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Nota Bene, Quand la France découvre la Chine au 17 ème siècle ! (1)

Quand la France découvre la Chine au 17 ème siècle ! (1)

Mes Chers Camarades, Bien le bonjour !

Quand on évoque Louis XIV, on pense à plein de trucs comme Versailles, la royauté,

les belles perruques...bon ok c'est réducteur vu le bonhomme mais en tout cas on pense pas

spontanément à la Chine. Qu'elle rapport vous me direz ? Et bah à cette époque déjà les liens entre

la Chine et la France se tissent petit à petit ! Je vous propose donc un saut dans le temps,

entre la fin du 17 et le 18ème siècle, afin d'explorer les fondements des premières

relations diplomatiques officielles tissées entre la Chine et la France. Allez c'est parti !

On pourrait remonter jusqu'à l'antiquité pour trouver l'ancienneté des échanges

entre les deux cultures. Mais bon, il ne faut pas confondre rapports

directs et indirects. La soie, comme bien d'autres victuailles,

parvenait depuis la lointaine Asie jusqu'au cœur des Gaules, mais par tant d'intermédiaires qu'il

n'était finalement pas clair du tout de déterminer sa provenance d'origine.

Au début du Haut Moyen-âge, la situation commence à changer car c'est, il faut le rappeler encore

une fois, une période qui est loin d'être immobile et fermée. Avec la détérioration

de l'Empire Romain d'Occident (au Vème siècle de notre ère) et l'Empire des Han Orientaux (en

200 de notre ère) vont s'ouvrir un ensemble de nouveaux réseaux de communications et de

sociétés urbaines riches en mixités ethniques favorisant les échanges longues distances.

On va pas faire des caricatures non plus, les Mérovingiens, les Carolingiens et les

Capétiens ne rencontrent pas plus physiquement les dynasties chinoises des Wei du Nord, Sui,

Tang ou encore Song, que durant l'antiquité. Et pour cause, il y a des milliers de kilomètres

qui les séparent, et rares sont les commerçants ou diplomates qui font de trajets directs d'un

côté ou l'autre de la terre. La chine reste une terre de légendes, et mythes lointains !

C'est justement ce qui va changer avec la formation de la fameuse horde d'or Mongol.

Pour la première fois, l'Asie (avec un grand A s'il vous plait), de la Chine à l'Europe centrale,

en passant par l'Asie centrale, et tout le Moyen-Orient, sera soumis à la puissance

Mongole de Gengis Khan et de ces premiers successeurs avec son expansion maximale en 1240 !

Cette fulgurante expansion sera vue pour les puissances chrétiennes d'Occident,

comme une opportunité de créer des liens avec les Mongols et ainsi d'éliminer la menace Islamique,

les aidant à reprendre Jérusalem. Quand le Pape Innocent IV appel à une nouvelle

croisade à laquelle participera notre bon roi Saint Louis entre 1248 et 1254,

il commence par la même occasion à envoyer des moines chrétiens jusqu'au cœur de l'Empire Mongol.

Le franciscain originaire de Pérouse (Italie) Jean de Plan Carpin en 1245,

alors âgé de 63 ans est le premier d'entre eux. Par la suite, de nombreux suivent le mouvement

comme Guillaume de Rubrouck, originaire de la Flandre Française. En Chine aussi,

il y a des intrépides qui décident de nouer des liens. Depuis Pékin,

le nestorien Rabban Sauma, parfois appelé le « Marco Polo à l'envers » engage un voyage

officiel partant d'Est vers l'Ouest pour faire un pèlerinage à Jérusalem vers 1278.

Il arrivera quand même jusqu'à la cour de Philippe IV le Bel, il a réussi son pari !

Nous sommes au temps du grand périple de Marco Polo, et donc dans une période où de

tels voyageurs peuvent traverser cet immense territoire et faire des rapports directs. Le

grand parchemin appelé l'« Atlas catalan » est le témoin du changement des mentalités

de l'époque. On quitte le schéma d'un monde parfait du divin (théocentrique) pour une

science cartographique scientifique, précise et réelle. Dans cet atlas entré dans les

collections du roi Charles V le Sage au Louvre en 1375, on y trouve la fin du monde en Chine,

tout à l'Est avec des indications précises de villes comme Canton ou Khanbalik (Pékin).

Lorsque la dynastie des Ming renverse en 1368 celle Mongol des Yuan, l'Empereur Yong Le,

fondateur de la Cité Interdite, entend étendre les limites de ses rapports avec le monde connu. Il

fait de Zheng He l'amiral de la flotte impériale qui effectue sept voyages entre 1405 et 1433,

atteignant à bien des reprises la Péninsule Arabique et les côtes d'Afrique de l'Est.

On a carrément fait un épisode sur cet amiral de légende donc n'hésitez pas à aller le voir !

Vasco de Gama, en 1498, parvient lui à passer le Cap de Bon Espérance, et ainsi à atteindre

d'une traite l'Asie (ou plutôt l'Inde), ce qui va résolument tout changer dans la structure

des rapports avec l'Occident. Les premiers à bénéficier commercialement et diplomatiquement

de ces couvertures maritimes sont les Portugais et les Espagnols,

suivi rapidement des Hollandais et ensuite des Anglais. Chacun établira une compagnie

des indes avec l'envoi de très nombreux navires par an pour faire du commerce.

Et c'est par ce nouveau biais que la Chine fait son chemin jusqu'en France !

En 1588 est traduit en français la première description de la Chine

(depuis celle de Marco Polo), rédigée par le Portugais Juan Gonzalez de Mendoza dont

Montaigne s'inspirera dans ses Essais :

Mais la Chine ne rentre toujours pas en contact direct avec la France. Il faut dire que les

guerres de religions ont considérablement affaibli le pouvoir de la royauté française. Les temps ne

sont pas vraiment à l'organisation d'expéditions commerciales complexes à destination de l'Asie et

de toute façon ils ne disposent pas des mêmes moyens que les Hollandais ou les Anglais. Sauf

que les français, ça vaut encore aujourd'hui, n'aiment pas vraiment être mis sur la touche.

Le bon roi Louis XIV commence à être agacé de cette incapacité à faire du commerce direct

avec l'Asie, et bien sûr avec la Chine. Il crée ainsi, sous la direction de Colbert,

Secrétaire d'Etat de la Marine et Intendant des Finances, la Compagnie Française des

Indes Orientales, installée à Port Louis, au Sud de la Bretagne. Celle-ci a pour but,

je cite :

Ouais, parce qu'ils ont assez profitassé comme ça, on va pas se laisser faire !

La déclaration royale du 27 août 1664 énonce les privilèges de la Compagnie

Française des Indes Orientales. Elle aura :

C'est un premier pas rapidement suivi par une autre plus officielle !

On ne le dira jamais assez. Le christianisme a été inévitablement le principal lien entre

l'Occident et l'Asie à ces époques. En tentant de convertir des Indiens,

Chinois, Vietnamiens, Coréens ou Japonais, les missionnaires

jésuites Occidentaux envoyés par l'Eglise sont devenus les premiers ethnologues,

capables de transmettre des informations de première main sur ce que sont ces peuples.

En Chine, cela commence avec le père Italien Matteo Ricci (1552-1610). Il

est le premier jésuite à être arrivé jusqu'à Pékin,

en 1601, sous le règne de l'Empereur Wanli. Il traduit en chinois des livres de philosophie,

de mathématiques et d'astronomie. Il parvient aussi à convertir de nombreux

chinois élaborant même une méthode destinée aux autres jésuites voulant prêcher en chine.

Bref, c'est un modèle qui servira la France !

Alexandre de Rhodes, jésuite d'Extrême-Orient, convainc le pape Alexandre VII d'envoyer trois

évêques français volontaires, avec le rang de vicaire apostolique,

en Asie. L'objectif est de s'adapter aux mœurs et coutumes du pays, sans ingérence dans les

affaires politiques. François Pallu, avec Pierre Lambert de la Motte sont nommés par

le Pape et créent ainsi en 1658 les Missions Etrangères, situés sur Paris, et toujours en

fonctionnement de nos jours ! Les vicaires sont envoyés au Siam, puis en chine à partir de 1684.

Et 1684, c'est une date importante ! C'est l'année où le jésuite Flamand Philippe Couplet,

qui avait passé de nombreuses années en Chine souhaitait renforcer la

présence française sur place, sans forcément passer par le Vatican.

Il est reçu par Louis XIV accompagné de Shen Fuzong,

jeune lettré converti au christianisme, et premier chinois à fouler officiellement

la terre des Francs ! Couplet parvint à convaincre le roi de l'intérêt politique,

religieux et commercial de mener cette mission coûteuse que le roi financera de sa propre caisse.

On envoye alors six missionnaires avec le titre de « mathématiciens du roi ». Ils quittent Brest

en 1685, et cinq d'entre eux - Fontaney, Bouvet, Gerbillon, Le Comte et de Visdelou- atteignent

trois années plus tard Pékin le 7 février 1688. Ils sont rapidement admis à la cour de l'Empereur

Kangxi, de la nouvelle dynastie Mandchoue des Qing, et grâce à leurs connaissances en

mathématiques, astronomies, médecines et cartographies, ils gagnent sa confiance.

Le Père Joachim Bouvet (1656-1730) est particulièrement important. Il

est chargé par Kangxi lui-même de rentrer en France, pour recruter

d'autres missionnaires et il transmet au roi de France une série d'ouvrages

chinois qu'il dit avoir été offerts des mains de l'Empereur chinois lui-même.

Imaginez un peu le plaisir de Louis XIV quand il consulte les ouvrages ! Heureusement pour Bouvet,

le roi ne se rend pas du tout compte que c'est du pipeau ! Et oui car ils ne proviennent pas des

ateliers impériaux, mais d'une imprimerie plus locale du Sud de la Chine. Bouvet a

simplement fait acheter local, puis a relier les livres aux couleurs impériales royales ! Et

vu que personne ne lit le chinois à la cour de Versailles, c'est passé comme une lettre

à la poste. S'il avait su cela, Louis XIV n'aurait sans doute pas offert en

retour un ouvrage d'estampes royales richement relié à l'empereur de Chine. Malin le Bouvet !

On doit aussi à Bouvet la première comparaison entre Louis XIV et Kangxi,

dans son célèbre Portrait historique de l'empereur de Chine imprimé en 1697 à Paris. Il y vente les

qualités de sa majesté :

Pour convaincre chaque souverain, français et chinois,

de leurs puissances, et à défaut de la photographie qui n'est pas encore inventée,

on présente des portraits équestres de Louis XIV à cheval, et des portraits de face de Kangxi.

Bouvet revient en chine avec l'Amphitrite,

le premier navire commerçant français autorisé à aborder la chine à Canton.

Entre 1688 et 1715 environ, la relation entre les deux souverainetés est à son sommet. En 1689,

le Père Gerbillon, excellent diplomate, joue un rôle important dans la fixation

des frontières avec la Russie de Pierre Le Grand. Le Père Fontaney

parvient à guérir Kangxi de la malaria en lui administrant de la quinquina.

Normal donc qu'en 1692, reconnaissant leurs éminentes qualités humaines et scientifiques,

Kangxi fait promulguer un édit de tolérance à l'égard du christianisme,

admis comme religion officielle en Chine, au même titre que le Bouddhisme :

Franchement la conversion de l'Empereur par les Jésuites Français semblait un rêve pas si fou

que ça. En 1700 la France crée une mission jésuite destinée à poursuivre cet échange

de savoir et amplifier les connaissances européennes sur la Chine et ça va être

le cas jusqu'en 1715. Mais petit problème, cette mission prend trop l'ascendant sur le

Saint-Siège à Rome devenu rapidement très, très, jaloux de l'influence de la France sur la Chine.

La question des rites chinois, à savoir est ce qu'on peut-on pratiquer le confucianisme

en étant converti au christianisme, est réouverte par le nouveau Pape Clément XI. Et ça devient LA

pomme de discorde. Le pape tranche en indiquant que ces pratiques devaient être interdites !

Bref, ils se tirent une balle dans le pied juste pour ne pas voir les Jésuites du roi

prendre trop d'autonomie face au Vatican. Quitte à perdre les chinois...souvent on

dit qu'il faut pas juger le passé. Mais clairement là, ils sont pas bien malin…

Naturellement, Kangxi y voit un affront, il durcit sa politique,

et son successeur Yongzheng interdit le christianisme sur ces terres en 1724,

en même temps que la confiance envers les missions françaises baisse à vue d'oeil. Des vagues de

persécutions marquent le long règne de l'Empereur Qianlong, même si les Français parviennent encore

à avoir grâce à la cour jusqu'en 1773, date de la suppression de la Compagnie de Jésus en Europe.

Le dernier jésuite Amiot meurt peu de temps après avoir appris la décapitation de Louis XVI!

En tout cas, ces relations entre les deux puissances vont forcément

induire des influences, notamment artistiques.

Les Empereurs chinois Kangxi, Yongzheng et Qianlong, dont les règnes vont de 1661 à 1796


Quand la France découvre la Chine au 17 ème siècle ! (1) Als Frankreich im 17. Jahrhundert China entdeckte! (1) When France discovered China in the 17th century! (1) Cuando Francia descubrió China en el siglo XVII (1) وقتی فرانسه در قرن هفدهم چین را کشف کرد! (1) Quand la France découvre la Chine au 17 ème siècle ! (1) 17世紀にフランスが中国を発見したとき(1) Toen Frankrijk China ontdekte in de 17e eeuw! (1) Kiedy Francja odkryła Chiny w XVII wieku! (1) Quando a França descobriu a China no século XVII! (1) Когда Франция открыла Китай в XVII веке! (1) När Frankrike upptäckte Kina på 1600-talet! (1) 17世纪法国发现中国时! (1)

Mes Chers Camarades, Bien le bonjour !

Quand on évoque Louis XIV, on pense à plein  de trucs comme Versailles, la royauté,

les belles perruques...bon ok c'est réducteur  vu le bonhomme mais en tout cas on pense pas

spontanément à la Chine. Qu'elle rapport vous me  direz ? Et bah à cette époque déjà les liens entre

la Chine et la France se tissent petit à petit ! Je vous propose donc un saut dans le temps,

entre la fin du 17 et le 18ème siècle, afin  d'explorer les fondements des premières

relations diplomatiques officielles tissées  entre la Chine et la France. Allez c'est parti !

On pourrait remonter jusqu'à l'antiquité  pour trouver l'ancienneté des échanges

entre les deux cultures. Mais bon,  il ne faut pas confondre rapports

directs et indirects. La soie,  comme bien d'autres victuailles, direto e indireto. A seda, como muitas outras iguarias,

parvenait depuis la lointaine Asie jusqu'au cœur  des Gaules, mais par tant d'intermédiaires qu'il da longínqua Ásia até ao coração dos Gauleses, mas através de tantos intermediários que era

n'était finalement pas clair du tout  de déterminer sa provenance d'origine. No final, não era de todo claro qual a sua origem.

Au début du Haut Moyen-âge, la situation commence  à changer car c'est, il faut le rappeler encore

une fois, une période qui est loin d'être  immobile et fermée. Avec la détérioration

de l'Empire Romain d'Occident (au Vème siècle  de notre ère) et l'Empire des Han Orientaux (en

200 de notre ère) vont s'ouvrir un ensemble  de nouveaux réseaux de communications et de

sociétés urbaines riches en mixités ethniques  favorisant les échanges longues distances.

On va pas faire des caricatures non plus,  les Mérovingiens, les Carolingiens et les

Capétiens ne rencontrent pas plus physiquement  les dynasties chinoises des Wei du Nord, Sui, Neither did the Capetians physically encounter the Chinese dynasties of the Northern Wei and Sui,

Tang ou encore Song, que durant l'antiquité. Et pour cause, il y a des milliers de kilomètres

qui les séparent, et rares sont les commerçants  ou diplomates qui font de trajets directs d'un

côté ou l'autre de la terre. La chine reste  une terre de légendes, et mythes lointains !

C'est justement ce qui va changer avec la  formation de la fameuse horde d'or Mongol.

Pour la première fois, l'Asie (avec un grand A  s'il vous plait), de la Chine à l'Europe centrale,

en passant par l'Asie centrale, et tout le  Moyen-Orient, sera soumis à la puissance

Mongole de Gengis Khan et de ces premiers  successeurs avec son expansion maximale en 1240 !

Cette fulgurante expansion sera vue pour  les puissances chrétiennes d'Occident,

comme une opportunité de créer des liens avec les  Mongols et ainsi d'éliminer la menace Islamique,

les aidant à reprendre Jérusalem. Quand  le Pape Innocent IV appel à une nouvelle

croisade à laquelle participera notre  bon roi Saint Louis entre 1248 et 1254,

il commence par la même occasion à envoyer des  moines chrétiens jusqu'au cœur de l'Empire Mongol.

Le franciscain originaire de Pérouse  (Italie) Jean de Plan Carpin en 1245,

alors âgé de 63 ans est le premier d'entre eux.  Par la suite, de nombreux suivent le mouvement

comme Guillaume de Rubrouck, originaire  de la Flandre Française. En Chine aussi,

il y a des intrépides qui décident  de nouer des liens. Depuis Pékin,

le nestorien Rabban Sauma, parfois appelé le  « Marco Polo à l'envers » engage un voyage

officiel partant d'Est vers l'Ouest pour  faire un pèlerinage à Jérusalem vers 1278.

Il arrivera quand même jusqu'à la cour de  Philippe IV le Bel, il a réussi son pari !

Nous sommes au temps du grand périple de  Marco Polo, et donc dans une période où de

tels voyageurs peuvent traverser cet immense  territoire et faire des rapports directs. Le

grand parchemin appelé l'« Atlas catalan »  est le témoin du changement des mentalités

de l'époque. On quitte le schéma d'un monde  parfait du divin (théocentrique) pour une

science cartographique scientifique, précise  et réelle. Dans cet atlas entré dans les

collections du roi Charles V le Sage au Louvre  en 1375, on y trouve la fin du monde en Chine,

tout à l'Est avec des indications précises  de villes comme Canton ou Khanbalik (Pékin).

Lorsque la dynastie des Ming renverse en 1368  celle Mongol des Yuan, l'Empereur Yong Le, When the Ming dynasty overthrew the Mongol Yuan dynasty in 1368, Emperor Yong Le..,

fondateur de la Cité Interdite, entend étendre les  limites de ses rapports avec le monde connu. Il fundador da Cidade Proibida, queria alargar os limites da sua relação com o mundo conhecido. Ele

fait de Zheng He l'amiral de la flotte impériale  qui effectue sept voyages entre 1405 et 1433,

atteignant à bien des reprises la Péninsule  Arabique et les côtes d'Afrique de l'Est.

On a carrément fait un épisode sur cet amiral  de légende donc n'hésitez pas à aller le voir !

Vasco de Gama, en 1498, parvient lui à passer  le Cap de Bon Espérance, et ainsi à atteindre

d'une traite l'Asie (ou plutôt l'Inde), ce qui  va résolument tout changer dans la structure

des rapports avec l'Occident. Les premiers à  bénéficier commercialement et diplomatiquement

de ces couvertures maritimes sont  les Portugais et les Espagnols,

suivi rapidement des Hollandais et ensuite  des Anglais. Chacun établira une compagnie

des indes avec l'envoi de très nombreux  navires par an pour faire du commerce.

Et c'est par ce nouveau biais que la  Chine fait son chemin jusqu'en France ! And it's through this new channel that China is making its way to France!

En 1588 est traduit en français la  première description de la Chine

(depuis celle de Marco Polo), rédigée par  le Portugais Juan Gonzalez de Mendoza dont

Montaigne s'inspirera dans ses Essais :

Mais la Chine ne rentre toujours pas en contact  direct avec la France. Il faut dire que les

guerres de religions ont considérablement affaibli  le pouvoir de la royauté française. Les temps ne

sont pas vraiment à l'organisation d'expéditions  commerciales complexes à destination de l'Asie et

de toute façon ils ne disposent pas des mêmes  moyens que les Hollandais ou les Anglais. Sauf

que les français, ça vaut encore aujourd'hui,  n'aiment pas vraiment être mis sur la touche.

Le bon roi Louis XIV commence à être agacé de  cette incapacité à faire du commerce direct

avec l'Asie, et bien sûr avec la Chine. Il  crée ainsi, sous la direction de Colbert,

Secrétaire d'Etat de la Marine et Intendant  des Finances, la Compagnie Française des

Indes Orientales, installée à Port Louis,  au Sud de la Bretagne. Celle-ci a pour but,

je cite :

Ouais, parce qu'ils ont assez profitassé  comme ça, on va pas se laisser faire !

La déclaration royale du 27 août 1664  énonce les privilèges de la Compagnie

Française des Indes Orientales. Elle aura  :

C'est un premier pas rapidement  suivi par une autre plus officielle !

On ne le dira jamais assez. Le christianisme  a été inévitablement le principal lien entre It can't be said often enough. Christianity was inevitably the main link between

l'Occident et l'Asie à ces époques.  En tentant de convertir des Indiens, the West and Asia at that time. Attempting to convert Indians,

Chinois, Vietnamiens, Coréens  ou Japonais, les missionnaires

jésuites Occidentaux envoyés par l'Eglise  sont devenus les premiers ethnologues,

capables de transmettre des informations de  première main sur ce que sont ces peuples.

En Chine, cela commence avec le père  Italien Matteo Ricci (1552-1610). Il

est le premier jésuite à  être arrivé jusqu'à Pékin,

en 1601, sous le règne de l'Empereur Wanli. Il  traduit en chinois des livres de philosophie,

de mathématiques et d'astronomie. Il  parvient aussi à convertir de nombreux

chinois élaborant même une méthode destinée  aux autres jésuites voulant prêcher en chine.

Bref, c'est un modèle qui servira la France !

Alexandre de Rhodes, jésuite d'Extrême-Orient,  convainc le pape Alexandre VII d'envoyer trois

évêques français volontaires, avec  le rang de vicaire apostolique,

en Asie. L'objectif est de s'adapter aux mœurs  et coutumes du pays, sans ingérence dans les

affaires politiques. François Pallu, avec  Pierre Lambert de la Motte sont nommés par political affairs. François Pallu and Pierre Lambert de la Motte are appointed by

le Pape et créent ainsi en 1658 les Missions  Etrangères, situés sur Paris, et toujours en

fonctionnement de nos jours ! Les vicaires sont  envoyés au Siam, puis en chine à partir de 1684.

Et 1684, c'est une date importante ! C'est  l'année où le jésuite Flamand Philippe Couplet,

qui avait passé de nombreuses années  en Chine souhaitait renforcer la

présence française sur place, sans  forcément passer par le Vatican.

Il est reçu par Louis XIV  accompagné de Shen Fuzong,

jeune lettré converti au christianisme,  et premier chinois à fouler officiellement

la terre des Francs ! Couplet parvint à  convaincre le roi de l'intérêt politique,

religieux et commercial de mener cette mission  coûteuse que le roi financera de sa propre caisse.

On envoye alors six missionnaires avec le titre  de « mathématiciens du roi ». Ils quittent Brest

en 1685, et cinq d'entre eux - Fontaney, Bouvet,  Gerbillon, Le Comte et de Visdelou- atteignent

trois années plus tard Pékin le 7 février 1688.  Ils sont rapidement admis à la cour de l'Empereur

Kangxi, de la nouvelle dynastie Mandchoue  des Qing, et grâce à leurs connaissances en

mathématiques, astronomies, médecines et  cartographies, ils gagnent sa confiance.

Le Père Joachim Bouvet (1656-1730)  est particulièrement important. Il

est chargé par Kangxi lui-même de  rentrer en France, pour recruter

d'autres missionnaires et il transmet  au roi de France une série d'ouvrages

chinois qu'il dit avoir été offerts des  mains de l'Empereur chinois lui-même.

Imaginez un peu le plaisir de Louis XIV quand il  consulte les ouvrages ! Heureusement pour Bouvet,

le roi ne se rend pas du tout compte que c'est du  pipeau ! Et oui car ils ne proviennent pas des the king doesn't realize at all that it's all bunk! And yes, because they don't come from

ateliers impériaux, mais d'une imprimerie  plus locale du Sud de la Chine. Bouvet a imperial workshops, but from a more local printing house in southern China. Bouvet has

simplement fait acheter local, puis a relier  les livres aux couleurs impériales royales ! Et simply bought locally, then bound the books in the royal imperial colors! And

vu que personne ne lit le chinois à la cour  de Versailles, c'est passé comme une lettre since no one reads Chinese at the court of Versailles, it's passed off like a letter.

à la poste. S'il avait su cela, Louis  XIV n'aurait sans doute pas offert en

retour un ouvrage d'estampes royales richement  relié à l'empereur de Chine. Malin le Bouvet ! return of a book of royal prints richly bound to the Emperor of China. Clever Bouvet!

On doit aussi à Bouvet la première  comparaison entre Louis XIV et Kangxi, Bouvet also drew the first comparison between Louis XIV and Kangxi,

dans son célèbre Portrait historique de l'empereur  de Chine imprimé en 1697 à Paris. Il y vente les in his famous Portrait historique de l'empereur de Chine printed in Paris in 1697. He sells the

qualités de sa majesté :

Pour convaincre  chaque souverain, français et chinois,

de leurs puissances, et à défaut de la  photographie qui n'est pas encore inventée,

on présente des portraits équestres de Louis XIV  à cheval, et des portraits de face de Kangxi.

Bouvet revient en chine avec l'Amphitrite,

le premier navire commerçant français  autorisé à aborder la chine à Canton.

Entre 1688 et 1715 environ, la relation entre  les deux souverainetés est à son sommet. En 1689,

le Père Gerbillon, excellent diplomate,  joue un rôle important dans la fixation

des frontières avec la Russie de  Pierre Le Grand. Le Père Fontaney

parvient à guérir Kangxi de la malaria  en lui administrant de la quinquina.

Normal donc qu'en 1692, reconnaissant leurs  éminentes qualités humaines et scientifiques,

Kangxi fait promulguer un édit de  tolérance à l'égard du christianisme,

admis comme religion officielle en  Chine, au même titre que le Bouddhisme :

Franchement la conversion de l'Empereur par les  Jésuites Français semblait un rêve pas si fou

que ça. En 1700 la France crée une mission  jésuite destinée à poursuivre cet échange

de savoir et amplifier les connaissances  européennes sur la Chine et ça va être

le cas jusqu'en 1715. Mais petit problème,  cette mission prend trop l'ascendant sur le

Saint-Siège à Rome devenu rapidement très, très,  jaloux de l'influence de la France sur la Chine.

La question des rites chinois, à savoir est  ce qu'on peut-on pratiquer le confucianisme

en étant converti au christianisme, est réouverte  par le nouveau Pape Clément XI. Et ça devient LA

pomme de discorde. Le pape tranche en indiquant  que ces pratiques devaient être interdites ! bone of contention. The pope decides by indicating that these practices should be prohibited!

Bref, ils se tirent une balle dans le pied  juste pour ne pas voir les Jésuites du roi

prendre trop d'autonomie face au Vatican.  Quitte à perdre les chinois...souvent on

dit qu'il faut pas juger le passé. Mais  clairement là, ils sont pas bien malin…

Naturellement, Kangxi y voit un  affront, il durcit sa politique, Naturally, Kangxi sees this as an affront, he hardens his policy,

et son successeur Yongzheng interdit le  christianisme sur ces terres en 1724,

en même temps que la confiance envers les missions  françaises baisse à vue d'oeil. Des vagues de

persécutions marquent le long règne de l'Empereur  Qianlong, même si les Français parviennent encore

à avoir grâce à la cour jusqu'en 1773, date de la  suppression de la Compagnie de Jésus en Europe.

Le dernier jésuite Amiot meurt peu de temps  après avoir appris la décapitation de Louis XVI!

En tout cas, ces relations entre  les deux puissances vont forcément

induire des influences, notamment artistiques.

Les Empereurs chinois Kangxi, Yongzheng et  Qianlong, dont les règnes vont de 1661 à 1796