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Les mots de l'actualité, RÉCONCILIATION   2010-02-25

RÉCONCILIATION 2010-02-25

Le voyage de Nicolas Sarkozy au Rwanda est-il l'occasion d'une réconciliation ? Le mot en tout cas s'entend et se lit beaucoup, ce qui en dit long sur les rapports tendus qui existaient entre Paris et Kigali. Les relations avaient même été rompues en 2006, avant d'être rétablies il y a quelques mois. Si on parle aujourd'hui de réconciliation, c'est que justement on essaie de revenir sur ces différends, sur ces dissensions, ces désaccords – les mots ne manquent pas pour évoquer une mauvaise entente entre deux pays, deux personnes ou deux gouvernements. Et on le voit ces mots de la dispute commencent bien souvent par dé-, dis-, di- : préfixes qui évoquent la séparation, l'éloignement. Alors que le re- de réconciliation fait naître l'image de ce qui se ressoude, de ce qui se retrouve. Lorsqu'on parle de réconciliation, on évoque donc forcément une histoire en trois étapes au moins ! Dans un premier temps, on s'entend bien, on s'aime ou tout au moins on se supporte. Mais les liens les plus étroits ne sont pas à l'abri des secousses, et la deuxième époque est celle de la rupture. Lorsque cet autre moment n'est pas le dernier, on peut donc espérer que viendra le temps de la réconciliation, c'est-à-dire des retrouvailles, du retour à une entente, un moment disparu. Le mot est ancien en français, et il apparait, calqué sur le latin qui l'a précédé, avec le sens qu'il a aujourd'hui. Le plus souvent il est réciproque, et utilisé à la forme pronominale : on parle de ceux qui se réconcilient. Mais on dit aussi bien qu'on s'est réconcilié avec quelqu'un. Le sujet est au singulier même si le sens implique une signification mutuelle. D'ailleurs on se rend compte que le sens n'est pas systématiquement mutuel : on trouve l'expression « se réconcilier avec Dieu », c'est-à-dire demander pardon à Dieu de ses pêchés, et se voir accorder l'absolution. Tout le mouvement vient du pêcheur, alors que Dieu reste ce qu'il est. Il n'y a donc pas nécessairement égalité entre les deux parties qui sont réconciliées. Le mot a également un usage collectif et politique, on vient de le voir. Et on se souviendra par exemple que l'Afrique du Sud moderne s'est construite notamment à l'ombre des comités Vérité et réconciliation qui permettait à fois d'entendre des victimes et des coupables, après la période de l'Apartheid. Et de telle commissions ont également existé en Amérique latine et au Timor Oriental, après une période de guerre civile ou d'oppression d'un groupe par un autre, soit de guerre civile. N'oublions pas que le verbe « réconcilier » peut aussi être utilisé de façon transitive : on réconcilie des gens qui sont brouillés lorsqu'on les aide à oublier leurs querelles. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/


RÉCONCILIATION   2010-02-25 RECONCILIATION 2010-02-25

Le voyage de Nicolas Sarkozy au Rwanda est-il l'occasion d'une réconciliation ? Le mot en tout cas s'entend et se lit beaucoup, ce qui en dit long sur les rapports tendus qui existaient entre Paris et Kigali. Les relations avaient même été rompues en 2006, avant d'être rétablies il y a quelques mois. Si on parle aujourd'hui de réconciliation, c'est que justement on essaie de revenir sur ces différends, sur ces dissensions, ces désaccords – les mots ne manquent pas pour évoquer une mauvaise entente entre deux pays, deux personnes ou deux gouvernements. Et on le voit ces mots de la dispute commencent bien souvent par dé-, dis-, di- : préfixes qui évoquent la séparation, l'éloignement. Alors que le re- de réconciliation fait naître l'image de ce qui se ressoude, de ce qui se retrouve. Lorsqu'on parle de réconciliation, on évoque donc forcément une histoire en trois étapes au moins ! Dans un premier temps, on s'entend bien, on s'aime ou tout au moins on se supporte. Mais les liens les plus étroits ne sont pas à l'abri des secousses, et la deuxième époque est celle de la rupture. Lorsque cet autre moment n'est pas le dernier, on peut donc espérer que viendra le temps de la réconciliation, c'est-à-dire des retrouvailles, du retour à une entente, un moment disparu. Le mot est ancien en français, et il apparait, calqué sur le latin qui l'a précédé, avec le sens qu'il a aujourd'hui. Le plus souvent il est réciproque, et utilisé à la forme pronominale : on parle de ceux qui se réconcilient. Mais on dit aussi bien qu'on s'est réconcilié avec quelqu'un. Le sujet est au singulier même si le sens implique une signification mutuelle. D'ailleurs on se rend compte que le sens n'est pas systématiquement mutuel : on trouve l'expression « se réconcilier avec Dieu », c'est-à-dire demander pardon à Dieu de ses pêchés, et se voir accorder l'absolution. Tout le mouvement vient du pêcheur, alors que Dieu reste ce qu'il est. Il n'y a donc pas nécessairement égalité entre les deux parties qui sont réconciliées. Le mot a également un usage collectif et politique, on vient de le voir. Et on se souviendra par exemple que l'Afrique du Sud moderne s'est construite notamment à l'ombre des comités Vérité et réconciliation qui permettait à fois d'entendre des victimes et des coupables, après la période de l'Apartheid. Et de telle commissions ont également existé en Amérique latine et au Timor Oriental, après une période de guerre civile ou d'oppression d'un groupe par un autre, soit de guerre civile. N'oublions pas que le verbe « réconcilier » peut aussi être utilisé de façon transitive : on réconcilie des gens qui sont brouillés lorsqu'on les aide à oublier leurs querelles. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/