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Première & Dernière fois, Première & Dernière fois 11

Première & Dernière fois 11

Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois, et pour beaucoup le cheminement

entre les deux est une véritable aventure.

J'ai décidé de rencontrer des inconnus ou presque inconnus, de partager avec elles

et eux ses confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première

et la dernière fois.

Louise est une femme de 29 ans, célibataire depuis toujours.

Elle se définit comme cisgenre et hétérosexuelle.

Elle est interne en médecine et quand je lui demande de se présenter en quelques mots,

elle précise qu'elle est, je cite, « ronde adepte du jeu d'intermittent » qui a décidé

de se sevrer de Tinder depuis quelques semaines.

Bonjour Louise.

Bonjour.

Je vais commencer par la question rituelle, on se voit ou on se tutoie ?

On se tutoie.

Du coup, on est là pour parler de ta vie sexuelle au long cours.

Est-ce que tu te rappelles de ta première fois ?

Oui, je m'en souviens.

Ma première fois, c'était à 21 ans, ce qui, moi, à l'époque me paraissait être

si tard et j'en avais fait un vrai complexe parce que surtout à 21 ans, je n'avais jamais

eu, ne serait-ce qu'embrasser un garçon, il ne s'était jamais rien passé dans ma

vie de ce point de vue-là et je n'étais vraiment pas très bien dans mon corps.

J'avais fait mes deux premières années de médecine, j'avais pris du poids à ce

moment-là et du coup, j'arrivais un peu sur ce marché-là, de façon, j'étais

vraiment pas bien dans mon corps.

Et du coup, je me souviens, c'était l'été de 2011 et je me suis dit, je venais de réussir

mon concours et dans ma tête, c'était bon, maintenant, il faut que je m'attaque

à un nouveau projet et je l'ai pris vraiment comme un truc, il faut y aller.

Et donc, je me suis dit, si ça ne vient pas à moi, je vais chercher toute seule.

Donc, je me suis inscrite sur, à l'époque, Adopte un mec, ce qui aujourd'hui pourrait

paraître assez banal, mais à l'époque, moi, je n'avais aucune copine qui était

sur ce genre de site.

C'était un peu le truc, on le voyait comme pour les gens qui n'y arrivent pas dans

la vraie vie.

C'était quasiment les débuts, c'était vraiment pas généralisé.

Là, il y a les applis, mais Adopte un mec, j'imagine que c'était sur ordinateur.

Sur ordinateur, oui, tout à fait.

Donc, voilà, je me mets dessus et puis, je pense que dans ma tête, je me dis, ça se

trouve, je vais rencontrer l'homme de ma vie.

Ça va être magnifique.

Bon, ça ne s'est pas vraiment passé comme ça.

À vrai dire, cet homme-là, dont le surnom sur Adopte était Kiwi, je ne me souviens

même plus comment on a commencé à interagir, en fait.

Mais je sais que c'est allé assez vite.

Lui, il avait six ans de plus que moi, ce qui n'est pas énorme dans l'absolu, mais

du coup, je pense qu'il avait un peu plus conscience de ce qu'il faisait que moi,

qui étais vraiment naïve au sens premier du terme.

Donc, on a échangé rapidement.

À l'époque, on était dans la même ville et puis, on s'appelle un soir et là, il

me dit que finalement, lui, il retourne sur Paris.

Moi, c'est un moment où je n'ai pas encore repris les cours.

Donc, je me dis, bon, il faut qu'on se rencontre.

J'ai besoin d'aller au bout du projet.

Je ne veux pas que ça traîne.

Donc, je me dis, je vais voir une pote sur Paris et puis, je le rencontre à ce

moment-là. Je suis retombée d'ailleurs sur des mails qu'on s'était envoyés sur le

fait que lui voulait que j'aille le voir à

Levalois-Péret à 21h un soir.

Enfin, vraiment, aujourd'hui, ça me paraîtrait complètement irréel de faire ça,

mais...

Tu dis que c'était un petit peu en plan galère.

Voilà, aujourd'hui, c'est ce que je me dirais.

À l'époque, tu y es allée.

Voilà, j'y suis allée, pleine de stress et de courage en même temps.

Et il avait proposé qu'on aille marcher ensemble, ce qui a aussi...

Je me souviens d'une ville, mais complètement vide à 21h en été.

En septembre.

Ça doit être fin septembre.

Donc, je me souviens, on a marché.

Je ne sais pas trop ce qu'on se raconte.

Je n'ai pas de souvenirs exacts de ce qu'on s'est raconté parce que j'étais dans un

stress pas possible.

Tu le trouvais séduisant ?

En préparant cette émission, en y réfléchissant, je me suis dit est-ce que

finalement, je le trouvais séduisant ?

Je ne crois pas. Il n'était pas laid, mais

aujourd'hui, ce n'est pas ce genre d'homme qui m'attire aujourd'hui.

Donc, je pense que la question n'était même pas de savoir s'il me plaisait.

En fait, il me trouvait suffisamment attirante pour avoir envie de me

rencontrer. Moi, ça me suffisait à ce niveau-là.

Tu avais parlé avec d'autres hommes en parallèle ou c'est vraiment le seul avec

qui tu avais parlé sur Adopt ?

Pour être tout à fait honnête, à l'époque, je me souviens puisque dès le

lendemain, je discutais de nouveau avec un garçon avec qui je discutais

déjà en parallèle, mais où il n'y avait pas eu de question de rencontre à ce

moment-là. Donc, il se trouve que cet homme-là, après, aura une

importance dans ma vie. Donc, ça s'est croisé.

Finalement, je me dis, il y a quelques jours près, c'est juste qu'il a été plus

proactif que l'autre et que j'y suis allée.

Tu te retrouves à Levallois-Péret en septembre, en train de marcher avec un type.

Voilà, exactement. Lui, je me souviens qu'il sort de sa séance de sport.

Donc, il est encore en tenue de sport en plus.

Ça n'a ce qui paraît assez étrange.

Mais et puis, on se retrouve un moment devant un immeuble et il me dit, ma

mère, elle habite là, elle n'est pas là. Est-ce que tu veux monter ?

Alors moi, je me dis, il faut y aller.

Il n'y a plus là, il n'y a plus de barrières.

C'est vraiment dans ma tête, c'est clair, il faut que j'y aille.

Donc, on monte. Moi, à ce moment là, je suis quand même allée chez...

Je loge chez une amie qui m'attend le soir.

Il n'est pas du tout prévu que je découche.

Donc là, il doit être encore...

Je ne sais pas quelle heure il est, peut-être 22h, 23h.

Il y a encore des métros, etc.

Et on avait dû parler avant avec ce garçon que j'aimais beaucoup à l'époque,

le vin blanc un peu sucré.

Donc là, je vois que, comme par hasard, il y a deux belles bouteilles qui

attendent dans le frigo.

Deux bouteilles ?

Il était motivé.

Et du coup, lui, il n'a pas mangé.

Donc, je me retrouve dans cet appartement un peu vieillot.

De sa mère, quoi.

Voilà, de sa mère, exactement.

Où lui, il enlève ses chaussures conscientieusement pour mettre des petits

patins. Enfin, vraiment, je serais partie en courant si ça arrivait maintenant.

Mais du coup, moi, je le suis dans cette cuisine où lui, il mange.

Moi, je le regarde manger parce que moi, j'avais mangé.

Mais par contre, je bois du vin en le regardant manger.

Et puis après, je me souviens que c'est lui qui a proposé qu'on aille dans le

salon. Donc, je le suis.

Et là, en fait, on parle et il me remplit mon verre au fur et à mesure qu'on

discute. Alors moi, j'ai le sentiment à ce moment-là qu'on boit ensemble

puisque moi, j'ai toujours consommé de l'alcool comme ça, de façon

partagée, sympathique.

Là, ce n'était pas du tout le cas.

Et en fait, je me souviens très bien un moment, lui, je lui avais communiqué le

fait que je n'avais jamais rien fait.

Ne serait-ce qu'embrasser, je crois qu'il le savait aussi.

Et là, il s'approche pour qu'on s'embrasse.

Donc là, je suis complètement...

Je pense que je sors de mon corps.

Je me dis ça y est, c'est fait. Mais en fait, je ne suis pas du tout en train de

vivre.

Ce que j'allais dire, tu en as eu envie.

C'était un truc dans le genre, j'ai hâte qu'il m'embrasse.

Alors, j'avais hâte que ça arrive pour que ça soit fait, en fait, que je puisse

me considérer comme quelqu'un de normal.

J'étais vraiment sur ce concept-là.

C'était même pas... J'avais pas de désir pour lui.

C'était... Il fallait qu'il soit le...

Comment dire... Qu'il puisse répondre à cette envie, finalement.

Et puis à ce stade, en plus, tu avais bu de manière conséquente ou...

Comment tu estimes ça aujourd'hui ?

J'étais très pompette.

J'étais pas complètement...

Voilà, j'ai le souvenir quand même d'être un peu consciente de ce qui se

passe, mais plus suffisamment pour me connecter à mon cerveau et me dire

peut-être que c'est pas comme ça qu'on a envie de vivre les choses.

Du coup, il t'embrasse.

Il m'embrasse. Et juste après, alors là, peut-être que c'est ma perception un

peu alcoolisée qui fait que ça s'est peut-être pas enchaîné comme ça.

Mais à ce moment-là, j'ai l'impression que directement, il regarde sa montre et

dit ah, le dernier métro est parti.

Ce qui m'a fait quand même un petit truc de me dire, mais c'est-à-dire que lui,

moi, je regardais pas l'heure, en fait.

Moi, je vivais le mouvement, bon, avec mes propres doutes, mais en tout cas,

je le vivais. Lui, il y était pas du tout.

Il surveillait juste l'heure pour que...

Donc, il avait surveillé alors il avait quand même conscience de cette donnée.

C'est ça que... En tout cas, c'est le sentiment que j'en ai eu.

Et donc, j'ai l'impression que les choses s'enchaînent.

Moi, je me vois dans ce couloir pour aller vers sa chambre.

Et là, je me dis, il faut quand même que j'envoie un message à ma pote parce qu'elle,

elle m'attend. Donc là, je lui envoie un message en disant tout va bien, mais je

lui précise pas si je compte rentrer ou pas.

Et là, il me dit, on est vraiment dans son couloir d'entrée.

Il me dit bah, il faut... Tu vas prendre une douche.

À ce stade, t'as tes affaires ou t'as rien ou tu as ton sac à main.

Ouais, ouais. Parce que justement, je suis retombée sur les mails qu'on s'était

envoyés et il avait été question de ça, de savoir si je passais la nuit ou pas chez

lui. Je lui avais dit non.

Moi, j'ai des potes à rejoindre après.

Il m'avait dit non, mais je comprends.

D'accord, donc il y avait eu un non d'exprimé de c'était pas prévu que vous

passiez la nuit ensemble.

Là, pour le coup, l'alcool a une grosse importance parce que je me retrouve dans

cette douche à me doucher alors que j'étais propre.

Je ne revenais pas d'un treck.

J'avais pris ma douche le matin.

Et puis, a priori, t'avais pas trop envie de prendre une douche.

Non, non, a priori.

Sauf si vraiment, j'ai des gros trous de mémoire, mais non.

Donc voilà, je me mets dans cette...

Vraiment, j'ai l'impression d'un appartement très aseptisé.

Et je me vois dans cette serviette blanche, je le rejoins dans la chambre.

Et là, pour le coup, je pense que vraiment, l'alcool joue.

C'est à dire que j'ai plus des flashs que vraiment quelque chose de continu.

Mais je me vois.

Voilà, moi, j'étais en serviette, donc je m'allonge.

Lui, il se met sur moi.

Il n'y a pas...

Vraiment, je n'ai pas de souvenir de désir.

Je suis là à me dire bon, que ce soit lui ou quelqu'un d'autre, ce sera fait.

Et puis comme ça, on n'en parle plus.

Et par contre, là, il essaie.

Donc lui, je pense qu'il est nu.

Ce moment là.

Et puis, il essaie d'y aller.

Sauf que là, je me rends compte qu'il n'a pas mis de préservatif.

Et là, quand même, j'ai mon cerveau qui dit OK, on peut accepter que ça se passe mal,

mais pas à ce niveau là.

Donc là, quand même, je rentre dans un débat avec lui en disant écoute,

là, il faut quand même que tu te protèges.

Moi, c'est juste pas possible.

Donc là, il commence à m'expliquer que lui, il n'aime pas ça.

Mais il est quand même dans le débat parce que je me dis,

s'il n'avait pas voulu en discuter et que c'était clair pour lui.

Enfin, franchement, je pense que j'étais pas d'une grande résistance.

Mais le peu que j'en ai exprimé, il l'a écouté, il a essayé.

Alors, moi, tout le débat intérieur que j'ai eu par rapport à ça,

c'est d'ailleurs si c'était ma vraie première fois,

dans le sens où je sais pas exactement s'il est allé au bout,

mais il y a eu tentative.

Mais en fait, on s'en fout.

Mais pendant des années, ça m'a perturbée cette question là de me dire,

ben oui, mais vraiment, est-ce qu'on peut dire que...

Mais bon, c'est la première fois que je me retrouve à nu avec un homme.

C'est la première fois qu'on essaie de me pénétrer.

Enfin, pour moi, c'est ma première fois.

Après, peu importe qu'il soit allé au bout ou pas.

Bon, finalement, on n'y arrive pas.

C'est chaotique.

Il s'allonge à côté de moi.

Bon, je me dis, moi, là, il est tard.

J'ai bu, j'ai envie de dormir.

Donc, je commence à m'allonger près de lui, enfin voilà, sur son torse.

Et là, il me dit, ah ouais, non, mais moi, j'aime pas dormir avec quelqu'un.

Donc, je dis OK.

Vraiment, là, je pense que vraiment la fatigue prend le dessus.

Donc, il est parti.

Il est parti dormir dans la chambre de sa mère.

Et moi, je pense que je me suis endormi à la minute une où lui est parti.

Et je me suis réveillée à 6 heures du matin.

J'étais complètement à l'ouest.

A me dire, mais où est ce que je suis?

Qu'est ce que j'ai fait?

Je me reconnais rapidement.

Et là, je suis perdue dans l'appartement.

Je ouvre une porte.

En fait, c'est lui qui dormait.

Il se réveille.

Je me dis, non, je veux pas qu'il se réveille.

Je ne veux pas avoir à communiquer avec lui.

Donc, là, vite, je me rhabille et je m'en vais.

Mais alors, je me souviens, là, pour le coup, le Valois-Péret,

le matin de ce jour là, je me dis, je suis tellement contente d'être dans cette rue

et de plus être dans cet appartement complètement anxiogène.

Après, il a essayé de me recontacter.

Il comprenait.

En fait, il n'a pas compris que ça, c'est pour moi, que ce n'était pas quelque chose

qui s'est soit bien passé, en fait.

Donc, lui, il n'a pas conscience d'avoir eu un comportement

qui est quand même assez prédateur pour être mesuré

et que tu n'étais peut être pas en état de consentir.

Et qu'il a quand même eu des réflexes

qui te mettaient en position de ne pas consentir.

Complètement.

Donc, tu en as discuté avec lui quand même?

Oui, parce que lui a essayé de m'appeler après, dans les jours qu'on suivait.

Au départ, je ne voulais même pas lui répondre.

Ça ne m'intéressait pas.

Moi, j'étais...

Ouais, sur ce moment là, j'étais vraiment dans une forme de dégoût de moi même.

Je me disais, mais je veux avoir une communication avec lui.

C'était me rappeler de ça et je ne voulais pas.

Finalement, je me dis bon, on discute.

Et en fait, je me rends compte que devant moi,

au téléphone, j'ai quelqu'un qui ne comprend pas du tout, clairement.

Et alors, il m'explique.

Alors moi, je lui parle d'un premier rapport.

Je suis un peu pragmatique en lui disant oui pour les risques VIH, etc.

Et là, il me dit, il me sort des chiffres à me dire mais non, mais tu sais, le risque,

il est très faible.

Enfin, super, je suis contente.

Écoute, c'est vu dans une réalité alternative.

Après, moi, je ne suis pas sûre d'avoir su lui exprimer la partie où c'était peut-être

trop à vif pour que j'aie ce recul là aujourd'hui, de me dire que le mec, il a

vraiment... Voilà, qu'il était dans une forme de...

Qu'il était un peu prédateur.

Moi, je ne lui ai pas exprimé parce que je pense que ce n'était pas clair dans ma

tête et que je pense que je me mettais aussi un peu en faute à me dire que je

n'aurais pas dû y aller toute seule dans cette ville vide.

Il y a des moments où tu peux te dire j'aurais pas dû faire ça, j'aurais pas dû...

À force de se dire ça, on ne fait plus rien déjà et on est fautif de tout.

Là, en l'occurrence, tu n'es pas la personne qui a rempli ton verre et même si tu

avais envie de le boire, tu aurais eu raison.

Il y a les règles. Aujourd'hui, on parle beaucoup de consentement à raison et en

l'occurrence, on ne lance pas une relation sexuelle sans préservatif avec quelqu'un

qui est un peu à l'ouest, même juste un peu.

Il n'y a pas de... Dans la part de sa mère, c'est une faute de goût atroce.

Mais non, mais sur la question du consentement, on n'est pas du tout là.

Et imposer une relation sans capote, c'est quand même imposer une relation au tout

court. Quand est-ce que tu as pris conscience qu'il y avait eu un problème, que

ce n'était pas une relation normale que tu as vécu, classique ou en tout cas, une

relation consentie ?

Je crois que dès le matin.

Après, je l'ai longtemps mis vraiment de côté.

C'est à dire que pendant un an, je n'ai même pas osé aller faire les tests

justement d'épicage.

Et en fait, je le mettais vraiment.

Je me disais il ne faut pas que j'y pense.

Et puis, mais ça revenait régulièrement.

Et c'est avec ma coloc de l'époque.

Un moment, on s'est dit bon, on y va.

Et vraiment, j'ai eu l'impression que j'ai pu lâcher le truc une fois que j'avais

fait mes tests et que je me suis dit que c'était négatif.

Exactement. Tu l'as raconté du coup avec ta coloc ou une amie ?

Oui, après, je pense que je ne l'ai pas.

Ma vision des choses a évolué avec le temps aussi.

Au départ, ça devait être un truc que j'ai dû raconter comme un plan galère.

Voilà le plan galère.

Aujourd'hui, j'arrive à effectivement mettre plus le mot

que c'est quelqu'un qui a pris le dessus sur notre

rencontre et qui a mené les choses comme il voulait.

Après, je me dis dans ma malchance, j'ai eu la chance de ne pas tomber sur quelqu'un

de violent parce que je pense que le chemin est long après un point.

Tu as déjà commencé à le déconstruire, mais ça a l'air d'être une personne

formidable.

On n'a pas envie de le voir.

Oui, si tu nous entends. J'espère que tu as appris à mettre des capotes et

puis à respecter les femmes et puis à faire attention.

En tout cas, il a acheté du vin que tu aimais.

On va dire que c'était déjà...

Il a retenu les informations qu'il voulait.

Qui était importante pour son petit plan.

Qu'est ce qui s'est passé pour toi ensuite ?

Parce que du coup, tu as mis un couvercle de casserole dessus et puis tu as pris le

temps pour pouvoir faire effectivement ces tests de dépistage.

Comme quoi, on voit que les études de médecine, ça donne des bons réflexes.

Comment tu as relancé potentiellement ta vie sexuelle après ?

Alors, ça a été...

Ça s'est enchaîné en fait, puisque sur Adopt à ce moment là, avant que je le

rencontre, j'avais parlé avec ce quioui et je parlais aussi avec un autre

jeune homme. Et je me souviens du coup, le lendemain ou le surlendemain de cette

première fois où on s'est réécrit.

Et puis finalement, je pense que j'étais un peu inconsciente d'une certaine façon,

dans le sens où j'avais vécu cette expérience qui n'était clairement pas terrible,

mais ça ne remettait rien en cause.

Il fallait que je continue mon projet.

Il fallait que j'ai une vie sexuelle.

Il fallait... J'avais besoin, moi je crois, de ressentir le désir d'un homme pour me

dire que je pouvais être...

Vraiment, je me disais si je n'ai pas ça, je ne pourrais pas m'aimer.

Finalement, quelques années plus tard, je pense que ce n'est pas du tout comme ça

qu'il faut réfléchir. Mais disons qu'à l'époque, vraiment, je pense qu'il me fallait

cette approbation là.

Et du coup, on discute avec ce jeune homme et pareil, rapidement, il propose qu'on se

voit. On ne vit pas dans la même ville et il me propose de venir le voir un soir.

Je pense que c'était un week-end.

Ou alors lui non plus ne travaillait pas.

En tout cas, on n'avait pas d'obligation le lendemain.

Et je suis arrivée dans une ville que je ne connaissais pas, fin d'après-midi.

C'est combien de temps après le Valois ?

Ça s'est enchaîné, je pense 15 jours.

Et je suis arrivée dans l'après-midi et je repartais.

Je pense que j'avais déjà pris mes billets à l'air tour.

Je repartais le lendemain midi.

Il était prévu que je passe quand même un certain temps là-bas.

Bon, après, ce n'était pas non plus une ville qui était très éloignée de la mienne.

Je pouvais toujours revenir.

Donc là, pour le coup, ça ne s'est pas du tout passé comme cette première fois avec

Kiwi.

Donc c'est ta première fois consentie là ?

Oui, c'est toujours cette question de la première fois.

Est-ce que de quoi on parle ?

Là, pour le coup...

Première fois, c'est ma première expérience sexuelle consentie où là, j'ai ressenti du

désir.

Pour le coup, c'était très cool.

C'était quelqu'un qui, à l'époque, quand on s'est rencontrés, était libre.

Après, j'ai rapidement compris qu'il était entre deux histoires.

Mais bon, officiellement célibataire à ce moment-là.

Voilà, on a passé une très bonne soirée, a regardé des films.

On a laissé le temps.

Il y a eu vraiment ce...

Ça me fait rire parce que c'est ce qu'on a appelé avec mes potes l'épisode du petit

doigt. On était assis côte à côte dans le canapé

et il y avait nos mains qui se frôlaient.

Et vraiment, j'ai appris...

Vraiment, mes premières émotions de désir, elles ont été là, en fait, sur cette

sensation de son petit doigt contre le mien et de la possibilité

que ça puisse aller plus loin. Mais juste déjà ce truc-là.

Donc voilà. Après, là, pour le coup, c'était mon premier

vrai baiser.

Je pense que t'en avais envie, t'étais enthousiaste.

Le petit doigt bébé que j'ai démonté toute la soirée.

Donc là, clairement, il y avait de l'envie.

Et il t'avait pas fait boire toute la soirée ?

Non, on avait bu, mais de façon...

Avec modération.

Modération et surtout, tous les deux.

C'était pas quelqu'un qui me servait mon verre et qui, lui, ne buvait pas.

Et même, on avait discuté parce que comme je passais la nuit chez lui, de savoir

si on dormait ensemble ou pas, vu qu'on partait pas du principe que ça allait

forcément arriver. Quand on s'est embrassés, que là, on s'est dit on va peut-être

aller se coucher. Directement, il m'a dit mais tu veux que je t'installe le canapé

ou pas ? Là, je dis ah bah non.

Très respectueuse, jeune homme, on aime.

Mais ça ne m'intéresse pas de dormir sur le canapé.

C'est parfait, il t'a demandé ton consentement.

C'est merveilleux. Et t'avais emmené tes affaires et tu te sentais bien.

C'était clair.

Est-ce que vous aviez fait monter la sauce à l'écrit avant ou par téléphone ?

Après, oui, ça c'est sûr.

Avant, je suis pas sûre.

Avant notre première rencontre, je suis pas sûre qu'à ce moment-là...

Je pense qu'on avait évoqué, moi, j'avais eu besoin de me rassurer, je pense,

sur le côté pratique en disant OK, je viens chez toi parce que c'est plus simple

que de repartir tard le soir avec les trains, etc.

Mais c'est pour ça que le canapé avait été discuté à l'avance.

Il m'a dit non, mais t'inquiète, tu peux dormir sur le canapé.

Il n'y a pas de souci.

Mais on avait...

Je pense que j'avais dû dire...

Non, j'ai pas dit que j'étais vierge.

Enfin, je pense pas l'avoir dit parce que je me souviens de l'avoir dit

quand on était dans le lit.

On lui... Voilà, comme un aveu de dernière minute.

Au fait.

Et il se trouve que sur cette nuit-là, il n'y a pas du tout essayé...

Il n'y a pas eu du tout de tentative de pénétration pour le coup.

C'était du sexe oral.

Oral et très généreux de sa part.

Donc vraiment, là, pour le coup, je me dis si ça avait été vraiment

ma première fois, ça aurait été vraiment cool parce que j'ai eu des orgasmes,

que ça s'est fait...

Enfin, voilà, que c'était simple.

Il n'y avait pas... Voilà, ces choses sont faites simplement.

À ce moment-là, c'était très bien.

Est-ce que du coup, tu parlais du rapport au regard masculin.

À ce moment-là, est-ce que tu t'es sentie désirée ?

Sur cette soirée nuit-là, oui.

Je crois que c'est la première fois que je me suis dit

que j'arrivais à me sentir vraiment désirable.

Et tu te sentais bien et donc les complexes ou en tout cas

tout ce que tu portais sur tes épaules depuis des années,

c'était envolé sur cette soirée ?

Sur cette soirée-là, oui.

Ils sont bien revenus après.

Mais à ce moment-là, ouais, non.

En fait, c'est rapidement dans ma vie sexuelle,

je me suis rendue compte de ça, c'est que les moments où j'étais,

où ça y est, c'était établi,

on était dans un partage avec un partenaire,

mon corps n'était jamais un problème.

Et c'était assez...

D'ailleurs, moi, ça me perturbait un peu parce que je me disais

c'est fou parce qu'en dehors de ces moments-là,

je peux me sentir très mal, me haïr.

Mais à partir du moment où un homme,

à priori, il a vu à quoi je ressemblais,

il me porte du désir, c'est OK.

Et là, on s'en fout.

J'y pensais plus du tout.

Parce qu'à ce moment-là, j'ai l'impression d'être la seule femme sur Terre.

En fait, quand tu es avec un homme toute seule,

tu ne penses pas à toutes les autres femmes qui sont mieux foutues que toi.

Puis il y a l'érection validatrice.

Exactement.

Qui te regarde et qui te dit...

Hum...

Bon, je vais te le dire.

Alors Louise, on va faire un petit jeu.

Tu connais l'émission et son principe,

donc tu connais les questions que je vais te poser.

Et on va parler de ton imaginaire sexuel.

On va parler des oeuvres qui accompagnent la construction

de cet imaginaire sexuel, et même aujourd'hui, si tu veux.

Quel est le livre qui t'excite ?

Alors, quand j'ai eu à réfléchir à ça,

j'y ai pensé, pour moi, j'ai pensé au premier livre,

effectivement, la première oeuvre qui m'avait marquée.

C'était...

C'est un peu un classique, mais c'est La Bicyclette bleue.

Régine Desforges.

Exactement.

Première fois qu'on le cite dans cette émission.

Mais vraiment, il était caché dans ma table de nuit.

Je me souviens que c'était au collège,

il y avait une copine qui l'avait ramené une fois en disant

« Ah là là, dans ce livre, il y a des scènes. »

Et je ne sais pas pourquoi, c'est moi qui ai récupéré ce bouquin.

Je ne lui ai jamais rendu, d'ailleurs.

Ça devait être le livre de sa mamie.

Ah oui, parce que je l'ai cassé.

C'est une vieille édition.

Et je me souviens, alors, ne pas du tout avoir lu le livre,

mais par contre, avoir feuilleté chaque page

à la recherche des mots clés pour repérer où étaient les scènes.

J'avais consciencieusement noté toutes les pages qui étaient concernées.

Et je me souviens en particulier d'une scène,

alors je pense que c'est Léa, je crois, la...

Voilà, je n'ai plus de souvenirs de les personnages de cette oeuvre.

Peu importe, en tout cas, il y a un moment, il y a une scène de...

Alors, on est entre, je pense, entre du sexe consenti et le viol.

Je ne sais pas exactement la limite,

puisque je n'ai pas toutes les notions de l'histoire,

où il y a une scène de sexe un peu violente dans les bois,

où il arrache de la mousse, où il lui arrache sa jupe,

où il l'insulte.

Et je me souviens qu'à l'époque, ça m'avait fait un effet

assez saisissant, cette scène-là.

Ça se passe en temps de guerre,

on peut imaginer que le contexte est particulier.

Moi, j'ai le souvenir surtout que c'est vrai

que les scènes étaient extrêmement sensuelles.

Et pour un livre qu'on trouvait vraiment dans les bibliothèques de tout le monde,

qui n'était pas caché, qui était un livre populaire.

Moi, je sais que mes grand-mères devaient l'avoir, ma mère l'a eu.

Et on le trouve un peu dans toutes les maisons françaises, presque.

Oui, et puis c'est assez inattendu.

Voilà, on est sur une histoire un peu romantique.

C'est effectivement sur le fond de guerre.

Et d'un coup, comme ça, il y a une scène où elle dit les mots,

voilà, comme on les dirait,

enfin, comme ils doivent être dits.

Et elle ne tombe pas autour du pot.

Tu vois, tu disais, c'est un peu cliché, mais c'est la première fois qu'on le cite.

Donc, si vous ne l'avez jamais lu, lisez-le.

C'est toujours un classique.

Le film qui te fait vibrer ?

Alors là, je vais peut-être moins être originale,

parce que je sais qu'on l'a cité il n'y a pas longtemps.

Le Call me by your name a eu beaucoup d'effet sur moi.

Après, j'ai essayé de réfléchir sur une scène

un peu plus sexuelle qui m'aurait vraiment marquée.

C'était le film History of Violence avec Viggo Mortensen.

Et cette scène, je crois que c'est avec sa femme.

Alors pareil, je ne me souviens plus trop de l'histoire,

mais je me souviens de cette scène dans l'escalier

où ils se disputent au départ et puis finalement,

l'énergie de la colère se transforme en énergie sexuelle.

Ils en viennent à coucher ensemble dans cette cage d'escalier.

Je me souviens que cette scène m'avait beaucoup marquée.

Film très brut de Cronenberg, si je me rappelle bien.

Et effectivement, oui, on est encore dans la violence.

L'amour et la violence, Louise, du coup.

L'image qui te donne des frissons de plaisir ?

Alors ça, pour le coup, j'ai eu plus de difficultés.

Je ne sais pas si ce n'est pas forcément une oeuvre, du coup.

Ah non, c'est ce que tu veux, une image.

Alors pour rebondir sur ce que tu disais tout à l'heure,

sur l'érection validatrice.

Quand j'ai des...

Alors autant, effectivement, la dick pic, quand on ne la demande pas,

ça n'a vraiment...

Ce n'est pas du tout excitant.

Mais par contre, dans une conversation

avec un amant, d'être dans un jeu de messages, etc.

et où à un moment, le désir est tel et moi aussi, on m'envoie ce genre de photos.

Oui, ça a vraiment...

Ça peut avoir un vrai impact pour moi de désir et d'envie.

Une belle photo de pénis.

Avec du coup, une belle lumière, un beau cadrage, évidemment.

Évidemment.

Ben non, mais c'est vrai que ça change tout.

On parle beaucoup des dick pics, donc des dick pics non consentis.

Mais il y a un truc de la dick pic, c'est que c'est aussi hyper moche

et ça n'éveille le désir de rien, de personne.

Encore plus quand ça y est un inconnu, c'est absurde.

Mais c'est vrai qu'une belle photo de pénis.

Un mec travaillé en joli noir et blanc.

Je me souviens d'un livre chez Tachon qui était le Big Penis Book,

qui montrait effectivement des photos d'hommes, de bels hommes

et surtout de beaux pénis.

Et c'était vraiment de la belle photo.

Donc, je comprends tout à fait.

La musique qui te met le mieux dans l'ambiance ?

Alors moi, je ne suis pas forcément très musique pour me mettre dans l'ambiance,

mais du coup, j'y ai réfléchi parce que pour le coup, je suis assez chanson française.

Donc, j'ai essayé de faire un lien avec...

Et j'ai pensé, un des chanteurs qui peut me mettre dans l'ambiance, c'est Gainsbourg.

Le riff de Ford Mustang, c'est le genre de choses où direct,

on a quand même envie d'être dans un truc un peu sensuel.

Le parfum qui réveille mes sens ?

Alors moi, c'est l'huile prodigieuse de Nuxe.

Parce qu'en fait, moi, jusqu'à présent, et à force de dire, quand j'étais plus jeune,

j'ai toujours eu une sexualité qui était un peu prévue.

Du coup, ce n'est pas quelque chose qui s'est construit.

En tout cas, ce n'était pas de la sexualité de couple où on rentre le soir,

on ne sait pas forcément si on va avoir un rapport.

Moi, c'était toujours des choses qui étaient un peu prévues à l'avance.

Et du coup, j'avais une sorte de rituel, toujours de me doucher, de m'épiler.

Et du coup, je finissais toujours par mettre cette huile,

que je ne mettais d'ailleurs jamais par ailleurs, mais vraiment que dans ces moments-là.

Donc maintenant, cette odeur-là, à chaque fois, me fait penser à ça.

J'avais un truc comme ça avec un gel douche.

Pendant toute une période, j'utilisais le même gel douche exprès.

Et du coup, c'est resté un peu...

En plus, ils ont arrêté de le vendre après.

Et c'est resté dans ma tête une sorte de parfum fantôme de sexe.

Écoute, ce n'est pas désagréable.

Non, non, c'est super.

J'ai eu une prodigieuse de nucs.

En plus, je pense que tout le monde là, tout de suite, voit de quoi on parle.

Ah oui.

Et en plus, c'est lié aussi à une sensualité de toucher,

parce que se mettre de l'huile, c'est hyper sensuel.

Donc...

Oui, puis c'est le seul moment où je le faisais, en fait.

Sinon, je ne faisais pas du tout un truc où je me crème, je me huile.

Mais justement, c'était un moment où peut-être aussi je me reconnectais à mon corps,

tu vois, de le faire.

Et c'est vachement intéressant parce que du coup, il y a deux façons de répondre à cette question.

Déjà, il y a des gens qui n'ont pas ce truc-là.

Des gens, enfin même plus de deux façons, parce que du coup,

il y a des gens, c'est vraiment des odeurs corporelles.

C'était le cas de Cécile pour la transpiration et tout, lié à son handicap.

Mais il y a des gens aussi, c'est toujours l'odeur de l'autre.

Et du coup, c'est intéressant que pour toi, ce soit un truc lié à ta préparation.

Je trouve ça vraiment cool.

Louise, tu as un rapport particulier à ton corps.

Est-ce que tu peux m'en parler ?

J'ai toujours été, je pense, dans mes souvenirs, toujours une petite fille ronde.

Mais je pense que j'ai eu, ce que je me suis renseignée après,

je pense que j'ai eu une identité de grosse avant vraiment être grosse.

Et du coup, j'ai toujours vécu avec l'idée que de toute façon,

j'étais la grosse du groupe et que je ne pouvais pas être attirante.

Enfin, moi, c'était un truc sur lequel je me suis construite.

Donc avec les études de médecine, au départ, beaucoup de stress,

j'ai beaucoup pris de poids, mais en fait, personne n'en a fait vraiment la remarque.

C'est moi, postériori, en regardant les photos, je me suis dit

mais en fait, j'avais l'impression d'être comme ça depuis toujours.

Mais non, là, j'avais atteint un poids vraiment...

Tu sais à peu près combien de kilos à peu près t'aurais pris ?

Je pense une vingtaine de kilos.

Parce que quand j'étais en première, déjà, j'étais dans une phase où je mettais

une phase pseudo anorexique.

Je ne sais pas si je peux me mettre le mot.

En tout cas, où j'avais arrêté de manger, j'allais au sport.

Et mais je me voyais énorme.

Et en fait, j'ai grossi, mais ma vision des choses n'a pas changé.

En fait, tu avais une dysmorphophobie qui a continué, quel que soit ton tassil.

Finalement, oui.

Après, il y a eu des formes de crises de boulimie.

Alors je ne me faisais pas vraiment sans me faire vomir, mais voilà, plus je me haïssais,

plus je me remplissais.

Enfin, c'était un cercle vicieux.

Et puis, dès que j'essayais de perdre du poids, je n'y arrivais pas.

En fait, je n'arrivais jamais à entretenir une démarche de perte de poids

de façon durable.

Et puis, je pense que ça me protégeait aussi dans une certaine mesure,

dans le sens où ça justifiait tout ce que je ne réussissais pas dans ma vie.

Si j'avais pas de mec, c'est parce que j'étais grosse.

Si je ratais à l'exam, c'est parce que j'étais grosse.

Donc, finalement, il y avait une forme de confort, inconfort là dessus.

Et à un moment, je me suis dit bon, j'étais assez malheureuse.

Je pense que je peux le dire.

Et je me suis dit bon, il faut que j'aille voir une psy.

Et puis, tout en me disant potentiellement, j'arrivais à entrevoir

que peut-être le problème, c'était d'abord ma façon de voir les choses

avant de questionner sur mon poids.

Que ce n'était pas d'aller au sport qui allait résoudre la question,

que c'était aussi moi.

Il fallait que je sois un peu plus douce avec moi-même.

Et il se trouve que ça a été assez...

Enfin, ça s'est fait tranquillement.

Mais en fait, oui, j'ai eu un suivi pendant quelques années.

Et c'est à ce moment-là où j'ai réussi à perdre du poids

parce que j'ai commencé à m'aimer un petit peu.

Et dans ton temps de dysmorphophobie,

est-ce que tu as réussi quand même à avoir une sexualité avec toi-même

dans cette détestation de ton corps ?

Tu as réussi à lancer l'apprentissage de la masturbation ?

Ah oui, ça, c'est quelque chose que j'avais même avant

mes premières expériences sexuelles.

Donc ça, ça n'a jamais été un véritable problème.

Et même, ça ne m'a pas empêché d'avoir une vie sexuelle.

Mais par contre, en fait, ce qui s'est passé, je pense,

c'est que j'avais des relations qui étaient purement sexuelles.

Et je me disais que de toute façon, en fait, ça a été presque pire

parce que je me disais en fait, je ne suis pas aimable.

Je suis baisable, mais pas aimable.

C'était vraiment ce diptyque que j'avais en tête.

Et mon corps était un petit peu le point d'ancrage de ce truc-là,

de me dire, oui, si je faisais 30 kilos de moins, c'est sûr que ça irait.

Mais là, je me disais, je dois être l'expérience sexuelle

de quelques hommes qui doivent se dire,

j'ai jamais essayé, essayons, allez, d'accord.

Et puis par contre, jamais de la vie, je la présenterai à mes potes.

Tu as couché avec beaucoup d'hommes dans cette période, après ta première fois?

Je ne sais pas quel chiffre on dit que beaucoup, non.

Non, non, non.

Pas tant, parce qu'en fait,

on dit pas beaucoup.

Non, je pense pas qu'on puisse dire beaucoup.

Je n'ai eu quelques-uns, mais surtout quelques-uns que j'ai eus finalement sur.

Il y a des hommes que j'ai eu pendant plusieurs années, en fait.

C'est pas forcément, il y a eu très peu de one shot

parce que j'ai tendance à m'accrocher un petit peu.

Donc ils sont pas vraiment,

ils sont pas vraiment, ils sont pas vraiment,

à m'accrocher un petit peu.

Donc il se trouve que je suis tombée sur des hommes,

et il y en a, ils ont été très bien.

Et ça a été des relations, ça juste, on n'a pas été en couple.

Mais pour autant, c'était quand même des relations qui étaient sereines et apaisées.

Il y en a d'autres, ça a été un peu moins le cas.

Mais j'ai eu aussi des phases où pendant un an,

j'ai pas eu de relation sexuelle parce que,

on va dire en filigrane de tout ça, il y a quand même eu ce deuxième homme,

du coup, que j'avais vu, qui a toujours été dans ma vie.

Donc lui, il a construit sa vie, il a construit,

entre temps, il s'est marié, il a eu des enfants.

Et sauf qu'au départ, moi, j'ai développé beaucoup de sentiments pour cet homme-là.

Et donc je me suis vraiment accrochée à cette relation.

Et lui n'était pas du tout conscient de ça,

ou alors en tout cas, ça l'arrangeait de ne pas en être conscient.

Et on s'est...

Enfin, je pense que c'est l'homme qui m'a fait le plus de mal,

mais je ne lui reproche pas parce que je ne pense pas qu'il s'en ait rendu compte.

Moi, je ne lui exprimais pas non plus forcément.

Mais cette relation, par exemple, elle a duré depuis toujours.

Et il y a eu pendant tout un moment, trois ans où on ne s'est pas vus du tout.

Où c'était vraiment que du virtuel, que de l'épistolage.

Mais on pouvait passer des journées, enfin, on passait nos journées à s'écrire.

Donc c'était...

Donc du coup, ça fait quoi ? Ça fait sept ou huit ans de relation ?

Huit ans, oui.

Et donc, en fait, ce que tu dis, c'est qu'il a continué sa vie,

il s'est marié, il a fait des enfants et tout.

Mais vous avez continué à avoir des rapports sexuels.

Oui, il y a eu des phases où...

Enfin, moi, j'ai fait les montagnes russes,

parce qu'il y a des moments, ça me rendait très malheureuse.

Donc j'ai essayé d'arrêter.

Sauf qu'il y avait aussi cette addiction du quotidien,

dans le sens où on s'envoyait des messages toute la journée.

Donc d'un coup d'un seul, d'arrêter, c'était compliqué.

Donc à chaque fois que j'ai essayé d'arrêter,

au final, j'ai arrêté un mois, deux mois, trois mois, puis j'y revenais.

Je dirais que la plupart du temps,

enfin, il y a peut-être une fois où c'est lui qui a mis un stop,

mais sinon, toutes les fois, c'est moi qui arrêtais,

puis qui revenais, finalement.

Ce qui me donnait l'impression d'être dans un échec perpétuel,

en fait, de me dire, voilà, je réessaye une fois d'arrêter,

et puis une fois de plus, j'y retourne.

D'autant plus que lui, pour le coup,

là, c'était mis dans une relation durable.

Donc en plus, je prenais ce rôle de maîtresse,

alors qu'à la base, ce n'était pas comme ça que notre relation,

elle, s'était établie.

Et puis surtout, il y a eu toute une période où c'était compliqué,

parce qu'en fait, on écrivait beaucoup.

On avait aussi développé pas mal un rapport sexuel

un peu dominant, soumis.

Mais on était un petit peu dans le folklore de ce que c'est.

En fait, on n'était pas dans un truc qu'on vivait,

c'était par message.

Et en fait, quand on se voyait,

comme on se voyait peu à ce moment-là,

c'était très bizarre, on n'y arrivait pas.

En fait, on jouait un rôle, mais on n'était pas vraiment nous-mêmes.

Du coup, on était dans une forme d'échec,

même du désir qu'on avait l'un pour l'autre.

On n'arrivait même pas vraiment à l'exprimer correctement.

Donc, c'était...

En fait, ce n'était jamais très satisfaisant.

Là, ces dernières années, ça a été mieux.

Parce que moi aussi, j'ai évolué,

même si je n'ai pas construit ce qu'il a construit.

Mais en tout cas, moi, dans mon rapport à moi-même,

ça a beaucoup changé.

Donc déjà, je ne lui fais plus porter ce truc-là.

Enfin, je pense qu'il y a une époque où je lui faisais porter

toute la validation que je pouvais...

Enfin, voilà.

Dont tu avais besoin.

Voilà, que ça ne pouvait passer que par lui.

Aujourd'hui, je sais que ce n'est pas du tout le cas.

Et surtout, je sais que ça vient de moi et pas de quelqu'un d'autre.

C'est ce que j'allais demander, du coup.

Comment tu as travaillé ça, du coup ?

Donc, ton corps a encore changé

puisque tu as reperdu du poids après.

Ouais.

Est-ce que tu arrives à te sentir belle aujourd'hui ?

Est-ce que c'est quelque chose qui a évolué dans ce sens-là ?

Oui, ça avance.

C'est toujours en cours de construction.

Mais en tout cas, je ne me laisse plus porter quand...

Parce que, comme tout le monde, il y a des matins où on ne s'aime pas.

Mais en tout cas, je sais que c'est passager.

Et surtout, je n'entretiens pas ça.

Je me dis, bon, OK, aujourd'hui, tu ne te sens pas bien, ce n'est pas grave.

Mais globalement, oui, je me sens beaucoup mieux.

Et tu n'as plus besoin de regarder des hommes pour valider ça, en tout cas, ou invalider.

Ouais, complètement.

Parce que là, dans les rencontres que je fais sur le principe du dating,

je ne me pose plus la question.

Avant, quand je discutais avec un homme, avant de le rencontrer,

j'envoyais forcément un message en disant,

au fait, je suis grosse.

Warning.

Parce qu'à l'époque, je mettais les photos, le visage,

même si je n'avais pas l'impression de tromper mon monde.

Mais on m'avait déjà fait le feedback en me disant,

ah oui, non, mais je ne pensais pas que tu étais si grosse.

Quelqu'un t'a déjà dit ça ?

Ah oui, oui.

Quelle formidable personne.

Ah oui, oui.

Il y a un homme qui m'a dit aussi, qui m'avait envoyé un message en me disant,

mais tu as un très beau visage, mais si tu avais 20 kilos de moins, ah là là.

Donc oui, disons que ça n'aide pas non plus.

Mais aujourd'hui, non, ce n'est plus une question.

Je sais qu'il y a des gens qui aiment bien,

des gens filiformes, des gens avec des formes.

Et en fait, moi, je pense que sur les photos, on le voit, à quoi je ressemble.

Et puis surtout, si je ne plais pas, ce n'est pas grave.

En fait, j'arrive à me dire, de la même façon,

j'arrive à me mettre moi-même dans cette question-là.

Je veux dire, il y a des hommes qui me plaisent, d'autres qui ne me plaisent pas.

Et ce n'est pas pour autant que ceux qui ne me plaisent pas n'ont pas de valeur.

Donc en fait, je me dis, c'est pareil, si je ne plais pas, ce n'est pas très grave.

C'est le moment de notre deuxième petit jeu basé sur le jeu à boire, Je n'ai jamais.

Donc je vais dire des affirmations et tu vas me dire,

ça te fait penser à des trucs, des souvenirs ou pas du tout, évidemment, si ce n'est pas le cas.

J'ai déjà sodomisé un ou une de mes partenaires.

Non, véritablement, mais c'est quelque chose qu'on avait discuté et envisagé avec cette amende.

Au long cours.

Au long cours, exactement. On va l'appeler comme ça.

J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.

Assez récemment, en fait, c'était le classique capote qui craque.

Assez dans le capote. C'est notre best-seller de cette question.

J'ai huit ans d'utilisation de capote, je n'avais jamais eu de souci.

Et à partir du moment où j'ai décidé d'arrêter ma pilule, pour des raisons personnelles.

Évidemment.

Évidemment, j'ai ce genre de souci.

Ça a été résolu. Vous avez vite vu le problème.

J'ai juste, moi, vite vu le problème.

J'ai mis le garçon dehors très rapidement.

J'ai foncé à une pharmacie.

Et puis, on a fait nos petits tests chacun de notre côté.

Et c'était bon.

J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe ou à tes cours de médecine.

Ni l'un ni l'autre.

Je dirais plutôt que les fois où je suis pas dedans, si je suis pas dans ce que je vis,

je vais avoir tendance à plutôt me concentrer sur mon corps,

mais pas à quelque chose de totalement homme d'homme.

Donc à essayer d'aller chercher le plaisir si tu le...

Non, plutôt d'être dans la conscience de mon corps et de me dire, mince, là, c'est pas...

D'accord, plutôt les problèmes alors.

Voilà, plutôt les problèmes.

Mais c'est assez rare.

J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre.

Ça m'est déjà arrivé.

Alors, célébrité ou quelqu'un que tu connais ?

Non, quelqu'un que j'ai... Un autre amant, oui.

Il y a deux teams, assez clairement.

Il y a le team Brad Pitt et puis la team ancien amant.

Non, Brad Pitt n'a jamais fait de l'immersion dans mon esprit.

On ne juge pas.

Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.

J'ai envie de dire le classique, les toilettes publiques.

Mais sinon, je crois pas qu'il y ait eu d'autres endroits.

Ah, aussi dans la voiture.

Ah, mais il faut raconter un truc, là.

En conduisant, oui.

Ça m'est déjà arrivé.

Pendant que tu conduisais ?

Avec le régulateur.

Ah, sur l'autoroute, j'imagine, du coup ?

Oui, oui, du coup, sur l'autoroute.

OK.

Le contexte ?

Ben, le contexte, c'est souvent...

Alors, ça a été une ou deux fois.

Soit j'allais voir quelqu'un, soit je venais de quitter quelqu'un.

Et surtout, je suis très fan de...

Je suis très audio dans ma vie sexuelle.

Et avec maintenant tous les podcasts type Vox ou La Plié Rose,

disons que c'est assez efficace chez moi.

Donc, ça peut être très rapide.

Alors, notez-le, on n'écoute pas Vox dans la voiture,

même avec le régulateur de vitesse.

Ben du coup, je suis obligée de te demander.

T'as pris du plaisir quand même ?

Ah oui ?

Quand tu t'es masturbée dans ta voiture ?

Oui, oui, oui.

J'ai déjà éjaculé.

Oui, ça m'est déjà arrivé deux fois.

La première fois, c'était avec ces objets qui vibrent,

qui se branchent sur secteur.

Et qui marchent très bien.

Ah, qui sont très efficaces.

C'était mon amant en long cours qui l'a utilisé sur moi.

Et je pense que mes premiers mots, quand j'ai senti ce truc-là,

ça a été « Je t'ai fait pipi dessus ! ».

Et donc, la deuxième fois, c'était avec un autre amant.

Et pour le coup, il n'y avait pas de jouet.

Donc, c'était aussi assez inattendu, mais très plaisant.

C'est quelque chose que tu veux expérimenter un peu plus dans ta vie sexuelle

ou c'est une bonne surprise quand ça tombe ?

C'est une bonne surprise.

Après, je n'en fais pas...

Enfin, je ne prends pas plus de plaisir parce qu'il y a ça, en fait.

C'est un truc en plus...

Oui, parce que c'est décorrélé de l'orgasme, il faut le dire aussi.

Ce n'est pas un signe qu'on a un orgasme, mais c'est cool quand même.

Ça peut être cool.

Donc, on arrive en dernière partie de ce podcast.

On va parler de la dernière fois.

Est-ce que tu te rappelles de ta dernière fois ?

Oui, je m'en souviens.

C'était il y a quelques jours.

Et justement, c'était avec cet amant au long cours.

L'amant au long cours !

Comment ça s'est passé ? C'était planifié ?

Oui.

Je m'imagine, oui.

Avec lui, c'est toujours très planifié.

Il se trouve qu'il avait une soirée libre

et que ça ne correspondait pas trop mal avec mon planning à moi.

Et du coup...

C'était planifié de pas si longtemps.

Une petite semaine.

Ça s'est enchaîné avec une période où on avait arrêté d'échanger de nouveau.

Parce que lui était pris à autre chose dans sa vie

et que je n'avais pas envie d'attendre non plus.

Et là, il m'a recontacté pour me dire qu'il avait cette soirée disponible.

Donc, du coup, on s'est arrangé pour se voir.

C'était du sexe de retrouvailles ?

De retrouvailles, oui.

Oui, on s'était vu il n'y a pas si longtemps que ça.

Oui, on peut dire ça.

C'était où ?

C'était chez lui.

Comment ça se passe quand on va chez quelqu'un, en l'occurrence,

qui est marié, qui a des enfants ?

Déjà, il n'y a personne d'autre que lui.

Ah bon ?

Déjà, c'est ce qui aide.

Et moi, ma limite, c'est de n'évoluer que dans son salon

et dans la partie basse de là où il vit.

Vous n'avez pas visité la chambre conjugale, ni la chambre des enfants ?

Tout à fait.

Je n'ai jamais mis le pied dans cette chambre.

Lui, je crois que ça...

À chaque fois, il me repose la question.

Ça ne l'empêche pas de dormir ?

Ah non, mais surtout, lui, il me dit qu'il ne sanctifie pas ce lieu-là

comme le lieu de leur amour

et que potentiellement, le fait d'avoir une autre personne dedans,

ce serait problématique.

Mais moi, ça a toujours été ma limite.

Déjà, j'ai mis du temps à accepter d'aller chez lui, enfin chez eux,

parce que c'était un peu la limite de me dire

que je ne vais pas dépasser ça,

mais au bout d'un moment, il fallait bien se confronter au fait

que si je n'y allais pas, on ne se voyait pas.

Donc, disons qu'il y avait ce dilemme-là.

Et donc, depuis que je m'autorise à aller chez eux,

je le fais, mais en restant dans la limite de ces pièces-là.

Du coup, maintenant, puisque ça fait plusieurs fois,

je me sens à l'aise, mais je ne veux pas dépasser ça.

Quand c'est comme ça, vous avez planifié votre rencontre.

Tu te prépares avant ?

Tu te mets de l'huile prodigieuse ?

Comment ça se passe ?

J'ai arrêté l'huile prodigieuse.

Non, là, je n'ai pas mis de l'huile prodigieuse,

parce que là, j'avais ma journée de boulot dans les pattes,

donc je suis venue dans la foulée.

Non, si on veut, la préparation, c'est...

Du coup, j'ai dû me préparer un peu en speed dans le train.

En fait, j'ai pris le train pour aller chez lui

et je me suis retrouvée à mettre mes bas dans les...

Alors, les toilettes publiques, c'est crâne,

mais les toilettes de TER, là, on a un niveau qui, quand même...

En plus, c'est petit.

Ah, c'est si petit.

Faut être super souple.

C'est petit et crâne.

Vraiment, quand tu te retrouves à mettre des bas dans les toilettes de TER,

tu te dis, bon...

Même pour te remaquiller, les biens roires sont mal foutus.

Ah oui, non, non, c'est pas du tout agréable.

Donc, tu t'es quand même préparée de manière sensuelle et tout machin dans le train.

Et quand c'est comme ça, il te prépare à dîner.

Vous avez fait une soirée avant ou vous sautez dessus ?

Alors non, on ne se saute pas dessus.

En fait, ce qui est bien par rapport à ce qui était avant,

où on était plus dans le folklore de cette domination-soumission,

aujourd'hui, on a réussi à trouver un équilibre qui nous convient.

Il y a toujours ce truc-là en fond, mais on n'est plus dans cette...

Voilà, on ne se vouvoie pas.

Enfin, on n'est pas à mettre des trucs de cuir et tout,

mais juste, on arrive à le vivre de façon assez fluide.

Puis bon, ça fait quand même plusieurs années qu'on se connaît.

Donc, maintenant, il y a quand même cette...

Alors, j'ai des potes qui sauteraient au plafond en entendant ça,

mais il y a une forme d'amitié, en fait, entre nous.

Une complicité.

Il y a quelque chose... On se connaît, donc on discute,

on boit des bières.

Et puis, en fait, la sexualité,

elle ponctue notre soirée,

mais voilà, on va faire ça,

puis après, on rediscute.

Et puis après, enfin,

c'est très fluide et il y a toujours...

C'est le seul avec qui je partage justement ce qu'on disait

sur le sexe-violence.

Voilà, ça, j'arrive à le vivre avec lui,

mais parce que je lui fais confiance, en fait, aussi.

Ouais, tu te sens en sécurité avec lui ?

Complètement.

Il y a plein de choses que je ferais,

que, en tout cas, je me visualise pas le faire

avec qui que ce soit d'autre que lui.

Comment tu te sens avec lui ?

Quand je suis avec lui, je me sens bien

et je me sens désirable.

Je me sens à ma place quand on discute,

quand on partage notre sexualité.

Enfin, tout est évident.

Et puis, par contre, c'est...

Et là, il saura se reconnaître

parce que, clairement, on est en plein dedans

puisque ça fait quelques jours qu'on s'est vus.

Dès qu'on se quitte, dès qu'on vient de se voir,

il y a plus personne.

C'est-à-dire, lui, il disparaît ?

Il disparaît.

Oui, il devient très laconique dans ses réponses.

Pourquoi ? Parce qu'il a honte ?

J'en sais rien.

Oh, bah, je pense pas.

Si je lui pose la question comme ça, il me dira que non,

c'est évident.

Mais je sais pas, honnêtement,

je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête.

Il me dit, voilà, à chaque fois, c'est...

Non, je suis occupée, voilà.

Du coup, tu te retrouves un peu toute seule

en post-coït, quoi.

Complètement.

Donc, ça, avant, ça me mettait mal pendant des semaines.

Enfin, j'étais...

Aujourd'hui, déjà, je l'apprends de mieux parce que je sais.

Je me suis plus surprise,

même si ça m'énerve toujours un petit peu quand il le fait.

Mais en tout cas, je ne le remets pas sur...

Enfin, je me fais pas porter comme une faute.

Tu dis pas que c'est ta faute ou que c'est parce que

ton corps et... Non.

Voilà, je me dis que c'est sa façon de gérer les choses.

Je ne sais pas si lui-même l'a bien conceptualisé ou pas, d'ailleurs.

Mais en tout cas, moi, je...

Je me dis juste que c'est comme ça.

Et puis, en fait, il a quand même...

Il a moins d'importance dans ma vie qu'il en a eu à une époque.

En tout cas, je lui...

Il n'a plus cette aura qu'il pouvait avoir avant.

Et du coup...

Bah du coup, je...

Juste, moi, j'investis plus de choses dans ma vie à côté

quand il est comme ça.

Et au lieu de me focaliser sur le fait qu'il n'ait plus envie de me parler.

Cette dernière fois, t'as eu du plaisir ?

Oui.

Oui, oui, oui.

Alors, c'est pas évident, mais je t'en félicite.

J'allais te demander, du coup, si parmi toutes les transformations de ton corps

et les difficultés que t'as pu avoir, même toi,

même juste à l'intérieur, à t'appréhender,

est-ce que t'as senti que ça jouait sur ta capacité à avoir du plaisir ou du désir ?

Non, c'est pas sur ces questions-là.

Sur le désir et le plaisir...

J'ai pas l'impression que ça ait vraiment posé de problème,

même s'il y a eu des fois où j'étais plus concentrée sur le plaisir de l'autre.

Et finalement, je dirais que ça fait que quelques années

où j'ai cette capacité à prendre vraiment du plaisir avec mes partenaires.

Mais j'en ai toujours eu plus ou moins.

La vraie question, et qui finalement n'est pas encore totalement réglée,

c'est la question de...

Plutôt sur la question de...

Le fait d'être aimable en soi.

Enfin, j'ai toujours cette question-là, c'est que...

Je cherche pas l'approbation de l'homme via son désir,

ça c'est plus ce que je cherche, mais par contre, je suis toujours...

J'ai l'impression de pas avoir avancé sur la question, enfin...

De savoir si un jour je pourrais attirer quelqu'un suffisamment

pour construire quelque chose.

Ça c'est pas encore clair, j'ai encore du travail à faire.

T'es active dans ta recherche d'un partenaire de vie ?

Oui, parce que je pars du principe que ça ne tombe pas forcément du ciel.

Donc...

Moi, mes amis diraient que je ne m'y prends pas forcément bien.

C'est-à-dire que oui, je suis sur Tinder, mais je vais pendant longtemps...

Enfin longtemps...

Pendant quelques années, je me suis aussi perdue à aller vers des hommes

qui étaient plus âgés que moi.

Qui pouvaient facilement avoir 10, 15 ans de plus que moi.

Donc effectivement, il se passait...

Enfin, généralement, c'est ces hommes-là avec qui, potentiellement,

il aurait pu avoir une relation de couple.

Sauf qu'en fait, dès que ça arrivait, je disais,

ben non, mais en fait, ça va pas, on n'est pas au même moment de la vie.

Toi, t'as tes enfants, enfin...

Ça peut pas marcher.

Donc en fait, je faisais...

Enfin, je pense qu'il y avait un peu un truc inconscient de se dire,

ben je vais vers des hommes qui vont pas comme ça.

Même si eux, ils veulent, je pourrais pas parce que ce truc-là,

déjà, je le savais de base.

Maintenant, là, j'arrive à aller plus vers des hommes de mon âge.

Donc déjà, je me dis, c'est déjà mieux, mais...

Pour l'instant, c'est pas très probant.

C'est pas critique, t'as 29 ans.

Certes !

On est... Voilà.

Je comprends que le chemin est long, par contre.

Mais c'est vrai que c'est quelque chose qu'on entend beaucoup.

Et même dans ce programme, dans Première, Dernière fois,

on avait Lou, en première saison, qui disait à quel point c'était dur

et que c'était un marché difficile.

Non pas parce que c'était concurrentiel, même si c'est le cas,

mais parce que les hommes sont pas toujours open à une relation

où, dans une tranche d'âge donné, dans une tranche de 25-35 ans,

c'est un enfer.

Oui, parce que même quand on tombe sur des hommes où je me dis,

ah là, tiens, il pourrait y avoir, ben...

Soit, alors moi j'ai eu des hommes qui m'ont complètement ghosté,

alors qu'on avait même pas eu de relation sexuelle

juste au bout du deuxième rendez-vous,

alors qu'on devait se voir une troisième fois, juste plus de nouvelles.

Il y en a d'autres, au bout d'un mois, où on commence à se voir,

ils disent, ah ben en fait non, je pense à mon ex.

Enfin, le problème avec les applications,

je pense qu'il y a aussi ce truc, il y a des gens, ils sont là,

mais ils savent pas ce qu'ils veulent.

Ils disent qu'ils veulent ça, mais en fait,

ils se rendent compte que c'est pas le cas.

Et puis, toi derrière, quand tu sais ce que tu veux,

tu te retrouves un peu...

Bah, essuyé les plates, quoi.

Et puis, il y a aussi ce truc-là, effectivement,

t'as l'impression que d'un coup de doigt, t'en ailles mieux derrière.

Mais du coup, t'as quand même conscience que ça ne vient pas de toi.

Oui.

Le oui un petit peu en retard.

Oui, oui, oui, c'est bon.

Mais il y a aussi ce côté de me dire...

Enfin, j'ai aussi plein de potes qui sont également en médecine,

qui ont passé beaucoup de temps à travailler, etc.

et qui ont quand même une vie sentimentale.

Et je me dis...

Des fois, oui, je sais que c'est pas que moi,

mais il y a une lassitude, quoi, de se dire...

Et après, parce que pour revenir sur cette question-là de cet homme marié,

j'ai pas pour vocation à ce que ça continue.

J'aimerais que ça se termine, parce que...

Même si c'est cool quand on se voit,

je sais bien que ça me prend du temps de l'énergie à la fois...

De la vraie énergie, de l'énergie mentale, de l'énergie de disponibilité.

Donc...

Et qu'a priori, ça n'a pas forcément d'avenir.

Ah, nous, ça n'en a pas.

Vous n'avez pas de projet ensemble.

Ah non, non, non.

Et enfin, là-dessus, je suis plus à une époque,

j'ai été dans cet espoir-là de me dire...

Un matin, il va se réveiller.

Peut-être qu'il va quitter sa femme.

Alors, c'est avant qu'il soit marié.

Là, il a bien cloisonné les enfants, le mariage, c'est bon.

Mais oui, il y a une époque où je me disais,

bon, il va se rendre compte à quel point on est fait l'un pour l'autre.

Et en fait, à ce moment-là où je me disais ça,

en fait, je n'étais même pas vraiment sincère avec moi-même,

parce que si on est juste stricto sensu, on n'est pas fait l'un pour l'autre.

C'est juste, comme il y a ce désir-là...

Enfin, justement, j'ai eu une conversation avec une amie cet après-midi de savoir...

Quand on n'a jamais connu l'amour, on peut vite confondre le désir pour de l'amour.

Et c'est vrai qu'avec lui, comme il y avait beaucoup de désir

et qu'en plus, on discutait beaucoup

et que moi, j'étais juste une éponge prête à absorber tout ce qu'on lui donnait,

du coup, c'est vrai que j'ai longtemps confondu.

Aujourd'hui, c'est clair que ce n'est pas ça.

Je n'attends rien de lui. Je n'attends pas qu'il quitte sa femme.

Je n'attends pas qu'il quitte sa famille.

D'ailleurs, moi, je ne souhaite pas du tout que ça soit su.

Je veux qu'il préserve ça, mais moi, j'aimerais pouvoir me détacher de ça

pour pouvoir continuer à avancer de mon côté.

Absolument.

De la première fois, celle à Levallois-Perret, à aujourd'hui,

est-ce qu'il y a des choses qui ont changé chez toi ?

Est-ce que tu as l'impression que tu as appris des leçons ?

Est-ce que tu as fait évoluer ton rapport, justement, au consentement ?

Est-ce que c'est quelque chose sur lequel, maintenant, tu ne transitions pas ou plus ?

Ou sur même ta consommation d'alcool, potentiellement, avec des inconnus ?

Parce que la question de l'application toujours,

c'est qu'on rencontre toujours au moins une fois.

Enfin, la première fois, c'est un inconnu.

Oui, c'est vrai.

Ton rapport à la confiance, par exemple ?

Sur la question des rencontres, ça n'a pas changé grand-chose.

Je ne me suis jamais trop limitée suite à cette première expérience

qui aurait pu être complètement...

Qui aurait pu me faire dire, jamais plus tu fais ça.

Non, ça n'a pas été.

Au contraire, je suis des fois...

Plutôt quand j'en parle avec des amis, ils me disent,

quand même, j'ai été dans une ville...

Une autre ville.

Une autre ville.

Bon, peu importe.

Voir un homme pareil que je ne connaissais pas,

que j'avais rencontré via Spotify.

On s'était envoyé des musiques.

C'est très inédit comme rencontre,

mais c'est intéressant comme façon de se rencontrer, déjà.

C'est une autre approche.

Franchement, c'est l'homme qui a été...

Je pense même, une de mes plus belles relations.

Pour le coup, même si ça n'a jamais été un couple construit,

c'est vraiment...

Aujourd'hui, c'est un vrai ami.

Enfin, bref, tout ça pour dire que je me suis jamais bloquée là-dessus.

Par contre, sur la question du consentement,

oui, par exemple, il y a beaucoup d'hommes avec qui j'ai pu discuter

avant qu'on se rencontre, éventuellement,

et surtout, avoir directement des conversations très sexuelles.

Et il y a des hommes qui ne font pas du tout la différence

entre le fantasme de ce qu'on peut imaginer et la réalité.

C'est-à-dire qu'ils se disent, bon, on a imaginé ça,

je peux le faire sans finalement avoir son aval le jour J où on se voit.

Vérifier, ouais.

Et donc typiquement, il y a une fois,

il y a un homme avec qui je discutais depuis longtemps,

puis à un moment, je me dis, bon allez, j'y vais, donc je vais chez lui.

Et puis là, un moment, très rapidement,

il me met son sexe dans ma bouche,

alors que clairement, j'avais rien demandé.

Je me suis dit, mais en fait, ça ne me convient pas du tout, ça.

Mais qui fait ça ?

Eh bien lui, apparemment.

Mais en plus, en discutant avec lui après,

il n'a pas du tout compris que je pouvais ne pas être d'accord.

Parce qu'il s'est dit, ben voilà, on en avait longuement fantasmé,

donc il s'était dit, OK, c'est bon.

Et en fait, après ça, donc ça a été une expérience assez désastreuse.

Et après ça, on avait prévu,

enfin lui avait prévu qu'on aille voir un cinéma en plein air,

ce qui aurait pu être très cool.

Mais après ça, moi, j'avais tellement pas envie de passer la soirée avec lui.

Et à une époque, je me serais un peu forcée en me disant,

ben allez, quand même, il est sympa, c'est gentil.

Et là, en fait, je lui ai fait un truc.

Donc, il prend lui, il prend sa moto et moi, j'étais en voiture.

Et d'un point de vue pratique, on se dit, bon, on se suit, puis on va là-bas.

Et puis en fait, c'était sur le périph' parisien.

Et là, je me vois dans ma voiture, je me dis, bon, vraiment,

est-ce que j'ai envie de le suivre ? Non.

Donc, je l'ai laissé aller vers là où il voulait.

Et puis moi, je suis partie, en fait.

Tu as pris la première sortie sur le périph' ?

J'ai vu ma ville et j'ai fait, OK, je m'en vais.

Et là, il m'a dit, c'est la première fois que je me fais quitter en plein rendez-vous.

Je dis, mais c'est pas un rendez-vous, là.

Enfin, c'est un truc nul qu'on avait imaginé.

Ça s'est mal passé.

À la limite, je t'en veux même pas, mais juste, on n'est pas obligé de faire durer le plaisir.

Je pense qu'on peut s'arrêter là.

Mais c'est une très bonne chose.

Du coup, tu as l'impression que là, en tout cas, j'ai l'impression en me parlant

que tu as déjà des bases solides, déjà de plaisir, de capacité de plaisir,

d'envie pour la suite et de connaissance de toi-même

pour que ces rendez-vous, pour que ces rencontres,

potentiellement, puissent mener à quelque chose.

Ouais, mais moi, j'ai l'impression d'être la reine du premier date.

Ça, c'est bon. Ça, je maîtrise.

La meuf maîtrise.

Je maîtrise le premier date.

Mais après, alors là, c'est un inconnu.

Soit l'homme, soit le premier date.

Il me plaît pas.

Et dans ce cas là, par contre, oui, je suis complètement capable de dire à la personne.

En fait, non, j'ai pas du tout envie de forcer parce que, en fait,

je vis seul, ça y est, c'est bon, je maîtrise.

J'ai pas besoin de quelqu'un dans ma vie pour me rassurer ou pour faire béquille.

Moi, si j'intègre quelqu'un dans ma vie, il faut que ça soit complètement OK pour moi.

Enfin, c'est pas pour d'autres raisons que juste avoir envie d'être avec la personne.

Par contre, j'ai rarement de retour.

Comment dire ?

Le problème, c'est que soit il me plaît pas et donc c'est vite réglé, soit il me plaît.

Et dans ce cas là, la plupart du temps, ça n'aboutit pas.

Et en fait, je ne sais pas tellement ce qui se passe.

C'est comme la fin des contes, tu vois.

Ils se marièrent et ont beaucoup d'enfants.

Moi, c'est bon, il y a le premier date et après, je...

C'est là le grand saut et j'ai jamais vraiment vécu...

Voilà, il y a quelque chose qui se construit un peu naturellement derrière ça.

Donc du coup, oui, effectivement, ça me stresse plus d'aller à un date,

mais c'est pas pour autant que je me sens complètement...

Alors sur la partie sexuelle, pareil, ça va.

Mais j'ai l'impression qu'au moment où potentiellement,

il pourrait se passer quelque chose de plus, là, je...

Ça se transforme pas.

Bah oui, et surtout, moi, je suis dans un stress pas possible.

Là, pour tout avouer, j'ai eu un date hier

et ça s'est très, très bien passé.

Lui a très envie qu'on se revoie, moi aussi.

Et pour le coup, je me dis peut-être que...

Surtout qu'il a eu cette réflexion qui a eu tendance à me rassurer.

Alors après, moi, je vois, je me dis peut-être qu'il est doublement perfide.

Il dit ça pour que je crois qu'il a dit le truc.

Il a dit le truc exprès.

C'est ça. Il m'a dit non, je veux pas qu'on couche ensemble ce soir

parce que j'ai pas envie de tout merder.

J'ai envie qu'on se revoie.

Et je me suis dit bon, c'est déjà pas si mal.

Donc, wait and see.

Mais attends, on va te le souhaiter.

On va tous croiser les doigts.

On dit merde, maintenant, je vais être obligée à m'envoyer des messages

pour me tenir au courant sur cette affaire.

C'est ça qu'on peut te souhaiter pour la suite, du coup.

C'est de la transformation.

C'est ce type qui enfin va passer le deuxième, troisième,

quatrième, cinquième rendez-vous et qui, à un moment, va peut-être dire

les bonnes choses, quitte à se tromper deux, trois fois.

Ça ou que j'arrive à ne plus en faire un objectif de vie

et juste arriver à être complètement bien, même si ça s'est bien amélioré.

Mais je peux aussi me dire c'est pas grave, en fait, parce que les rencontres,

elles se font ou elles se font pas, mais ça doit pas influer ce que je suis.

Donc, aujourd'hui, j'arrive parfois à me dire ouais, non, c'est bon,

je peux bien vivre seule, c'est pas très grave.

Puis, il y a des fois, je me dis, oh, mais quand même.

Merci, Louise.

De rien.

Première & Dernière fois 11 Erstes & letztes Mal 11 First & Last time 11 Primera y última vez 11 اولین و آخرین بار 11 最初で最後 11 Eerste en laatste keer 11 Primeira e última vez 11 Первый и последний раз 11 第一次和最后一次 11

Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois, et pour beaucoup le cheminement 誰にでも最初と最後があり、多くの人にとってその旅は長いものだった。

entre les deux est une véritable aventure. この2つの間を行き来するのは、まさに冒険だ。

J'ai décidé de rencontrer des inconnus ou presque inconnus, de partager avec elles

et eux ses confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première そして、彼らの欲望がどのように変化していったかを測るのである。

et la dernière fois.

Louise est une femme de 29 ans, célibataire depuis toujours. ルイーズは29歳の女性で、ずっと独身だった。

Elle se définit comme cisgenre et hétérosexuelle. 彼女は自分をシスジェンダーで異性愛者だと定義している。

Elle est interne en médecine et quand je lui demande de se présenter en quelques mots, She's a medical intern and when I ask her to introduce herself in a few words, 彼女は研修医で、私が一言自己紹介を頼むと、こう言った、

elle précise qu'elle est, je cite, « ronde adepte du jeu d'intermittent » qui a décidé 彼女は、私が引用するまでもなく、自分が「間欠的なゲームのラウンドの熟練者」であり、次のことを決めたと指摘している。

de se sevrer de Tinder depuis quelques semaines. ここ数週間、Tinderから離れるために。

Bonjour Louise.

Bonjour.

Je vais commencer par la question rituelle, on se voit ou on se tutoie ? I'll start with the ritual question: do we see each other or are we on first-name terms? まずは儀礼的な質問から始めよう:我々はファーストネームで呼び合う仲なのか、それともファーストネームで呼び合う仲なのか?

On se tutoie.

Du coup, on est là pour parler de ta vie sexuelle au long cours.

Est-ce que tu te rappelles de ta première fois ?

Oui, je m'en souviens.

Ma première fois, c'était à 21 ans, ce qui, moi, à l'époque me paraissait être 私が初めてプレーしたのは21歳のときで、当時はそう思えた。

si tard et j'en avais fait un vrai complexe parce que surtout à 21 ans, je n'avais jamais というのも、特に21歳のとき、私はそのことにコンプレックスを抱いていたからだ。

eu, ne serait-ce qu'embrasser un garçon, il ne s'était jamais rien passé dans ma

vie de ce point de vue-là et je n'étais vraiment pas très bien dans mon corps.

J'avais fait mes deux premières années de médecine, j'avais pris du poids à ce

moment-là et du coup, j'arrivais un peu sur ce marché-là, de façon, j'étais 私はこのマーケットを始めたばかりだったので、自分のサービスを提供する立場にあった。

vraiment pas bien dans mon corps.

Et du coup, je me souviens, c'était l'été de 2011 et je me suis dit, je venais de réussir

mon concours et dans ma tête, c'était bon, maintenant, il faut que je m'attaque 自分のコンペティションと頭の中では、いい感じだった。

à un nouveau projet et je l'ai pris vraiment comme un truc, il faut y aller.

Et donc, je me suis dit, si ça ne vient pas à moi, je vais chercher toute seule.

Donc, je me suis inscrite sur, à l'époque, Adopte un mec, ce qui aujourd'hui pourrait 当時、私はAdopte un mecに登録した。

paraître assez banal, mais à l'époque, moi, je n'avais aucune copine qui était

sur ce genre de site.

C'était un peu le truc, on le voyait comme pour les gens qui n'y arrivent pas dans

la vraie vie.

C'était quasiment les débuts, c'était vraiment pas généralisé.

Là, il y a les applis, mais Adopte un mec, j'imagine que c'était sur ordinateur. アプリもあるが、Adopte un mecはパソコンでやっていたのだろう。

Sur ordinateur, oui, tout à fait.

Donc, voilà, je me mets dessus et puis, je pense que dans ma tête, je me dis, ça se そして、頭の中で自分にこう言うんだ。

trouve, je vais rencontrer l'homme de ma vie. 人生の伴侶を見つけるんだ。

Ça va être magnifique.

Bon, ça ne s'est pas vraiment passé comme ça.

À vrai dire, cet homme-là, dont le surnom sur Adopte était Kiwi, je ne me souviens

même plus comment on a commencé à interagir, en fait.

Mais je sais que c'est allé assez vite.

Lui, il avait six ans de plus que moi, ce qui n'est pas énorme dans l'absolu, mais 彼は私より6歳年上だった。

du coup, je pense qu'il avait un peu plus conscience de ce qu'il faisait que moi, だから、彼は私より少しは自分のしていることを自覚していたと思う、

qui étais vraiment naïve au sens premier du terme. 本来の意味で素朴な人だった。

Donc, on a échangé rapidement.

À l'époque, on était dans la même ville et puis, on s'appelle un soir et là, il

me dit que finalement, lui, il retourne sur Paris.

Moi, c'est un moment où je n'ai pas encore repris les cours. 私にとっては、まだ学校に戻っていない時期だ。

Donc, je me dis, bon, il faut qu'on se rencontre. だから、会うことにしたんだ。

J'ai besoin d'aller au bout du projet. 私はプロジェクトを最後まで見届ける必要がある。

Je ne veux pas que ça traîne. 長引かせたくないんだ。

Donc, je me dis, je vais voir une pote sur Paris et puis, je le rencontre à ce だから、パリにいる友人に会いに行って、そこで彼と会うことにしたんだ。

moment-là. Je suis retombée d'ailleurs sur des mails qu'on s'était envoyés sur le

fait que lui voulait que j'aille le voir à に会いに行ってほしいということだった。

Levalois-Péret à 21h un soir.

Enfin, vraiment, aujourd'hui, ça me paraîtrait complètement irréel de faire ça, つまり、今日、そんなことをするのはまったく非現実的なことに思える、

mais...

Tu dis que c'était un petit peu en plan galère.

Voilà, aujourd'hui, c'est ce que je me dirais.

À l'époque, tu y es allée.

Voilà, j'y suis allée, pleine de stress et de courage en même temps.

Et il avait proposé qu'on aille marcher ensemble, ce qui a aussi...

Je me souviens d'une ville, mais complètement vide à 21h en été.

En septembre.

Ça doit être fin septembre.

Donc, je me souviens, on a marché.

Je ne sais pas trop ce qu'on se raconte.

Je n'ai pas de souvenirs exacts de ce qu'on s'est raconté parce que j'étais dans un

stress pas possible.

Tu le trouvais séduisant ?

En préparant cette émission, en y réfléchissant, je me suis dit est-ce que

finalement, je le trouvais séduisant ?

Je ne crois pas. Il n'était pas laid, mais

aujourd'hui, ce n'est pas ce genre d'homme qui m'attire aujourd'hui.

Donc, je pense que la question n'était même pas de savoir s'il me plaisait.

En fait, il me trouvait suffisamment attirante pour avoir envie de me

rencontrer. Moi, ça me suffisait à ce niveau-là.

Tu avais parlé avec d'autres hommes en parallèle ou c'est vraiment le seul avec

qui tu avais parlé sur Adopt ?

Pour être tout à fait honnête, à l'époque, je me souviens puisque dès le

lendemain, je discutais de nouveau avec un garçon avec qui je discutais

déjà en parallèle, mais où il n'y avait pas eu de question de rencontre à ce

moment-là. Donc, il se trouve que cet homme-là, après, aura une

importance dans ma vie. Donc, ça s'est croisé.

Finalement, je me dis, il y a quelques jours près, c'est juste qu'il a été plus

proactif que l'autre et que j'y suis allée.

Tu te retrouves à Levallois-Péret en septembre, en train de marcher avec un type.

Voilà, exactement. Lui, je me souviens qu'il sort de sa séance de sport.

Donc, il est encore en tenue de sport en plus.

Ça n'a ce qui paraît assez étrange.

Mais et puis, on se retrouve un moment devant un immeuble et il me dit, ma

mère, elle habite là, elle n'est pas là. Est-ce que tu veux monter ?

Alors moi, je me dis, il faut y aller.

Il n'y a plus là, il n'y a plus de barrières.

C'est vraiment dans ma tête, c'est clair, il faut que j'y aille.

Donc, on monte. Moi, à ce moment là, je suis quand même allée chez...

Je loge chez une amie qui m'attend le soir.

Il n'est pas du tout prévu que je découche.

Donc là, il doit être encore...

Je ne sais pas quelle heure il est, peut-être 22h, 23h.

Il y a encore des métros, etc.

Et on avait dû parler avant avec ce garçon que j'aimais beaucoup à l'époque,

le vin blanc un peu sucré.

Donc là, je vois que, comme par hasard, il y a deux belles bouteilles qui

attendent dans le frigo.

Deux bouteilles ?

Il était motivé.

Et du coup, lui, il n'a pas mangé.

Donc, je me retrouve dans cet appartement un peu vieillot.

De sa mère, quoi.

Voilà, de sa mère, exactement.

Où lui, il enlève ses chaussures conscientieusement pour mettre des petits

patins. Enfin, vraiment, je serais partie en courant si ça arrivait maintenant.

Mais du coup, moi, je le suis dans cette cuisine où lui, il mange.

Moi, je le regarde manger parce que moi, j'avais mangé.

Mais par contre, je bois du vin en le regardant manger.

Et puis après, je me souviens que c'est lui qui a proposé qu'on aille dans le

salon. Donc, je le suis.

Et là, en fait, on parle et il me remplit mon verre au fur et à mesure qu'on

discute. Alors moi, j'ai le sentiment à ce moment-là qu'on boit ensemble

puisque moi, j'ai toujours consommé de l'alcool comme ça, de façon

partagée, sympathique.

Là, ce n'était pas du tout le cas.

Et en fait, je me souviens très bien un moment, lui, je lui avais communiqué le

fait que je n'avais jamais rien fait.

Ne serait-ce qu'embrasser, je crois qu'il le savait aussi.

Et là, il s'approche pour qu'on s'embrasse.

Donc là, je suis complètement...

Je pense que je sors de mon corps.

Je me dis ça y est, c'est fait. Mais en fait, je ne suis pas du tout en train de

vivre.

Ce que j'allais dire, tu en as eu envie.

C'était un truc dans le genre, j'ai hâte qu'il m'embrasse.

Alors, j'avais hâte que ça arrive pour que ça soit fait, en fait, que je puisse

me considérer comme quelqu'un de normal.

J'étais vraiment sur ce concept-là.

C'était même pas... J'avais pas de désir pour lui.

C'était... Il fallait qu'il soit le...

Comment dire... Qu'il puisse répondre à cette envie, finalement.

Et puis à ce stade, en plus, tu avais bu de manière conséquente ou...

Comment tu estimes ça aujourd'hui ?

J'étais très pompette.

J'étais pas complètement...

Voilà, j'ai le souvenir quand même d'être un peu consciente de ce qui se

passe, mais plus suffisamment pour me connecter à mon cerveau et me dire

peut-être que c'est pas comme ça qu'on a envie de vivre les choses.

Du coup, il t'embrasse.

Il m'embrasse. Et juste après, alors là, peut-être que c'est ma perception un

peu alcoolisée qui fait que ça s'est peut-être pas enchaîné comme ça.

Mais à ce moment-là, j'ai l'impression que directement, il regarde sa montre et

dit ah, le dernier métro est parti.

Ce qui m'a fait quand même un petit truc de me dire, mais c'est-à-dire que lui,

moi, je regardais pas l'heure, en fait.

Moi, je vivais le mouvement, bon, avec mes propres doutes, mais en tout cas,

je le vivais. Lui, il y était pas du tout.

Il surveillait juste l'heure pour que...

Donc, il avait surveillé alors il avait quand même conscience de cette donnée.

C'est ça que... En tout cas, c'est le sentiment que j'en ai eu.

Et donc, j'ai l'impression que les choses s'enchaînent.

Moi, je me vois dans ce couloir pour aller vers sa chambre.

Et là, je me dis, il faut quand même que j'envoie un message à ma pote parce qu'elle,

elle m'attend. Donc là, je lui envoie un message en disant tout va bien, mais je

lui précise pas si je compte rentrer ou pas.

Et là, il me dit, on est vraiment dans son couloir d'entrée.

Il me dit bah, il faut... Tu vas prendre une douche.

À ce stade, t'as tes affaires ou t'as rien ou tu as ton sac à main.

Ouais, ouais. Parce que justement, je suis retombée sur les mails qu'on s'était

envoyés et il avait été question de ça, de savoir si je passais la nuit ou pas chez

lui. Je lui avais dit non.

Moi, j'ai des potes à rejoindre après.

Il m'avait dit non, mais je comprends.

D'accord, donc il y avait eu un non d'exprimé de c'était pas prévu que vous

passiez la nuit ensemble.

Là, pour le coup, l'alcool a une grosse importance parce que je me retrouve dans

cette douche à me doucher alors que j'étais propre.

Je ne revenais pas d'un treck.

J'avais pris ma douche le matin.

Et puis, a priori, t'avais pas trop envie de prendre une douche.

Non, non, a priori.

Sauf si vraiment, j'ai des gros trous de mémoire, mais non.

Donc voilà, je me mets dans cette...

Vraiment, j'ai l'impression d'un appartement très aseptisé.

Et je me vois dans cette serviette blanche, je le rejoins dans la chambre.

Et là, pour le coup, je pense que vraiment, l'alcool joue.

C'est à dire que j'ai plus des flashs que vraiment quelque chose de continu.

Mais je me vois.

Voilà, moi, j'étais en serviette, donc je m'allonge.

Lui, il se met sur moi.

Il n'y a pas...

Vraiment, je n'ai pas de souvenir de désir.

Je suis là à me dire bon, que ce soit lui ou quelqu'un d'autre, ce sera fait.

Et puis comme ça, on n'en parle plus.

Et par contre, là, il essaie.

Donc lui, je pense qu'il est nu.

Ce moment là.

Et puis, il essaie d'y aller.

Sauf que là, je me rends compte qu'il n'a pas mis de préservatif.

Et là, quand même, j'ai mon cerveau qui dit OK, on peut accepter que ça se passe mal,

mais pas à ce niveau là.

Donc là, quand même, je rentre dans un débat avec lui en disant écoute,

là, il faut quand même que tu te protèges.

Moi, c'est juste pas possible.

Donc là, il commence à m'expliquer que lui, il n'aime pas ça.

Mais il est quand même dans le débat parce que je me dis,

s'il n'avait pas voulu en discuter et que c'était clair pour lui.

Enfin, franchement, je pense que j'étais pas d'une grande résistance.

Mais le peu que j'en ai exprimé, il l'a écouté, il a essayé.

Alors, moi, tout le débat intérieur que j'ai eu par rapport à ça,

c'est d'ailleurs si c'était ma vraie première fois,

dans le sens où je sais pas exactement s'il est allé au bout,

mais il y a eu tentative.

Mais en fait, on s'en fout.

Mais pendant des années, ça m'a perturbée cette question là de me dire,

ben oui, mais vraiment, est-ce qu'on peut dire que...

Mais bon, c'est la première fois que je me retrouve à nu avec un homme.

C'est la première fois qu'on essaie de me pénétrer.

Enfin, pour moi, c'est ma première fois.

Après, peu importe qu'il soit allé au bout ou pas.

Bon, finalement, on n'y arrive pas.

C'est chaotique.

Il s'allonge à côté de moi.

Bon, je me dis, moi, là, il est tard.

J'ai bu, j'ai envie de dormir.

Donc, je commence à m'allonger près de lui, enfin voilà, sur son torse.

Et là, il me dit, ah ouais, non, mais moi, j'aime pas dormir avec quelqu'un.

Donc, je dis OK.

Vraiment, là, je pense que vraiment la fatigue prend le dessus.

Donc, il est parti.

Il est parti dormir dans la chambre de sa mère.

Et moi, je pense que je me suis endormi à la minute une où lui est parti.

Et je me suis réveillée à 6 heures du matin.

J'étais complètement à l'ouest.

A me dire, mais où est ce que je suis?

Qu'est ce que j'ai fait?

Je me reconnais rapidement.

Et là, je suis perdue dans l'appartement.

Je ouvre une porte.

En fait, c'est lui qui dormait.

Il se réveille.

Je me dis, non, je veux pas qu'il se réveille.

Je ne veux pas avoir à communiquer avec lui.

Donc, là, vite, je me rhabille et je m'en vais.

Mais alors, je me souviens, là, pour le coup, le Valois-Péret,

le matin de ce jour là, je me dis, je suis tellement contente d'être dans cette rue

et de plus être dans cet appartement complètement anxiogène.

Après, il a essayé de me recontacter.

Il comprenait.

En fait, il n'a pas compris que ça, c'est pour moi, que ce n'était pas quelque chose

qui s'est soit bien passé, en fait.

Donc, lui, il n'a pas conscience d'avoir eu un comportement

qui est quand même assez prédateur pour être mesuré

et que tu n'étais peut être pas en état de consentir.

Et qu'il a quand même eu des réflexes

qui te mettaient en position de ne pas consentir.

Complètement.

Donc, tu en as discuté avec lui quand même?

Oui, parce que lui a essayé de m'appeler après, dans les jours qu'on suivait.

Au départ, je ne voulais même pas lui répondre.

Ça ne m'intéressait pas.

Moi, j'étais...

Ouais, sur ce moment là, j'étais vraiment dans une forme de dégoût de moi même.

Je me disais, mais je veux avoir une communication avec lui.

C'était me rappeler de ça et je ne voulais pas.

Finalement, je me dis bon, on discute.

Et en fait, je me rends compte que devant moi,

au téléphone, j'ai quelqu'un qui ne comprend pas du tout, clairement.

Et alors, il m'explique.

Alors moi, je lui parle d'un premier rapport.

Je suis un peu pragmatique en lui disant oui pour les risques VIH, etc.

Et là, il me dit, il me sort des chiffres à me dire mais non, mais tu sais, le risque,

il est très faible.

Enfin, super, je suis contente.

Écoute, c'est vu dans une réalité alternative.

Après, moi, je ne suis pas sûre d'avoir su lui exprimer la partie où c'était peut-être

trop à vif pour que j'aie ce recul là aujourd'hui, de me dire que le mec, il a

vraiment... Voilà, qu'il était dans une forme de...

Qu'il était un peu prédateur.

Moi, je ne lui ai pas exprimé parce que je pense que ce n'était pas clair dans ma

tête et que je pense que je me mettais aussi un peu en faute à me dire que je

n'aurais pas dû y aller toute seule dans cette ville vide.

Il y a des moments où tu peux te dire j'aurais pas dû faire ça, j'aurais pas dû...

À force de se dire ça, on ne fait plus rien déjà et on est fautif de tout.

Là, en l'occurrence, tu n'es pas la personne qui a rempli ton verre et même si tu

avais envie de le boire, tu aurais eu raison.

Il y a les règles. Aujourd'hui, on parle beaucoup de consentement à raison et en

l'occurrence, on ne lance pas une relation sexuelle sans préservatif avec quelqu'un

qui est un peu à l'ouest, même juste un peu.

Il n'y a pas de... Dans la part de sa mère, c'est une faute de goût atroce.

Mais non, mais sur la question du consentement, on n'est pas du tout là.

Et imposer une relation sans capote, c'est quand même imposer une relation au tout

court. Quand est-ce que tu as pris conscience qu'il y avait eu un problème, que

ce n'était pas une relation normale que tu as vécu, classique ou en tout cas, une

relation consentie ?

Je crois que dès le matin.

Après, je l'ai longtemps mis vraiment de côté.

C'est à dire que pendant un an, je n'ai même pas osé aller faire les tests

justement d'épicage.

Et en fait, je le mettais vraiment.

Je me disais il ne faut pas que j'y pense.

Et puis, mais ça revenait régulièrement.

Et c'est avec ma coloc de l'époque.

Un moment, on s'est dit bon, on y va.

Et vraiment, j'ai eu l'impression que j'ai pu lâcher le truc une fois que j'avais

fait mes tests et que je me suis dit que c'était négatif.

Exactement. Tu l'as raconté du coup avec ta coloc ou une amie ?

Oui, après, je pense que je ne l'ai pas.

Ma vision des choses a évolué avec le temps aussi.

Au départ, ça devait être un truc que j'ai dû raconter comme un plan galère.

Voilà le plan galère.

Aujourd'hui, j'arrive à effectivement mettre plus le mot

que c'est quelqu'un qui a pris le dessus sur notre

rencontre et qui a mené les choses comme il voulait.

Après, je me dis dans ma malchance, j'ai eu la chance de ne pas tomber sur quelqu'un

de violent parce que je pense que le chemin est long après un point.

Tu as déjà commencé à le déconstruire, mais ça a l'air d'être une personne

formidable.

On n'a pas envie de le voir.

Oui, si tu nous entends. J'espère que tu as appris à mettre des capotes et

puis à respecter les femmes et puis à faire attention.

En tout cas, il a acheté du vin que tu aimais.

On va dire que c'était déjà...

Il a retenu les informations qu'il voulait.

Qui était importante pour son petit plan.

Qu'est ce qui s'est passé pour toi ensuite ?

Parce que du coup, tu as mis un couvercle de casserole dessus et puis tu as pris le

temps pour pouvoir faire effectivement ces tests de dépistage.

Comme quoi, on voit que les études de médecine, ça donne des bons réflexes.

Comment tu as relancé potentiellement ta vie sexuelle après ?

Alors, ça a été...

Ça s'est enchaîné en fait, puisque sur Adopt à ce moment là, avant que je le

rencontre, j'avais parlé avec ce quioui et je parlais aussi avec un autre

jeune homme. Et je me souviens du coup, le lendemain ou le surlendemain de cette

première fois où on s'est réécrit.

Et puis finalement, je pense que j'étais un peu inconsciente d'une certaine façon,

dans le sens où j'avais vécu cette expérience qui n'était clairement pas terrible,

mais ça ne remettait rien en cause.

Il fallait que je continue mon projet.

Il fallait que j'ai une vie sexuelle.

Il fallait... J'avais besoin, moi je crois, de ressentir le désir d'un homme pour me

dire que je pouvais être...

Vraiment, je me disais si je n'ai pas ça, je ne pourrais pas m'aimer.

Finalement, quelques années plus tard, je pense que ce n'est pas du tout comme ça

qu'il faut réfléchir. Mais disons qu'à l'époque, vraiment, je pense qu'il me fallait

cette approbation là.

Et du coup, on discute avec ce jeune homme et pareil, rapidement, il propose qu'on se

voit. On ne vit pas dans la même ville et il me propose de venir le voir un soir.

Je pense que c'était un week-end.

Ou alors lui non plus ne travaillait pas.

En tout cas, on n'avait pas d'obligation le lendemain.

Et je suis arrivée dans une ville que je ne connaissais pas, fin d'après-midi.

C'est combien de temps après le Valois ?

Ça s'est enchaîné, je pense 15 jours.

Et je suis arrivée dans l'après-midi et je repartais.

Je pense que j'avais déjà pris mes billets à l'air tour.

Je repartais le lendemain midi.

Il était prévu que je passe quand même un certain temps là-bas.

Bon, après, ce n'était pas non plus une ville qui était très éloignée de la mienne.

Je pouvais toujours revenir.

Donc là, pour le coup, ça ne s'est pas du tout passé comme cette première fois avec

Kiwi.

Donc c'est ta première fois consentie là ?

Oui, c'est toujours cette question de la première fois.

Est-ce que de quoi on parle ?

Là, pour le coup...

Première fois, c'est ma première expérience sexuelle consentie où là, j'ai ressenti du

désir.

Pour le coup, c'était très cool.

C'était quelqu'un qui, à l'époque, quand on s'est rencontrés, était libre.

Après, j'ai rapidement compris qu'il était entre deux histoires.

Mais bon, officiellement célibataire à ce moment-là.

Voilà, on a passé une très bonne soirée, a regardé des films.

On a laissé le temps.

Il y a eu vraiment ce...

Ça me fait rire parce que c'est ce qu'on a appelé avec mes potes l'épisode du petit

doigt. On était assis côte à côte dans le canapé

et il y avait nos mains qui se frôlaient.

Et vraiment, j'ai appris...

Vraiment, mes premières émotions de désir, elles ont été là, en fait, sur cette

sensation de son petit doigt contre le mien et de la possibilité

que ça puisse aller plus loin. Mais juste déjà ce truc-là.

Donc voilà. Après, là, pour le coup, c'était mon premier

vrai baiser.

Je pense que t'en avais envie, t'étais enthousiaste.

Le petit doigt bébé que j'ai démonté toute la soirée.

Donc là, clairement, il y avait de l'envie.

Et il t'avait pas fait boire toute la soirée ?

Non, on avait bu, mais de façon...

Avec modération.

Modération et surtout, tous les deux.

C'était pas quelqu'un qui me servait mon verre et qui, lui, ne buvait pas.

Et même, on avait discuté parce que comme je passais la nuit chez lui, de savoir

si on dormait ensemble ou pas, vu qu'on partait pas du principe que ça allait

forcément arriver. Quand on s'est embrassés, que là, on s'est dit on va peut-être

aller se coucher. Directement, il m'a dit mais tu veux que je t'installe le canapé

ou pas ? Là, je dis ah bah non.

Très respectueuse, jeune homme, on aime.

Mais ça ne m'intéresse pas de dormir sur le canapé.

C'est parfait, il t'a demandé ton consentement.

C'est merveilleux. Et t'avais emmené tes affaires et tu te sentais bien.

C'était clair.

Est-ce que vous aviez fait monter la sauce à l'écrit avant ou par téléphone ?

Après, oui, ça c'est sûr.

Avant, je suis pas sûre.

Avant notre première rencontre, je suis pas sûre qu'à ce moment-là...

Je pense qu'on avait évoqué, moi, j'avais eu besoin de me rassurer, je pense,

sur le côté pratique en disant OK, je viens chez toi parce que c'est plus simple

que de repartir tard le soir avec les trains, etc.

Mais c'est pour ça que le canapé avait été discuté à l'avance.

Il m'a dit non, mais t'inquiète, tu peux dormir sur le canapé.

Il n'y a pas de souci.

Mais on avait...

Je pense que j'avais dû dire...

Non, j'ai pas dit que j'étais vierge.

Enfin, je pense pas l'avoir dit parce que je me souviens de l'avoir dit

quand on était dans le lit.

On lui... Voilà, comme un aveu de dernière minute.

Au fait.

Et il se trouve que sur cette nuit-là, il n'y a pas du tout essayé...

Il n'y a pas eu du tout de tentative de pénétration pour le coup.

C'était du sexe oral.

Oral et très généreux de sa part.

Donc vraiment, là, pour le coup, je me dis si ça avait été vraiment

ma première fois, ça aurait été vraiment cool parce que j'ai eu des orgasmes,

que ça s'est fait...

Enfin, voilà, que c'était simple.

Il n'y avait pas... Voilà, ces choses sont faites simplement.

À ce moment-là, c'était très bien.

Est-ce que du coup, tu parlais du rapport au regard masculin.

À ce moment-là, est-ce que tu t'es sentie désirée ?

Sur cette soirée nuit-là, oui.

Je crois que c'est la première fois que je me suis dit

que j'arrivais à me sentir vraiment désirable.

Et tu te sentais bien et donc les complexes ou en tout cas

tout ce que tu portais sur tes épaules depuis des années,

c'était envolé sur cette soirée ?

Sur cette soirée-là, oui.

Ils sont bien revenus après.

Mais à ce moment-là, ouais, non.

En fait, c'est rapidement dans ma vie sexuelle,

je me suis rendue compte de ça, c'est que les moments où j'étais,

où ça y est, c'était établi,

on était dans un partage avec un partenaire,

mon corps n'était jamais un problème.

Et c'était assez...

D'ailleurs, moi, ça me perturbait un peu parce que je me disais

c'est fou parce qu'en dehors de ces moments-là,

je peux me sentir très mal, me haïr.

Mais à partir du moment où un homme,

à priori, il a vu à quoi je ressemblais,

il me porte du désir, c'est OK.

Et là, on s'en fout.

J'y pensais plus du tout.

Parce qu'à ce moment-là, j'ai l'impression d'être la seule femme sur Terre.

En fait, quand tu es avec un homme toute seule,

tu ne penses pas à toutes les autres femmes qui sont mieux foutues que toi.

Puis il y a l'érection validatrice.

Exactement.

Qui te regarde et qui te dit...

Hum...

Bon, je vais te le dire.

Alors Louise, on va faire un petit jeu.

Tu connais l'émission et son principe,

donc tu connais les questions que je vais te poser.

Et on va parler de ton imaginaire sexuel.

On va parler des oeuvres qui accompagnent la construction

de cet imaginaire sexuel, et même aujourd'hui, si tu veux.

Quel est le livre qui t'excite ?

Alors, quand j'ai eu à réfléchir à ça,

j'y ai pensé, pour moi, j'ai pensé au premier livre,

effectivement, la première oeuvre qui m'avait marquée.

C'était...

C'est un peu un classique, mais c'est La Bicyclette bleue.

Régine Desforges.

Exactement.

Première fois qu'on le cite dans cette émission.

Mais vraiment, il était caché dans ma table de nuit.

Je me souviens que c'était au collège,

il y avait une copine qui l'avait ramené une fois en disant

« Ah là là, dans ce livre, il y a des scènes. »

Et je ne sais pas pourquoi, c'est moi qui ai récupéré ce bouquin.

Je ne lui ai jamais rendu, d'ailleurs.

Ça devait être le livre de sa mamie.

Ah oui, parce que je l'ai cassé.

C'est une vieille édition.

Et je me souviens, alors, ne pas du tout avoir lu le livre,

mais par contre, avoir feuilleté chaque page

à la recherche des mots clés pour repérer où étaient les scènes.

J'avais consciencieusement noté toutes les pages qui étaient concernées.

Et je me souviens en particulier d'une scène,

alors je pense que c'est Léa, je crois, la...

Voilà, je n'ai plus de souvenirs de les personnages de cette oeuvre.

Peu importe, en tout cas, il y a un moment, il y a une scène de...

Alors, on est entre, je pense, entre du sexe consenti et le viol.

Je ne sais pas exactement la limite,

puisque je n'ai pas toutes les notions de l'histoire,

où il y a une scène de sexe un peu violente dans les bois,

où il arrache de la mousse, où il lui arrache sa jupe,

où il l'insulte.

Et je me souviens qu'à l'époque, ça m'avait fait un effet

assez saisissant, cette scène-là.

Ça se passe en temps de guerre,

on peut imaginer que le contexte est particulier.

Moi, j'ai le souvenir surtout que c'est vrai

que les scènes étaient extrêmement sensuelles.

Et pour un livre qu'on trouvait vraiment dans les bibliothèques de tout le monde,

qui n'était pas caché, qui était un livre populaire.

Moi, je sais que mes grand-mères devaient l'avoir, ma mère l'a eu.

Et on le trouve un peu dans toutes les maisons françaises, presque.

Oui, et puis c'est assez inattendu.

Voilà, on est sur une histoire un peu romantique.

C'est effectivement sur le fond de guerre.

Et d'un coup, comme ça, il y a une scène où elle dit les mots,

voilà, comme on les dirait,

enfin, comme ils doivent être dits.

Et elle ne tombe pas autour du pot.

Tu vois, tu disais, c'est un peu cliché, mais c'est la première fois qu'on le cite.

Donc, si vous ne l'avez jamais lu, lisez-le.

C'est toujours un classique.

Le film qui te fait vibrer ?

Alors là, je vais peut-être moins être originale,

parce que je sais qu'on l'a cité il n'y a pas longtemps.

Le Call me by your name a eu beaucoup d'effet sur moi.

Après, j'ai essayé de réfléchir sur une scène

un peu plus sexuelle qui m'aurait vraiment marquée.

C'était le film History of Violence avec Viggo Mortensen.

Et cette scène, je crois que c'est avec sa femme.

Alors pareil, je ne me souviens plus trop de l'histoire,

mais je me souviens de cette scène dans l'escalier

où ils se disputent au départ et puis finalement,

l'énergie de la colère se transforme en énergie sexuelle.

Ils en viennent à coucher ensemble dans cette cage d'escalier.

Je me souviens que cette scène m'avait beaucoup marquée.

Film très brut de Cronenberg, si je me rappelle bien.

Et effectivement, oui, on est encore dans la violence.

L'amour et la violence, Louise, du coup.

L'image qui te donne des frissons de plaisir ?

Alors ça, pour le coup, j'ai eu plus de difficultés.

Je ne sais pas si ce n'est pas forcément une oeuvre, du coup.

Ah non, c'est ce que tu veux, une image.

Alors pour rebondir sur ce que tu disais tout à l'heure,

sur l'érection validatrice.

Quand j'ai des...

Alors autant, effectivement, la dick pic, quand on ne la demande pas,

ça n'a vraiment...

Ce n'est pas du tout excitant.

Mais par contre, dans une conversation

avec un amant, d'être dans un jeu de messages, etc.

et où à un moment, le désir est tel et moi aussi, on m'envoie ce genre de photos.

Oui, ça a vraiment...

Ça peut avoir un vrai impact pour moi de désir et d'envie.

Une belle photo de pénis.

Avec du coup, une belle lumière, un beau cadrage, évidemment.

Évidemment.

Ben non, mais c'est vrai que ça change tout.

On parle beaucoup des dick pics, donc des dick pics non consentis.

Mais il y a un truc de la dick pic, c'est que c'est aussi hyper moche

et ça n'éveille le désir de rien, de personne.

Encore plus quand ça y est un inconnu, c'est absurde.

Mais c'est vrai qu'une belle photo de pénis.

Un mec travaillé en joli noir et blanc.

Je me souviens d'un livre chez Tachon qui était le Big Penis Book,

qui montrait effectivement des photos d'hommes, de bels hommes

et surtout de beaux pénis.

Et c'était vraiment de la belle photo.

Donc, je comprends tout à fait.

La musique qui te met le mieux dans l'ambiance ?

Alors moi, je ne suis pas forcément très musique pour me mettre dans l'ambiance,

mais du coup, j'y ai réfléchi parce que pour le coup, je suis assez chanson française.

Donc, j'ai essayé de faire un lien avec...

Et j'ai pensé, un des chanteurs qui peut me mettre dans l'ambiance, c'est Gainsbourg.

Le riff de Ford Mustang, c'est le genre de choses où direct,

on a quand même envie d'être dans un truc un peu sensuel.

Le parfum qui réveille mes sens ?

Alors moi, c'est l'huile prodigieuse de Nuxe.

Parce qu'en fait, moi, jusqu'à présent, et à force de dire, quand j'étais plus jeune,

j'ai toujours eu une sexualité qui était un peu prévue.

Du coup, ce n'est pas quelque chose qui s'est construit.

En tout cas, ce n'était pas de la sexualité de couple où on rentre le soir,

on ne sait pas forcément si on va avoir un rapport.

Moi, c'était toujours des choses qui étaient un peu prévues à l'avance.

Et du coup, j'avais une sorte de rituel, toujours de me doucher, de m'épiler.

Et du coup, je finissais toujours par mettre cette huile,

que je ne mettais d'ailleurs jamais par ailleurs, mais vraiment que dans ces moments-là.

Donc maintenant, cette odeur-là, à chaque fois, me fait penser à ça.

J'avais un truc comme ça avec un gel douche.

Pendant toute une période, j'utilisais le même gel douche exprès.

Et du coup, c'est resté un peu...

En plus, ils ont arrêté de le vendre après.

Et c'est resté dans ma tête une sorte de parfum fantôme de sexe.

Écoute, ce n'est pas désagréable.

Non, non, c'est super.

J'ai eu une prodigieuse de nucs.

En plus, je pense que tout le monde là, tout de suite, voit de quoi on parle.

Ah oui.

Et en plus, c'est lié aussi à une sensualité de toucher,

parce que se mettre de l'huile, c'est hyper sensuel.

Donc...

Oui, puis c'est le seul moment où je le faisais, en fait.

Sinon, je ne faisais pas du tout un truc où je me crème, je me huile.

Mais justement, c'était un moment où peut-être aussi je me reconnectais à mon corps,

tu vois, de le faire.

Et c'est vachement intéressant parce que du coup, il y a deux façons de répondre à cette question.

Déjà, il y a des gens qui n'ont pas ce truc-là.

Des gens, enfin même plus de deux façons, parce que du coup,

il y a des gens, c'est vraiment des odeurs corporelles.

C'était le cas de Cécile pour la transpiration et tout, lié à son handicap.

Mais il y a des gens aussi, c'est toujours l'odeur de l'autre.

Et du coup, c'est intéressant que pour toi, ce soit un truc lié à ta préparation.

Je trouve ça vraiment cool.

Louise, tu as un rapport particulier à ton corps.

Est-ce que tu peux m'en parler ?

J'ai toujours été, je pense, dans mes souvenirs, toujours une petite fille ronde.

Mais je pense que j'ai eu, ce que je me suis renseignée après,

je pense que j'ai eu une identité de grosse avant vraiment être grosse.

Et du coup, j'ai toujours vécu avec l'idée que de toute façon,

j'étais la grosse du groupe et que je ne pouvais pas être attirante.

Enfin, moi, c'était un truc sur lequel je me suis construite.

Donc avec les études de médecine, au départ, beaucoup de stress,

j'ai beaucoup pris de poids, mais en fait, personne n'en a fait vraiment la remarque.

C'est moi, postériori, en regardant les photos, je me suis dit

mais en fait, j'avais l'impression d'être comme ça depuis toujours.

Mais non, là, j'avais atteint un poids vraiment...

Tu sais à peu près combien de kilos à peu près t'aurais pris ?

Je pense une vingtaine de kilos.

Parce que quand j'étais en première, déjà, j'étais dans une phase où je mettais

une phase pseudo anorexique.

Je ne sais pas si je peux me mettre le mot.

En tout cas, où j'avais arrêté de manger, j'allais au sport.

Et mais je me voyais énorme.

Et en fait, j'ai grossi, mais ma vision des choses n'a pas changé.

En fait, tu avais une dysmorphophobie qui a continué, quel que soit ton tassil.

Finalement, oui.

Après, il y a eu des formes de crises de boulimie.

Alors je ne me faisais pas vraiment sans me faire vomir, mais voilà, plus je me haïssais,

plus je me remplissais.

Enfin, c'était un cercle vicieux.

Et puis, dès que j'essayais de perdre du poids, je n'y arrivais pas.

En fait, je n'arrivais jamais à entretenir une démarche de perte de poids

de façon durable.

Et puis, je pense que ça me protégeait aussi dans une certaine mesure,

dans le sens où ça justifiait tout ce que je ne réussissais pas dans ma vie.

Si j'avais pas de mec, c'est parce que j'étais grosse.

Si je ratais à l'exam, c'est parce que j'étais grosse.

Donc, finalement, il y avait une forme de confort, inconfort là dessus.

Et à un moment, je me suis dit bon, j'étais assez malheureuse.

Je pense que je peux le dire.

Et je me suis dit bon, il faut que j'aille voir une psy.

Et puis, tout en me disant potentiellement, j'arrivais à entrevoir

que peut-être le problème, c'était d'abord ma façon de voir les choses

avant de questionner sur mon poids.

Que ce n'était pas d'aller au sport qui allait résoudre la question,

que c'était aussi moi.

Il fallait que je sois un peu plus douce avec moi-même.

Et il se trouve que ça a été assez...

Enfin, ça s'est fait tranquillement.

Mais en fait, oui, j'ai eu un suivi pendant quelques années.

Et c'est à ce moment-là où j'ai réussi à perdre du poids

parce que j'ai commencé à m'aimer un petit peu.

Et dans ton temps de dysmorphophobie,

est-ce que tu as réussi quand même à avoir une sexualité avec toi-même

dans cette détestation de ton corps ?

Tu as réussi à lancer l'apprentissage de la masturbation ?

Ah oui, ça, c'est quelque chose que j'avais même avant

mes premières expériences sexuelles.

Donc ça, ça n'a jamais été un véritable problème.

Et même, ça ne m'a pas empêché d'avoir une vie sexuelle.

Mais par contre, en fait, ce qui s'est passé, je pense,

c'est que j'avais des relations qui étaient purement sexuelles.

Et je me disais que de toute façon, en fait, ça a été presque pire

parce que je me disais en fait, je ne suis pas aimable.

Je suis baisable, mais pas aimable.

C'était vraiment ce diptyque que j'avais en tête.

Et mon corps était un petit peu le point d'ancrage de ce truc-là,

de me dire, oui, si je faisais 30 kilos de moins, c'est sûr que ça irait.

Mais là, je me disais, je dois être l'expérience sexuelle

de quelques hommes qui doivent se dire,

j'ai jamais essayé, essayons, allez, d'accord.

Et puis par contre, jamais de la vie, je la présenterai à mes potes.

Tu as couché avec beaucoup d'hommes dans cette période, après ta première fois?

Je ne sais pas quel chiffre on dit que beaucoup, non.

Non, non, non.

Pas tant, parce qu'en fait,

on dit pas beaucoup.

Non, je pense pas qu'on puisse dire beaucoup.

Je n'ai eu quelques-uns, mais surtout quelques-uns que j'ai eus finalement sur.

Il y a des hommes que j'ai eu pendant plusieurs années, en fait.

C'est pas forcément, il y a eu très peu de one shot

parce que j'ai tendance à m'accrocher un petit peu.

Donc ils sont pas vraiment,

ils sont pas vraiment, ils sont pas vraiment,

à m'accrocher un petit peu.

Donc il se trouve que je suis tombée sur des hommes,

et il y en a, ils ont été très bien.

Et ça a été des relations, ça juste, on n'a pas été en couple.

Mais pour autant, c'était quand même des relations qui étaient sereines et apaisées.

Il y en a d'autres, ça a été un peu moins le cas.

Mais j'ai eu aussi des phases où pendant un an,

j'ai pas eu de relation sexuelle parce que,

on va dire en filigrane de tout ça, il y a quand même eu ce deuxième homme,

du coup, que j'avais vu, qui a toujours été dans ma vie.

Donc lui, il a construit sa vie, il a construit,

entre temps, il s'est marié, il a eu des enfants.

Et sauf qu'au départ, moi, j'ai développé beaucoup de sentiments pour cet homme-là.

Et donc je me suis vraiment accrochée à cette relation.

Et lui n'était pas du tout conscient de ça,

ou alors en tout cas, ça l'arrangeait de ne pas en être conscient.

Et on s'est...

Enfin, je pense que c'est l'homme qui m'a fait le plus de mal,

mais je ne lui reproche pas parce que je ne pense pas qu'il s'en ait rendu compte.

Moi, je ne lui exprimais pas non plus forcément.

Mais cette relation, par exemple, elle a duré depuis toujours.

Et il y a eu pendant tout un moment, trois ans où on ne s'est pas vus du tout.

Où c'était vraiment que du virtuel, que de l'épistolage.

Mais on pouvait passer des journées, enfin, on passait nos journées à s'écrire.

Donc c'était...

Donc du coup, ça fait quoi ? Ça fait sept ou huit ans de relation ?

Huit ans, oui.

Et donc, en fait, ce que tu dis, c'est qu'il a continué sa vie,

il s'est marié, il a fait des enfants et tout.

Mais vous avez continué à avoir des rapports sexuels.

Oui, il y a eu des phases où...

Enfin, moi, j'ai fait les montagnes russes,

parce qu'il y a des moments, ça me rendait très malheureuse.

Donc j'ai essayé d'arrêter.

Sauf qu'il y avait aussi cette addiction du quotidien,

dans le sens où on s'envoyait des messages toute la journée.

Donc d'un coup d'un seul, d'arrêter, c'était compliqué.

Donc à chaque fois que j'ai essayé d'arrêter,

au final, j'ai arrêté un mois, deux mois, trois mois, puis j'y revenais.

Je dirais que la plupart du temps,

enfin, il y a peut-être une fois où c'est lui qui a mis un stop,

mais sinon, toutes les fois, c'est moi qui arrêtais,

puis qui revenais, finalement.

Ce qui me donnait l'impression d'être dans un échec perpétuel,

en fait, de me dire, voilà, je réessaye une fois d'arrêter,

et puis une fois de plus, j'y retourne.

D'autant plus que lui, pour le coup,

là, c'était mis dans une relation durable.

Donc en plus, je prenais ce rôle de maîtresse,

alors qu'à la base, ce n'était pas comme ça que notre relation,

elle, s'était établie.

Et puis surtout, il y a eu toute une période où c'était compliqué,

parce qu'en fait, on écrivait beaucoup.

On avait aussi développé pas mal un rapport sexuel

un peu dominant, soumis.

Mais on était un petit peu dans le folklore de ce que c'est.

En fait, on n'était pas dans un truc qu'on vivait,

c'était par message.

Et en fait, quand on se voyait,

comme on se voyait peu à ce moment-là,

c'était très bizarre, on n'y arrivait pas.

En fait, on jouait un rôle, mais on n'était pas vraiment nous-mêmes.

Du coup, on était dans une forme d'échec,

même du désir qu'on avait l'un pour l'autre.

On n'arrivait même pas vraiment à l'exprimer correctement.

Donc, c'était...

En fait, ce n'était jamais très satisfaisant.

Là, ces dernières années, ça a été mieux.

Parce que moi aussi, j'ai évolué,

même si je n'ai pas construit ce qu'il a construit.

Mais en tout cas, moi, dans mon rapport à moi-même,

ça a beaucoup changé.

Donc déjà, je ne lui fais plus porter ce truc-là.

Enfin, je pense qu'il y a une époque où je lui faisais porter

toute la validation que je pouvais...

Enfin, voilà.

Dont tu avais besoin.

Voilà, que ça ne pouvait passer que par lui.

Aujourd'hui, je sais que ce n'est pas du tout le cas.

Et surtout, je sais que ça vient de moi et pas de quelqu'un d'autre.

C'est ce que j'allais demander, du coup.

Comment tu as travaillé ça, du coup ?

Donc, ton corps a encore changé

puisque tu as reperdu du poids après.

Ouais.

Est-ce que tu arrives à te sentir belle aujourd'hui ?

Est-ce que c'est quelque chose qui a évolué dans ce sens-là ?

Oui, ça avance.

C'est toujours en cours de construction.

Mais en tout cas, je ne me laisse plus porter quand...

Parce que, comme tout le monde, il y a des matins où on ne s'aime pas.

Mais en tout cas, je sais que c'est passager.

Et surtout, je n'entretiens pas ça.

Je me dis, bon, OK, aujourd'hui, tu ne te sens pas bien, ce n'est pas grave.

Mais globalement, oui, je me sens beaucoup mieux.

Et tu n'as plus besoin de regarder des hommes pour valider ça, en tout cas, ou invalider.

Ouais, complètement.

Parce que là, dans les rencontres que je fais sur le principe du dating,

je ne me pose plus la question.

Avant, quand je discutais avec un homme, avant de le rencontrer,

j'envoyais forcément un message en disant,

au fait, je suis grosse.

Warning.

Parce qu'à l'époque, je mettais les photos, le visage,

même si je n'avais pas l'impression de tromper mon monde.

Mais on m'avait déjà fait le feedback en me disant,

ah oui, non, mais je ne pensais pas que tu étais si grosse.

Quelqu'un t'a déjà dit ça ?

Ah oui, oui.

Quelle formidable personne.

Ah oui, oui.

Il y a un homme qui m'a dit aussi, qui m'avait envoyé un message en me disant,

mais tu as un très beau visage, mais si tu avais 20 kilos de moins, ah là là.

Donc oui, disons que ça n'aide pas non plus.

Mais aujourd'hui, non, ce n'est plus une question.

Je sais qu'il y a des gens qui aiment bien,

des gens filiformes, des gens avec des formes.

Et en fait, moi, je pense que sur les photos, on le voit, à quoi je ressemble.

Et puis surtout, si je ne plais pas, ce n'est pas grave.

En fait, j'arrive à me dire, de la même façon,

j'arrive à me mettre moi-même dans cette question-là.

Je veux dire, il y a des hommes qui me plaisent, d'autres qui ne me plaisent pas.

Et ce n'est pas pour autant que ceux qui ne me plaisent pas n'ont pas de valeur.

Donc en fait, je me dis, c'est pareil, si je ne plais pas, ce n'est pas très grave.

C'est le moment de notre deuxième petit jeu basé sur le jeu à boire, Je n'ai jamais.

Donc je vais dire des affirmations et tu vas me dire,

ça te fait penser à des trucs, des souvenirs ou pas du tout, évidemment, si ce n'est pas le cas.

J'ai déjà sodomisé un ou une de mes partenaires.

Non, véritablement, mais c'est quelque chose qu'on avait discuté et envisagé avec cette amende.

Au long cours.

Au long cours, exactement. On va l'appeler comme ça.

J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.

Assez récemment, en fait, c'était le classique capote qui craque.

Assez dans le capote. C'est notre best-seller de cette question.

J'ai huit ans d'utilisation de capote, je n'avais jamais eu de souci.

Et à partir du moment où j'ai décidé d'arrêter ma pilule, pour des raisons personnelles.

Évidemment.

Évidemment, j'ai ce genre de souci.

Ça a été résolu. Vous avez vite vu le problème.

J'ai juste, moi, vite vu le problème.

J'ai mis le garçon dehors très rapidement.

J'ai foncé à une pharmacie.

Et puis, on a fait nos petits tests chacun de notre côté.

Et c'était bon.

J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe ou à tes cours de médecine.

Ni l'un ni l'autre.

Je dirais plutôt que les fois où je suis pas dedans, si je suis pas dans ce que je vis,

je vais avoir tendance à plutôt me concentrer sur mon corps,

mais pas à quelque chose de totalement homme d'homme.

Donc à essayer d'aller chercher le plaisir si tu le...

Non, plutôt d'être dans la conscience de mon corps et de me dire, mince, là, c'est pas...

D'accord, plutôt les problèmes alors.

Voilà, plutôt les problèmes.

Mais c'est assez rare.

J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre.

Ça m'est déjà arrivé.

Alors, célébrité ou quelqu'un que tu connais ?

Non, quelqu'un que j'ai... Un autre amant, oui.

Il y a deux teams, assez clairement.

Il y a le team Brad Pitt et puis la team ancien amant.

Non, Brad Pitt n'a jamais fait de l'immersion dans mon esprit.

On ne juge pas.

Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.

J'ai envie de dire le classique, les toilettes publiques.

Mais sinon, je crois pas qu'il y ait eu d'autres endroits.

Ah, aussi dans la voiture.

Ah, mais il faut raconter un truc, là.

En conduisant, oui.

Ça m'est déjà arrivé.

Pendant que tu conduisais ?

Avec le régulateur.

Ah, sur l'autoroute, j'imagine, du coup ?

Oui, oui, du coup, sur l'autoroute.

OK.

Le contexte ?

Ben, le contexte, c'est souvent...

Alors, ça a été une ou deux fois.

Soit j'allais voir quelqu'un, soit je venais de quitter quelqu'un.

Et surtout, je suis très fan de...

Je suis très audio dans ma vie sexuelle.

Et avec maintenant tous les podcasts type Vox ou La Plié Rose,

disons que c'est assez efficace chez moi.

Donc, ça peut être très rapide.

Alors, notez-le, on n'écoute pas Vox dans la voiture,

même avec le régulateur de vitesse.

Ben du coup, je suis obligée de te demander.

T'as pris du plaisir quand même ?

Ah oui ?

Quand tu t'es masturbée dans ta voiture ?

Oui, oui, oui.

J'ai déjà éjaculé.

Oui, ça m'est déjà arrivé deux fois.

La première fois, c'était avec ces objets qui vibrent,

qui se branchent sur secteur.

Et qui marchent très bien.

Ah, qui sont très efficaces.

C'était mon amant en long cours qui l'a utilisé sur moi.

Et je pense que mes premiers mots, quand j'ai senti ce truc-là,

ça a été « Je t'ai fait pipi dessus ! ».

Et donc, la deuxième fois, c'était avec un autre amant.

Et pour le coup, il n'y avait pas de jouet.

Donc, c'était aussi assez inattendu, mais très plaisant.

C'est quelque chose que tu veux expérimenter un peu plus dans ta vie sexuelle

ou c'est une bonne surprise quand ça tombe ?

C'est une bonne surprise.

Après, je n'en fais pas...

Enfin, je ne prends pas plus de plaisir parce qu'il y a ça, en fait.

C'est un truc en plus...

Oui, parce que c'est décorrélé de l'orgasme, il faut le dire aussi.

Ce n'est pas un signe qu'on a un orgasme, mais c'est cool quand même.

Ça peut être cool.

Donc, on arrive en dernière partie de ce podcast.

On va parler de la dernière fois.

Est-ce que tu te rappelles de ta dernière fois ?

Oui, je m'en souviens.

C'était il y a quelques jours.

Et justement, c'était avec cet amant au long cours.

L'amant au long cours !

Comment ça s'est passé ? C'était planifié ?

Oui.

Je m'imagine, oui.

Avec lui, c'est toujours très planifié.

Il se trouve qu'il avait une soirée libre

et que ça ne correspondait pas trop mal avec mon planning à moi.

Et du coup...

C'était planifié de pas si longtemps.

Une petite semaine.

Ça s'est enchaîné avec une période où on avait arrêté d'échanger de nouveau.

Parce que lui était pris à autre chose dans sa vie

et que je n'avais pas envie d'attendre non plus.

Et là, il m'a recontacté pour me dire qu'il avait cette soirée disponible.

Donc, du coup, on s'est arrangé pour se voir.

C'était du sexe de retrouvailles ?

De retrouvailles, oui.

Oui, on s'était vu il n'y a pas si longtemps que ça.

Oui, on peut dire ça.

C'était où ?

C'était chez lui.

Comment ça se passe quand on va chez quelqu'un, en l'occurrence,

qui est marié, qui a des enfants ?

Déjà, il n'y a personne d'autre que lui.

Ah bon ?

Déjà, c'est ce qui aide.

Et moi, ma limite, c'est de n'évoluer que dans son salon

et dans la partie basse de là où il vit.

Vous n'avez pas visité la chambre conjugale, ni la chambre des enfants ?

Tout à fait.

Je n'ai jamais mis le pied dans cette chambre.

Lui, je crois que ça...

À chaque fois, il me repose la question.

Ça ne l'empêche pas de dormir ?

Ah non, mais surtout, lui, il me dit qu'il ne sanctifie pas ce lieu-là

comme le lieu de leur amour

et que potentiellement, le fait d'avoir une autre personne dedans,

ce serait problématique.

Mais moi, ça a toujours été ma limite.

Déjà, j'ai mis du temps à accepter d'aller chez lui, enfin chez eux,

parce que c'était un peu la limite de me dire

que je ne vais pas dépasser ça,

mais au bout d'un moment, il fallait bien se confronter au fait

que si je n'y allais pas, on ne se voyait pas.

Donc, disons qu'il y avait ce dilemme-là.

Et donc, depuis que je m'autorise à aller chez eux,

je le fais, mais en restant dans la limite de ces pièces-là.

Du coup, maintenant, puisque ça fait plusieurs fois,

je me sens à l'aise, mais je ne veux pas dépasser ça.

Quand c'est comme ça, vous avez planifié votre rencontre.

Tu te prépares avant ?

Tu te mets de l'huile prodigieuse ?

Comment ça se passe ?

J'ai arrêté l'huile prodigieuse.

Non, là, je n'ai pas mis de l'huile prodigieuse,

parce que là, j'avais ma journée de boulot dans les pattes,

donc je suis venue dans la foulée.

Non, si on veut, la préparation, c'est...

Du coup, j'ai dû me préparer un peu en speed dans le train.

En fait, j'ai pris le train pour aller chez lui

et je me suis retrouvée à mettre mes bas dans les...

Alors, les toilettes publiques, c'est crâne,

mais les toilettes de TER, là, on a un niveau qui, quand même...

En plus, c'est petit.

Ah, c'est si petit.

Faut être super souple.

C'est petit et crâne.

Vraiment, quand tu te retrouves à mettre des bas dans les toilettes de TER,

tu te dis, bon...

Même pour te remaquiller, les biens roires sont mal foutus.

Ah oui, non, non, c'est pas du tout agréable.

Donc, tu t'es quand même préparée de manière sensuelle et tout machin dans le train.

Et quand c'est comme ça, il te prépare à dîner.

Vous avez fait une soirée avant ou vous sautez dessus ?

Alors non, on ne se saute pas dessus.

En fait, ce qui est bien par rapport à ce qui était avant,

où on était plus dans le folklore de cette domination-soumission,

aujourd'hui, on a réussi à trouver un équilibre qui nous convient.

Il y a toujours ce truc-là en fond, mais on n'est plus dans cette...

Voilà, on ne se vouvoie pas.

Enfin, on n'est pas à mettre des trucs de cuir et tout,

mais juste, on arrive à le vivre de façon assez fluide.

Puis bon, ça fait quand même plusieurs années qu'on se connaît.

Donc, maintenant, il y a quand même cette...

Alors, j'ai des potes qui sauteraient au plafond en entendant ça,

mais il y a une forme d'amitié, en fait, entre nous.

Une complicité.

Il y a quelque chose... On se connaît, donc on discute,

on boit des bières.

Et puis, en fait, la sexualité,

elle ponctue notre soirée,

mais voilà, on va faire ça,

puis après, on rediscute.

Et puis après, enfin,

c'est très fluide et il y a toujours...

C'est le seul avec qui je partage justement ce qu'on disait

sur le sexe-violence.

Voilà, ça, j'arrive à le vivre avec lui,

mais parce que je lui fais confiance, en fait, aussi.

Ouais, tu te sens en sécurité avec lui ?

Complètement.

Il y a plein de choses que je ferais,

que, en tout cas, je me visualise pas le faire

avec qui que ce soit d'autre que lui.

Comment tu te sens avec lui ?

Quand je suis avec lui, je me sens bien

et je me sens désirable.

Je me sens à ma place quand on discute,

quand on partage notre sexualité.

Enfin, tout est évident.

Et puis, par contre, c'est...

Et là, il saura se reconnaître

parce que, clairement, on est en plein dedans

puisque ça fait quelques jours qu'on s'est vus.

Dès qu'on se quitte, dès qu'on vient de se voir,

il y a plus personne.

C'est-à-dire, lui, il disparaît ?

Il disparaît.

Oui, il devient très laconique dans ses réponses.

Pourquoi ? Parce qu'il a honte ?

J'en sais rien.

Oh, bah, je pense pas.

Si je lui pose la question comme ça, il me dira que non,

c'est évident.

Mais je sais pas, honnêtement,

je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête.

Il me dit, voilà, à chaque fois, c'est...

Non, je suis occupée, voilà.

Du coup, tu te retrouves un peu toute seule

en post-coït, quoi.

Complètement.

Donc, ça, avant, ça me mettait mal pendant des semaines.

Enfin, j'étais...

Aujourd'hui, déjà, je l'apprends de mieux parce que je sais.

Je me suis plus surprise,

même si ça m'énerve toujours un petit peu quand il le fait.

Mais en tout cas, je ne le remets pas sur...

Enfin, je me fais pas porter comme une faute.

Tu dis pas que c'est ta faute ou que c'est parce que

ton corps et... Non.

Voilà, je me dis que c'est sa façon de gérer les choses.

Je ne sais pas si lui-même l'a bien conceptualisé ou pas, d'ailleurs.

Mais en tout cas, moi, je...

Je me dis juste que c'est comme ça.

Et puis, en fait, il a quand même...

Il a moins d'importance dans ma vie qu'il en a eu à une époque.

En tout cas, je lui...

Il n'a plus cette aura qu'il pouvait avoir avant.

Et du coup...

Bah du coup, je...

Juste, moi, j'investis plus de choses dans ma vie à côté

quand il est comme ça.

Et au lieu de me focaliser sur le fait qu'il n'ait plus envie de me parler.

Cette dernière fois, t'as eu du plaisir ?

Oui.

Oui, oui, oui.

Alors, c'est pas évident, mais je t'en félicite.

J'allais te demander, du coup, si parmi toutes les transformations de ton corps

et les difficultés que t'as pu avoir, même toi,

même juste à l'intérieur, à t'appréhender,

est-ce que t'as senti que ça jouait sur ta capacité à avoir du plaisir ou du désir ?

Non, c'est pas sur ces questions-là.

Sur le désir et le plaisir...

J'ai pas l'impression que ça ait vraiment posé de problème,

même s'il y a eu des fois où j'étais plus concentrée sur le plaisir de l'autre.

Et finalement, je dirais que ça fait que quelques années

où j'ai cette capacité à prendre vraiment du plaisir avec mes partenaires.

Mais j'en ai toujours eu plus ou moins.

La vraie question, et qui finalement n'est pas encore totalement réglée,

c'est la question de...

Plutôt sur la question de...

Le fait d'être aimable en soi.

Enfin, j'ai toujours cette question-là, c'est que...

Je cherche pas l'approbation de l'homme via son désir,

ça c'est plus ce que je cherche, mais par contre, je suis toujours...

J'ai l'impression de pas avoir avancé sur la question, enfin...

De savoir si un jour je pourrais attirer quelqu'un suffisamment

pour construire quelque chose.

Ça c'est pas encore clair, j'ai encore du travail à faire.

T'es active dans ta recherche d'un partenaire de vie ?

Oui, parce que je pars du principe que ça ne tombe pas forcément du ciel.

Donc...

Moi, mes amis diraient que je ne m'y prends pas forcément bien.

C'est-à-dire que oui, je suis sur Tinder, mais je vais pendant longtemps...

Enfin longtemps...

Pendant quelques années, je me suis aussi perdue à aller vers des hommes

qui étaient plus âgés que moi.

Qui pouvaient facilement avoir 10, 15 ans de plus que moi.

Donc effectivement, il se passait...

Enfin, généralement, c'est ces hommes-là avec qui, potentiellement,

il aurait pu avoir une relation de couple.

Sauf qu'en fait, dès que ça arrivait, je disais,

ben non, mais en fait, ça va pas, on n'est pas au même moment de la vie.

Toi, t'as tes enfants, enfin...

Ça peut pas marcher.

Donc en fait, je faisais...

Enfin, je pense qu'il y avait un peu un truc inconscient de se dire,

ben je vais vers des hommes qui vont pas comme ça.

Même si eux, ils veulent, je pourrais pas parce que ce truc-là,

déjà, je le savais de base.

Maintenant, là, j'arrive à aller plus vers des hommes de mon âge.

Donc déjà, je me dis, c'est déjà mieux, mais...

Pour l'instant, c'est pas très probant.

C'est pas critique, t'as 29 ans.

Certes !

On est... Voilà.

Je comprends que le chemin est long, par contre.

Mais c'est vrai que c'est quelque chose qu'on entend beaucoup.

Et même dans ce programme, dans Première, Dernière fois,

on avait Lou, en première saison, qui disait à quel point c'était dur

et que c'était un marché difficile.

Non pas parce que c'était concurrentiel, même si c'est le cas,

mais parce que les hommes sont pas toujours open à une relation

où, dans une tranche d'âge donné, dans une tranche de 25-35 ans,

c'est un enfer.

Oui, parce que même quand on tombe sur des hommes où je me dis,

ah là, tiens, il pourrait y avoir, ben...

Soit, alors moi j'ai eu des hommes qui m'ont complètement ghosté,

alors qu'on avait même pas eu de relation sexuelle

juste au bout du deuxième rendez-vous,

alors qu'on devait se voir une troisième fois, juste plus de nouvelles.

Il y en a d'autres, au bout d'un mois, où on commence à se voir,

ils disent, ah ben en fait non, je pense à mon ex.

Enfin, le problème avec les applications,

je pense qu'il y a aussi ce truc, il y a des gens, ils sont là,

mais ils savent pas ce qu'ils veulent.

Ils disent qu'ils veulent ça, mais en fait,

ils se rendent compte que c'est pas le cas.

Et puis, toi derrière, quand tu sais ce que tu veux,

tu te retrouves un peu...

Bah, essuyé les plates, quoi.

Et puis, il y a aussi ce truc-là, effectivement,

t'as l'impression que d'un coup de doigt, t'en ailles mieux derrière.

Mais du coup, t'as quand même conscience que ça ne vient pas de toi.

Oui.

Le oui un petit peu en retard.

Oui, oui, oui, c'est bon.

Mais il y a aussi ce côté de me dire...

Enfin, j'ai aussi plein de potes qui sont également en médecine,

qui ont passé beaucoup de temps à travailler, etc.

et qui ont quand même une vie sentimentale.

Et je me dis...

Des fois, oui, je sais que c'est pas que moi,

mais il y a une lassitude, quoi, de se dire...

Et après, parce que pour revenir sur cette question-là de cet homme marié,

j'ai pas pour vocation à ce que ça continue.

J'aimerais que ça se termine, parce que...

Même si c'est cool quand on se voit,

je sais bien que ça me prend du temps de l'énergie à la fois...

De la vraie énergie, de l'énergie mentale, de l'énergie de disponibilité.

Donc...

Et qu'a priori, ça n'a pas forcément d'avenir.

Ah, nous, ça n'en a pas.

Vous n'avez pas de projet ensemble.

Ah non, non, non.

Et enfin, là-dessus, je suis plus à une époque,

j'ai été dans cet espoir-là de me dire...

Un matin, il va se réveiller.

Peut-être qu'il va quitter sa femme.

Alors, c'est avant qu'il soit marié.

Là, il a bien cloisonné les enfants, le mariage, c'est bon.

Mais oui, il y a une époque où je me disais,

bon, il va se rendre compte à quel point on est fait l'un pour l'autre.

Et en fait, à ce moment-là où je me disais ça,

en fait, je n'étais même pas vraiment sincère avec moi-même,

parce que si on est juste stricto sensu, on n'est pas fait l'un pour l'autre.

C'est juste, comme il y a ce désir-là...

Enfin, justement, j'ai eu une conversation avec une amie cet après-midi de savoir...

Quand on n'a jamais connu l'amour, on peut vite confondre le désir pour de l'amour.

Et c'est vrai qu'avec lui, comme il y avait beaucoup de désir

et qu'en plus, on discutait beaucoup

et que moi, j'étais juste une éponge prête à absorber tout ce qu'on lui donnait,

du coup, c'est vrai que j'ai longtemps confondu.

Aujourd'hui, c'est clair que ce n'est pas ça.

Je n'attends rien de lui. Je n'attends pas qu'il quitte sa femme.

Je n'attends pas qu'il quitte sa famille.

D'ailleurs, moi, je ne souhaite pas du tout que ça soit su.

Je veux qu'il préserve ça, mais moi, j'aimerais pouvoir me détacher de ça

pour pouvoir continuer à avancer de mon côté.

Absolument.

De la première fois, celle à Levallois-Perret, à aujourd'hui,

est-ce qu'il y a des choses qui ont changé chez toi ?

Est-ce que tu as l'impression que tu as appris des leçons ?

Est-ce que tu as fait évoluer ton rapport, justement, au consentement ?

Est-ce que c'est quelque chose sur lequel, maintenant, tu ne transitions pas ou plus ?

Ou sur même ta consommation d'alcool, potentiellement, avec des inconnus ?

Parce que la question de l'application toujours,

c'est qu'on rencontre toujours au moins une fois.

Enfin, la première fois, c'est un inconnu.

Oui, c'est vrai.

Ton rapport à la confiance, par exemple ?

Sur la question des rencontres, ça n'a pas changé grand-chose.

Je ne me suis jamais trop limitée suite à cette première expérience

qui aurait pu être complètement...

Qui aurait pu me faire dire, jamais plus tu fais ça.

Non, ça n'a pas été.

Au contraire, je suis des fois...

Plutôt quand j'en parle avec des amis, ils me disent,

quand même, j'ai été dans une ville...

Une autre ville.

Une autre ville.

Bon, peu importe.

Voir un homme pareil que je ne connaissais pas,

que j'avais rencontré via Spotify.

On s'était envoyé des musiques.

C'est très inédit comme rencontre,

mais c'est intéressant comme façon de se rencontrer, déjà.

C'est une autre approche.

Franchement, c'est l'homme qui a été...

Je pense même, une de mes plus belles relations.

Pour le coup, même si ça n'a jamais été un couple construit,

c'est vraiment...

Aujourd'hui, c'est un vrai ami.

Enfin, bref, tout ça pour dire que je me suis jamais bloquée là-dessus.

Par contre, sur la question du consentement,

oui, par exemple, il y a beaucoup d'hommes avec qui j'ai pu discuter

avant qu'on se rencontre, éventuellement,

et surtout, avoir directement des conversations très sexuelles.

Et il y a des hommes qui ne font pas du tout la différence

entre le fantasme de ce qu'on peut imaginer et la réalité.

C'est-à-dire qu'ils se disent, bon, on a imaginé ça,

je peux le faire sans finalement avoir son aval le jour J où on se voit.

Vérifier, ouais.

Et donc typiquement, il y a une fois,

il y a un homme avec qui je discutais depuis longtemps,

puis à un moment, je me dis, bon allez, j'y vais, donc je vais chez lui.

Et puis là, un moment, très rapidement,

il me met son sexe dans ma bouche,

alors que clairement, j'avais rien demandé.

Je me suis dit, mais en fait, ça ne me convient pas du tout, ça.

Mais qui fait ça ?

Eh bien lui, apparemment.

Mais en plus, en discutant avec lui après,

il n'a pas du tout compris que je pouvais ne pas être d'accord.

Parce qu'il s'est dit, ben voilà, on en avait longuement fantasmé,

donc il s'était dit, OK, c'est bon.

Et en fait, après ça, donc ça a été une expérience assez désastreuse.

Et après ça, on avait prévu,

enfin lui avait prévu qu'on aille voir un cinéma en plein air,

ce qui aurait pu être très cool.

Mais après ça, moi, j'avais tellement pas envie de passer la soirée avec lui.

Et à une époque, je me serais un peu forcée en me disant,

ben allez, quand même, il est sympa, c'est gentil.

Et là, en fait, je lui ai fait un truc.

Donc, il prend lui, il prend sa moto et moi, j'étais en voiture.

Et d'un point de vue pratique, on se dit, bon, on se suit, puis on va là-bas.

Et puis en fait, c'était sur le périph' parisien.

Et là, je me vois dans ma voiture, je me dis, bon, vraiment,

est-ce que j'ai envie de le suivre ? Non.

Donc, je l'ai laissé aller vers là où il voulait.

Et puis moi, je suis partie, en fait.

Tu as pris la première sortie sur le périph' ?

J'ai vu ma ville et j'ai fait, OK, je m'en vais.

Et là, il m'a dit, c'est la première fois que je me fais quitter en plein rendez-vous.

Je dis, mais c'est pas un rendez-vous, là.

Enfin, c'est un truc nul qu'on avait imaginé.

Ça s'est mal passé.

À la limite, je t'en veux même pas, mais juste, on n'est pas obligé de faire durer le plaisir.

Je pense qu'on peut s'arrêter là.

Mais c'est une très bonne chose.

Du coup, tu as l'impression que là, en tout cas, j'ai l'impression en me parlant

que tu as déjà des bases solides, déjà de plaisir, de capacité de plaisir,

d'envie pour la suite et de connaissance de toi-même

pour que ces rendez-vous, pour que ces rencontres,

potentiellement, puissent mener à quelque chose.

Ouais, mais moi, j'ai l'impression d'être la reine du premier date.

Ça, c'est bon. Ça, je maîtrise.

La meuf maîtrise.

Je maîtrise le premier date.

Mais après, alors là, c'est un inconnu.

Soit l'homme, soit le premier date.

Il me plaît pas.

Et dans ce cas là, par contre, oui, je suis complètement capable de dire à la personne.

En fait, non, j'ai pas du tout envie de forcer parce que, en fait,

je vis seul, ça y est, c'est bon, je maîtrise.

J'ai pas besoin de quelqu'un dans ma vie pour me rassurer ou pour faire béquille.

Moi, si j'intègre quelqu'un dans ma vie, il faut que ça soit complètement OK pour moi.

Enfin, c'est pas pour d'autres raisons que juste avoir envie d'être avec la personne.

Par contre, j'ai rarement de retour.

Comment dire ?

Le problème, c'est que soit il me plaît pas et donc c'est vite réglé, soit il me plaît.

Et dans ce cas là, la plupart du temps, ça n'aboutit pas.

Et en fait, je ne sais pas tellement ce qui se passe.

C'est comme la fin des contes, tu vois.

Ils se marièrent et ont beaucoup d'enfants.

Moi, c'est bon, il y a le premier date et après, je...

C'est là le grand saut et j'ai jamais vraiment vécu...

Voilà, il y a quelque chose qui se construit un peu naturellement derrière ça.

Donc du coup, oui, effectivement, ça me stresse plus d'aller à un date,

mais c'est pas pour autant que je me sens complètement...

Alors sur la partie sexuelle, pareil, ça va.

Mais j'ai l'impression qu'au moment où potentiellement,

il pourrait se passer quelque chose de plus, là, je...

Ça se transforme pas.

Bah oui, et surtout, moi, je suis dans un stress pas possible.

Là, pour tout avouer, j'ai eu un date hier

et ça s'est très, très bien passé.

Lui a très envie qu'on se revoie, moi aussi.

Et pour le coup, je me dis peut-être que...

Surtout qu'il a eu cette réflexion qui a eu tendance à me rassurer.

Alors après, moi, je vois, je me dis peut-être qu'il est doublement perfide.

Il dit ça pour que je crois qu'il a dit le truc.

Il a dit le truc exprès.

C'est ça. Il m'a dit non, je veux pas qu'on couche ensemble ce soir

parce que j'ai pas envie de tout merder.

J'ai envie qu'on se revoie.

Et je me suis dit bon, c'est déjà pas si mal.

Donc, wait and see.

Mais attends, on va te le souhaiter.

On va tous croiser les doigts.

On dit merde, maintenant, je vais être obligée à m'envoyer des messages

pour me tenir au courant sur cette affaire.

C'est ça qu'on peut te souhaiter pour la suite, du coup.

C'est de la transformation.

C'est ce type qui enfin va passer le deuxième, troisième,

quatrième, cinquième rendez-vous et qui, à un moment, va peut-être dire

les bonnes choses, quitte à se tromper deux, trois fois.

Ça ou que j'arrive à ne plus en faire un objectif de vie

et juste arriver à être complètement bien, même si ça s'est bien amélioré.

Mais je peux aussi me dire c'est pas grave, en fait, parce que les rencontres,

elles se font ou elles se font pas, mais ça doit pas influer ce que je suis.

Donc, aujourd'hui, j'arrive parfois à me dire ouais, non, c'est bon,

je peux bien vivre seule, c'est pas très grave.

Puis, il y a des fois, je me dis, oh, mais quand même.

Merci, Louise.

De rien.