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Les mots de l'actualité, INDÉSIRABLE   2010-06-08

INDÉSIRABLE 2010-06-08

Omar El Béchir, qui est chef d'État soudanais, a été déclaré indésirable au sommet de l'Union africaine qui va se tenir en Ouganda ! Récente information dont le sens est que Omar El Béchir n'a pas été invité à ce sommet : on ne veut pas de lui ! On s'arrange, donc, pour qu'il n'y soit pas. Le sens du mot n'est pas dur à comprendre : indésirable , c'est-à-dire qu'on ne peut désirer. On peut dire également qu'il n'est pas bienvenu. Tout cela pour dire, quelles que soient les formes qu'on y mette, que l'accès vous est interdit, lorsque vous êtes indésirable quelque part. On voit bien que le mot vient d'un langage diplomatique, où l'on sait dire les choses avec les formes, sans en avoir l'air. Indésirable, n'est-ce pas charmant ? On ne vous désire pas, un point c'est tout. On ne désire pas votre présence. À noter que dans le cas contraire, on ne saurait employer l'inverse de l'adjectif : Vous n'êtes pas désirable quand vous êtes bienvenu. Ce mot existe, mais avec un écho plus amoureux et plus sensuel : on est désirable quand on donne envie, quand on excite le désir.

Mais alors comment dit-on, dans ce fameux langage diplomatique, quand quelqu'un est bienvenu ? Justement, on a une expression tout spécialement créée pour exprimer cela : persona grata . La formule n'est pas ancienne du tout, elle date de 1890…. cent vingt ans, c'est la jeunesse dans le monde des mots ! Littéralement, cela signifie : personne à qui on réserve un bon accueil, et de façon officielle. Il s'agit donc d'accueillir un étranger, avec honneur, surtout s'il représente son pays, s'il est en mission officielle, appartenant à une délégation diplomatique. On précise donc bien qu'on lui fait confiance, qu'on ne le considère ni comme un espion, ni comme quelqu'un qui serait animé de mauvaises intentions. Mais ces choses peuvent changer. La persona grata peut devenir, parfois, indésirable. Et pour l'exprimer, on va utiliser l'origine de la locution. Elle est latine, et on va garder un souvenir de la grammaire latine. Bien sûr, on peut dire que quelqu'un n'est pas persona grata – c'est usuel d'ailleurs. Mais on peut dire aussi qu'il persona non grata , en gardant la négation à la latine. Cuistrerie ? Disons plutôt que c'est un usage de ce monde un peu précieux qui est celui des ambassades. Quittons cette langue pour une autre qui est davantage celle de la police, du moins au départ : on peut aussi parler de celui qui est interdit de séjour . C'est-à-dire qu'on n'en veut pas dans une certaine région, une ville, ou même un quartier. Il le sait, on lui a signifié, et s'il brave l'interdit, il s'expose à être expulsé, ou sanctionné. L'expression est plus radicale, mais on a même plus argotique : tricard . Un « vrai » mot d'argot, si tant est que cette langue accepte ce genre de qualificatif – mais en fait plus elle fleurit dans l'impur et le mélange, plus on prétendra qu'il existe une version plus authentique, plus vraie que les autres. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.


INDÉSIRABLE   2010-06-08 UNWANTED 2010-06-08

Omar El Béchir, qui est chef d'État soudanais, a été déclaré indésirable au sommet de l'Union africaine qui va se tenir en Ouganda ! Récente information dont le sens est que Omar El Béchir n'a pas été invité à ce sommet : on ne veut pas de lui ! On s'arrange, donc, pour qu'il n'y soit pas. Le sens du mot n'est pas dur à comprendre : indésirable , c'est-à-dire qu'on ne peut désirer. On peut dire également qu'il n'est pas bienvenu. Tout cela pour dire, quelles que soient les formes qu'on y mette, que l'accès vous est interdit, lorsque vous êtes indésirable quelque part. On voit bien que le mot vient d'un langage diplomatique, où l'on sait dire les choses avec les formes, sans en avoir l'air. Indésirable, n'est-ce pas charmant ? On ne vous désire pas, un point c'est tout. On ne désire pas votre présence. À noter que dans le cas contraire, on ne saurait employer l'inverse de l'adjectif : Vous n'êtes pas désirable quand vous êtes bienvenu. Ce mot existe, mais avec un écho plus amoureux et plus sensuel : on est désirable quand on donne envie, quand on excite le désir.

Mais alors comment dit-on, dans ce fameux langage diplomatique, quand quelqu'un est bienvenu ? Justement, on a une expression tout spécialement créée pour exprimer cela : persona grata . La formule n'est pas ancienne du tout, elle date de 1890…. cent vingt ans, c'est la jeunesse dans le monde des mots ! Littéralement, cela signifie : personne à qui on réserve un bon accueil, et de façon officielle. Il s'agit donc d'accueillir un étranger, avec honneur, surtout s'il représente son pays, s'il est en mission officielle, appartenant à une délégation diplomatique. On précise donc bien qu'on lui fait confiance, qu'on ne le considère ni comme un espion, ni comme quelqu'un qui serait animé de mauvaises intentions. Mais ces choses peuvent changer. La persona grata peut devenir, parfois, indésirable. Et pour l'exprimer, on va utiliser l'origine de la locution. Elle est latine, et on va garder un souvenir de la grammaire latine. Bien sûr, on peut dire que quelqu'un n'est pas persona grata – c'est usuel d'ailleurs. Mais on peut dire aussi qu'il persona non grata , en gardant la négation à la latine. Cuistrerie ? Disons plutôt que c'est un usage de ce monde un peu précieux qui est celui des ambassades. Quittons cette langue pour une autre qui est davantage celle de la police, du moins au départ : on peut aussi parler de celui qui est interdit de séjour . C'est-à-dire qu'on n'en veut pas dans une certaine région, une ville, ou même un quartier. Il le sait, on lui a signifié, et s'il brave l'interdit, il s'expose à être expulsé, ou sanctionné. L'expression est plus radicale, mais on a même plus argotique : tricard . Un « vrai » mot d'argot, si tant est que cette langue accepte ce genre de qualificatif – mais en fait plus elle fleurit dans l'impur et le mélange, plus on prétendra qu'il existe une version plus authentique, plus vraie que les autres. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.