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Les mots de l'actualité, GOUVERNANCE   2010-03-31

GOUVERNANCE 2010-03-31

Nicolas Sarkozy à Washington s'entretient avec Barak Obama. De quoi ? Oh ! Les sujets ne manquent pas. Et parmi eux, la gouvernance, la gouvernance mondiale : l'une des problématiques au menu de leurs discussions, d'après le site de RFI. Mais il faut dire que le mot a été mis à l'honneur par le président français lors de la conférence qu'il a donné à l'université de Columbia, puisqu'il a plaidé pour une nouvelle gouvernance , et que le mot a été mis en rapport avec une régulation du système capitaliste. Mais il semble que le terme commence à se faire une place dans le vocabulaire politique international, ce qui est assez récent. Il n'est pourtant pas nouveau, mais jusqu'à récemment, on l'employait surtout dans un contexte africain. Gouvernance apparaît déjà en ancien français, mais pratiquement comme synonyme de gouvernement : c'est donc le fait de gouverner. Cela ramène donc à deux significations différentes, abstraite d'abord, concrète ensuite. Il s'agit du fait de gouverner, puis de l'institution qui gouverne : les hommes, les services, l'organisation du pouvoir. Et le mot se spécialise d'ailleurs, dans un français fort ancien, pour désigner des baillages, des administrations provinciales du nord de la France : en Artois et en Flandre. Cet usage, bien longtemps après, se retrouve en Afrique de l'Ouest, et surtout au Sénégal, sous l'impulsion du président Senghor. Mais on aurait tort de n'y voir qu'une importation d'un vieux mot français ; cela correspond à une certaine créativité linguistique qui va avec cette nouveauté des indépendances : il faut nommer de nouvelles réalités qui apparaissent. On parle donc de primature , pour désigner l'autorité, puis les services du premier ministre, en s'appuyant sur le mot primat qui contient cette idée de « premier ». Et on parle de gouvernance pour la fonction du gouverneur, et même parfois pour le bâtiment qui abrite ses bureaux.

Mais le sens du mot va dériver : la gouvernance n'est plus seulement le fait de gouverner, mais plus encore la façon de le faire. On n'est pas loin donc d'un style de gouvernement ce qui fait qu'on parlera de plus en plus de bonne gouvernance. L'expression est toujours positive, en même temps qu'elle est souvent utopique ! Il s'agit d'une façon de gouverner démocratique, qui ne cède pas aux séductions du pouvoir absolu, arbitraire, solitaire. Comme on sait que la plupart des pays d'Afrique ont connu dans les premiers temps des indépendances des pouvoirs forts et qui s'accommodaient mal de la concurrence, de la libre expression, de la coexistence des sensibilités ; la bonne gouvernance a souvent représenté une image d'un pouvoir vertueux, équitable et efficace qu'on appelait de ses vœux faute de l'observer au quotidien. Le mot fait partie des discours qui en réclament davantage de pratiques démocratiques en Afrique.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


GOUVERNANCE   2010-03-31 GOVERNANCE 2010-03-31 GOVERNAÇÃO 2010-03-31

Nicolas Sarkozy à Washington s'entretient avec Barak Obama. De quoi ? Oh ! Les sujets ne manquent pas. Et parmi eux, la gouvernance, la gouvernance mondiale : l'une des problématiques au menu de leurs discussions, d'après le site de RFI. Mais il faut dire que le mot a été mis à l'honneur par le président français lors de la conférence qu'il a donné à l'université de Columbia, puisqu'il a plaidé pour une nouvelle gouvernance , et que le mot a été mis en rapport avec une régulation du système capitaliste. Mais il semble que le terme commence à se faire une place dans le vocabulaire politique international, ce qui est assez récent. Il n'est pourtant pas nouveau, mais jusqu'à récemment, on l'employait surtout dans un contexte africain. Gouvernance apparaît déjà en ancien français, mais pratiquement comme synonyme de gouvernement : c'est donc le fait de gouverner. Cela ramène donc à deux significations différentes, abstraite d'abord, concrète ensuite. Il s'agit du fait de gouverner, puis de l'institution qui gouverne : les hommes, les services, l'organisation du pouvoir. Et le mot se spécialise d'ailleurs, dans un français fort ancien, pour désigner des baillages, des administrations provinciales du nord de la France : en Artois et en Flandre. Cet usage, bien longtemps après, se retrouve en Afrique de l'Ouest, et surtout au Sénégal, sous l'impulsion du président Senghor. Mais on aurait tort de n'y voir qu'une importation d'un vieux mot français ; cela correspond à une certaine créativité linguistique qui va avec cette nouveauté des indépendances : il faut nommer de nouvelles réalités qui apparaissent. On parle donc de primature , pour désigner l'autorité, puis les services du premier ministre, en s'appuyant sur le mot primat qui contient cette idée de « premier ». Et on parle de gouvernance pour la fonction du gouverneur, et même parfois pour le bâtiment qui abrite ses bureaux.

Mais le sens du mot va dériver : la gouvernance n'est plus seulement le fait de gouverner, mais plus encore la façon de le faire. On n'est pas loin donc d'un style de gouvernement ce qui fait qu'on parlera de plus en plus de bonne gouvernance. L'expression est toujours positive, en même temps qu'elle est souvent utopique ! Il s'agit d'une façon de gouverner démocratique, qui ne cède pas aux séductions du pouvoir absolu, arbitraire, solitaire. Comme on sait que la plupart des pays d'Afrique ont connu dans les premiers temps des indépendances des pouvoirs forts et qui s'accommodaient mal de la concurrence, de la libre expression, de la coexistence des sensibilités ; la bonne gouvernance a souvent représenté une image d'un pouvoir vertueux, équitable et efficace qu'on appelait de ses vœux faute de l'observer au quotidien. Le mot fait partie des discours qui en réclament davantage de pratiques démocratiques en Afrique.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/