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Le Ciné-Club de M.Bobine, A.I. Intelligence Artificielle de Steven Spielberg, l'analyse de M. Bobine (2)

A.I. Intelligence Artificielle de Steven Spielberg, l'analyse de M. Bobine (2)

puisqu'il y réalisera pas moins de trois films historique

sur des sujets aussi sensibles que la Shoah, la seconde guerre mondiale et l'esclavage.

La Liste de Schindler, en particulier, le confrontera à l'immense tâche

de représenter l'Holocauste avec justesse et tact.

Malgré les précautions de son réalisateur

pour éviter de sombrer dans le mélodrame et le pathos,

le film sera la cible de diverses critiques,

notamment de la part de Claude Lanzmann, le réalisateur du documentaire Shoah,

pour qui aucune image ne peut véritablement rendre compte de l'horreur de l'Holocauste.

À l'issue d'une telle décennie,

il n'est donc pas surprenant que Spielberg réalise un film

où il semble s'interroger sur sa responsabilité de metteur en scène.

Dans A.I., il aborde la question des émotions qu'en tant que cinéaste,

il provoque chez le public.

La scène où Monica active l'amour filial de David

apparaît ainsi comme une allégorie du travail de tout artiste.

Bien que David soit un robot,

son amour envers Monica n'est pas déclenché par le fait de presser des boutons

ou d'effectuer une certaine manipulation.

Il est déclenché par une série de mot qui n'ont pas forcément de lien logique entre eux

mais dont l'association provoque le résultat escompté.

Or, c'est précisément le travail d'un artiste que de savoir agencer des symboles et des concepts

pour susciter une réaction émotionnelle auprès de son public.

Un peu plus tard, Monica programmera à nouveau David.

En lui lisant l'histoire de Pinocchio,

elle lui donne sans le vouloir l'inspiration pour trouver la fée bleue

et devenir un vrai petit garçon.

Et lorsque Monica essaie d'expliquer que cela ne sera pas possible,

il lui répond avec une phrase qui illustre parfaitement le problème de Spielberg :

Si le travail d'un metteur en scène est de raconter une histoire

de façon assez vraisemblable pour que le public croit à ce qu'il voit,

quelles sont les limites esthétiques, éthiques et morales à ce qu'il peut représenter

et à la façon dont il peut le faire ?

Où se situe la frontière qui sépare la fiction de la manipulation et du mensonge ?

Dans A.I., Spielberg semble trouver une réponse au travers d'une conclusion douce-amère.

Lorsque David est finalement autorisé à passer une journée parfaite avec Monica,

journée à l'issue de laquelle elle lui dira enfin qu'elle l'aime,

tout n'est plus que simulacre.

L'humanité a disparu, seuls les robots existent encore.

Même Monica n'est pas la véritable Monica qu'il a connu.

C'est un clone dont la durée de vie est limitée à une journée.

Ce qu'il vit à ce moment-là est symboliquement une fiction.

Cela est suggéré par une forme de mise en abyme

lorsqu'on voit les robots observer David à travers un écran.

Par ailleurs, David lui-même est parfaitement conscient de vivre une fiction

et il sait qu'il doit à tout prix préserver l'illusion pour ne pas effrayer sa mère.

Néanmoins, à l'issue de cette journée, alors que la vie de Monica s'achève une deuxième fois,

David s'allonge auprès d'elle, et pour la première fois de sa vie...

Cette dernière phrase fait directement écho à la scène

où David cherchait un moyen de devenir humain.

Ce n'est donc qu'une fois parvenu là où naissent les rêves,

que David découvre enfin le pouvoir qui a pu le transformer en véritable petit garçon,

le pouvoir de la fiction.

Malgré cette conclusion poétique, l'obsession de Spielberg

autour de sa responsabilité en tant que cinéaste ne s'arrêtera pas là

puisque ses deux films suivants seront marqués

par la question de la manipulation des images et du mensonge.

Dans Minority Report,

un procédé qui ressemble à la fois à un dispositif de mise en scène

et à un banc de montage

sera utilisé pour faire accuser un innocent.

Dans Attrape-Moi Si Tu Peux,

le protagoniste principal passera sa vie à mentir et à jouer les imposteurs

jusqu'au moment où il réalisera que sa vie ne fut qu'une fiction sans aucune valeur

par rapport à la réalité des sentiments qui unissent une famille.

Mais là, je commence à digresser et on reviendra peut-être sur ces films

à l'occasion d'autres Ciné-clubs de Monsieur Bobine !

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