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Première & Dernière fois, Première & Dernière fois 10

Première & Dernière fois 10

Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois, et pour beaucoup, le

cheminement entre les deux est une véritable aventure.

J'ai décidé de rencontrer des inconnus ou presque inconnus, de partager avec elles

et eux ses confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première

et la dernière fois.

Didier a 61 ans.

Il est le fondateur et responsable d'édition du Guide France Cochine.

Libertin depuis toujours dans le sens noble du terme, il le rapporte à une forme de philosophie

proche du courant libertaire, voire de l'anarchisme.

La première fois que nous avons fait connaissance, c'était au Cap d'Agde, cet été.

Pour le podcast « Lieux du sexe », il avait joué le rôle de passeur dans la ville.

Cette fois, je le rencontre dans sa maison du Périgord.

Bonjour Didier.

Bonjour Alessia.

Je vais commencer par la question rituelle et on se vouvoie ou on se tutoie.

Comme tu voules, sans.

On va se tutoyer, c'est le plus sympa quand même.

On va rentrer dans le vif du sujet.

Est-ce que tu te rappelles de ta première fois ?

Très bien, oui.

T'avais quel âge ?

J'avais 13 ans.

C'était un copain de 15 ans qui avait une copine de 18 ans qui n'était pas farouche

du tout, qui l'a ramenée à la maison à l'époque.

Ça s'est passé un après-midi en juillet.

On était trois pour cette première aventure sexuelle.

Est-ce que ça avait été planifié avant ou est-ce que c'était un délire de mercredi

après-midi ?

Ça n'a pas été planifié.

En fait, il m'en a parlé le matin en me disant, tiens, cet après-midi, si tu veux,

elle s'appelait Lydie, cette charmante jeune femme ou vieille femme, parce que quand on

a 13 ans, c'est une vieille à 18.

Il me dit, si tu veux, on peut se faire un plan cul.

Et moi, qu'on n'avait jamais fait, enfin, qui était complètement puceau, bien évidemment,

j'ai dit oui.

C'était sa première fois à elle et à lui ou c'était juste ta première fois à toi ?

Ah non, eux, tous les deux, s'étaient déjà amusés plusieurs fois à deux, à trois et

même plus.

C'était ma première fois à moi.

Ça s'est passé comment ?

Rapidement.

Même à trois ?

Même à trois, oui.

Alors, la recharge a été rapide aussi, bien sûr.

Donc, la deuxième fois était un peu plus longue, mais elle a été quand même assez

rapide aussi.

Donc, c'était un agréable souvenir parce que la sensation, quand c'est la première

fois, c'est juste énorme.

Et puis en plus, comme elle avait 18 ans, elle m'a fait des fellations, chose que je

n'avais pas imaginé.

Voilà.

En fait, j'avais une connaissance sexuelle qui était proche du néant.

J'avais déjà commencé à peu près à me masturber à 13 ans, mais sans plus.

Ça a été beaucoup plus frénétique après.

Mais avant, sans plus, la fellation dans un magazine que je piquais dans la table de nuit

de mon père, j'avais vu un dessin où il y a une dame qui faisait une fellation.

Donc, je savais que ça existait, mais je ne l'avais pas imaginé.

Sur toi ?

Sur moi, bien sûr.

Tout ça t'a fait peur d'y aller ?

Pas du tout.

Tu es allé la fleur au fusil ?

Complètement, complètement.

Ah non, mais même pas un soupçon d'angoisse ni rien.

Voilà, on aurait fait une monopolie ce jour-là, ça aurait été la même chose.

Comment ça s'est passé après ? C'est-à-dire que j'imagine que l'après-midi s'est

étendu, vous êtes resté nu ensemble.

Il y a eu de la tendresse, il y a eu des jeux, il y a eu quoi ?

Ah non, rien du tout.

Tout ça, non, non.

On a dû commencer à 15 heures.

À 16 heures, c'était terminé.

À 16h30, tout le monde était rentré chez soi.

Est-ce que tu as le souvenir d'avoir pris du plaisir ?

J'ai envie de dire oui, et en même temps, je n'en suis pas certain.

J'ai envie de dire oui parce que si je me remémore l'instant, j'avais au minimum

le plaisir cérébral, mais à l'époque, je ne savais pas ce que pouvait être le plaisir

cérébral.

Et quant au plaisir physique, j'imagine que oui, puisque j'ai joui deux fois, oui,

j'ai eu du plaisir, et notamment avec cette fameuse fellation.

C'était une découverte ?

Complètement, oui.

Est-ce que tu t'es senti différent après ?

Pas vraiment.

J'étais entre la fierté d'être dépucelé, de ne plus être puceau, de pouvoir me vanter

ensuite auprès des copains.

Voilà.

Mais en même temps, un peu honteux.

Parce que j'étais conscient qu'une première fois à 13 ans, c'est quand même un peu

du hors norme.

Et à 3.

Et surtout à 3 en plus.

Mais avec le recul, j'oublie le fait qu'on était 3 parce que c'est tellement une

habitude aujourd'hui chez moi.

Mais c'est vrai qu'on était 3, 2, j'avais 13 ans.

C'est vrai que c'était du hors norme.

Et donc j'en étais un peu honteux.

Mais pas au point de m'empêcher de recommencer.

Ça s'est passé comment avec cette amie sur le coup ?

T'as pas trouvé ça bizarre de le voir nu aussi, peut-être en train de bander ?

Non, parce que c'était un copain du club de sport où j'étais.

Donc on se voyait à poil sous la douche, donc y'a pas de soucis.

Non, ça m'a pas…

Lui non plus, il a été hyper détendu avec sa toute petite…

Complètement.

Mais lui en plus, il avait l'habitude.

Il avait l'habitude avec cette copine.

Non, pour lui, ça a été quelque chose de très simple, de très banal.

Elle, ça a été simple et banal.

Quand il lui avait dit au tout début « je te préviens, il est puceau »,

elle avait éclaté de rire.

Elle a dit « on en reparlera dans un moment, tu verras ».

Voilà, et puis effectivement, un moment plus tard, je n'étais plus puceau.

Est-ce que tu les as revus après ?

Vous avez réorganisé un après-midi tous les 3 ?

Non, ça a été la seule fois.

Ça a été la seule fois.

On est restés potes.

Avec mon pote, y'a pas de soucis.

Mais avec cette fille, ça a été la seule fois.

Je vais te poser la question du coup,

quand est-ce que tu as fait la première fois du sexe à deux ?

C'était un an et demi plus tard.

Donc, je n'avais pas encore 15 ans.

On avait fait une sortie d'entraînement de vélo.

À l'époque, je faisais des compétitions cyclistes.

Et on était partis avec les seniors.

Et nous, comme on était des cadets,

on nous a fait faire un circuit un peu plus court.

Mais après, on devait aller à leur avance.

Et puis à ce moment-là, on a traversé une forêt

qui était juste avant un petit village, en région parisienne.

Et là, je vois une jeune fille qui devait avoir, je crois, au moins 16-17 ans,

qui marchait toute seule dans la forêt.

Je me suis arrêté.

Mon pote qui m'accompagnait s'arrête aussi.

Et puis, j'ai carrément dragué la fille.

Pas farouche du tout, mais je lui ai proposé qu'on s'isole un petit peu.

Elle a dit oui.

On est montés un peu plus haut sur le talus dans la forêt.

J'ai fait ma petite affaire.

Et une fois que j'ai eu terminé,

mon premier réflexe a été de lui dire, est-ce que Yannick peut venir ?

Yannick, c'était mon pote qui gardait les vélos.

Elle me dit, oui, si tu veux.

Yannick, tu viens nous rejoindre ?

Et là, il me répond, non, je garde les vélos.

Alors bon, ça s'est terminé comme ça.

Je suis redescendu et puis on a continué à marcher à côté d'elle

pour l'amener jusqu'à la sortie du village.

Et puis, à ce moment-là, on voit les seniors qui reviennent

et qui nous voient tous les deux à pied en train de tenir nos vélos

et de marcher à côté de la fille.

Alors, à ce moment-là, on dit à la fille qu'on l'abandonne

et on se met dans le groupe.

Et les seniors qui viennent à côté de nous,

qu'est-ce que vous faisiez avec cette fille dans la forêt ?

Et Yannick, il dit, vous me croirez jamais.

Didier, il l'a sauté.

Tout le monde me regardait bizarrement.

Il y en avait qui se moquaient, il y en avait qui m'enviaient.

Il y en avait qui regrettaient de ne pas avoir fait le détour.

Et quand il y en a qui lui ont dit, et toi Yannick ?

Et moi, j'ai répondu, non, Yannick, il gardait les vélos.

Elle les voulait bien, mais il n'a pas voulu, il gardait les vélos.

Ils ont tous éclaté de rire.

Ce n'est pas gentil parce qu'en plus, il a traîné ça très longtemps derrière lui.

Le regret, ce choix-là qu'il a fait ?

Non, il a été moqué très, très, pendant très longtemps.

Le pauvre.

C'était quand la première fois que tu as fait l'amour ?

Le 3 novembre 1976.

Très, très précis.

On ne peut pas oublier son premier vrai amour.

C'était maladroit, tremblant, très ému et comment dire, un truc sensationnel.

C'était différent ce que tu avais vécu avant ? Très différent ?

L'approche de la relation sexuelle était totalement différente, bien évidemment.

Quant au plaisir, je ne retiendrai que le plaisir d'avoir été son premier

et d'avoir fait véritablement l'amour.

Pour moi, ça a été un plaisir bien supérieur au plaisir physique.

Cérébralement, ça a été un moment énorme dans ma vie.

C'est un moment, celui-là, je ne l'oublierai jamais.

Autant, je te disais tout à l'heure que je n'appréciais pas avec le recul

la notion de plaisir de la toute première fois.

Autant là, j'ai gardé en moi la notion de plénitude, de bonheur, d'extase

dans cette relation et dans cette fusion sexuelle.

Parce que là, il y a eu fusion et c'était juste énorme.

C'était aussi avec elle que tu as dit je t'aime pour la première fois ?

Ah oui, ça, oui, je lui ai dit je t'aime.

J'ai eu la chance de pouvoir lui redire je t'aime 35 ans plus tard.

Les choses ont bien changé entre temps, bien évidemment.

Et nous avons nous-mêmes changé.

Mais non, je suis resté secrètement amoureux et je resterai amoureux

jusqu'à la fin de mes jours.

Ça fait partie de toi ?

Ah oui, complètement.

Et les autres femmes que j'ai eues dans ma vie,

je les ai profondément aimées et sincèrement aimées.

Il n'y a jamais eu tromperie.

Mais elle, elle occupera une place particulière au moment de mon dernier souffle.

Est-ce que tu considères presque que c'est ta vraie première fois ou pas ?

J'irai même plus loin, je vais même dire je regrette

que ça n'a pas été simplement ma toute première fois.

C'était tellement merveilleux.

C'est maladroit, vraisemblablement.

Pas ou peu de plaisir sexuellement parlant,

mais un plaisir énorme de cette fusion des corps,

de ces caresses, de ces échanges de baisers,

de cette fougue dans les baisers.

C'est la deuxième fois qu'on a fait l'amour.

Là, on a recherché le plaisir.

Mais cette première fois, c'était pas...

On n'était pas parti à la recherche du plaisir.

On était parti...

Pour nous, c'était un peu comme si on s'était mis la bague au doigt.

S'offrir l'un à l'autre, c'était...

Ouais, c'était de faire l'union, l'union sacrée.

La pénétration, ce jour-là, n'a pas été dans le but de la recherche du plaisir.

Elle a été dans le but de faire de sceller un pacte, quelque part.

On aurait pu s'ouvrir les veines et mélanger nos sangs.

Ça aurait été la même chose.

Et ça, ça t'a changé ?

Ça m'a changé parce que ça m'a permis de faire la différence entre

faire l'amour et avoir une relation sexuelle.

C'est deux mondes différents.

Il n'y en a pas un qui est meilleur que l'autre.

Encore que si faire l'amour, c'est quand même bien.

Faire l'amour avec quelqu'un qu'on aime, c'est quand même fabuleux.

Mais dans la recherche du plaisir, il n'y a pas de différence.

Après, cette première fois.

Cette première fois, tu as fait l'amour.

Tu l'avais attendu. Vous l'aviez préparé.

On l'avait espéré.

Ses parents se sont absentés pour...

Il y avait un pont du 1er novembre.

Ils se sont absentés 4-5 jours.

Et donc, on s'est retrouvés et on a passé notre première nuit ensemble.

Parce qu'en plus, ses parents sont partis sans...

Presque en prévenant seulement le 31 octobre.

Tiens, demain, on part le week-end.

Donc, c'est comme ça qu'on a pu se retrouver seuls.

En plus, il y avait son frère à la maison.

Donc, il fallait faire attention qu'il n'aille pas répéter.

Enfin bon, bref.

Donc, tu ne t'étais pas particulièrement préparé à ce moment.

Tu l'avais imaginé peut-être avant ?

Oui, bien sûr.

Je l'avais imaginé, fantasmé.

Oui, je l'avais vécu dans ma tête.

Mais la réalité,

t'as des années-lumières de ce que j'avais imaginé.

On va faire une petite pause.

On va faire un petit jeu.

C'est basé sur le jeu à boire « Je n'ai jamais ».

Donc, en fait, je vais donner des affirmations.

Et tu vas me dire si tu l'as déjà fait, si tu ne l'as jamais fait.

Ou si tu as des anecdotes à ce propos.

Je t'invite à me raconter tout ça

avec toute la générosité qui te caractérise.

J'ai déjà sodomisé un ou une de mes partenaires.

Oui.

Un ? Une ?

Plusieurs.

Les deux ?

Les deux.

C'était bien ?

Je ne suis pas fan de la sodomie.

Je le fais pour faire plaisir,

mais la sensation, moi, en tant que pénétrant,

je ne la trouve pas sensationnelle.

Je préfère une pénétration vaginale.

Je ne pose pas la question normalement,

mais tu as déjà été sodomisé ?

Oui.

C'était bien ?

En dehors du fait que la toute première fois,

ce n'est quand même pas une partie de plaisir.

Physiquement, je ne dirais pas que ça m'apporte quelque chose.

En revanche, cérébralement, c'est énorme.

C'est énorme parce que se retrouver à quatre pattes,

parce que j'ai été sodomisé par une femme avec un sextoy,

me retrouver à quatre pattes livrées comme ça,

c'est avilissant.

Enfin, moi, en tant qu'homme,

j'ai une image avilissante de cette position.

Et là, cérébralement, il y a un cocktail

entre le pour et le contre,

entre le yin, le yang, entre le chaud, le froid.

On va dire que c'est amusant.

Et je ne le fais que si je sais que ma partenaire le réclame.

C'est jamais moi qui le réclamerai.

J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.

Oui, tombé en panne de piles pendant,

mais bon, après les vibrations, je les faisais moi-même.

Tu ne cours pas charger des piles partout,

vider les télécommandes et tout ?

Non, on n'était pas allé jusque là.

La déception, c'était avec l'oeuf de télécommande.

L'oeuf télécommandé.

Alors, on était au Cap d'Ingres,

elle avait mis l'oeuf, on jouait avec.

Et bêtement, j'avais oublié de recharger la batterie

puisque c'était une pile batterie

et on n'a pas joué très, très longtemps.

Donc, on s'est retrouvé en panne de batterie

et se retrouvait avec l'oeuf qui ne bougeait plus.

J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe.

Oui, bien sûr.

Je me suis même récité la composition de l'équipe de foot

de France 98 pour retarder l'éjaculation.

C'est uniquement pour retarder l'éjaculation,

c'est pas parce que tu t'en demies ?

Ah, il y a eu aussi des fois où je m'emmerdais

et là, je pensais pas à France 98,

mais je pensais à...

Tiens, au Fête de Meuf, il faudra que je pense à faire ça ou...

Voilà.

J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre.

Bizarrement, je crois pas.

J'ai pas mémoire.

Je crois pas que j'ai pensé à quelqu'un d'autre en faisant l'amour.

En faisant l'amour, jamais.

Et en ayant une relation sexuelle, jamais.

Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.

Quel est l'endroit pas prévu pour ?

Ça peut être partout.

Ça peut être au travail, dehors...

Alors au travail, non.

Enfin, quoi que moi, mon bureau est dans mon domicile,

donc ça m'est arrivé de me masturber dans mon bureau.

Non, assez banal finalement.

Dans ma douche, dans mon bureau, dans mon lit,

sur mon canapé.

Jamais dans mon jacuzzi.

C'est chiant à nettoyer après.

Ah ouais, après ça colle partout, ça bouche le filtre.

Non, non, jamais.

C'est interdit dans les clubs libertes.

Oui, oui, aussi.

Et puis heureusement.

Mais enfin là, ça empêche surtout

une composition de mixture

qui ne serait pas forcément très agréable.

On va passer à la deuxième partie.

Tu m'as raconté que tu avais été intronisé au libertinage

à l'âge de 23 ans.

Qu'est-ce que ça veut dire, être un intronisé libertin ?

Il faut savoir qu'entre ma toute première fois à 3,

les autres fois où j'étais à 2,

je ne parle pas des fois où j'ai fait l'amour.

Ça, je le mets bien de côté.

À chaque fois que j'ai rencontré une joueuse, une coquine,

j'ai toujours proposé de la partager avec des copains.

J'ai toujours eu cet état d'esprit, l'esprit d'équipe sûrement.

Et puis surtout, c'est qu'à l'époque,

je piquais le bouquin Union dans la table de nuit de mon père,

qui a bercé bon nombre de masturbations.

Et les histoires qui m'excitaient dans ce magazine,

c'était toujours des histoires où ils étaient plusieurs.

Les histoires où ils étaient deux, ça ne m'amusait pas.

Du moins, ça ne m'excitait pas.

Et puis, je pense que c'était sous-jacent.

Je l'avais en moi.

C'était peut-être pas encore complètement exacerbé,

mais je l'avais en moi.

Et puis, un soir, j'habitais Paris à l'époque.

Je vais dans un club qui s'appelait La Cinquième Avenue,

après ça s'est appelé Le Duplex,

aujourd'hui je ne sais plus ce que c'est, en haut de l'avenue Foch.

Je vivais tout seul, c'était une discothèque traditionnelle.

Et je m'installe au bar tranquillement, je commande un verre.

Et puis, en contrebas, il y avait deux couples qui étaient assis,

qui discutaient, qui rigolaient.

Il y avait deux belles femmes d'une quarantaine d'années.

Moi, à l'époque, j'avais 23 ans donc.

Et à cette époque-là, c'était la mode des jupes fendues.

Et j'en ai aperçu une qui, quand elle croisait et décroisait ses jambes,

j'apercevais le haut d'un bas.

J'avais vu ça dans les magazines à cette époque-là.

Et je n'arrivais pas à me détacher du regard, c'est cuit.

Et à un moment, elle me voit et elle en parle à sa voisine,

qui à ce moment, à son tour, se met à faire la même chose.

Et toutes les deux croisent et décroisent.

Et j'aperçois à chaque fois le haut des bas et un peu le début du port de jarretelle.

J'étais complètement émoustillé.

Et elle discute avec les deux hommes qui les accompagnent.

Et à ce moment-là, il y en a un qui se lève et qui vient vers moi.

Et là, je me dis ça y est, je vais me prendre une baffe.

Et le type vient pour m'inviter à venir boire une coupe de champagne avec eux.

J'y suis allé.

Et puis, au bout, on a fait les présentations comme ça, voilà.

Et puis, au bout de un quart d'heure, 20 minutes,

l'un des deux hommes dit bon, ben, maintenant, on va y aller.

Et moi, dans ma tête, je me dis, c'est dommage qu'ils partent maintenant.

J'aurais pu continuer à voir un peu plus.

Et à ce moment-là, il me propose de les accompagner.

Et on s'est retrouvé dans un appartement du septième arrondissement.

Très classe avec la lumière au potentiomètre.

Enfin, des trucs pour l'époque.

Il faut resituer ça. On est en 1984, 85.

Et à ce moment-là, les deux hommes s'installent dans un fauteuil,

se servent un cognac.

Moi, je suis timidement assis sur un coin du canapé.

Ils mettent de la musique. Les deux filles dansent un slow.

Elles se caressent, elles s'embrassent.

J'avais vu ça que dans les films.

Et puis, à un moment, il y en a une des deux qui vient vers moi,

qui m'attrape et qui me mène danser avec elle.

Et je me retrouve à danser avec les deux femmes.

Et elle commence à m'embrasser, à me déshabiller.

Moi, j'étais inquiet. Je regardais les messieurs à côté.

Je me suis dit à quel moment ils vont intervenir, quoi.

Et puis, il y a une des deux d'un qui me dit non, non, laisse-toi aller.

Et puis, elles m'ont fait l'amour toutes les deux.

Devant les deux hommes assis ?

Devant les deux hommes assis.

Et on a sympathisé.

J'imagine à ce stade, tu peux sympathiser.

Oui, à ce stade, on peut sympathiser.

On a sympathisé.

Et ensuite, ils m'ont amené souvent dans les soirées où ils allaient.

J'étais le petit mignon qui les accompagnait.

Et je me suis retrouvé dans mes premiers partouzes comme ça.

C'était des gens qui étaient libertins ?

Oui, à des vrais libertins.

Adorables.

On est restés amis jusqu'à ce que je quitte Paris.

On est restés amis encore à peu près, presque une dizaine d'années.

Après, j'ai quitté Paris.

Ils sont venus une fois passer un week-end en Dordogne,

quelques temps plus tard.

Et puis, petit à petit, on s'est perdus de vue.

Donc là, tu as découvert le libertinage ?

Voilà, exactement.

Et à part cette première fois où j'étais un peu scotché

parce que j'avais un peu peur de la réaction des messieurs,

très vite, je me suis mis dans le mouv' et j'ai vite trouvé ma place.

J'ai vite trouvé mes repères.

J'ai vite compris les us et coutues, moi aussi,

parce qu'il y a dans le monde libertin, le vrai.

On a des coutumes à respecter.

C'est quoi, les codes de consentement, ce genre de choses ?

Voilà, entre autres, il y a toujours ce petit moment de séduction aussi,

par le regard, par le sourire.

À cette époque, tu ne pratiques le libertinage qu'avec eux

ou tu commences à aller balader dans des clubs,

voir un peu ce qui se passe ailleurs ?

C'est-à-dire que déjà, au niveau club à Paris,

au début des années 80, il n'y en avait pas 50 non plus.

Et la plupart étaient réservés uniquement aux couples.

Il se trouve que grâce à eux, j'avais le droit d'aller dans un club

où le patron m'avait pris à la bonne et il me laissait rentrer en tant qu'homme seul,

mais je me mettais au coin du bar et je ne bougeais surtout pas.

Je n'allais embêter personne.

Le couple qui avait envie de faire un trio,

il pouvait facilement me repérer et me faire un signe.

Et là, je bougeais.

Il m'est arrivé de passer des soirées à rien faire.

C'est assez rare, je l'avoue, mais c'est arrivé.

Mais j'étais quand même vachement heureux d'être dans un club libertin,

là où d'autres rêvent d'aller et n'y sont jamais allés

ou n'ont pas l'état d'esprit pour.

Moi, j'étais heureux.

D'ailleurs, le meilleur moment quand on arrive, enfin moi à mon sens,

le meilleur moment quand on arrive dans un club,

c'est de pousser la porte et de ne pas savoir ce qu'on va trouver.

Poser la question en entrant, est-ce qu'il y a du monde ?

C'est la dernière question au monde que je poserai.

Tu préfères découvrir par toi-même et aller au gré de la rencontre et de l'ambiance ?

Ah ben tout à fait, oui, c'est la découverte.

C'est pour ça, par rapport aux petites annonces et tout ça, je trouve ça débile

parce qu'on se connaît déjà à travers les petites annonces.

On s'est dévoilé quasiment tout à travers les photos.

On se donne rendez-vous dans un club.

Il s'agit que ce jour-là, il y a un autre couple à côté qui nous plaît.

On fait comment ? On l'abandonne, celui avec qui on avait rendez-vous ?

Non, on a un peu de savoir-vivre, donc on se frustre.

Donc autant ne pas prendre de rendez-vous et partir à l'aventure.

Il n'y a rien de meilleur. Pourquoi pré-programmer ?

Ça représentait combien de tes soirées à l'époque ?

Quasiment cinq soirées sur sept.

Parce qu'ayant été très bien éduqué par ma première concubine,

au jeu du sexe,

j'étais, et je suis d'ailleurs encore,

j'étais un amant recherché pour mon jeune âge

parce que ma mécanique fonctionnait merveilleusement bien

et que je savais y faire.

Et donc j'étais assez souvent recherché.

En plus, ce couple d'amis au début m'a expliqué le mode de fonctionnement

de l'avenue Foch à l'époque, puisque c'était Avenue Foch

qui avait les rencontres échangistes

et les hommes seuls, les libertins qui y allaient,

qui se proposaient pour les couples.

Et moi, je faisais partie de ces hommes-là.

Sauf qu'à la différence, c'est que moi, je me mettais toujours un peu à l'écart,

ce qui me permettait d'être plus facilement repérable,

d'embêter personne et de me tenir à disposition

d'un couple qui avait envie de jouer.

C'était quoi ? C'était à l'extérieur ?

C'était hors des clubs et des bars ? Tu attendais sur le trottoir ?

Les couples, les hommes seuls, se garaient le long de l'avenue Foch

sur la deuxième partie, en bas, au plus près de la place Dauphine.

Et tout le monde se garait là, mais ça fonctionnait du lundi au dimanche.

On se garait là, on attendait.

Alors j'avoue que très vite,

j'attendais jamais très longtemps.

En plus, j'avais une voiture de société

qui était facilement repérable avec la pub qu'il y avait dessus.

Donc voilà. Et puis, les couples se donnent aussi

les personnes à éviter et les personnes à rencontrer.

Et il se trouve que moi, j'étais souvent cité dans les personnes à rencontrer.

À cette époque-là, t'es célibataire ?

Bien sûr, j'étais totalement libre.

Je rentrais à mon appartement.

J'habitais au Royaume-Almaison, donc à dix minutes de l'avenue Foch.

Donc c'était assez pratique.

C'est très souvent que j'avais des messages sur mon répondeur

parce que j'étais invité à une soirée à 10, 12, 15, 20 personnes.

Des fois, je rentrais à l'appartement, il était 5 heures du matin.

Je me faisais couler un bas, je me mettais dedans, je dormais.

Quand il était froid, ça me réveillait, je me relevais et j'allais travailler.

Sacrée vie.

Ah, c'était une vie, il fallait vraiment être costaud et jeune.

Dans ta vie, tu as eu différents concubinages et mariages,

des relations plutôt longues.

J'ai eu deux concubines et deux épouses, quatre femmes merveilleuses,

quatre femmes qui sont aujourd'hui mes quatre meilleures amies,

quatre femmes présentes à mes 60 ans, par exemple.

Et puis, il y a mon histoire d'amour de jeunesse

qui est toujours, en fait, qui est le fil rouge de ma vie.

Mais c'est une histoire où...

C'est bizarre, c'est bizarre, cette histoire.

J'aimerais tellement finir mes jours avec elle et c'est tellement pas possible

parce que d'un point de vue caractère, c'est...

On n'est absolument pas compatibles.

J'aime la femme complice.

Elle, c'est une femme mère.

Je recherche pas une mère, j'en ai déjà une et elle est extra.

Tu parles de complicité, mais du coup, ton libertinage,

il a continué à se nourrir, même quand tu as été en couple.

Alors avec ma première concubine, on a failli, ça a failli se faire

avec un couple d'amis qu'on voyait très, très, très, très souvent.

Et ça n'est pas fallu de grand chose, mais ça s'est jamais fait.

Avec la deuxième concubine, entre les deux, c'est là que j'ai découvert

le monde libertin.

Avec la deuxième concubine, j'ai voulu me ranger pour devenir monsieur tout le monde.

Mais très vite, ça m'aura démangé quand on y a goûté.

C'est très, très, très difficile de faire une croix définitive dessus.

Et puis, on s'est séparés pour différentes raisons.

Ensuite, il y a eu ma première épouse qui a été,

qui est la mère de mon fils.

On a fait un peu de libertinage tous les deux,

mais c'était surtout des plans à trois avec un autre garçon.

Et puis, il y a eu ma deuxième épouse qui m'a donné dix années

géniales de vie, une femme géniale.

De toute manière, elles ont toutes été géniales, chacune dans sa catégorie.

Elles ont toutes été géniales, certaines plus chiantes que d'autres.

Et si elles écoutent ce podcast, elles se reconnaîtront,

mais elles sont adorables.

Donc, tu es en train de dire que tu as essayé de te ranger,

tu as essayé la monogamie.

Oui, je m'emmerde très vite.

Comment ça se passe du coup ?

Quand tu t'emmerdes, tu fais des bêtises ou alors tu essaies de négocier ?

Non, je ne fais pas de bêtise, jamais, jamais.

Je ne fais pas de bêtise.

C'est un truc qui m'en répile, cette idée là.

Non, c'est juste que je me détache, je me détache.

Et je pense que cette fameuse histoire,

première histoire d'amour qui a failli recommencer 35 ans plus tard,

c'est la raison pour laquelle ça ne peut pas fonctionner tous les deux.

C'est à dire que déjà, c'est une mère plus qu'une complice

ou qu'une compagne ou qu'une épouse ou qu'une coquine,

bien qu'elle soit très coquine, mais dans les jeux à deux.

Elle a tenté les jeux Libertin, elle me dit que c'est pas son truc.

Moi, je l'ai vu faire.

C'était pas pour me faire plaisir, c'était pour se faire plaisir, elle.

Donc, moi, ça ne me pose aucun problème, bien au contraire.

Mais elle n'accepte pas l'idée.

Donc, pour moi, c'est juste pas possible.

Tu as besoin d'être avec une Libertine ?

Tout à fait.

J'ai besoin d'être avec une Libertine parce que j'ai besoin.

Je sais trop ce que représente l'idée d'être amoureux

d'une femme avec qui on partage un lourd secret,

parce que finalement, c'est ça au sein de la famille.

C'est partager un lourd secret, même si moi, dans ma famille,

je pense que personne n'ignore que si je me mets en couple,

c'est forcément avec une Libertine, mais c'est un lourd secret.

Et en même temps, c'est un avantage énorme.

Il y a combien de couples qui se forment et qui très vite se lassent l'un de l'autre

parce qu'ils ne partagent pas un hobby ensemble ?

Tu vois ça comme un hobby ?

Mais bien sûr, le libertinage, mais bien sûr, la recherche du plaisir, c'est un hobby.

C'est comme dire voilà, ce soir, on va se faire un bon restaurant gastronomique.

C'est un plaisir, c'est un hobby.

Et vous avez des gens qui ne vont pas au restaurant gastronomique

parce que l'un trouve que c'est trop cher et l'autre n'aime pas ce style de cuisine.

Vous avez très peu de couples qui vont au cinéma ensemble

ou alors ils y vont, mais ils s'engueulent au moment de choisir le film.

Vous avez très peu de couples qui vont au théâtre ensemble,

qui vont faire les musées ensemble, qui vont faire les expos ensemble,

qui vont visiter des villes, des...

De moins en moins ou très vite dans les couples,

ça se fait pas ensemble ou ça se fait séparément

ou l'un fait ça pour faire plaisir à l'autre.

Et donc, l'avenir de ce genre de relation est toujours éphémère.

Donc, toi, tu as besoin de partager des passions avec la personne avec qui t'es,

dont celle du sexe ?

Complètement.

Moi, il faut qu'elle ait envie de découvrir,

de découvrir la vie, de découvrir ce qu'on peut nous proposer,

que ce soit culturellement, que ce soit sexuellement.

Oui, pour moi, c'est essentiel.

On va dans une ville ou dans un pays qu'on ne connaît pas.

Je veux le visiter.

Avec ma deuxième épouse, on a fait notre voyage de noces en Guadeloupe.

C'est une île.

On a trouvé le moyen de faire 1200 kilomètres sur cette île

parce qu'on a voulu absolument tout voir de l'île de la Guadeloupe,

alors qu'on avait d'autres touristes qui sont arrivés avec nous

qui n'ont pas bougé leur cul de la piscine.

C'est ça, en fait, qui te pousse, c'est cette envie de tout faire,

tout voir, expérimenter.

J'ai toujours faim et soif.

J'ai toujours envie d'apprendre.

J'ai toujours envie de savoir.

J'ai toujours envie de connaître.

J'ai toujours envie d'accéder à l'information pour me faire,

quelle qu'elle soit, pour me faire mon idée à moi.

C'est peut-être pour ça aussi que j'aime bien faire les galeries d'art,

que j'aime bien faire les musées, mais principalement les galeries d'art,

parce que justement, quand je me retrouve face à une toile, quelle qu'elle soit,

bon, je suis fan de Dali, mais bon, c'est pas, je suis pas exceptionnel à ce niveau là.

Mais je suis fan de Dali, de l'homme, de ses oeuvres, quelle qu'elle soit,

parce que je voyage et c'est ça qui est génial.

Et dans la sexualité, c'est la même chose.

Quand on découvre un autre corps, on voyage parce qu'on a beau dire

oui, une femme reste une femme, qu'elle soit blonde, grune, rousse,

mais si elle a toujours un nouveau corps, c'est toujours une nouvelle,

une nouvelle exploration, parce qu'elles ne sont pas forcément sensibles

de la même manière sur toutes les parties de leur corps.

Tu as dit que tu faisais une différence entre faire l'amour et avoir une relation sexuelle.

Comment ça se passe quand on fait du libertinage avec quelqu'un qu'on aime ?

Ça se passe merveilleusement bien, merveilleusement bien.

J'ai une anecdote, d'ailleurs, là dessus, ça faisait trois mois qu'on vivait ensemble.

Un soir, on est dans un club Libertas, on se retrouve dans une partie fine.

Et puis à un moment, elle se fait prendre en levrette et elle prend du plaisir

et je me mets face à elle.

Je lui tiens les cheveux, je lui caresse le visage

et je la vois qui prend énormément de plaisir.

Et là, ça a déclenché en moi l'envie de lui dire je t'aime.

Et je lui ai dit je t'aime.

Et là, elle est partie dans un orgasme de folie.

C'était pas ce que le garçon lui faisait derrière.

C'était simplement l'amalgame cérébral entre le plaisir physique

et le bonheur qu'elle a eu d'entendre ces mots-là.

Et moi, c'était un bonheur de lui dire je t'aime

au moment où elle prenait du plaisir au refaire par un autre.

Quelle plus belle preuve d'amour pour l'un comme pour l'autre.

C'est quelque chose, tu penses, qui qui rapproche ?

Ah oui, terriblement, oui.

Là, on faisait plus qu'un.

On était deux personnes en une.

C'était...

Et après, ce qui a été génial, c'est que pendant de longues années,

un simple regard, on se comprenait, on n'avait même pas de mots à dire.

On comprenait, on se sentait l'un l'autre.

On savait exactement ce que l'autre pensait,

ce que l'autre allait dire, ce que l'autre allait faire.

C'était... Non, non, il y avait une osmose, mais complètement parfaite.

Parfaite.

Et toi, tu mets des limites à ce que ta partenaire peut faire avec d'autres personnes ?

Absolument aucune.

La seule limite que je poserai,

en fait, la seule chose que je lui interdis, c'est de se retenir de quoi que ce soit.

C'est quoi ton rapport à la jalousie, du coup ?

Physiquement, sexuellement, la jalousie, jamais.

Jamais, jamais, jamais.

Ce qui ne m'empêche pas d'avoir de temps en temps une petite boule au ventre.

Quand on fait le jeu, par exemple,

elle s'en va toute seule à l'aventure dans un sauna club.

Donc, je ne sais pas où je vais la retrouver, au sauna ou à Mamme, dans un coin calin.

Je n'en sais rien.

J'attends un petit quart d'heure et pendant ce petit quart d'heure,

j'ai une boule dans l'estomac.

Mais c'est un plaisir.

C'est une douleur et c'est un plaisir.

C'est génial.

C'est...

Et puis, il y a le moment où je la retrouve à ce moment là, où elle est en plein ébat.

Et là, c'est merveilleux.

Après la jalousie,

ouais, je reprocherais sentimentalement.

Ah oui, là, je peux être jaloux si sentimentalement on me trompe.

Mais sexuellement, je m'en fous, mais royalement.

Quel que soit le partenaire ou les partenaires, la partenaire ou les partenaires,

je m'en fiche royalement.

Je veux qu'elle jouisse, quelle que soit la manière, si c'est sa recherche.

Mais je ferai tout, tout, absolument tout pour qu'elle jouisse.

Pour moi, c'est essentiel.

Parce que je sais que plus je vais lui offrir la possibilité

d'explorer ses fantasmes, plus elle sera amoureuse de moi.

Parce que elle, elle se libère.

Elle sait que je suis réellement complice.

Donc, elle saura me le rendre avec de l'amour.

Mais c'est merveilleux.

Ensuite, on rentre à la maison, on fait l'amour tous les deux comme des fous.

Non, c'est énorme.

Aujourd'hui, t'es célibataire, t'as 40 ans de libertinage derrière toi presque.

Qu'est-ce qui a changé dans le milieu libertin, dans ta pratique,

dans ce que tu vois ?

Ce qui a changé, c'est cette approche du monde libertin

par des gens qui ont une culture sexuelle youporn,

par des gens qui ne se sont pas donné le temps

de parcourir un chemin initiatique, de faire les bonnes rencontres

qui les amènent au bon endroit, aux bonnes personnes, aux bonnes ambiances.

Ce côté consumérisme du sexe.

J'ai l'impression qu'en grande partie, il y a forcément des exceptions,

bien évidemment, mais en grande partie, pour les moins de 30 ans,

j'ai l'impression qu'ils vont dans un club libertin comme

comme comme ils vont au Burger King ou au McDo.

C'est un peu la même approche.

Ils vont, ils vont manger.

Ouais, bah là, ils vont baiser.

Ouais, mais quand on va dans un gastronomique,

c'est pas la même démarche.

Eh bien, quand on va dans une soirée où on sait qu'on va retrouver

des vrais libertins avec les codes

que l'on respecte et que l'on fait respecter,

c'est une approche tout à fait différente.

C'est pas du consumérisme sexuel.

Aujourd'hui, des patrons de clubs me disent qu'ils retrouvent plus d'emballages

de cielis et de viagra quand ils ont une clientèle,

une moyenne d'âge inférieure à 40 ans que quand ils ont une moyenne d'âge

supérieure à 45 ans. C'est grave.

Ça veut dire que déjà, les jeunes sont dans l'idée de la performance sexuelle.

Et ce qui est terrible dans cette idée, c'est d'imaginer que les garçons

pensent que tout se passe avec leur pénis.

Il se passe rien.

Le pénis, c'est pour porter les stockades.

Et encore, je connais, j'ai eu le plaisir d'honorer des dames

où même les stockades, elles étaient tellement épuisées

que même pour me faire plaisir, elles ne pouvaient pas.

Et c'était normal.

C'est vantard ce que je dis.

C'est l'expérience, tu parles pour toi.

Moi, je te crois.

Tu as encore des endroits, des lieux ou un libertinage qui t'excite

ou est ce que c'est fini tout ça ?

Ah non, j'ai encore plein de fantasmes.

Le cerveau est une usine à fantasmes.

Moi, j'invite les gens

à ne jamais se retenir de vivre un fantasme.

Il y a plein de gens qui me disent

Ah non, tu comprends, je ne veux pas vivre le fantasme parce qu'après, je vais être déçu.

Mais si tu ne le vis pas, comment tu peux savoir si tu vas être déçu

ou si tu vas être content ?

Il vaut mieux vivre son fantasme et savoir

et ne pas avoir peur parce que derrière, il y aura d'autres fantasmes qui naîtront.

Alors il y en a qui disent oui, mais après, c'est l'escalade.

L'escalade dans quoi ?

Dans la recherche du plaisir ?

Après tout, si ta recherche du plaisir t'amène sur d'autres sentiers,

eh bien, vas-y.

Pourquoi en avoir peur ?

Pourquoi avoir peur de ces plaisirs ?

C'est ridicule.

C'est comme celui qui me dirait

J'aime les fruits de mer, mais je vais me contenter de manger des huîtres.

Bah oui, mais tu n'as pas lourdes.

Tu as les bulots, tu as de la langouste.

Et pourquoi tu vas te contenter de manger que des huîtres ?

Mange aussi des moules.

On va faire un deuxième jeu sur ton imaginaire sexuel.

Je t'invite à me dire s'il y a des choses qui t'inspirent,

s'il y a des noms qui te viennent en tête, des artistes.

Quel est le livre qui t'excite ?

Et s'il y en a un ?

D'une certaine manière, je vais être plutôt banal dans mes histoires d'autres.

C'est un livre que j'ai lu il y a très longtemps.

Je devais avoir, je ne sais pas, moi, 19 ans, 20 ans.

Mais c'est un livre qui m'a guidé.

Et pourtant, je ne suis pas du tout rentré dans le monde SM et tout ça.

Mais ça m'a guidé dans l'idée d'imaginer que les femmes avaient leur propre fantasme.

Chose que les hommes, malheureusement, n'ont toujours pas compris aujourd'hui.

Le film qui te fait vibrer ?

Il y en a plusieurs.

Si on parle, si on parle de libertinage,

sexe ou ce qui s'en rapproche, fatalement Ace Wetshot, bien sûr.

Si on parle sentimentalement, mon côté fleur bleue,

ça va être Love Actually.

C'est avec Karia Nicely, j'arrive jamais à dire son nom.

Elle, quand elle sourit, je fond littéralement quand elle lâche un sourire à l'écran.

Je fond, cette fille, c'est juste énorme.

Et j'ai dû voir ce film presque dix fois.

À chaque fois, il faut que je le regarde avec des Kleenex

parce que j'ai très rapidement les yeux humides.

Meilleur duo de film ?

Est-ce que tu t'y connais en porno ?

Il y a un porno qui te fait vibrer particulièrement ?

Non, alors le porno, je m'y...

Oui, je suis comme tout le monde.

J'ai regardé, je regarde et je regarderai encore des pornos, bien sûr,

qui me font vibrer.

Non, je recherche des situations qui vont m'exciter sur le moment

pour animer une masturbation, la masturbation du moment.

En revanche, j'ai eu la chance de voir la version Caligula non censurée.

Et je crois que c'est le film érotique qui m'a,

qui m'a le plus

excité, avec aussi le film Baise-moi.

De Virginie Depente.

Voilà, ces deux films-là, c'est parce qu'en fait, ils sont scénarisés.

Il y a du sexe dedans.

Alors, c'est un sexe, on pourrait presque dire que parfois c'est gore.

Mais en même temps, c'est le sexe de l'époque qui voulait ça.

Que ce soit au temps des Romains,

au temps des empereurs ou que ce soit à l'époque du film Baise-moi.

Caligula, c'est le film de Tintobras, qui est un film qui a une histoire

un peu incroyable, qui a eu plusieurs versions, qui a été coupée,

qui a été présentée au Festival de Cannes.

Qui est un film très sulfureux sur la folie de Caligula avec des orgies romaines

incroyables, mais il y a aussi des tortures et le côté sombre de l'empereur.

Un film qui est vraiment à voir dans l'histoire du cinéma.

L'image qui te donne des frissons de plaisir.

Une jupe qui se soulève avec le vent, qui dégage le galbe des fesses,

pas obligée de voir la culotte.

Simplement, elle s'est juste soulevée un petit peu, un décolleté un peu prononcé.

Le suggestif, pas forcément ce qui est présenté sur un plateau.

La musique qui te met le mieux dans l'ambiance.

Les chants d'amour de la dame quand elle jouit.

C'est une forme de musique.

On accepte cette réponse.

Le parfum qui réveille tes sens.

Le parfum qui réveille mes sens.

J'aime l'odeur de la lavande, mais bon, j'ai jamais fait l'amour dans un chant de lavande.

Le parfum de la femme, l'odeur de la femme.

Propre, bien évidemment, je précise parce que malheureusement,

ça n'a pas toujours été le cas.

Non, je vais être basique à la limite parce que je vais penser au Chanel numéro 5.

Mais c'est vrai que ce parfum est envoûtant.

Mais si elle porte un autre parfum, elle peut m'envoûter de la même manière.

T'es fermé à rien.

Absolument.

Ah, dans les parfums, j'en ai oublié un.

Vas-y.

Celui du Poppers.

C'est un parfum.

C'est particulier.

C'est un arôme.

T'es fan de Poppers ?

Fan, je n'irai pas jusque là,

mais avec une partenaire qui aime jouer et qui aime elle aussi le Poppers.

Là, c'est juste énorme.

C'est parce que c'est un échange de plaisir augmenté et

bêtement, je dis bien bêtement, surévalué,

parce qu'on est emporté par cet arôme qui nous désinhibe en fin de compte.

On va passer la dernière partie de cette émission.

Est-ce que tu te rappelles de ta dernière fois sexuelle ?

Oui.

C'était quand ?

C'était il y a quelques jours, avec une rencontre faite sur un site de rencontre.

Et il se trouve qu'en plus, je suis dans le fin fond du Périgord.

Il se trouve que cette charmante dame habite à peine à 10 km de chez moi.

Comment ça s'est passé ?

Super bien.

Très agréable, très douce et très coquine en même temps.

Elle sait jouer avec la prostate.

Et j'en parle parce que je suis un homme et que je sais que plein d'hommes

sont coincés avec cette idée d'un doigt pénétrant.

Messieurs, lâchez-vous, lâchez-vous.

Vous ne savez pas à côté de quoi vous passez.

Est-ce que ça avait été planifié ou est-ce que c'était une rencontre comme ça ?

Vous vous êtes dit on se retrouve dans une demi-heure ?

On s'est dit voilà, on se retrouve dans une heure.

J'ai un argument de poids qui est, tu viens à la maison, il fait beau.

On va passer une belle après-midi ensemble.

J'ai un jacuzzi, je te propose une petite séance de jacuzzi.

Ensuite, le soir, on se fera un barbecue.

Et puis voilà.

Donc c'était assez tentant.

Effectivement, on a fait la séance de jacuzzi.

Et ensuite, on n'a pas fait le barbecue tout de suite derrière.

On est allé ensuite dans la chambre.

Ensuite, on a fait le barbecue et ensuite, on est retourné dans la chambre.

Et ensuite, on a refait un dernier jacuzzi pour se refinir de se détendre.

Ça a été une véritable après-midi et soirée de folie.

C'était génial.

Et d'ailleurs, on se revoit demain soir.

C'est super, c'est une très bonne nouvelle.

Est-ce que tu as pris du plaisir ?

Ah, énormément, énormément.

Et là où je suis content, c'est que si on se revoit demain soir,

c'est qu'elle aussi, elle en a pris.

Donc vous voyez demain soir, est-ce que vous avez déjà planifié ce que vous vouliez faire ?

Non, c'est la surprise ?

Non, elle m'a dit je passe demain soir, je me fais payer le café.

J'ai dit welcome et puis on verra.

Qu'est-ce que tu attends maintenant pour la suite ?

Maintenant que tu te connais mieux,

est-ce que tu sais exactement qu'il y a des plans dans lesquels tu n'iras pas

parce que tu sais que c'est pas toi ?

Et ceux où tu te connais mieux, c'est-à-dire ceux où tu préfères le sexe en groupe,

à vraiment plus de gens, c'est plutôt vers ça que tu vas tourner.

Comment tu vois la suite ?

Un endroit où je n'irai jamais, c'est dans les soirées BDSM.

C'est pas mon truc.

Maintenant, je critique pas.

Je comprends que des gens adorent ça.

Il n'y a pas de souci.

C'est pas mon truc.

L'idée de faire mal, l'idée déjà de souffrir,

elle m'est totalement insupportable.

Mais l'idée de faire du mal, je peux pas.

Allez, à la limite, sympathiquement, histoire de collaborer,

je peux faire deux, trois petites tapes sur les fesses lors d'une levrette.

Mais c'est vraiment pour faire plaisir.

Parce que même ça, je prends pas de plaisir à le faire.

Mais je le fais, bien évidemment.

Si je sais qu'elle prend du plaisir avec ça, je vais le faire.

Dans la relation sexuelle à deux,

j'avoue franchement que je m'ennuie très vite.

Et il faut qu'on soit 3, 4, 5, 6, 10, 15, 20.

Ça, ouais, là, je m'éclate.

Parce que je suis autant acteur que contemplateur.

Pas voyeur.

C'est pas du tout la même chose.

Enfin, à mon sens, à moi, contemplateur n'a aucun rapport avec voyeur.

Voyeur, c'est...

On regarde ça avec un oeil plus ou moins malsain.

Contemplateur, c'est...

C'est comme se retrouver devant une toile.

Sauf que là, c'est une toile vivante.

Et c'est...

Voilà, c'est un bonheur de voir les gens s'offrir du plaisir les uns aux autres.

C'est... Voilà, c'est...

C'est ce que j'aime.

M'enfermer dans un salon privé à 2 ou à 4,

non, je m'emmerde.

Tu vas au Cap depuis plusieurs années maintenant.

T'as même un appartement là-bas.

Tu vas continuer à y aller, continuer à pratiquer ?

Bien évidemment, je vais continuer à y aller.

Je...

Je vais pas prendre ma retraite libertine, quand même.

Je suis un peu jeune pour ça.

Mais il y a une période où je n'irai plus.

J'irai encore l'année prochaine à cette période-là,

mais après je n'irai plus, c'est entre le 1er et le 15 août.

Là, cette période-là, c'est un...

Une concentration de beaufs dits libertins,

dont la plupart ne sont même pas des libertins pratiquants,

juste des libertins sympathisants,

qui viennent là plus pour...

Mater.

Et puis il y a les autres qui passent...

Ils ont pas baisé, ils ont pas passé une bonne soirée.

Je les plains, ces gens-là.

Se donner des obligations de résultats

quand ils sont immergés dans un monde libertin,

pour moi, c'est des abrutis.

Alors je dis peut-être ça parce que j'ai dû vécu, que...

C'est possible, peut-être que je me rappelle pas

que moi aussi, j'étais aussi accro et qu'il fallait absolument que je baisse.

Mais le premier bonheur, c'est comme je disais tout à l'heure,

c'est comme quand on rentre dans un club,

on ne sait pas ce qu'on va trouver derrière la porte.

Et bien même quand on va au Cap d'Ingres,

on va croiser des tas de gens où on sait qu'ils partagent

à peu près la même philosophie.

Je dis bien à peu près parce qu'aujourd'hui,

des consommateurs sexuels qui sont de confession libertine,

il y en a de moins en moins.

Ce sont des consommateurs sexuels.

Ce ne sont pas des gens de philosophie libertine.

Et les gens de philosophie libertine, c'est avant tout des libertaires.

Donc qui ne jugent pas.

Et c'est même pas une histoire d'être tolérant,

parce que tolérer, ça veut dire quoi ?

Ça veut dire, je ne suis pas pour, mais j'accepte.

Alors que le vrai libertin, c'est tu es ce que tu es, point barre,

j'ai pas de jugement à avoir.

Quelle que soit ta sexualité,

tu t'éclates avec des gens qui partagent tes plaisirs.

Et quelle que soit la pratique sexuelle,

c'est ça être un vrai libertin, c'est être libertaire,

proche de l'anarchie, ouais, effectivement.

Tu vas rester libertin toute ta vie ?

Je mourrai libertin.

Et tu penses que tu vas pratiquer toute ta vie ?

Tant que la bébête, elle veut bien fonctionner.

Mais bon, elle n'est pas essentielle dans l'offrande de plaisir.

Donc tant que je pourrais jouer avec ma langue et avec mes doigts,

je le ferai.

Et tant que des dames me feront l'honneur de s'offrir à moi,

bien évidemment.

En 40 ans de libertinage,

est-ce que tu peux estimer le nombre de partenaires sexuels que tu as eus ?

Je vais pas faire mon pudique,

mais je peux dire que j'ai fait jouir plus de 2000 femmes dans ma vie, oui.

Et on te remercie pour ça, c'est un grand geste.

Mais je les remercie surtout de s'être fait.

Alors tu dis que les femmes s'offrent,

est-ce que dans le libertinage, les hommes s'offrent aussi ?

Est-ce que tu as le sentiment de t'offrir aux femmes ?

Quand j'étais plus jeune, je m'offrais pas, on me prenait.

Aujourd'hui, alors que je n'ai plus tout à fait l'âge de faire mon difficile,

ben justement, je crois que je suis devenu de plus en plus difficile en vieillissant.

Et je ne m'offre pas comme ça.

Il m'est arrivé de refuser,

et de refuser plus souvent que d'accepter ces dernières années.

Parce que le coït banal, c'est pas mon truc.

J'aime être motivé, j'aime que la femme me fasse envie.

Et je suis désolé, je me forcerai plus.

Je l'ai eu fait, aujourd'hui je ne le ferai plus.

Dans ton expérience pour l'instant,

est-ce que tu as vu des trucs que tu qualifierais d'assez dingues,

qui t'ont étonné, qui t'ont surpris ?

J'ai vu des tas de choses.

Pour certains, ça peut être dingue.

Pour moi, rien.

Moi, à partir du moment où c'est entre adultes et consentants,

je me fous royalement de la pratique.

S'ils sont heureux comme ça, je les incite à continuer.

Rien ne va me choquer.

Après, j'ai vu des choses qui ne me plaisaient pas,

qui ne me convenaient pas à moi,

à ce que je suis ou à ce que je pense.

Ben je m'en détourne, et puis c'est tout.

Mais je ne vais pas aller m'offusquer.

Ça me fait marrer, c'est comme à l'époque des magazines télé dans le temps,

où les gens écrivaient « j'ai regardé telle chaîne, c'était insoutenable ».

T'as une zapette.

Zap.

Perds pas ton temps à critiquer.

Alors là, on le dit dans le négatif, mais dans le positif,

dans les choses qui t'ont le plus amusé.

Ah oui, des tas.

Des tas de choses.

Notamment, une partenaire de jeu, qui se reconnaîtra si elle écoute.

On se retrouvait à l'Extasia, on était sous une tente

dans le fameux petit bois de l'Extasia, dans l'obscurité.

Et elle se fait entreprendre par un couple, et elle fait fontaine.

Et elle avait été tellement enthousiasmée par ce plaisir.

Nouveau pour elle, qu'on est sortis de la tente,

on est allés au bar et elle leur a payé un verre.

Pour le remercier.

Elle leur a payé un Schweppes.

Elle y a du savoir-vivre dans le libertinage.

Voilà, exactement.

Au moins, elle était reconnaissante.

Actuellement, tu es seul.

Est-ce que tu vois une différence entre le fait de libertiner seul,

comme en ce moment, et de libertiner en couple ?

Après, t'es un homme, c'est aussi un contexte particulier.

Donc comment on libertine quand on est un homme seul par rapport à un couple ?

Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, ou du moins ce qui existe en général,

quand un homme seul libertine,

un vrai libertin, je parle pas du mec qui fait ça,

qui drague en cachette de sa femme,

comme il y en a énormément, malheureusement.

Cet après-midi encore, dans les clubs,

nombre d'hommes mariés sont présents dans les clubs,

et dans les saunas, et notamment dans les saunas gays.

J'aime toujours le rappeler.

Et ça, c'est dommage, parce qu'ils devraient parler avec leur femme.

Ça se trouve, elles aimeraient s'amuser à ça aussi avec lui.

Je me présente sur des sites de rencontre,

ou quand je vais en club, je me mets dans un coin à disposition.

En clair, voilà, c'est tout juste si dessus,

il n'y a pas, un peu comme les taxis, la lampe verte qui est allumée.

Si un couple vient vers moi, et que la dame me plaît, bien évidemment,

je vais suivre. Si la dame ne me plaît pas, je n'irai pas.

J'aurai une manière gentille et polie de dire,

« Ah ben, si vous seriez arrivé plus tôt, je ne dis pas, mais là, je viens de donner. »

Comme ça, voilà, bon.

Je ne vais pas vexer, je ne chercherai surtout pas à vexer.

En couple, c'est différent.

En couple, moi, la seule chose qui m'apporte quand je fais du libertinage en couple,

c'est son plaisir. Enfin, ses plaisirs.

Moi, c'est la seule chose qui m'importe.

Je néglige même totalement mon propre plaisir parce que je m'en fous.

Alors, je suis candyliste, ouais, mais j'ai tellement été acteur

qu'aujourd'hui, être contemplateur, c'est une évolution, je dirais.

Et donc, être attentif au plaisir de ma partenaire,

c'est pour moi essentiel.

Veiller à ce que tout se déroule bien pour qu'elle, elle puisse s'abandonner totalement.

C'est-à-dire vérifier que les garçons mettent bien le préservatif,

vérifier qu'ils se comportent bien, qu'ils ne font pas… Voilà.

Et comme ça, je suis garant de sa tranquillité

et elle peut se lâcher, s'abandonner pleinement au plaisir.

Et je suis là et je sais qu'après, en rentrant à la maison,

ça va être très très chaud.

Du coup, on l'entend bien quand tu le parles, tu préfères le libertinage à deux.

Ah ben bien sûr. En couple, c'est merveilleux.

En couple et amoureux surtout.

Parce qu'en couple avec une copine, j'ai déjà fait.

C'est sympathique.

Je vais mettre la même attention autour d'elle

de manière à ce qu'elle puisse se lâcher, s'abandonner.

Mais avec de l'amour, c'est juste énorme.

L'idée juste d'imaginer qu'elle est en train de se faire pénétrer

et qu'elle jouit et là, me pencher sur son visage, l'embrasser

et lui dire je t'aime en même temps, c'est énorme.

C'est la plus belle chose qu'on puisse faire, tu penses ?

Ah oui, pour moi, c'est la plus belle chose que je puisse faire.

Dire je t'aime quand elle jouit d'un autre ou d'une autre.

On va s'arrêter là-dessus parce qu'il y a une idée qui est très belle

qui s'appelle la compersion, qui est un peu l'inverse de la jalousie.

Et c'est quand on aime quelqu'un et on est heureux de son bonheur,

de son plaisir.

Je trouve que c'est une notion qui est très importante.

C'est un mot inventé il n'y a pas très longtemps aux Etats-Unis,

il y a quelques décennies.

Mais je pense qu'on devrait un peu plus le mettre en avant.

Donc je voudrais bien qu'on finisse là-dessus.

Merci Didier.

Merci Lucile.

C'était Première et Dernière fois.

Si ce podcast vous a plu, n'hésitez pas à lui mettre 5 étoiles

et à nous laisser un commentaire.

Tous les autres épisodes de Première et Dernière fois

sont à retrouver sur Slate.fr

ou votre application de podcast préférée.

Merci à toutes et à tous et à très bientôt.

Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org


Première & Dernière fois 10 Erstes & letztes Mal 10 First & last time 10 Primera y última vez 10 Prima e ultima volta 10 Primeira e última vez 10

Nous avons tous et toutes des premières et des dernières fois, et pour beaucoup, le

cheminement entre les deux est une véritable aventure. The journey between the two is a real adventure.

J'ai décidé de rencontrer des inconnus ou presque inconnus, de partager avec elles

et eux ses confidences intimes, et de mesurer l'évolution de leurs désirs entre la première

et la dernière fois.

Didier a 61 ans.

Il est le fondateur et responsable d'édition du Guide France Cochine.

Libertin depuis toujours dans le sens noble du terme, il le rapporte à une forme de philosophie

proche du courant libertaire, voire de l'anarchisme.

La première fois que nous avons fait connaissance, c'était au Cap d'Agde, cet été. Впервые мы встретились в Кап д'Агде этим летом.

Pour le podcast « Lieux du sexe », il avait joué le rôle de passeur dans la ville. Для подкаста "Lieux du sexe" он сыграл роль городского курьера.

Cette fois, je le rencontre dans sa maison du Périgord.

Bonjour Didier.

Bonjour Alessia.

Je vais commencer par la question rituelle et on se vouvoie ou on se tutoie.

Comme tu voules, sans. Как хотите, без.

On va se tutoyer, c'est le plus sympa quand même.

On va rentrer dans le vif du sujet. Давайте перейдем к сути вопроса.

Est-ce que tu te rappelles de ta première fois ?

Très bien, oui.

T'avais quel âge ?

J'avais 13 ans.

C'était un copain de 15 ans qui avait une copine de 18 ans qui n'était pas farouche Era un amigo de 15 años que tenía una novia de 18 que no era tímida... Это был 15-летний друг, у которого была 18-летняя девушка, не стеснявшаяся...

du tout, qui l'a ramenée à la maison à l'époque. который в то время привез ее домой.

Ça s'est passé un après-midi en juillet.

On était trois pour cette première aventure sexuelle.

Est-ce que ça avait été planifié avant ou est-ce que c'était un délire de mercredi

après-midi ?

Ça n'a pas été planifié.

En fait, il m'en a parlé le matin en me disant, tiens, cet après-midi, si tu veux,

elle s'appelait Lydie, cette charmante jeune femme ou vieille femme, parce que quand on

a 13 ans, c'est une vieille à 18.

Il me dit, si tu veux, on peut se faire un plan cul.

Et moi, qu'on n'avait jamais fait, enfin, qui était complètement puceau, bien évidemment,

j'ai dit oui.

C'était sa première fois à elle et à lui ou c'était juste ta première fois à toi ?

Ah non, eux, tous les deux, s'étaient déjà amusés plusieurs fois à deux, à trois et

même plus.

C'était ma première fois à moi.

Ça s'est passé comment ?

Rapidement.

Même à trois ?

Même à trois, oui.

Alors, la recharge a été rapide aussi, bien sûr.

Donc, la deuxième fois était un peu plus longue, mais elle a été quand même assez

rapide aussi.

Donc, c'était un agréable souvenir parce que la sensation, quand c'est la première

fois, c'est juste énorme.

Et puis en plus, comme elle avait 18 ans, elle m'a fait des fellations, chose que je

n'avais pas imaginé.

Voilà.

En fait, j'avais une connaissance sexuelle qui était proche du néant.

J'avais déjà commencé à peu près à me masturber à 13 ans, mais sans plus.

Ça a été beaucoup plus frénétique après.

Mais avant, sans plus, la fellation dans un magazine que je piquais dans la table de nuit

de mon père, j'avais vu un dessin où il y a une dame qui faisait une fellation.

Donc, je savais que ça existait, mais je ne l'avais pas imaginé.

Sur toi ?

Sur moi, bien sûr.

Tout ça t'a fait peur d'y aller ?

Pas du tout.

Tu es allé la fleur au fusil ?

Complètement, complètement.

Ah non, mais même pas un soupçon d'angoisse ni rien.

Voilà, on aurait fait une monopolie ce jour-là, ça aurait été la même chose.

Comment ça s'est passé après ? C'est-à-dire que j'imagine que l'après-midi s'est

étendu, vous êtes resté nu ensemble.

Il y a eu de la tendresse, il y a eu des jeux, il y a eu quoi ?

Ah non, rien du tout.

Tout ça, non, non.

On a dû commencer à 15 heures.

À 16 heures, c'était terminé.

À 16h30, tout le monde était rentré chez soi.

Est-ce que tu as le souvenir d'avoir pris du plaisir ?

J'ai envie de dire oui, et en même temps, je n'en suis pas certain.

J'ai envie de dire oui parce que si je me remémore l'instant, j'avais au minimum

le plaisir cérébral, mais à l'époque, je ne savais pas ce que pouvait être le plaisir

cérébral.

Et quant au plaisir physique, j'imagine que oui, puisque j'ai joui deux fois, oui,

j'ai eu du plaisir, et notamment avec cette fameuse fellation.

C'était une découverte ?

Complètement, oui.

Est-ce que tu t'es senti différent après ?

Pas vraiment.

J'étais entre la fierté d'être dépucelé, de ne plus être puceau, de pouvoir me vanter

ensuite auprès des copains.

Voilà.

Mais en même temps, un peu honteux.

Parce que j'étais conscient qu'une première fois à 13 ans, c'est quand même un peu

du hors norme.

Et à 3.

Et surtout à 3 en plus.

Mais avec le recul, j'oublie le fait qu'on était 3 parce que c'est tellement une

habitude aujourd'hui chez moi.

Mais c'est vrai qu'on était 3, 2, j'avais 13 ans.

C'est vrai que c'était du hors norme.

Et donc j'en étais un peu honteux.

Mais pas au point de m'empêcher de recommencer.

Ça s'est passé comment avec cette amie sur le coup ?

T'as pas trouvé ça bizarre de le voir nu aussi, peut-être en train de bander ?

Non, parce que c'était un copain du club de sport où j'étais.

Donc on se voyait à poil sous la douche, donc y'a pas de soucis.

Non, ça m'a pas…

Lui non plus, il a été hyper détendu avec sa toute petite…

Complètement.

Mais lui en plus, il avait l'habitude.

Il avait l'habitude avec cette copine.

Non, pour lui, ça a été quelque chose de très simple, de très banal.

Elle, ça a été simple et banal.

Quand il lui avait dit au tout début « je te préviens, il est puceau »,

elle avait éclaté de rire.

Elle a dit « on en reparlera dans un moment, tu verras ».

Voilà, et puis effectivement, un moment plus tard, je n'étais plus puceau.

Est-ce que tu les as revus après ?

Vous avez réorganisé un après-midi tous les 3 ?

Non, ça a été la seule fois.

Ça a été la seule fois.

On est restés potes.

Avec mon pote, y'a pas de soucis.

Mais avec cette fille, ça a été la seule fois.

Je vais te poser la question du coup,

quand est-ce que tu as fait la première fois du sexe à deux ?

C'était un an et demi plus tard.

Donc, je n'avais pas encore 15 ans.

On avait fait une sortie d'entraînement de vélo.

À l'époque, je faisais des compétitions cyclistes.

Et on était partis avec les seniors.

Et nous, comme on était des cadets,

on nous a fait faire un circuit un peu plus court.

Mais après, on devait aller à leur avance.

Et puis à ce moment-là, on a traversé une forêt

qui était juste avant un petit village, en région parisienne.

Et là, je vois une jeune fille qui devait avoir, je crois, au moins 16-17 ans,

qui marchait toute seule dans la forêt.

Je me suis arrêté.

Mon pote qui m'accompagnait s'arrête aussi.

Et puis, j'ai carrément dragué la fille.

Pas farouche du tout, mais je lui ai proposé qu'on s'isole un petit peu.

Elle a dit oui.

On est montés un peu plus haut sur le talus dans la forêt.

J'ai fait ma petite affaire.

Et une fois que j'ai eu terminé,

mon premier réflexe a été de lui dire, est-ce que Yannick peut venir ?

Yannick, c'était mon pote qui gardait les vélos.

Elle me dit, oui, si tu veux.

Yannick, tu viens nous rejoindre ?

Et là, il me répond, non, je garde les vélos.

Alors bon, ça s'est terminé comme ça.

Je suis redescendu et puis on a continué à marcher à côté d'elle

pour l'amener jusqu'à la sortie du village.

Et puis, à ce moment-là, on voit les seniors qui reviennent

et qui nous voient tous les deux à pied en train de tenir nos vélos

et de marcher à côté de la fille.

Alors, à ce moment-là, on dit à la fille qu'on l'abandonne

et on se met dans le groupe.

Et les seniors qui viennent à côté de nous,

qu'est-ce que vous faisiez avec cette fille dans la forêt ?

Et Yannick, il dit, vous me croirez jamais.

Didier, il l'a sauté.

Tout le monde me regardait bizarrement.

Il y en avait qui se moquaient, il y en avait qui m'enviaient.

Il y en avait qui regrettaient de ne pas avoir fait le détour.

Et quand il y en a qui lui ont dit, et toi Yannick ?

Et moi, j'ai répondu, non, Yannick, il gardait les vélos.

Elle les voulait bien, mais il n'a pas voulu, il gardait les vélos.

Ils ont tous éclaté de rire.

Ce n'est pas gentil parce qu'en plus, il a traîné ça très longtemps derrière lui.

Le regret, ce choix-là qu'il a fait ?

Non, il a été moqué très, très, pendant très longtemps.

Le pauvre.

C'était quand la première fois que tu as fait l'amour ?

Le 3 novembre 1976.

Très, très précis.

On ne peut pas oublier son premier vrai amour.

C'était maladroit, tremblant, très ému et comment dire, un truc sensationnel.

C'était différent ce que tu avais vécu avant ? Très différent ?

L'approche de la relation sexuelle était totalement différente, bien évidemment.

Quant au plaisir, je ne retiendrai que le plaisir d'avoir été son premier

et d'avoir fait véritablement l'amour.

Pour moi, ça a été un plaisir bien supérieur au plaisir physique.

Cérébralement, ça a été un moment énorme dans ma vie.

C'est un moment, celui-là, je ne l'oublierai jamais.

Autant, je te disais tout à l'heure que je n'appréciais pas avec le recul

la notion de plaisir de la toute première fois.

Autant là, j'ai gardé en moi la notion de plénitude, de bonheur, d'extase

dans cette relation et dans cette fusion sexuelle.

Parce que là, il y a eu fusion et c'était juste énorme.

C'était aussi avec elle que tu as dit je t'aime pour la première fois ?

Ah oui, ça, oui, je lui ai dit je t'aime.

J'ai eu la chance de pouvoir lui redire je t'aime 35 ans plus tard.

Les choses ont bien changé entre temps, bien évidemment.

Et nous avons nous-mêmes changé.

Mais non, je suis resté secrètement amoureux et je resterai amoureux

jusqu'à la fin de mes jours.

Ça fait partie de toi ?

Ah oui, complètement.

Et les autres femmes que j'ai eues dans ma vie,

je les ai profondément aimées et sincèrement aimées.

Il n'y a jamais eu tromperie.

Mais elle, elle occupera une place particulière au moment de mon dernier souffle.

Est-ce que tu considères presque que c'est ta vraie première fois ou pas ?

J'irai même plus loin, je vais même dire je regrette

que ça n'a pas été simplement ma toute première fois.

C'était tellement merveilleux.

C'est maladroit, vraisemblablement.

Pas ou peu de plaisir sexuellement parlant,

mais un plaisir énorme de cette fusion des corps,

de ces caresses, de ces échanges de baisers,

de cette fougue dans les baisers.

C'est la deuxième fois qu'on a fait l'amour.

Là, on a recherché le plaisir.

Mais cette première fois, c'était pas...

On n'était pas parti à la recherche du plaisir.

On était parti...

Pour nous, c'était un peu comme si on s'était mis la bague au doigt.

S'offrir l'un à l'autre, c'était...

Ouais, c'était de faire l'union, l'union sacrée.

La pénétration, ce jour-là, n'a pas été dans le but de la recherche du plaisir.

Elle a été dans le but de faire de sceller un pacte, quelque part.

On aurait pu s'ouvrir les veines et mélanger nos sangs.

Ça aurait été la même chose.

Et ça, ça t'a changé ?

Ça m'a changé parce que ça m'a permis de faire la différence entre

faire l'amour et avoir une relation sexuelle.

C'est deux mondes différents.

Il n'y en a pas un qui est meilleur que l'autre.

Encore que si faire l'amour, c'est quand même bien.

Faire l'amour avec quelqu'un qu'on aime, c'est quand même fabuleux.

Mais dans la recherche du plaisir, il n'y a pas de différence.

Après, cette première fois.

Cette première fois, tu as fait l'amour.

Tu l'avais attendu. Vous l'aviez préparé.

On l'avait espéré.

Ses parents se sont absentés pour...

Il y avait un pont du 1er novembre.

Ils se sont absentés 4-5 jours.

Et donc, on s'est retrouvés et on a passé notre première nuit ensemble.

Parce qu'en plus, ses parents sont partis sans...

Presque en prévenant seulement le 31 octobre.

Tiens, demain, on part le week-end.

Donc, c'est comme ça qu'on a pu se retrouver seuls.

En plus, il y avait son frère à la maison.

Donc, il fallait faire attention qu'il n'aille pas répéter.

Enfin bon, bref.

Donc, tu ne t'étais pas particulièrement préparé à ce moment.

Tu l'avais imaginé peut-être avant ?

Oui, bien sûr.

Je l'avais imaginé, fantasmé.

Oui, je l'avais vécu dans ma tête.

Mais la réalité,

t'as des années-lumières de ce que j'avais imaginé.

On va faire une petite pause.

On va faire un petit jeu.

C'est basé sur le jeu à boire « Je n'ai jamais ».

Donc, en fait, je vais donner des affirmations.

Et tu vas me dire si tu l'as déjà fait, si tu ne l'as jamais fait.

Ou si tu as des anecdotes à ce propos.

Je t'invite à me raconter tout ça

avec toute la générosité qui te caractérise.

J'ai déjà sodomisé un ou une de mes partenaires.

Oui.

Un ? Une ?

Plusieurs.

Les deux ?

Les deux.

C'était bien ?

Je ne suis pas fan de la sodomie.

Je le fais pour faire plaisir,

mais la sensation, moi, en tant que pénétrant,

je ne la trouve pas sensationnelle.

Je préfère une pénétration vaginale.

Je ne pose pas la question normalement,

mais tu as déjà été sodomisé ?

Oui.

C'était bien ?

En dehors du fait que la toute première fois,

ce n'est quand même pas une partie de plaisir.

Physiquement, je ne dirais pas que ça m'apporte quelque chose.

En revanche, cérébralement, c'est énorme.

C'est énorme parce que se retrouver à quatre pattes,

parce que j'ai été sodomisé par une femme avec un sextoy,

me retrouver à quatre pattes livrées comme ça,

c'est avilissant.

Enfin, moi, en tant qu'homme,

j'ai une image avilissante de cette position.

Et là, cérébralement, il y a un cocktail

entre le pour et le contre,

entre le yin, le yang, entre le chaud, le froid.

On va dire que c'est amusant.

Et je ne le fais que si je sais que ma partenaire le réclame.

C'est jamais moi qui le réclamerai.

J'ai déjà eu des soucis avec du matériel.

Oui, tombé en panne de piles pendant,

mais bon, après les vibrations, je les faisais moi-même.

Tu ne cours pas charger des piles partout,

vider les télécommandes et tout ?

Non, on n'était pas allé jusque là.

La déception, c'était avec l'oeuf de télécommande.

L'oeuf télécommandé.

Alors, on était au Cap d'Ingres,

elle avait mis l'oeuf, on jouait avec.

Et bêtement, j'avais oublié de recharger la batterie

puisque c'était une pile batterie

et on n'a pas joué très, très longtemps.

Donc, on s'est retrouvé en panne de batterie

et se retrouvait avec l'oeuf qui ne bougeait plus.

J'ai déjà pensé à ma liste de courses pendant le sexe.

Oui, bien sûr.

Je me suis même récité la composition de l'équipe de foot

de France 98 pour retarder l'éjaculation.

C'est uniquement pour retarder l'éjaculation,

c'est pas parce que tu t'en demies ?

Ah, il y a eu aussi des fois où je m'emmerdais

et là, je pensais pas à France 98,

mais je pensais à...

Tiens, au Fête de Meuf, il faudra que je pense à faire ça ou...

Voilà.

J'ai déjà pensé à quelqu'un d'autre.

Bizarrement, je crois pas.

J'ai pas mémoire.

Je crois pas que j'ai pensé à quelqu'un d'autre en faisant l'amour.

En faisant l'amour, jamais.

Et en ayant une relation sexuelle, jamais.

Je me suis déjà masturbée dans des endroits pas prévus pour.

Quel est l'endroit pas prévu pour ?

Ça peut être partout.

Ça peut être au travail, dehors...

Alors au travail, non.

Enfin, quoi que moi, mon bureau est dans mon domicile,

donc ça m'est arrivé de me masturber dans mon bureau.

Non, assez banal finalement.

Dans ma douche, dans mon bureau, dans mon lit,

sur mon canapé.

Jamais dans mon jacuzzi.

C'est chiant à nettoyer après.

Ah ouais, après ça colle partout, ça bouche le filtre.

Non, non, jamais.

C'est interdit dans les clubs libertes.

Oui, oui, aussi.

Et puis heureusement.

Mais enfin là, ça empêche surtout

une composition de mixture

qui ne serait pas forcément très agréable.

On va passer à la deuxième partie.

Tu m'as raconté que tu avais été intronisé au libertinage

à l'âge de 23 ans.

Qu'est-ce que ça veut dire, être un intronisé libertin ?

Il faut savoir qu'entre ma toute première fois à 3,

les autres fois où j'étais à 2,

je ne parle pas des fois où j'ai fait l'amour.

Ça, je le mets bien de côté.

À chaque fois que j'ai rencontré une joueuse, une coquine,

j'ai toujours proposé de la partager avec des copains.

J'ai toujours eu cet état d'esprit, l'esprit d'équipe sûrement.

Et puis surtout, c'est qu'à l'époque,

je piquais le bouquin Union dans la table de nuit de mon père,

qui a bercé bon nombre de masturbations.

Et les histoires qui m'excitaient dans ce magazine,

c'était toujours des histoires où ils étaient plusieurs.

Les histoires où ils étaient deux, ça ne m'amusait pas.

Du moins, ça ne m'excitait pas.

Et puis, je pense que c'était sous-jacent.

Je l'avais en moi.

C'était peut-être pas encore complètement exacerbé,

mais je l'avais en moi.

Et puis, un soir, j'habitais Paris à l'époque.

Je vais dans un club qui s'appelait La Cinquième Avenue,

après ça s'est appelé Le Duplex,

aujourd'hui je ne sais plus ce que c'est, en haut de l'avenue Foch.

Je vivais tout seul, c'était une discothèque traditionnelle.

Et je m'installe au bar tranquillement, je commande un verre.

Et puis, en contrebas, il y avait deux couples qui étaient assis,

qui discutaient, qui rigolaient.

Il y avait deux belles femmes d'une quarantaine d'années.

Moi, à l'époque, j'avais 23 ans donc.

Et à cette époque-là, c'était la mode des jupes fendues.

Et j'en ai aperçu une qui, quand elle croisait et décroisait ses jambes,

j'apercevais le haut d'un bas.

J'avais vu ça dans les magazines à cette époque-là.

Et je n'arrivais pas à me détacher du regard, c'est cuit.

Et à un moment, elle me voit et elle en parle à sa voisine,

qui à ce moment, à son tour, se met à faire la même chose.

Et toutes les deux croisent et décroisent.

Et j'aperçois à chaque fois le haut des bas et un peu le début du port de jarretelle.

J'étais complètement émoustillé.

Et elle discute avec les deux hommes qui les accompagnent.

Et à ce moment-là, il y en a un qui se lève et qui vient vers moi.

Et là, je me dis ça y est, je vais me prendre une baffe.

Et le type vient pour m'inviter à venir boire une coupe de champagne avec eux.

J'y suis allé.

Et puis, au bout, on a fait les présentations comme ça, voilà.

Et puis, au bout de un quart d'heure, 20 minutes,

l'un des deux hommes dit bon, ben, maintenant, on va y aller.

Et moi, dans ma tête, je me dis, c'est dommage qu'ils partent maintenant.

J'aurais pu continuer à voir un peu plus.

Et à ce moment-là, il me propose de les accompagner.

Et on s'est retrouvé dans un appartement du septième arrondissement.

Très classe avec la lumière au potentiomètre.

Enfin, des trucs pour l'époque.

Il faut resituer ça. On est en 1984, 85.

Et à ce moment-là, les deux hommes s'installent dans un fauteuil,

se servent un cognac.

Moi, je suis timidement assis sur un coin du canapé.

Ils mettent de la musique. Les deux filles dansent un slow.

Elles se caressent, elles s'embrassent.

J'avais vu ça que dans les films.

Et puis, à un moment, il y en a une des deux qui vient vers moi,

qui m'attrape et qui me mène danser avec elle.

Et je me retrouve à danser avec les deux femmes.

Et elle commence à m'embrasser, à me déshabiller.

Moi, j'étais inquiet. Je regardais les messieurs à côté.

Je me suis dit à quel moment ils vont intervenir, quoi.

Et puis, il y a une des deux d'un qui me dit non, non, laisse-toi aller.

Et puis, elles m'ont fait l'amour toutes les deux.

Devant les deux hommes assis ?

Devant les deux hommes assis.

Et on a sympathisé.

J'imagine à ce stade, tu peux sympathiser.

Oui, à ce stade, on peut sympathiser.

On a sympathisé.

Et ensuite, ils m'ont amené souvent dans les soirées où ils allaient.

J'étais le petit mignon qui les accompagnait.

Et je me suis retrouvé dans mes premiers partouzes comme ça.

C'était des gens qui étaient libertins ?

Oui, à des vrais libertins.

Adorables.

On est restés amis jusqu'à ce que je quitte Paris.

On est restés amis encore à peu près, presque une dizaine d'années.

Après, j'ai quitté Paris.

Ils sont venus une fois passer un week-end en Dordogne,

quelques temps plus tard.

Et puis, petit à petit, on s'est perdus de vue.

Donc là, tu as découvert le libertinage ?

Voilà, exactement.

Et à part cette première fois où j'étais un peu scotché

parce que j'avais un peu peur de la réaction des messieurs,

très vite, je me suis mis dans le mouv' et j'ai vite trouvé ma place.

J'ai vite trouvé mes repères.

J'ai vite compris les us et coutues, moi aussi,

parce qu'il y a dans le monde libertin, le vrai.

On a des coutumes à respecter.

C'est quoi, les codes de consentement, ce genre de choses ?

Voilà, entre autres, il y a toujours ce petit moment de séduction aussi,

par le regard, par le sourire.

À cette époque, tu ne pratiques le libertinage qu'avec eux

ou tu commences à aller balader dans des clubs,

voir un peu ce qui se passe ailleurs ?

C'est-à-dire que déjà, au niveau club à Paris,

au début des années 80, il n'y en avait pas 50 non plus.

Et la plupart étaient réservés uniquement aux couples.

Il se trouve que grâce à eux, j'avais le droit d'aller dans un club

où le patron m'avait pris à la bonne et il me laissait rentrer en tant qu'homme seul,

mais je me mettais au coin du bar et je ne bougeais surtout pas.

Je n'allais embêter personne.

Le couple qui avait envie de faire un trio,

il pouvait facilement me repérer et me faire un signe.

Et là, je bougeais.

Il m'est arrivé de passer des soirées à rien faire.

C'est assez rare, je l'avoue, mais c'est arrivé.

Mais j'étais quand même vachement heureux d'être dans un club libertin,

là où d'autres rêvent d'aller et n'y sont jamais allés

ou n'ont pas l'état d'esprit pour.

Moi, j'étais heureux.

D'ailleurs, le meilleur moment quand on arrive, enfin moi à mon sens,

le meilleur moment quand on arrive dans un club,

c'est de pousser la porte et de ne pas savoir ce qu'on va trouver.

Poser la question en entrant, est-ce qu'il y a du monde ?

C'est la dernière question au monde que je poserai.

Tu préfères découvrir par toi-même et aller au gré de la rencontre et de l'ambiance ?

Ah ben tout à fait, oui, c'est la découverte.

C'est pour ça, par rapport aux petites annonces et tout ça, je trouve ça débile

parce qu'on se connaît déjà à travers les petites annonces.

On s'est dévoilé quasiment tout à travers les photos.

On se donne rendez-vous dans un club.

Il s'agit que ce jour-là, il y a un autre couple à côté qui nous plaît.

On fait comment ? On l'abandonne, celui avec qui on avait rendez-vous ?

Non, on a un peu de savoir-vivre, donc on se frustre.

Donc autant ne pas prendre de rendez-vous et partir à l'aventure.

Il n'y a rien de meilleur. Pourquoi pré-programmer ?

Ça représentait combien de tes soirées à l'époque ?

Quasiment cinq soirées sur sept.

Parce qu'ayant été très bien éduqué par ma première concubine,

au jeu du sexe,

j'étais, et je suis d'ailleurs encore,

j'étais un amant recherché pour mon jeune âge

parce que ma mécanique fonctionnait merveilleusement bien

et que je savais y faire.

Et donc j'étais assez souvent recherché.

En plus, ce couple d'amis au début m'a expliqué le mode de fonctionnement

de l'avenue Foch à l'époque, puisque c'était Avenue Foch

qui avait les rencontres échangistes

et les hommes seuls, les libertins qui y allaient,

qui se proposaient pour les couples.

Et moi, je faisais partie de ces hommes-là.

Sauf qu'à la différence, c'est que moi, je me mettais toujours un peu à l'écart,

ce qui me permettait d'être plus facilement repérable,

d'embêter personne et de me tenir à disposition

d'un couple qui avait envie de jouer.

C'était quoi ? C'était à l'extérieur ?

C'était hors des clubs et des bars ? Tu attendais sur le trottoir ?

Les couples, les hommes seuls, se garaient le long de l'avenue Foch

sur la deuxième partie, en bas, au plus près de la place Dauphine.

Et tout le monde se garait là, mais ça fonctionnait du lundi au dimanche.

On se garait là, on attendait.

Alors j'avoue que très vite,

j'attendais jamais très longtemps.

En plus, j'avais une voiture de société

qui était facilement repérable avec la pub qu'il y avait dessus.

Donc voilà. Et puis, les couples se donnent aussi

les personnes à éviter et les personnes à rencontrer.

Et il se trouve que moi, j'étais souvent cité dans les personnes à rencontrer.

À cette époque-là, t'es célibataire ?

Bien sûr, j'étais totalement libre.

Je rentrais à mon appartement.

J'habitais au Royaume-Almaison, donc à dix minutes de l'avenue Foch.

Donc c'était assez pratique.

C'est très souvent que j'avais des messages sur mon répondeur

parce que j'étais invité à une soirée à 10, 12, 15, 20 personnes.

Des fois, je rentrais à l'appartement, il était 5 heures du matin.

Je me faisais couler un bas, je me mettais dedans, je dormais.

Quand il était froid, ça me réveillait, je me relevais et j'allais travailler.

Sacrée vie.

Ah, c'était une vie, il fallait vraiment être costaud et jeune.

Dans ta vie, tu as eu différents concubinages et mariages,

des relations plutôt longues.

J'ai eu deux concubines et deux épouses, quatre femmes merveilleuses,

quatre femmes qui sont aujourd'hui mes quatre meilleures amies,

quatre femmes présentes à mes 60 ans, par exemple.

Et puis, il y a mon histoire d'amour de jeunesse

qui est toujours, en fait, qui est le fil rouge de ma vie.

Mais c'est une histoire où...

C'est bizarre, c'est bizarre, cette histoire.

J'aimerais tellement finir mes jours avec elle et c'est tellement pas possible

parce que d'un point de vue caractère, c'est...

On n'est absolument pas compatibles.

J'aime la femme complice.

Elle, c'est une femme mère.

Je recherche pas une mère, j'en ai déjà une et elle est extra.

Tu parles de complicité, mais du coup, ton libertinage,

il a continué à se nourrir, même quand tu as été en couple.

Alors avec ma première concubine, on a failli, ça a failli se faire

avec un couple d'amis qu'on voyait très, très, très, très souvent.

Et ça n'est pas fallu de grand chose, mais ça s'est jamais fait.

Avec la deuxième concubine, entre les deux, c'est là que j'ai découvert

le monde libertin.

Avec la deuxième concubine, j'ai voulu me ranger pour devenir monsieur tout le monde.

Mais très vite, ça m'aura démangé quand on y a goûté.

C'est très, très, très difficile de faire une croix définitive dessus.

Et puis, on s'est séparés pour différentes raisons.

Ensuite, il y a eu ma première épouse qui a été,

qui est la mère de mon fils.

On a fait un peu de libertinage tous les deux,

mais c'était surtout des plans à trois avec un autre garçon.

Et puis, il y a eu ma deuxième épouse qui m'a donné dix années

géniales de vie, une femme géniale.

De toute manière, elles ont toutes été géniales, chacune dans sa catégorie.

Elles ont toutes été géniales, certaines plus chiantes que d'autres.

Et si elles écoutent ce podcast, elles se reconnaîtront,

mais elles sont adorables.

Donc, tu es en train de dire que tu as essayé de te ranger,

tu as essayé la monogamie.

Oui, je m'emmerde très vite.

Comment ça se passe du coup ?

Quand tu t'emmerdes, tu fais des bêtises ou alors tu essaies de négocier ?

Non, je ne fais pas de bêtise, jamais, jamais.

Je ne fais pas de bêtise.

C'est un truc qui m'en répile, cette idée là.

Non, c'est juste que je me détache, je me détache.

Et je pense que cette fameuse histoire,

première histoire d'amour qui a failli recommencer 35 ans plus tard,

c'est la raison pour laquelle ça ne peut pas fonctionner tous les deux.

C'est à dire que déjà, c'est une mère plus qu'une complice

ou qu'une compagne ou qu'une épouse ou qu'une coquine,

bien qu'elle soit très coquine, mais dans les jeux à deux.

Elle a tenté les jeux Libertin, elle me dit que c'est pas son truc.

Moi, je l'ai vu faire.

C'était pas pour me faire plaisir, c'était pour se faire plaisir, elle.

Donc, moi, ça ne me pose aucun problème, bien au contraire.

Mais elle n'accepte pas l'idée.

Donc, pour moi, c'est juste pas possible.

Tu as besoin d'être avec une Libertine ?

Tout à fait.

J'ai besoin d'être avec une Libertine parce que j'ai besoin.

Je sais trop ce que représente l'idée d'être amoureux

d'une femme avec qui on partage un lourd secret,

parce que finalement, c'est ça au sein de la famille.

C'est partager un lourd secret, même si moi, dans ma famille,

je pense que personne n'ignore que si je me mets en couple,

c'est forcément avec une Libertine, mais c'est un lourd secret.

Et en même temps, c'est un avantage énorme.

Il y a combien de couples qui se forment et qui très vite se lassent l'un de l'autre

parce qu'ils ne partagent pas un hobby ensemble ?

Tu vois ça comme un hobby ?

Mais bien sûr, le libertinage, mais bien sûr, la recherche du plaisir, c'est un hobby.

C'est comme dire voilà, ce soir, on va se faire un bon restaurant gastronomique.

C'est un plaisir, c'est un hobby.

Et vous avez des gens qui ne vont pas au restaurant gastronomique

parce que l'un trouve que c'est trop cher et l'autre n'aime pas ce style de cuisine.

Vous avez très peu de couples qui vont au cinéma ensemble

ou alors ils y vont, mais ils s'engueulent au moment de choisir le film.

Vous avez très peu de couples qui vont au théâtre ensemble,

qui vont faire les musées ensemble, qui vont faire les expos ensemble,

qui vont visiter des villes, des...

De moins en moins ou très vite dans les couples,

ça se fait pas ensemble ou ça se fait séparément

ou l'un fait ça pour faire plaisir à l'autre.

Et donc, l'avenir de ce genre de relation est toujours éphémère.

Donc, toi, tu as besoin de partager des passions avec la personne avec qui t'es,

dont celle du sexe ?

Complètement.

Moi, il faut qu'elle ait envie de découvrir,

de découvrir la vie, de découvrir ce qu'on peut nous proposer,

que ce soit culturellement, que ce soit sexuellement.

Oui, pour moi, c'est essentiel.

On va dans une ville ou dans un pays qu'on ne connaît pas.

Je veux le visiter.

Avec ma deuxième épouse, on a fait notre voyage de noces en Guadeloupe.

C'est une île.

On a trouvé le moyen de faire 1200 kilomètres sur cette île

parce qu'on a voulu absolument tout voir de l'île de la Guadeloupe,

alors qu'on avait d'autres touristes qui sont arrivés avec nous

qui n'ont pas bougé leur cul de la piscine.

C'est ça, en fait, qui te pousse, c'est cette envie de tout faire,

tout voir, expérimenter.

J'ai toujours faim et soif.

J'ai toujours envie d'apprendre.

J'ai toujours envie de savoir.

J'ai toujours envie de connaître.

J'ai toujours envie d'accéder à l'information pour me faire,

quelle qu'elle soit, pour me faire mon idée à moi.

C'est peut-être pour ça aussi que j'aime bien faire les galeries d'art,

que j'aime bien faire les musées, mais principalement les galeries d'art,

parce que justement, quand je me retrouve face à une toile, quelle qu'elle soit,

bon, je suis fan de Dali, mais bon, c'est pas, je suis pas exceptionnel à ce niveau là.

Mais je suis fan de Dali, de l'homme, de ses oeuvres, quelle qu'elle soit,

parce que je voyage et c'est ça qui est génial.

Et dans la sexualité, c'est la même chose.

Quand on découvre un autre corps, on voyage parce qu'on a beau dire

oui, une femme reste une femme, qu'elle soit blonde, grune, rousse,

mais si elle a toujours un nouveau corps, c'est toujours une nouvelle,

une nouvelle exploration, parce qu'elles ne sont pas forcément sensibles

de la même manière sur toutes les parties de leur corps.

Tu as dit que tu faisais une différence entre faire l'amour et avoir une relation sexuelle.

Comment ça se passe quand on fait du libertinage avec quelqu'un qu'on aime ?

Ça se passe merveilleusement bien, merveilleusement bien.

J'ai une anecdote, d'ailleurs, là dessus, ça faisait trois mois qu'on vivait ensemble.

Un soir, on est dans un club Libertas, on se retrouve dans une partie fine.

Et puis à un moment, elle se fait prendre en levrette et elle prend du plaisir

et je me mets face à elle.

Je lui tiens les cheveux, je lui caresse le visage

et je la vois qui prend énormément de plaisir.

Et là, ça a déclenché en moi l'envie de lui dire je t'aime.

Et je lui ai dit je t'aime.

Et là, elle est partie dans un orgasme de folie.

C'était pas ce que le garçon lui faisait derrière.

C'était simplement l'amalgame cérébral entre le plaisir physique

et le bonheur qu'elle a eu d'entendre ces mots-là.

Et moi, c'était un bonheur de lui dire je t'aime

au moment où elle prenait du plaisir au refaire par un autre.

Quelle plus belle preuve d'amour pour l'un comme pour l'autre.

C'est quelque chose, tu penses, qui qui rapproche ?

Ah oui, terriblement, oui.

Là, on faisait plus qu'un.

On était deux personnes en une.

C'était...

Et après, ce qui a été génial, c'est que pendant de longues années,

un simple regard, on se comprenait, on n'avait même pas de mots à dire.

On comprenait, on se sentait l'un l'autre.

On savait exactement ce que l'autre pensait,

ce que l'autre allait dire, ce que l'autre allait faire.

C'était... Non, non, il y avait une osmose, mais complètement parfaite.

Parfaite.

Et toi, tu mets des limites à ce que ta partenaire peut faire avec d'autres personnes ?

Absolument aucune.

La seule limite que je poserai,

en fait, la seule chose que je lui interdis, c'est de se retenir de quoi que ce soit.

C'est quoi ton rapport à la jalousie, du coup ?

Physiquement, sexuellement, la jalousie, jamais.

Jamais, jamais, jamais.

Ce qui ne m'empêche pas d'avoir de temps en temps une petite boule au ventre.

Quand on fait le jeu, par exemple,

elle s'en va toute seule à l'aventure dans un sauna club.

Donc, je ne sais pas où je vais la retrouver, au sauna ou à Mamme, dans un coin calin.

Je n'en sais rien.

J'attends un petit quart d'heure et pendant ce petit quart d'heure,

j'ai une boule dans l'estomac.

Mais c'est un plaisir.

C'est une douleur et c'est un plaisir.

C'est génial.

C'est...

Et puis, il y a le moment où je la retrouve à ce moment là, où elle est en plein ébat.

Et là, c'est merveilleux.

Après la jalousie,

ouais, je reprocherais sentimentalement.

Ah oui, là, je peux être jaloux si sentimentalement on me trompe.

Mais sexuellement, je m'en fous, mais royalement.

Quel que soit le partenaire ou les partenaires, la partenaire ou les partenaires,

je m'en fiche royalement.

Je veux qu'elle jouisse, quelle que soit la manière, si c'est sa recherche.

Mais je ferai tout, tout, absolument tout pour qu'elle jouisse.

Pour moi, c'est essentiel.

Parce que je sais que plus je vais lui offrir la possibilité

d'explorer ses fantasmes, plus elle sera amoureuse de moi.

Parce que elle, elle se libère.

Elle sait que je suis réellement complice.

Donc, elle saura me le rendre avec de l'amour.

Mais c'est merveilleux.

Ensuite, on rentre à la maison, on fait l'amour tous les deux comme des fous.

Non, c'est énorme.

Aujourd'hui, t'es célibataire, t'as 40 ans de libertinage derrière toi presque.

Qu'est-ce qui a changé dans le milieu libertin, dans ta pratique,

dans ce que tu vois ?

Ce qui a changé, c'est cette approche du monde libertin

par des gens qui ont une culture sexuelle youporn,

par des gens qui ne se sont pas donné le temps

de parcourir un chemin initiatique, de faire les bonnes rencontres

qui les amènent au bon endroit, aux bonnes personnes, aux bonnes ambiances.

Ce côté consumérisme du sexe.

J'ai l'impression qu'en grande partie, il y a forcément des exceptions,

bien évidemment, mais en grande partie, pour les moins de 30 ans,

j'ai l'impression qu'ils vont dans un club libertin comme

comme comme ils vont au Burger King ou au McDo.

C'est un peu la même approche.

Ils vont, ils vont manger.

Ouais, bah là, ils vont baiser.

Ouais, mais quand on va dans un gastronomique,

c'est pas la même démarche.

Eh bien, quand on va dans une soirée où on sait qu'on va retrouver

des vrais libertins avec les codes

que l'on respecte et que l'on fait respecter,

c'est une approche tout à fait différente.

C'est pas du consumérisme sexuel.

Aujourd'hui, des patrons de clubs me disent qu'ils retrouvent plus d'emballages

de cielis et de viagra quand ils ont une clientèle,

une moyenne d'âge inférieure à 40 ans que quand ils ont une moyenne d'âge

supérieure à 45 ans. C'est grave.

Ça veut dire que déjà, les jeunes sont dans l'idée de la performance sexuelle.

Et ce qui est terrible dans cette idée, c'est d'imaginer que les garçons

pensent que tout se passe avec leur pénis.

Il se passe rien.

Le pénis, c'est pour porter les stockades.

Et encore, je connais, j'ai eu le plaisir d'honorer des dames

où même les stockades, elles étaient tellement épuisées

que même pour me faire plaisir, elles ne pouvaient pas.

Et c'était normal.

C'est vantard ce que je dis.

C'est l'expérience, tu parles pour toi.

Moi, je te crois.

Tu as encore des endroits, des lieux ou un libertinage qui t'excite

ou est ce que c'est fini tout ça ?

Ah non, j'ai encore plein de fantasmes.

Le cerveau est une usine à fantasmes.

Moi, j'invite les gens

à ne jamais se retenir de vivre un fantasme.

Il y a plein de gens qui me disent

Ah non, tu comprends, je ne veux pas vivre le fantasme parce qu'après, je vais être déçu.

Mais si tu ne le vis pas, comment tu peux savoir si tu vas être déçu

ou si tu vas être content ?

Il vaut mieux vivre son fantasme et savoir

et ne pas avoir peur parce que derrière, il y aura d'autres fantasmes qui naîtront.

Alors il y en a qui disent oui, mais après, c'est l'escalade.

L'escalade dans quoi ?

Dans la recherche du plaisir ?

Après tout, si ta recherche du plaisir t'amène sur d'autres sentiers,

eh bien, vas-y.

Pourquoi en avoir peur ?

Pourquoi avoir peur de ces plaisirs ?

C'est ridicule.

C'est comme celui qui me dirait

J'aime les fruits de mer, mais je vais me contenter de manger des huîtres.

Bah oui, mais tu n'as pas lourdes.

Tu as les bulots, tu as de la langouste.

Et pourquoi tu vas te contenter de manger que des huîtres ?

Mange aussi des moules.

On va faire un deuxième jeu sur ton imaginaire sexuel.

Je t'invite à me dire s'il y a des choses qui t'inspirent,

s'il y a des noms qui te viennent en tête, des artistes.

Quel est le livre qui t'excite ?

Et s'il y en a un ?

D'une certaine manière, je vais être plutôt banal dans mes histoires d'autres.

C'est un livre que j'ai lu il y a très longtemps.

Je devais avoir, je ne sais pas, moi, 19 ans, 20 ans.

Mais c'est un livre qui m'a guidé.

Et pourtant, je ne suis pas du tout rentré dans le monde SM et tout ça.

Mais ça m'a guidé dans l'idée d'imaginer que les femmes avaient leur propre fantasme.

Chose que les hommes, malheureusement, n'ont toujours pas compris aujourd'hui.

Le film qui te fait vibrer ?

Il y en a plusieurs.

Si on parle, si on parle de libertinage,

sexe ou ce qui s'en rapproche, fatalement Ace Wetshot, bien sûr.

Si on parle sentimentalement, mon côté fleur bleue,

ça va être Love Actually.

C'est avec Karia Nicely, j'arrive jamais à dire son nom.

Elle, quand elle sourit, je fond littéralement quand elle lâche un sourire à l'écran.

Je fond, cette fille, c'est juste énorme.

Et j'ai dû voir ce film presque dix fois.

À chaque fois, il faut que je le regarde avec des Kleenex

parce que j'ai très rapidement les yeux humides.

Meilleur duo de film ?

Est-ce que tu t'y connais en porno ?

Il y a un porno qui te fait vibrer particulièrement ?

Non, alors le porno, je m'y...

Oui, je suis comme tout le monde.

J'ai regardé, je regarde et je regarderai encore des pornos, bien sûr,

qui me font vibrer.

Non, je recherche des situations qui vont m'exciter sur le moment

pour animer une masturbation, la masturbation du moment.

En revanche, j'ai eu la chance de voir la version Caligula non censurée.

Et je crois que c'est le film érotique qui m'a,

qui m'a le plus

excité, avec aussi le film Baise-moi.

De Virginie Depente.

Voilà, ces deux films-là, c'est parce qu'en fait, ils sont scénarisés.

Il y a du sexe dedans.

Alors, c'est un sexe, on pourrait presque dire que parfois c'est gore.

Mais en même temps, c'est le sexe de l'époque qui voulait ça.

Que ce soit au temps des Romains,

au temps des empereurs ou que ce soit à l'époque du film Baise-moi.

Caligula, c'est le film de Tintobras, qui est un film qui a une histoire

un peu incroyable, qui a eu plusieurs versions, qui a été coupée,

qui a été présentée au Festival de Cannes.

Qui est un film très sulfureux sur la folie de Caligula avec des orgies romaines

incroyables, mais il y a aussi des tortures et le côté sombre de l'empereur.

Un film qui est vraiment à voir dans l'histoire du cinéma.

L'image qui te donne des frissons de plaisir.

Une jupe qui se soulève avec le vent, qui dégage le galbe des fesses,

pas obligée de voir la culotte.

Simplement, elle s'est juste soulevée un petit peu, un décolleté un peu prononcé.

Le suggestif, pas forcément ce qui est présenté sur un plateau.

La musique qui te met le mieux dans l'ambiance.

Les chants d'amour de la dame quand elle jouit.

C'est une forme de musique.

On accepte cette réponse.

Le parfum qui réveille tes sens.

Le parfum qui réveille mes sens.

J'aime l'odeur de la lavande, mais bon, j'ai jamais fait l'amour dans un chant de lavande.

Le parfum de la femme, l'odeur de la femme.

Propre, bien évidemment, je précise parce que malheureusement,

ça n'a pas toujours été le cas.

Non, je vais être basique à la limite parce que je vais penser au Chanel numéro 5.

Mais c'est vrai que ce parfum est envoûtant.

Mais si elle porte un autre parfum, elle peut m'envoûter de la même manière.

T'es fermé à rien.

Absolument.

Ah, dans les parfums, j'en ai oublié un.

Vas-y.

Celui du Poppers.

C'est un parfum.

C'est particulier.

C'est un arôme.

T'es fan de Poppers ?

Fan, je n'irai pas jusque là,

mais avec une partenaire qui aime jouer et qui aime elle aussi le Poppers.

Là, c'est juste énorme.

C'est parce que c'est un échange de plaisir augmenté et

bêtement, je dis bien bêtement, surévalué,

parce qu'on est emporté par cet arôme qui nous désinhibe en fin de compte.

On va passer la dernière partie de cette émission.

Est-ce que tu te rappelles de ta dernière fois sexuelle ?

Oui.

C'était quand ?

C'était il y a quelques jours, avec une rencontre faite sur un site de rencontre.

Et il se trouve qu'en plus, je suis dans le fin fond du Périgord.

Il se trouve que cette charmante dame habite à peine à 10 km de chez moi.

Comment ça s'est passé ?

Super bien.

Très agréable, très douce et très coquine en même temps.

Elle sait jouer avec la prostate.

Et j'en parle parce que je suis un homme et que je sais que plein d'hommes

sont coincés avec cette idée d'un doigt pénétrant.

Messieurs, lâchez-vous, lâchez-vous.

Vous ne savez pas à côté de quoi vous passez.

Est-ce que ça avait été planifié ou est-ce que c'était une rencontre comme ça ?

Vous vous êtes dit on se retrouve dans une demi-heure ?

On s'est dit voilà, on se retrouve dans une heure.

J'ai un argument de poids qui est, tu viens à la maison, il fait beau.

On va passer une belle après-midi ensemble.

J'ai un jacuzzi, je te propose une petite séance de jacuzzi.

Ensuite, le soir, on se fera un barbecue.

Et puis voilà.

Donc c'était assez tentant.

Effectivement, on a fait la séance de jacuzzi.

Et ensuite, on n'a pas fait le barbecue tout de suite derrière.

On est allé ensuite dans la chambre.

Ensuite, on a fait le barbecue et ensuite, on est retourné dans la chambre.

Et ensuite, on a refait un dernier jacuzzi pour se refinir de se détendre.

Ça a été une véritable après-midi et soirée de folie.

C'était génial.

Et d'ailleurs, on se revoit demain soir.

C'est super, c'est une très bonne nouvelle.

Est-ce que tu as pris du plaisir ?

Ah, énormément, énormément.

Et là où je suis content, c'est que si on se revoit demain soir,

c'est qu'elle aussi, elle en a pris.

Donc vous voyez demain soir, est-ce que vous avez déjà planifié ce que vous vouliez faire ?

Non, c'est la surprise ?

Non, elle m'a dit je passe demain soir, je me fais payer le café.

J'ai dit welcome et puis on verra.

Qu'est-ce que tu attends maintenant pour la suite ?

Maintenant que tu te connais mieux,

est-ce que tu sais exactement qu'il y a des plans dans lesquels tu n'iras pas

parce que tu sais que c'est pas toi ?

Et ceux où tu te connais mieux, c'est-à-dire ceux où tu préfères le sexe en groupe,

à vraiment plus de gens, c'est plutôt vers ça que tu vas tourner.

Comment tu vois la suite ?

Un endroit où je n'irai jamais, c'est dans les soirées BDSM.

C'est pas mon truc.

Maintenant, je critique pas.

Je comprends que des gens adorent ça.

Il n'y a pas de souci.

C'est pas mon truc.

L'idée de faire mal, l'idée déjà de souffrir,

elle m'est totalement insupportable.

Mais l'idée de faire du mal, je peux pas.

Allez, à la limite, sympathiquement, histoire de collaborer,

je peux faire deux, trois petites tapes sur les fesses lors d'une levrette.

Mais c'est vraiment pour faire plaisir.

Parce que même ça, je prends pas de plaisir à le faire.

Mais je le fais, bien évidemment.

Si je sais qu'elle prend du plaisir avec ça, je vais le faire.

Dans la relation sexuelle à deux,

j'avoue franchement que je m'ennuie très vite.

Et il faut qu'on soit 3, 4, 5, 6, 10, 15, 20.

Ça, ouais, là, je m'éclate.

Parce que je suis autant acteur que contemplateur.

Pas voyeur.

C'est pas du tout la même chose.

Enfin, à mon sens, à moi, contemplateur n'a aucun rapport avec voyeur.

Voyeur, c'est...

On regarde ça avec un oeil plus ou moins malsain.

Contemplateur, c'est...

C'est comme se retrouver devant une toile.

Sauf que là, c'est une toile vivante.

Et c'est...

Voilà, c'est un bonheur de voir les gens s'offrir du plaisir les uns aux autres.

C'est... Voilà, c'est...

C'est ce que j'aime.

M'enfermer dans un salon privé à 2 ou à 4,

non, je m'emmerde.

Tu vas au Cap depuis plusieurs années maintenant.

T'as même un appartement là-bas.

Tu vas continuer à y aller, continuer à pratiquer ?

Bien évidemment, je vais continuer à y aller.

Je...

Je vais pas prendre ma retraite libertine, quand même.

Je suis un peu jeune pour ça.

Mais il y a une période où je n'irai plus.

J'irai encore l'année prochaine à cette période-là,

mais après je n'irai plus, c'est entre le 1er et le 15 août.

Là, cette période-là, c'est un...

Une concentration de beaufs dits libertins,

dont la plupart ne sont même pas des libertins pratiquants,

juste des libertins sympathisants,

qui viennent là plus pour...

Mater.

Et puis il y a les autres qui passent...

Ils ont pas baisé, ils ont pas passé une bonne soirée.

Je les plains, ces gens-là.

Se donner des obligations de résultats

quand ils sont immergés dans un monde libertin,

pour moi, c'est des abrutis.

Alors je dis peut-être ça parce que j'ai dû vécu, que...

C'est possible, peut-être que je me rappelle pas

que moi aussi, j'étais aussi accro et qu'il fallait absolument que je baisse.

Mais le premier bonheur, c'est comme je disais tout à l'heure,

c'est comme quand on rentre dans un club,

on ne sait pas ce qu'on va trouver derrière la porte.

Et bien même quand on va au Cap d'Ingres,

on va croiser des tas de gens où on sait qu'ils partagent

à peu près la même philosophie.

Je dis bien à peu près parce qu'aujourd'hui,

des consommateurs sexuels qui sont de confession libertine,

il y en a de moins en moins.

Ce sont des consommateurs sexuels.

Ce ne sont pas des gens de philosophie libertine.

Et les gens de philosophie libertine, c'est avant tout des libertaires.

Donc qui ne jugent pas.

Et c'est même pas une histoire d'être tolérant,

parce que tolérer, ça veut dire quoi ?

Ça veut dire, je ne suis pas pour, mais j'accepte.

Alors que le vrai libertin, c'est tu es ce que tu es, point barre,

j'ai pas de jugement à avoir.

Quelle que soit ta sexualité,

tu t'éclates avec des gens qui partagent tes plaisirs.

Et quelle que soit la pratique sexuelle,

c'est ça être un vrai libertin, c'est être libertaire,

proche de l'anarchie, ouais, effectivement.

Tu vas rester libertin toute ta vie ?

Je mourrai libertin.

Et tu penses que tu vas pratiquer toute ta vie ?

Tant que la bébête, elle veut bien fonctionner.

Mais bon, elle n'est pas essentielle dans l'offrande de plaisir.

Donc tant que je pourrais jouer avec ma langue et avec mes doigts,

je le ferai.

Et tant que des dames me feront l'honneur de s'offrir à moi,

bien évidemment.

En 40 ans de libertinage,

est-ce que tu peux estimer le nombre de partenaires sexuels que tu as eus ?

Je vais pas faire mon pudique,

mais je peux dire que j'ai fait jouir plus de 2000 femmes dans ma vie, oui.

Et on te remercie pour ça, c'est un grand geste.

Mais je les remercie surtout de s'être fait.

Alors tu dis que les femmes s'offrent,

est-ce que dans le libertinage, les hommes s'offrent aussi ?

Est-ce que tu as le sentiment de t'offrir aux femmes ?

Quand j'étais plus jeune, je m'offrais pas, on me prenait.

Aujourd'hui, alors que je n'ai plus tout à fait l'âge de faire mon difficile,

ben justement, je crois que je suis devenu de plus en plus difficile en vieillissant.

Et je ne m'offre pas comme ça.

Il m'est arrivé de refuser,

et de refuser plus souvent que d'accepter ces dernières années.

Parce que le coït banal, c'est pas mon truc.

J'aime être motivé, j'aime que la femme me fasse envie.

Et je suis désolé, je me forcerai plus.

Je l'ai eu fait, aujourd'hui je ne le ferai plus.

Dans ton expérience pour l'instant,

est-ce que tu as vu des trucs que tu qualifierais d'assez dingues,

qui t'ont étonné, qui t'ont surpris ?

J'ai vu des tas de choses.

Pour certains, ça peut être dingue.

Pour moi, rien.

Moi, à partir du moment où c'est entre adultes et consentants,

je me fous royalement de la pratique.

S'ils sont heureux comme ça, je les incite à continuer.

Rien ne va me choquer.

Après, j'ai vu des choses qui ne me plaisaient pas,

qui ne me convenaient pas à moi,

à ce que je suis ou à ce que je pense.

Ben je m'en détourne, et puis c'est tout.

Mais je ne vais pas aller m'offusquer.

Ça me fait marrer, c'est comme à l'époque des magazines télé dans le temps,

où les gens écrivaient « j'ai regardé telle chaîne, c'était insoutenable ».

T'as une zapette.

Zap.

Perds pas ton temps à critiquer.

Alors là, on le dit dans le négatif, mais dans le positif,

dans les choses qui t'ont le plus amusé.

Ah oui, des tas.

Des tas de choses.

Notamment, une partenaire de jeu, qui se reconnaîtra si elle écoute.

On se retrouvait à l'Extasia, on était sous une tente

dans le fameux petit bois de l'Extasia, dans l'obscurité.

Et elle se fait entreprendre par un couple, et elle fait fontaine.

Et elle avait été tellement enthousiasmée par ce plaisir.

Nouveau pour elle, qu'on est sortis de la tente,

on est allés au bar et elle leur a payé un verre.

Pour le remercier.

Elle leur a payé un Schweppes.

Elle y a du savoir-vivre dans le libertinage.

Voilà, exactement.

Au moins, elle était reconnaissante.

Actuellement, tu es seul.

Est-ce que tu vois une différence entre le fait de libertiner seul,

comme en ce moment, et de libertiner en couple ?

Après, t'es un homme, c'est aussi un contexte particulier.

Donc comment on libertine quand on est un homme seul par rapport à un couple ?

Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, ou du moins ce qui existe en général,

quand un homme seul libertine,

un vrai libertin, je parle pas du mec qui fait ça,

qui drague en cachette de sa femme,

comme il y en a énormément, malheureusement.

Cet après-midi encore, dans les clubs,

nombre d'hommes mariés sont présents dans les clubs,

et dans les saunas, et notamment dans les saunas gays.

J'aime toujours le rappeler.

Et ça, c'est dommage, parce qu'ils devraient parler avec leur femme.

Ça se trouve, elles aimeraient s'amuser à ça aussi avec lui.

Je me présente sur des sites de rencontre,

ou quand je vais en club, je me mets dans un coin à disposition.

En clair, voilà, c'est tout juste si dessus,

il n'y a pas, un peu comme les taxis, la lampe verte qui est allumée.

Si un couple vient vers moi, et que la dame me plaît, bien évidemment,

je vais suivre. Si la dame ne me plaît pas, je n'irai pas.

J'aurai une manière gentille et polie de dire,

« Ah ben, si vous seriez arrivé plus tôt, je ne dis pas, mais là, je viens de donner. »

Comme ça, voilà, bon.

Je ne vais pas vexer, je ne chercherai surtout pas à vexer.

En couple, c'est différent.

En couple, moi, la seule chose qui m'apporte quand je fais du libertinage en couple,

c'est son plaisir. Enfin, ses plaisirs.

Moi, c'est la seule chose qui m'importe.

Je néglige même totalement mon propre plaisir parce que je m'en fous.

Alors, je suis candyliste, ouais, mais j'ai tellement été acteur

qu'aujourd'hui, être contemplateur, c'est une évolution, je dirais.

Et donc, être attentif au plaisir de ma partenaire,

c'est pour moi essentiel.

Veiller à ce que tout se déroule bien pour qu'elle, elle puisse s'abandonner totalement.

C'est-à-dire vérifier que les garçons mettent bien le préservatif,

vérifier qu'ils se comportent bien, qu'ils ne font pas… Voilà.

Et comme ça, je suis garant de sa tranquillité

et elle peut se lâcher, s'abandonner pleinement au plaisir.

Et je suis là et je sais qu'après, en rentrant à la maison,

ça va être très très chaud.

Du coup, on l'entend bien quand tu le parles, tu préfères le libertinage à deux.

Ah ben bien sûr. En couple, c'est merveilleux.

En couple et amoureux surtout.

Parce qu'en couple avec une copine, j'ai déjà fait.

C'est sympathique.

Je vais mettre la même attention autour d'elle

de manière à ce qu'elle puisse se lâcher, s'abandonner.

Mais avec de l'amour, c'est juste énorme.

L'idée juste d'imaginer qu'elle est en train de se faire pénétrer

et qu'elle jouit et là, me pencher sur son visage, l'embrasser

et lui dire je t'aime en même temps, c'est énorme.

C'est la plus belle chose qu'on puisse faire, tu penses ?

Ah oui, pour moi, c'est la plus belle chose que je puisse faire.

Dire je t'aime quand elle jouit d'un autre ou d'une autre.

On va s'arrêter là-dessus parce qu'il y a une idée qui est très belle

qui s'appelle la compersion, qui est un peu l'inverse de la jalousie.

Et c'est quand on aime quelqu'un et on est heureux de son bonheur,

de son plaisir.

Je trouve que c'est une notion qui est très importante.

C'est un mot inventé il n'y a pas très longtemps aux Etats-Unis,

il y a quelques décennies.

Mais je pense qu'on devrait un peu plus le mettre en avant.

Donc je voudrais bien qu'on finisse là-dessus.

Merci Didier.

Merci Lucile.

C'était Première et Dernière fois.

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