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Les mots de l'actualité, PURGE   2010-09-01

PURGE 2010-09-01

On nous informe d'une purge anticorruption dans la police mexicaine ! À priori, il y aurait donc de quoi se réjouir ou tout au moins d'espérer, même si ça laisse entendre que la situation actuelle n'est pas excellente. En effet, si on amorce une purge anticorruption cela signifie que la police mexicaine est en ce moment fortement corrompue, que de nombreux policiers ne font pas leur travail comme ils le devraient. Ils sont achetés, payés par les gangs, les organisations mafieuses, les cartels de la drogue, pour aider ces associations de malfaiteurs au lieu de les combattre. Si on purge la police, c'est qu'on la débarrasse des ses éléments indésirables : on nettoie la police, c'est à peu près le sens d'origine. Cette opération de nettoyage est plutôt bien vue dans la situation qu'on vient d'évoquer : on tâche de débarrasser la police des éléments qui l'empêchent de fonctionner, qui nuisent à son efficacité et à sa réputation. Et pourtant, dans ce même sens, le mot purge s'est souvent trouvé dans des contextes où il était négatif, où il représentait des pratiques terribles. Avec ce sens figuré, il apparaît en français vers 1793. On est en pleine Révolution, c'est même l'époque de ce qu'on a appelé la Terreur, et la guillotine fonctionne à plein rendement. Le Comité de Salut Public voit des antirévolutionnaires un peu partout, on les traduit devant un tribunal expéditif, qui élimine ses ennemis politiques sous couvert de patriotisme. Le sang coule facilement, et on prétend purger le pays de ceux qui pourraient avoir des sympathies pour l'Ancien Régime, ou simplement être suspects , (et à l'époque, on l'était facilement, suspect, même si nul ne savait exactement suspect de quoi !) ou même ne pas être totalement d'accord avec la ligne des Montagnards au pouvoir. Et le Rasoir National alors vous menaçait.

Et puis, dans les années 30, en URSS, on a connu des purges terribles également : Staline est au pouvoir, il règne par la terreur, et veut supprimer tout ce qui pourrait s'apparenter à une déviation de la ligne qu'il impose. Donc on supprime, physiquement, avec des condamnations à mort ou à la déportation. Et symboliquement, on réécrivant l'histoire : en particulier les photos sont maquillées et transformées, on fait disparaître certains personnages, pour qu'ils soient effacés. Mais dans tous les cas, l'image importante est celle d'un nettoyage : on prétend – que ce soit vrai ou faux – qu'un organisme nécessite un coup de balai, un nettoyage, qu'il doit retrouver sa pureté d'origine. On a bien l'idée que qu'une organisation est gangrénée, rongée par un cancer, malade. Et donc la logique veut qu'on coupe les parties malades, qu'on s'en débarrasse, avant qu'elles n'aient contaminé les autres, pour que l'organisme en question retrouve sa santé. On le voit ce qu'on purge – la police, le parti, la société – est considéré comme un organisme vivant qu'il faut soigner, même par la méthode forte. Et la purge a aussi un sens proprement médical, purger, c'est purifier, éliminer les liquides, les humeurs qui gênent, salissent, souillent. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.

PURGE   2010-09-01 ENTLÜFTUNG 2010-09-01 PURGE 2010-09-01 ZUIVEREN 2010-09-01

On nous informe d'une purge anticorruption dans la police mexicaine ! À priori, il y aurait donc de quoi se réjouir ou tout au moins d'espérer, même si ça laisse entendre que la situation actuelle n'est pas excellente. En effet, si on amorce une purge anticorruption cela signifie que la police mexicaine est en ce moment fortement corrompue, que de nombreux policiers ne font pas leur travail comme ils le devraient. Ils sont achetés, payés par les gangs, les organisations mafieuses, les cartels de la drogue, pour aider ces associations de malfaiteurs au lieu de les combattre. Si on purge la police, c'est qu'on la débarrasse des ses éléments indésirables : on nettoie la police, c'est à peu près le sens d'origine. Cette opération de nettoyage est plutôt bien vue dans la situation qu'on vient d'évoquer : on tâche de débarrasser la police des éléments qui l'empêchent de fonctionner, qui nuisent à son efficacité et à sa réputation. Et pourtant, dans ce même sens, le mot purge s'est souvent trouvé dans des contextes où il était négatif, où il représentait des pratiques terribles. Avec ce sens figuré, il apparaît en français vers 1793. On est en pleine Révolution, c'est même l'époque de ce qu'on a appelé la Terreur, et la guillotine fonctionne à plein rendement. Le Comité de Salut Public voit des antirévolutionnaires un peu partout, on les traduit devant un tribunal expéditif, qui élimine ses ennemis politiques sous couvert de patriotisme. Le sang coule facilement, et on prétend purger le pays de ceux qui pourraient avoir des sympathies pour l'Ancien Régime, ou simplement être suspects , (et à l'époque, on l'était facilement, suspect, même si nul ne savait exactement suspect de quoi !) ou même ne pas être totalement d'accord avec la ligne des Montagnards au pouvoir. Et le Rasoir National alors vous menaçait.

Et puis, dans les années 30, en URSS, on a connu des purges terribles également : Staline est au pouvoir, il règne par la terreur, et veut supprimer tout ce qui pourrait s'apparenter à une déviation de la ligne qu'il impose. Donc on supprime, physiquement, avec des condamnations à mort ou à la déportation. Et symboliquement, on réécrivant l'histoire : en particulier les photos sont maquillées et transformées, on fait disparaître certains personnages, pour qu'ils soient effacés. Mais dans tous les cas, l'image importante est celle d'un nettoyage : on prétend – que ce soit vrai ou faux – qu'un organisme nécessite un coup de balai, un nettoyage, qu'il doit retrouver sa pureté d'origine. On a bien l'idée que qu'une organisation est gangrénée, rongée par un cancer, malade. Et donc la logique veut qu'on coupe les parties malades, qu'on s'en débarrasse, avant qu'elles n'aient contaminé les autres, pour que l'organisme en question retrouve sa santé. On le voit ce qu'on purge – la police, le parti, la société – est considéré comme un organisme vivant qu'il faut soigner, même par la méthode forte. Et la purge a aussi un sens proprement médical, purger, c'est purifier, éliminer les liquides, les humeurs qui gênent, salissent, souillent. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.