worth. — Bien entendu. Of course|understood — Of course. Combien voulez-vous? How much|you want| How much do you want? Il médita un instant et dit: He|he meditated|a|moment|and|he said He pondered for a moment and said:

— Non, mon ami, reprit le notaire : cela vaut mille francs pour le mois, ou trente-trois francs par journée. No|my|friend|he replied|the|notary|that|it is worth|thousand|francs|for|the|month|or|||francs|per|day — No, my friend, the notary replied: it is worth a thousand francs for the month, or thirty-three francs per day.

M. L’Ambert inclina la tète et ne fit point d’objection. |||||||||возражений Mr|L'Ambert|he inclined|the|head|and|not|he made|any|of objection Mr. L'Ambert nodded and made no objection. Romagné demanda la permission de finir sa journée, de ramener son tonneau sous la remise et de chercher un remplaçant pour un mois. Romagné|he asked|the|permission|to|to finish|his|day|to|to bring back|his|barrel|under|the|shed|and|to|to look for|a|replacement|for|a|month Romagné asked for permission to finish his day, to bring his barrel under the shed, and to find a replacement for a month.

— Du rechte, disait-il, che n’est pas la peine de commencher aujourd’hui, pour une demi-journée. Of the|right|||that|it is not|not|the|trouble|to|to start|today|for|a|| — You're right, he said, it's not worth starting today for just half a day. On lui prouva que la chose était urgente, et il prit ses mesures en conséquence. We|to him|we proved|that|the|thing|it was|urgent|and|he|he took|his|measures|in|consequence They proved to him that the matter was urgent, and he took his measures accordingly. Un de ses amis fut mandé et promit de le suppléer durant un mois. |||||вызван|||||||| One|of|his|friends|he was|summoned|and|he promised|to|him|to substitute|during|a|month One of his friends was summoned and promised to take over for a month.

Il supporta l’opération comme un brave, sans sourciller. He|he endured|the operation|like|a|brave|without|flinching He endured the operation like a brave man, without flinching. — Cli’est uu plaigir, disait-il. It's|a|a pleasure|| — It's a pleasure, he said. On m’a parlé d’un Oubergnat de mon pays qui eue faigeait pétrifier dans une chourche à vingt chous Pheure. We|to me|spoken|of a|Oubergnat|of|my|country|who|he had|he was making|to petrify|in|a|cauldron|at|twenty|pieces|per hour I was told about a Oubergnat from my country who could petrify in a chourche at twenty chous per hour. J’aime mieux me faire couper par morcheaux. I like|better|myself|to have|cut|by|pieces I prefer to be cut into pieces. Ch’est moins achujettichant, et cha rapporte pluche. ||менее утомительно|||| It's|less|annoying|and|it|it brings|more It's less annoying, and it brings in more. M. Bernier lui cousit le bras gauche au visage du notaire, et ces deux bommes restèrent, un mois durant, enchaînés l’un à l’autre. Mr|Bernier|to him|he sewed|the|arm|left|to the|face|of the|notary|and|these|two|men|they remained|a|month|during|chained|one|to|the other Mr. Bernier sewed the left arm to the face of the notary, and these two men remained chained to each other for a month. Les deux frères siamois qui amusèrent jadis la curiosité de l’Europe n’étaient pas plus indissolubles. The|two|brothers|Siamese|who|they amused|once|the|curiosity|of|Europe|they were not||more|indissoluble The two Siamese brothers who once amused the curiosity of Europe were not more inseparable. Mais ils étaient frères, accoutumés à se supporter dès l’enfance, et ils avaient reçu la même éducation. But|they|they were|brothers|accustomed|to|themselves|to support|from|childhood|and|they|they had|received|the|same|education But they were brothers, accustomed to supporting each other since childhood, and they had received the same education. Si l’un avait été porteur d’eau et l’autre notaire, peut-être auraient-ils donné le spectacle d’une amitié moins fraternelle. If|one|he had|been|water carrier|of water|and|the other|notary|||||given|the|spectacle|of a|friendship|less|fraternal If one had been a water carrier and the other a notary, perhaps they would have displayed a friendship less fraternal. Romagné ne se plaignit jamais de rien, quoique la situation lui parût tout à fait nouvelle. Romagné|not|himself|he complained|never|of|anything|although|the|situation|to him|it seemed|all|to|quite|new Romagné never complained about anything, although the situation seemed completely new to him. 11 obéit en esclave, ou mieux, 'en chrétien, à toutes les volontés de l’homme qui avait acheté sa peau. he obeyed|as|slave|or|better|as|Christian|to|all|the|wills|of|the man|who|he had|bought|his|skin He obeyed like a slave, or rather, 'like a Christian, to all the whims of the man who had bought his skin. Il se levait, s’asseyait, se couchait, se tournait àdroite et à gauche, selon le caprice de son seigneur. He|himself|he was getting up|he was sitting down|himself|he was lying down|himself|he was turning||and|to|left|according to|the|whim|of|his|lord He stood up, sat down, lay down, turned right and left, according to the whims of his master. L’aiguille aimantée n’est pas plus soumise au pôle nord que Roinagué n’était soumis à M. L’Ambert. Магнитная стрелка||||||||||||||| The needle|magnetic|it is not|not|more|submissive|to the|pole|north|than|Roinagué|he was|submissive|to|Mr|L'Ambert The magnetic needle is not more submissive to the north pole than Roinagué was submissive to Mr. L'Ambert. Cette héroïque mansuétude toucha le cœur du notaire, qui pourtant n’était pas tendre. This|heroic|leniency|it touched|the||of the|notary|who|however|he was not|not|tender This heroic leniency touched the heart of the notary, who was not tender. Pendant trois jours, il eut une sorte de reconnaissance pour les bons soins de sa victime; mais il ne tarda guère à le prendre en dégoût, cuis en lorreur. For|three|days|he|he had|a|sort|of|gratitude|for|the|good|care|of|his|victim|but|he|not|he took long|much|to|it|to take|in|disgust|thus|in|horror For three days, he felt a sort of gratitude for the good care of his victim; but he soon grew disgusted with him, cooking in horror.

Un homme jeune, actif et bien portant ne s’accoutume jamais sans effort à l’immobilité absolue. A|man|young|active|and|well|built|he|he gets used|never|without|effort|to|immobility|absolute A young, active, and healthy man never gets used to absolute immobility without effort. Qu’est-ce donc lorsqu’il doit rester immobile dans le voisinage d’un être inférieur, malpropre et sans éducation? ||then|when he|he must|to remain|motionless|in|the|vicinity|of a|being|inferior|dirty|and|without|education What is it then when he must remain still in the presence of an inferior, unclean, and uneducated being? Mais le sort en était jeté. But|the|fate|in|it was|cast But the die was cast. H fallait ou vivre sans nez ou supporter l’Auvergnat avec toutes ses conséquences, manger avec lui, dormir avec lui, accomplir auprès de lui, et dans la situation la plus incommode, toutes les fonctions de la vie. |||||||||||||||||||выполнять рядом с|||||||||||||||| We|it was necessary|or|to live|without|nose|or|to endure|the Auvergnat|with|all|his|consequences|to eat|with|him|to sleep|with|him|to fulfill|with|of|him|and|in|the|situation|the|most|uncomfortable|all|the|functions|of|the|life One had to either live without a nose or endure the Auvergnat with all its consequences, eat with him, sleep with him, perform all the functions of life with him, even in the most uncomfortable situation. Romagné était un digne et excellent jeune homme; mais il ronflait comme un orgue. Romagné|he was|a|worthy|and|excellent|young|man|but|he|he snored|like|an|organ Romagné was a worthy and excellent young man; but he snored like an organ. Il adorait sa famille, il aimait son prochain; mais il ne s’était jamais baigné de sa vie, de peur d’user en vain la marchandise. He|he adored|his|family|he|he loved|his|neighbor|but|he|not|himself it was|ever|bathed|in|his|life|of|fear|of using|in|vain|the|merchandise He adored his family, he loved his neighbor; but he had never bathed in his life, for fear of wasting the merchandise. Il avait les sentiments les plus délicats du monde; mais il ne savait pas s’imposer les contraintes les plus élémentaires que la civilisation nous recommande. He|he had|the|feelings|the|most|delicate|of the|world|but|he|not|he knew|not|to impose on himself|the|constraints|the|most|elementary|that|the|civilization|to us|it recommends He had the most delicate feelings in the world; but he did not know how to impose on himself the most basic constraints that civilization recommends. Pauvre M. L’Ambert! Poor|Mr|L'Ambert Poor Mr. L'Ambert! et pauvre Romagné! and|poor|Romagné and poor Romagné! quelles nuits et quelles journées! what|nights|and|what|days what nights and what days! quels coups de pied donnés et reçus ! what|blows|of|foot|given|and|received What kicks were given and received! Inutile de dire que Romagné les reçut sans se plaindre: il craignait qu’un faux mouvement ne fit manquer l’expérience de M. Bernier. Useless|to|to say|that|Romagné|them|he received|without|himself|to complain|he|he feared|that a|false|movement|not|it would make|to miss|the experience|of|Mr|Bernier Needless to say, Romagné received them without complaining: he feared that a wrong move would ruin Mr. Bernier's experiment. Le notaire recevait bon nombre de visites. The|notary|he was receiving|many|number|of|visits The notary received a good number of visits. Il lui vint des compagnons de plaisir qui s’amusèrent de l’Auvergnat. He|to him|he came|some|companions|of|pleasure|who|they had fun|with|the Auvergnat He had some companions of pleasure who amused themselves with the Auvergnat. On lui apprit à fumer des cigares, à boire du vin et de l’eau-de-vie. We|to him|we taught|to|to smoke|some|cigars|to|to drink|some|wine|and|of||| He was taught to smoke cigars, to drink wine and brandy. Le pauvre diable s’abandonnait à ces plaisirs nouveaux avec la naïveté d’un Peau-Rouge. The|poor|devil|he was surrendering|to|these|pleasures|new|with|the|naivety|of a|| The poor devil surrendered to these new pleasures with the naivety of a Native American. On le grisa, on le soûla, on lui fit descendre tous les échelons qui séparent l’homme de là brute. ||||||||||||ступени деградации|||||| We|him|we got him drunk|we|him|we got him intoxicated|we|to him|we made|to descend|all|the|rungs|that|separate|man|from|that|brute They got him drunk, they intoxicated him, they made him descend all the rungs that separate man from the brute. C’était une éducation à refaire; les beaux messieurs y prirent un plaisir cruel. It was|a|education|to|redo|the|fine|gentlemen|in it|they took|a|pleasure|cruel It was an education to be redone; the fine gentlemen took cruel pleasure in it. N’était-il pas agréable et nouveau de démoraliser un Auvergnat? Wasn't|it|not|pleasant|and|new|to|to demoralize|a|Auvergnat Wasn't it pleasant and new to demoralize an Auvergnat? Certain jour, on lui demanda comment il pensait employer les cent louis de M. L’Ambert lorsqu’il aurait fini de les gagner: Some|day|we|to him|we asked|how|he|he thought|to use|the|hundred|louis|of|Mr|L'Ambert||he would have|finished|to|them|to earn One day, he was asked how he planned to use the hundred louis from Mr. L'Ambert once he had finished earning them: — Je les placherai à chinq pour chent, répondit-il, et j’aurai chent francs de rente. I|them|I will place|at|five|for|hundred|||and|I will have|hundred|francs|of|income — I will invest them at five percent, he replied, and I will have five francs of income. — Et après? And|after — And then? lui dit un joli millionnaire de vingt-cinq ans. to him|he says|a|nice|millionaire|of|||years said a handsome millionaire of twenty-five. En seras-tu plus riche? In it|||more|rich Will you be richer? en seras-tu plus heureux? in it|||more|happy Will you be happier? Tu auras six sous de rente par jour ! You|you will have|six|pennies|of|income|per|day You will have six pennies of income per day! Si tu te maries, et c’est inévitable, car tu es du bois dont on fait les imbéciles, tu auras douze enfants, pour le moins. If|you|yourself|you marry|and|it's|inevitable|because|you|you are|of the|wood|of which|we|we make|the|fools|you|you will have|twelve|children|for|the|least If you get married, and it's inevitable, because you are made of the wood that fools are made of, you will have at least twelve children. — Clia, ch’est possible ! Clia|it's| — Clia, is that possible! — Et, en vertu du Code civil, qui est une jolie invention de l’Empire, tu leur laisseras à chacun deux liards à manger par jour. And|in|virtue|of the|Code|civil|which|it is|a|nice|invention|of|the Empire|you|to them|you will leave|to|each|two|pennies|to|to eat|per|day — And, under the Civil Code, which is a nice invention of the Empire, you will leave each of them two pennies to eat per day. Tandis qu’avec deux mille francs tu peux vivre un mois comme un riche, connaître les plaisirs de la vie et t’élever au-dessus de tes pareils! While|with|two|thousand|francs|you|you can|live|a|month|like|a|rich|to know|the|pleasures|of|the|life|and|to elevate yourself|||of|your|peers Whereas with two thousand francs you can live a month like a rich person, experience the pleasures of life, and elevate yourself above your peers! Il se défendait comme un beau diable contre ces tentatives de corruption; mais on frappa tant de petits coups répétés sur son crâne épais, qu’on ouvrit un passage aux idées fausses, et le cerveau fut entamé. It|himself|he was defending|like|a|handsome|devil|against|these|attempts|of|corruption|but|we|we struck|so many|of|small|blows|repeated|on|his|skull|thick|that we|we opened|a|passage|to the|ideas|false|and|the|brain|it was|damaged He defended himself like a beautiful devil against these attempts at corruption; but so many small repeated blows were struck on his thick skull that a passage was opened for false ideas, and his brain was affected. Les dames vinrent aussi. ||пришли| The|ladies|they came|also The ladies also came. M. L’Ambert en connaissait beaucoup, et de tous les mondes. Mr|L'Ambert|him|he knew|many|and|of|all|the|worlds Mr. L'Ambert knew many of them, from all walks of life. Romagné assista aux scènes les plus diverses ; il entendit des protestations d’amour et de fidélité qui manquaient de vraisemblance. Romagné|he attended|to the|scenes|the|most|diverse|he|he heard|some|protestations|of love|and|of|fidelity|which|they lacked|of|plausibility Romagné witnessed the most diverse scenes; he heard declarations of love and fidelity that lacked plausibility. Non-seulement M. L’Ambert ne se privait pas de mentirîichement devant lui; mais il s’amusait quelquefois à lui montrer dans le tète-à-tête toutes les faussetés qui sont, pour ainsi dire, le canevas de la vie élégante. ||Mr|L'Ambert|not|himself|he deprived|not|from|lying|in front of|him|but|he|he amused himself|sometimes|to|him|to show|in|the||||all|the|falsehoods|which|they are|for|so|to say|the|canvas|of|the|life|elegant Not only did Mr. L'Ambert not hesitate to lie shamelessly in front of him; but he sometimes amused himself by showing him in their one-on-one conversations all the falsehoods that are, so to speak, the fabric of elegant life. Et le monde des affaires! And|the|world|of the|business And the business world! Romagné crut le découvrir comme Christophe Colomb, car il n’en avait aucune idée. Romagné|he believed|it|to discover|like|Christopher|Columbus|because|he|of it|he had|any|idea Romagné thought he was discovering it like Christopher Columbus, for he had no idea about it. Les clients de l’étude ne se gênaient pas plus devant lui qu’on ne se prive de parler en présence d’une douzaine d’huîtres. The|clients|of|the firm|not|themselves|they bothered|not|more|in front of|him|as one|not|oneself|we deprive|from|to speak|in|presence|of a|dozen|of oysters The clients of the firm were no more restrained in front of him than one is when speaking in the presence of a dozen oysters. Il vit des pères de famille qui cherchaient les moyens de dépouiller légalement leurs fils au profit d’une maîtresse ou d’une bonne œuvre; des jeunes gens à marier qui étudiaient l’art de voler par contrat la dot de leur femme; des prêteurs qui voulaient dix pour cent sur première hypothèque, des emprunteurs qui donnaient hypothèque sur le néant! He saw fathers who were looking for ways to legally strip their sons of their inheritance for the benefit of a mistress or a good cause; young men to be married who were studying the art of contractually stealing their wife's dowry; lenders who wanted ten percent on first mortgage, borrowers who mortgaged nothing! II n’avait point d’esprit, et son intelligence n’était pas de beaucoup supérieure à celle des caniches; mais sa conscience se révolta quelquefois. He had no wit, and his intelligence was not much superior to that of poodles; but his conscience sometimes revolted. 11 crut bien faire, un jour, en disant à M. L’Ambert: He thought he was doing well one day by saying to Mr. L'Ambert: — Vous n’avez pas mon echtime. — You do not have my esteem. Et la répugnance que le notaire avait pour lui se changea en haine déclarée. ||отвращение||||||||||| And|the|repugnance|that|the|notary|he had|for|him|itself|it changed|into|hatred|declared And the notary's repugnance for him turned into open hatred.

— Tiens, scélérat! Here|scoundrel — Here, scoundrel! L’argent n’est rien; tu m’as fait dépenser pour cent mille écus de patience. Money|it is not|anything|you|you have|made|to spend|for|hundred|thousand|écus|of|patience Money is nothing; you made me spend a hundred thousand crowns of patience. Va-t’en, sors d’ici pour toujours, et fais en sorte que je n’entende jamais parler de toi! ||get out|from here|for|always|and|make|in|such a way|that|I|I do not hear|ever|to speak|of|you Go away, get out of here forever, and make sure I never hear about you again! Romagné remercia fièrement, but une bouteille à l’office, deux petits verres avec Singuet et s’en alla titubant vers son ancien domicile. Romagné|he thanked|proudly|he drank|a|bottle|at|the office|two|small|glasses|with|Singuet|and|himself|he went|staggering|towards|his|former|home Romagné proudly thanked, drank a bottle at the office, had two small glasses with Singuet, and stumbled away towards his former home.

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