LAO-TSEU : Tao Te King, Livre 2: chapitre 42
42.
Le Tao a produit un ; un a produit deux 32 ; deux a produit trois 33 ; trois 34 a produit tous les êtres. Tous les êtres fuient le calme et cherchent le mouvement. Un souffle immatériel forme l'harmonie. Ce que les hommes détestent, c'est d'être orphelins, imparfaits, dénués de vertu, et cependant les rois s'appellent ainsi eux-mêmes35. C'est pourquoi, parmi les êtres, les uns s'augmentent en se diminuant ; les autres se diminuent en s'augmentant. Ce que les hommes enseignent, je l'enseigne aussi. Les hommes violents et inflexibles n'obtiennent point une mort naturelle. Je veux prendre leur exemple pour la base de mes instructions.
Notes du chapitre 42
| 32 | Un a produit deux, c'est-à-dire un s'est divisé en principe in , « femelle », et en principe yang , « mâle ». | 33 | Deux a produit trois (c'est-à-dire, deux ont produit un troisième principe) : le principe femelle et le principe mâle se sont unis et ont produit l'« harmonie ». | 34 | Trois, c'est-à-dire ce troisième principe. Le souffle d'« harmonie » s'est condensé et a produit tous les êtres. | 35 | Ces noms que se donnent les rois sont des termes d'humilité. Si les princes et les rois ne s'abaissaient pas (littéralement « ne se diminuaient pas »), l'empire ne se soumettrait pas à eux. C'est pourquoi les empereurs Yao et Chun occupèrent le trône et le regardèrent comme s'il leur eût été étranger (ils oubliaient leur élévation) ; leurs bienfaits ont eu une étendue sans bornes, et jusqu'à aujourd'hui on célèbre leur vertu. Aussi quiconque s'abaisse est élevé par les hommes (littéralement « quiconque se diminue, les hommes l'augmentent »).