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Première & Dernière fois, Première & Dernière fois 13

Première & Dernière fois 13

Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois, et pour beaucoup, le

cheminement entre les deux est une véritable aventure.

J'ai décidé de rencontrer des inconnus ou presque inconnus, de partager avec elles

et eux ses confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première

et la dernière fois.

A 39 ans, Cyril semble entouré de Laura qui se dégage des personnalités douces.

Cyril est père, graphiste et directeur artistique indépendant.

Il semble aujourd'hui se demander quelle est sa place d'homme dans le monde, ce qui

n'est pas une mauvaise chose.

Bonjour Cyril.

Bonjour Lucille.

Je vais commencer par la question rituelle, on se voit ou on se tue toi ?

On se tue soi, je suis à l'aise.

On va attaquer direct dans le vif du sujet, est-ce que tu te rappelles de ta première

fois ?

Je me rappelle très bien, je ne pourrais pas l'oublier je crois.

Tu avais quel âge ?

J'étais assez jeune, j'avais 13 ans.

C'était un peu inattendu et pas du tout préparé en fait.

C'était avec une copine de ma soeur, j'ai une soeur qui a 14 mois de plus que moi.

Il y avait cette fille qui, c'est un peu bizarre de dire ça, mais c'était un peu

la fille qui couchait avec tout le monde dans notre quartier.

Mais moi j'étais gamin, je crois que je roulais ma première pelle le mois d'avant,

donc je ne connaissais rien au sexe et je n'avais jamais pratiqué quoi que ce soit.

Et une après-midi, elles sont venues me chercher toutes les deux et donc on est allé se promener.

Et donc on est allé dans un endroit où on squatait, qui était un espèce de petit canal

où il y avait un grand figuier et c'était un peu l'endroit où on se retrouvait tous.

Et donc sur le chemin, cette fille s'arrête et elle commence à m'embrasser, donc je

me suis laissé faire parce que pour moi c'était un peu nouveau et excitant.

Et donc ensuite on est allé jusqu'à ce figuier, ma soeur s'est posée sur le figuier

et donc elle m'a pris par la main et puis on a traversé le canal.

Il y avait un espèce de gros tuyau à traverser et il y avait une espèce de barrière de

roseau de l'autre côté.

On est allé derrière les roseaux et là elle a pris les choses en main on va dire

et moi je me suis laissé faire.

Et donc c'était étrange, je dirais.

C'était prévu par ta soeur et sa copine ou tu ne sais pas du tout ?

Non, je ne pense pas.

Je pense que c'était vraiment...

Je m'en rappelle très bien du moment, mais après sur tout ce qui a amené à ça, j'ai

un peu un trou.

Je ne sais plus trop comment c'est passé.

Mais tu n'étais pas du tout au courant de ce qui allait se passer ?

Pas du tout.

De toute façon, je ne savais même pas que cette fille serait intéressée par moi.

Puis en plus, comme je t'ai dit, j'avais 13 ans donc je ne savais pas.

Tu te masturbais déjà à l'époque ?

Je pense que oui.

Et tu n'avais pas vu de films pornographiques ou des choses comme ça ?

Non.

Donc tu ne savais vraiment pas ce qui allait se passer ?

Non.

En termes d'éducation sexuelle, avant ça c'était quoi ? C'était l'école, les

parents ?

Oui, l'école, les parents.

Et puis les copains on va dire parce que sinon les parents, on ne parlait pas de ça.

Je n'ai pas des parents à l'ancienne mais ils étaient un peu fermés sur ça.

Tu es resté une poupée de chiffon dans ses bras ou tu as le souvenir d'avoir fait quelque chose ?

C'est moi qui ai agi mais elle m'a expliqué comment faire.

Je me rappelle que j'avais gardé mes chaussettes, détail important.

Vous étiez dehors ?

C'est ça.

Et en plus, je crois que ça devait être un truc genre le mois de mars.

On avait des blousons, je me rappelle.

C'était assez gênant parce que je me rappelle que de l'autre côté, je voyais des mecs

qui chassaient des grenouilles avec des épuisettes.

Ils pêchaient des grenouilles dans le canal.

Et moi, je les voyais.

Je me disais, si je les vois, ils me voient.

Tu comptes très bien le décor en tout cas.

On a totalement le...

Je me rappelle, ils faisaient très beau.

C'était un froid sec, je me rappelle.

Et puis j'ai fait ce que j'avais à faire.

Je pense qu'il y a comme un espèce de truc instinctif, c'est assez naturel.

Parce que comme je n'avais pas de culture particulière sur le sexe,

de faire la chose, c'était...

Je n'avais pas appris le truc.

Donc c'était marrant.

Parce que du coup j'avais eu ce genre de presentations.

Du coup, si on permet des retraites...

Il y aussi des surprises...

Parfait pour la meilleure injection.

Ça va recommencer ?

Est-ce qu'on va refaire ça ?

Du coup, j'étais un petit peu...

Je pense que ça ne m'a pas donné les bonnes bases

sur l'approche sexuelle avec une fille.

Émotionnellement, tu devais être perdu ?

Oui, parce qu'en plus, après, quand j'étais au collège,

je suis sorti avec d'autres filles et puis ça n'a rien passé.

Parce qu'après, justement, de 13 ans jusqu'à 18 ans,

je n'ai plus eu de relation.

J'ai eu des copines avec qui on s'est embrassé

et je suis sorti avec des filles, mais on n'a pas fait de sexe.

Donc au début, j'ai eu du mal

parce que je ne comprenais pas.

Je ne savais pas quelle était la limite

puisque elle est arrivée et c'était direct open bar.

Donc, oui, c'est un peu...

Est-ce que tu as éjaculé cette fois-là ?

Je pense que oui, mais je ne m'en souviens pas.

Est-ce que tu te souviens après du plaisir ?

Non.

Pas du tout ?

Non, je me rappelle que ça m'a fait mal.

C'était assez douloureux.

J'ai un problème technique,

mais j'avais un frein qui était plus important

que la moyenne.

Du coup, ça n'a pas cassé le frein.

Donc, j'ai dû me faire opérer

pour l'enlever, pour dire à quel point c'était épais.

Donc, oui, cette fois-là, je n'étais pas...

Et elle, tu te souviens

comment elle a réagi ?

Tu crois qu'elle a fait un truc ?

Elle a cligné de l'oeil à un moment où elle a dit qu'elle avait eu du plaisir ?

Oui, parce qu'après,

on est rentré chez mes parents

et on a parlé de ça en plus.

C'était trop bizarre parce que je me rappelle,

il y avait ma soeur en plus, c'était vraiment chelou,

et on a parlé de ça.

Ma soeur lui a dit « Ah là ! »

Elle a dit « Ah, ben, il se débrouille bien pour la première fois ! »

C'était très bizarre de parler librement

d'un truc que je n'avais jamais fait de ma vie.

C'était space.

Et tu en as reparlé avec ta soeur après de cette histoire ?

Non, mais c'est vrai que ça mériterait.

Non, mais c'est vrai,

parce que je ne comprends pas, qu'est-ce qu'elle foutait là déjà ?

Pourquoi s'est-il passé ça ?

Si elle était au courant, elle aussi.

Je pense qu'elle était,

puisqu'après, quand elle a fait un...

Tu te souviens comment tu t'es senti après,

justement, dans ce retour ?

Vous vous êtes habillé, j'imagine, à niveau bouson,

t'as remis ton pantalon. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Tu lui as dit « Merci bien, à mercredi prochain. »

Tu te souviens comment toi,

tu t'es senti ? Tu t'es dit « Ça y est, je suis devenu un homme ? »

Non, pas du tout.

Non, j'étais plutôt gêné, en fait.

J'étais pas dans le...

dans le truc où on se dit

« Ça y est, j'ai fait l'amour. »

Non, pas du tout.

J'étais un peu gêné, j'étais pas bien, en fait.

Non, mais parce qu'en fait, j'étais un peu intimidé,

alors que c'était une nana que je connaissais

depuis pas mal de temps, on va dire.

Mais là, j'étais intimidé, en fait.

Ça a mis quelques temps

que je la recroise

naturellement, on va dire.

Ça a marqué ton imaginaire sexuel ?

C'est quelque chose que t'as réutilisé dans la masturbation, par exemple ?

Non, pas du tout, jamais.

Même quand... Non, c'est vrai que c'est bizarre.

J'étais plutôt sur des... J'étais passé à autre chose, en fait.

Parce qu'en fait, comme cette fille,

je suis pas sorti avec elle, j'étais pas amoureux d'elle,

j'avais aucune vue sur cette fille, en plus.

Donc, j'avais pas déclenché de fantasmes par rapport à elle, en fait.

Donc, c'est jamais revenu.

Alors qu'il y avait d'autres filles, par exemple, quand j'étais au collège,

que je trouvais jolies ou qui me plaisaient.

Et là, oui, ça pouvait être

une source d'inspiration.

On va faire une petite pause, un petit jeu

avec des questions basées sur le jeu

À boire, je n'ai jamais.

Tu vas me dire si ces phrases t'évoquent des choses

ou si ça te résonne avec ton expérience de vie.

J'ai déjà sodomisé

un ou une de mes partenaires.

Bonne expérience ?

Beaucoup d'enthousiasme dans ta réponse.

Non, non, si, si, bien sûr.

Oui, non, c'était bien parce qu'en plus,

c'était pas quelque chose d'imposé.

Donc, c'était vraiment...

Et puis, je l'ai fait plusieurs fois, et j'aime bien.

J'ai déjà eu des soucis avec du matériel ?

Ben, le classique capote qui se casse.

Sinon, oui, j'ai eu...

Mais c'est pas du matériel, mais on a eu...

Une fois avec une ex,

on a fait l'amour dans sa maison qui était en construction.

Et donc,

en fait, il devait y avoir

de la laine de verre qui flottait dans l'air.

Et la pauvre, elle a eu

vraiment une grosse irritation.

C'est une forme de matériel ?

C'était vraiment l'enfer.

Au niveau du clitoris ?

Pendant les préliminaires.

Alors, je pense qu'on va avoir la palme

du matériel le plus original avec lequel

on peut avoir un problème pendant le sexe.

En fait, elle habitait

dans une ville

de province dans la Loire,

et donc, elle voulait me faire visiter

cette maison qu'elle venait d'acheter.

Et en fait, pris par la fougue

de nos retrouvailles,

on s'est sauté dessus.

On n'a pas pensé du tout qu'il allait se passer ça.

Et puis, en fait,

on s'est aperçu après.

Quand c'était fini,

elle me dit « J'ai mal ». Et puis j'ai regardé,

je me suis dit « Oh putain, la vache, t'es...

t'es poncée ».

Ah ouais, franchement,

du coup, pendant plusieurs jours,

on s'est occupé d'elle jusqu'à

que ça aille mieux.

J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe.

Ou autre chose.

C'était quoi, des courses ?

Non, pas des courses, mais penser à autre chose.

Enfin, j'étais pas dedans.

C'était un très mauvais jeu de mots, ça.

Mais je pensais à autre chose.

Ça m'est arrivé, oui.

Souvent ? Ou c'est quelque chose que tu essayes d'éviter de faire ?

En général,

ça se contrôle pas en même temps.

Ouais, mais du coup, tu peux dire « J'arrête »,

parce que si je suis pas dedans, j'arrête.

Ouais, c'est vrai que je suis pas dedans.

On préfère les courses, et puis en fait...

Non, mais c'est un truc qui arrive.

J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre ?

Non.

Ni connu, ni inconnu ?

Non, non. En plus, tripstar, pas du tout.

Non, ça m'est jamais arrivé.

En tout cas, pas quand je fais l'amour avec quelqu'un.

M'assure, bien sûr, mais pas...

Tu arrêtes toujours un peu.

Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.

Euh, oui.

Les toilettes au travail.

Enfin, quand j'étais salarié à l'époque,

une envie irrépressible d'y aller.

C'est assez bizarre,

parce qu'en fait,

on se demande pourquoi on fait ça,

mais ça se contrôle pas.

Quand on a, vous savez, les petits papillons dans le ventre...

C'est un truc physique, du coup, pour se décharger ?

Ouais, vraiment, c'est ça.

Et après, on se sent comment ?

On se sent libéré, on se sent mieux ?

Je trouve que c'est avoir un petit orgasme, entre guillemets,

en plein milieu du bureau.

C'est un truc d'indépendance, ça.

Les indépendants connaissent bien la pause-masturbation du milieu de la journée.

Ah, bah, attention, maintenant que je travaille chez moi,

c'est plus facile.

Et la dernière question que je pose,

normalement, aux femmes comme aux hommes,

j'ai déjà éjaculé.

Oui, bien sûr.

De façon...

Tu éjacules à chaque fois ou...

Je sais pas, tu éjacules à chaque fois ?

Non, pas à chaque fois.

C'est assez rare que ça n'arrive pas, quand même.

Oui, ça a arrivé que je n'y arrive pas.

Mais, bizarrement,

l'érection est toujours là,

mais pas l'éjaculation.

Et t'as déjà expérimenté l'éjaculation sans orgasme,

l'orgasme sans éjaculation ?

Non.

On correlle beaucoup les deux, en fait, mais c'est pas forcément évident.

Là, j'avoue que mes compétences ne se sont pas assez développées.

Pour finir,

j'ai déjà été sodomisée.

Oui, j'ai déjà été sodomisée.

Oui, mais plutôt avec...

On dirait que t'as un doute.

Non, non, si, si, mais avec un doigt, quoi.

Pendant...

Pendant une fellation, par exemple.

J'ai même plusieurs ex qui m'ont fait ça,

mais j'ai pas été super emballé, en fait.

J'ai pas trouvé ça, ou je l'ai fait parce que je voulais voir

ce que ça faisait, quoi.

Ça m'a pas transcendé, quoi.

Alors, peut-être que je suis pas allé au bout de l'aventure,

parce qu'il paraît que l'orgasme prostatique,

c'est quelque chose à vivre, mais je sais pas,

j'ai pas vécu ça.

Exactement, bien sûr.

On a parlé de ta première fois,

et après cette première fois, il s'est passé un temps

assez long. Il s'est passé

donc 5 ans, si j'ai bien compté.

Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Bah, c'est juste que ça s'est pas fait, en fait.

Tout simplement. Moi, j'étais pas

du genre à

forcer, ou à mettre

la pression sur mes copines

pour avoir du sexe, donc en fait,

ça s'est pas fait, quoi.

Au collège, j'ai eu pas mal de

petites copines,

mais on a

même pas eu

de préliminaires ou quoi que ce soit, en fait.

C'est assez bizarre, mais bon, je sais pas.

Après, c'est un âge aussi où tout le monde

fait un peu attention. Alors, il y a les deux trucs,

on découvre, donc on est super chaud,

et en même temps, on veut pas trop enfreindre

les règles. Donc, en vrai,

ça s'est juste pas fait, tout simplement.

T'as parlé du fait que t'étais plus vierge avec tes copines

de l'époque, ou pas du tout ? Non, non, je n'ai pas parlé

de ça.

C'est-à-dire qu'il y a aussi un truc, c'est que moi, j'ai jamais eu

de relation longue durée quand j'étais ado.

Donc, c'est vrai que du coup, ça...

Peut-être aussi, ça joue un peu.

Quand ça fait deux semaines que tu te fais des pews

dans la cour, t'as pas l'occasion

de parler trop de ta première fois, je comprends.

Cette seconde fois, elle s'est donc passée quand t'étais en BTS ?

Tout à fait, ouais. Comment ça s'est passé ?

Eh bien, il y avait une fille

qui était dans cette section,

dans cette classe de BTS.

Et c'était une fille un peu

un peu gothique,

très stylée. Enfin, moi,

j'adore ce genre de...

Et puis moi, à l'époque, j'étais...

J'allais beaucoup en teuf,

je prenais beaucoup des extra,

tout ce qui va avec. Donc, j'étais un peu

underground, un peu perché à l'époque.

Et donc, elle était complètement folle.

Et forcément,

elle me plaisait, puisqu'elle était folle.

Donc, c'est comme ça qu'on est

commencés à sortir ensemble.

Elle n'était pas d'origine de Montpellier.

Donc, en fait, elle avait un petit

appartement. Donc, on est allé dans son appartement

un jour entre milliers d'eux.

C'est comme ça qu'on a...

Vous avez eu une relation avant ça,

ou vous vous croisiez juste en soirée ?

Elle était dans ma classe.

Donc, en fait, ça allait assez vite,

puisque je crois que peut-être

pas le jour même, mais le lendemain, on a accouché ensemble

chez elle.

Par contre, c'était vachement mieux.

Tu penses que c'était une vraie première fois ?

Non, parce que, techniquement,

la vraie première fois, pour moi, c'est celle que j'ai eue

à 13 ans. Mais là, c'était différent,

parce que je la trouvais belle.

Enfin, on est sortis ensemble.

Il y avait un truc qui se passait.

T'en avais envie ?

Oui, j'avais envie d'elle. Et puis, surtout,

il y avait de la tendresse. Enfin, ça n'a rien à voir.

Déjà, on était dans un lit.

Déjà, ça aide.

Donc, oui, non, c'était...

Et puis, d'ailleurs, cette personne,

qui compte beaucoup dans ma vie...

Encore aujourd'hui ?

Elle compte moins, mais on n'est pas perdu.

Tu te souviens d'avoir pris du plaisir, du coup ?

Oui, carrément.

J'avais envie de recommencer tout de suite.

Enfin, c'était rien à voir.

Et vous avez recommencé.

Oui.

Vous avez eu une histoire qui a duré un petit peu.

Elle n'a pas duré très longtemps,

mais elle a duré, je ne sais pas, genre 6 mois.

C'est pas mal, mais ce n'est pas non plus

la grosse relation.

Mais il s'est passé un truc, en fait.

On s'était trouvés, en fait.

T'étais amoureux ?

Oui, carrément.

Non, mais je pense qu'elle était...

Comme elle était un peu barrée aussi,

on se frittait beaucoup.

C'était un peu...

Passionné.

Oui, passionné.

Donc, au bout d'un moment, on s'est quittés.

Enfin, comme ça.

Mais on est restés potes.

On ne s'est pas quittés fâchés.

Et donc, après, le BTS est terminé.

J'ai eu d'autres copines, elle a eu d'autres copains.

Enfin, bon, bref.

Il n'y a pas de jalousie particulière.

C'est cette relation que j'ai avec elle.

Et on ne s'est pas perdu de vue pendant...

Si, pendant quelques années,

parce que l'Internet n'est pas encore en place à l'époque.

Enfin, pas très bien installé.

Et quand les réseaux ont commencé à arriver,

on s'est retrouvés.

On a recontinué à échanger.

On s'est revus.

Et on est ressortis ensemble.

Dix ans après.

Après cette histoire,

j'imagine que tu es un peu dévasté.

Est-ce que c'est un peu ta grande histoire d'amour ?

Passionné et tout.

Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?

Tu as eu des copines ?

J'ai eu des copines, mais...

Je n'ai pas eu cette sensation que j'ai eue avec elle.

Mais j'avais un problème avec l'amour, de manière générale.

Je ne savais pas ce que ça voulait dire, être amoureux.

Pour moi, être amoureux, c'était un truc douloureux.

Je trouvais que ça faisait mal au ventre,

ça faisait mal au coeur.

On pleure.

Oui, on n'est pas bien.

Enfin, je ne sais pas, ça réveille vraiment des sens.

En tout cas pour moi.

Je ne sais pas si c'est normal, mais bon.

Pendant longtemps, je ne savais pas trop ce que ça voulait dire, être amoureux.

J'ai eu du mal à me dire si je suis amoureux d'elle.

Ou tout simplement, c'est juste la personne qui te manque

quand elle n'est pas là, ou ce genre de truc.

Mais ce n'était pas le cas.

Alors qu'elle, si.

En même temps, quand j'étais avec elle,

elle me faisait peur.

Mais en même temps, j'étais content d'être avec elle.

C'est bizarre.

Tu as l'impression d'avoir trouvé une forme d'apaisement

dans les relations de couple, dans la sexualité ?

Tu as trouvé ton rythme ?

Oui, il a fallu du temps.

Moi, je me suis « apaisé » assez tard, en fait.

Avec ma compagne actuelle.

Parce que, en fait, ce qui s'est passé,

c'est que quand j'ai eu 24 ans,

je suis venu à Paris sur un coup de tête.

Et donc, pendant longtemps, je ne connaissais personne à Paris.

Donc, j'ai eu un peu de mal à me faire des amis,

puis à faire des relations.

Donc là, j'ai eu une grosse période de disette, on va dire.

Tu faisais quoi ? Tu travaillais ?

Oui, je travaillais à fond.

J'étais passionné par mon taf.

Et puis, je ne rencontrais pas forcément des gens.

Puis à Paris, c'est un peu particulier.

Tu avais déjà les applis d'en rencontrer tout ?

J'ai essayé ça.

J'ai eu des relations grâce à ça.

C'était un peu la seule façon.

Mais ce n'était pas des relations,

ce n'était pas des rencontres amoureuses, on va dire.

C'était vraiment...

On tchattait.

Alors, à l'époque, encore une fois,

je vais passer pour un vieux,

mais on voit la tchat, je ne sais pas si tu te rappelles de ça.

Il y avait des espèces de forums,

18-25, 25-30.

Bref, on tchattait comme ça.

Et puis, là, j'ai fait une rencontre avec une nana,

avec qui on a couché un soir,

et puis après, c'était fini.

Et aussi, il y avait un site qui s'appelait Adult Friend Finder,

je ne sais pas si tu te rappelles de ça,

qui était un peu un espèce de forum adulte,

où on parlait de...

Enfin, normalement, c'était fait pour ça,

mais après, c'était un forum classique,

tout le monde parlait de...

Et donc là, pareil, j'ai rencontré une nana aussi,

avec qui on a couché ensemble deux fois,

qui était beaucoup plus vieille que moi.

Je pense qu'elle devait avoir 40 ans passé à l'époque.

Mais sinon, à part ça, rien de tout ça.

Ça t'a manqué ou t'as profité de cette période

pour justement savoir ce que t'aimais un peu plus,

te m'assurber plus,

peut-être voir plus de porno,

ou, je ne sais pas, réfléchir à ta culture ?

Ou alors, c'était vraiment hors de ta vie ?

Bon, le porno, ce n'était pas très développé à l'époque.

Enfin, en tout cas, c'était compliqué.

Ce n'est pas aussi accessible que maintenant, on va dire.

Ou alors, je ne savais pas faire.

Mais non, il n'y avait pas de manque particulier.

Non, je ne sais pas,

c'était une espèce de parenthèse dans ma vie,

c'était, c'est un peu con de dire ça,

mais le travail, enfin, voilà, vraiment le truc.

Essayer de faire ma place, en tout cas, dans cette ville.

Parce que, de toute façon, je ne pouvais plus revenir dans le Sud

pour des raisons personnelles.

Mais enfin, bon, bref.

Tu voulais que ça marche, c'était tes focus sur ton objectif.

Oui, un peu, c'est ça.

Aujourd'hui, je trouve ça un peu pathétique.

Mais bon, à l'époque, j'étais à fond,

donc je ne voyais pas ça comme ça.

Donc, tu arrives à Paris, t'as plus ou moins 24 ans.

Combien de temps ça dure, cette phase,

de devenir un Parisien ou essayer de construire ta carrière ?

Alors, il faut savoir que quand je suis arrivé,

je ne connaissais personne,

donc j'ai fait pas mal de foyers d'hébergement

pendant presque trois ans.

J'ai même eu une petite passade à la rue, quelques jours.

Donc, j'ai mis à peu près trois ans

avant d'avoir déjà un premier appart, vraiment, à moi.

Parce que j'allais de foyer en foyer,

donc ce n'était pas très facile de stabiliser.

Surtout, on va dans les foyers perdus dans la banlieue.

Puis, à la fin, j'étais dans le Verdun-Ferroche-Roue,

dans la prison de la santé.

Donc oui, on va dire trois ans.

Trois ans où j'ai commencé à me sentir installé, entre guillemets.

Est-ce que tu as un rapport à ton corps ?

Aujourd'hui ?

À l'époque.

À l'époque.

Alors, moi, déjà, depuis toujours, je suis assez complexé,

voire pudique, parce que déjà, je ne suis pas zelte.

Donc, c'est vrai que je sais qu'il y a un courant body positive.

Je trouve ça très bien,

mais moi, j'ai eu du mal à passer ce cap-là.

Donc, j'ai toujours un complexe par rapport à ça.

J'ai du mal avec mon corps.

J'ai eu même un moment donné où je ne pouvais plus me regarder

dans un miroir ou dans le reflet d'une vitrine.

Ça m'était compliqué.

Tu as toujours été gros ou tu l'es devenu ?

Je le suis devenu.

Pendant cette période-là ?

Oui, ça a été un moment…

Comme j'étais assez seul et tout,

c'est le basique.

On se réfugie dans le réconfort de la nourriture.

Mais avant, j'étais même très sportif.

J'ai toujours été un peu…

J'ai une ossature un peu…

Je suis un peu costaud, mais pas gros.

Et donc, d'ailleurs, même après,

cinq ans après, quand j'approchais des 30 ans,

j'ai fait une grosse dépression par rapport à tout ça.

La solitude, la prise de poil, tout ça.

Et donc, j'ai fait…

Je suis allé voir un psy.

Qui m'a aidé par rapport à ça.

J'ai pris des petits cachets.

Tout ce qu'il faut pour se remonter.

Après, j'ai commencé à me remettre au sport.

J'étais vraiment à fond.

J'ai eu une période à 30 ans

où j'avais perdu beaucoup de poids.

J'avais repris confiance en moi.

Et du coup, le fait est que les petites copines reviennent.

C'était une période qui était sympa.

J'ai bien aimé cette période.

Même si c'était post-dépression.

Ça a duré deux ans.

Finalement, ça a été positif pour moi.

De rebondir comme ça.

Je suis passé de l'idée de sauter sous un train

à l'idée de croquer la vie à fond.

Et donc, j'ai retrouvé cette fameuse ex à ce moment-là.

Parce que du coup, finalement, cette disette sexuelle,

elle est corrélée avec tout un mal-être

qui est global dans la vie.

Tu t'es éloigné de toi.

C'est ça.

En plus, moi, je n'ai jamais été trop un dragueur.

J'ai toujours été timide.

Je ne suis pas quelqu'un qui va aller de l'avant.

Enfin, sur ça.

Je suis toujours un peu un autré.

Et j'étais même mal à l'aise

parce que je ne savais pas comment aborder.

Quand j'y repense maintenant,

je me dis qu'il y avait plein de trucs qui n'allaient pas.

Le fait que je sois un provincial.

On me faisait toujours la remarque sur mon accent.

Mais quand j'allais dans le Sud,

on me disait que j'avais l'accent parisien.

Il y avait une espèce d'ambiguïté sur ça.

J'étais très sociable.

Au boulot, j'étais quelqu'un de reconnu.

Les collègues m'appréciaient tout.

Mais en dehors, il n'y avait personne.

Il y avait une espèce de paradoxe par rapport à ça.

De ma vie privée et de ma vie professionnelle.

Mais tu as pu être pris en charge

ou te faire prendre en charge pour t'en sortir ?

Je suis descendu dans le Sud.

Et puis, j'ai fait n'importe quoi.

J'ai pété les plombs.

J'ai fait une vacance où j'ai fait un but à outrance.

J'ai fait n'importe quoi.

Mais je me rappelle que mes potes dans le Sud

ne m'ont pas reconnu.

Ils m'ont dit qu'est-ce qui lui arrive.

Quand je suis revenu de vacances,

c'était au mois d'août.

Je me suis mis dans mon bureau.

Et je me suis dit qu'il y avait un truc qui ne va pas.

Je suis allé voir l'infirmière du travail.

Je lui ai parlé.

Elle m'a dit que je pouvais vous recommander une psy.

Je suis allé la voir et j'ai parlé pendant 3 heures.

Je ne sais plus.

J'ai tout sorti.

Tu avais des choses à dire.

Oui, c'est ça.

Cette ex qui revient,

donc très passionnée,

une grande histoire pour toi.

Vous êtes resté combien de temps ensemble ?

La deuxième fois ?

Un an et demi à peu près.

Ça avait changé ?

Elle était toujours aussi barrière.

Mais par contre, ça a été très fusionnel tout de suite.

Franchement, comme si nos corps se retrouvaient.

C'était même plus que nous.

C'était tout.

Je me rappelle la première fois qu'on s'est revus.

Elle était venue chez moi.

On est resté tout le week-end au pieu.

Et puis ça n'arrêtait pas.

Dès qu'on se voyait, on ne pouvait pas s'empêcher de se sauter dessus.

Il n'y avait pas de temps de latence.

Quand elle revenait, on se faisait un bisou.

Et puis c'était direct.

On se sautait dessus.

Ça t'a fait du bien ?

Oui, carrément.

Les premiers mois.

C'était un peu plus dur.

C'était une fille qui avait des problèmes.

Au début, c'était génial.

On a passé six mois vraiment top.

C'était vraiment super de se retrouver.

On projetait plein de trucs.

On pensait qu'on allait finir nos jours ensemble.

Mais Madame, elle faisait des...

Par exemple, elle adorait me rendre jaloux.

Quand on sortait, elle allait draguer d'autres mecs.

Moi, je détestais ce genre de trucs.

Il y avait des trucs comme ça.

Au bout d'un moment, je ne supportais plus.

Comme j'étais déjà un peu fragilisé sur l'état d'esprit.

Sur la confiance.

La confiance en moi.

Je n'avais pas besoin de ça.

On en a reparlé plusieurs années après.

Elle m'a dit qu'elle n'était pas prête.

Finalement, c'était bien qu'on se retrouve.

C'est bizarre.

C'est vraiment ce truc du corps.

C'est vraiment ça, nos corps.

Il y avait un truc.

On s'associait.

C'était vraiment bizarre.

Tu crois que c'est quelque chose qui va rester toute la vie ?

Oui, sans problème.

Je n'ai aucun doute.

On s'envoie tout le temps des messages.

Il y a un truc entre nous.

C'est une ambiguïté ou c'est quelque chose de très...

Il n'y a pas d'ambiguïté.

On sait qu'on ne peut pas vivre ensemble.

Elle est mariée.

Moi aussi, j'ai des enfants et une compagne que j'aime.

Il n'y a pas de problème avec ça.

Après, c'est vrai que c'est un peu un sujet tabou.

Le polyamour ou ce genre de choses.

Mais moi, je sais qu'avec elle, je me sens bien.

J'ai l'impression d'être à la maison.

Après, c'est vrai que tous les deux, on est complètement conscients

que ça ne ferait pas le job.

Qu'on ne pourrait pas rester ensemble parce qu'on a trop des caractères.

Ça ne matche pas.

Ce serait tragique.

Oui, c'est bizarre.

J'aime beaucoup cette idée de gens qui ont réussi à garder ce lien.

Et puis perdre cette connaissance.

Il y a un petit côté secret qui est un peu bizarre.

Je trouve ça pas honnête de ma part, par exemple,

par rapport à l'amour que j'ai avec ma compagne.

Mais en même temps, je ne peux pas m'empêcher de penser à cette autre fille.

Elle existe.

Elle existe.

Tu ne l'as pas cachée à ta compagne.

Elle sait qu'elle existe.

Mais on ne s'envoie pas de sextos.

On se donne des nouvelles tous les deux mois.

Ça reste un peu honnête.

Il y a toujours un petit truc.

À un moment donné, elle m'envoie un texto.

On me dit que je ne t'oublierai jamais.

Il y a toujours des trucs.

Je pense que sur mon lit de mort, j'aurais une pensée pour toi.

Des genres de trucs comme ça.

Ce qui est sûr.

Moi, j'aime bien.

C'est beau.

On va faire une deuxième petite pause.

Un deuxième jeu différent.

On va parler de ton imaginaire sexuel.

Ta culture érotique.

Quelles sont les oeuvres qui t'accompagnent ?

On va parler du livre qui t'excite.

Est-ce qu'il y en a un ?

Ce n'est pas spécialement qui m'excite.

Mais je me rappelle de « La vie sexuelle » de Catherine M.

Je crois que c'est ça.

Que j'avais lu.

Et en fait, il m'avait choqué ce livre.

Parce que je me suis dit que ça existe des gens comme ça dans la vraie vie.

C'était un peu excitant.

Mais ça m'a un peu fait découvrir que le porno, il n'y avait pas que des trucs fantasmés.

Il y avait des réalités derrière.

Des gens qui font du sexe.

Je me rappelle que je l'ai lu.

J'étais jeune.

Je ne sais plus à quelle année il est sorti.

Mais ça m'avait perturbé.

C'est vrai que c'est un livre qui est très très très intéressant.

C'est un livre qui est très sombre, assez froid.

Donc c'est « La vie sexuelle » de Catherine M.

Donc qui est écrit par Catherine Millet.

Et qui est plus ou moins le journal d'une vie sexuelle boulimique et performative.

Donc c'est une approche très très différente de ce qu'on a pu lire avant.

Mais puis c'est féminine.

Ce n'est pas un livre qu'on pourrait qualifier d'excitant.

C'est très performatif.

Le film qui te fait vibrer.

C'est pas un film qui me fait vibrer.

Mais il y a une scène qui m'a fait vibrer.

Mais il y a une scène qui m'a marqué.

C'était dans « Le cri de la soie ».

Qui est un film des années 90.

Je ne me rappelle plus exactement.

Avec Maritain Trentignan.

Et donc pour placer le film.

C'est l'histoire d'une professeure des beaux-arts.

Qui est spécialisée dans les drapés.

Et elle a un fétichisme du tissu.

Et donc la première scène.

Elle est dans un grand magasin il me semble.

Et puis elle touche des tissus.

Et puis elle se met à s'évanouir face à l'orgasme.

Et donc elle rencontre un gars.

Qui est un photographe.

Qui fait des photos de robes marocaines.

Je crois.

Enfin des tissus orientaux.

Et donc finalement ils se rencontrent.

Et ils ont la même approche sur le tissu.

Et à la fin il y a une scène.

Où ils font l'amour dans un lit.

Et en fait.

En film.

Les tissus qui se touchent.

C'est la soie et le lin.

Ou je ne me rappelle plus exactement.

Il y a un truc.

C'est hyper sensuel.

Cette scène.

Elle est vraiment.

Pour moi c'est vraiment quelque chose.

Qui est dans la gestion.

Et c'est ça qui est le plus excitant.

Enfin.

Moi ça je trouve que c'est une très belle scène.

Tu as développé un fétichisme du tissu.

Après avoir vu le film.

Non mais par contre.

Ça se pousse forcément.

Je t'imagine au grand moment.

En train de toucher les tissus.

Pour tester.

A voir si ça fait des trucs.

Non mais par contre.

Je n'ai pas de fétichisme du tissu.

Mais par contre c'est vrai que ça compte.

J'aime bien le côté tactile.

Les tissus.

Ça marque.

Mais attention.

Tout ce qui est.

Voilà.

Il faut faire avec ce genre d'artifice aussi.

Parce que ça.

C'est ça aussi qui apporte.

Un peu de piment.

Je trouve.

Dans le.

Dans le sexe.

Il n'y a pas que.

Juste.

Les peaux et les fluides.

Il y a plein de choses qui vont avec.

C'est quoi tes matières.

Parce que du coup.

Ce n'est pas le tissu en général.

Mais il y a des matières qui marchent mieux sur toi que d'autres.

Le coton.

Tout simplement.

Déjà.

J'aime bien.

Le lin aussi.

J'aime bien.

Après.

Sur le.

Bon.

Si on sort du tissu.

Juste la peau.

Déjà c'est pas mal.

Mais bon.

L'image qui t'intéresse.

C'est.

L'image qui te donne des frissons de plaisir.

Un side boobs.

C'est toujours efficace.

C'est toujours efficace.

C'est vrai.

C'est un truc masturbatoire.

C'est quelque chose que tu as pu chercher sur Internet.

Non.

Pas spécialement.

C'est pas assez.

Ça va pas assez loin.

À tel.

Par contre j'aime bien.

C'est toujours pareil.

Dans l'idée de la suggestion.

J'aime bien quand c'est suggérant.

Le truc un peu involontaire.

L'espèce de sensualité.

C'est ça.

La musique qui te met le meux dans l'ambiance.

Je n'écoute pas spécialement de musique.

Pas pendant le sexe.

Non.

Non.

Parce que ça te déconcentre ou parce que c'est chiant d'y réfléchir.

Non.

Pas du tout.

Non.

C'est.

Ça me déconcentre.

Je ne suis pas spécialement musique.

Je pense qu'il y a une ex qui m'a traumatisé parce qu'à chaque fois elle mettait cranberry

zombie.

Toujours le même morceau.

Je te jure.

C'est genre elle le mettait et tu savais qu'il allait avoir du sexe.

C'est ça.

Il y avait un truc avec cette chanson.

C'est ça.

Chacun son truc mais c'est vrai que si c'est toujours le même morceau ça peut être.

Ça peut créer une ambiance bizarre.

Le parfum qui réveille tes sens.

Le musque.

C'est très très spécifique.

Mais j'aime bien ça.

Quelque chose de chaleureux derrière ça.

C'est les flammes qui porte du muscle.

Je l'aime.

C'est très très spécifique.

Mais j'aime bien ça.

Quelque chose de chaleureux derrière ça.

C'est les flammes qui portent du parfum.

Ouais.

Ah si, il y a une odeur.

C'est la crème Nivea.

Alors pourquoi ?

Ça remonte à quand j'étais petit en fait.

J'avais une...

Je sais pas quel âge je devais avoir.

7, 8 ans.

Un truc comme ça.

Et j'avais une petite voisine qui était parisienne qui venait en vacances et elle

sentait la crème Nivea.

Et j'étais amoureux d'elle je pense.

Et quand j'étais petit je descendais...

Je prenais l'ascenseur, je m'arrêtais sur un étage pour sentir l'odeur derrière

sa porte.

Enfin bon bref.

Et ça m'est resté parce que quand je marche dans la rue et que je sens cette crème, ça

me fait quelque chose dans mon coeur en fait.

C'est bizarre.

C'est comme s'il y avait une espèce d'archéologie des odeurs dans mon corps en fait.

En plus c'est une odeur qui est super connue et très enveloppante en plus.

Un peu chaude.

C'est ça.

Tu l'as remis en tête.

Allez, ce soir bonne Nivea tout le monde.

On va désormais parler de la dernière fois.

C'est le principe.

Est-ce que tu te rappelles de ta dernière fois ?

Oui.

C'était quand ?

C'était il y a longtemps.

C'était au mois de février l'an dernier.

Donc ça fait plus ou moins un an.

Est-ce que tu te souviens d'où c'était ?

C'était dans le lit conjugal.

Très classique.

Comment ça s'est passé ?

Bien.

Mais très...

Bon, on explique les années.

On ne fait plus trop l'amour avec ma compagne depuis qu'on a les enfants.

Donc c'est vrai que quand on fait, c'est assez classique et assez rapide en fait.

Fonctionnel.

Oui, c'est ça.

Donc ce n'est pas très funky comme moment.

Mais en même temps, c'était un moment où on avait envie tous les deux.

Donc ce n'est pas non plus...

Mais c'est juste...

Ce n'est plus comme avant où on faisait des préliminaires rallonges ou des trucs.

Là, on va un peu à l'essentiel.

Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ?

Là, ça va faire huit ans.

Et les enfants, ça fait combien de temps ?

Ça fait trois ans.

On va repartir un petit peu en arrière.

Avant les enfants, sexuellement, c'était très bien.

Oui, carrément.

J'étais même assez content parce qu'au bout de trois, quatre ans, on continuait à

faire l'amour très régulièrement et puis partout.

C'était vraiment cool.

Je me suis dit que ça ne s'essouffle pas.

Parce que souvent, on dit qu'au bout d'un an ou deux ans, ça commence à s'essouffler.

Alors que nous, c'était toujours là.

Donc ça, c'était plutôt bien.

Pourquoi les enfants, ça a changé quelque chose ?

Quand on a décidé de faire un enfant, mon premier garçon, on a eu du vachement de mal

à l'avoir.

Ma femme a fait plusieurs fausses couches.

On a été suivi par un spécialiste de la fécondation.

Pendant longtemps, on calculait les jours où il fallait faire l'amour.

C'était vraiment pénible.

Elle, elle prenait des cachets.

Donc ça, c'était vraiment pas génial.

C'est pas du tout sexy.

Donc ça, déjà, ça a un petit peu émietté le truc.

Et ensuite, on est passé à la phase supplémentaire, l'insémination.

Donc moi, j'allais me masturber dans un laboratoire.

J'ai écrit un texte là-dessus.

C'est assez funky.

C'est vraiment...

Tu ne disais pas quoi.

C'est la salle, c'est une toute petite salle avec un écran où tu as un vieux porno qui

grisille.

La nana, elle est là.

Elle fait du bon.

Vous nettoyez l'écran avec la petite lingette.

C'est vraiment son job.

Mais il y a la salle d'attente qui est juste à côté.

Tu entends les gens qui parlent.

C'est assez horrible.

Donc j'y suis allé au moins sept ou huit fois.

Après, on récupère le sperme.

Il faut courir jusqu'à la gynéco qui va faire l'insémination.

Elle, c'était spéculum et compagnie.

Au bout d'un moment, elle n'avait plus envie qu'on la touche.

Ce qui est normal.

Donc, à un moment donné, on a eu marre.

On a décidé de faire une pause.

Et classique, c'est à ce moment là qu'elle est tombée enceinte de manière naturelle.

Donc, bon, ça s'est bien passé.

Mais quand elle était enceinte, elle n'a pas eu un espèce de...

Comme on croit des fois que les femmes enceintes ont des envies sexuelles.

Ça arrive, mais ce n'est pas le cas.

Moi non plus, je n'étais pas très à l'aise avec ça.

Là aussi, ça a creusé encore un petit peu plus l'écart sur notre vie sexuelle.

Et donc, elle a accouché.

Ça ne s'est pas super bien passé.

L'apériture n'a pas marché.

Après, il n'y a pas eu de problème.

L'enfant est bien né.

Elle n'a pas eu de soucis après.

Mais c'est juste que ça, elle a souffert.

Donc déjà, ça, c'était un peu dur.

La rééducation derrière.

Elle a l'impression qu'il y a plein de gens qui sont allés entre ses jambes.

C'est vrai qu'elle a eu du mal avec ça.

Ce qui se comprend.

Ça a duré combien de temps ce process de...

On décide de faire un enfant à...

On a enfin notre enfant.

Ça a duré...

On a duré presque trois ans.

Donc très long.

Et en fait, quatre mois après, elle est retombée enceinte.

Donc, ce n'était pas attendu.

Mais bref, on a dit on la garde.

Puisque on s'est dit, on n'est plus très jeune, mais encore en jeune.

Donc, on s'est dit, au moins, ce sera fait.

Mais en fait, on a bien fait parce qu'elle est super, notre petite fille aussi.

Donc, voilà.

Donc, bon là, déjà, quand il y a deux enfants, on ne dort pas.

Mon grand, il vient dormir.

Il a fait des nuits pourries.

Et il en fait encore.

Donc, ça, ceci, ça n'aide pas non plus.

À la promiscuité, on était fatigué.

Donc là, on a encore mis un peu plus d'écart.

Et ensuite, elle a eu un stérilet parce qu'elle ne voulait plus tomber enceinte, ce qui se

comprend.

Et en fait, ça, c'est...

Il a été mal posé.

Donc, elle a dû être opérée.

Et en plus, elle est tombée enceinte avec le stérilet.

Donc, nous, on ne s'attendait pas du tout parce qu'on pensait qu'elle était protégée.

Donc, on a voulu beaucoup aux gynéco qu'elle avait vu parce qu'en plus, elle avait super

mal tout le temps.

C'est comme ça qu'on s'est dit, il y a un truc qui ne va pas.

On n'avait pas en plus une vie sexuelle très développée à ce moment-là.

Mais le fait est que la seule fois où on l'a fait, elle est tombée enceinte.

Comme quoi, finalement, on s'est retrouvé à l'hyperfertilité.

Enfin bon, bref.

Donc, on a réfléchi.

Puis en fait, on s'est dit que déjà, c'était compliqué parce que deux enfants rapprochés,

c'est assez sport.

Donc, on a laissé...

On a...

Elle a avorté.

Donc, encore une fois, petite intervention sur son corps.

Donc, je pense qu'après ça, elle ne voulait plus qu'on la touche.

Donc, on en est aujourd'hui.

Voilà, exactement.

C'est pour ça qu'il y a eu et qu'il y a très peu de relations sexuelles.

Mais moi, je comprends très bien.

Franchement, à sa place, c'est tout à fait normal.

T'as envie, toi ?

À fond, bien sûr.

On en parle.

Malgré la fatigue et tout.

Oui, bien sûr.

Vous en parlez tous les deux ?

Oui, sans problème.

On se cache pas, ça.

Donc, moi, je lui dis que...

Parce qu'elle s'excuse de me dire « je suis désolé ».

Je lui dis « non, mais t'excuses pas.

Tu reviendras quand tu reviendras ».

C'est vrai, je vais pas lui mettre...

En plus, moi, j'ai un père qui était un gros macho de première et qui, lui, a imposé

à ma mère des relations sexuelles pendant des années.

Je l'ai appris il y a pas longtemps.

Mais moi, je veux pas être ce mec-là.

Donc, ce qui me paraît en plus tout à fait normal.

Pour moi, le sexe, c'est un truc qui est mutuel.

Donc, tous les deux, on a envie ou pas.

Je me vois pas faire l'amour à une personne qui a pas envie.

Alors là, du coup, vous en avez envie tous les deux.

Mais c'est compliqué parce qu'on imagine bien.

En réalité, les enfants grandissent.

Ça a l'air compliqué comme ça.

Mais je parle d'expérience.

C'est un peu long.

Après, ça va tout seul.

Ces gens, ils grandissent.

Tu fais « ah, ok, d'accord.

Ma vie a changé du jour au lendemain.

» Mais du coup, ça veut dire que ça reviendra.

Vous avez encore envie l'un de l'autre.

Elle, elle a pas trop de désir, en fait.

C'est ça qu'elle...

Enfin, quand on en parle et tout, elle me dit qu'elle a un blocage sur ça.

Mais c'est pas grave.

Moi, j'attends.

C'est quelque chose pour lequel vous pourriez envisager de vous faire suivre ensemble ?

De voir un psy ou un coach ou quelqu'un qui travaille sur le couple

pour reparler justement de recréer ce désir ?

On n'en a pas parlé.

Mais elle, elle pense qu'elle pourrait à un moment donné voir si ça revient pas, en fait.

Parce que elle, bon, outre le fait qu'elle a pas envie qu'on la touche,

c'est vraiment plus l'idée du désir.

Parce qu'une fois, je lui ai demandé, je lui ai dit « mais est-ce que tu te masturbes ?

Est-ce que tu as des envies ? Est-ce que tu as envie de moi ou même d'un autre mec ? »

Franchement, je suis pas fermé au truc.

Je m'en fous.

Moi, ce qui compte, c'est qu'elle se fasse plaisir.

Elle est pas dans ce délire-là, mais en tout cas, moi, ce que je veux,

c'est qu'elle s'éclate.

Et elle m'a dit qu'elle a pas du tout de désir, en fait.

C'est ça qui l'a complètement coupé.

Je pense qu'elle voit plus son corps comme elle le voyait avant, en fait.

Le fait qu'elle a allaité, donc il y a plein de trucs qui font qu'elle a pas pris

énormément de poids pendant les grossesses, en fait.

Mais quand même, elle...

Ça l'a éloignée d'elle-même.

Ouais, ça l'a éloignée d'elle-même, ouais.

Et toi, tu la vois comment aujourd'hui ?

Moi, je la trouve toujours aussi belle.

Moi, j'ai toujours envie d'elle.

Donc, tant que j'ai encore envie d'elle, c'est qu'elle me plaît.

Et alors que tu traverses une forme encore d'épreuve,

c'est actuellement, c'est pas une très grave épreuve, mais une forme d'épreuve vis-à-vis de ça.

Comment tu te vois, toi ?

Comment tu te sens avec ton corps ?

Il y a une frustration, c'est sûr.

Parce qu'évidemment, quand on a super envie de faire l'amour et qu'on sait

qu'il va rien se passer, c'est sûr qu'il y a une frustration.

Mais en même temps, si j'ai trop envie, je vais me masturber.

C'est fait, quoi.

Mais après, c'est vrai que moi, j'ai eu...

Déjà, je ne suis pas très à l'aise avec mon corps.

Puis en plus, j'ai pris pas mal de poids ces derniers temps,

depuis qu'on a les enfants.

C'est un chemin classique.

Du coup, c'est parce qu'il n'y a plus d'activité physique.

Je fais un boulot, je suis assis toute la journée.

Je dois dépenser 300 calories de la journée.

Tu sens que tu es en train de t'éloigner aussi,

ou tu sens que tu es quand même bien ancré là

et que tu ne pourrais pas de nouveau souffrir

et être dans une spirale de souffrance comme tu as déjà été devant le passé ?

Tu te sens plus fort aujourd'hui ?

Pas plus fort, mais déterminé à être bien.

Pour tout te dire, j'ai repris une thérapie depuis.

Mais ce n'est pas dans le même état d'esprit.

J'ai repris une thérapie depuis le mois d'août.

Mais vraiment, parce que je trouve que ce n'est pas normal

d'être aussi complexé à mon âge.

Et puis, je n'ai pas envie que mes enfants,

ils aient un père qui ne soit pas bien dans sa peau.

Même s'ils ne le voient pas, parce que je ne le montre pas.

Tu as toujours peur qu'ils le sentent ?

Je vais quand même aller à la piscine avec eux ou des trucs comme ça.

Je ne vais pas les bloquer, ça serait débile.

Mais oui, je ne veux pas qu'ils le ressentent.

Donc oui, j'ai commencé à changer, à m'occuper de ce problème.

J'ai pris les devants.

Puis à 40 ans aussi, je pense qu'on voit un peu les choses différemment.

Précédemment, tu as évoqué ton père.

Quel genre de père tu voudrais être aujourd'hui ?

Pas lui.

Non, moi ce que je veux, c'est...

Tu te sens plus apaisé par rapport à ça ?

Même si tu es sur un chemin encore,

parce que tu es encore en train de travailler sur toi.

Mais tu le sens sur le bon chemin ?

Oui, je pense.

Après, on ne maîtrise pas tout, parce que les enfants ont leur propre personnalité.

Mais en tout cas, moi ce que je veux, c'est que mes enfants soient bien dans leur basket.

Et que je vais les pousser pour qu'ils soient heureux.

Épanouis.

Je m'en fous qu'ils réussissent professionnellement ou pas.

Ce que je veux, c'est qu'ils soient heureux.

Qu'ils fassent les bons choix et qu'ils soient respectueux les uns des autres.

Et qu'ils s'aiment.

Et qu'ils s'aiment.

Et ils s'adorent tous les deux.

Donc ça, c'est déjà une réussite.

Merci Cyril.

Merci beaucoup pour ce témoignage qui est vraiment puissant et important.

Je pense que les hommes devraient témoigner beaucoup plus de ce qu'ils ont vécu.

Merci Lucie.

Il faudra avoir de meilleurs hommes.

J'espère que je vais débloquer quelques mecs pour qu'ils arrêtent de prendre la tête à leur meuf sur le sexe.

Alors que ce n'est pas si important en fait.

On y croit.

On est là pour ça.

C'est ça.

C'était première et dernière fois.

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Tous les autres épisodes de Première et Dernière fois sont à retrouver sur Slate.fr

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Pour témoigner à votre tour, vous pouvez m'envoyer un email à l'adresse

première-dernière-fois-slate.fr

Merci à Benjamin Ours et Aurélie Rodriguesse pour la réalisation et le montage.

Merci à toutes et à tous et à très bientôt.


Première & Dernière fois 13 Erstes & letztes Mal 13 First & Last time 13 Prima e ultima volta 13 Första och sista gången 13

Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois, et pour beaucoup, le

cheminement entre les deux est une véritable aventure.

J'ai décidé de rencontrer des inconnus ou presque inconnus, de partager avec elles

et eux ses confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première

et la dernière fois.

A 39 ans, Cyril semble entouré de Laura qui se dégage des personnalités douces.

Cyril est père, graphiste et directeur artistique indépendant.

Il semble aujourd'hui se demander quelle est sa place d'homme dans le monde, ce qui

n'est pas une mauvaise chose.

Bonjour Cyril.

Bonjour Lucille.

Je vais commencer par la question rituelle, on se voit ou on se tue toi ?

On se tue soi, je suis à l'aise.

On va attaquer direct dans le vif du sujet, est-ce que tu te rappelles de ta première

fois ?

Je me rappelle très bien, je ne pourrais pas l'oublier je crois.

Tu avais quel âge ?

J'étais assez jeune, j'avais 13 ans.

C'était un peu inattendu et pas du tout préparé en fait.

C'était avec une copine de ma soeur, j'ai une soeur qui a 14 mois de plus que moi.

Il y avait cette fille qui, c'est un peu bizarre de dire ça, mais c'était un peu

la fille qui couchait avec tout le monde dans notre quartier.

Mais moi j'étais gamin, je crois que je roulais ma première pelle le mois d'avant,

donc je ne connaissais rien au sexe et je n'avais jamais pratiqué quoi que ce soit.

Et une après-midi, elles sont venues me chercher toutes les deux et donc on est allé se promener.

Et donc on est allé dans un endroit où on squatait, qui était un espèce de petit canal

où il y avait un grand figuier et c'était un peu l'endroit où on se retrouvait tous.

Et donc sur le chemin, cette fille s'arrête et elle commence à m'embrasser, donc je

me suis laissé faire parce que pour moi c'était un peu nouveau et excitant.

Et donc ensuite on est allé jusqu'à ce figuier, ma soeur s'est posée sur le figuier

et donc elle m'a pris par la main et puis on a traversé le canal.

Il y avait un espèce de gros tuyau à traverser et il y avait une espèce de barrière de

roseau de l'autre côté.

On est allé derrière les roseaux et là elle a pris les choses en main on va dire

et moi je me suis laissé faire.

Et donc c'était étrange, je dirais.

C'était prévu par ta soeur et sa copine ou tu ne sais pas du tout ?

Non, je ne pense pas.

Je pense que c'était vraiment...

Je m'en rappelle très bien du moment, mais après sur tout ce qui a amené à ça, j'ai

un peu un trou.

Je ne sais plus trop comment c'est passé.

Mais tu n'étais pas du tout au courant de ce qui allait se passer ?

Pas du tout.

De toute façon, je ne savais même pas que cette fille serait intéressée par moi.

Puis en plus, comme je t'ai dit, j'avais 13 ans donc je ne savais pas.

Tu te masturbais déjà à l'époque ?

Je pense que oui.

Et tu n'avais pas vu de films pornographiques ou des choses comme ça ?

Non.

Donc tu ne savais vraiment pas ce qui allait se passer ?

Non.

En termes d'éducation sexuelle, avant ça c'était quoi ? C'était l'école, les

parents ?

Oui, l'école, les parents.

Et puis les copains on va dire parce que sinon les parents, on ne parlait pas de ça.

Je n'ai pas des parents à l'ancienne mais ils étaient un peu fermés sur ça.

Tu es resté une poupée de chiffon dans ses bras ou tu as le souvenir d'avoir fait quelque chose ?

C'est moi qui ai agi mais elle m'a expliqué comment faire.

Je me rappelle que j'avais gardé mes chaussettes, détail important.

Vous étiez dehors ?

C'est ça.

Et en plus, je crois que ça devait être un truc genre le mois de mars.

On avait des blousons, je me rappelle.

C'était assez gênant parce que je me rappelle que de l'autre côté, je voyais des mecs

qui chassaient des grenouilles avec des épuisettes.

Ils pêchaient des grenouilles dans le canal.

Et moi, je les voyais.

Je me disais, si je les vois, ils me voient.

Tu comptes très bien le décor en tout cas.

On a totalement le...

Je me rappelle, ils faisaient très beau.

C'était un froid sec, je me rappelle.

Et puis j'ai fait ce que j'avais à faire.

Je pense qu'il y a comme un espèce de truc instinctif, c'est assez naturel.

Parce que comme je n'avais pas de culture particulière sur le sexe,

de faire la chose, c'était...

Je n'avais pas appris le truc.

Donc c'était marrant.

Parce que du coup j'avais eu ce genre de presentations.

Du coup, si on permet des retraites...

Il y aussi des surprises...

Parfait pour la meilleure injection.

Ça va recommencer ?

Est-ce qu'on va refaire ça ?

Du coup, j'étais un petit peu...

Je pense que ça ne m'a pas donné les bonnes bases

sur l'approche sexuelle avec une fille.

Émotionnellement, tu devais être perdu ?

Oui, parce qu'en plus, après, quand j'étais au collège,

je suis sorti avec d'autres filles et puis ça n'a rien passé.

Parce qu'après, justement, de 13 ans jusqu'à 18 ans,

je n'ai plus eu de relation.

J'ai eu des copines avec qui on s'est embrassé

et je suis sorti avec des filles, mais on n'a pas fait de sexe.

Donc au début, j'ai eu du mal

parce que je ne comprenais pas.

Je ne savais pas quelle était la limite

puisque elle est arrivée et c'était direct open bar.

Donc, oui, c'est un peu...

Est-ce que tu as éjaculé cette fois-là ?

Je pense que oui, mais je ne m'en souviens pas.

Est-ce que tu te souviens après du plaisir ?

Non.

Pas du tout ?

Non, je me rappelle que ça m'a fait mal.

C'était assez douloureux.

J'ai un problème technique,

mais j'avais un frein qui était plus important

que la moyenne.

Du coup, ça n'a pas cassé le frein.

Donc, j'ai dû me faire opérer

pour l'enlever, pour dire à quel point c'était épais.

Donc, oui, cette fois-là, je n'étais pas...

Et elle, tu te souviens

comment elle a réagi ?

Tu crois qu'elle a fait un truc ?

Elle a cligné de l'oeil à un moment où elle a dit qu'elle avait eu du plaisir ?

Oui, parce qu'après,

on est rentré chez mes parents

et on a parlé de ça en plus.

C'était trop bizarre parce que je me rappelle,

il y avait ma soeur en plus, c'était vraiment chelou,

et on a parlé de ça.

Ma soeur lui a dit « Ah là ! »

Elle a dit « Ah, ben, il se débrouille bien pour la première fois ! »

C'était très bizarre de parler librement

d'un truc que je n'avais jamais fait de ma vie.

C'était space.

Et tu en as reparlé avec ta soeur après de cette histoire ?

Non, mais c'est vrai que ça mériterait.

Non, mais c'est vrai,

parce que je ne comprends pas, qu'est-ce qu'elle foutait là déjà ?

Pourquoi s'est-il passé ça ?

Si elle était au courant, elle aussi.

Je pense qu'elle était,

puisqu'après, quand elle a fait un...

Tu te souviens comment tu t'es senti après,

justement, dans ce retour ?

Vous vous êtes habillé, j'imagine, à niveau bouson,

t'as remis ton pantalon. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Tu lui as dit « Merci bien, à mercredi prochain. »

Tu te souviens comment toi,

tu t'es senti ? Tu t'es dit « Ça y est, je suis devenu un homme ? »

Non, pas du tout.

Non, j'étais plutôt gêné, en fait.

J'étais pas dans le...

dans le truc où on se dit

« Ça y est, j'ai fait l'amour. »

Non, pas du tout.

J'étais un peu gêné, j'étais pas bien, en fait.

Non, mais parce qu'en fait, j'étais un peu intimidé,

alors que c'était une nana que je connaissais

depuis pas mal de temps, on va dire.

Mais là, j'étais intimidé, en fait.

Ça a mis quelques temps

que je la recroise

naturellement, on va dire.

Ça a marqué ton imaginaire sexuel ?

C'est quelque chose que t'as réutilisé dans la masturbation, par exemple ?

Non, pas du tout, jamais.

Même quand... Non, c'est vrai que c'est bizarre.

J'étais plutôt sur des... J'étais passé à autre chose, en fait.

Parce qu'en fait, comme cette fille,

je suis pas sorti avec elle, j'étais pas amoureux d'elle,

j'avais aucune vue sur cette fille, en plus.

Donc, j'avais pas déclenché de fantasmes par rapport à elle, en fait.

Donc, c'est jamais revenu.

Alors qu'il y avait d'autres filles, par exemple, quand j'étais au collège,

que je trouvais jolies ou qui me plaisaient.

Et là, oui, ça pouvait être

une source d'inspiration.

On va faire une petite pause, un petit jeu

avec des questions basées sur le jeu

À boire, je n'ai jamais.

Tu vas me dire si ces phrases t'évoquent des choses

ou si ça te résonne avec ton expérience de vie.

J'ai déjà sodomisé

un ou une de mes partenaires.

Bonne expérience ?

Beaucoup d'enthousiasme dans ta réponse.

Non, non, si, si, bien sûr.

Oui, non, c'était bien parce qu'en plus,

c'était pas quelque chose d'imposé.

Donc, c'était vraiment...

Et puis, je l'ai fait plusieurs fois, et j'aime bien.

J'ai déjà eu des soucis avec du matériel ?

Ben, le classique capote qui se casse.

Sinon, oui, j'ai eu...

Mais c'est pas du matériel, mais on a eu...

Une fois avec une ex,

on a fait l'amour dans sa maison qui était en construction.

Et donc,

en fait, il devait y avoir

de la laine de verre qui flottait dans l'air.

Et la pauvre, elle a eu

vraiment une grosse irritation.

C'est une forme de matériel ?

C'était vraiment l'enfer.

Au niveau du clitoris ?

Pendant les préliminaires.

Alors, je pense qu'on va avoir la palme

du matériel le plus original avec lequel

on peut avoir un problème pendant le sexe.

En fait, elle habitait

dans une ville

de province dans la Loire,

et donc, elle voulait me faire visiter

cette maison qu'elle venait d'acheter.

Et en fait, pris par la fougue

de nos retrouvailles,

on s'est sauté dessus.

On n'a pas pensé du tout qu'il allait se passer ça.

Et puis, en fait,

on s'est aperçu après.

Quand c'était fini,

elle me dit « J'ai mal ». Et puis j'ai regardé,

je me suis dit « Oh putain, la vache, t'es...

t'es poncée ».

Ah ouais, franchement,

du coup, pendant plusieurs jours,

on s'est occupé d'elle jusqu'à

que ça aille mieux.

J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe.

Ou autre chose.

C'était quoi, des courses ?

Non, pas des courses, mais penser à autre chose.

Enfin, j'étais pas dedans.

C'était un très mauvais jeu de mots, ça.

Mais je pensais à autre chose.

Ça m'est arrivé, oui.

Souvent ? Ou c'est quelque chose que tu essayes d'éviter de faire ?

En général,

ça se contrôle pas en même temps.

Ouais, mais du coup, tu peux dire « J'arrête »,

parce que si je suis pas dedans, j'arrête.

Ouais, c'est vrai que je suis pas dedans.

On préfère les courses, et puis en fait...

Non, mais c'est un truc qui arrive.

J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre ?

Non.

Ni connu, ni inconnu ?

Non, non. En plus, tripstar, pas du tout.

Non, ça m'est jamais arrivé.

En tout cas, pas quand je fais l'amour avec quelqu'un.

M'assure, bien sûr, mais pas...

Tu arrêtes toujours un peu.

Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.

Euh, oui.

Les toilettes au travail.

Enfin, quand j'étais salarié à l'époque,

une envie irrépressible d'y aller.

C'est assez bizarre,

parce qu'en fait,

on se demande pourquoi on fait ça,

mais ça se contrôle pas.

Quand on a, vous savez, les petits papillons dans le ventre...

C'est un truc physique, du coup, pour se décharger ?

Ouais, vraiment, c'est ça.

Et après, on se sent comment ?

On se sent libéré, on se sent mieux ?

Je trouve que c'est avoir un petit orgasme, entre guillemets,

en plein milieu du bureau.

C'est un truc d'indépendance, ça.

Les indépendants connaissent bien la pause-masturbation du milieu de la journée.

Ah, bah, attention, maintenant que je travaille chez moi,

c'est plus facile.

Et la dernière question que je pose,

normalement, aux femmes comme aux hommes,

j'ai déjà éjaculé.

Oui, bien sûr.

De façon...

Tu éjacules à chaque fois ou...

Je sais pas, tu éjacules à chaque fois ?

Non, pas à chaque fois.

C'est assez rare que ça n'arrive pas, quand même.

Oui, ça a arrivé que je n'y arrive pas.

Mais, bizarrement,

l'érection est toujours là,

mais pas l'éjaculation.

Et t'as déjà expérimenté l'éjaculation sans orgasme,

l'orgasme sans éjaculation ?

Non.

On correlle beaucoup les deux, en fait, mais c'est pas forcément évident.

Là, j'avoue que mes compétences ne se sont pas assez développées.

Pour finir,

j'ai déjà été sodomisée.

Oui, j'ai déjà été sodomisée.

Oui, mais plutôt avec...

On dirait que t'as un doute.

Non, non, si, si, mais avec un doigt, quoi.

Pendant...

Pendant une fellation, par exemple.

J'ai même plusieurs ex qui m'ont fait ça,

mais j'ai pas été super emballé, en fait.

J'ai pas trouvé ça, ou je l'ai fait parce que je voulais voir

ce que ça faisait, quoi.

Ça m'a pas transcendé, quoi.

Alors, peut-être que je suis pas allé au bout de l'aventure,

parce qu'il paraît que l'orgasme prostatique,

c'est quelque chose à vivre, mais je sais pas,

j'ai pas vécu ça.

Exactement, bien sûr.

On a parlé de ta première fois,

et après cette première fois, il s'est passé un temps

assez long. Il s'est passé

donc 5 ans, si j'ai bien compté.

Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Bah, c'est juste que ça s'est pas fait, en fait.

Tout simplement. Moi, j'étais pas

du genre à

forcer, ou à mettre

la pression sur mes copines

pour avoir du sexe, donc en fait,

ça s'est pas fait, quoi.

Au collège, j'ai eu pas mal de

petites copines,

mais on a

même pas eu

de préliminaires ou quoi que ce soit, en fait.

C'est assez bizarre, mais bon, je sais pas.

Après, c'est un âge aussi où tout le monde

fait un peu attention. Alors, il y a les deux trucs,

on découvre, donc on est super chaud,

et en même temps, on veut pas trop enfreindre

les règles. Donc, en vrai,

ça s'est juste pas fait, tout simplement.

T'as parlé du fait que t'étais plus vierge avec tes copines

de l'époque, ou pas du tout ? Non, non, je n'ai pas parlé

de ça.

C'est-à-dire qu'il y a aussi un truc, c'est que moi, j'ai jamais eu

de relation longue durée quand j'étais ado.

Donc, c'est vrai que du coup, ça...

Peut-être aussi, ça joue un peu.

Quand ça fait deux semaines que tu te fais des pews

dans la cour, t'as pas l'occasion

de parler trop de ta première fois, je comprends.

Cette seconde fois, elle s'est donc passée quand t'étais en BTS ?

Tout à fait, ouais. Comment ça s'est passé ?

Eh bien, il y avait une fille

qui était dans cette section,

dans cette classe de BTS.

Et c'était une fille un peu

un peu gothique,

très stylée. Enfin, moi,

j'adore ce genre de...

Et puis moi, à l'époque, j'étais...

J'allais beaucoup en teuf,

je prenais beaucoup des extra,

tout ce qui va avec. Donc, j'étais un peu

underground, un peu perché à l'époque.

Et donc, elle était complètement folle.

Et forcément,

elle me plaisait, puisqu'elle était folle.

Donc, c'est comme ça qu'on est

commencés à sortir ensemble.

Elle n'était pas d'origine de Montpellier.

Donc, en fait, elle avait un petit

appartement. Donc, on est allé dans son appartement

un jour entre milliers d'eux.

C'est comme ça qu'on a...

Vous avez eu une relation avant ça,

ou vous vous croisiez juste en soirée ?

Elle était dans ma classe.

Donc, en fait, ça allait assez vite,

puisque je crois que peut-être

pas le jour même, mais le lendemain, on a accouché ensemble

chez elle.

Par contre, c'était vachement mieux.

Tu penses que c'était une vraie première fois ?

Non, parce que, techniquement,

la vraie première fois, pour moi, c'est celle que j'ai eue

à 13 ans. Mais là, c'était différent,

parce que je la trouvais belle.

Enfin, on est sortis ensemble.

Il y avait un truc qui se passait.

T'en avais envie ?

Oui, j'avais envie d'elle. Et puis, surtout,

il y avait de la tendresse. Enfin, ça n'a rien à voir.

Déjà, on était dans un lit.

Déjà, ça aide.

Donc, oui, non, c'était...

Et puis, d'ailleurs, cette personne,

qui compte beaucoup dans ma vie...

Encore aujourd'hui ?

Elle compte moins, mais on n'est pas perdu.

Tu te souviens d'avoir pris du plaisir, du coup ?

Oui, carrément.

J'avais envie de recommencer tout de suite.

Enfin, c'était rien à voir.

Et vous avez recommencé.

Oui.

Vous avez eu une histoire qui a duré un petit peu.

Elle n'a pas duré très longtemps,

mais elle a duré, je ne sais pas, genre 6 mois.

C'est pas mal, mais ce n'est pas non plus

la grosse relation.

Mais il s'est passé un truc, en fait.

On s'était trouvés, en fait.

T'étais amoureux ?

Oui, carrément.

Non, mais je pense qu'elle était...

Comme elle était un peu barrée aussi,

on se frittait beaucoup.

C'était un peu...

Passionné.

Oui, passionné.

Donc, au bout d'un moment, on s'est quittés.

Enfin, comme ça.

Mais on est restés potes.

On ne s'est pas quittés fâchés.

Et donc, après, le BTS est terminé.

J'ai eu d'autres copines, elle a eu d'autres copains.

Enfin, bon, bref.

Il n'y a pas de jalousie particulière.

C'est cette relation que j'ai avec elle.

Et on ne s'est pas perdu de vue pendant...

Si, pendant quelques années,

parce que l'Internet n'est pas encore en place à l'époque.

Enfin, pas très bien installé.

Et quand les réseaux ont commencé à arriver,

on s'est retrouvés.

On a recontinué à échanger.

On s'est revus.

Et on est ressortis ensemble.

Dix ans après.

Après cette histoire,

j'imagine que tu es un peu dévasté.

Est-ce que c'est un peu ta grande histoire d'amour ?

Passionné et tout.

Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?

Tu as eu des copines ?

J'ai eu des copines, mais...

Je n'ai pas eu cette sensation que j'ai eue avec elle.

Mais j'avais un problème avec l'amour, de manière générale.

Je ne savais pas ce que ça voulait dire, être amoureux.

Pour moi, être amoureux, c'était un truc douloureux.

Je trouvais que ça faisait mal au ventre,

ça faisait mal au coeur.

On pleure.

Oui, on n'est pas bien.

Enfin, je ne sais pas, ça réveille vraiment des sens.

En tout cas pour moi.

Je ne sais pas si c'est normal, mais bon.

Pendant longtemps, je ne savais pas trop ce que ça voulait dire, être amoureux.

J'ai eu du mal à me dire si je suis amoureux d'elle.

Ou tout simplement, c'est juste la personne qui te manque

quand elle n'est pas là, ou ce genre de truc.

Mais ce n'était pas le cas.

Alors qu'elle, si.

En même temps, quand j'étais avec elle,

elle me faisait peur.

Mais en même temps, j'étais content d'être avec elle.

C'est bizarre.

Tu as l'impression d'avoir trouvé une forme d'apaisement

dans les relations de couple, dans la sexualité ?

Tu as trouvé ton rythme ?

Oui, il a fallu du temps.

Moi, je me suis « apaisé » assez tard, en fait.

Avec ma compagne actuelle.

Parce que, en fait, ce qui s'est passé,

c'est que quand j'ai eu 24 ans,

je suis venu à Paris sur un coup de tête.

Et donc, pendant longtemps, je ne connaissais personne à Paris.

Donc, j'ai eu un peu de mal à me faire des amis,

puis à faire des relations.

Donc là, j'ai eu une grosse période de disette, on va dire.

Tu faisais quoi ? Tu travaillais ?

Oui, je travaillais à fond.

J'étais passionné par mon taf.

Et puis, je ne rencontrais pas forcément des gens.

Puis à Paris, c'est un peu particulier.

Tu avais déjà les applis d'en rencontrer tout ?

J'ai essayé ça.

J'ai eu des relations grâce à ça.

C'était un peu la seule façon.

Mais ce n'était pas des relations,

ce n'était pas des rencontres amoureuses, on va dire.

C'était vraiment...

On tchattait.

Alors, à l'époque, encore une fois,

je vais passer pour un vieux,

mais on voit la tchat, je ne sais pas si tu te rappelles de ça.

Il y avait des espèces de forums,

18-25, 25-30.

Bref, on tchattait comme ça.

Et puis, là, j'ai fait une rencontre avec une nana,

avec qui on a couché un soir,

et puis après, c'était fini.

Et aussi, il y avait un site qui s'appelait Adult Friend Finder,

je ne sais pas si tu te rappelles de ça,

qui était un peu un espèce de forum adulte,

où on parlait de...

Enfin, normalement, c'était fait pour ça,

mais après, c'était un forum classique,

tout le monde parlait de...

Et donc là, pareil, j'ai rencontré une nana aussi,

avec qui on a couché ensemble deux fois,

qui était beaucoup plus vieille que moi.

Je pense qu'elle devait avoir 40 ans passé à l'époque.

Mais sinon, à part ça, rien de tout ça.

Ça t'a manqué ou t'as profité de cette période

pour justement savoir ce que t'aimais un peu plus,

te m'assurber plus,

peut-être voir plus de porno,

ou, je ne sais pas, réfléchir à ta culture ?

Ou alors, c'était vraiment hors de ta vie ?

Bon, le porno, ce n'était pas très développé à l'époque.

Enfin, en tout cas, c'était compliqué.

Ce n'est pas aussi accessible que maintenant, on va dire.

Ou alors, je ne savais pas faire.

Mais non, il n'y avait pas de manque particulier.

Non, je ne sais pas,

c'était une espèce de parenthèse dans ma vie,

c'était, c'est un peu con de dire ça,

mais le travail, enfin, voilà, vraiment le truc.

Essayer de faire ma place, en tout cas, dans cette ville.

Parce que, de toute façon, je ne pouvais plus revenir dans le Sud

pour des raisons personnelles.

Mais enfin, bon, bref.

Tu voulais que ça marche, c'était tes focus sur ton objectif.

Oui, un peu, c'est ça.

Aujourd'hui, je trouve ça un peu pathétique.

Mais bon, à l'époque, j'étais à fond,

donc je ne voyais pas ça comme ça.

Donc, tu arrives à Paris, t'as plus ou moins 24 ans.

Combien de temps ça dure, cette phase,

de devenir un Parisien ou essayer de construire ta carrière ?

Alors, il faut savoir que quand je suis arrivé,

je ne connaissais personne,

donc j'ai fait pas mal de foyers d'hébergement

pendant presque trois ans.

J'ai même eu une petite passade à la rue, quelques jours.

Donc, j'ai mis à peu près trois ans

avant d'avoir déjà un premier appart, vraiment, à moi.

Parce que j'allais de foyer en foyer,

donc ce n'était pas très facile de stabiliser.

Surtout, on va dans les foyers perdus dans la banlieue.

Puis, à la fin, j'étais dans le Verdun-Ferroche-Roue,

dans la prison de la santé.

Donc oui, on va dire trois ans.

Trois ans où j'ai commencé à me sentir installé, entre guillemets.

Est-ce que tu as un rapport à ton corps ?

Aujourd'hui ?

À l'époque.

À l'époque.

Alors, moi, déjà, depuis toujours, je suis assez complexé,

voire pudique, parce que déjà, je ne suis pas zelte.

Donc, c'est vrai que je sais qu'il y a un courant body positive.

Je trouve ça très bien,

mais moi, j'ai eu du mal à passer ce cap-là.

Donc, j'ai toujours un complexe par rapport à ça.

J'ai du mal avec mon corps.

J'ai eu même un moment donné où je ne pouvais plus me regarder

dans un miroir ou dans le reflet d'une vitrine.

Ça m'était compliqué.

Tu as toujours été gros ou tu l'es devenu ?

Je le suis devenu.

Pendant cette période-là ?

Oui, ça a été un moment…

Comme j'étais assez seul et tout,

c'est le basique.

On se réfugie dans le réconfort de la nourriture.

Mais avant, j'étais même très sportif.

J'ai toujours été un peu…

J'ai une ossature un peu…

Je suis un peu costaud, mais pas gros.

Et donc, d'ailleurs, même après,

cinq ans après, quand j'approchais des 30 ans,

j'ai fait une grosse dépression par rapport à tout ça.

La solitude, la prise de poil, tout ça.

Et donc, j'ai fait…

Je suis allé voir un psy.

Qui m'a aidé par rapport à ça.

J'ai pris des petits cachets.

Tout ce qu'il faut pour se remonter.

Après, j'ai commencé à me remettre au sport.

J'étais vraiment à fond.

J'ai eu une période à 30 ans

où j'avais perdu beaucoup de poids.

J'avais repris confiance en moi.

Et du coup, le fait est que les petites copines reviennent.

C'était une période qui était sympa.

J'ai bien aimé cette période.

Même si c'était post-dépression.

Ça a duré deux ans.

Finalement, ça a été positif pour moi.

De rebondir comme ça.

Je suis passé de l'idée de sauter sous un train

à l'idée de croquer la vie à fond.

Et donc, j'ai retrouvé cette fameuse ex à ce moment-là.

Parce que du coup, finalement, cette disette sexuelle,

elle est corrélée avec tout un mal-être

qui est global dans la vie.

Tu t'es éloigné de toi.

C'est ça.

En plus, moi, je n'ai jamais été trop un dragueur.

J'ai toujours été timide.

Je ne suis pas quelqu'un qui va aller de l'avant.

Enfin, sur ça.

Je suis toujours un peu un autré.

Et j'étais même mal à l'aise

parce que je ne savais pas comment aborder.

Quand j'y repense maintenant,

je me dis qu'il y avait plein de trucs qui n'allaient pas.

Le fait que je sois un provincial.

On me faisait toujours la remarque sur mon accent.

Mais quand j'allais dans le Sud,

on me disait que j'avais l'accent parisien.

Il y avait une espèce d'ambiguïté sur ça.

J'étais très sociable.

Au boulot, j'étais quelqu'un de reconnu.

Les collègues m'appréciaient tout.

Mais en dehors, il n'y avait personne.

Il y avait une espèce de paradoxe par rapport à ça.

De ma vie privée et de ma vie professionnelle.

Mais tu as pu être pris en charge

ou te faire prendre en charge pour t'en sortir ?

Je suis descendu dans le Sud.

Et puis, j'ai fait n'importe quoi.

J'ai pété les plombs.

J'ai fait une vacance où j'ai fait un but à outrance.

J'ai fait n'importe quoi.

Mais je me rappelle que mes potes dans le Sud

ne m'ont pas reconnu.

Ils m'ont dit qu'est-ce qui lui arrive.

Quand je suis revenu de vacances,

c'était au mois d'août.

Je me suis mis dans mon bureau.

Et je me suis dit qu'il y avait un truc qui ne va pas.

Je suis allé voir l'infirmière du travail.

Je lui ai parlé.

Elle m'a dit que je pouvais vous recommander une psy.

Je suis allé la voir et j'ai parlé pendant 3 heures.

Je ne sais plus.

J'ai tout sorti.

Tu avais des choses à dire.

Oui, c'est ça.

Cette ex qui revient,

donc très passionnée,

une grande histoire pour toi.

Vous êtes resté combien de temps ensemble ?

La deuxième fois ?

Un an et demi à peu près.

Ça avait changé ?

Elle était toujours aussi barrière.

Mais par contre, ça a été très fusionnel tout de suite.

Franchement, comme si nos corps se retrouvaient.

C'était même plus que nous.

C'était tout.

Je me rappelle la première fois qu'on s'est revus.

Elle était venue chez moi.

On est resté tout le week-end au pieu.

Et puis ça n'arrêtait pas.

Dès qu'on se voyait, on ne pouvait pas s'empêcher de se sauter dessus.

Il n'y avait pas de temps de latence.

Quand elle revenait, on se faisait un bisou.

Et puis c'était direct.

On se sautait dessus.

Ça t'a fait du bien ?

Oui, carrément.

Les premiers mois.

C'était un peu plus dur.

C'était une fille qui avait des problèmes.

Au début, c'était génial.

On a passé six mois vraiment top.

C'était vraiment super de se retrouver.

On projetait plein de trucs.

On pensait qu'on allait finir nos jours ensemble.

Mais Madame, elle faisait des...

Par exemple, elle adorait me rendre jaloux.

Quand on sortait, elle allait draguer d'autres mecs.

Moi, je détestais ce genre de trucs.

Il y avait des trucs comme ça.

Au bout d'un moment, je ne supportais plus.

Comme j'étais déjà un peu fragilisé sur l'état d'esprit.

Sur la confiance.

La confiance en moi.

Je n'avais pas besoin de ça.

On en a reparlé plusieurs années après.

Elle m'a dit qu'elle n'était pas prête.

Finalement, c'était bien qu'on se retrouve.

C'est bizarre.

C'est vraiment ce truc du corps.

C'est vraiment ça, nos corps.

Il y avait un truc.

On s'associait.

C'était vraiment bizarre.

Tu crois que c'est quelque chose qui va rester toute la vie ?

Oui, sans problème.

Je n'ai aucun doute.

On s'envoie tout le temps des messages.

Il y a un truc entre nous.

C'est une ambiguïté ou c'est quelque chose de très...

Il n'y a pas d'ambiguïté.

On sait qu'on ne peut pas vivre ensemble.

Elle est mariée.

Moi aussi, j'ai des enfants et une compagne que j'aime.

Il n'y a pas de problème avec ça.

Après, c'est vrai que c'est un peu un sujet tabou.

Le polyamour ou ce genre de choses.

Mais moi, je sais qu'avec elle, je me sens bien.

J'ai l'impression d'être à la maison.

Après, c'est vrai que tous les deux, on est complètement conscients

que ça ne ferait pas le job.

Qu'on ne pourrait pas rester ensemble parce qu'on a trop des caractères.

Ça ne matche pas.

Ce serait tragique.

Oui, c'est bizarre.

J'aime beaucoup cette idée de gens qui ont réussi à garder ce lien.

Et puis perdre cette connaissance.

Il y a un petit côté secret qui est un peu bizarre.

Je trouve ça pas honnête de ma part, par exemple,

par rapport à l'amour que j'ai avec ma compagne.

Mais en même temps, je ne peux pas m'empêcher de penser à cette autre fille.

Elle existe.

Elle existe.

Tu ne l'as pas cachée à ta compagne.

Elle sait qu'elle existe.

Mais on ne s'envoie pas de sextos.

On se donne des nouvelles tous les deux mois.

Ça reste un peu honnête.

Il y a toujours un petit truc.

À un moment donné, elle m'envoie un texto.

On me dit que je ne t'oublierai jamais.

Il y a toujours des trucs.

Je pense que sur mon lit de mort, j'aurais une pensée pour toi.

Des genres de trucs comme ça.

Ce qui est sûr.

Moi, j'aime bien.

C'est beau.

On va faire une deuxième petite pause.

Un deuxième jeu différent.

On va parler de ton imaginaire sexuel.

Ta culture érotique.

Quelles sont les oeuvres qui t'accompagnent ?

On va parler du livre qui t'excite.

Est-ce qu'il y en a un ?

Ce n'est pas spécialement qui m'excite.

Mais je me rappelle de « La vie sexuelle » de Catherine M.

Je crois que c'est ça.

Que j'avais lu.

Et en fait, il m'avait choqué ce livre.

Parce que je me suis dit que ça existe des gens comme ça dans la vraie vie.

C'était un peu excitant.

Mais ça m'a un peu fait découvrir que le porno, il n'y avait pas que des trucs fantasmés.

Il y avait des réalités derrière.

Des gens qui font du sexe.

Je me rappelle que je l'ai lu.

J'étais jeune.

Je ne sais plus à quelle année il est sorti.

Mais ça m'avait perturbé.

C'est vrai que c'est un livre qui est très très très intéressant.

C'est un livre qui est très sombre, assez froid.

Donc c'est « La vie sexuelle » de Catherine M.

Donc qui est écrit par Catherine Millet.

Et qui est plus ou moins le journal d'une vie sexuelle boulimique et performative.

Donc c'est une approche très très différente de ce qu'on a pu lire avant.

Mais puis c'est féminine.

Ce n'est pas un livre qu'on pourrait qualifier d'excitant.

C'est très performatif.

Le film qui te fait vibrer.

C'est pas un film qui me fait vibrer.

Mais il y a une scène qui m'a fait vibrer.

Mais il y a une scène qui m'a marqué.

C'était dans « Le cri de la soie ».

Qui est un film des années 90.

Je ne me rappelle plus exactement.

Avec Maritain Trentignan.

Et donc pour placer le film.

C'est l'histoire d'une professeure des beaux-arts.

Qui est spécialisée dans les drapés.

Et elle a un fétichisme du tissu.

Et donc la première scène.

Elle est dans un grand magasin il me semble.

Et puis elle touche des tissus.

Et puis elle se met à s'évanouir face à l'orgasme.

Et donc elle rencontre un gars.

Qui est un photographe.

Qui fait des photos de robes marocaines.

Je crois.

Enfin des tissus orientaux.

Et donc finalement ils se rencontrent.

Et ils ont la même approche sur le tissu.

Et à la fin il y a une scène.

Où ils font l'amour dans un lit.

Et en fait.

En film.

Les tissus qui se touchent.

C'est la soie et le lin.

Ou je ne me rappelle plus exactement.

Il y a un truc.

C'est hyper sensuel.

Cette scène.

Elle est vraiment.

Pour moi c'est vraiment quelque chose.

Qui est dans la gestion.

Et c'est ça qui est le plus excitant.

Enfin.

Moi ça je trouve que c'est une très belle scène.

Tu as développé un fétichisme du tissu.

Après avoir vu le film.

Non mais par contre.

Ça se pousse forcément.

Je t'imagine au grand moment.

En train de toucher les tissus.

Pour tester.

A voir si ça fait des trucs.

Non mais par contre.

Je n'ai pas de fétichisme du tissu.

Mais par contre c'est vrai que ça compte.

J'aime bien le côté tactile.

Les tissus.

Ça marque.

Mais attention.

Tout ce qui est.

Voilà.

Il faut faire avec ce genre d'artifice aussi.

Parce que ça.

C'est ça aussi qui apporte.

Un peu de piment.

Je trouve.

Dans le.

Dans le sexe.

Il n'y a pas que.

Juste.

Les peaux et les fluides.

Il y a plein de choses qui vont avec.

C'est quoi tes matières.

Parce que du coup.

Ce n'est pas le tissu en général.

Mais il y a des matières qui marchent mieux sur toi que d'autres.

Le coton.

Tout simplement.

Déjà.

J'aime bien.

Le lin aussi.

J'aime bien.

Après.

Sur le.

Bon.

Si on sort du tissu.

Juste la peau.

Déjà c'est pas mal.

Mais bon.

L'image qui t'intéresse.

C'est.

L'image qui te donne des frissons de plaisir.

Un side boobs.

C'est toujours efficace.

C'est toujours efficace.

C'est vrai.

C'est un truc masturbatoire.

C'est quelque chose que tu as pu chercher sur Internet.

Non.

Pas spécialement.

C'est pas assez.

Ça va pas assez loin.

À tel.

Par contre j'aime bien.

C'est toujours pareil.

Dans l'idée de la suggestion.

J'aime bien quand c'est suggérant.

Le truc un peu involontaire.

L'espèce de sensualité.

C'est ça.

La musique qui te met le meux dans l'ambiance.

Je n'écoute pas spécialement de musique.

Pas pendant le sexe.

Non.

Non.

Parce que ça te déconcentre ou parce que c'est chiant d'y réfléchir.

Non.

Pas du tout.

Non.

C'est.

Ça me déconcentre.

Je ne suis pas spécialement musique.

Je pense qu'il y a une ex qui m'a traumatisé parce qu'à chaque fois elle mettait cranberry

zombie.

Toujours le même morceau.

Je te jure.

C'est genre elle le mettait et tu savais qu'il allait avoir du sexe.

C'est ça.

Il y avait un truc avec cette chanson.

C'est ça.

Chacun son truc mais c'est vrai que si c'est toujours le même morceau ça peut être.

Ça peut créer une ambiance bizarre.

Le parfum qui réveille tes sens.

Le musque.

C'est très très spécifique.

Mais j'aime bien ça.

Quelque chose de chaleureux derrière ça.

C'est les flammes qui porte du muscle.

Je l'aime.

C'est très très spécifique.

Mais j'aime bien ça.

Quelque chose de chaleureux derrière ça.

C'est les flammes qui portent du parfum.

Ouais.

Ah si, il y a une odeur.

C'est la crème Nivea.

Alors pourquoi ?

Ça remonte à quand j'étais petit en fait.

J'avais une...

Je sais pas quel âge je devais avoir.

7, 8 ans.

Un truc comme ça.

Et j'avais une petite voisine qui était parisienne qui venait en vacances et elle

sentait la crème Nivea.

Et j'étais amoureux d'elle je pense.

Et quand j'étais petit je descendais...

Je prenais l'ascenseur, je m'arrêtais sur un étage pour sentir l'odeur derrière

sa porte.

Enfin bon bref.

Et ça m'est resté parce que quand je marche dans la rue et que je sens cette crème, ça

me fait quelque chose dans mon coeur en fait.

C'est bizarre.

C'est comme s'il y avait une espèce d'archéologie des odeurs dans mon corps en fait.

En plus c'est une odeur qui est super connue et très enveloppante en plus.

Un peu chaude.

C'est ça.

Tu l'as remis en tête.

Allez, ce soir bonne Nivea tout le monde.

On va désormais parler de la dernière fois.

C'est le principe.

Est-ce que tu te rappelles de ta dernière fois ?

Oui.

C'était quand ?

C'était il y a longtemps.

C'était au mois de février l'an dernier.

Donc ça fait plus ou moins un an.

Est-ce que tu te souviens d'où c'était ?

C'était dans le lit conjugal.

Très classique.

Comment ça s'est passé ?

Bien.

Mais très...

Bon, on explique les années.

On ne fait plus trop l'amour avec ma compagne depuis qu'on a les enfants.

Donc c'est vrai que quand on fait, c'est assez classique et assez rapide en fait.

Fonctionnel.

Oui, c'est ça.

Donc ce n'est pas très funky comme moment.

Mais en même temps, c'était un moment où on avait envie tous les deux.

Donc ce n'est pas non plus...

Mais c'est juste...

Ce n'est plus comme avant où on faisait des préliminaires rallonges ou des trucs.

Là, on va un peu à l'essentiel.

Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ?

Là, ça va faire huit ans.

Et les enfants, ça fait combien de temps ?

Ça fait trois ans.

On va repartir un petit peu en arrière.

Avant les enfants, sexuellement, c'était très bien.

Oui, carrément.

J'étais même assez content parce qu'au bout de trois, quatre ans, on continuait à

faire l'amour très régulièrement et puis partout.

C'était vraiment cool.

Je me suis dit que ça ne s'essouffle pas.

Parce que souvent, on dit qu'au bout d'un an ou deux ans, ça commence à s'essouffler.

Alors que nous, c'était toujours là.

Donc ça, c'était plutôt bien.

Pourquoi les enfants, ça a changé quelque chose ?

Quand on a décidé de faire un enfant, mon premier garçon, on a eu du vachement de mal

à l'avoir.

Ma femme a fait plusieurs fausses couches.

On a été suivi par un spécialiste de la fécondation.

Pendant longtemps, on calculait les jours où il fallait faire l'amour.

C'était vraiment pénible.

Elle, elle prenait des cachets.

Donc ça, c'était vraiment pas génial.

C'est pas du tout sexy.

Donc ça, déjà, ça a un petit peu émietté le truc.

Et ensuite, on est passé à la phase supplémentaire, l'insémination.

Donc moi, j'allais me masturber dans un laboratoire.

J'ai écrit un texte là-dessus.

C'est assez funky.

C'est vraiment...

Tu ne disais pas quoi.

C'est la salle, c'est une toute petite salle avec un écran où tu as un vieux porno qui

grisille.

La nana, elle est là.

Elle fait du bon.

Vous nettoyez l'écran avec la petite lingette.

C'est vraiment son job.

Mais il y a la salle d'attente qui est juste à côté.

Tu entends les gens qui parlent.

C'est assez horrible.

Donc j'y suis allé au moins sept ou huit fois.

Après, on récupère le sperme.

Il faut courir jusqu'à la gynéco qui va faire l'insémination.

Elle, c'était spéculum et compagnie.

Au bout d'un moment, elle n'avait plus envie qu'on la touche.

Ce qui est normal.

Donc, à un moment donné, on a eu marre.

On a décidé de faire une pause.

Et classique, c'est à ce moment là qu'elle est tombée enceinte de manière naturelle.

Donc, bon, ça s'est bien passé.

Mais quand elle était enceinte, elle n'a pas eu un espèce de...

Comme on croit des fois que les femmes enceintes ont des envies sexuelles.

Ça arrive, mais ce n'est pas le cas.

Moi non plus, je n'étais pas très à l'aise avec ça.

Là aussi, ça a creusé encore un petit peu plus l'écart sur notre vie sexuelle.

Et donc, elle a accouché.

Ça ne s'est pas super bien passé.

L'apériture n'a pas marché.

Après, il n'y a pas eu de problème.

L'enfant est bien né.

Elle n'a pas eu de soucis après.

Mais c'est juste que ça, elle a souffert.

Donc déjà, ça, c'était un peu dur.

La rééducation derrière.

Elle a l'impression qu'il y a plein de gens qui sont allés entre ses jambes.

C'est vrai qu'elle a eu du mal avec ça.

Ce qui se comprend.

Ça a duré combien de temps ce process de...

On décide de faire un enfant à...

On a enfin notre enfant.

Ça a duré...

On a duré presque trois ans.

Donc très long.

Et en fait, quatre mois après, elle est retombée enceinte.

Donc, ce n'était pas attendu.

Mais bref, on a dit on la garde.

Puisque on s'est dit, on n'est plus très jeune, mais encore en jeune.

Donc, on s'est dit, au moins, ce sera fait.

Mais en fait, on a bien fait parce qu'elle est super, notre petite fille aussi.

Donc, voilà.

Donc, bon là, déjà, quand il y a deux enfants, on ne dort pas.

Mon grand, il vient dormir.

Il a fait des nuits pourries.

Et il en fait encore.

Donc, ça, ceci, ça n'aide pas non plus.

À la promiscuité, on était fatigué.

Donc là, on a encore mis un peu plus d'écart.

Et ensuite, elle a eu un stérilet parce qu'elle ne voulait plus tomber enceinte, ce qui se

comprend.

Et en fait, ça, c'est...

Il a été mal posé.

Donc, elle a dû être opérée.

Et en plus, elle est tombée enceinte avec le stérilet.

Donc, nous, on ne s'attendait pas du tout parce qu'on pensait qu'elle était protégée.

Donc, on a voulu beaucoup aux gynéco qu'elle avait vu parce qu'en plus, elle avait super

mal tout le temps.

C'est comme ça qu'on s'est dit, il y a un truc qui ne va pas.

On n'avait pas en plus une vie sexuelle très développée à ce moment-là.

Mais le fait est que la seule fois où on l'a fait, elle est tombée enceinte.

Comme quoi, finalement, on s'est retrouvé à l'hyperfertilité.

Enfin bon, bref.

Donc, on a réfléchi.

Puis en fait, on s'est dit que déjà, c'était compliqué parce que deux enfants rapprochés,

c'est assez sport.

Donc, on a laissé...

On a...

Elle a avorté.

Donc, encore une fois, petite intervention sur son corps.

Donc, je pense qu'après ça, elle ne voulait plus qu'on la touche.

Donc, on en est aujourd'hui.

Voilà, exactement.

C'est pour ça qu'il y a eu et qu'il y a très peu de relations sexuelles.

Mais moi, je comprends très bien.

Franchement, à sa place, c'est tout à fait normal.

T'as envie, toi ?

À fond, bien sûr.

On en parle.

Malgré la fatigue et tout.

Oui, bien sûr.

Vous en parlez tous les deux ?

Oui, sans problème.

On se cache pas, ça.

Donc, moi, je lui dis que...

Parce qu'elle s'excuse de me dire « je suis désolé ».

Je lui dis « non, mais t'excuses pas.

Tu reviendras quand tu reviendras ».

C'est vrai, je vais pas lui mettre...

En plus, moi, j'ai un père qui était un gros macho de première et qui, lui, a imposé

à ma mère des relations sexuelles pendant des années.

Je l'ai appris il y a pas longtemps.

Mais moi, je veux pas être ce mec-là.

Donc, ce qui me paraît en plus tout à fait normal.

Pour moi, le sexe, c'est un truc qui est mutuel.

Donc, tous les deux, on a envie ou pas.

Je me vois pas faire l'amour à une personne qui a pas envie.

Alors là, du coup, vous en avez envie tous les deux.

Mais c'est compliqué parce qu'on imagine bien.

En réalité, les enfants grandissent.

Ça a l'air compliqué comme ça.

Mais je parle d'expérience.

C'est un peu long.

Après, ça va tout seul.

Ces gens, ils grandissent.

Tu fais « ah, ok, d'accord.

Ma vie a changé du jour au lendemain.

» Mais du coup, ça veut dire que ça reviendra.

Vous avez encore envie l'un de l'autre.

Elle, elle a pas trop de désir, en fait.

C'est ça qu'elle...

Enfin, quand on en parle et tout, elle me dit qu'elle a un blocage sur ça.

Mais c'est pas grave.

Moi, j'attends.

C'est quelque chose pour lequel vous pourriez envisager de vous faire suivre ensemble ?

De voir un psy ou un coach ou quelqu'un qui travaille sur le couple

pour reparler justement de recréer ce désir ?

On n'en a pas parlé.

Mais elle, elle pense qu'elle pourrait à un moment donné voir si ça revient pas, en fait.

Parce que elle, bon, outre le fait qu'elle a pas envie qu'on la touche,

c'est vraiment plus l'idée du désir.

Parce qu'une fois, je lui ai demandé, je lui ai dit « mais est-ce que tu te masturbes ?

Est-ce que tu as des envies ? Est-ce que tu as envie de moi ou même d'un autre mec ? »

Franchement, je suis pas fermé au truc.

Je m'en fous.

Moi, ce qui compte, c'est qu'elle se fasse plaisir.

Elle est pas dans ce délire-là, mais en tout cas, moi, ce que je veux,

c'est qu'elle s'éclate.

Et elle m'a dit qu'elle a pas du tout de désir, en fait.

C'est ça qui l'a complètement coupé.

Je pense qu'elle voit plus son corps comme elle le voyait avant, en fait.

Le fait qu'elle a allaité, donc il y a plein de trucs qui font qu'elle a pas pris

énormément de poids pendant les grossesses, en fait.

Mais quand même, elle...

Ça l'a éloignée d'elle-même.

Ouais, ça l'a éloignée d'elle-même, ouais.

Et toi, tu la vois comment aujourd'hui ?

Moi, je la trouve toujours aussi belle.

Moi, j'ai toujours envie d'elle.

Donc, tant que j'ai encore envie d'elle, c'est qu'elle me plaît.

Et alors que tu traverses une forme encore d'épreuve,

c'est actuellement, c'est pas une très grave épreuve, mais une forme d'épreuve vis-à-vis de ça.

Comment tu te vois, toi ?

Comment tu te sens avec ton corps ?

Il y a une frustration, c'est sûr.

Parce qu'évidemment, quand on a super envie de faire l'amour et qu'on sait

qu'il va rien se passer, c'est sûr qu'il y a une frustration.

Mais en même temps, si j'ai trop envie, je vais me masturber.

C'est fait, quoi.

Mais après, c'est vrai que moi, j'ai eu...

Déjà, je ne suis pas très à l'aise avec mon corps.

Puis en plus, j'ai pris pas mal de poids ces derniers temps,

depuis qu'on a les enfants.

C'est un chemin classique.

Du coup, c'est parce qu'il n'y a plus d'activité physique.

Je fais un boulot, je suis assis toute la journée.

Je dois dépenser 300 calories de la journée.

Tu sens que tu es en train de t'éloigner aussi,

ou tu sens que tu es quand même bien ancré là

et que tu ne pourrais pas de nouveau souffrir

et être dans une spirale de souffrance comme tu as déjà été devant le passé ?

Tu te sens plus fort aujourd'hui ?

Pas plus fort, mais déterminé à être bien.

Pour tout te dire, j'ai repris une thérapie depuis.

Mais ce n'est pas dans le même état d'esprit.

J'ai repris une thérapie depuis le mois d'août.

Mais vraiment, parce que je trouve que ce n'est pas normal

d'être aussi complexé à mon âge.

Et puis, je n'ai pas envie que mes enfants,

ils aient un père qui ne soit pas bien dans sa peau.

Même s'ils ne le voient pas, parce que je ne le montre pas.

Tu as toujours peur qu'ils le sentent ?

Je vais quand même aller à la piscine avec eux ou des trucs comme ça.

Je ne vais pas les bloquer, ça serait débile.

Mais oui, je ne veux pas qu'ils le ressentent.

Donc oui, j'ai commencé à changer, à m'occuper de ce problème.

J'ai pris les devants.

Puis à 40 ans aussi, je pense qu'on voit un peu les choses différemment.

Précédemment, tu as évoqué ton père.

Quel genre de père tu voudrais être aujourd'hui ?

Pas lui.

Non, moi ce que je veux, c'est...

Tu te sens plus apaisé par rapport à ça ?

Même si tu es sur un chemin encore,

parce que tu es encore en train de travailler sur toi.

Mais tu le sens sur le bon chemin ?

Oui, je pense.

Après, on ne maîtrise pas tout, parce que les enfants ont leur propre personnalité.

Mais en tout cas, moi ce que je veux, c'est que mes enfants soient bien dans leur basket.

Et que je vais les pousser pour qu'ils soient heureux.

Épanouis.

Je m'en fous qu'ils réussissent professionnellement ou pas.

Ce que je veux, c'est qu'ils soient heureux.

Qu'ils fassent les bons choix et qu'ils soient respectueux les uns des autres.

Et qu'ils s'aiment.

Et qu'ils s'aiment.

Et ils s'adorent tous les deux.

Donc ça, c'est déjà une réussite.

Merci Cyril.

Merci beaucoup pour ce témoignage qui est vraiment puissant et important.

Je pense que les hommes devraient témoigner beaucoup plus de ce qu'ils ont vécu.

Merci Lucie.

Il faudra avoir de meilleurs hommes.

J'espère que je vais débloquer quelques mecs pour qu'ils arrêtent de prendre la tête à leur meuf sur le sexe.

Alors que ce n'est pas si important en fait.

On y croit.

On est là pour ça.

C'est ça.

C'était première et dernière fois.

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Merci à Benjamin Ours et Aurélie Rodriguesse pour la réalisation et le montage.

Merci à toutes et à tous et à très bientôt.