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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', La société des abeilles et les châteaux en Espagne XIII

La société des abeilles et les châteaux en Espagne XIII

– Après avoir couru en tous sens à travers le monde, comme je le désire, et découvert quelque beau pays, jusqu'à moi inconnu, je m'établirais en Suisse, au pied d'une montagne, sur les bords d'un beau lac, et je ferais autant de musique que je voudrais. Là, je vivrais pour qui m'aimerait. Voilà mon château en Espagne favori. Quel est le vôtre, Meg ? »

Marguerite semblait trouver un peu difficile de dire le sien ; elle remua une grande feuille d'arbre devant sa figure en guise d'éventail, comme pour chasser des cousins imaginaires, pendant qu'elle disait lentement :

« J'aimerais avoir une charmante maison pleine de toutes sortes de choses de bon goût, une société honorable, instruite et agréable, avec assez d'aisance pour rendre tout le monde heureux autour de moi. »

C'était le tour de Jo.

« J'aurais, dit-elle, des étables pleines de magnifiques animaux, deux chevaux vigoureux, des chambres remplies de livres, et j'écrirais avec un encrier magique, de manière à ce que mes oeuvres devinssent fameuses, c'est-à-dire de celles qui font du bien au monde à perpétuité. Je ne serais pas fâchée non plus de faire quelque chose d'héroïque, dont notre père et maman seraient fiers, et qui ne fût pas oublié après ma mort. Je ne sais pas encore quoi, mais je cherche et j'espère vous étonner toutes ; cela me conviendrait. Voilà mon rêve favori.

– Le mien est de rester à la maison avec papa et maman et d'aider à prendre soin de la famille, dit Beth d'un air satisfait

– Ne désirez-vous rien d'autre ? demanda Laurie,

– Depuis que j'ai mon piano, je suis parfaitement heureuse ; je désire seulement que nous restions tous ensemble et bien portants.

– J'ai des quantités innombrables de souhaits, mais celui que je préfère est d'aller à Rome, de faire de belles peintures et d'être la plus grande artiste de l'Amérique. »

Ce fut le modeste désir d'Amy.

« Eh mais ! Excepté Beth, nous sommes tous passablement ambitieux, dit Laurie qui mordillait un brin d'herbe d'un air très méditatif. Je voudrais savoir si jamais l'un de nous obtiendra ce qu'il désire ?

– Nous avons tous la clef de nos futurs châteaux en Espagne, dit Jo ; reste à savoir si nous saurons ouvrir la porte ou non.

– Si nous vivons encore tous dans dix ans d'ici, il faudra nous réunir pour voir combien d'entre nous auront vu leurs souhaits accomplis.

– Mon Dieu ! Que je serai vieille ! Vingt-sept ans ! s'écria Meg, qui, venant d'avoir ses seize ans, comptait comme si elle en avait dix-sept et se croyait déjà très âgée.

– Vous aurez vingt-cinq ans, Laurie, et moi vingt-quatre ; Beth vingt-trois et Amy vingt et un. Quelle vénérable société ! dit Jo.

– J'espère que, dans ce temps-là, j'aurai fait quelque chose, moi aussi, dit Laurie ; mais je suis si paresseux que j'ai peur de n'arriver à rien, Jo.

– Mère dit qu'il vous manque un but, et que, lorsque vous l'aurez trouvé, elle est sûre que vous travaillerez parfaitement.

– Est-ce vrai ? Je travaillerai donc à le trouver, s'écria Laurie en se levant avec une énergie subite. Ce qui m'inquiète, c'est que je n'ai pas du tout la vocation des affaires, de ce que grand- papa appelle l'industrie. Je voudrais qu'il pût suffire à grand-père que j'aille à l'Université ; je donnerais ainsi à sa volonté quatre années de ma vie, et il devrait me laisser après faire mon choix. Mais non, il faut que je fasse ce qu'il veut ; sa volonté est inflexible. Si je n'avais pas peur de le chagriner, de le laisser seul, savez-vous que, dès demain, je m'embarquerais ? »

Laurie parlait avec excitation, et on aurait pu le croire prêt à exécuter sa menace, car il grandissait très vite et avait un désir impatient d'expérimenter le monde par lui-même.

« Vous n'avez pas tort, s'écria Jo ; embarquez- vous dans un des vaisseaux de votre grand-père, et ne revenez que quand vous aurez prouvé que vous êtes par vous-même capable de vous tirer d'affaire. »

L'imagination de Jo était toujours enflammée par la pensée de tout exploit audacieux.

« Ce n'est pas bien, Jo ; vous ne devez pas parler de cette manière, et Laurie ne doit pas suivre vos conseils. Vous ferez seulement ce que dira votre grand-père, mon cher garçon, dit Meg de son ton le plus maternel. Travaillez le mieux possible au collège, et, quand il verra que vous essayez de lui plaire, je suis sûre que vous vous entendrez très bien pour le surplus avec lui. Il n'a que vous pour rester avec lui et l'aimer. Vous ne vous pardonneriez jamais de l'avoir quitté, s'il lui arrivait de mourir loin de vous. Ne soyez pas impatient, faites votre devoir et vous serez récompensé, comme l'est le bon monsieur Brooke, en étant respecté et aimé de tous.

– Que savez-vous de monsieur Brooke ? demanda Laurie, reconnaissant, au fond, des bons avis de Meg, mais plus désireux encore de détourner la conversation de lui-même après son éruption extraordinaire.

– Je ne sais de M. Brooke que ce que votre grand-père en a dit à maman : il a pris soin de sa mère avec un dévouement infini jusqu'à sa mort, et, pour ne pas la quitter, a refusé d'aller à l'étranger chez des personnes qui lui offraient des chances très sérieuses de grande fortune.

– M. Brooke est modeste, répondit Laurie. Il ne pouvait pas s'expliquer pourquoi votre mère était si bonne pour lui ; il s'étonnait même qu'elle lui demandât souvent de venir chez vous avec moi, et qu'elle le traitât toujours d'une manière particulièrement amicale. C'est à grand-père, je le vois bien, qu'il le devait. Grand-père n'est indiscret que pour le bien des autres ; aussi il faut voir comme M. Brooke vénère grand-père, et comme il aime votre mère ! Il en parle pendant des jours et des jours. Du reste, il parle de chacune de vous avec une amitié presque aussi grande que de votre chère maman. Eh bien, oui, Brooke est un être rare et excellent. Si jamais je possède mon château en Espagne, vous verrez ce que je ferai pour Brooke, car, si jamais je deviens quelque chose, c'est à lui que je le devrai.

– Commencez par faire quelque chose dès maintenant, dit Meg en lui épargnant vos caprices.

– Qui vous a dit, s'écria Laurie, qu'il eût jamais eu à s'en plaindre ?

– Ce n'est pas sa langue, bien sûr, dit Meg ; M. Brooke n'est pas de ceux qui se plaignent jamais, mais sa figure parle, malgré lui, pour lui : si vous avez été sage, il a l'air satisfait et marche vite ; si vous l'avez tourmenté, il a l'air triste et affligé.

– Eh bien ! j'aime beaucoup cela. Ainsi vous tenez compte de mes bonnes et de mes mauvaises notes sur la seule inspection de la figure de M. Brooke. Je le vois saluer et sourire lorsqu'il passe devant votre fenêtre ; mais je ne savais pas que vous aviez en lui un télégraphe.

– Ne vous fâchez pas, Laurie, et, je vous en prie, ne lui racontez jamais que je viens de me permettre de vous parler de lui. J'ai voulu vous montrer que je m'inquiète de ce que vous faites. Ce qui est dit entre nous est dit en confidence, vous savez, s'écria Meg, tout alarmée à la pensée de ce qui pourrait parvenir de son discours imprudent jusqu'à M. Brooke, si Laurie lui racontait cet entretien.

– Ne craignez rien, miss, fit Laurie avec son plus grand air. Mais je ne suis pas fâché de savoir que M. Brooke était votre baromètre, en ce qui me concerne. Je veillerai à ce qu'il n'ait à me montrer à vous qu'au beau fixe.

– Je vous en prie, ne soyez pas offensé, mon cher Laurie. Je n'ai pas eu la prétention de vous faire un sermon ; mais j'ai été emportée par la peur de l'influence que pouvaient avoir sur vous les avis que Jo, étourdiment, vous avait donnés. Vous seriez le premier à regretter de les avoir suivis. Vous êtes si bon pour nous que nous vous considérons comme notre frère et vous disons tout ce que nous pensons. Pardonnez-moi. Mon intention a été bonne, vous n'en sauriez douter, Laurie ? »

Et Meg lui offrit sa main avec un geste timide mais affectueux. Laurie, honteux de s'être montré un peu susceptible, serra la bonne petite main et dit franchement :

« C'est moi seul qui dois vous demander pardon ; je ne suis pas content de moi aujourd'hui, et tout est allé de travers. J'aime que vous me disiez mes défauts et que vous soyez comme mes soeurs. Ainsi, ne faites pas attention à mes mouvements d'humeur. Je vous remercie, Meg, vous m'avez dit de très bonnes choses, et je tâcherai d'en profiter.

– Bravo, Meg ! Et bravo, Laurie ! s'écria Jo. Dans tout cela, moi seule ai eu tort. »

Laurie, voulant montrer qu'il n'était pas blessé, fut aussi aimable que possible, dévida du fil pour Meg, récita des vers pour faire plaisir à Jo, secoua les pins pour faire tomber des pommes de pin à Beth, et aida Amy avec ses fougères. Il se montra, en un mot, digne d'appartenir à la Société des Abeilles. Au milieu d'une discussion animée sur les habitudes domestiques des tortues, le son d'une cloche avertit les quatre soeurs que Hannah venait de verser l'eau sur le thé, et que les jeunes filles auraient juste le temps de rentrer à la maison pour souper. Il n'y avait pas de temps à perdre si l'on ne voulait pas voir la vieille bonne mécontente. La séance fut donc levée.

« Pourrai-je revenir ? demanda Laurie.

– Si vous êtes sage et si vous aimez vos maîtres, comme on dit à l'école, répondit Meg en souriant, vous serez toujours le bienvenu,

– Je tâcherai.

– Je vous apprendrai à tricoter comme font les Écossais. Il y a justement une demande de bas qui nous est faite par papa pour l'armée », cria Jo à Laurie en agitant son gros tricot de laine bleue, comme un drapeau, quand ils se séparèrent à la porte.

Ce soir-là, lorsque Beth fit de la musique au vieux M. Laurentz, à la tombée de la nuit, Laurie, caché dans l'ombre d'un rideau, écoutait le petit David, dont la musique simple le calmait toujours. Son regard se fixa avec attendrissement sur son grand-père qui, la tête dans les mains, pensait évidemment à l'enfant morte qu'il avait tant aimée, et le jeune homme, se rappelant alors la conversation de l'après-midi, se dit avec la résolution de faire joyeusement un sacrifice :

« Je laisserai mon château en Espagne de côté, et je resterai avec mon cher grand-père tant qu'il aura besoin de moi ; car, Meg a raison. Il faut que grand-père puisse à jamais compter sur moi, il n'a que moi au monde. »


La société des abeilles et les châteaux en Espagne XIII The bee society and castles in Spain XIII La società delle api e i castelli in Spagna XIII A sociedade das abelhas e os castelos em Espanha XIII

– Après avoir couru en tous sens à travers le monde, comme je le désire, et découvert quelque beau pays, jusqu'à moi inconnu, je m'établirais en Suisse, au pied d'une montagne, sur les bords d'un beau lac, et je ferais autant de musique que je voudrais. Là, je vivrais pour qui m'aimerait. Voilà mon château en Espagne favori. This is my favorite castle in Spain. Quel est le vôtre, Meg ? What's yours, Meg? »

Marguerite semblait trouver un peu difficile de dire le sien ; elle remua une grande feuille d'arbre devant sa figure en guise d'éventail, comme pour chasser des cousins imaginaires, pendant qu'elle disait lentement :

« J'aimerais avoir une charmante maison pleine de toutes sortes de choses de bon goût, une société honorable, instruite et agréable, avec assez d'aisance pour rendre tout le monde heureux autour de moi. »

C'était le tour de Jo.

« J'aurais, dit-elle, des étables pleines de magnifiques animaux, deux chevaux vigoureux, des chambres remplies de livres, et j'écrirais avec un encrier magique, de manière à ce que mes oeuvres devinssent fameuses, c'est-à-dire de celles qui font du bien au monde à perpétuité. I would have," she said, "stables full of beautiful animals, two strong horses, rooms full of books, and I would write with a magic inkwell, so that my works would become famous, that is to say, of those that do good to the world in perpetuity. Je ne serais pas fâchée non plus de faire quelque chose d'héroïque, dont notre père et maman seraient fiers, et qui ne fût pas oublié après ma mort. I wouldn't mind doing something heroic either, something our father and mother would be proud of, and something that wouldn't be forgotten after my death. Je ne sais pas encore quoi, mais je cherche et j'espère vous étonner toutes ; cela me conviendrait. I don't know what yet, but I'm looking and hoping to surprise you all; that would suit me. Voilà mon rêve favori.

– Le mien est de rester à la maison avec papa et maman et d'aider à prendre soin de la famille, dit Beth d'un air satisfait

– Ne désirez-vous rien d'autre ? demanda Laurie,

– Depuis que j'ai mon piano, je suis parfaitement heureuse ; je désire seulement que nous restions tous ensemble et bien portants. - Desde que tengo mi piano, soy perfectamente feliz; sólo desearía que todos pudiéramos seguir juntos y estar bien.

– J'ai des quantités innombrables de souhaits, mais celui que je préfère est d'aller à Rome, de faire de belles peintures et d'être la plus grande artiste de l'Amérique. »

Ce fut le modeste désir d'Amy.

« Eh mais ! Excepté Beth, nous sommes tous passablement ambitieux, dit Laurie qui mordillait un brin d'herbe d'un air très méditatif. Je voudrais savoir si jamais l'un de nous obtiendra ce qu'il désire ? Me gustaría saber si alguno de los dos conseguirá alguna vez lo que quiere.

– Nous avons tous la clef de nos futurs châteaux en Espagne, dit Jo ; reste à savoir si nous saurons ouvrir la porte ou non. - We all have the key to our future castles in Spain," says Jo, "it's just a question of whether we can open the door or not.

– Si nous vivons encore tous dans dix ans d'ici, il faudra nous réunir pour voir combien d'entre nous auront vu leurs souhaits accomplis.

– Mon Dieu ! Que je serai vieille ! That I will be old! Vingt-sept ans ! s'écria Meg, qui, venant d'avoir ses seize ans, comptait comme si elle en avait dix-sept et se croyait déjà très âgée. exclaimed Meg, who, having just turned sixteen, counted as if she were seventeen and thought she was already very old.

– Vous aurez vingt-cinq ans, Laurie, et moi vingt-quatre ; Beth vingt-trois et Amy vingt et un. Quelle vénérable société ! What a venerable company! dit Jo.

– J'espère que, dans ce temps-là, j'aurai fait quelque chose, moi aussi, dit Laurie ; mais je suis si paresseux que j'ai peur de n'arriver à rien, Jo.

– Mère dit qu'il vous manque un but, et que, lorsque vous l'aurez trouvé, elle est sûre que vous travaillerez parfaitement.

– Est-ce vrai ? Je travaillerai donc à le trouver, s'écria Laurie en se levant avec une énergie subite. So I'll work to find him," Laurie cried, rising to her feet with sudden energy. Ce qui m'inquiète, c'est que je n'ai pas du tout la vocation des affaires, de ce que grand- papa appelle l'industrie. What worries me is that I am not at all business-minded, what Grandpa calls industry. Je voudrais qu'il pût suffire à grand-père que j'aille à l'Université ; je donnerais ainsi à sa volonté quatre années de ma vie, et il devrait me laisser après faire mon choix. I wish it were enough for Grandpa that I went to college; I would give his will four years of my life, and then he would have to let me make my choice. Mais non, il faut que je fasse ce qu'il veut ; sa volonté est inflexible. Si je n'avais pas peur de le chagriner, de le laisser seul, savez-vous que, dès demain, je m'embarquerais ? If I weren't afraid of upsetting him, of leaving him alone, do you know that tomorrow I'd be setting sail? Si no tuviera miedo de disgustarle, de dejarle solo, ¿sabes que mañana zarparía? »

Laurie parlait avec excitation, et on aurait pu le croire prêt à exécuter sa menace, car il grandissait très vite et avait un désir impatient d'expérimenter le monde par lui-même.

« Vous n'avez pas tort, s'écria Jo ; embarquez- vous dans un des vaisseaux de votre grand-père, et ne revenez que quand vous aurez prouvé que vous êtes par vous-même capable de vous tirer d'affaire. No te equivocas -gritó Jo-; súbete a uno de los barcos de tu abuelo, y no vuelvas hasta que hayas demostrado que eres capaz de salir por ti mismo de los problemas. »

L'imagination de Jo était toujours enflammée par la pensée de tout exploit audacieux. La imaginación de Jo siempre se encendía al pensar en cualquier hazaña audaz.

« Ce n'est pas bien, Jo ; vous ne devez pas parler de cette manière, et Laurie ne doit pas suivre vos conseils. "This is not right, Jo; you must not talk that way, and Laurie must not take your advice. Vous ferez seulement ce que dira votre grand-père, mon cher garçon, dit Meg de son ton le plus maternel. You will only do what your grandfather says, my dear boy," said Meg in her most motherly tone. Travaillez le mieux possible au collège, et, quand il verra que vous essayez de lui plaire, je suis sûre que vous vous entendrez très bien pour le surplus avec lui. Work as hard as you can in college, and when he sees that you are trying to please him, I am sure you will get along very well for the rest of it with him. Il n'a que vous pour rester avec lui et l'aimer. He only has you to stay with him and love him. Sólo te tiene a ti para que te quedes con él y lo ames. Vous ne vous pardonneriez jamais de l'avoir quitté, s'il lui arrivait de mourir loin de vous. You would never forgive yourself for leaving him if he died away from you. Ne soyez pas impatient, faites votre devoir et vous serez récompensé, comme l'est le bon monsieur Brooke, en étant respecté et aimé de tous. Don't be impatient, do your duty and you will be rewarded, as the good Mr. Brooke is, by being respected and loved by all.

– Que savez-vous de monsieur Brooke ? - What do you know about Mr. Brooke? demanda Laurie, reconnaissant, au fond, des bons avis de Meg, mais plus désireux encore de détourner la conversation de lui-même après son éruption extraordinaire. Laurie asked, grateful, deep down, for Meg's good advice, but even more eager to divert the conversation from himself after his extraordinary outburst.

– Je ne sais de M. Brooke que ce que votre grand-père en a dit à maman : il a pris soin de sa mère avec un dévouement infini jusqu'à sa mort, et, pour ne pas la quitter, a refusé d'aller à l'étranger chez des personnes qui lui offraient des chances très sérieuses de grande fortune. - I only know of Mr. Brooke what your grandfather told mother: he took care of his mother with infinite devotion until her death, and, in order not to leave her, refused to go abroad to people who offered him very serious chances of great fortune.

– M. Brooke est modeste, répondit Laurie. Il ne pouvait pas s'expliquer pourquoi votre mère était si bonne pour lui ; il s'étonnait même qu'elle lui demandât souvent de venir chez vous avec moi, et qu'elle le traitât toujours d'une manière particulièrement amicale. He could not explain why your mother was so good to him; he was even surprised that she often asked him to come to your house with me, and that she always treated him in a particularly friendly way. C'est à grand-père, je le vois bien, qu'il le devait. I can see that he owed it to Grandpa. Grand-père n'est indiscret que pour le bien des autres ; aussi il faut voir comme M. Brooke vénère grand-père, et comme il aime votre mère ! Grandfather is only indiscreet for the sake of others; so you must see how Mr. Brooke reveres Grandfather, and how he loves your mother! Il en parle pendant des jours et des jours. He talks about it for days and days. Du reste, il parle de chacune de vous avec une amitié presque aussi grande que de votre chère maman. Besides, he speaks of each of you with a friendship almost as great as that of your dear mother. Eh bien, oui, Brooke est un être rare et excellent. Well, yes, Brooke is a rare and excellent person. Si jamais je possède mon château en Espagne, vous verrez ce que je ferai pour Brooke, car, si jamais je deviens quelque chose, c'est à lui que je le devrai. If I ever own my castle in Spain, you will see what I will do for Brooke, for, if I ever become anything, it is to him that I will owe it.

– Commencez par faire quelque chose dès maintenant, dit Meg en lui épargnant vos caprices. - Start by doing something now," Meg said, sparing her your whims. - Empieza por hacer algo ahora", dice Meg, ahorrándose tus caprichos.

– Qui vous a dit, s'écria Laurie, qu'il eût jamais eu à s'en plaindre ? - Who told you," exclaimed Laurie, "that he'd ever complained? - ¿Quién te ha dicho -gritó Laurie- que se haya quejado alguna vez de ello?

– Ce n'est pas sa langue, bien sûr, dit Meg ; M. Brooke n'est pas de ceux qui se plaignent jamais, mais sa figure parle, malgré lui, pour lui : si vous avez été sage, il a l'air satisfait et marche vite ; si vous l'avez tourmenté, il a l'air triste et affligé. - It is not his language, of course," said Meg; "Mr. Brooke is not one to complain, but his face speaks for him in spite of himself: if you have been good, he looks contented and walks quickly; if you have tormented him, he looks sad and distressed.

– Eh bien ! j'aime beaucoup cela. I like it very much. Ainsi vous tenez compte de mes bonnes et de mes mauvaises notes sur la seule inspection de la figure de M. Brooke. So you take into account my good and bad grades on the sole inspection of Mr. Brooke's face. Je le vois saluer et sourire lorsqu'il passe devant votre fenêtre ; mais je ne savais pas que vous aviez en lui un télégraphe. I see him waving and smiling as he passes your window; but I didn't know you had a telegraph in him.

– Ne vous fâchez pas, Laurie, et, je vous en prie, ne lui racontez jamais que je viens de me permettre de vous parler de lui. - Don't be angry, Laurie, and please don't ever tell him that I just allowed myself to tell you about him. J'ai voulu vous montrer que je m'inquiète de ce que vous faites. I wanted to show you that I care about what you do. Ce qui est dit entre nous est dit en confidence, vous savez, s'écria Meg, tout alarmée à la pensée de ce qui pourrait parvenir de son discours imprudent jusqu'à M. Brooke, si Laurie lui racontait cet entretien. What is said between us is said in confidence, you know," cried Meg, all alarmed at the thought of what might reach Mr. Brooke from her imprudent speech, if Laurie told him of this interview.

– Ne craignez rien, miss, fit Laurie avec son plus grand air. - Don't be afraid, miss," Laurie said with her best air. - No se preocupe, señorita -dijo Laurie con su mejor aire-. Mais je ne suis pas fâché de savoir que M. Brooke était votre baromètre, en ce qui me concerne. But I'm not angry to know that Mr. Brooke was your barometer, as far as I'm concerned. Pero no me disgusta saber que el Sr. Brooke era su barómetro, por lo que a mí respecta. Je veillerai à ce qu'il n'ait à me montrer à vous qu'au beau fixe. I will make sure that I only have to show myself to you at the right time.

– Je vous en prie, ne soyez pas offensé, mon cher Laurie. - Please don't be offended, my dear Laurie. Je n'ai pas eu la prétention de vous faire un sermon ; mais j'ai été emportée par la peur de l'influence que pouvaient avoir sur vous les avis que Jo, étourdiment, vous avait donnés. I did not presume to preach to you; but I was carried away by the fear of the influence which the advice which Jo had thoughtlessly given you might have on you. No pretendía sermonearte, pero me dejé llevar por el temor a la influencia que pudieran tener en ti los consejos que Jo te había dado irreflexivamente. Vous seriez le premier à regretter de les avoir suivis. You would be the first to regret following them. Vous êtes si bon pour nous que nous vous considérons comme notre frère et vous disons tout ce que nous pensons. You are so good to us that we consider you our brother and tell you everything we think. Pardonnez-moi. Mon intention a été bonne, vous n'en sauriez douter, Laurie ? My intention was good, you can't doubt it, Laurie? »

Et Meg lui offrit sa main avec un geste timide mais affectueux. And Meg offered her hand with a shy but affectionate gesture. Laurie, honteux de s'être montré un peu susceptible, serra la bonne petite main et dit franchement : Laurie, ashamed that he had been a little touchy, shook the good little hand and said frankly: Laurie, avergonzada por haber sido un poco susceptible, estrechó la buena manita y dijo con franqueza:

« C'est moi seul qui dois vous demander pardon ; je ne suis pas content de moi aujourd'hui, et tout est allé de travers. "It is I alone who must ask your forgiveness; I am not happy with myself today, and everything has gone wrong. J'aime que vous me disiez mes défauts et que vous soyez comme mes soeurs. I love that you tell me my faults and that you are like my sisters. Ainsi, ne faites pas attention à mes mouvements d'humeur. So don't pay attention to my mood swings. Je vous remercie, Meg, vous m'avez dit de très bonnes choses, et je tâcherai d'en profiter. Thank you Meg, you have said some very good things to me and I will try to take advantage of them.

– Bravo, Meg ! Et bravo, Laurie ! s'écria Jo. Dans tout cela, moi seule ai eu tort. In all of this, only I was wrong. En todo esto, sólo yo estaba equivocado. »

Laurie, voulant montrer qu'il n'était pas blessé, fut aussi aimable que possible, dévida du fil pour Meg, récita des vers pour faire plaisir à Jo, secoua les pins pour faire tomber des pommes de pin à Beth, et aida Amy avec ses fougères. Laurie, wanting to show he wasn't hurt, was as gracious as possible, unwound yarn for Meg, recited verses to please Jo, shook the pines to make Beth drop pine cones, and helped Amy with her ferns. Il se montra, en un mot, digne d'appartenir à la Société des Abeilles. He showed himself, in a word, worthy of belonging to the Bee Society. Au milieu d'une discussion animée sur les habitudes domestiques des tortues, le son d'une cloche avertit les quatre soeurs que Hannah venait de verser l'eau sur le thé, et que les jeunes filles auraient juste le temps de rentrer à la maison pour souper. In the midst of an animated discussion about the domestic habits of turtles, the sound of a bell alerted the four sisters that Hannah had just poured the water on the tea, and that the girls would have just enough time to get home for supper. En medio de una animada discusión sobre los hábitos domésticos de las tortugas, el sonido de una campana avisó a las cuatro hermanas de que Hannah acababa de verter el agua sobre el té, y que las chicas tendrían el tiempo justo de llegar a casa para cenar. Il n'y avait pas de temps à perdre si l'on ne voulait pas voir la vieille bonne mécontente. There was no time to lose if one did not want to see the old maid disgruntled. La séance fut donc levée. Se levanta la sesión.

« Pourrai-je revenir ? "Will I be able to come back? demanda Laurie.

– Si vous êtes sage et si vous aimez vos maîtres, comme on dit à l'école, répondit Meg en souriant, vous serez toujours le bienvenu, - If you are wise and love your masters, as they say in school," Meg replied with a smile, "you will always be welcome,

– Je tâcherai. - I will try. - Lo intentaré.

– Je vous apprendrai à tricoter comme font les Écossais. - I will teach you to knit like the Scots do. Il y a justement une demande de bas qui nous est faite par papa pour l'armée », cria Jo à Laurie en agitant son gros tricot de laine bleue, comme un drapeau, quand ils se séparèrent à la porte. There's just a request for stockings from Dad for the army," Jo shouted to Laurie, waving her big blue woolen knit like a flag as they parted at the door. Papá acaba de enviarnos un pedido de medias para el ejército", le gritó Jo a Laurie, agitando su gran jersey azul de lana como una bandera cuando se separaron en la puerta.

Ce soir-là, lorsque Beth fit de la musique au vieux M. Laurentz, à la tombée de la nuit, Laurie, caché dans l'ombre d'un rideau, écoutait le petit David, dont la musique simple le calmait toujours. That evening, when Beth played music to old Mr. Laurentz at dusk, Laurie, hidden in the shadow of a curtain, listened to little David, whose simple music always calmed him. Aquella tarde, cuando Beth tocaba música para el viejo señor Laurentz al anochecer, Laurie, oculto a la sombra de una cortina, escuchaba al pequeño David, cuya sencilla música siempre le tranquilizaba. Son regard se fixa avec attendrissement sur son grand-père qui, la tête dans les mains, pensait évidemment à l'enfant morte qu'il avait tant aimée, et le jeune homme, se rappelant alors la conversation de l'après-midi, se dit avec la résolution de faire joyeusement un sacrifice : His gaze fixed itself tenderly on his grandfather, who, with his head in his hands, was evidently thinking of the dead child whom he had loved so much, and the young man, remembering then the conversation of the afternoon, said to himself with the resolution to make a joyful sacrifice:

« Je laisserai mon château en Espagne de côté, et je resterai avec mon cher grand-père tant qu'il aura besoin de moi ; car, Meg a raison. "I will leave my castle in Spain aside, and stay with my dear grandfather as long as he needs me; for, Meg is right. Il faut que grand-père puisse à jamais compter sur moi, il n'a que moi au monde. Grandpa must be able to count on me forever, I'm the only one he has in the world. »