TRAQUENARD 2009-09-29
Roman Polanski est il tombé dans un traquenard ? En tout cas, il était attendu à Zurich. Même s'il semble que les autorités suisses n'aient pas trempé dans la préparation de l'affaire, la justice américaine, elle, avait mis beaucoup de choses en œuvre pour que le célèbre cinéaste, invité à un festival de films qui devait honorer son travail, se fasse piéger en arrivant.
En effet, pour des faits qui remontent à 1977 – il y a trente-deux ans – et qui, probablement, ont été montés en épingle par un juge avide de publicité ; le réalisateur a été écroué et il est sous le coup d'une demande d'extradition des États-Unis.
Alors, le mot « traquenard » est peut-être fort pour qualifier cette arrestation : pourtant on a bien l'impression que l'étau était prêt à se refermer sur lui dès qu'il serait entré en Suisse, même s'il n'y avait pas été attiré délibérément.
Un traquenard, c'est un piège. Mais attention : pas n'importe lequel. Le mot est sinistre, il évoque un piège tout spécialement bas, vil, mesquin, Parce qu'il évoque à la fois la ruse et la perfidie ; le désir de nuire lié à la dissimulation, à la tromperie et au mensonge. Tout ça n'est pas très noble tout cela, pas vraiment joli joli ! Mais quand on parle de traquenard, on pense toujours à une préméditation pour faire du tort à quelqu'un. On aura mûrement réfléchi aux façons de le faire tomber.
On pense bien sûr que le mot est de la famille de « traquer ». C'est un mot de la chasse au départ : traquer, c'est suivre la piste d'un animal pour le rattraper, le coincer, lui couper toute retraite, le réduire à sa merci. Alors, on aurait pu penser que le traquenard était un genre de piège. En fait pas du tout ! Les deux mots n'ont rien à voir et le traquenard qui vient des langues du sud de la France, de la langue d'oc, du gascon, alors que traquer vient peut-être du néerlandais. Et le traquenard vient au départ du langage technique des spécialistes de chevaux : il désigne un pas inégal.
Et cette boiterie a fini par être associée à une image du diable. Au moyen âge, on parle du Traquenard saint Michel, étonnante association d'un saint vénéré qui peut servir de masque, d'inverse : inversé, il est aussi diabolique que saint Michel pouvait être saint. Et puis le mot est passé dans le vocabulaire de la chasse probablement en relation avec justement cette traque à laquelle il ressemble.
Si un traquenard est donc une situation organisée pour piéger quelqu'un. On parle parfois d'une machination, ou encore, de coup monté.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/