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Les Aventures de Pinocchio, Chapitre 27

Chapitre 27

Grosse bagarre entre la marionnette et ses camarades d'école. L'un d'eux ayant été blessé, Pinocchio est arrêté par les gendarmes. Dés qu'il fut sur la plage, Pinocchio inspecta l'océan mais ne vit aucun requin. C'était une mer d'huile dont la surface brillait comme un miroir. - Le Requin, où est-il ? – demanda la marionnette en se tournant vers ses petits camarades.

- ll sera parti déjeuner – répondit l'un d'eux en riant. - Ou alors il fait la sieste – ajouta un autre en s'esclaffant encore plus fort. Ces réponses bizarres, ces rires niais conduisirent Pinocchio à penser que ses copains lui avaient fait une farce en lui racontant des sornettes. D'une voix fâchée, il leur dit : - Et maintenant, dites-moi pour quelle raison vous m'avez raconté cette histoire idiote de requin ? - Pour une bonne raison – répondirent en chœur tous ces petits polissons.

- Laquelle ?

- Te faire manquer l'école en t'attirant ici. Tu devrais avoir honte d'être toujours à l'heure en classe et de travailler autant. - Et si je veux étudier, moi, qu'est-ce que cela peut vous faire ? - Cela nous fait beaucoup parce que, à cause de toi, on est mal vu par le maître.

- A cause de moi ? Pourquoi donc ?

- Parce que les écoliers assidus comme toi font toujours de l'ombre à ceux qui, comme nous, n'ont pas envie de travailler. Et nous, nous ne voulons pas être considérés comme des moins que rien. Nous avons, nous aussi, notre amour-propre.

- Qu'est-ce que je dois faire pour que vous soyez contents? - Tu dois te désintéresser de l'école, des leçons et du maître, nos trois grands ennemis. - Et si je veux continuer à étudier ?

- On ne te parlera plus et, à la première occasion, tu nous le paieras.

- Vous me faites bien rire ! – rétorqua la marionnette en les défiant d'un mouvement de tête. - Ca suffit, Pinocchio ! – menaça alors le plus grand des garnements – Arrête de faire le fanfaron et de jouer les petits coqs ! Si tu n'as pas peur de nous, nous n'avons pas peur de toi. N'oublie pas que tu es tout seul et que nous sommes sept. - Ouais, comme les sept péchés capitaux – lança Pinocchio en éclatant de rire.

- Vous avez entendu ? Il nous a insultés ! Il nous a traités de péchés capitaux !

- Pinocchio, demande pardon ! Sinon, gare à toi !

- Coucou, je suis là ! – fit la marionnette en se tapotant le nez avec le doigt pour se moquer d'eux. - Pinocchio, ça va mal finir !

- Coucou !

- On te battra comme plâtre !

- Coucou !

Coucou !

- Tu vas rentrer chez toi le nez en compote !

- Coucou !

- Je vais t'en donner du coucou, moi – hurla le plus hardi des gamins – En attendant, prends toujours cet acompte et garde-le au chaud pour ton dîner de ce soir. Et il lui décocha un coup de poing en pleine figure.

Comme il fallait s'y attendre, la marionnette répondit du tac au tac en frappant à son tour son agresseur et la bagarre devint générale Bien qu'il fut seul contre tous, Pinocchio se montrait héroïque. Pour tenir à distance ses ennemis, il se servait avec dextérité de ses pieds en bois qui étaient très durs. Et quand il faisait mouche, il laissait toujours un bleu en souvenir.

Les garçons, dépités de ne pas pouvoir se mesurer au corps à corps avec la marionnette, imaginèrent alors de lui envoyer des projectiles. Défaisant leurs ballots de livres, ils se mirent à lui lancer à la figure abécédaires et grammaires, les « Contes » de Thouar et le « Poussin » de Madame Baccini, toutes sortes de manuels scolaires que Pinocchio, qui était vif et dégourdi, évitait en baissant la tête si bien que, passant au-dessus de lui, les livres finissaient tous dans la mer.

Quant aux poissons, croyant que ces bouquins étaient de la nourriture, ils accouraient à la surface de l'eau par bancs entiers. Mais après avoir attrapé une page ou une couverture, ils la recrachaient aussitôt avec une mine de dégoût comme pour dire : « Ces trucs-là ne sont pas pour nous. Ce que l'on mange d'habitude est bien meilleur ! Alors que le combat s'intensifiait, un grand crabe, sorti des fonds marins et qui s'était hissé pesamment sur le rivage, cria aux écoliers d'une voix éraillée de trombone enrhumé : - Arrêtez, petits drôles ! Ces pugilats finissent toujours mal. A chaque fois un malheur arrive !

Pauvre crabe ! C'est comme s'il avait prêché dans le désert. Même ce benêt de Pinocchio le regarda de travers et lui lança fort peu aimablement :

- La ferme, espèce de raseur ! Tu ferais mieux de sucer deux pastilles de lichen pour guérir ton rhume. Va donc te mettre au lit et attraper une bonne suée !

Au même moment les écoliers, qui avaient épuisé leurs propres stocks de livres, repérèrent ceux de la marionnette qui traînaient non loin d'eux et s'en emparèrent en un clin d'œil. Parmi ces livres, il y avait un volume relié avec du carton épais et du parchemin au dos et aux angles. C'était un traité d'arithmétique qui pesait des tonnes. L'un des gamins attrapa le livre, visa la tête de Pinocchio et le lança de toutes ses forces. Mais au lieu de toucher la marionnette, le traité d'arithmétique rencontra la tempe d'un autre gosse et le garçon, blanc comme un linge, s'effondra sur le sable en hurlant : - Maman, au secours ! Je meurs...

A la vue du gisant, les enfants, effrayés, détalèrent à toutes jambes et disparurent

Attristé et paralysé par la peur, Pinocchio fut le seul à rester. Il parvint néanmoins à aller tremper son mouchoir dans l'eau pour rafraîchir le front de son camarade d'école. Pleurant à chaudes larmes, il l'appelait par son nom et le suppliait : - Eugène, mon pauvre Eugène ! Ouvre les yeux, regarde-moi ! Pourquoi tu ne réponds pas ? Ce n'est pas moi, tu sais, qui t'ai fait mal ! Crois-moi, ce n'est pas de ma faute ! Ouvre les yeux, Eugène ! Ouvre-les, sinon je vais mourir moi aussi... Oh, mon Dieu ! Comment je vais faire pour rentrer à la maison ? Comment trouver le courage de me montrer à ma chère maman ? Que vais-je devenir ?

Où m'enfuir ? Où me cacher ? Oh ! J'aurais bien mieux fait d'aller à l'école ! Pourquoi donc ai-je écouté mes camarades ? A cause d'eux, je suis damné. Pourtant, le maître me l'avait bien dit, et aussi ma maman : « Méfie-toi des mauvais camarades ! ». Mais j'ai la tête dure comme du bois, je suis obstiné comme une mule... Je n'écoute rien et n'en fais qu'à ma guise ! Et après, je paie les pots cassés. C'est comme cela depuis que je suis né. Jamais je n'ai eu une minute de répit. Oh ! Mon Dieu ! Que vais-je devenir ?

Que vais-je devenir ?

Et il pleurait. Et il braillait. Et il se frappait le front en appelant le pauvre Eugène. Et puis il entendit des pas.

C'étaient deux gendarmes. - Qu'est-ce que tu fais par terre ? – demandèrent-ils

- Je soigne mon copain.

- Il s'est fait mal ? - Ben oui !

- C'est même sérieux ! – observa l'un des gendarmes qui s'était penché sur Eugène – Ce garçon est blessé à la tempe. Qui lui a fait ça ?

- Ce n'est pas moi – balbutia la marionnette qui ne respirait plus. - Si ce n'est pas toi, c'est qui ? - C'est... Ce n'est pas moi.... - Et avec quoi a-t-il été blessé ?

- Avec ce livre.

Pinocchio ramassa le traité d'arithmétique et le montra aux gendarmes. - Ce livre, il est à qui ? – questionna l'un des gendarmes. - A moi...

- Bon, on a compris. Lève-toi et suis-nous.

- Mais je...

- Suis-nous, je te dis !

- Mais je suis innocent...

- Allez ! En route !

Comme des pêcheurs venaient à passer, frôlant le rivage avec leur bateau, les gendarmes les interpellèrent :

- On vous confie ce garçon blessé. Emmenez-le chez vous et soignez-le. On passera demain le voir.

Puis ils placèrent Pinocchio entre eux et lui ordonnèrent brutalement:

- Maintenant, en avant ! Et pas de traînasserie ! Sinon, gare à toi !

La marionnette ne se le fit pas répéter deux fois et ils s'engagèrent sur le sentier qui conduisait au village. Mais le pauvre diable de Pinocchio ne savait plus où il en était. Il lui semblait être en plein rêve, vivre un cauchemar. Il n'était plus lui-même. Il voyait double, ses jambes tremblaient, sa langue, collée au palais, l'empêchait de parler. Pourtant, malgré son hébétude, une pensée lui déchirait le cœur : celle de devoir passer sous les fenêtres de la bonne Fée escorté de deux gendarmes. Il aurait préféré mourir.

Ils étaient sur le point d'entrer dans le village quand une bourrasque de vent arracha le bonnet de Pinocchio qui alla valser une dizaine de pas plus loin. Alors, s'adressant aux gendarmes : - Puis-je aller chercher mon bonnet ?

- D'accord. Mais faisons vite.

Pinocchio alla donc ramasser le bonnet mais, au lieu de le remettre sur sa tête, il le fourra entre ses dents et se mit à courir à toute allure vers la plage. Il filait comme une balle de fusil.

Les gendarmes, comprenant qu'il leur serait difficile de le rattraper, lâchèrent un énorme dogue qui gagnait habituellement toutes les courses de chiens. Pinocchio courait très vite, le chien aussi. Les villageois se pressèrent à leurs fenêtres et dans la rue, curieux de connaître l'épilogue de cette féroce compétition. Ils durent rester sur leur faim : Pinocchio et le dogue soulevaient une telle poussière qu'en peu de temps il ne fut plus possible de rien voir.

Chapitre 27 Kapitel 27 Chapter 27 Capítulo 27 Capítulo 27 Глава 27

Grosse bagarre entre la marionnette et ses camarades d'école. Big fight between the puppet and his school friends. L'un d'eux ayant été blessé, Pinocchio est arrêté par les gendarmes. One of them having been injured, Pinocchio is arrested by the gendarmes. Dés qu'il fut sur la plage, Pinocchio inspecta l'océan mais ne vit aucun requin. As soon as he was on the beach, Pinocchio surveyed the ocean but saw no sharks. C'était une mer d'huile dont la surface brillait comme un miroir. It was a sea of oil whose surface shone like a mirror. - Le Requin, où est-il ? - The Shark, where is he? – demanda la marionnette en se tournant vers ses petits camarades. – asked the puppet, turning to his little comrades.

- ll sera parti déjeuner – répondit l'un d'eux en riant. "He'll be gone for lunch," one of them said, laughing. - Ou alors il fait la sieste – ajouta un autre en s'esclaffant encore plus fort. - Or else he's taking a nap – another added, laughing even louder. Ces réponses bizarres, ces rires niais conduisirent Pinocchio à penser que ses copains lui avaient fait une farce en lui racontant des sornettes. These odd responses, these silly laughs led Pinocchio to think that his friends had made a joke of him by telling him nonsense. Эти странные ответы и глупый смех навели Пиноккио на мысль, что друзья разыграли его, рассказывая всякую ерунду. D'une voix fâchée, il leur dit : In an angry voice, he said to them: - Et maintenant, dites-moi pour quelle raison vous m'avez raconté cette histoire idiote de requin ? "And now, tell me why you told me this idiotic shark story? - Pour une bonne raison – répondirent en chœur tous ces petits polissons. "For a good reason," answered the little pranks in chorus.

- Laquelle ? - Which ?

- Te faire manquer l'école en t'attirant ici. - Make you miss school by attracting you here. - Заставьте вас скучать по школе, заманив сюда. Tu devrais avoir honte d'être toujours à l'heure en classe et de travailler autant. You should be ashamed of always being on time in class and working so hard. Тебе должно быть стыдно за то, что ты всегда вовремя приходишь на занятия и так усердно работаешь. - Et si je veux étudier, moi, qu'est-ce que cela peut vous faire ? - And if I want to study, what can this do to you? - Cela nous fait beaucoup parce que, à cause de toi, on est mal vu par le maître. "That makes us very much because, because of you, we are frowned upon by the master.

- A cause de moi ? - Because of me ? Pourquoi donc ? Why is that ?

- Parce que les écoliers assidus comme toi font toujours de l'ombre à ceux qui, comme nous, n'ont pas envie de travailler. - Because diligent schoolchildren like you always overshadow those who, like us, don't want to work. - Потому что такие трудолюбивые школьники, как вы, всегда затмевают тех, кому не хочется работать. Et nous, nous ne voulons pas être considérés comme des moins que rien. And we don't want to be seen as less than nothing. Nous avons, nous aussi, notre amour-propre. We too have our self-respect.

- Qu'est-ce que je dois faire pour que vous soyez contents? - What should I do to make you happy? - Tu dois te désintéresser de l'école, des leçons et du maître, nos trois grands ennemis. "You must be uninterested in school, lessons, and master, our three great enemies. - Et si je veux continuer à étudier ? - What if I want to continue studying?

- On ne te parlera plus et, à la première occasion, tu nous le paieras. - We won't talk to you anymore and, at the first opportunity, you will pay us.

- Vous me faites bien rire ! - You make me laugh! – rétorqua la marionnette en les défiant d'un mouvement de tête. – retorted the puppet, challenging them with a nod. - Ca suffit, Pinocchio ! - Enough, Pinocchio! – menaça alors le plus grand des garnements – Arrête de faire le fanfaron et de jouer les petits coqs ! - Then threatened the greatest of the rascals - Stop making boast and play the little cocks! Si tu n'as pas peur de nous, nous n'avons pas peur de toi. If you're not afraid of us, we're not afraid of you. N'oublie pas que tu es tout seul et que nous sommes sept. Do not forget that you are all alone and that we are seven. - Ouais, comme les sept péchés capitaux – lança Pinocchio en éclatant de rire. - Yeah, like the seven deadly sins – launched Pinocchio bursting out laughing. - Да, как семь смертных грехов, - рассмеялся Пиноккио.

- Vous avez entendu ? - You heard ? Il nous a insultés ! He insulted us! Il nous a traités de péchés capitaux ! He treated us of deadly sins!

- Pinocchio, demande pardon ! - Pinocchio, beg your pardon! Sinon, gare à toi ! Otherwise, beware! В противном случае, будьте осторожны!

- Coucou, je suis là ! - Hi, I'm here ! – fit la marionnette en se tapotant le nez avec le doigt pour se moquer d'eux. – said the puppet, tapping his nose with his finger to make fun of them. - Pinocchio, ça va mal finir ! - Pinocchio, this is going to end badly!

- Coucou ! - Hello!

- On te battra comme plâtre ! - You will be beaten like plaster!

- Coucou ! - Hi there!

Coucou ! Cuckoo !

- Tu vas rentrer chez toi le nez en compote ! - You'll go home your nose compote!

- Coucou ! - Hi there!

- Je vais t'en donner du coucou, moi – hurla le plus hardi des gamins – En attendant, prends toujours cet acompte et garde-le au chaud pour ton dîner de ce soir. - I'll give you a cuckoo, me - the boldest of kids shouted - Meanwhile, always take this down payment and keep it warm for your dinner tonight. Et il lui décocha un coup de poing en pleine figure. And he punched him in the face.

Comme il fallait s'y attendre, la marionnette répondit du tac au tac en frappant à son tour son agresseur et la bagarre devint générale Unsurprisingly, the puppet responded quickly, striking the attacker and the fight became general. Bien qu'il fut seul contre tous, Pinocchio se montrait héroïque. Although he was alone against all, Pinocchio was heroic. Pour tenir à distance ses ennemis, il se servait avec dextérité de ses pieds en bois qui étaient très durs. To keep his enemies at a distance, he used his wooden feet, which were very hard, with dexterity. Et quand il faisait mouche, il laissait toujours un bleu en souvenir. And when he hit the mark, he always left a blue in memory. А когда он попадал в яблочко, то всегда оставлял на память синяк.

Les garçons, dépités de ne pas pouvoir se mesurer au corps à corps avec la marionnette, imaginèrent alors de lui envoyer des projectiles. The boys, annoyed at not being able to compete in hand-to-hand combat with the puppet, then imagined throwing projectiles at it. Мальчики, разочарованные тем, что не могут вступить в рукопашную схватку с куклой, придумали бросать в нее снаряды. Défaisant leurs ballots de livres, ils se mirent à lui lancer à la figure abécédaires et grammaires, les « Contes » de Thouar et le « Poussin » de Madame Baccini, toutes sortes de manuels scolaires que Pinocchio, qui était vif et dégourdi, évitait en baissant la tête si bien que, passant au-dessus de lui, les livres finissaient tous dans la mer. Undoing their bundles of books, they began to throw in his face primers and grammars, the "Tales" of Thouar and the "Poussin" of Madame Baccini, all sorts of school manuals that Pinocchio, who was lively and resourceful, avoided in lowering his head so that, passing above him, the books all ended up in the sea.

Quant aux poissons, croyant que ces bouquins étaient de la nourriture, ils accouraient à la surface de l'eau par bancs entiers. As for the fish, believing that these books were food, they ran to the surface of the water in whole schools. Что касается рыб, то, приняв эти книги за еду, они косяками устремились к поверхности воды. Mais après avoir attrapé une page ou une couverture, ils la recrachaient aussitôt avec une mine de dégoût comme pour dire : « Ces trucs-là ne sont pas pour nous. But after grabbing a page or a blanket, they would immediately spit it out with a look of disgust as if to say, “That stuff isn't for us. Ce que l'on mange d'habitude est bien meilleur ! What we usually eat is much better! Alors que le combat s'intensifiait, un grand crabe, sorti des fonds marins et qui s'était hissé pesamment sur le rivage, cria aux écoliers d'une voix éraillée de trombone enrhumé : As the fight intensified, a big crab, coming out of the seabed and climbing up the bank, shouted to the schoolchildren in a hoarse voice of a cold trombone: - Arrêtez, petits drôles ! - Stop, funny little ones! - Прекратите, смешные люди! Ces pugilats finissent toujours mal. These fights always end badly. A chaque fois un malheur arrive ! Every time something bad happens!

Pauvre crabe ! Poor crab! C'est comme s'il avait prêché dans le désert. It is as if he had preached in the desert. Même ce benêt de Pinocchio le regarda de travers et lui lança fort peu aimablement : Even this bastard Pinocchio looked at him awkwardly and threw him very kindly: Даже этот глупый Пиноккио посмотрел на него косо и недоброжелательно сказал:

- La ferme, espèce de raseur ! - The farm, kind of razor! - Заткнись, зануда! Tu ferais mieux de sucer deux pastilles de lichen pour guérir ton rhume. You better suck two lichen lozenges to cure your cold. Чтобы вылечить простуду, лучше рассасывать по две пастилки лишайника. Va donc te mettre au lit et attraper une bonne suée ! So go put yourself in bed and catch a good sweat!

Au même moment les écoliers, qui avaient épuisé leurs propres stocks de livres, repérèrent ceux de la marionnette qui traînaient non loin d'eux et s'en emparèrent en un clin d'œil. At the same time the schoolchildren, who had exhausted their own stock of books, spotted those of the puppet who were dragging nearby and seized them in the blink of an eye. En ese mismo momento, los escolares, que habían agotado sus propias existencias de libros, avistaron los de la marioneta que estaban cerca de ellos y los tomaron al instante. В это же время школьники, израсходовавшие свой запас книг, заметили валявшиеся повсюду кукольные книги и расхватали их в мгновение ока. Parmi ces livres, il y avait un volume relié avec du carton épais et du parchemin au dos et aux angles. Among these books was a volume bound with thick cardboard and parchment on the back and on the corners. Entre esos libros, había un volumen encuadernado con cartón grueso y pergamino en la tapa y las esquinas. Среди этих книг был том, переплетенный из толстого картона и пергамента на корешке и углах. C'était un traité d'arithmétique qui pesait des tonnes. It was an arithmetic treatise that weighed tons. Era un tratado de aritmética que pesaba toneladas. L'un des gamins attrapa le livre, visa la tête de Pinocchio et le lança de toutes ses forces. One of the kids grabbed the book, aimed at Pinocchio's head and threw it with all his might. Mais au lieu de toucher la marionnette, le traité d'arithmétique rencontra la tempe d'un autre gosse et le garçon, blanc comme un linge, s'effondra sur le sable en hurlant : But instead of touching the puppet, the arithmetic treatise met another kid's temple and the boy, white as a sheet, collapsed on the sand screaming: - Maman, au secours ! - Mom, help! Je meurs... I die...

A la vue du gisant, les enfants, effrayés, détalèrent à toutes jambes et disparurent At the sight of the recumbent, the children, frightened, scampered off and disappeared. Al ver la estatua, los niños, asustados, corrieron a toda prisa y desaparecieron. При виде лежащей фигуры испуганные дети на полной скорости бросились бежать и исчезли.

Attristé et paralysé par la peur, Pinocchio fut le seul à rester. Saddened and paralyzed with fear, Pinocchio was the only one left. Entristecido y paralizado por el miedo, Pinocho fue el único que se quedó. Il parvint néanmoins à aller tremper son mouchoir dans l'eau pour rafraîchir le front de son camarade d'école. He nevertheless managed to dip his handkerchief in the water to cool his school friend's forehead. Sin embargo, logró mojar su pañuelo en el agua para refrescar la frente de su compañero de escuela. Pleurant à chaudes larmes, il l'appelait par son nom et le suppliait : Weeping hot tears, he called him by his name and begged him: - Eugène, mon pauvre Eugène ! - Eugene, my poor Eugene! Ouvre les yeux, regarde-moi ! Open your eyes, look at me! Pourquoi tu ne réponds pas ? Why are you not responding ? Ce n'est pas moi, tu sais, qui t'ai fait mal ! It wasn't me, you know, who hurt you! Crois-moi, ce n'est pas de ma faute ! Believe me, it's not my fault! Ouvre les yeux, Eugène ! Open your eyes, Eugene! Ouvre-les, sinon je vais mourir moi aussi... Oh, mon Dieu ! Open them, otherwise I'll die too... Oh, my God! Comment je vais faire pour rentrer à la maison ? How am I going to get home? Comment trouver le courage de me montrer à ma chère maman ? How do I find the courage to show myself to my dear mother? Que vais-je devenir ? What will I become ? Что будет со мной?

Où m'enfuir ? Where do I run to? Où me cacher ? Where to hide? Oh ! J'aurais bien mieux fait d'aller à l'école ! I would have done better to go to school! Pourquoi donc ai-je écouté mes camarades ? Why did I listen to my comrades? A cause d'eux, je suis damné. Because of them, I am damned. Pourtant, le maître me l'avait bien dit, et aussi ma maman : « Méfie-toi des mauvais camarades ! However, the master had told me so, and also my mother: “Beware of bad classmates! ». ". Mais j'ai la tête dure comme du bois, je suis obstiné comme une mule... Je n'écoute rien et n'en fais qu'à ma guise ! But my head is hard as wood, I'm obstinate like a mule... I don't listen to anything and only do as I please! Но у меня твердая, как дерево, голова, я упрям, как мул... Я ничего не слушаю и делаю, что хочу! Et après, je paie les pots cassés. And after, I pay the broken pots. C'est comme cela depuis que je suis né. It's like that since I was born. Jamais je n'ai eu une minute de répit. I never had a minute's respite. Oh ! Mon Dieu ! My God! Que vais-je devenir ? What will become of me?

Que vais-je devenir ? What will become of me?

Et il pleurait. And he was crying. Et il braillait. And he was bawling. Et il se frappait le front en appelant le pauvre Eugène. And he slapped his forehead, calling out to poor Eugène. Et puis il entendit des pas. And then he heard footsteps. Затем он услышал шаги.

C'étaient deux gendarmes. They were two gendarmes. - Qu'est-ce que tu fais par terre ? - What are you doing on the ground? – demandèrent-ils - they asked.

- Je soigne mon copain. - I'm healing my boyfriend.

- Il s'est fait mal ? - He hurts himself ? - Ben oui ! - Of course!

- C'est même sérieux ! - It's even serious! - Это даже серьезно! – observa l'un des gendarmes qui s'était penché sur Eugène – Ce garçon est blessé à la tempe. – observed one of the gendarmes who had bent over Eugene – This boy is wounded in the temple. Qui lui a fait ça ? Who did this to him?

- Ce n'est pas moi – balbutia la marionnette qui ne respirait plus. - It's not me – stammered the puppet who was no longer breathing. - Si ce n'est pas toi, c'est qui ? - If it's not you, who is it? - C'est... Ce n'est pas moi.... - It's... It's not me... - Et avec quoi a-t-il été blessé ? - And with what was he hurt?

- Avec ce livre. - With this book.

Pinocchio ramassa le traité d'arithmétique et le montra aux gendarmes. Pinocchio picked up the treatise on arithmetic and showed it to the gendarmes. - Ce livre, il est à qui ? - Whose book is it? – questionna l'un des gendarmes. - asked one of the gendarmes. - A moi... - Mine...

- Bon, on a compris. - Well, we understand. Lève-toi et suis-nous. Stand up and follow us.

- Mais je... - But I...

- Suis-nous, je te dis ! - Follow us, I tell you!

- Mais je suis innocent... - But I'm innocent...

- Allez ! En route ! Let's go!

Comme des pêcheurs venaient à passer, frôlant le rivage avec leur bateau, les gendarmes les interpellèrent : As fishermen came to pass, brushing the shore with their boat, the gendarmes called out to them:

- On vous confie ce garçon blessé. - We give you this injured boy. Emmenez-le chez vous et soignez-le. Take him home and heal him. On passera demain le voir. We'll go see him tomorrow.

Puis ils placèrent Pinocchio entre eux et lui ordonnèrent brutalement: Then they placed Pinocchio between them and roughly ordered him:

- Maintenant, en avant ! - Now forward! - А теперь вперед! Et pas de traînasserie ! And no dawdling! Sinon, gare à toi ! Otherwise, beware of you! В противном случае, будьте осторожны!

La marionnette ne se le fit pas répéter deux fois et ils s'engagèrent sur le sentier qui conduisait au village. The puppet didn't need to repeat it twice and they took the path that led to the village. Mais le pauvre diable de Pinocchio ne savait plus où il en était. But the poor devil of Pinocchio did not know where he was. Но бедный чертик Пиноккио не знал, где он находится. Il lui semblait être en plein rêve, vivre un cauchemar. He seemed to be in a dream, to live a nightmare. Казалось, что он находится в середине сна и живет в кошмаре. Il n'était plus lui-même. He was not himself anymore. Il voyait double, ses jambes tremblaient, sa langue, collée au palais, l'empêchait de parler. He saw double, his legs trembled, his tongue, stuck to the palace, prevented him from speaking. У него двоилось в глазах, ноги тряслись, а язык прилип к крыше рта, не давая ему говорить. Pourtant, malgré son hébétude, une pensée lui déchirait le cœur : celle de devoir passer sous les fenêtres de la bonne Fée escorté de deux gendarmes. Yet, in spite of his daze, a thought tore at his heart: that of having to pass under the windows of the good fairy escorted by two gendarmes. Il aurait préféré mourir. He would have preferred to die.

Ils étaient sur le point d'entrer dans le village quand une bourrasque de vent arracha le bonnet de Pinocchio qui alla valser une dizaine de pas plus loin. They were about to enter the village when a gust of wind snatched Pinocchio's cap that waltzed a dozen steps further. Alors, s'adressant aux gendarmes : So, addressing the police: - Puis-je aller chercher mon bonnet ? - Can I go get my cap?

- D'accord. - OK. Mais faisons vite. But let's do it fast.

Pinocchio alla donc ramasser le bonnet mais, au lieu de le remettre sur sa tête, il le fourra entre ses dents et se mit à courir à toute allure vers la plage. Pinocchio therefore went to pick up the hat but, instead of putting it back on his head, he stuffed it between his teeth and began to run at top speed towards the beach. Il filait comme une balle de fusil. It spun like a rifle bullet.

Les gendarmes, comprenant qu'il leur serait difficile de le rattraper, lâchèrent un énorme dogue qui gagnait habituellement toutes les courses de chiens. The gendarmes, understanding that it would be difficult for them to catch up, dropped a huge mastiff who usually won all the dog races. Pinocchio courait très vite, le chien aussi. Pinocchio was running very fast, the dog too. Les villageois se pressèrent à leurs fenêtres et dans la rue, curieux de connaître l'épilogue de cette féroce compétition. The villagers thronged to their windows and into the street, curious to know the epilogue of this fierce competition. Ils durent rester sur leur faim : Pinocchio et le dogue soulevaient une telle poussière qu'en peu de temps il ne fut plus possible de rien voir. They had to remain unsatisfied: Pinocchio and the mastiff raised such dust that in a short time it was no longer possible to see anything.