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Les mots de l'actualité, PORTEFEUILLE   2010-11-16

PORTEFEUILLE 2010-11-16

Le léger changement gouvernemental qui a marqué le début de la semaine en France a fait couler beaucoup d'encre et de salive. Et comme d'habitude dans ces cas-là, on utilise un certain nombre d'images toute faites, de façons de parler un peu figées. Parce que c'est la mode, et qu'on y est tous plus ou moins soumis, même on s'en défend, même si on lutte contre cette invasion. Mais aussi parce qu'il est agréable pour les journalistes et les commentateurs d'avoir à leur disposition quelques synonymes : cela évite trop de répétitions, et cela donne l'impression d'un vocabulaire plus riche, même si c'est souvent illusoire.

Ainsi pour cette nouvelle donne des postes ministériels, de quoi parle-t-on ? Parfois on parle du fauteuil qu'un ministre a perdu, retrouvé, échangé contre un autre. Et le fauteuil évoque la place, la mission. Confortable, assez prestigieux, signe d'importance et de pouvoir, le fauteuil évoque volontiers la fonction ministérielle. Le fauteuil et pas le siège . Ce n'est nullement une question d'assise ou de surface qui font préférer un terme à l'autre. Mais le siège évoque toujours la représentation populaire, et le mandat électif : on a un siège quand on est élu, notamment quand on est député. Mais on n'est pas élu ministre : on est nommé, par le premier ministre, en accord avec le président de la République (même si on peut parfois considérer que le président nomme les ministres et impose ses choix au premier d'entre eux).

Mais plus encore que de fauteuil, on parle de portefeuille pour désigner non seulement la fonction du ministre, mais le contenu de sa responsabilité : Bruno Lemaire a eu le portefeuille de l'Agriculture, et Juppé celui de la Défense. Christine Lagarde garde le portefeuille du Budget. Ce sens est devenu si courant qu'on peut même parfois parler d'un ministre sans portefeuille à propos de celui qui exerce cette fonction et a ce titre, sans avoir d'affectation précise. Ne croyons donc pas que parler du portefeuille du budget soit un pléonasme : on ne dit pas deux fois la même chose. Pourquoi portefeuille ? Le sens le plus répandu du mot désigne le petit étui en cuir ou en plastique qu'on porte sur soi pour ranger de l'argent, des papiers d'identité, quelques documents importants. Et on met ça dans sa poche ou dans son sac ! Mais ce sens est relativement récent : le portefeuille se répand au XIXe siècle. Auparavant le mot désignait un objet bien plus grand, plutôt un cartable, un porte-document, ce qu'on appelle parfois aussi une serviette. Mais l'objet semblait riche et luxueux, au point qu'on l'a progressivement associé à une fonction de pouvoir : dès le XVIIIe siècle, on utilise le mot pour parler d'une fonction ministérielle.

Ce portefeuille est donc au départ un carton double, recouvert en général de tissu ou de peau. Et justement on appelle maroquin une peau tannée et traitée pour recouvrir un livre ou un dossier. Et on est là dans la famille de la maroquinerie . Ce type de savoir-faire est en effet arrivé en Europe d'Afrique du Nord, ce qui explique cette référence au Maroc. Et le maroquin est donc devenu synonyme du portefeuille ministériel.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.


PORTEFEUILLE   2010-11-16 PORTFOLIO 2010-11-16 PORTFOLIO 2010-11-16 PORTEFEUILLE 2010-11-16 作品集 2010-11-16

Le léger changement gouvernemental qui a marqué le début de la semaine en France a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Et comme d’habitude dans ces cas-là, on utilise un certain nombre d’images toute faites, de façons de parler un peu figées. Parce que c’est la mode, et qu’on y est tous plus ou moins soumis, même on s’en défend, même si on lutte contre cette invasion. Тому що це мода, і ми всі більшою чи меншою мірою піддаємося їй, навіть якщо ми захищаємося від неї, навіть якщо ми боремося проти цієї навали. Mais aussi parce qu’il est agréable pour les journalistes et les commentateurs d’avoir à leur disposition quelques synonymes : cela évite trop de répétitions, et cela donne l’impression d’un vocabulaire plus riche, même si c’est souvent illusoire.

Ainsi pour cette nouvelle donne des postes ministériels, de quoi parle-t-on ? Parfois on parle du fauteuil qu’un ministre a perdu, retrouvé, échangé contre un autre. Et le fauteuil évoque la place, la mission. Confortable, assez prestigieux, signe d’importance et de pouvoir, le fauteuil évoque volontiers la fonction ministérielle. Le fauteuil et pas le siège . Ce n’est nullement une question d’assise ou de surface qui font préférer un terme à l’autre. Mais le siège évoque toujours la représentation populaire, et le mandat électif : on a un siège quand on est élu, notamment quand on est député. Mais on n’est pas élu ministre : on est nommé, par le premier ministre, en accord avec le président de la République (même si on peut parfois considérer que le président nomme les ministres et impose ses choix au premier d’entre eux).

Mais plus encore que de fauteuil, on parle de portefeuille pour désigner non seulement la fonction du ministre, mais le contenu de sa responsabilité : Bruno Lemaire a eu le portefeuille de l’Agriculture, et Juppé celui de la Défense. Christine Lagarde garde le portefeuille du Budget. Ce sens est devenu si courant qu’on peut même parfois parler d’un ministre sans portefeuille à propos de celui qui exerce cette fonction et a ce titre, sans avoir d’affectation précise. Ne croyons donc pas que parler du portefeuille du budget soit un pléonasme : on ne dit pas deux fois la même chose. Pourquoi portefeuille ? Le sens le plus répandu du mot désigne le petit étui en cuir ou en plastique qu’on porte sur soi pour ranger de l’argent, des papiers d’identité, quelques documents importants. Et on met ça dans sa poche ou dans son sac ! Mais ce sens est relativement récent : le portefeuille se répand au XIXe siècle. Auparavant le mot  désignait un objet bien plus grand, plutôt un cartable, un porte-document, ce qu’on appelle parfois aussi une serviette. Mais l’objet semblait riche et luxueux, au point qu’on l’a progressivement associé à une fonction de pouvoir : dès le XVIIIe siècle, on utilise le mot pour parler d’une fonction ministérielle.

Ce portefeuille est donc au départ un carton double, recouvert en général de tissu ou de peau. Et justement on appelle maroquin une peau tannée et traitée pour recouvrir un livre ou un dossier. Maroquin is the name given to leather that has been tanned and treated to cover a book or file. Et on est là dans la famille de la maroquinerie . Ce type de savoir-faire est en effet arrivé en Europe d’Afrique du Nord, ce qui explique cette référence au Maroc. Et le maroquin est donc devenu synonyme du portefeuille ministériel.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l’Actualité d’Yvan Amar.