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Proverbes et expressions Françaises, Une nuit blanche

Une nuit blanche

Une nuit blanche. Une nuit sans sommeil

Autant vous l'avouer tout de suite : il n'existe aucune certitude quant à l'origine de cette expression qui date du XVIIIe siècle.

On en trouve une attestation en date du 30 octobre 1771 dans une lettre de la marquise du Deffand, Marie de Vichy-Chamrond alors âgée de 74 ans, à l'homme politique et écrivain anglais Horace Walpole.

Elle y écrit ceci : « Vous saurez que j'ai passé une nuit blanche, mais si blanche, que depuis deux heures après minuit que je me suis couchée, jusqu'à trois heures après-midi que je vous écris, je n'ai pas exactement fermé la paupière ; c'est la plus forte insomnie que j'ai jamais eue. » Comme il ne semble pas exister de traces antérieures dans la littérature française, certains auteurs émettent l'hypothèse que c'est elle qui a inventé ce terme. Mais comme on le trouve dans d'autres ouvrages postérieurs moins d'un an et demi après, il n'est pas certain que cela soit le cas.

L'idée la moins originale mais peut-être la plus véridique est la simple opposition avec la nuit noire, celle où, en temps normal, on dort d'un sommeil généralement bien mérité, une nuit passée en restant éveillé étant alors une nuit blanche, soit par contraste, soit parce qu'on la passe avec une lumière allumée.

Pour le confirmer, il suffit de se souvenir qu'en français, le qualificatif blanc désigne souvent un manque. Ainsi, un mariage blanc, un examen blanc, un tir à blanc ou encore une voix blanche, par exemple.

Bien entendu, on peut trouver quelques autres explications, en particulier sur Internet où la plus répandue, et certainement la plus fausse, évoque les chevaliers qui, la nuit précédant leur adoubement, devaient la passer éveillés dans une tenue entièrement blanche.

Mais si cette explication était la bonne, il faudrait expliquer pourquoi il a alors fallu attendre la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour trouver la première trace écrite de cette expression, plusieurs siècles après cette coutume de chevalerie.

Toutefois, une autre hypothèse, nettement plus vraisemblable, cette fois, car elle respecte la chronologie, nous vient de Saint-Pétersbourg, en Russie.

À l'époque du règne d'Élisabeth, puis de Catherine II, la cour royale dans cette ville - qui je le rappelle, était alors la capitale du pays - était fréquentée par de nombreux Français, en été principalement. Or, à cette époque de l'année et à cette latitude, les nuits sont loin d'être vraiment noires, le soleil ne se couchant jamais complètement. Et dans ces années-là, tradition perpétuée actuellement par le festival des Nuits Blanches de Saint-Pétersbourg, la vie « nocturne » battait son plein. Autant dire que ceux qui participaient aux bals et autres fêtes tardives, passaient des nuits doublement blanches à la fois, par l'absence de sommeil et par la luminosité de la nuit. Il se peut donc tout-à-fait que le terme russe nuits blanches ait été ramené et popularisé chez nous par les Français qui passaient du bon temps là-bas.


Une nuit blanche One sleepless night

Une nuit blanche. One sleepless night. Une nuit sans sommeil A sleepless night

Autant vous l’avouer tout de suite : il n’existe aucune certitude quant à l’origine de cette expression qui date du XVIIIe siècle. You might as well admit it right away: there is no certainty as to the origin of this expression, which dates from the 18th century.

On en trouve une attestation en date du 30 octobre 1771 dans une lettre de la marquise du Deffand, Marie de Vichy-Chamrond alors âgée de 74 ans, à l’homme politique et écrivain anglais Horace Walpole. We find an attestation dated October 30, 1771 in a letter from the Marquise du Deffand, Marie de Vichy-Chamrond, then 74 years old, to the English politician and writer Horace Walpole.

Elle y écrit ceci : « Vous saurez que j’ai passé une nuit blanche, mais si blanche, que depuis deux heures après minuit que je me suis couchée, jusqu’à trois heures après-midi que je vous écris, je n’ai pas exactement fermé la paupière ; c’est la plus forte insomnie que j’ai jamais eue. She wrote in it: "You will know that I spent a sleepless night, but so sleepless, that since two hours after midnight that I went to bed, until three in the afternoon that I am writing to you, I have not. not exactly closed the eyelid; it's the strongest sleeplessness I have ever had. » Comme il ne semble pas exister de traces antérieures dans la littérature française, certains auteurs émettent l’hypothèse que c’est elle qui a inventé ce terme. As there does not seem to be any previous traces in French literature, some authors hypothesize that it was she who coined this term. Mais comme on le trouve dans d’autres ouvrages postérieurs moins d’un an et demi après, il n’est pas certain que cela soit le cas. But as we find in other later works less than a year and a half later, it is not certain that this is the case.

L’idée la moins originale mais peut-être la plus véridique est la simple opposition avec la nuit noire, celle où, en temps normal, on dort d’un sommeil généralement bien mérité, une nuit passée en restant éveillé étant alors une nuit blanche, soit par contraste, soit parce qu’on la passe avec une lumière allumée. The least original idea, but perhaps the most truthful, is the simple opposition to the dark night, the one where, in normal times, we sleep a generally well-deserved sleep, a night spent staying awake then being a sleepless night. , either by contrast, or because it is passed with a light on.

Pour le confirmer, il suffit de se souvenir qu’en français, le qualificatif blanc désigne souvent un manque. To confirm this, it suffices to remember that in French, the qualifier white often designates a lack. Ainsi, un mariage blanc, un examen blanc, un tir à blanc ou encore une voix blanche, par exemple. Thus, a mock marriage, a mock exam, a mock firing or even a blank vote, for example.

Bien entendu, on peut trouver quelques autres explications, en particulier sur Internet où la plus répandue, et certainement la plus fausse, évoque les chevaliers qui, la nuit précédant leur adoubement, devaient la passer éveillés dans une tenue entièrement blanche. Of course, one can find some other explanations, in particular on Internet where the most widespread, and certainly the most false, evokes the knights who, the night before their dubbing, had to spend it awake in an entirely white dress.

Mais si cette explication était la bonne, il faudrait expliquer pourquoi il a alors fallu attendre la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour trouver la première trace écrite de cette expression, plusieurs siècles après cette coutume de chevalerie. But if this explanation were the correct one, it would be necessary to explain why it was then necessary to wait until the second half of the 18th century to find the first written trace of this expression, several centuries after this custom of chivalry.

Toutefois, une autre hypothèse, nettement plus vraisemblable, cette fois, car elle respecte la chronologie, nous vient de Saint-Pétersbourg, en Russie. However, another hypothesis, much more likely this time, because it respects the chronology, comes to us from Saint Petersburg, in Russia.

À l’époque du règne d’Élisabeth, puis de Catherine II, la cour royale dans cette ville - qui je le rappelle, était alors la capitale du pays - était fréquentée par de nombreux Français, en été principalement. At the time of the reign of Elisabeth, then of Catherine II, the royal court in this city - which I recall, was then the capital of the country - was frequented by many French, mainly in summer. Or, à cette époque de l’année et à cette latitude, les nuits sont loin d’être vraiment noires, le soleil ne se couchant jamais complètement. However, at this time of the year and at this latitude, the nights are far from being really dark, the sun never setting completely. Et dans ces années-là, tradition perpétuée actuellement par le festival des Nuits Blanches de Saint-Pétersbourg, la vie « nocturne » battait son plein. And in those years, a tradition now perpetuated by the White Nights Festival in Saint Petersburg, the "night" life was in full swing. Autant dire que ceux qui participaient aux bals et autres fêtes tardives, passaient des nuits doublement blanches à la fois, par l’absence de sommeil et par la luminosité de la nuit. Suffice to say that those who participated in balls and other late parties, spent doubly white nights at the same time, by the absence of sleep and by the brightness of the night. Il se peut donc tout-à-fait que le terme russe nuits blanches ait été ramené et popularisé chez nous par les Français qui passaient du bon temps là-bas. It is therefore quite possible that the Russian term sleepless nights was brought back and popularized here by the French who were having a good time there.