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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Tante Marsch XXIII

Tante Marsch XXIII

XXIII

Tante Marsch

Le lendemain, la mère et ses filles s'étaient empressées autour de M. Marsch comme des abeilles autour de leur reine ; elles négligeaient tout pour regarder, écouter et servir ce nouveau convalescent qui avait encore besoin de soins. Quand il était assis dans le grand fauteuil auprès du canapé de Beth, avec ses trois filles et sa femme à ses côtés et Hannah qui passait de temps en temps sa tête à la porte, « pour regarder le cher homme », rien ne semblait manquer à leur bonheur ; mais il y manquait cependant quelque chose, et chacun, excepté Amy et Beth, le sentait sans le dire.

M. et Mme Marsch se regardaient d'un air préoccupé et suivaient tous les mouvements de Meg ; Jo avait des accès de tristesse subite et montrait le poing à quelque chose qui ressemblait beaucoup au parapluie de M. Brooke, oublié « par ce monsieur » dans un coin. Meg avait des distractions ; elle était timide et silencieuse, tressaillait et rougissait à chaque coup de sonnette. Amy dit que tout le monde semblait attendre quelqu'un « et que c'était bizarre, puisque père était revenu ». Et Beth demanda innocemment pourquoi leurs voisins ne venaient pas comme d'habitude.

Laurie vint dans l'après-midi. Il avait aperçu Meg à sa fenêtre ; on eût dit d'un coupable pris d'un accès de contrition subite. Il avait posé un genou sur la neige, s'était donné des coups dans la poitrine et avait fait semblant de s'arracher les cheveux ; et, lorsque Meg, mécontente, lui eut enjoint de s'en aller, il avait levé les mains d'un air suppliant, répandu des larmes imaginaires dans son mouchoir de poche et s'était éloigné à grands pas comme un homme plongé dans le plus profond désespoir.

« Que veut dire ce grand nigaud avec sa ridicule pantomime ? dit Meg en riant et tâchant de n'avoir pas l'air d'avoir compris ce manège.

– Vous ne le savez que trop, lui répondit Jo en lui jetant un regard de reproche. Laurie manque quelquefois de goût, mais il vise juste.

– Ne me taquinez pas, Jo, je vous en prie, répondit Meg à sa soeur. Qu'on ne me dise rien et nous serons tous amis comme auparavant.

– Nous ne pourrons pas. La mauvaise plaisanterie de Laurie a tout changé. Je le vois bien, vous n'êtes plus comme autrefois, et vous semblez loin de moi. Je n'ai pas l'intention de vous taquiner et je supporterai cet événement comme un homme, mais je voudrais que tout soit fixé. Je déteste attendre ; ainsi, si vous avez l'intention de le faire, dépêchez-vous et que ce soit vite fini. Quand j'aurai tout souffert, je ne souffrirai plus.

– Je ne peux pourtant rien dire ni rien faire avant qu'on ait parlé, et on ne parlera pas, Jo, soyez-en sûre, parce que papa a dit que j'étais trop jeune.

– Si monsieur. On parlait, vous ne sauriez plus que répondre ; vous balbutieriez, vous rougiriez ou vous pleureriez, et vous lui laisseriez dire tout ce qu'il voudrait, au lieu de l'arrêter net par un bon non bien décidé.

– Je ne suis pas si sotte que vous le supposez, Jo. J'ai beau être jeune, je suis en âge de savoir me conduire, et je ne me laisserai pas entraîner à parler malgré moi. »

Jo ne put s'empêcher de sourire de l'air important que sa soeur venait de prendre et qui lui allait aussi bien que la rougeur qui teignait ses joues.

« Cela vous ennuierait-il, de me faire part de vos intentions, Meg, si on parlait ? demanda Jo plus respectueusement.

– Pas du tout. Vous allez bientôt avoir seize ans, Jo, et mon expérience vous sera utile plus tard dans vos affaires du même genre.

– Je n'en aurai jamais d'un tel genre ! s'écria Jo courroucée.

– Qui sait ? répondit Meg en souriant.

– Il ne s'agit pas de moi, dit Jo, mais de vous, Meg. Je croyais que vous alliez me faire part de ce que vous répondriez si...

– C'est bien simple, reprit Meg. Je dirai avec calme et décision : Papa pense que je suis trop jeune pour prendre aucun engagement maintenant ; je suis de son avis, ainsi, n'en parlons plus, je vous en prie.

– Hum ! C'est assez raide et froid. Malheureusement, je ne crois pas que cela doive se passer ainsi. Si ce monsieur, que je ne nomme pas, se conduit comme cela se passe dans les livres, vous accepteriez plutôt que de le chagriner.

– Non, certes, je lui dirai que je suis décidée, et je m'en irai avec dignité. »

Meg se leva pour exécuter devant sa soeur la sortie pleine de dignité qu'elle se réservait de faire le cas échéant, quand un pas bien connu se fit entendre dans le corridor. Se rasseyant aussitôt, elle se mit à coudre précipitamment comme si sa vie dépendait de l'ouvrage qu'elle faisait.

Jo ne put se retenir de rire tout bas de ce changement à vue ; mais, lorsque quelqu'un frappa modestement à la porte, elle ouvrit d'un air raide qui n'était rien moins qu'hospitalier.

« Bonjour, mademoiselle ; je suis venu chercher mon parapluie, c'est-à-dire voir comment se porte votre père aujourd'hui, dit M. Brooke assez embarrassé.

– Votre parapluie va très bien ; il est dans le vestibule, répliqua Jo, je vais vous l'apporter ou lui dire que vous êtes ici. Je vous remercie d'avoir pensé aussi à mon père... »

Et Jo, ayant bien mélangé son père et le parapluie dans sa réponse, partit afin de donner à Meg une occasion de dire sa phrase et de montrer sa dignité. Mais elle n'alla pas loin. Lorsqu'elle eut disparu, Meg se glissa vers la porte de la chambre de sa mère en murmurant :

« Mère aura du plaisir à vous voir, monsieur Brooke. Voulez-vous vous asseoir pendant que je vais l'appeler ?

– Je viens de quitter madame votre mère, Marguerite, elle est allée prévenir et chercher M. Marsch ; ils seront ici dans quelques minutes, et j'ai la permission de vous entretenir un instant en attendant. » « Marguerite !... » M. Brooke venait de l'appeler « Marguerite ! »

Meg se mit à trembler comme la feuille...

« Bien, rien, ne dites rien, je vous en supplie, monsieur, monsieur John, avant que père et mère soient là.

– Vous avez raison, Marguerite, reprit M. Brooke, dont la voix tremblait à son tour, peut- être vaut-il mieux en effet que ce que j'allais vous demander passe par la bouche de votre mère.

– Oui, oui, dit Meg ; laissez-moi aller chercher au moins maman.

– Allez, chère Marguerite », dit M. Brooke.

M. Brooke est tout seul, il a l'air grave, mais très heureux ; l'embarras de Meg ne lui a pas déplu.

Nous allons, s'il vous plaît, nous enquérir de ce que peut bien faire Jo en ce moment.

Ce qu'elle faisait, cette infortunée Jo, je vais vous le dire. Une visite bien imprévue de tante Marsch avait interrompu la faction qu'elle montait derrière la porte en attendant l'issue de l'entrevue de Meg et de M. Brooke. Tante Marsch avait appris, je ne sais comment, qu'il était question de marier Meg avec M. Brooke, et elle venait signifier à Jo d'avoir à déclarer de sa part à Meg que ce mariage était une sottise... ; ce à quoi Jo, ravie, lui avait répondu « qu'elle avait bien raison. »

« Une sottise, reprit tante Marsch, une sottise à jamais impardonnable, parce que ce monsieur Brooke est sans fortune et sans position. »

Ici, l'accord momentané entre Jo et sa tante cessa. Ce qui déplaisait dans M. Brooke à Jo, c'était, avant tout, qu'il voulût épouser sa soeur. Il eût été dix fois millionnaire, qu'au même titre il lui eût déplu. Elle se trouva donc entraînée à répondre à tante Marsch que là n'était pas la question ; qu'avec ses talents, ses connaissances, son caractère, sa bonne renommée et l'amitié de M. Laurentz, M. Brooke pourrait, comme et mieux que tant d'autres, se faire ce qu'elle appelait une fortune et une position.

Tante Marsch lui répliqua aigrement qu'une fortune à faire n'était pas une fortune faite ; qu'une position à conquérir n'était pas une position conquise, et que la seconde déclaration qu'elle la priait de faire à Meg était que, bien qu'elle se fût proposée de lui donner 50 000 dollars le jour de son mariage, elle devait se tenir pour dit que, si elle se mariait avec M. Brooke, « un homme sans le sou », elle ne lui donnerait rien du tout.

Jo, indignée, n'avait pu se retenir de répliquer à tante Marsch qu'elle trouvait la raison qu'elle donnait du changement de ses dispositions envers Meg absolument inique, attendu que plus Meg épouserait un homme pauvre, plus sa libéralité aurait eu sa raison d'être ; tandis que, si elle épousait un homme riche, elle n'en aurait que faire.

Tante Marsch, enfermée dans l'argument irréfutable de Jo, s'était levée furieuse, et Jo, exaspérée de son côté, s'était mise à faire de Brooke un éloge pompeux et que d'ailleurs, au fond du coeur, elle sentait mérité. Bref, elle ajouta que, devant la menace de sa tante, Meg ferait une lâcheté si elle n'épousait pas M. Brooke de préférence à tout autre.

La vieille dame était partie, là-dessus, fort irritée... Jo s'aperçut qu'une demi-heure et plus s'était écoulée dans cet entretien animé, et ce fut seulement alors qu'elle se demanda avec inquiétude ce que Meg avait bien pu répondre à M. Brooke.


Tante Marsch XXIII Tante Marsch XXIII Aunt Marsch XXIII Tia Marsch XXIII

XXIII

Tante Marsch

Le lendemain, la mère et ses filles s'étaient empressées autour de M. Marsch comme des abeilles autour de leur reine ; elles négligeaient tout pour regarder, écouter et servir ce nouveau convalescent qui avait encore besoin de soins. The next day, mother and daughters swarmed around Mr. Marsch like bees around their queen, neglecting everything to watch, listen and serve this new convalescent still in need of care. Quand il était assis dans le grand fauteuil auprès du canapé de Beth, avec ses trois filles et sa femme à ses côtés et Hannah qui passait de temps en temps sa tête à la porte, « pour regarder le cher homme », rien ne semblait manquer à leur bonheur ; mais il y manquait cependant quelque chose, et chacun, excepté Amy et Beth, le sentait sans le dire. When he was sitting in the big armchair next to Beth's sofa, with his three daughters and his wife by his side, and Hannah popping her head in at the door from time to time, "to look at the dear man", nothing seemed to be missing from their happiness; but something was missing, and everyone, except Amy and Beth, felt it without saying it.

M. et Mme Marsch se regardaient d'un air préoccupé et suivaient tous les mouvements de Meg ; Jo avait des accès de tristesse subite et montrait le poing à quelque chose qui ressemblait beaucoup au parapluie de M. Brooke, oublié « par ce monsieur » dans un coin. Mr. and Mrs. Marsch looked at each other with preoccupied eyes and followed Meg's every move; Jo had fits of sudden sadness and made a fist at something that looked very much like Mr. Brooke's umbrella, forgotten "by this gentleman" in a corner. El señor y la señora Marsch se miraron con expresión preocupada y siguieron cada movimiento de Meg; Jo tuvo repentinos ataques de tristeza y cerró el puño a algo que se parecía mucho al paraguas del señor Brooke, que había sido dejado en un rincón "por el caballero". Meg avait des distractions ; elle était timide et silencieuse, tressaillait et rougissait à chaque coup de sonnette. Meg had distractions; she was shy and quiet, flinching and blushing at every ring of the doorbell. Amy dit que tout le monde semblait attendre quelqu'un « et que c'était bizarre, puisque père était revenu ». Amy says that everyone seemed to be waiting for someone "and it was weird, since father was back". Et Beth demanda innocemment pourquoi leurs voisins ne venaient pas comme d'habitude. And Beth innocently asked why their neighbors didn't come as usual.

Laurie vint dans l'après-midi. Laurie came in the afternoon. Il avait aperçu Meg à sa fenêtre ; on eût dit d'un coupable pris d'un accès de contrition subite. He had seen Meg at his window; he looked like a guilty man in a sudden fit of contrition. Il avait posé un genou sur la neige, s'était donné des coups dans la poitrine et avait fait semblant de s'arracher les cheveux ; et, lorsque Meg, mécontente, lui eut enjoint de s'en aller, il avait levé les mains d'un air suppliant, répandu des larmes imaginaires dans son mouchoir de poche et s'était éloigné à grands pas comme un homme plongé dans le plus profond désespoir. He'd put one knee on the snow, kicked himself in the chest and pretended to tear his hair out; and, when Meg, disgruntled, had bade him go, he'd raised his hands pleadingly, shed imaginary tears into his pocket handkerchief and stomped away like a man plunged in the deepest despair.

« Que veut dire ce grand nigaud avec sa ridicule pantomime ? "What's this nincompoop trying to say with his ridiculous pantomime? dit Meg en riant et tâchant de n'avoir pas l'air d'avoir compris ce manège. said Meg, laughing and trying not to look as if she'd understood the whole thing.

– Vous ne le savez que trop, lui répondit Jo en lui jetant un regard de reproche. - You know it only too well," Jo replied, giving him a reproachful look. Laurie manque quelquefois de goût, mais il vise juste. Laurie sometimes lacks taste, but he's right on target. A Laurie a veces le falta gusto, pero su puntería da en el clavo.

– Ne me taquinez pas, Jo, je vous en prie, répondit Meg à sa soeur. - Don't tease me, Jo, please," Meg replied to her sister. Qu'on ne me dise rien et nous serons tous amis comme auparavant. Let no one tell me anything and we'll all be friends as before.

– Nous ne pourrons pas. La mauvaise plaisanterie de Laurie a tout changé. Laurie's bad joke changed everything. Je le vois bien, vous n'êtes plus comme autrefois, et vous semblez loin de moi. I can see you're not like you used to be, and you seem far away from me. Veo que ya no eres como antes y que pareces muy lejos de mí. Je n'ai pas l'intention de vous taquiner et je supporterai cet événement comme un homme, mais je voudrais que tout soit fixé. I don't mean to tease you and I'll take it like a man, but I'd like to get it all out in the open. No pretendo tomarle el pelo y me lo tomaré como un hombre, pero me gustaría sacarlo todo a la luz. Je déteste attendre ; ainsi, si vous avez l'intention de le faire, dépêchez-vous et que ce soit vite fini. I hate waiting, so if you're going to do it, hurry up and get it over with. Quand j'aurai tout souffert, je ne souffrirai plus. When I've suffered everything, I'll suffer no more.

– Je ne peux pourtant rien dire ni rien faire avant qu'on ait parlé, et on ne parlera pas, Jo, soyez-en sûre, parce que papa a dit que j'étais trop jeune. - I can't say or do anything until we talk, though, and we won't talk, Jo, be sure, because Dad said I was too young. - Pero no puedo decir ni hacer nada hasta que hayamos hablado, y no hablaremos, Jo, tenlo por seguro, porque papá dijo que yo era demasiado joven.

– Si monsieur. - Yes, sir. On parlait, vous ne sauriez plus que répondre ; vous balbutieriez, vous rougiriez ou vous pleureriez, et vous lui laisseriez dire tout ce qu'il voudrait, au lieu de l'arrêter net par un bon non bien décidé. We'd talk, and you wouldn't know what to answer; you'd stammer, blush or cry, and you'd let him say whatever he wanted, instead of stopping him dead in his tracks with a good, firm "no". Hablábamos, y tú no sabías qué decir; tartamudeabas, te sonrojabas o llorabas, y le dejabas decir lo que quería, en lugar de pararle en seco con un buen y firme "no".

– Je ne suis pas si sotte que vous le supposez, Jo. - I'm not as silly as you think, Jo. J'ai beau être jeune, je suis en âge de savoir me conduire, et je ne me laisserai pas entraîner à parler malgré moi. I may be young, but I'm old enough to know how to behave, and I'm not going to let myself be talked down to. Puede que sea joven, pero tengo edad suficiente para saber cómo comportarme, y no voy a permitir que me hablen con desprecio. »

Jo ne put s'empêcher de sourire de l'air important que sa soeur venait de prendre et qui lui allait aussi bien que la rougeur qui teignait ses joues. Jo couldn't help smiling at the air of importance her sister had just taken on, which suited her as well as the blush that dyed her cheeks.

« Cela vous ennuierait-il, de me faire part de vos intentions, Meg, si on parlait ? "Would you mind, Meg, letting me know your intentions if we talked? "¿Te importaría decirme qué piensas hacer, Meg, si hablamos? demanda Jo plus respectueusement.

– Pas du tout. - Not at all. Vous allez bientôt avoir seize ans, Jo, et mon expérience vous sera utile plus tard dans vos affaires du même genre. You're going to be sixteen soon, Jo, and my experience will come in handy later on in your similar affairs.

– Je n'en aurai jamais d'un tel genre ! - I'll never have one like that! s'écria Jo courroucée. exclaimed a furious Jo.

– Qui sait ? répondit Meg en souriant.

– Il ne s'agit pas de moi, dit Jo, mais de vous, Meg. - It's not about me," says Jo, "it's about you, Meg. Je croyais que vous alliez me faire part de ce que vous répondriez si... I thought you were going to tell me what your answer would be if...

– C'est bien simple, reprit Meg. Je dirai avec calme et décision : Papa pense que je suis trop jeune pour prendre aucun engagement maintenant ; je suis de son avis, ainsi, n'en parlons plus, je vous en prie. I'll say calmly and decisively: Dad thinks I'm too young to make any commitments right now; I agree with him, so let's not talk about it any more, please.

– Hum ! C'est assez raide et froid. It's quite steep and cold. Malheureusement, je ne crois pas que cela doive se passer ainsi. Unfortunately, I don't think it has to be this way. Si ce monsieur, que je ne nomme pas, se conduit comme cela se passe dans les livres, vous accepteriez plutôt que de le chagriner. If this gentleman, whom I'm not naming, behaves as he does in the books, you'd rather accept than upset him. Si este señor, al que no voy a nombrar, se comporta como en los libros, prefieres aceptarlo antes que disgustarle.

– Non, certes, je lui dirai que je suis décidée, et je m'en irai avec dignité. - No, I'll tell him I've made up my mind, and I'll leave with dignity. »

Meg se leva pour exécuter devant sa soeur la sortie pleine de dignité qu'elle se réservait de faire le cas échéant, quand un pas bien connu se fit entendre dans le corridor. Meg stood up to make the dignified exit she reserved for herself in front of her sister, when a familiar footstep was heard in the corridor. Meg se levantó para hacer la salida digna que se reservaba delante de su hermana, cuando se oyeron unos pasos familiares en el pasillo. Se rasseyant aussitôt, elle se mit à coudre précipitamment comme si sa vie dépendait de l'ouvrage qu'elle faisait. Sitting down again, she began to sew as if her life depended on the work she was doing. Inmediatamente se sentó de nuevo y empezó a coser como si su vida dependiera del trabajo que estaba realizando.

Jo ne put se retenir de rire tout bas de ce changement à vue ; mais, lorsque quelqu'un frappa modestement à la porte, elle ouvrit d'un air raide qui n'était rien moins qu'hospitalier. Jo couldn't contain herself from laughing out loud at this change in sight; but, when someone knocked modestly on the door, she opened it with a stiff air that was nothing short of hospitable. Jo no pudo contenerse de reír a carcajadas ante este cambio de vista; pero cuando alguien llamó modestamente a la puerta, ella la abrió con un aire rígido que era poco menos que hospitalario.

« Bonjour, mademoiselle ; je suis venu chercher mon parapluie, c'est-à-dire voir comment se porte votre père aujourd'hui, dit M. Brooke assez embarrassé. "Hello, miss; I've come to fetch my umbrella, that is, to see how your father is today," said Mr. Brooke rather embarrassedly. He venido a buscar mi paraguas, es decir, a ver cómo está hoy su padre -dijo el señor Brooke, bastante avergonzado-.

– Votre parapluie va très bien ; il est dans le vestibule, répliqua Jo, je vais vous l'apporter ou lui dire que vous êtes ici. - Your umbrella's fine; it's in the vestibule," replied Jo, "I'll bring it to you or tell him you're here. - Tu paraguas está bien; está en el vestíbulo -respondió Jo-. Te lo traeré o le diré que estás aquí. Je vous remercie d'avoir pensé aussi à mon père... » Thank you for thinking of my father too..."

Et Jo, ayant bien mélangé son père et le parapluie dans sa réponse, partit afin de donner à Meg une occasion de dire sa phrase et de montrer sa dignité. And Jo, having mixed up her father and the umbrella in her reply, left to give Meg a chance to say her piece and show her dignity. Mais elle n'alla pas loin. But she didn't get far. Pero no llegó lejos. Lorsqu'elle eut disparu, Meg se glissa vers la porte de la chambre de sa mère en murmurant : When she had disappeared, Meg slipped towards the door of her mother's room, murmuring: Cuando hubo desaparecido, Meg se deslizó hacia la puerta de la habitación de su madre y susurró:

« Mère aura du plaisir à vous voir, monsieur Brooke. "Mother will be pleased to see you, Mr. Brooke. "Mamá estará encantada de verle, Sr. Brooke. Voulez-vous vous asseoir pendant que je vais l'appeler ? Would you like to sit down while I call him?

– Je viens de quitter madame votre mère, Marguerite, elle est allée prévenir et chercher M. Marsch ; ils seront ici dans quelques minutes, et j'ai la permission de vous entretenir un instant en attendant. - I've just left your mother, Marguerite, she's gone to warn and fetch Mr. Marsch; they'll be here in a few minutes, and I have permission to talk to you for a moment in the meantime. - Acabo de dejar a tu madre, Marguerite, ha ido a avisar al señor Marsch y a buscarle; llegarán dentro de unos minutos, y tengo permiso para hablar contigo un momento mientras tanto. » « Marguerite !... » M. Brooke venait de l'appeler « Marguerite ! "Mr. Brooke had just called her 'Marguerite! »

Meg se mit à trembler comme la feuille... Meg began to shake like a leaf...

« Bien, rien, ne dites rien, je vous en supplie, monsieur, monsieur John, avant que père et mère soient là. "Well, nothing, say nothing, I beg you, sir, Mister John, before father and mother are here. "Pues nada, no diga nada, se lo ruego, señor, señor Juan, antes de que lleguen padre y madre.

– Vous avez raison, Marguerite, reprit M. Brooke, dont la voix tremblait à son tour, peut- être vaut-il mieux en effet que ce que j'allais vous demander passe par la bouche de votre mère. - You're right, Marguerite," said Mr. Brooke, whose voice was trembling in turn, "perhaps it would be better if what I was going to ask you went through your mother's mouth.

– Oui, oui, dit Meg ; laissez-moi aller chercher au moins maman. - Yes, yes," says Meg; "let me go and get Mum at least.

– Allez, chère Marguerite », dit M. Brooke. - Come on, dear Marguerite," says Mr. Brooke.

M. Brooke est tout seul, il a l'air grave, mais très heureux ; l'embarras de Meg ne lui a pas déplu. Mr. Brooke is all alone, looking grave, but very happy; Meg's embarrassment didn't displease him. El señor Brooke estaba solo, con aspecto serio pero muy contento; la vergüenza de Meg no le disgustaba.

Nous allons, s'il vous plaît, nous enquérir de ce que peut bien faire Jo en ce moment. Please, let's find out what Jo's up to these days. Por favor, averigüemos qué está haciendo Jo en este momento.

Ce qu'elle faisait, cette infortunée Jo, je vais vous le dire. I'll tell you what this unfortunate Jo was doing. Une visite bien imprévue de tante Marsch avait interrompu la faction qu'elle montait derrière la porte en attendant l'issue de l'entrevue de Meg et de M. Brooke. An unexpected visit from Aunt Marsch had interrupted the faction she was mounting behind the door to await the outcome of Meg and Mr. Brooke's interview. Una inesperada visita de la tía Marsch había interrumpido la guardia que estaba montando detrás de la puerta para esperar el resultado de la entrevista de Meg con el señor Brooke. Tante Marsch avait appris, je ne sais comment, qu'il était question de marier Meg avec M. Brooke, et elle venait signifier à Jo d'avoir à déclarer de sa part à Meg que ce mariage était une sottise... ; ce à quoi Jo, ravie, lui avait répondu « qu'elle avait bien raison. Aunt Marsch had somehow learned that there was talk of marrying Meg off to Mr. Brooke, and she'd come to tell Jo to tell Meg on her behalf that the marriage was nonsense...; to which Jo, delighted, replied "she was quite right. »

« Une sottise, reprit tante Marsch, une sottise à jamais impardonnable, parce que ce monsieur Brooke est sans fortune et sans position. "A foolishness," Aunt Marsch continued, "a foolishness forever unforgivable, because this Mr. Brooke is without fortune and without position. »

Ici, l'accord momentané entre Jo et sa tante cessa. Here, the momentary accord between Jo and her aunt came to an end. Ce qui déplaisait dans M. Brooke à Jo, c'était, avant tout, qu'il voulût épouser sa soeur. What Jo didn't like about Mr. Brooke was, above all, that he wanted to marry her sister. Il eût été dix fois millionnaire, qu'au même titre il lui eût déplu. Had he been a millionaire ten times over, she would have disliked him just the same. Si hubiera sido diez veces millonario, le habría caído igual de mal. Elle se trouva donc entraînée à répondre à tante Marsch que là n'était pas la question ; qu'avec ses talents, ses connaissances, son caractère, sa bonne renommée et l'amitié de M. Laurentz, M. Brooke pourrait, comme et mieux que tant d'autres, se faire ce qu'elle appelait une fortune et une position. So she found herself drawn into replying to Aunt Marsch that this was not the question; that with his talents, his knowledge, his character, his good name and the friendship of Mr. Laurentz, Mr. Brooke could, like and better than so many others, make himself what she called a fortune and a position.

Tante Marsch lui répliqua aigrement qu'une fortune à faire n'était pas une fortune faite ; qu'une position à conquérir n'était pas une position conquise, et que la seconde déclaration qu'elle la priait de faire à Meg était que, bien qu'elle se fût proposée de lui donner 50 000 dollars le jour de son mariage, elle devait se tenir pour dit que, si elle se mariait avec M. Brooke, « un homme sans le sou », elle ne lui donnerait rien du tout. Aunt Marsch bitterly replied that a fortune to be made was not a fortune made; that a position to be conquered was not a position conquered, and that the second statement she begged her to make to Meg was that, although she had offered to give her $50,000 on her wedding day, she should take it for granted that, if she married Mr. Brooke, "a penniless man," she would give him nothing at all. La tía Marsch replicó amargamente que una fortuna por hacer no era una fortuna hecha; que una posición por conquistar no era una posición conquistada, y que la segunda declaración que le rogaba que le hiciera a Meg era que, aunque se había ofrecido a darle 50.000 dólares el día de su boda, debía dar por sentado que, si se casaba con el señor Brooke, "un hombre sin un céntimo", no le daría nada en absoluto.

Jo, indignée, n'avait pu se retenir de répliquer à tante Marsch qu'elle trouvait la raison qu'elle donnait du changement de ses dispositions envers Meg absolument inique, attendu que plus Meg épouserait un homme pauvre, plus sa libéralité aurait eu sa raison d'être ; tandis que, si elle épousait un homme riche, elle n'en aurait que faire. Jo, indignant, had been unable to restrain herself from retorting to Aunt Marsch that she found the reason she gave for the change in her disposition towards Meg absolutely iniquitous, since the more Meg married a poor man, the more her liberality would have been justified; whereas, if she married a rich man, she wouldn't care. Jo, indignada, no pudo evitar replicar a tía Marsch que le parecía absolutamente inicua la razón que daba para el cambio de su disposición hacia Meg, ya que cuanto más pobre se casara Meg, más se habría justificado su liberalidad; mientras que, si se casara con un hombre rico, no le importaría.

Tante Marsch, enfermée dans l'argument irréfutable de Jo, s'était levée furieuse, et Jo, exaspérée de son côté, s'était mise à faire de Brooke un éloge pompeux et que d'ailleurs, au fond du coeur, elle sentait mérité. Aunt Marsch, locked in Jo's irrefutable argument, had risen in fury, and Jo, exasperated for her part, had begun to praise Brooke pompously and, moreover, in her heart of hearts, she felt deserved. La tía Marsch, encerrada en el irrefutable argumento de Jo, se había levantado furiosa, y Jo, exasperada por su parte, había empezado a elogiar pomposamente a Brooke y, además, en el fondo de su corazón, sentía que se lo merecía. Bref, elle ajouta que, devant la menace de sa tante, Meg ferait une lâcheté si elle n'épousait pas M. Brooke de préférence à tout autre. In short, she added that, in the face of her aunt's threat, Meg would be a coward if she didn't marry Mr. Brooke in preference to anyone else. En resumen, añadió que, ante la amenaza de su tía, Meg sería una cobarde si no se casaba con el señor Brooke con preferencia a cualquier otra persona.

La vieille dame était partie, là-dessus, fort irritée... Jo s'aperçut qu'une demi-heure et plus s'était écoulée dans cet entretien animé, et ce fut seulement alors qu'elle se demanda avec inquiétude ce que Meg avait bien pu répondre à M. Brooke. The old lady had left, irritated... Jo realized that half an hour or more had passed in this animated conversation, and it was only then that she wondered with concern what Meg might have said to Mr. Brooke. La anciana se había marchado enfadada... Jo se dio cuenta de que había transcurrido media hora o más en aquella animada conversación, y sólo entonces se preguntó, preocupada, qué le habría dicho Meg al señor Brooke.