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Le Magicien d’Oz, CHAPITRE 6: LE LION POLTRON

CHAPITRE 6: LE LION POLTRON

Pendant tout ce temps, Dorothée et ses compagnons avaient cheminé à travers les bosquets touffus. La route était toujours pavée de briques jaunes, mais elles disparaissaient sous les branches cassées et les feuilles mortes, ce qui rendait la marche pénible. Les oiseaux se faisaient rares à cet endroit de la forêt, car les oiseaux recherchent les clairières inondées de soleil ; par contre, on entendait parfois le grognement profond de quelque animal sauvage caché parmi les arbres. Cela faisait battre très fort le coeur de la petite fille, car elle se demandait ce que c'était ; mais Toto, lui, avait compris, il ne quittait pas Dorothée d'une semelle et n'osait même pas répondre en aboyant. - Combien de temps allons-nous mettre, demanda la fillette au Bûcheron-en-fer-blanc, pour sortir de la forêt ? - Je n'ai aucune idée, s'entendit-elle répondre, c'est la première fois que je vais à la Cité d'Émeraude. Autrefois, mon père avait fait le voyage, dans mon enfance, et il avait gardé le souvenir d'une longue marche à travers un pays dangereux, tout en reconnaissant que la région était belle quand on s'approchait de la cité où habite Oz. Mais je ne crains rien avec mon bidon d'huile et on ne peut pas faire mal à l'Épouvantail ; quant à vous, vous portez au front la marque du baiser de la Bonne Sorcière, qui vous protège de tout danger. - Mais Toto ! dit la fillette inquiète, qu'est-ce qu'il a pour le protéger ? - C'est à nous de le protéger s'il est en danger, répliqua le Bûcheron-en-fer-blanc. Comme il prononçait ces mots, la forêt retentit d'un formidable rugissement et l'instant d'après, un Lion bondissait sur la route. D'un coup de patte, il fit valser l'Épouvantail qui retomba de l'autre côté du chemin, puis il donna au Bûcheron-en-fer-blanc un coup de ses griffes acérées. Le Bûcheron se retrouva par terre et resta étendu, immobile, mais à la grande surprise du Lion, le fer-blanc portait à peine une éraflure. Quant au petit Toto, maintenant que l'ennemi était là, il/courut vers le Lion en aboyant ; la grosse bête s'apprêtait à le mordre quand Dorothée, craignant le pire pour Toto, et au mépris du danger, se précipita et, de toutes ses forces, donna une tape sur le museau du Lion, en s'écriant : - Vous osez mordre Toto ! Vous devriez avoir honte, une grosse bête comme vous, de mordre un pauvre petit chien ! - Je ne l'ai pas mordu, dit le Lion en se frottant le museau avec sa patte, là où Dorothée l'avait tapé. - Non, mais vous avez essayé, répliquat- elle. Vous n'êtes qu'un gros poltron.

- Je sais, dit le Lion en baissant la tête d'un air penaud, vous ne m'apprenez rien.

Mais qu'y puis-je ? - Comment voulez-vous que je le sache ? Quand je pense que vous avez frappé un homme empaillé comme le pauvre Épouvantail ! - Il est empaillé ? demanda le Lion tout surpris, en la regardant relever l'Épouvantail et le remettre sur ses pieds, tandis qu'elle le tapotait pour lui redonner forme. - Bien sûr qu'il est empaillé, rétorqua Dorothée, encore sous le coup de la colère. - Je comprends maintenant pourquoi il a roulé si facilement, remarqua le Lion. J'ai été étonné de le voir tournoyer sur lui-même. Et l'autre, il est empaillé aussi ? - Non, dit Dorothée, il est en fer-blanc. Et elle aida le Bûcheron à se remettre d'aplomb.

- Voilà pourquoi j'ai failli me casser les griffes, dit le Lion. Quand elles ont crissé contre le fer-blanc, j'en ai eu la chair de poule. Et ce petit animal que vous aimez si tendrement, qui est-ce ? - C'est Toto, mon chien, répondit Dorothée. - Est-il en fer-blanc ou empaillé ? demanda le Lion. - Ni l'un ni l'autre. C'est un chien... euh... en chair, dit la fillette. - Oh ! quel curieux animal ; il me semble remarquablement petit, à présent que je le regarde. Il faut être un poltron comme moi, pour oser s'attaquer à une si petite créature. - Pourquoi êtes-vous un poltron ? s'étonna Dorothée en examinant la grosse bête qui avait bien la taille d'un petit cheval. - C'est un mystère, répliqua le Lion. J'ai dû naître ainsi. Naturellement, tous les autres animaux de la forêt me croient courageux, car le Lion - c'est bien connu - est le Roi des Animaux. J'ai appris par expérience que si je rugis très fort, tout ce qui respire s'écarte de mon chemin. J'ai toujours eu horriblement peur en présence des hommes ; mais il suffit que je rugisse pour qu'ils s'enfuient à toutes jambes. Si les éléphants, les tigres et les ours avaient essayé de m'attaquer, c'est moi qui me serais sauvé, tellement je suis poltron ; mais, au moindre de mes rugissements, ils décampent tous, et naturellement, je ne les retiens pas. - Cela n'est pas bien du tout. Le Roi des Animaux ne devrait pas être un poltron, dit l'Épouvantail. - Je sais, répliqua le Lion en essuyant du bout de sa queue une larme qui perlait. C'est le drame de ma vie, et j'en suis très malheureux. Mais au moindre danger, mon coeur se met à battre très fort. - Peut-être avez-vous une maladie de coeur, dit le Bûcheron-en-fer-blanc, vous devriez vous réjouir, car cela prouve que vous avez un coeur. Je n'en ai pas, moi ; je ne peux donc pas avoir de maladie de coeur. - Si je n'avais pas de coeur, réfléchit le Lion, je ne serais peut-être pas un poltron. - Avez-vous de la cervelle ? demanda l'Épouvantail. - Je l'espère. Je n'ai jamais cherché à le savoir, répliqua le Lion. - Je vais voir Oz le Grand pour lui demander de m'en donner, fit remarquer l'Épouvantail, car ma tête est bourrée de paille. - Et moi, je vais lui demander de me donner un coeur, dit le Bûcheron. - Et moi, je vais lui demander de me renvoyer avec Toto au Kansas, ajouta Dorothée. - A votre avis, Oz pourrait-il me donner du courage ? demanda le Lion Poltron. - Pourquoi pas, s'il peut me donner de la cervelle, dit l'Épouvantail. - Ou me donner un coeur, dit le Bûcheronen- fer-blanc. - Ou me renvoyer au Kansas, dit Dorothée. - Dans ce cas, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais vous accompagner, dit le Lion, car ma vie est tout simplement insupportable si on ne me donne pas un peu de courage. - Vous êtes vraiment le bienvenu, répondit Dorothée, car vous allez nous protéger des autres bêtes sauvages. Elles doivent être encore plus poltronnes que vous, si elles se laissent effrayer par vous aussi facilement. - En effet, dit le Lion, mais cela ne me rend pas plus courageux, et cela me désole d'être un poltron. Une fois de plus, notre petit groupe se remit en route ; le Lion faisait d'imposantes enjambées à côté de Dorothée. Au début, Toto accepta mal ce nouveau compagnon ; il n'arrivait pas à oublier qu'il avait failli finir en marmelade entre les puissantes mâchoires du Lion ; mais au bout d'un moment, ses ressentiments se dissipèrent et ils devinrent vite une paire d'amis. La journée passa sans qu'une autre aventure vînt troubler la paix de leur voyage. A un moment donné, toutefois, le Bûcheron-en-ferblanc mit le pied sur un scarabée qui cheminait sur la route, tuant ainsi la pauvre petite créature. Lui qui n'aurait pas fait de mal à une mouche, se sentit très malheureux ; et tout en marchant, il versait des larmes de regret. Ses larmes ruisselèrent lentement sur son visage, roulèrent jusqu'aux ressorts de ses mâchoires, qui en rouillèrent. Peu après, Dorothée lui posa une question, et le Bûcheron-en-fer-blanc ne répondit pas : il ne pouvait plus desserrer les dents. Ceci lui fit très peur ; il s'adressa par gestes à Dorothée pour qu'elle le secourût, peine perdue, car elle n'arrivait pas à le comprendre. Le Lion aussi était intrigué : que se passaitil donc ? Mais l'Épouvantail saisit le bidon d'huile dans le panier de Dorothée et oignit les mâchoires du Bûcheron ; l'instant d'après, il reparlait normalement. - Cela m'apprendra, dit-il, à regarder où je mets les pieds. Car s'il m'arrivait de tuer un autre insecte, je ne pourrais retenir mes larmes, la rouille me coincerait les mâchoires et m'empêcherait de parler. Puis il poursuivit son chemin avec mainte précaution, les yeux fixés sur la route, et dès qu'il voyait la moindre petite fourmi avançant péniblement, il l'enjambait pour éviter de lui faire du mal. Le Bûcheron-en-fer-blanc savait pertinemment qu'il n'avait pas de coeur, c'est pourquoi il prenait grand soin de n'être jamais cruel ni méchant, à l'égard de qui que ce soit. - Vous autres qui avez un coeur pour vous guider, dit-il, vous ne risquez jamais de faire du mal ; mais moi, qui n'en ai pas, je dois être très prudent. Dès qu'Oz m'aura donné un coeur, naturellement, je n'aurai plus besoin de me surveiller à chaque instant.


CHAPITRE 6: LE LION POLTRON KAPITEL 6: DER FEIGE LÖWE CHAPTER 6: THE COWARDLY LION CAPÍTULO 6: EL LEÓN COBARDE CAPITOLO 6: IL LEONE CODARDO CAPÍTULO 6: O LEÃO COBARDE 第 6 章:POLTRONIC 獅子

Pendant tout ce temps, Dorothée et ses compagnons avaient cheminé à travers les bosquets touffus. Die ganze Zeit über waren Dorothea und ihre Begleiter durch das dichte Gehölz gewandert. All the while Dorothy and her companions had been walking through the thickets. La route était toujours pavée de briques jaunes, mais elles disparaissaient sous les branches cassées et les feuilles mortes, ce qui rendait la marche pénible. Die Straße war immer noch mit gelben Ziegeln gepflastert, aber sie verschwanden unter abgebrochenen Ästen und Laub, was das Gehen beschwerlich machte. The road was still paved with yellow bricks, but they disappeared under broken branches and fallen leaves, which made walking difficult. Les oiseaux se faisaient rares à cet endroit de la forêt, car les oiseaux recherchent les clairières inondées de soleil ; par contre, on entendait parfois le grognement profond de quelque animal sauvage caché parmi les arbres. Vögel waren an dieser Stelle des Waldes selten, denn Vögel suchen sonnenüberflutete Lichtungen auf, dafür hörte man manchmal das tiefe Knurren eines wilden Tieres, das sich zwischen den Bäumen versteckte. Birds were scarce at this part of the forest, for birds seek glades bathed in sunlight; on the other hand, one could sometimes hear the deep growl of some wild animal hidden among the trees. Cela faisait battre très fort le coeur de la petite fille, car elle se demandait ce que c'était ; mais Toto, lui, avait compris, il ne quittait pas Dorothée d'une semelle et n'osait même pas répondre en aboyant. Das ließ das Herz des kleinen Mädchens sehr stark schlagen, weil sie sich fragte, was das war; aber Toto hatte es verstanden, er wich Dorothea nicht von der Seite und wagte es nicht einmal, bellend zu antworten. It made the little girl's heart beat very hard, for she wondered what it was; but Toto, he had understood, he didn't leave Dorothy an inch and didn't even dare to answer by barking. - Combien de temps allons-nous mettre, demanda la fillette au Bûcheron-en-fer-blanc, pour sortir de la forêt ? - Wie lange werden wir brauchen", fragte das Mädchen den Holzfäller-in-Weißblech, "um aus dem Wald herauszukommen? - How long are we going to take, asked the little girl at the Tin Woodcutter, to get out of the forest? - Je n'ai aucune idée, s'entendit-elle répondre, c'est la première fois que je vais à la Cité d'Émeraude. - Ich habe keine Ahnung", hörte sie sich antworten, "es ist das erste Mal, dass ich in der Smaragdstadt bin. - I have no idea, she heard herself answer, this is the first time I've been to the Emerald City. Autrefois, mon père avait fait le voyage, dans mon enfance, et il avait gardé le souvenir d'une longue marche à travers un pays dangereux, tout en reconnaissant que la région était belle quand on s'approchait de la cité où habite Oz. Früher, als ich noch ein Kind war, hatte mein Vater die Reise gemacht und die Erinnerung an einen langen Marsch durch ein gefährliches Land bewahrt, obwohl er zugab, dass die Gegend schön war, wenn man sich der Stadt näherte, in der Oz wohnte. Once, my father had made the trip, in my childhood, and he remembered a long walk through a dangerous country, while recognizing that the region was beautiful when approaching the city where Oz lives. Mais je ne crains rien avec mon bidon d'huile et on ne peut pas faire mal à l'Épouvantail ; quant à vous, vous portez au front la marque du baiser de la Bonne Sorcière, qui vous protège de tout danger. Aber ich habe keine Angst mit meiner Ölkanne und der Vogelscheuche kann man nicht wehtun; und du trägst auf deiner Stirn das Zeichen des Kusses der Guten Hexe, das dich vor jeder Gefahr schützt. But I'm safe with my oil can and the Scarecrow can't be hurt; as for you, you bear on your forehead the mark of the kiss of the Good Witch, which protects you from all danger. - Mais Toto ! - Aber Toto! dit la fillette inquiète, qu'est-ce qu'il a pour le protéger ? sagte das besorgte Mädchen, was hat er, um ihn zu beschützen? said the little girl worried, what does he have to protect him? - C'est à nous de le protéger s'il est en danger, répliqua le Bûcheron-en-fer-blanc. - Es ist unsere Aufgabe, ihn zu beschützen, wenn er in Gefahr ist", erwiderte der Holzfäller-in-Weiß. - It is up to us to protect him if he is in danger, replied the Tin Woodcutter. Comme il prononçait ces mots, la forêt retentit d'un formidable rugissement et l'instant d'après, un Lion bondissait sur la route. Als er diese Worte sprach, ertönte ein gewaltiges Gebrüll aus dem Wald und im nächsten Moment sprang ein Löwe auf die Straße. As he spoke these words, the forest resounded with a tremendous roar and the next moment a Lion leaped down the road. D'un coup de patte, il fit valser l'Épouvantail qui retomba de l'autre côté du chemin, puis il donna au Bûcheron-en-fer-blanc un coup de ses griffes acérées. Mit einem Prankenhieb ließ er die Vogelscheuche auf der anderen Seite des Weges wieder aufschlagen, dann versetzte er dem Holzfäller-in-Weißblech einen Schlag mit seinen scharfen Krallen. With a flick of his paw, he swung the Scarecrow, which landed on the other side of the path, then he gave the Tin Woodcutter a swipe with his sharp claws. Le Bûcheron se retrouva par terre et resta étendu, immobile, mais à la grande surprise du Lion, le fer-blanc portait à peine une éraflure. Der Holzfäller fand sich auf dem Boden wieder und blieb regungslos liegen, aber zum Erstaunen des Löwen trug das Blech kaum einen Kratzer. The Woodcutter fell to the ground and lay still, but to the Lion's surprise, the tin barely bore a scratch. Quant au petit Toto, maintenant que l'ennemi était là, il/courut vers le Lion en aboyant ; la grosse bête s'apprêtait à le mordre quand Dorothée, craignant le pire pour Toto, et au mépris du danger, se précipita et, de toutes ses forces, donna une tape sur le museau du Lion, en s'écriant : - Vous osez mordre Toto ! Der kleine Toto rannte nun, da der Feind da war, bellend auf den Löwen zu, und das große Tier wollte ihn gerade beißen, als Dorothea, die das Schlimmste für Toto befürchtete und die Gefahr missachtete, herbei eilte und dem Löwen mit aller Kraft auf die Schnauze schlug und rief: - Du wagst es, Toto zu beißen! As for little Toto, now that the enemy was there, he ran towards the Lion barking; the big beast was about to bite him when Dorothy, fearing the worst for Toto, and in defiance of the danger, rushed up and, with all her might, slapped the Lion's muzzle, exclaiming: - You dare bite Toto! Vous devriez avoir honte, une grosse bête comme vous, de mordre un pauvre petit chien ! Sie sollten sich schämen, ein großes Tier wie Sie, einen armen kleinen Hund zu beißen! You should be ashamed, a big beast like you, to bite a poor little dog! - Je ne l'ai pas mordu, dit le Lion en se frottant le museau avec sa patte, là où Dorothée l'avait tapé. - Ich habe ihn nicht gebissen", sagte der Löwe und rieb sich mit seiner Pfote die Schnauze, wo Dorothea ihn getippt hatte. - I didn't bite him, said the Lion, rubbing his muzzle with his paw, where Dorothy had hit him. - Non, mais vous avez essayé, répliquat- elle. - Nein, aber Sie haben es versucht", erwiderte sie. - No, but you tried, she replied. Vous n'êtes qu'un gros poltron. Sie sind ein großer Feigling. You are just a big coward.

- Je sais, dit le Lion en baissant la tête d'un air penaud, vous ne m'apprenez rien. - Ich weiß", sagte der Löwe und senkte verlegen den Kopf, "Sie bringen mir nichts bei. - I know, said the Lion, lowering his head sheepishly, you are not telling me anything.

Mais qu'y puis-je ? Aber was kann ich tun? But what can I do? - Comment voulez-vous que je le sache ? - Wie soll ich das wissen? - How do you want me to know? Quand je pense que vous avez frappé un homme empaillé comme le pauvre Épouvantail ! Wenn ich daran denke, dass Sie einen ausgestopften Mann wie die arme Vogelscheuche geschlagen haben! When I think you hit a stuffed man like poor Scarecrow! - Il est empaillé ? - Ist er ausgestopft? - Is he stuffed? demanda le Lion tout surpris, en la regardant relever l'Épouvantail et le remettre sur ses pieds, tandis qu'elle le tapotait pour lui redonner forme. fragte der Löwe überrascht und beobachtete, wie sie die Vogelscheuche hochhob und wieder auf die Füße stellte, während sie sie klopfte, um sie wieder in Form zu bringen. the Lion asked in surprise, watching her lift the Scarecrow back to its feet, as she patted it back into shape. - Bien sûr qu'il est empaillé, rétorqua Dorothée, encore sous le coup de la colère. - Natürlich ist er ausgestopft", entgegnete Dorothea, die noch immer unter dem Eindruck ihrer Wut stand. - Of course he's stuffed, retorted Dorothy, still in anger. - Je comprends maintenant pourquoi il a roulé si facilement, remarqua le Lion. - Jetzt verstehe ich, warum er so leicht weggerollt ist", bemerkte der Löwe. - I understand now why it rolled so easily, remarked the Lion. J'ai été étonné de le voir tournoyer sur lui-même. Ich war erstaunt, als ich sah, wie er sich um die eigene Achse drehte. I was amazed to see it spinning on itself. Et l'autre, il est empaillé aussi ? Und der andere, ist der auch ausgestopft? And the other one, is he stuffed too? - Non, dit Dorothée, il est en fer-blanc. - Nein", sagte Dorothea, "es ist aus Weißblech. Et elle aida le Bûcheron à se remettre d'aplomb. Und sie half dem Holzfäller, wieder auf die Beine zu kommen. And she helped the Woodcutter get back on his feet.

- Voilà pourquoi j'ai failli me casser les griffes, dit le Lion. - Deshalb habe ich mir fast die Krallen gebrochen", sagte der Löwe. - That's why I almost broke my claws, said the Lion. Quand elles ont crissé contre le fer-blanc, j'en ai eu la chair de poule. Als sie gegen das Weißblech knirschten, bekam ich eine Gänsehaut. When they crunched against the tin, I got goosebumps. Et ce petit animal que vous aimez si tendrement, qui est-ce ? Und wer ist das kleine Tier, das Sie so zärtlich lieben? And this little animal that you love so dearly, who is it? - C'est Toto, mon chien, répondit Dorothée. - Das ist Toto, mein Hund", antwortete Dorothea. - Est-il en fer-blanc ou empaillé ? - Ist er aus Blech oder ausgestopft? - Is it tinned or stuffed? demanda le Lion. fragte der Löwe. - Ni l'un ni l'autre. C'est un chien... euh... en chair, dit la fillette. Das ist ein Hund ... äh ... aus Fleisch", sagte das Mädchen. It's a dog... uh... in the flesh, said the little girl. - Oh ! - Oh! quel curieux animal ; il me semble remarquablement petit, à présent que je le regarde. was für ein merkwürdiges Tier; es erscheint mir auffallend klein, wenn ich es jetzt betrachte. what a curious animal; it looks remarkably small now that I look at it. Il faut être un poltron comme moi, pour oser s'attaquer à une si petite créature. Man muss schon ein Feigling wie ich sein, um es zu wagen, sich mit einer so kleinen Kreatur anzulegen. You have to be a coward like me to dare to attack such a small creature. - Pourquoi êtes-vous un poltron ? - Warum sind Sie ein Feigling? - Why are you a coward? s'étonna Dorothée en examinant la grosse bête qui avait bien la taille d'un petit cheval. wunderte sich Dorothea und begutachtete das große Tier, das gut die Größe eines kleinen Pferdes hatte. wondered Dorothy, examining the big beast which had the size of a small horse. - C'est un mystère, répliqua le Lion. - Das ist ein Rätsel", erwiderte der Löwe. J'ai dû naître ainsi. Ich muss so geboren worden sein. I must have been born like this. Naturellement, tous les autres animaux de la forêt me croient courageux, car le Lion - c'est bien connu - est le Roi des Animaux. Natürlich halten mich alle anderen Tiere im Wald für mutig, denn der Löwe - das ist ja bekannt - ist der König der Tiere. Naturally, all the other animals in the forest think me brave, because the Lion - it is well known - is the King of Animals. J'ai appris par expérience que si je rugis très fort, tout ce qui respire s'écarte de mon chemin. Ich habe die Erfahrung gemacht, dass, wenn ich sehr laut brülle, alles, was atmet, mir aus dem Weg geht. I have learned from experience that if I roar very loudly, everything that breathes gets out of my way. J'ai toujours eu horriblement peur en présence des hommes ; mais il suffit que je rugisse pour qu'ils s'enfuient à toutes jambes. Ich hatte immer schreckliche Angst in der Gegenwart von Menschen; aber wenn ich brülle, rennen sie wie verrückt davon. I have always been terribly afraid in the presence of men; but it is enough that I roar for them to run away at full speed. Si les éléphants, les tigres et les ours avaient essayé de m'attaquer, c'est moi qui me serais sauvé, tellement je suis poltron ; mais, au moindre de mes rugissements, ils décampent tous, et naturellement, je ne les retiens pas. Wenn Elefanten, Tiger und Bären versucht hätten, mich anzugreifen, wäre ich derjenige gewesen, der abgehauen wäre, so feige bin ich. Aber bei meinem leisesten Gebrüll rennen sie alle weg, und natürlich halte ich sie nicht zurück. If the elephants, tigers and bears had tried to attack me, I would have run away, I am so cowardly; but, at the least of my roars, they all decamp, and of course I do not hold them back. - Cela n'est pas bien du tout. - Dies ist überhaupt nicht gut. - This is not good at all. Le Roi des Animaux ne devrait pas être un poltron, dit l'Épouvantail. Der König der Tiere sollte kein Feigling sein", sagte die Vogelscheuche. The King of Beasts shouldn't be a coward, said the Scarecrow. - Je sais, répliqua le Lion en essuyant du bout de sa queue une larme qui perlait. - Ich weiß", erwiderte der Löwe und wischte sich mit der Schwanzspitze eine Träne aus dem Gesicht. - I know, replied the Lion, wiping away a pearly tear with the tip of his tail. C'est le drame de ma vie, et j'en suis très malheureux. Das ist das Drama meines Lebens und ich bin sehr unglücklich darüber. This is the tragedy of my life, and I am very unhappy about it. Mais au moindre danger, mon coeur se met à battre très fort. Aber bei der geringsten Gefahr fängt mein Herz an, sehr stark zu schlagen. But at the slightest danger, my heart starts beating very hard. - Peut-être avez-vous une maladie de coeur, dit le Bûcheron-en-fer-blanc, vous devriez vous réjouir, car cela prouve que vous avez un coeur. - Vielleicht haben Sie eine Herzkrankheit", sagte der Holzfäller-in-Weißblech, "Sie sollten sich freuen, denn das beweist, dass Sie ein Herz haben. - Perhaps you have heart disease, said the Tin Woodcutter, you should rejoice, because it proves that you have a heart. Je n'en ai pas, moi ; je ne peux donc pas avoir de maladie de coeur. Ich selbst habe keine; daher kann ich auch keine Herzkrankheit haben. I don't have any; so I can't have heart trouble. - Si je n'avais pas de coeur, réfléchit le Lion, je ne serais peut-être pas un poltron. - If I didn't have a heart, reflected the Lion, maybe I wouldn't be a coward. - Avez-vous de la cervelle ? - Do you have brains? demanda l'Épouvantail. - Je l'espère. Je n'ai jamais cherché à le savoir, répliqua le Lion. I never tried to find out, replied the Lion. - Je vais voir Oz le Grand pour lui demander de m'en donner, fit remarquer l'Épouvantail, car ma tête est bourrée de paille. - Ich werde zu Oz dem Großen gehen und ihn bitten, mir etwas davon zu geben", bemerkte die Vogelscheuche, "denn mein Kopf ist mit Stroh gefüllt. - I'm going to see Oz the Great to ask him to give me some, remarked the Scarecrow, because my head is stuffed with straw. - Et moi, je vais lui demander de me donner un coeur, dit le Bûcheron. - And I'm going to ask him to give me a heart, said the woodcutter. - Et moi, je vais lui demander de me renvoyer avec Toto au Kansas, ajouta Dorothée. - And I'm going to ask him to send me and Toto back to Kansas, Dorothée added. - A votre avis, Oz pourrait-il me donner du courage ? - In your opinion, could Oz give me courage? demanda le Lion Poltron. - Pourquoi pas, s'il peut me donner de la cervelle, dit l'Épouvantail. - Why not, if he can give me some brains, said the Scarecrow. - Ou me donner un coeur, dit le Bûcheronen- fer-blanc. - Ou me renvoyer au Kansas, dit Dorothée. - Dans ce cas, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais vous accompagner, dit le Lion, car ma vie est tout simplement insupportable si on ne me donne pas un peu de courage. - In that case, if you don't mind, I'll go with you, said the Lion, because my life is simply unbearable if you don't give me a little courage. - Vous êtes vraiment le bienvenu, répondit Dorothée, car vous allez nous protéger des autres bêtes sauvages. - You are really welcome, replied Dorothy, because you will protect us from other wild beasts. Elles doivent être encore plus poltronnes que vous, si elles se laissent effrayer par vous aussi facilement. They must be even more cowardly than you, if they get scared off by you so easily. - En effet, dit le Lion, mais cela ne me rend pas plus courageux, et cela me désole d'être un poltron. - In der Tat", sagte der Löwe, "aber das macht mich nicht mutiger, und es tut mir leid, ein Feigling zu sein. - Indeed, said the Lion, but that does not make me more courageous, and it saddens me to be a coward. Une fois de plus, notre petit groupe se remit en route ; le Lion faisait d'imposantes enjambées à côté de Dorothée. Once again our little group set out again; the Lion was taking imposing strides beside Dorothy. Au début, Toto accepta mal ce nouveau compagnon ; il n'arrivait pas à oublier qu'il avait failli finir en marmelade entre les puissantes mâchoires du Lion ; mais au bout d'un moment, ses ressentiments se dissipèrent et ils devinrent vite une paire d'amis. Anfangs akzeptierte Toto den neuen Gefährten nur schwer; er konnte nicht vergessen, dass er zwischen den mächtigen Kiefern des Löwen fast als Marmelade geendet hätte; aber nach einer Weile verflog sein Groll und sie wurden schnell ein Paar Freunde. At first, Toto resented this new companion; he couldn't forget that he had almost ended up marmalade between the mighty jaws of the Lion; but after a while his resentments dissipated and they soon became a pair of friends. La journée passa sans qu'une autre aventure vînt troubler la paix de leur voyage. The day passed without another adventure disturbing the peace of their journey. A un moment donné, toutefois, le Bûcheron-en-ferblanc mit le pied sur un scarabée qui cheminait sur la route, tuant ainsi la pauvre petite créature. At one point, however, the Tin Woodcutter stepped on a beetle that was walking down the road, killing the poor little creature. Lui qui n'aurait pas fait de mal à une mouche, se sentit très malheureux ; et tout en marchant, il versait des larmes de regret. He, who would not have hurt a fly, felt very unhappy; and as he walked he shed tears of regret. Ses larmes ruisselèrent lentement sur son visage, roulèrent jusqu'aux ressorts de ses mâchoires, qui en rouillèrent. Seine Tränen rannen langsam über sein Gesicht und rollten zu den Federn in seinen Kiefern, wo sie verrosteten. Her tears trickled slowly down her face, rolled down to the springs of her jaws, which rusted. Peu après, Dorothée lui posa une question, et le Bûcheron-en-fer-blanc ne répondit pas : il ne pouvait plus desserrer les dents. Shortly after, Dorothy asked him a question, and the Tin Woodcutter did not answer: he could no longer unclench his teeth. Ceci lui fit très peur ; il s'adressa par gestes à Dorothée pour qu'elle le secourût, peine perdue, car elle n'arrivait pas à le comprendre. Das machte ihm große Angst und er wandte sich mit Gesten an Dorothea, damit sie ihm helfen sollte. This frightened him very much; he gestured to Dorothee asking her to help him, but it was a waste of time, for she could not understand him. Le Lion aussi était intrigué : que se passaitil donc ? The Lion was also intrigued: what was going on? Mais l'Épouvantail saisit le bidon d'huile dans le panier de Dorothée et oignit les mâchoires du Bûcheron ; l'instant d'après, il reparlait normalement. But the Scarecrow grabbed the can of oil from Dorothy's basket and anointed the Woodcutter's jaws; the next moment he was talking normally again. - Cela m'apprendra, dit-il, à regarder où je mets les pieds. - That will teach me, he said, to watch where I step. Car s'il m'arrivait de tuer un autre insecte, je ne pourrais retenir mes larmes, la rouille me coincerait les mâchoires et m'empêcherait de parler. Because if I happened to kill another insect, I couldn't hold back my tears, the rust would jam my jaws and prevent me from speaking. Puis il poursuivit son chemin avec mainte précaution, les yeux fixés sur la route, et dès qu'il voyait la moindre petite fourmi avançant péniblement, il l'enjambait pour éviter de lui faire du mal. Then he continued on his way with great caution, his eyes fixed on the road, and as soon as he saw the slightest little ant advancing painfully, he stepped over it to avoid hurting it. Le Bûcheron-en-fer-blanc savait pertinemment qu'il n'avait pas de coeur, c'est pourquoi il prenait grand soin de n'être jamais cruel ni méchant, à l'égard de qui que ce soit. The Tin Woodcutter knew full well that he had no heart, which is why he took great care never to be cruel or mean to anyone. - Vous autres qui avez un coeur pour vous guider, dit-il, vous ne risquez jamais de faire du mal ; mais moi, qui n'en ai pas, je dois être très prudent. - You others who have a heart to guide you, he said, you never risk doing harm; but I, who don't have one, have to be very careful. Dès qu'Oz m'aura donné un coeur, naturellement, je n'aurai plus besoin de me surveiller à chaque instant. As soon as Oz gives me a heart, of course, I won't have to watch myself all the time.