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Les mots de l'actualité, VICTOIRE À LA PYRRHUS   2010-09-30

VICTOIRE À LA PYRRHUS 2010-09-30

« Victoire à la Pyrrhus pour Chavez » C'est en ces termes qu'on a pu annoncer dans différents médias, et notamment sur RFI la victoire d'Hugo Chavez lors de la dernière consultation qui a eu lieu au Venezuela. Ce n'est pas le seul commentaire qui a été fait sur le résultat de ce scrutin, mais celui-ci mérite quelques explications : on parle de victoire à la Pyrrhus quand on évoque une victoire… mais chèrement acquise, et même trop chèrement acquise. C'est-à-dire qu'il s'agit d'une victoire au lendemain de laquelle on se demande dans quel état est le parti qui l'a emporté. On emploie donc souvent cette expression pour indiquer que les vainqueurs sont presque sur le flanc, exsangues, en tout cas en mauvaise position. Comme si la victoire leur avait coûté tant d'efforts qu'ils étaient très mal en point après l'avoir arrachée. Mais pourquoi une victoire à la Pyrrhus ? La référence nous replonge dans l'histoire romaine. Pyrrhus était roi d'Epire. L'expression, en français, a fait rire des générations de lycéens, et pourtant c'est bien comme cela que s'appelait cette région qui correspond en gros au nord de la Grèce côtière et au sud de l'Albanie. Pyrrhus était donc un monarque assez puissant et fort ambitieux, au IIIe siècle avant Jésus Christ. Quelques dizaines d'années auparavant Philippe de Macédoine puis son fils Alexandre ont développé une très grande puissance à partir de leur royaume de Macédoine. Mais comme cela arrive souvent dans ce genre de cas, l'empire s'effrite, et survit difficilement à ceux qui l'ont établi. Grâce à ces fragilités, Pyrrhus accroit sa puissance et étend son pouvoir. La ville de Tarente qui aimerait bien s'attaquer à Rome demande son appui, et il sent là une occasion de devenir peut-être un grand conquérant. Il arrive donc avec son armée en Italie, et s'oppose aux Romains. Quelques succès de départ l'amènent à une bataille plus décisive, celle d'Ausculum. On dit que les Romains y auraient perdu 6.000 hommes, et Pyrrhus 3.000. Victoire chèrement payée donc. Et la légende fait dire à Pyrrhus qui n'est pas sans lucidité : « Encore une victoire comme celle-ci, et nous sommes perdus ! On sait ce qu'il en est des mots historiques : tous ne sont pas vrais. Il faut aussi se rappeler que cette histoire nous est parvenue grâce aux historiens romains, qui, même quelques siècles plus tard, voulaient peut-être minimiser leur défaite. Mais l'expression est passée en proverbe pour dire qu'un succès a occasionné trop de pertes proportionnellement à ce qu'il a rapporté, et que peut-être, on aurait mieux fait d'éviter l'affrontement : c'est une victoire à double tranchant ! Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.


VICTOIRE À LA PYRRHUS   2010-09-30 PYRRHIC VICTORY 2010-09-30 VITTORIA DI PIRRO 2010-09-30

« Victoire à la Pyrrhus pour Chavez » C'est en ces termes qu'on a pu annoncer dans différents médias, et notamment sur RFI la victoire d'Hugo Chavez lors de la dernière consultation qui a eu lieu au Venezuela. Ce n'est pas le seul commentaire qui a été fait sur le résultat de ce scrutin, mais celui-ci mérite quelques explications : on parle de victoire à la Pyrrhus quand on évoque une victoire… mais chèrement acquise, et même trop chèrement acquise. C'est-à-dire qu'il s'agit d'une victoire au lendemain de laquelle on se demande dans quel état est le parti qui l'a emporté. On emploie donc souvent cette expression pour indiquer que les vainqueurs sont presque sur le flanc, exsangues, en tout cas en mauvaise position. Comme si la victoire leur avait coûté tant d'efforts qu'ils étaient très mal en point après l'avoir arrachée. Mais pourquoi une victoire à la Pyrrhus ? La référence nous replonge dans l'histoire romaine. Pyrrhus était roi d'Epire. L'expression, en français, a fait rire des générations de lycéens, et pourtant c'est bien comme cela que s'appelait cette région qui correspond en gros au nord de la Grèce côtière et au sud de l'Albanie. Pyrrhus était donc un monarque assez puissant et fort ambitieux, au  IIIe siècle avant Jésus Christ. Quelques dizaines d'années auparavant Philippe de Macédoine puis son fils Alexandre ont développé une très grande puissance à partir de leur royaume de Macédoine. Mais comme cela arrive souvent dans ce genre de cas, l'empire s'effrite, et survit difficilement à ceux qui l'ont établi. Grâce à ces fragilités, Pyrrhus accroit sa puissance et étend son pouvoir. La ville de Tarente qui aimerait bien s'attaquer à Rome demande son appui, et il sent là une occasion de devenir peut-être un grand conquérant. Il arrive donc avec son armée en Italie, et s'oppose aux Romains. Quelques succès de départ l'amènent à une bataille plus décisive, celle d'Ausculum. On dit que les Romains y auraient perdu 6.000 hommes, et Pyrrhus 3.000. Victoire chèrement payée donc. Et la légende fait dire à Pyrrhus qui n'est pas sans lucidité : « Encore une victoire comme celle-ci, et nous sommes perdus ! On sait ce qu'il en est des mots historiques : tous ne sont pas vrais. Il faut aussi se rappeler que cette histoire nous est parvenue grâce aux historiens romains, qui, même quelques siècles plus tard, voulaient peut-être minimiser leur défaite. Mais l'expression est passée en proverbe pour dire qu'un succès a occasionné trop de pertes proportionnellement à ce qu'il a rapporté, et que peut-être, on aurait mieux fait d'éviter l'affrontement : c'est une victoire à double tranchant ! Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.