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Les mots de l'actualité, GENTRIFICATION   2010-01-06

GENTRIFICATION 2010-01-06

La gentrification est un mot qui est en train de passer, petit à petit, dans la langue courante, même si au départ, il appartenait au vocabulaire spécialisé de la sociologie. Il n'apparaît encore ni dans le Robert, ni dans le Larousse millésimés 2010, mais on le voit apparaître fréquemment dans la presse, on l'entend dans les médias audiovisuels, et dans les conversations, de plus en plus souvent. D'ailleurs, l'apparence et l'orthographe de ce mot sont tout à fait conformes aux habitudes du français. Son sens est simple et on peut le dire synonyme d'embourgeoisement, dans un emploi particulier, lié à l'urbanisme. On parle de gentrification lorsqu'un quartier voit sa population se modifier, devenir plus aisée. Le secteur se « gentrifie ». La structure du mot est éclairante si l'on connaît le sens de ce radical gentry , qui en anglais désigne la petite noblesse. Un mot un peu désuet, qui s'appliquait davantage à l'Angleterre d'antan, mais n'oublions pas que le Royaume-Uni est comme son nom l'indique une monarchie ; cette gentry est encore là. La gentrification est-elle alors une invasion massive de nobliaux ? N'exagérons pas, mais on emploie le mot lorsqu'un quartier devient plus huppé, que son apparence et son image se transforment. La métamorphose peut être d'ailleurs assez profonde, et c'est ce qui s'est produit dans certaines capitales occidentales ces dernières décennies. Les villes ne sont pas extensibles, deviennent de plus en plus désirées et les quartiers jadis populaires sont investis par une bourgeoisie qui a de l'argent. Les loyers, comme le prix du mètre carré augmentent, les commerces changent d'enseignes, les vieilles bâtisses son réhabilitées, et toute une partie de l'ancienne population se retrouve chassée par une implacable logique économique. Ce phénomène s'est parfois produit dans des lieux lointainement aristocratiques, et pourtant déclassés par l'histoire. Le Marais à Paris est parsemé de demeures somptueuses et d'hôtels particuliers construits pour la noblesse aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il était devenu jusqu'aux années 70-80 bourdonnant d'activités, industrieux, mais souvent délabré. Depuis, la plupart des ateliers qui y étaient aménagés sont redevenus appartements d'habitation. Leur lustre n'est pas celui qu'ils avaient il y a deux siècles, mais il correspond à la bourgeoisie d'aujourd'hui. La même chose s'est produite dans des quartiers industriels. Les petites usines, les entrepôts, les maisons d'artisans n'ont plus vraiment leur place au centre de Paris : trop petits, trop mal pratiques pour ces activités de transformation ou de production. En revanche extrêmement séduisants pour ceux qui ont les moyens de les acheter, de les rendre confortables, et de leur conserver souvent une originalité qui les démarque de l'habitat bourgeois traditionnel. On a donc le luxe et l'excentricité. On parle de gentrification, on parle même de boboïsation. C'est-à-dire que le quartier est envahi par des « bourgeois-bohèmes » qui profitent des libéralités du système tout en tâchant de conserver un décalage libertaire par rapport à la norme sociale. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


GENTRIFICATION   2010-01-06 GENTRIFIZIERUNG 2010-01-06 GENTRIFICATION 2010-01-06 GENTRIFICAZIONE 2010-01-06

La gentrification est un mot qui est en train de passer, petit à petit, dans la langue courante, même si au départ, il appartenait au vocabulaire spécialisé de la sociologie. Il n'apparaît encore ni dans le Robert, ni dans le Larousse millésimés 2010, mais on le voit apparaître fréquemment dans la presse, on l'entend dans les médias audiovisuels, et dans les conversations, de plus en plus souvent. D'ailleurs, l'apparence et l'orthographe de ce mot sont tout à fait conformes aux habitudes du français. Son sens est simple et on peut le dire synonyme d'embourgeoisement,  dans un emploi particulier, lié à l'urbanisme. On parle de gentrification lorsqu'un quartier voit sa population se modifier, devenir plus aisée. Le secteur se « gentrifie ». La structure du mot est éclairante si l'on connaît le sens de ce radical gentry , qui en anglais désigne la petite noblesse. Un mot un peu désuet, qui s'appliquait davantage à l'Angleterre d'antan, mais n'oublions pas que le Royaume-Uni est comme son nom l'indique une monarchie ; cette gentry est encore là. La gentrification est-elle alors une invasion massive de nobliaux ? N'exagérons pas, mais on emploie le mot lorsqu'un quartier devient plus huppé, que son apparence et son image se transforment. La métamorphose peut être d'ailleurs assez profonde, et c'est ce qui s'est produit dans certaines capitales occidentales ces dernières décennies. Les villes ne sont pas extensibles, deviennent de plus en plus désirées et les quartiers jadis populaires sont investis par une bourgeoisie qui a de l'argent. Les loyers, comme le prix du mètre carré augmentent, les commerces changent d'enseignes, les vieilles bâtisses son réhabilitées, et toute une partie de l'ancienne population se retrouve chassée par une implacable logique économique. Ce phénomène s'est parfois produit dans des lieux lointainement aristocratiques, et pourtant déclassés par l'histoire. Le Marais à Paris est parsemé de demeures somptueuses et d'hôtels particuliers construits pour la noblesse aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il était devenu jusqu'aux années 70-80 bourdonnant d'activités, industrieux, mais souvent délabré. Depuis, la plupart des ateliers qui y étaient aménagés sont redevenus appartements d'habitation. Leur lustre n'est pas celui qu'ils avaient il y a deux siècles, mais il correspond à la bourgeoisie d'aujourd'hui. La même chose s'est produite dans des quartiers industriels. Les petites usines, les entrepôts, les maisons d'artisans n'ont plus vraiment leur place au centre de Paris : trop petits, trop mal pratiques pour ces activités de transformation ou de production. En revanche extrêmement séduisants pour ceux qui ont les moyens de les acheter, de les rendre confortables, et de leur conserver souvent une originalité qui les démarque de l'habitat bourgeois traditionnel. On a donc le luxe et l'excentricité. On parle de gentrification, on parle même de boboïsation. C'est-à-dire que le quartier est envahi par des « bourgeois-bohèmes » qui profitent des libéralités du système tout en tâchant de conserver un décalage libertaire par rapport à la norme sociale. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/