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Les mots de l'actualité, NÉBULEUSE   2010-01-05

NÉBULEUSE 2010-01-05

On s'inquiète pour les deux journalistes français enlevés en Afghanistan, et on sait bien d'ailleurs que les déclarations de porte-paroles des Talibans, qui nient avoir participé à cet enlèvement, ne sont pas forcément rassurantes. En effet, ceux qui s'expriment là ne représentent pas tous les Talibans, qui sont disséminés, et qui s'organisent en de nombreux groupes différents. C'est ce qu'on appelle une nébuleuse ! On entend par là que les Talibans afghans n'appartiennent pas tous à une seule structure, ils n'obéissent pas tous à un seul commandement. Au contraire, il y a comme une atomisation de petites unités qui semblent avoir les mêmes principes, mais ne s'intègrent pas dans une hiérarchie. Bien au contraire, ils sont souvent en rivalité et se définissent par rapport à des intérêts locaux. Certains regroupements disparaissent, d'autres fusionnent, d'autres naissent. Tout ça donne donc une situation dans laquelle on s'oriente mal. D'ailleurs on utilise souvent le même mot dans des circonstances un peu analogues. Par exemple on entend constamment parler de la nébuleuse Al-Qaïda. Dans les années 70, les groupes d'extrême-gauche issus ou dopés par les événements de mai 1968 étaient nombreux, indépendants les uns des autres, se scindant et se regroupant en fonction des affinités, des hasards, des stratégies de chacun. C'était un petit peu comme un kaléidoscope dont les figures se recomposent en fonction de la façon dont on le fait tourner. Et c'était bien l'inverse du parti communiste, très puissant à l'époque et très cadré, organisé, centralisé. Pour évoquer ce tissage imprécis, on parlait aussi souvent de mouvance, ce qui accentue l'idée d'une masse informe mais changeante. Mais ce dernier mot était plus usité encore lorsque les mouvements étaient presque inexistants, mobiles comme les individus qui s'y accrochaient : mouvance situationniste, mouvance autonomiste, mouvance anarchiste. La nébuleuse est une métaphore d'astronome qui évoque à la fois le flou et le multiple. En effet le mot évoque le nuage, la brume, le brouillard. On l'emploie pour désigner un ensemble d'étoiles innombrables. On pense, par exemple, à la nébuleuse d'Andromède. Tout ça bien sûr est vu de la terre, et parfois on a peine à distinguer des objets célestes précis dans un fouillis de deux cents millions d'étoiles qui se mêlent plus ou moins. Il s'agit en fait de masses énormes, mais elles sont tellement lointaines qu'elles semblent minuscules, qu'on les voie à l'œil nu ou au microscope. Et d'autres part, la structure de ces agrégats de matière est très diverse, solide ou gazeuse, ce qui en rajoute dans l'impression de limite vague : où finit l'un ? Où commence l'autre ? Il n'est pas toujours facile de le déterminer. C'est bien pour ça qu'on parle de nébuleuse. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


NÉBULEUSE   2010-01-05 NEBULA 2010-01-05

On s'inquiète pour les deux journalistes français enlevés en Afghanistan, et on sait bien d'ailleurs que les déclarations de porte-paroles des Talibans, qui nient avoir participé à cet enlèvement, ne sont pas forcément rassurantes. En effet, ceux qui s'expriment là ne représentent pas tous les Talibans, qui sont disséminés, et qui s'organisent en de nombreux groupes différents. C'est ce qu'on appelle une nébuleuse ! On entend par là que les Talibans afghans n'appartiennent pas tous à une seule structure, ils n'obéissent pas tous à un seul commandement. Au contraire, il y a comme une atomisation de petites unités qui semblent avoir les mêmes principes, mais ne s'intègrent pas dans une hiérarchie. Bien au contraire, ils sont souvent en rivalité et se définissent par rapport à des intérêts locaux. Certains regroupements disparaissent, d'autres fusionnent, d'autres naissent. Tout ça donne donc une situation dans laquelle on s'oriente mal. D'ailleurs on utilise souvent le même mot dans des circonstances un peu analogues. Par exemple on entend constamment parler de la nébuleuse Al-Qaïda. Dans les années 70, les groupes d'extrême-gauche issus ou dopés par les événements de mai 1968 étaient nombreux, indépendants les uns des autres, se scindant et se regroupant en fonction des affinités, des hasards, des stratégies de chacun. C'était un petit peu comme un kaléidoscope dont les figures se recomposent en fonction de la façon dont on le fait tourner. Et c'était bien l'inverse du parti communiste, très puissant à l'époque et très cadré, organisé, centralisé. Pour évoquer ce tissage imprécis, on parlait aussi souvent de mouvance, ce qui accentue l'idée d'une masse informe mais changeante. Mais ce dernier mot était plus usité encore lorsque les mouvements étaient presque inexistants, mobiles comme les individus qui s'y accrochaient : mouvance situationniste, mouvance autonomiste, mouvance anarchiste. La nébuleuse est une métaphore d'astronome qui évoque à la fois le flou et le multiple. En effet le mot évoque le nuage, la brume, le brouillard. On l'emploie pour désigner un ensemble d'étoiles innombrables. On pense, par exemple, à la nébuleuse d'Andromède. Tout ça bien sûr est vu de la terre, et parfois on a peine à distinguer des objets célestes précis dans un fouillis de deux cents millions d'étoiles qui se mêlent plus ou moins. Il s'agit en fait de masses énormes, mais elles sont tellement lointaines qu'elles semblent minuscules, qu'on les voie à l'œil nu ou au microscope. Et d'autres part, la structure de ces agrégats de matière est très diverse, solide ou gazeuse, ce qui en rajoute dans l'impression de limite vague : où finit l'un ? Où commence l'autre ? Il n'est pas toujours facile de le déterminer. C'est bien pour ça qu'on parle de nébuleuse. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/