MATIÈRE GRISE 2009-01-18
On nous dit en ce moment que la matière grise est plus importante que les matières premières. C'est même le sujet d'une chronique passée récemment sur RFI. C'est bien pourquoi j'ai envie de répondre à Edmond Toloba, qui se demande bien ce que ça signifie, cette drôle d'expression « matière grise ». C'est simple, cela désigne l'intelligence. Au départ, bien sûr, cela évoque la cervelle, le cerveau, cette partie de l'organisme où on pense que naît la pensée. Rien à redire, c'est bien gris, grisâtre même. On parle donc de matière grise, ou parfois de cellules grises ; ces petites cellules grises qui occupent tellement Hercule Poirot, le célèbre détective des romans d'Agatha Christie. Alors si c'est dans Agatha Christie, c'est de l'anglais ? Eh bien oui, l'expression peut se lire aussi en anglais. Et quand on parle de matière grise, on parle vraiment d'intelligence pure, déductive, presque mathématique. Il ne s'agit pas d'intuition, de débrouillardise. Ce n'est pas l'intelligence qui s'adapte, c'est celle qui réfléchit. Ce qui est bizarre, c'est que dans cette expression, l'adjectif « gris » est lié à une idée très positive. C'est à peu près la seule fois qu'on peut trouver cette couleur évoquant quelque chose de positif. Sans ça, que ce soit « faire grise mine à quelqu'un » (c'est-à-dire ne pas être souriant, être plutôt hostile, fermé) ou même l'éminence grise (celui qui donne des conseils aux puissants, qu'on ne voit jamais mais qui a le vrai pouvoir), le mot n'est jamais très glorieux. Il s'agit toujours d'apparences insignifiantes, qu'on ne remarque pas, qui sont comme on dit couleur de muraille. Retrouvez Les mots de la semaine dans les journaux en français facile du week-end. Chaque semaine, Yvan Amar répond aux questions d'un auditeur.