×

We use cookies to help make LingQ better. By visiting the site, you agree to our cookie policy.


image

Les mots de l'actualité, ROHMERIEN   2010-01-13

ROHMERIEN 2010-01-13

La mort d'Eric Rohmer endeuille le cinéma français, qui lui rend un hommage unanime. On en parle beaucoup donc, on parle de lui, de son œuvre, de son style. Et un adjectif ressort de façon évidente : rohmerien ! Alors, je dois avouer que je ne l'avais encore jamais entendu. À quoi ça tient ? D'abord Rohmer avait une manière bien à lui, originale, repérable, parfois imitée. Cela suscite la création d'un adjectif qui renvoie justement à ses particularités créatives. La création d'un adjectif liée au nome de quelqu'un est une consécration. C'est un peu comme d'entrer dans le dictionnaire, peut-être même plus flatteur ; on entre dans l'histoire. Mais si l'on pense aux autres réalisateurs français importants, on peut s'étonner que justement on n'ait pas inventé d'adjectif qui les identifie : rien pour Godard, rien pour Truffaut par exemple, enfin en tout cas rien qui reste vraiment dans les mémoires. Alors n'en faisons pas toute une histoire, l'adjectif rohmerien est très certainement éphémère, on ne l'emploiera pas de façon permanente. Mais il faut aussi tenir compte de la facilité à faire dériver un adjectif : godardien est possible, mais pas évident. À partir de Truffaut, en pense plutôt à truffaldien. Il faut donc tordre le nom de départ pour en extraire le qualificatif qui convient.

Le suffixe –ien est le plus fréquent, et de loin : il se prête aux habitudes françaises.

Alors on le trouve très fréquemment pour des écrivains. Il est facile à utiliser quand le nom se termine par un « e » muet : voltaire donne voltairien. Mais on fait aussi volontiers la liaison avec la dernière consonne muette : Rabelais donne rabelaisien. C'est parfois la même chose quand la dernière lettre est une consonne qui se prononce : Balzac donne balzacien. La donne est plus épineuse lorsque le patronyme se termine par une voyelle, et parfois ça compromet toute l'entreprise. Quel dommage par exemple pour Vigny que de se terminer par un « y ». Une mention spéciale est faite de Hugo : il domine tellement la littérature de son temps, on l'a tant étudié et commenté, qu'il ne pouvait échapper à l'adjectif. Le « l » est donc venu se rajouter au nom, pour permettre ce « hugolien » qui fait maintenant partie du paysage. Et cette formation est devenue si canonique, que d'autres se sont engouffrées dans la brèche. Hugolâtre, par exemple, est un néologisme amusant pour désigner les admirateurs inconditionnels.

Un autre problème est posé par ceux dont le nom se termine par une syllabe-voyelle, mais dont la dernière lettre n'est pas la voyelle qu'on entend. Mais pour Rousseau, l'acrobatie est plus périlleuse, on garde la phonétique de son nom en rajoutant –iste : rousseauiste. Mais ce n'est pas si fréquent que ça. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


ROHMERIEN   2010-01-13 ROHMERIEN 2010-01-13 ROHMERIAN 2010-01-13

La mort d'Eric Rohmer endeuille le cinéma français, qui lui rend un hommage unanime. On en parle beaucoup donc, on parle de lui, de son œuvre, de son style. Et un adjectif ressort de façon évidente : rohmerien ! Alors, je dois avouer que je ne l'avais encore jamais entendu. À quoi ça tient ? D'abord Rohmer avait une manière bien à lui, originale, repérable, parfois imitée. Cela suscite la création d'un adjectif qui renvoie justement à ses particularités créatives. La création d'un adjectif liée au nome de quelqu'un est une consécration. C'est un peu comme d'entrer dans le dictionnaire, peut-être même plus flatteur ; on entre dans l'histoire. Mais si l'on pense aux autres réalisateurs français importants, on peut s'étonner que justement on n'ait pas inventé d'adjectif qui les identifie : rien pour Godard, rien pour Truffaut par exemple, enfin en tout cas rien qui reste vraiment dans les mémoires. Alors n'en faisons pas toute une histoire, l'adjectif rohmerien est très certainement éphémère, on ne l'emploiera pas de façon permanente. Mais il faut aussi tenir compte de la facilité à faire dériver un adjectif : godardien est possible, mais pas évident. À partir de Truffaut, en pense plutôt à truffaldien. Il faut donc tordre le nom de départ pour en extraire le qualificatif qui convient.

Le suffixe –ien est le plus fréquent, et de loin : il se prête aux habitudes françaises.

Alors on le trouve très fréquemment pour des écrivains. Il est facile à utiliser quand le nom se termine par un « e » muet : voltaire donne voltairien. Mais on fait aussi volontiers la liaison avec la dernière consonne muette : Rabelais donne rabelaisien. C'est parfois la même chose quand la dernière lettre est une consonne qui se prononce : Balzac donne balzacien. La donne est plus épineuse lorsque le patronyme se termine par une voyelle, et parfois ça compromet toute l'entreprise. Quel dommage par exemple pour Vigny que de se terminer par un « y ». Une mention spéciale est faite de Hugo : il domine tellement la littérature de son temps, on l'a tant étudié et commenté, qu'il ne pouvait échapper à l'adjectif. Le « l » est donc venu se rajouter au nom, pour permettre ce « hugolien » qui fait maintenant partie du paysage. Et cette formation est devenue si canonique, que d'autres se sont engouffrées dans la brèche. Hugolâtre, par exemple, est un néologisme amusant pour désigner les admirateurs inconditionnels.

Un autre problème est posé par ceux dont le nom se termine par une syllabe-voyelle, mais dont la dernière lettre n'est pas la voyelle qu'on entend. Mais pour Rousseau, l'acrobatie est plus périlleuse, on garde la phonétique de son nom en rajoutant –iste : rousseauiste. Mais ce n'est pas si fréquent que ça. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/