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Alice au pays des merveilles - Alice in Wonderland, Part (7,8,9)

Part (7,8,9)

CHAPITRE VII.

UN THÉ DE FOUS.

Il y avait une table servie sous un arbre devant la maison, et le Lièvre y prenait le thé avec le Chapelier.

Un Loir profondément endormi était assis entre les deux autres qui s'en servaient comme d'un coussin, le coude appuyé sur lui et causant par-dessus sa tête. « Bien gênant pour le Loir, » pensa Alice. « Mais comme il est endormi je suppose que cela lui est égal. » Bien que la table fût très-grande, ils étaient tous trois serrés l'un contre l'autre à un des coins. « Il n'y a pas de place ! Il n'y a pas de place ! » crièrent-ils en voyant Alice. « Il y a abondance

de place, » dit Alice indignée, et elle s'assit dans un large fauteuil à l'un des bouts de la table.

« Prenez donc du vin, » dit le Lièvre d'un ton engageant.

Alice regarda tout autour de la table, mais il n'y avait que du thé.

« Je ne vois pas de vin, » fit-elle observer.

« Il n'y en a pas, » dit le Lièvre.

« En ce cas il n'était pas très-poli de votre part de m'en offrir, » dit Alice d'un ton fâché.

« Il n'était pas non plus très-poli de votre part de vous mettre à table avant d'y être invitée, » dit le Lièvre.

« J'ignorais que ce fût votre table, » dit Alice.

« Il y a des couverts pour bien plus de trois convives. » « Vos cheveux ont besoin d'être coupés, » dit le Chapelier. Il avait considéré Alice pendant quelque temps avec beaucoup de curiosité, et ce fut la première parole qu'il lui adressa.

« Vous devriez apprendre à ne pas faire de remarques sur les gens ; c'est très-grossier, » dit Alice d'un ton sévère.

À ces mots le Chapelier ouvrit de grands yeux ; mais il se contenta de dire : « Pourquoi une pie ressemble-t-elle à un pupitre ?

» « Bon ! nous allons nous amuser, » pensa Alice. « Je suis bien aise qu'ils se mettent à demander des énigmes. Je crois pouvoir deviner cela, » ajouta-t-elle tout haut.

« Voulez-vous dire que vous croyez pouvoir trouver la réponse ?

» dit le Lièvre. « Précisément, » répondit Alice. « Alors vous devriez dire ce que vous voulez dire, » continua le Lièvre.

« C'est ce que je fais, » répliqua vivement Alice.

« Du moins — je veux dire ce que je dis ; c'est la même chose, n'est-ce pas ? » « Ce n'est pas du tout la même chose, » dit le Chapelier. « Vous pourriez alors dire tout aussi bien que : « Je vois ce que je mange, » est la même chose que : « Je mange ce que je vois. » »

« Vous pourriez alors dire tout aussi bien, » ajouta le Lièvre, « que : « J'aime ce qu'on me donne, » est la même chose que : « On me donne ce que j'aime.

» » « Vous pourriez dire tout aussi bien, » ajouta le Loir, qui paraissait parler tout endormi, « que : « Je respire quand je dors, » est la même chose que : « Je dors quand je respire. » »

« C'est en effet tout un pour vous, » dit le Chapelier.

Sur ce, la conversation tomba et il se fit un silence de quelques minutes. Pendant ce temps, Alice repassa dans son esprit tout ce qu'elle savait au sujet des pies et des pupitres ; ce qui n'était pas grand'chose.

Le Chapelier rompit le silence le premier.

« Quel quantième du mois sommes-nous ? » dit-il en se tournant vers Alice. Il avait tiré sa montre de sa poche et la regardait d'un air inquiet, la secouant de temps à autre et l'approchant de son oreille.

Alice réfléchit un instant et répondit : « Le quatre.

» « Elle est de deux jours en retard, » dit le Chapelier avec un soupir. « Je vous disais bien que le beurre ne vaudrait rien au mouvement ! » ajouta-t-il en regardant le Lièvre avec colère.

« C'était tout ce qu'il y avait de plus fin en beurre, » dit le Lièvre humblement.

« Oui, mais il faut qu'il y soit entré des miettes de pain, » grommela le Chapelier.

« Vous n'auriez pas dû vous servir du couteau au pain pour mettre le beurre. » Le Lièvre prit la montre, et la contempla tristement, puis la trempa dans sa tasse, la contempla de nouveau, et pourtant ne trouva rien de mieux à faire que de répéter sa première observation : « C'était tout ce qu'il y avait de plus fin en beurre. » Alice avait regardé par-dessus son épaule avec curiosité : « Quelle singulière montre ! » dit-elle. « Elle marque le quantième du mois, et ne marque pas l'heure qu'il est ! » « Et pourquoi marquerait-elle l'heure ? » murmura le Chapelier. « Votre montre marque-t-elle dans quelle année vous êtes ? » « Non, assurément ! » répliqua Alice sans hésiter. « Mais c'est parce qu'elle reste à la même année pendant si longtemps. » « Tout comme la mienne, » dit le Chapelier. Alice se trouva fort embarrassée.

L'observation du Chapelier lui paraissait n'avoir aucun sens ; et cependant la phrase était parfaitement correcte. « Je ne vous comprends pas bien, » dit-elle, aussi poliment que possible.

« Le Loir est rendormi, » dit le Chapelier ; et il lui versa un peu de thé chaud sur le nez.

Le Loir secoua la tête avec impatience, et dit, sans ouvrir les yeux : « Sans doute, sans doute, c'est justement ce que j'allais dire.

» « Avez-vous deviné l'énigme ? » dit le Chapelier, se tournant de nouveau vers Alice.

« Non, j'y renonce, » répondit Alice ; « quelle est la réponse ?

» « Je n'en ai pas la moindre idée, » dit le Chapelier. « Ni moi non plus, » dit le Lièvre.

Alice soupira d'ennui.

« Il me semble que vous pourriez mieux employer le temps, » dit-elle, « et ne pas le gaspiller à proposer des énigmes qui n'ont point de réponses. » « Si vous connaissiez le Temps aussi bien que moi, » dit le Chapelier, « vous ne parleriez pas de le gaspiller. On ne gaspille pas quelqu'un. » « Je ne vous comprends pas, » dit Alice. « Je le crois bien, » répondit le Chapelier, en secouant la tête avec mépris ; « je parie que vous n'avez jamais parlé au Temps.

» « Cela se peut bien, » répliqua prudemment Alice, « mais je l'ai souvent mal employé. » « Ah ! voilà donc pourquoi ! Il n'aime pas cela, » dit le Chapelier. « Mais si seulement vous saviez le ménager, il ferait de la pendule tout ce que vous voudriez. Par exemple, supposons qu'il soit neuf heures du matin, l'heure de vos leçons, vous n'auriez qu'à dire tout bas un petit mot au Temps, et l'aiguille partirait en un clin d'œil pour marquer une heure et demie, l'heure du dîner. » (« Je le voudrais bien, » dit tout bas le Lièvre. ) « Cela serait très-agréable, certainement, » dit Alice d'un air pensif ; « mais alors — je n'aurais pas encore faim, comprenez donc. » « Peut-être pas d'abord, » dit le Chapelier ; « mais vous pourriez retenir l'aiguille à une heure et demie aussi longtemps que vous voudriez. » « Est-ce comme cela que vous faites, vous ? » demanda Alice.

Le Chapelier secoua tristement la tête.

« Hélas !

non, » répondit-il, « nous nous sommes querellés au mois de mars dernier, un peu avant qu'il devînt fou. » (Il montrait le Lièvre du bout de sa cuiller.) « C'était à un grand concert donné par la Reine de Cœur, et j'eus à chanter :

« Ah ! vous dirai-je, ma sœur, Ce qui calme ma douleur ! » « Vous connaissez peut-être cette chanson ? » « J'ai entendu chanter quelque chose comme ça, » dit Alice. « Vous savez la suite, » dit le Chapelier ; et il continua :

« C'est que j'avais des dragées, Et que je les ai mangées.

» Ici le Loir se secoua et se mit à chanter, tout en dormant : « Et que je les ai mangées, mangées, mangées, mangées, mangées, » si longtemps, qu'il fallût le pincer pour le faire taire. « Eh bien, j'avais à peine fini le premier couplet, » dit le Chapelier, « que la Reine hurla : « Ah !

c'est comme ça que vous tuez le temps ! Qu'on lui coupe la tête ! » » « Quelle cruauté ! » s'écria Alice.

« Et, depuis lors, » continua le Chapelier avec tristesse, « le Temps ne veut rien faire de ce que je lui demande.

Il est toujours six heures maintenant. » Une brillante idée traversa l'esprit d'Alice. « Est-ce pour cela qu'il y a tant de tasses à thé ici ? » demanda-t-elle.

« Oui, c'est cela, » dit le Chapelier avec un soupir ; « il est toujours l'heure du thé, et nous n'avons pas le temps de laver la vaisselle dans l'intervalle.

» « Alors vous faites tout le tour de la table, je suppose ? » dit Alice. « Justement, » dit le Chapelier, « à mesure que les tasses ont servi. » « Mais, qu'arrive-t-il lorsque vous vous retrouvez au commencement ? » se hasarda de dire Alice.

« Si nous changions de conversation, » interrompit le Lièvre en bâillant ; « celle-ci commence à me fatiguer.

Je propose que la petite demoiselle nous conte une histoire. » « J'ai bien peur de n'en pas savoir, » dit Alice, que cette proposition alarmait un peu. « Eh bien, le Loir va nous en dire une, » crièrent-ils tous deux.

« Allons, Loir, réveillez-vous ! » et ils le pincèrent des deux côtés à la fois.

Le Loir ouvrit lentement les yeux.

« Je ne dormais pas, » dit-il d'une voix faible et enrouée. « Je n'ai pas perdu un mot de ce que vous avez dit, vous autres. » « Racontez-nous une histoire, » dit le Lièvre. « Ah ! Oui, je vous en prie, » dit Alice d'un ton suppliant. « Et faites vite, » ajouta le Chapelier, « sans cela vous allez vous rendormir avant de vous mettre en train.

» « Il y avait une fois trois petites sœurs, » commença bien vite le Loir, « qui s'appelaient Elsie, Lacie, et Tillie, et elles vivaient au fond d'un puits. » « De quoi vivaient-elles ? » dit Alice, qui s'intéressait toujours aux questions de boire ou de manger.

« Elles vivaient de mélasse, » dit le Loir, après avoir réfléchi un instant.

« Ce n'est pas possible, comprenez donc, » fit doucement observer Alice ; « cela les aurait rendues malades.

» « Et en effet, » dit le Loir, « elles étaient très-malades. » Alice chercha à se figurer un peu l'effet que produirait sur elle une manière de vivre si extraordinaire, mais cela lui parut trop embarrassant, et elle continua : « Mais pourquoi vivaient-elles au fond d'un puits ? » « Prenez un peu plus de thé, » dit le Lièvre à Alice avec empressement. « Je n'en ai pas pris du tout, » répondit Alice d'un air offensé.

« Je ne peux donc pas en prendre un peu plus. » « Vous voulez dire que vous ne pouvez pas en prendre moins, » dit le Chapelier. « Il est très-aisé de prendre un peu plus que pas du tout. » « On ne vous a pas demandé votre avis, à vous, » dit Alice. « Ah ! qui est-ce qui se permet de faire des observations ? » demanda le Chapelier d'un air triomphant.

Alice ne savait pas trop que répondre à cela.

Aussi se servit-elle un peu de thé et une tartine de pain et de beurre ; puis elle se tourna du côté du Loir, et répéta sa question. « Pourquoi vivaient-elles au fond d'un puits ? » Le Loir réfléchit de nouveau pendant quelques instants et dit : « C'était un puits de mélasse. » « Il n'en existe pas ! » se mit à dire Alice d'un ton courroucé. Mais le Chapelier et le Lièvre firent « Chut ! Chut ! » et le Loir fit observer d'un ton bourru : « Tâchez d'être polie, ou finissez l'histoire vous-même. » « Non, continuez, je vous prie, » dit Alice très-humblement. « Je ne vous interromprai plus ; peut-être en existe-t-il un. » « Un, vraiment ! » dit le Loir avec indignation ; toutefois il voulut bien continuer. « Donc, ces trois petites sœurs, vous saurez qu'elles faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour s'en tirer. » « Comment auraient-elles pu s'en tirer ? » dit Alice, oubliant tout à fait sa promesse.

« C'est tout simple — »

« Il me faut une tasse propre, » interrompit le Chapelier.

« Avançons tous d'une place. » Il avançait tout en parlant, et le Loir le suivit ; le Lièvre prit la place du Loir, et Alice prit, d'assez mauvaise grâce, celle du Lièvre. Le Chapelier fut le seul qui gagnât au change ; Alice se trouva bien plus mal partagée qu'auparavant, car le Lièvre venait de renverser le lait dans son assiette.

Alice, craignant d'offenser le Loir, reprit avec circonspection : « Mais je ne comprends pas ; comment auraient-elles pu s'en tirer ?

» « C'est tout simple, » dit le Chapelier. « Quand il y a de l'eau dans un puits, vous savez bien comment on en tire, n'est-ce pas ? Eh bien !

d'un puits de mélasse on tire de la mélasse, et quand il y a des petites filles dans la mélasse on les tire en même temps ; comprenez-vous, petite sotte ? » « Pas tout à fait, » dit Alice, encore plus embarrassée par cette réponse. « Alors vous feriez bien de vous taire, » dit le Chapelier.

Alice trouva cette grossièreté un peu trop forte ; elle se leva indignée et s'en alla.

Le Loir s'endormit à l'instant même, et les deux autres ne prirent pas garde à son départ, bien qu'elle regardât en arrière deux ou trois fois, espérant presque qu'ils la rappelleraient. La dernière fois qu'elle les vit, ils cherchaient à mettre le Loir dans la théière.

« À aucun prix je ne voudrais retourner auprès de ces gens-là, » dit Alice, en cherchant son chemin à travers le bois.

« C'est le thé le plus ridicule auquel j'aie assisté de ma vie ! » Comme elle disait cela, elle s'aperçut qu'un des arbres avait une porte par laquelle on pouvait pénétrer à l'intérieur. « Voilà qui est curieux, » pensa-t-elle. « Mais tout est curieux aujourd'hui. Je crois que je ferai bien d'entrer tout de suite. » Elle entra.

Elle se retrouva encore dans la longue salle tout près de la petite table de verre.

« Cette fois je m'y prendrai mieux, » se dit-elle, et elle commença par saisir la petite clef d'or et par ouvrir la porte qui menait au jardin, et puis elle se mit à grignoter le morceau de champignon qu'elle avait mis dans sa poche, jusqu'à ce qu'elle fût réduite à environ deux pieds de haut ; elle prit alors le petit passage ; et enfin — elle se trouva dans le superbe jardin au milieu des brillants parterres et des fraîches fontaines.

CHAPITRE VIII.

LE CROQUET DE LA REINE.

Un grand rosier se trouvait à l'entrée du jardin ; les roses qu'il portait étaient blanches, mais trois jardiniers étaient en train de les peindre en rouge.

Alice s'avança pour les regarder, et, au moment où elle approchait, elle en entendit un qui disait : « Fais donc attention, Cinq, et ne m'éclabousse pas ainsi avec ta peinture. » « Ce n'est pas de ma faute, » dit Cinq d'un ton bourru, « c'est Sept qui m'a poussé le coude. » Là-dessus Sept leva les yeux et dit : « C'est cela, Cinq ! Jetez toujours le blâme sur les autres ! » « Vous feriez bien de vous taire, vous, » dit Cinq. « J'ai entendu la Reine dire pas plus tard que hier que vous méritiez d'être décapité ! » « Pourquoi donc cela ? » dit celui qui avait parlé le premier.

« Cela ne vous regarde pas, Deux, » dit Sept.

« Si fait, cela le regarde, » dit Cinq ; « et je vais le lui dire.

C'est pour avoir apporté à la cuisinière des oignons de tulipe au lieu d'oignons à manger. » Sept jeta là son pinceau et s'écriait : « De toutes les injustices — » lorsque ses regards tombèrent par hasard sur Alice, qui restait là à les regarder, et il se retint tout à coup. Les autres se retournèrent aussi, et tous firent un profond salut.

« Voudriez-vous avoir la bonté de me dire pourquoi vous peignez ces roses ?

» demanda Alice un peu timidement.

Cinq et Sept ne dirent rien, mais regardèrent Deux.

Deux commença à voix basse : « Le fait est, voyez-vous, mademoiselle, qu'il devrait y avoir ici un rosier à fleurs rouges, et nous en avons mis un à fleurs blanches, par erreur. Si la Reine s'en apercevait nous aurions tous la tête tranchée, vous comprenez. Aussi, mademoiselle, vous voyez que nous faisons de notre mieux avant qu'elle vienne pour — »

À ce moment Cinq, qui avait regardé tout le temps avec inquiétude de l'autre côté du jardin, s'écria : « La Reine !

La Reine ! » et les trois ouvriers se précipitèrent aussitôt la face contre terre. Il se faisait un grand bruit de pas, et Alice se retourna, désireuse de voir la Reine.

D'abord venaient des soldats portant des piques ; ils étaient tous faits comme les jardiniers, longs et plats, les mains et les pieds aux coins ; ensuite venaient les dix courtisans.

Ceux-ci étaient tous parés de carreaux de diamant et marchaient deux à deux comme les soldats. Derrière eux venaient les enfants de la Reine ; il y en avait dix, et les petits chérubins gambadaient joyeusement, se tenant par la main deux à deux ; ils étaient tous ornés de cœurs. Après eux venaient les invités, des rois et des reines pour la plupart. Dans le nombre, Alice reconnut le Lapin Blanc. Il avait l'air ému et agité en parlant, souriait à tout ce qu'on disait, et passa sans faire attention à elle. Suivait le Valet de Cœur, portant la couronne sur un coussin de velours ; et, fermant cette longue procession, LE ROI ET LA REINE DE CŒUR.

Alice ne savait pas au juste si elle devait se prosterner comme les trois jardiniers ; mais elle ne se rappelait pas avoir jamais entendu parler d'une pareille formalité.

« Et d'ailleurs à quoi serviraient les processions, » pensa-t-elle, « si les gens avaient à se mettre la face contre terre de façon à ne pas les voir ? » Elle resta donc debout à sa place et attendit.

Quand la procession fut arrivée en face d'Alice, tout le monde s'arrêta pour la regarder, et la Reine dit sévèrement : « Qui est-ce ?

» Elle s'adressait au Valet de Cœur, qui se contenta de saluer et de sourire pour toute réponse.

« Idiot !

» dit la Reine en rejetant la tête en arrière avec impatience ; et, se tournant vers Alice, elle continua : « Votre nom, petite ? » « Je me nomme Alice, s'il plaît à Votre Majesté, » dit Alice fort poliment. Mais elle ajouta en elle-même : « Ces gens-là ne sont, après tout, qu'un paquet de cartes. Pourquoi en aurais-je peur ? » « Et qui sont ceux-ci ? » dit la Reine, montrant du doigt les trois jardiniers étendus autour du rosier. Car vous comprenez que, comme ils avaient la face contre terre et que le dessin qu'ils avaient sur le dos était le même que celui des autres cartes du paquet, elle ne pouvait savoir s'ils étaient des jardiniers, des soldats, des courtisans, ou bien trois de ses propres enfants.

« Comment voulez-vous que je le sache ?

» dit Alice avec un courage qui la surprit elle-même. « Cela n'est pas mon affaire à moi. »La Reine devint pourpre de colère ; et après l'avoir considérée un moment avec des yeux flamboyants comme ceux d'une bête fauve, elle se mit à crier : « Qu'on lui coupe la tête ! » « Quelle idée ! » dit Alice très-haut et d'un ton décidé. La Reine se tut.

Le Roi lui posa la main sur le bras, et lui dit timidement : « Considérez donc, ma chère amie, que ce n'est qu'une enfant.

» La Reine lui tourna le dos avec colère, et dit au Valet : « Retournez-les ! » Ce que fit le Valet très-soigneusement du bout du pied. « Debout !

» dit la Reine d'une voix forte et stridente. Les trois jardiniers se relevèrent à l'instant et se mirent à saluer le Roi, la Reine, les jeunes princes, et tout le monde.

« Finissez !

» cria la Reine.

« Vous m'étourdissez. » Alors, se tournant vers le rosier, elle continua : « Qu'est-ce que vous faites donc là ? » « Avec le bon plaisir de Votre Majesté, » dit Deux d'un ton très-humble, mettant un genou en terre, « nous tâchions — » « Je le vois bien !

» dit la Reine, qui avait pendant ce temps examiné les roses. « Qu'on leur coupe la tête ! » Et la procession continua sa route, trois des soldats restant en arrière pour exécuter les malheureux jardiniers, qui coururent se mettre sous la protection d'Alice.

« Vous ne serez pas décapités, » dit Alice ; et elle les mit dans un grand pot à fleurs qui se trouvait près de là.

Les trois soldats errèrent de côté et d'autre, pendant une ou deux minutes, pour les chercher, puis s'en allèrent tranquillement rejoindre les autres.

« Leur a-t-on coupé la tête ?

» cria la Reine. « Leurs têtes n'y sont plus, s'il plaît à Votre Majesté ! » lui crièrent les soldats.

« C'est bien !

» cria la Reine. « Savez-vous jouer au croquet ? » Les soldats ne soufflèrent mot, et regardèrent Alice, car, évidemment, c'était à elle que s'adressait la question. « Oui, » cria Alice.

« Eh bien, venez !

» hurla la Reine ; et Alice se joignit à la procession, fort curieuse de savoir ce qui allait arriver.

« Il fait un bien beau temps aujourd'hui, » dit une voix timide à côté d'elle.

Elle marchait auprès du Lapin Blanc, qui la regardait d'un œil inquiet.

« Bien beau, » dit Alice.

« Où est la Duchesse ? » « Chut ! Chut ! » dit vivement le Lapin à voix basse et en regardant avec inquiétude par-dessus son épaule. Puis il se leva sur la pointe des pieds, colla sa bouche à l'oreille d'Alice et lui souffla : « Elle est condamnée à mort »

« Pour quelle raison ?

» dit Alice. « Avez-vous dit : « quel dommage ? » » demanda le Lapin.

« Non, » dit Alice.

« Je ne pense pas du tout que ce soit dommage. J'ai dit : « pour quelle raison ? » » « Elle a donné des soufflets à la Reine, » commença le Lapin. (Alice fit entendre un petit éclat de rire.) « Oh, chut ! » dit tout bas le Lapin d'un ton effrayé. « La Reine va nous entendre ! Elle est arrivée un peu tard, voyez-vous, et la Reine a dit — »

« À vos places !

» cria la Reine d'une voix de tonnerre, et les gens se mirent à courir dans toutes les directions, trébuchant les uns contre les autres ; toutefois, au bout de quelques instants chacun fut à sa place et la partie commença.

Alice n'avait de sa vie vu de jeu de croquet aussi curieux que celui-là.

Le terrain n'était que billons et sillons ; des hérissons vivants servaient de boules, et des flamants de maillets. Les soldats, courbés en deux, avaient à se tenir la tête et les pieds sur le sol pour former des arches.

Ce qui embarrassa le plus Alice au commencement du jeu, ce fut de manier le flamant ; elle parvenait bien à fourrer son corps assez commodément sous son bras, en laissant pendre les pieds ; mais, le plus souvent, à peine lui avait-elle allongé le cou bien comme il faut, et allait-elle frapper le hérisson avec la tête, que le flamant se relevait en se tordant, et la regardait d'un air si ébahi qu'elle ne pouvait s'empêcher d'éclater de rire ; et puis, quand elle lui avait fait baisser la tête et allait recommencer, il était bien impatientant de voir que le hérisson s'était déroulé et s'en allait.

En outre, il se trouvait ordinairement un billon ou un sillon dans son chemin partout où elle voulait envoyer le hérisson, et comme les soldats courbés en deux se relevaient sans cesse pour s'en aller d'un autre côté du terrain, Alice en vint bientôt à cette conclusion : que c'était là un jeu fort difficile, en vérité.

Les joueurs jouaient tous à la fois, sans attendre leur tour, se querellant tout le temps et se battant à qui aurait les hérissons.

La Reine entra bientôt dans une colère furieuse et se mit à trépigner en criant : « Qu'on coupe la tête à celui-ci ! » ou bien : « Qu'on coupe la tête à celle-là ! » une fois environ par minute.

Alice commença à se sentir très-mal à l'aise ; il est vrai qu'elle ne s'était pas disputée avec la Reine ; mais elle savait que cela pouvait lui arriver à tout moment.

« Et alors, » pensait-elle, « que deviendrai-je ? Ils aiment terriblement à couper la tête aux gens ici. Ce qui m'étonne, c'est qu'il en reste encore de vivants. » Elle cherchait autour d'elle quelque moyen de s'échapper, et se demandait si elle pourrait se retirer sans être vue ; lorsqu'elle aperçut en l'air quelque chose d'étrange ; cette apparition l'intrigua beaucoup d'abord, mais, après l'avoir considérée quelques instants, elle découvrit que c'était une grimace, et se dit en elle-même, « C'est le Grimaçon ; maintenant j'aurai à qui parler. » « Comment cela va-t-il ? » dit le Chat, quand il y eut assez de sa bouche pour qu'il pût parler.

Alice attendit que les yeux parussent, et lui fit alors un signe de tête amical.

« Il est inutile de lui parler, » pensait-elle, « avant que ses oreilles soient venues, l'une d'elle tout au moins. » Une minute après, la tête se montra tout entière, et alors Alice posa à terre son flamant et se mit à raconter sa partie de croquet, enchantée d'avoir quelqu'un qui l'écoutât. Le Chat trouva apparemment qu'il s'était assez mis en vue ; car sa tête fut tout ce qu'on en aperçut.

« Ils ne jouent pas du tout franc jeu, » commença Alice d'un ton de mécontentement, « et ils se querellent tous si fort, qu'on ne peut pas s'entendre parler ; et puis on dirait qu'ils n'ont aucune règle précise ; du moins, s'il y a des règles, personne ne les suit.

Ensuite vous n'avez pas idée comme cela embrouille que tous les instruments du jeu soient vivants ; par exemple, voilà l'arche par laquelle j'ai à passer qui se promène là-bas à l'autre bout du jeu, et j'aurais fait croquet sur le hérisson de la Reine tout à l'heure, s'il ne s'était pas sauvé en voyant venir le mien ! » « Est-ce que vous aimez la Reine ? » dit le Chat à voix basse.

« Pas du tout, » dit Alice.

« Elle est si — » Au même instant elle aperçut la Reine tout près derrière elle, qui écoutait ; alors elle continua : « si sûre de gagner, que ce n'est guère la peine de finir la partie. » La Reine sourit et passa. « Avec qui causez-vous donc là, » dit le Roi, s'approchant d'Alice et regardant avec une extrême curiosité la tête du Chat.

« C'est un de mes amis, un Grimaçon, » dit Alice : « permettez-moi de vous le présenter.

» « Sa mine ne me plaît pas du tout, » dit le Roi. « Pourtant il peut me baiser la main, si cela lui fait plaisir. » « Non, grand merci, » dit le Chat. « Ne faites pas l'impertinent, » dit le Roi, « et ne me regardez pas ainsi !

» Il s'était mis derrière Alice en disant ces mots.

« Un chat peut bien regarder un roi, » dit Alice.

« J'ai lu quelque chose comme cela dans un livre, mais je ne me rappelle pas où. » « Eh bien, il faut le faire enlever, » dit le Roi d'un ton très-décidé ; et il cria à la Reine, qui passait en ce moment : « Mon amie, je désirerais que vous fissiez enlever ce chat ! » La Reine n'avait qu'une seule manière de trancher les difficultés, petites ou grandes. « Qu'on lui coupe la tête ! » dit-elle sans même se retourner.

« Je vais moi-même chercher le bourreau, » dit le Roi avec empressement ; et il s'en alla précipitamment.

Alice pensa qu'elle ferait bien de retourner voir où en était la partie, car elle entendait au loin la voix de la Reine qui criait de colère.

Elle l'avait déjà entendue condamner trois des joueurs à avoir la tête coupée, parce qu'ils avaient laissé passer leur tour, et elle n'aimait pas du tout la tournure que prenaient les choses ; car le jeu était si embrouillé qu'elle ne savait jamais quand venait son tour. Elle alla à la recherche de son hérisson.

Il était en train de se battre avec un autre hérisson ; ce qui parut à Alice une excellente occasion de faire croquet de l'un sur l'autre.

Il n'y avait à cela qu'une difficulté, et c'était que son flamant avait passé de l'autre côté du jardin, où Alice le voyait qui faisait de vains efforts pour s'enlever et se percher sur un arbre.

Quand elle eut rattrapé et ramené le flamant, la bataille était terminée, et les deux hérissons avaient disparu.

« Mais cela ne fait pas grand'chose, » pensa Alice, « puisque toutes les arches ont quitté ce côté de la pelouse. » Elle remit donc le flamant sous son bras pour qu'il ne lui échappât plus, et retourna causer un peu avec son ami.

Quand elle revint auprès du Chat, elle fut surprise de trouver une grande foule rassemblée autour de lui.

Une discussion avait lieu entre le bourreau, le Roi, et la Reine, qui parlaient tous à la fois, tandis que les autres ne soufflaient mot et semblaient très-mal à l'aise.

Dès que parut Alice, ils en appelèrent à elle tous les trois pour qu'elle décidât la question, et lui répétèrent leurs raisonnements.

Comme ils parlaient tous à la fois, elle eut beaucoup de peine à comprendre ce qu'ils disaient.

Le raisonnement du bourreau était : qu'on ne pouvait pas trancher une tête, à moins qu'il n'y eût un corps d'où l'on pût la couper ; que jamais il n'avait eu pareille chose à faire, et que ce n'était pas à son âge qu'il allait commencer.Le raisonnement du Roi était : que tout ce qui avait une tête pouvait être décapité, et qu'il ne fallait pas dire des choses qui n'avaient pas de bon sens.

Le raisonnement de la Reine était : que si la question ne se décidait pas en moins de rien, elle ferait trancher la tête à tout le monde à la ronde.

(C'était cette dernière observation qui avait donné à toute la compagnie l'air si grave et si inquiet. ) Alice ne trouva rien de mieux à dire que : « Il appartient à la Duchesse ; c'est elle que vous feriez bien de consulter à ce sujet. » « Elle est en prison, » dit la Reine au bourreau. « Qu'on l'amène ici. » Et le bourreau partit comme un trait.

La tête du Chat commença à s'évanouir aussitôt que le bourreau fut parti, et elle avait complétement disparu quand il revint accompagné de la Duchesse ; de sorte que le Roi et le bourreau se mirent à courir de côté et d'autre comme des fous pour trouver cette tête, tandis que le reste de la compagnie retournait au jeu.

CHAPITRE IX.

HISTOIRE DE LA FAUSSE-TORTUE.

« Vous ne sauriez croire combien je suis heureuse de vous voir, ma bonne vieille fille !

» dit la Duchesse, passant amicalement son bras sous celui d'Alice, et elles s'éloignèrent ensemble.

Alice était bien contente de la trouver de si bonne humeur, et pensait en elle-même que c'était peut-être le poivre qui l'avait rendue si méchante, lorsqu'elles se rencontrèrent dans la cuisine.

« Quand je serai Duchesse, moi, » se dit-elle (d'un ton qui exprimait peu d'espérance cependant), « je n'aurai pas de poivre dans ma cuisine, pas le moindre grain. La soupe peut très-bien s'en passer. Ça pourrait bien être le poivre qui échauffe la bile des gens, » continua-t-elle, enchantée d'avoir fait cette découverte ; « ça pourrait bien être le vinaigre qui les aigrit ; la camomille qui les rend amères ; et le sucre d'orge et d'autres choses du même genre qui adoucissent le caractère des enfants. Je voudrais bien que tout le monde sût cela ; on ne serait pas si chiche de sucreries, voyez-vous. » Elle avait alors complètement oublié la Duchesse, et tressaillit en entendant sa voix tout près de son oreille. « Vous pensez à quelque chose, ma chère petite, et cela vous fait oublier de causer. Je ne puis pas vous dire en ce moment quelle est la morale de ce fait, mais je m'en souviendrai tout à l'heure. » « Peut-être n'y en a-t-il pas, » se hasarda de dire Alice. « Bah, bah, mon enfant !

» dit la Duchesse. « Il y a une morale à tout, si seulement on pouvait la trouver. » Et elle se serra plus près d'Alice en parlant.

Alice n'aimait pas trop qu'elle se tînt si près d'elle ; d'abord parce que la Duchesse était très-laide, et ensuite parce qu'elle était juste assez grande pour appuyer son menton sur l'épaule d'Alice, et c'était un menton très-désagréablement pointu.

Pourtant elle ne voulait pas être impolie, et elle supporta cela de son mieux.

« La partie va un peu mieux maintenant, » dit-elle, afin de soutenir la conversation.

« C'est vrai, » dit la Duchesse ; « et la morale en est : « Oh !

c'est l'amour, l'amour qui fait aller le monde à la ronde ! » » « Quelqu'un a dit, » murmura Alice, « que c'est quand chacun s'occupe de ses affaires que le monde n'en va que mieux. » « Eh bien ! Cela signifie presque la même chose, » dit la Duchesse, qui enfonça son petit menton pointu dans l'épaule d'Alice, en ajoutant : « Et la morale en est : « Un chien vaut mieux que deux gros rats. » » « Comme elle aime à trouver des morales partout ! » pensa Alice. « Je parie que vous vous demandez pourquoi je ne passe pas mon bras autour de votre taille, » dit la Duchesse après une pause : « La raison en est que je ne me fie pas trop à votre flamant. Voulez-vous que j'essaie ? » « Il pourrait mordre, » répondit Alice, qui ne se sentait pas la moindre envie de faire l'essai proposé. « C'est bien vrai, » dit la Duchesse ; « les flamants et la moutarde mordent tous les deux, et la morale en est : « Qui se ressemble, s'assemble.

» » « Seulement la moutarde n'est pas un oiseau, » répondit Alice. « Vous avez raison, comme toujours, » dit la Duchesse ; « avec quelle clarté, vous présentez les choses !

» « C'est un minéral, je crois, » dit Alice. « Assurément, » dit la Duchesse, qui semblait prête à approuver tout ce que disait Alice ; « il y a une bonne mine de moutarde près d'ici ; la morale en est qu'il faut faire bonne mine à tout le monde !

» « Oh ! je sais, » s'écria Alice, qui n'avait pas fait attention à cette dernière observation, « c'est un végétal ; ça n'en a pas l'air, mais c'en est un. » « Je suis tout à fait de votre avis, » dit la Duchesse, « et la morale en est : « Soyez ce que vous voulez paraître ; » ou, si vous voulez que je le dise plus simplement : « Ne vous imaginez jamais de ne pas être autrement que ce qu'il pourrait sembler aux autres que ce que vous étiez ou auriez pu être n'était pas autrement que ce que vous aviez été leur aurait paru être autrement. » » « Il me semble que je comprendrais mieux cela, » dit Alice fort poliment, « si je l'avais par écrit : mais je ne peux pas très-bien le suivre comme vous le dites. » « Cela n'est rien auprès de ce que je pourrais dire si je voulais, » répondit la Duchesse d'un ton satisfait. « Je vous en prie, ne vous donnez pas la peine d'allonger davantage votre explication, » dit Alice.

« Oh ! ne parlez pas de ma peine, » dit la Duchesse ; « je vous fais cadeau de tout ce que j'ai dit jusqu'à présent. » « Voilà un cadeau qui n'est pas cher ! » pensa Alice. « Je suis bien contente qu'on ne fasse pas de cadeau d'anniversaire comme cela ! » Mais elle ne se hasarda pas à le dire tout haut.

« Encore à réfléchir ?

» demanda la Duchesse, avec un nouveau coup de son petit menton pointu.

« J'ai bien le droit de réfléchir, » dit Alice sèchement, car elle commençait à se sentir un peu ennuyée.

« À peu près le même droit, » dit la Duchesse, « que les cochons de voler, et la mo— »

Mais ici, au grand étonnement d'Alice, la voix de la Duchesse s'éteignit au milieu de son mot favori, morale, et le bras qui était passé sous le sien commença de trembler.

Alice leva les yeux et vit la Reine en face d'elle, les bras croisés, sombre et terrible comme un orage.

« Voilà un bien beau temps, Votre Majesté !

» fit la Duchesse, d'une voix basse et tremblante.

« Je vous en préviens !

» cria la Reine, trépignant tout le temps. « Hors d'ici, ou à bas la tête ! et cela en moins de rien ! Choisissez. » La Duchesse eut bientôt fait son choix : elle disparut en un clin d'œil. « Continuons notre partie, » dit la Reine à Alice ; et Alice, trop effrayée pour souffler mot, la suivit lentement vers la pelouse.

Les autres invités, profitant de l'absence de la Reine, se reposaient à l'ombre, mais sitôt qu'ils la virent ils se hâtèrent de retourner au jeu, la Reine leur faisant simplement observer qu'un instant de retard leur coûterait la vie.

Tant que dura la partie, la Reine ne cessa de se quereller avec les autres joueurs et de crier : « Qu'on coupe la tête à celui-ci !

Qu'on coupe la tête à celle-là ! » Ceux qu'elle condamnait étaient arrêtés par les soldats qui, bien entendu, avaient à cesser de servir d'arches, de sorte qu'au bout d'une demi-heure environ, il ne restait plus d'arches, et tous les joueurs, à l'exception du Roi, de la Reine, et d'Alice, étaient arrêtés et condamnés à avoir la tête tranchée.

Alors la Reine cessa le jeu toute hors d'haleine, et dit à Alice : « Avez-vous vu la Fausse-Tortue ?

» « Non, » dit Alice ; « je ne sais même pas ce que c'est qu'une Fausse-Tortue. » « C'est ce dont on fait la soupe à la Fausse-Tortue, » dit la Reine. « Je n'en ai jamais vu, et c'est la première fois que j'en entends parler, » dit Alice.

« Eh bien ! venez, » dit la Reine, « et elle vous contera son histoire. » Comme elles s'en allaient ensemble, Alice entendit le Roi dire à voix basse à toute la compagnie : « Vous êtes tous graciés. » « Allons, voilà qui est heureux ! » se dit-elle en elle-même, car elle était toute chagrine du grand nombre d'exécutions que la Reine avait ordonnées.

Elles rencontrèrent bientôt un Griffon, étendu au soleil et dormant profondément.

(Si vous ne savez pas ce que c'est qu'un Griffon, regardez l'image.) « Debout ! paresseux, » dit la Reine, « et menez cette petite demoiselle voir la Fausse-Tortue, et l'entendre raconter son histoire. Il faut que je m'en retourne pour veiller à quelques exécutions que j'ai ordonnées ; » et elle partit laissant Alice seule avec le Griffon. La mine de cet animal ne plaisait pas trop à Alice, mais, tout bien considéré, elle pensa qu'elle ne courait pas plus de risques en restant auprès de lui, qu'en suivant cette Reine farouche.

Le Griffon se leva et se frotta les yeux, puis il guetta la Reine jusqu'à ce qu'elle fût disparue ; et il se mit à ricaner.

« Quelle farce ! » dit le Griffon, moitié à part soi, moitié à Alice.

« Quelle est la farce ?

» demanda Alice. « Elle ! » dit le Griffon. « C'est une idée qu'elle se fait ; jamais on n'exécute personne, vous comprenez. Venez donc !

» « Tout le monde ici dit : « Venez donc ! » » pensa Alice, en suivant lentement le Griffon. « Jamais de ma vie on ne m'a fait aller comme cela ; non, jamais ! » Ils ne firent pas beaucoup de chemin avant d'apercevoir dans l'éloignement la Fausse-Tortue assise, triste et solitaire, sur un petit récif, et, à mesure qu'ils approchaient, Alice pouvait l'entendre qui soupirait comme si son cœur allait se briser ; elle la plaignait sincèrement. « Quel est donc son chagrin ? » demanda-t-elle au Griffon ; et le Griffon répondit, presque dans les mêmes termes qu'auparavant : « C'est une idée qu'elle se fait ; elle n'a point de chagrin, vous comprenez. Venez donc ! » Ainsi ils s'approchèrent de la Fausse-Tortue, qui les regarda avec de grands yeux pleins de larmes, mais ne dit rien. « Cette petite demoiselle, » dit le Griffon, « veut savoir votre histoire.

» « Je vais la lui raconter, » dit la Fausse-Tortue, d'un ton grave et sourd : « Asseyez-vous tous deux, et ne dites pas un mot avant que j'aie fini. » Ils s'assirent donc, et pendant quelques minutes, personne ne dit mot. Alice pensait : « Je ne vois pas comment elle pourra jamais finir si elle ne commence pas. » Mais elle attendit patiemment.« Autrefois, » dit enfin la Fausse-Tortue, « j'étais une vraie Tortue. » Ces paroles furent suivies d'un long silence interrompu seulement de temps à autre par cette exclamation du Griffon : « Hjckrrh ! » et les soupirs continuels de la Fausse-Tortue. Alice était sur le point de se lever et de dire : « Merci de votre histoire intéressante, » mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il devait sûrement y en avoir encore à venir. Elle resta donc tranquille sans rien dire.

« Quand nous étions petits, » continua la Fausse Tortue d'un ton plus calme, quoiqu'elle laissât encore de temps à autre échapper un sanglot, « nous allions à l'école au fond de la mer.

La maîtresse était une vieille tortue ; nous l'appelions Chélonée. » « Et pourquoi l'appeliez-vous Chélonée, si ce n'était pas son nom ? » « Parce qu'on ne pouvait s'empêcher de s'écrier en la voyant : « Quel long nez ! » » dit la Fausse-Tortue d'un ton fâché ; « vous êtes vraiment bien bornée ! » « Vous devriez avoir honte de faire une question si simple ! » ajouta le Griffon ; et puis tous deux gardèrent le silence, les yeux fixés sur la pauvre Alice, qui se sentait prête à rentrer sous terre. Enfin le Griffon dit à la Fausse-Tortue, « En avant, camarade ! Tâchez d'en finir aujourd'hui ! » et elle continua en ces termes :

« Oui, nous allions à l'école dans la mer, bien que cela vous étonne.

» « Je n'ai pas dit cela, » interrompit Alice. « Vous l'avez dit, » répondit la Fausse-Tortue.

« Taisez-vous donc, » ajouta le Griffon, avant qu'Alice pût reprendre la parole.

La Fausse-Tortue continua :

« Nous recevions la meilleure éducation possible ; au fait, nous allions tous les jours à l'école.

» « Moi aussi, j'y ai été tous les jours, » dit Alice ; « il n'y a pas de quoi être si fière. » « Avec des « en sus, » » dit la Fausse-Tortue avec quelque inquiétude. « Oui, » dit Alice, « nous apprenions l'italien et la musique en sus.

» « Et le blanchissage ? » dit la Fausse-Tortue.

« Non, certainement !

» dit Alice indignée.

« Ah ! Alors votre pension n'était pas vraiment des bonnes, » dit la Fausse-Tortue comme soulagée d'un grand poids. « Eh bien, à notre pension il y avait au bas du prospectus : « l'italien, la musique, et le blanchissage en sus. » » « Vous ne deviez pas en avoir grand besoin, puisque vous viviez au fond de la mer, » dit Alice. « Je n'avais pas les moyens de l'apprendre, » dit en soupirant la Fausse-Tortue ; « je ne suivais que les cours ordinaires.

» « Qu'est-ce que c'était ? » demanda Alice. « À Luire et à Médire, cela va sans dire, » répondit la Fausse-Tortue ; « et puis les différentes branches de l'Arithmétique : l'Ambition, la Distraction, l'Enjolification, et la Dérision. » « Je n'ai jamais entendu parler d'enjolification, » se hasarda de dire Alice. « Qu'est-ce que c'est ? » Le Griffon leva les deux pattes en l'air en signe d'étonnement. « Vous n'avez jamais entendu parler d'enjolir ! » s'écria-t-il. « Vous savez ce que c'est que « embellir, » je suppose ? » « Oui, » dit Alice, en hésitant : « cela veut dire — rendre — une chose — plus belle. » « Eh bien ! » continua le Griffon, « si vous ne savez pas ce que c'est que « enjolir » vous êtes vraiment niaise. » Alice ne se sentit pas encouragée à faire de nouvelles questions là-dessus, elle se tourna donc vers la Fausse-Tortue, et lui dit, « Qu'appreniez-vous encore ? » « Eh bien, il y avait le Grimoire, » répondit la Fausse-Tortue en comptant sur ses battoirs ; « le Grimoire ancien et moderne, avec la Mérographie, et puis le Dédain ; le maître de Dédain était un vieux congre qui venait une fois par semaine ; il nous enseignait à Dédaigner, à Esquiver et à Feindre à l'huître. » « Qu'est-ce que cela ? » dit Alice. « Ah ! je ne peux pas vous le montrer, moi, » dit la Fausse-Tortue, « je suis trop gênée, et le Griffon ne l'a jamais appris. » « Je n'en avais pas le temps, » dit le Griffon, « mais j'ai suivi les cours du professeur de langues mortes ; c'était un vieux crabe, celui-là. » « Je n'ai jamais suivi ses cours, » dit la Fausse-Tortue avec un soupir ; « il enseignait le Larcin et la Grève. » « C'est ça, c'est ça, » dit le Griffon, en soupirant à son tour ; et ces deux créatures se cachèrent la figure dans leurs pattes. « Combien d'heures de leçons aviez-vous par jour ?

» dit Alice vivement, pour changer la conversation.

« Dix heures, le premier jour, » dit la Fausse-Tortue ; « neuf heures, le second, et ainsi de suite.

» « Quelle singulière méthode ! » s'écria Alice. « C'est pour cela qu'on les appelle leçons, » dit le Griffon, « parce que nous les laissons là peu à peu. » C'était là pour Alice une idée toute nouvelle ; elle y réfléchit un peu avant de faire une autre observation. « Alors le onzième jour devait être un jour de congé ? » « Assurément, » répondit la Fausse-Tortue. « Et comment vous arrangiez-vous le douzième jour ?

» s'empressa de demander Alice.

« En voilà assez sur les leçons, » dit le Griffon intervenant d'un ton très-décidé ; « parlez-lui des jeux maintenant.

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CHAPITRE VII.

UN THÉ DE FOUS.

Il y avait une table servie sous un arbre devant la maison, et le Lièvre y prenait le thé avec le Chapelier.

Un Loir profondément endormi était assis entre les deux autres qui s’en servaient comme d’un coussin, le coude appuyé sur lui et causant par-dessus sa tête. Un Loir profondément endormi était assis entre les deux autres qui s'en servaient comme d'un coussin, le coude appuyé sur lui et causant par-dessus sa tête. Спляча соня сиділа між двома іншими, які використовували його як подушку, спершись на нього ліктем і розмовляючи над його головою. « Bien gênant pour le Loir, » pensa Alice. «Дуже незручно для Соні», — подумала Аліса. « Mais comme il est endormi je suppose que cela lui est égal. » Bien que la table fût très-grande, ils étaient tous trois serrés l’un contre l’autre à un des coins. Although the table was very large, all three of them were squeezed together at one of the corners. Хоча стіл був дуже великий, вони всі троє стояли близько один до одного в одному кутку. « Il n’y a pas de place ! " There is no place ! Il n’y a pas de place ! » crièrent-ils en voyant Alice. « Il y a abondance

de place, » dit Alice indignée, et elle s’assit dans un large fauteuil à l’un des bouts de la table. простір, — обурилася Аліса й сіла у велике крісло в кінці столу.

« Prenez donc du vin, » dit le Lièvre d’un ton engageant.

Alice regarda tout autour de la table, mais il n’y avait que du thé.

« Je ne vois pas de vin, » fit-elle observer.

« Il n’y en a pas, » dit le Lièvre.

« En ce cas il n’était pas très-poli de votre part de m’en offrir, » dit Alice d’un ton fâché.

« Il n’était pas non plus très-poli de votre part de vous mettre à table avant d’y être invitée, » dit le Lièvre.

« J’ignorais que ce fût votre table, » dit Alice.

« Il y a des couverts pour bien plus de trois convives. “Є місце для більш ніж трьох гостей. » « Vos cheveux ont besoin d’être coupés, » dit le Chapelier. — Твоє волосся треба підстригти, — сказав Капелюшник. Il avait considéré Alice pendant quelque temps avec beaucoup de curiosité, et ce fut la première parole qu’il lui adressa.

« Vous devriez apprendre à ne pas faire de remarques sur les gens ; c’est très-grossier, » dit Alice d’un ton sévère.

À ces mots le Chapelier ouvrit de grands yeux ; mais il se contenta de dire : « Pourquoi une pie ressemble-t-elle à un pupitre ? При цих словах Капелюшник широко розплющив очі; а він лише сказав: «Чому сорока схожа на парту?»

» « Bon ! nous allons nous amuser, » pensa Alice. « Je suis bien aise qu’ils se mettent à demander des énigmes. Je crois pouvoir deviner cela, » ajouta-t-elle tout haut.

« Voulez-vous dire que vous croyez pouvoir trouver la réponse ? «Ви хочете сказати, що вірите, що можете знайти відповідь?

» dit le Lièvre. « Précisément, » répondit Alice. « Alors vous devriez dire ce que vous voulez dire, » continua le Lièvre. "Dann solltest du sagen, was du sagen willst", fuhr der Hase fort.

« C’est ce que je fais, » répliqua vivement Alice.

« Du moins — je veux dire ce que je dis ; c’est la même chose, n’est-ce pas ? "Zumindest - ich meine, was ich sage; es ist dasselbe, nicht wahr? » « Ce n’est pas du tout la même chose, » dit le Chapelier. « Vous pourriez alors dire tout aussi bien que : « Je vois ce que je mange, » est la même chose que : « Je mange ce que je vois. » »

« Vous pourriez alors dire tout aussi bien, » ajouta le Lièvre, « que : « J’aime ce qu’on me donne, » est la même chose que : « On me donne ce que j’aime. «Тоді ви можете сказати, — додав Харе, — що «мені подобається те, що мені дають» — це те саме, що «мені дають те, що мені подобається».

» » « Vous pourriez dire tout aussi bien, » ajouta le Loir, qui paraissait parler tout endormi, « que : « Je respire quand je dors, » est la même chose que : « Je dors quand je respire. » »

« C’est en effet tout un pour vous, » dit le Chapelier.

Sur ce, la conversation tomba et il se fit un silence de quelques minutes. Pendant ce temps, Alice repassa dans son esprit tout ce qu’elle savait au sujet des pies et des pupitres ; ce qui n’était pas grand’chose.

Le Chapelier rompit le silence le premier.

« Quel quantième du mois sommes-nous ? » dit-il en se tournant vers Alice. Il avait tiré sa montre de sa poche et la regardait d’un air inquiet, la secouant de temps à autre et l’approchant de son oreille. Він дістав із кишені годинник і стурбовано дивився на нього, час від часу струшуючи й підносячи до вуха.

Alice réfléchit un instant et répondit : « Le quatre.

» « Elle est de deux jours en retard, » dit le Chapelier avec un soupir. — Вона запізнилася на два дні, — зітхнувши, сказав Капелюшник. « Je vous disais bien que le beurre ne vaudrait rien au mouvement ! «Я казав тобі, що масло нічого не варте для руху! » ajouta-t-il en regardant le Lièvre avec colère.

« C’était tout ce qu’il y avait de plus fin en beurre, » dit le Lièvre humblement. "Das war alles, was es an feiner Butter gab", sagte der Hase demütig. — Все це було найкраще в маслі, — смиренно сказав Заєць.

« Oui, mais il faut qu’il y soit entré des miettes de pain, » grommela le Chapelier. — Так, але там, мабуть, були якісь сухарі, — пробурчав Капелюшник.

« Vous n’auriez pas dû vous servir du couteau au pain pour mettre le beurre. » Le Lièvre prit la montre, et la contempla tristement, puis la trempa dans sa tasse, la contempla de nouveau, et pourtant ne trouva rien de mieux à faire que de répéter sa première observation : « C’était tout ce qu’il y avait de plus fin en beurre. "Der Hase nahm die Uhr und betrachtete sie traurig, dann tauchte er sie in seine Tasse, betrachtete sie erneut und hatte doch nichts Besseres zu tun, als seine erste Beobachtung zu wiederholen: "Das war alles, was es an feinster Butter gab. » Alice avait regardé par-dessus son épaule avec curiosité : « Quelle singulière montre ! Аліса з цікавістю глянула через плече: «Який дивовижний годинник!» » dit-elle. « Elle marque le quantième du mois, et ne marque pas l’heure qu’il est ! «Він позначає число місяця, а не вказує, котра година! » « Et pourquoi marquerait-elle l’heure ? — А навіщо їй позначати годину? » murmura le Chapelier. « Votre montre marque-t-elle dans quelle année vous êtes ? «Ваш годинник позначає, який ви рік? » « Non, assurément ! » répliqua Alice sans hésiter. « Mais c’est parce qu’elle reste à la même année pendant si longtemps. «Але це тому, що вона так довго залишається в одному році. » « Tout comme la mienne, » dit le Chapelier. Alice se trouva fort embarrassée.

L’observation du Chapelier lui paraissait n’avoir aucun sens ; et cependant la phrase était parfaitement correcte. « Je ne vous comprends pas bien, » dit-elle, aussi poliment que possible.

« Le Loir est rendormi, » dit le Chapelier ; et il lui versa un peu de thé chaud sur le nez. — Соня знову спить, — сказав Капелюшник; і він налив їй на ніс гарячого чаю.

Le Loir secoua la tête avec impatience, et dit, sans ouvrir les yeux : « Sans doute, sans doute, c’est justement ce que j’allais dire.

» « Avez-vous deviné l’énigme ? » dit le Chapelier, se tournant de nouveau vers Alice.

« Non, j’y renonce, » répondit Alice ; « quelle est la réponse ? «Ні, я здаюся», — відповіла Аліса; "яка відповідь?

» « Je n’en ai pas la moindre idée, » dit le Chapelier. « Ni moi non plus, » dit le Lièvre.

Alice soupira d’ennui.

« Il me semble que vous pourriez mieux employer le temps, » dit-elle, « et ne pas le gaspiller à proposer des énigmes qui n’ont point de réponses. «Мені здається, ти міг би краще використати час, — сказала вона, — і не витрачати його на загадування загадок, на які немає відповіді. » « Si vous connaissiez le Temps aussi bien que moi, » dit le Chapelier, « vous ne parleriez pas de le gaspiller. «Якби ти знав Час так добре, як я, — сказав Капелюшник, — ти б не говорив про його марнування». On ne gaspille pas quelqu’un. » « Je ne vous comprends pas, » dit Alice. « Je le crois bien, » répondit le Chapelier, en secouant la tête avec mépris ; « je parie que vous n’avez jamais parlé au Temps. — Думаю, що так, — відповів Капелюшник, зневажливо похитавши головою; «Б'юся об заклад, ти ніколи не розмовляв з Time.

» « Cela se peut bien, » répliqua prudemment Alice, « mais je l’ai souvent mal employé. » « Ah ! voilà donc pourquoi ! Il n’aime pas cela, » dit le Chapelier. « Mais si seulement vous saviez le ménager, il ferait de la pendule tout ce que vous voudriez. «Але якби ви тільки знали, як з ним поводитися, годинник був би таким, яким ви хотіли. Par exemple, supposons qu’il soit neuf heures du matin, l’heure de vos leçons, vous n’auriez qu’à dire tout bas un petit mot au Temps, et l’aiguille partirait en un clin d’œil pour marquer une heure et demie, l’heure du dîner. Наприклад, припустімо, що зараз дев’ята година ранку, година ваших уроків, вам потрібно лише прошепотіти коротке слово Часу, і стрілка миттєво зніметься, позначаючи годину та половина, час вечері. » (« Je le voudrais bien, » dit tout bas le Lièvre. («Мені б так хотілося», - тихо сказав Заєць. ) « Cela serait très-agréable, certainement, » dit Alice d’un air pensif ; « mais alors — je n’aurais pas encore faim, comprenez donc. » « Peut-être pas d’abord, » dit le Chapelier ; « mais vous pourriez retenir l’aiguille à une heure et demie aussi longtemps que vous voudriez. » « Est-ce comme cela que vous faites, vous ? » demanda Alice.

Le Chapelier secoua tristement la tête.

« Hélas !

non, » répondit-il, « nous nous sommes querellés au mois de mars dernier, un peu avant qu’il devînt fou. ні, — відповів він, — ми посварилися минулого березня, незадовго до того, як він збожеволів. » (Il montrait le Lièvre du bout de sa cuiller.) « C’était à un grand concert donné par la Reine de Cœur, et j’eus à chanter : «Це було на чудовому концерті Queen of Heart, і мені довелося співати:

« Ah ! vous dirai-je, ma sœur, Ce qui calme ma douleur ! » « Vous connaissez peut-être cette chanson ? » « J’ai entendu chanter quelque chose comme ça, » dit Alice. « Vous savez la suite, » dit le Chapelier ; et il continua :

« C’est que j’avais des dragées, Et que je les ai mangées.

» Ici le Loir se secoua et se mit à chanter, tout en dormant : « Et que je les ai mangées, mangées, mangées, mangées, mangées, » si longtemps, qu’il fallût le pincer pour le faire taire. Тут Соня обтрусився і почав співати, спавши: «А що я їх їв, їв, їв, їв, їв», — так довго, що його довелося вщипнути, щоб замовкнути. « Eh bien, j’avais à peine fini le premier couplet, » dit le Chapelier, « que la Reine hurla : « Ah ! «Ну, не встиг я закінчити перший куплет, — сказав Капелюшник, — як королева крикнула: «Ах!

c’est comme ça que vous tuez le temps ! так ти вбиваєш час! Qu’on lui coupe la tête ! » » « Quelle cruauté ! "" Яка жорстокість! » s’écria Alice.

« Et, depuis lors, » continua le Chapelier avec tristesse, « le Temps ne veut rien faire de ce que je lui demande. «І відтоді, — сумно продовжував Капелюшник, — час не зробить нічого, про що я його прошу.

Il est toujours six heures maintenant. » Une brillante idée traversa l’esprit d’Alice. « Est-ce pour cela qu’il y a tant de tasses à thé ici ? — Тому тут так багато чашок? » demanda-t-elle.

« Oui, c’est cela, » dit le Chapelier avec un soupir ; « il est toujours l’heure du thé, et nous n’avons pas le temps de laver la vaisselle dans l’intervalle. — Так, саме так, — зітхнувши, сказав Капелюшник; «Завжди час чаю, а ми тим часом не встигаємо мити посуд.

» « Alors vous faites tout le tour de la table, je suppose ? «То ви, мабуть, обходите весь стіл?» » dit Alice. « Justement, » dit le Chapelier, « à mesure que les tasses ont servi. сказала Аліса. «Точно, — сказав Капелюшник, — як чашки подано». » « Mais, qu’arrive-t-il lorsque vous vous retrouvez au commencement ? «Але що станеться, коли ти опинишся на початку?» » se hasarda de dire Alice.

« Si nous changions de conversation, » interrompit le Lièvre en bâillant ; « celle-ci commence à me fatiguer. — Припустимо, ми змінимо тему, — перебив Заєць, позіхаючи; «Це починає мене втомлювати.

Je propose que la petite demoiselle nous conte une histoire. » « J’ai bien peur de n’en pas savoir, » dit Alice, que cette proposition alarmait un peu. « Eh bien, le Loir va nous en dire une, » crièrent-ils tous deux.

« Allons, Loir, réveillez-vous ! » et ils le pincèrent des deux côtés à la fois. і вщипали його з обох боків одночасно.

Le Loir ouvrit lentement les yeux.

« Je ne dormais pas, » dit-il d’une voix faible et enrouée. « Je n’ai pas perdu un mot de ce que vous avez dit, vous autres. «Я не пропустив жодного слова з того, що ви сказали. » « Racontez-nous une histoire, » dit le Lièvre. « Ah ! Oui, je vous en prie, » dit Alice d’un ton suppliant. « Et faites vite, » ajouta le Chapelier, « sans cela vous allez vous rendormir avant de vous mettre en train. — І поспішай, — додав Капелюшник, — інакше ти заснеш, не встигнувши піти.

» « Il y avait une fois trois petites sœurs, » commença bien vite le Loir, « qui s’appelaient Elsie, Lacie, et Tillie, et elles vivaient au fond d’un puits. «Жили-були три сестрички, — швидко почала Соня, — на ім’я Елсі, Лейсі та Тіллі, і жили вони на дні колодязя». » « De quoi vivaient-elles ? » dit Alice, qui s’intéressait toujours aux questions de boire ou de manger.

« Elles vivaient de mélasse, » dit le Loir, après avoir réfléchi un instant. — Вони жили на патоці, — сказала Соня, трохи подумавши.

« Ce n’est pas possible, comprenez donc, » fit doucement observer Alice ; « cela les aurait rendues malades. «Це неможливо, тож зрозумійте», — тихо зауважила Аліса; «Від цього вони захворіли б.

» « Et en effet, » dit le Loir, « elles étaient très-malades. » Alice chercha à se figurer un peu l’effet que produirait sur elle une manière de vivre si extraordinaire, mais cela lui parut trop embarrassant, et elle continua : « Mais pourquoi vivaient-elles au fond d’un puits ? Аліса намагалася з’ясувати, як на неї вплине такий незвичайний спосіб життя, але це здалося їй надто збентеженим, і вона продовжила: «Але чому вони жили на дні колодязя?» » « Prenez un peu plus de thé, » dit le Lièvre à Alice avec empressement. « Je n’en ai pas pris du tout, » répondit Alice d’un air offensé. "I did not take any," Alice said with an offended look.

« Je ne peux donc pas en prendre un peu plus. «Тож я більше не можу терпіти. » « Vous voulez dire que vous ne pouvez pas en prendre moins, » dit le Chapelier. — Ти хочеш сказати, що не можеш взяти менше, — сказав Капелюшник. « Il est très-aisé de prendre un peu plus que pas du tout. "It is very easy to take a little more than not at all. «Дуже легко взяти трохи більше, ніж взагалі нічого. » « On ne vous a pas demandé votre avis, à vous, » dit Alice. "We did not ask you for your opinion," Alice said. — Вас не питали про вашу думку, — сказала Аліса. « Ah ! qui est-ce qui se permet de faire des observations ? "Ah! who is allowed to make observations? «О! хто сміє робити зауваження? » demanda le Chapelier d’un air triomphant.

Alice ne savait pas trop que répondre à cela. Alice did not know what to say to that. Аліса не була впевнена, що на це сказати.

Aussi se servit-elle un peu de thé et une tartine de pain et de beurre ; puis elle se tourna du côté du Loir, et répéta sa question. Тож вона пригостилася чаєм і скибкою хліба з маслом; потім вона повернулася до Луару й повторила своє запитання. « Pourquoi vivaient-elles au fond d’un puits ? » Le Loir réfléchit de nouveau pendant quelques instants et dit : « C’était un puits de mélasse. Соня ще раз подумала на кілька хвилин і сказала: «Це була яма патоки». » « Il n’en existe pas ! » se mit à dire Alice d’un ton courroucé. — сердито почала говорити Аліса. Mais le Chapelier et le Lièvre firent « Chut ! Але Капелюшник і Заєць сказали "Тихше!" Chut ! » et le Loir fit observer d’un ton bourru : « Tâchez d’être polie, ou finissez l’histoire vous-même. Hush! And the Loir remarked gruffly: "Try to be polite, or finish the story yourself." Тихо! і Соня грубо зауважила: «Спробуй бути ввічливим або закінчуй історію сам». » « Non, continuez, je vous prie, » dit Alice très-humblement. — Ні, будь ласка, продовжуй, — дуже смиренно сказала Аліса. « Je ne vous interromprai plus ; peut-être en existe-t-il un. » « Un, vraiment ! » dit le Loir avec indignation ; toutefois il voulut bien continuer. Said the Loir indignantly; however, he wanted to continue. « Donc, ces trois petites sœurs, vous saurez qu’elles faisaient tout ce qu’elles pouvaient pour s’en tirer. "So these three little sisters, you'll know they're doing everything they can to get away with it. «Тож ці три сестрички, ви знаєте, що вони робили все можливе, щоб уникнути цього. » « Comment auraient-elles pu s’en tirer ? "How could they get away with it? » dit Alice, oubliant tout à fait sa promesse. — сказала Аліса, зовсім забувши про свою обіцянку.

« C’est tout simple — »

« Il me faut une tasse propre, » interrompit le Chapelier. — Мені потрібна чиста чашка, — перебив Капелюшник.

« Avançons tous d’une place. «Давайте всі перейдемо на одне місце. » Il avançait tout en parlant, et le Loir le suivit ; le Lièvre prit la place du Loir, et Alice prit, d’assez mauvaise grâce, celle du Lièvre. He advanced while speaking, and Le Loir followed him; the Hare took the place of the Loir, and Alice took, with rather bad grace, that of the Hare. Говорячи, він подався вперед, а Соня слідувала за ним; Заєць зайняв місце Соні, а Аліса — досить неохоче — Зайця. Le Chapelier fut le seul qui gagnât au change ; Alice se trouva bien plus mal partagée qu’auparavant, car le Lièvre venait de renverser le lait dans son assiette. The Hatter was the only one who made the change; Alice was much more divided than before, because the Hare had just spilled the milk on her plate. Капелюшник був єдиним, хто виграв від зміни; Алісі стало набагато гірше, ніж раніше, тому що Заєць щойно розлив молоко їй на тарілку.

Alice, craignant d’offenser le Loir, reprit avec circonspection : « Mais je ne comprends pas ; comment auraient-elles pu s’en tirer ? Alice, fearing to offend the Loir, resumed cautiously: "But I do not understand; how could they get away with it? Аліса, боячись образити Соню, обережно продовжила: «Але я не розумію; як вони могли втекти від цього?

» « C’est tout simple, » dit le Chapelier. « Quand il y a de l’eau dans un puits, vous savez bien comment on en tire, n’est-ce pas ? «Коли в колодязі є вода, ти знаєш, як її дістати, чи не так? Eh bien !

d’un puits de mélasse on tire de la mélasse, et quand il y a des petites filles dans la mélasse on les tire en même temps ; comprenez-vous, petite sotte ? з ямки патоки малюємо патоку, а коли в патоці є дівчатка, малюємо їх одночасно; ти розумієш, маленький дурень? » « Pas tout à fait, » dit Alice, encore plus embarrassée par cette réponse. "Not quite," Alice said, even more embarrassed by this answer. — Не зовсім, — сказала Аліса, ще більше збентежена цією відповіддю. « Alors vous feriez bien de vous taire, » dit le Chapelier. "Then you'd better shut up," said the Hatter. — Тоді краще замовкни, — сказав Капелюшник.

Alice trouva cette grossièreté un peu trop forte ; elle se leva indignée et s’en alla. Alice found this rudeness a little too strong; she got up indignantly and went away. Алісі ця грубість здалася надто сильною; — обурено встала й пішла.

Le Loir s’endormit à l’instant même, et les deux autres ne prirent pas garde à son départ, bien qu’elle regardât en arrière deux ou trois fois, espérant presque qu’ils la rappelleraient. The Loir fell asleep at once, and the other two took no notice of her departure, although she looked back two or three times, almost hoping they would call her back. Соня миттєво заснула, а двоє інших не помітили її відходу, хоча вона два чи три рази озирнулася, наполовину сподіваючись, що вони її покличуть. La dernière fois qu’elle les vit, ils cherchaient à mettre le Loir dans la théière. Востаннє, коли вона їх бачила, вони намагалися посадити Соню в чайник.

« À aucun prix je ne voudrais retourner auprès de ces gens-là, » dit Alice, en cherchant son chemin à travers le bois. "At no price would I want to go back to those people," Alice said, looking for her way through the woods. «Я б не хотіла повертатися до тих людей за будь-яку ціну», — сказала Аліса, шукаючи собі дорогу крізь ліс.

« C’est le thé le plus ridicule auquel j’aie assisté de ma vie ! "It's the most ridiculous tea I've ever seen in my life! «Це найбезглуздіший чай, який я відвідував у своєму житті!» » Comme elle disait cela, elle s’aperçut qu’un des arbres avait une porte par laquelle on pouvait pénétrer à l’intérieur. As she said that, she realized that one of the trees had a door through which one could enter inside. Сказавши це, вона помітила, що на одному з дерев були двері, крізь які можна було увійти. « Voilà qui est curieux, » pensa-t-elle. « Mais tout est curieux aujourd’hui. «Але сьогодні все цікаво. Je crois que je ferai bien d’entrer tout de suite. I think I'll do well to get in right now. Гадаю, мені краще зайти відразу. » Elle entra.

Elle se retrouva encore dans la longue salle tout près de la petite table de verre. She found herself again in the long room near the little glass table. Вона знову опинилася в довгій кімнаті біля маленького скляного столика.

« Cette fois je m’y prendrai mieux, » se dit-elle, et elle commença par saisir la petite clef d’or et par ouvrir la porte qui menait au jardin, et puis elle se mit à grignoter le morceau de champignon qu’elle avait mis dans sa poche, jusqu’à ce qu’elle fût réduite à environ deux pieds de haut ; elle prit alors le petit passage ; et enfin — elle se trouva dans le superbe jardin au milieu des brillants parterres et des fraîches fontaines. «Цього разу я зроблю це краще», — сказала вона собі, і почала з того, що схопила маленький золотий ключик і відчинила двері, що вели в сад, а потім почала кусати шматочок гриба, який поклала туди. її кишеню, поки вона не зменшилася до приблизно двох футів у висоту; потім вона взяла маленький прохід; і нарешті — вона опинилася в чудовому саду серед блискучих грядок і прохолодних фонтанів.

CHAPITRE VIII.

LE CROQUET DE LA REINE.

Un grand rosier se trouvait à l’entrée du jardin ; les roses qu’il portait étaient blanches, mais trois jardiniers étaient en train de les peindre en rouge.

Alice s’avança pour les regarder, et, au moment où elle approchait, elle en entendit un qui disait : « Fais donc attention, Cinq, et ne m’éclabousse pas ainsi avec ta peinture. » « Ce n’est pas de ma faute, » dit Cinq d’un ton bourru, « c’est Sept qui m’a poussé le coude. "It's not my fault," said Five gruffly, "it was Seven who nudged my elbow. «Це не я винен, — грубо сказав П’ятий, — це Сьома штовхнула мене». » Là-dessus Sept leva les yeux et dit : « C’est cela, Cinq ! Jetez toujours le blâme sur les autres ! » « Vous feriez bien de vous taire, vous, » dit Cinq. "You'd better shut up, you," said Cinq. — Ти краще замовкни, — сказав П’ять. « J’ai entendu la Reine dire pas plus tard que hier que vous méritiez d’être décapité ! "I heard the Queen say no later than yesterday that you deserved to be beheaded! » « Pourquoi donc cela ? "Why so? » dit celui qui avait parlé le premier. Said the one who spoke first.

« Cela ne vous regarde pas, Deux, » dit Sept. "It's none of your business, Two," said Seven.

« Si fait, cela le regarde, » dit Cinq ; « et je vais le lui dire. "If done, it looks at him," said Cinq; "And I will tell him.

C’est pour avoir apporté à la cuisinière des oignons de tulipe au lieu d’oignons à manger. It is for bringing tulip onions to the cook instead of onions to eat. » Sept jeta là son pinceau et s’écriait : « De toutes les injustices — » lorsque ses regards tombèrent par hasard sur Alice, qui restait là à les regarder, et il se retint tout à coup. Seven threw down his brush and exclaimed, "Of all the injustices -" when his eyes fell on Alice, who was standing there looking at them, and he suddenly restrained himself. Les autres se retournèrent aussi, et tous firent un profond salut. The others turned too, and all made a deep bow.

« Voudriez-vous avoir la bonté de me dire pourquoi vous peignez ces roses ?

» demanda Alice un peu timidement.

Cinq et Sept ne dirent rien, mais regardèrent Deux.

Deux commença à voix basse : « Le fait est, voyez-vous, mademoiselle, qu’il devrait y avoir ici un rosier à fleurs rouges, et nous en avons mis un à fleurs blanches, par erreur. Two began in a low voice: "The fact is, you see, miss, that there should be a rose-bush here, and we have put one with white flowers, by mistake. Декс тихо почав: — Справа в тому, бачите, міс, тут має бути троянда з червоним цвітом, а ми помилково поставили троянду з білим цвітом. Si la Reine s’en apercevait nous aurions tous la tête tranchée, vous comprenez. If the Queen knew it we would all have her head cut, you understand. Aussi, mademoiselle, vous voyez que nous faisons de notre mieux avant qu’elle vienne pour — »

À ce moment Cinq, qui avait regardé tout le temps avec inquiétude de l’autre côté du jardin, s’écria : « La Reine ! At that moment Cinq, who had been anxiously watching all the time on the other side of the garden, exclaimed, "The Queen!

La Reine ! » et les trois ouvriers se précipitèrent aussitôt la face contre terre. The Queen ! And the three workers immediately rushed with their faces to the ground. Il se faisait un grand bruit de pas, et Alice se retourna, désireuse de voir la Reine. There was a great sound of footsteps, and Alice turned around, eager to see the Queen.

D’abord venaient des soldats portant des piques ; ils étaient tous faits comme les jardiniers, longs et plats, les mains et les pieds aux coins ; ensuite venaient les dix courtisans. First came soldiers carrying pikes; they were all made like gardeners, long and flat, hands and feet at the corners; Then came the ten courtiers. Спершу прийшли солдати, несучи щуки; усі вони були зроблені як садівники, довгі й пласкі, руки й ноги в кутах; потім прийшли десять придворних.

Ceux-ci étaient tous parés de carreaux de diamant et marchaient deux à deux comme les soldats. They were all decked out with diamond tiles and walked in pairs like the soldiers. Derrière eux venaient les enfants de la Reine ; il y en avait dix, et les petits chérubins gambadaient joyeusement, se tenant par la main deux à deux ; ils étaient tous ornés de cœurs. Behind them came the children of the Queen; there were ten of them, and the little cherubim gamboled happily, holding hands two by two; they were all adorned with hearts. За ними йшли діти королеви; їх було десять, і маленькі херувими весело грали, тримаючись за руки по двоє; всі вони були прикрашені сердечками. Après eux venaient les invités, des rois et des reines pour la plupart. After them came the guests, kings and queens for the most part. Dans le nombre, Alice reconnut le Lapin Blanc. Il avait l’air ému et agité en parlant, souriait à tout ce qu’on disait, et passa sans faire attention à elle. He seemed moved and agitated as he spoke, smiled at all that was said, and passed without paying any attention to her. Він виглядав зворушеним і схвильованим, коли говорив, усміхався на все, що ми говорили, і пройшов, не помітивши її. Suivait le Valet de Cœur, portant la couronne sur un coussin de velours ; et, fermant cette longue procession, LE ROI ET LA REINE DE CŒUR.

Alice ne savait pas au juste si elle devait se prosterner comme les trois jardiniers ; mais elle ne se rappelait pas avoir jamais entendu parler d’une pareille formalité. Alice did not know if she should prostrate like the three gardeners; but she did not remember having ever heard of such a formality. Аліса не була впевнена, чи варто їй вклонятися, як троє садівників; але вона не пам'ятала, щоб колись чула про таку формальність.

« Et d’ailleurs à quoi serviraient les processions, » pensa-t-elle, « si les gens avaient à se mettre la face contre terre de façon à ne pas les voir ? "And besides what would the processions be for," she thought, "if people had to put their faces on the ground so as not to see them?" «І взагалі яка користь від процесій, — подумала вона, — якби людям доводилося лягати обличчям додолу, щоб їх не було видно? » Elle resta donc debout à sa place et attendit.

Quand la procession fut arrivée en face d’Alice, tout le monde s’arrêta pour la regarder, et la Reine dit sévèrement : « Qui est-ce ?

» Elle s’adressait au Valet de Cœur, qui se contenta de saluer et de sourire pour toute réponse. She was addressing Valet de Cœur, who contented herself with greeting and smiling for every answer.

« Idiot !

» dit la Reine en rejetant la tête en arrière avec impatience ; et, se tournant vers Alice, elle continua : « Votre nom, petite ? » « Je me nomme Alice, s’il plaît à Votre Majesté, » dit Alice fort poliment. "My name is Alice, please your Majesty," said Alice politely. Mais elle ajouta en elle-même : « Ces gens-là ne sont, après tout, qu’un paquet de cartes. But she added in her own words: "These people are, after all, only a pack of cards. Pourquoi en aurais-je peur ? Why should I be afraid of it? Чому б я цього боявся? » « Et qui sont ceux-ci ? "And who are these? — А це хто? » dit la Reine, montrant du doigt les trois jardiniers étendus autour du rosier. — сказала Королева, вказуючи на трьох садівників, що розкинулися навколо трояндового куща. Car vous comprenez que, comme ils avaient la face contre terre et que le dessin qu’ils avaient sur le dos était le même que celui des autres cartes du paquet, elle ne pouvait savoir s’ils étaient des jardiniers, des soldats, des courtisans, ou bien trois de ses propres enfants. Оскільки ви розумієте, що, оскільки вони були обличчям донизу, а дизайн на їхніх спинах був таким же, як і на інших картах у колоді, вона не могла знати, чи були вони садівниками, солдатами, придворними чи трьома його власними дітьми.

« Comment voulez-vous que je le sache ? "How do you want me to know? «Як ти очікуєш, щоб я дізнався?

» dit Alice avec un courage qui la surprit elle-même. « Cela n’est pas mon affaire à moi. "It's not my business. »La Reine devint pourpre de colère ; et après l’avoir considérée un moment avec des yeux flamboyants comme ceux d’une bête fauve, elle se mit à crier : « Qu’on lui coupe la tête ! The Queen became purple with anger; and after having considered her for a moment with flaming eyes like those of a wild beast, she began to shout: "Let her head be cut off! «Королева побагряніла від гніву; і, подивившись на неї якусь мить палаючими, як у дикого звіра, очима, вона почала кричати: «Відріжте їй голову!» » « Quelle idée ! " " What an idea ! » dit Alice très-haut et d’un ton décidé. Alice said very loudly and in a decided tone. La Reine se tut. The Queen was silent.

Le Roi lui posa la main sur le bras, et lui dit timidement : « Considérez donc, ma chère amie, que ce n’est qu’une enfant. The King put his hand on his arm, and said timidly: "Consider, my dear friend, that it is only a child. Король поклав руку на її плече й боязко сказав: «Тоді вважай, мій любий друже, що вона лише дитина».

» La Reine lui tourna le dos avec colère, et dit au Valet : « Retournez-les ! The Queen turned her back angrily, and said to the Valet, "Turn them over! Королева сердито повернулася до нього спиною і сказала Пажу: «Поверни їх!» » Ce que fit le Valet très-soigneusement du bout du pied. What the Valet did very carefully with the tip of his foot. Що камердинер зробив дуже обережно кінчиком своєї ноги. « Debout ! " Standing !

» dit la Reine d’une voix forte et stridente. — сказала королева гучним пронизливим голосом. Les trois jardiniers se relevèrent à l’instant et se mirent à saluer le Roi, la Reine, les jeunes princes, et tout le monde. The three gardeners got up instantly and began to greet the King, the Queen, the young princes, and everyone. Троє садівників миттєво встали й почали вітати короля, королеву, молодих принців і всіх.

« Finissez !

» cria la Reine.

« Vous m’étourdissez. » Alors, se tournant vers le rosier, elle continua : « Qu’est-ce que vous faites donc là ? » « Avec le bon plaisir de Votre Majesté, » dit Deux d’un ton très-humble, mettant un genou en terre, « nous tâchions — » — Із задоволенням вашої величності, — дуже смиренно сказав Два, опускаючись на одне коліно, — ми намагалися... « Je le vois bien !

» dit la Reine, qui avait pendant ce temps examiné les roses. « Qu’on leur coupe la tête ! "Cut off their heads! » Et la procession continua sa route, trois des soldats restant en arrière pour exécuter les malheureux jardiniers, qui coururent se mettre sous la protection d’Alice. And the procession continued on its way, three of the soldiers remaining behind to execute the unfortunate gardeners, who ran to put themselves under Alice's protection. І процесія продовжила свій шлях, троє солдатів залишилися, щоб стратити нещасних садівників, які побігли віддати себе під захист Аліси.

« Vous ne serez pas décapités, » dit Alice ; et elle les mit dans un grand pot à fleurs qui se trouvait près de là. "You will not be beheaded," said Alice; and she put them in a large flowerpot nearby. «Тобі не відрубають голови», — сказала Аліса; і вона поклала їх у великий квітковий горщик, який був поруч.

Les trois soldats errèrent de côté et d’autre, pendant une ou deux minutes, pour les chercher, puis s’en allèrent tranquillement rejoindre les autres. The three soldiers wandered from side to side for a minute or two, looking for them, then went quietly to join the others.

« Leur a-t-on coupé la tête ? "Have their heads been cut off?

» cria la Reine. « Leurs têtes n’y sont plus, s’il plaît à Votre Majesté ! The Queen shouted. "Their heads are no longer there, if it please your Majesty! — скрикнула Королева. — Їхні голови пропали, будь ласка, ваша величність! » lui crièrent les soldats. The soldiers shouted at him.

« C’est bien !

» cria la Reine. « Savez-vous jouer au croquet ? The Queen shouted. "Do you know how to play croquet? » Les soldats ne soufflèrent mot, et regardèrent Alice, car, évidemment, c’était à elle que s’adressait la question. The soldiers did not breathe a word, and looked at Alice, for, of course, it was to her that the question was addressed. « Oui, » cria Alice.

« Eh bien, venez !

» hurla la Reine ; et Alice se joignit à la procession, fort curieuse de savoir ce qui allait arriver. Exclaimed the Queen; and Alice joined the procession, very curious to know what was coming.

« Il fait un bien beau temps aujourd’hui, » dit une voix timide à côté d’elle. "It's a sunny day today," said a timid voice next to her.

Elle marchait auprès du Lapin Blanc, qui la regardait d’un œil inquiet. She walked beside the White Rabbit, who was looking at her anxiously. Вона йшла біля Білого Кролика, який дивився на неї стурбованим оком.

« Bien beau, » dit Alice.

« Où est la Duchesse ? » « Chut ! Chut ! » dit vivement le Lapin à voix basse et en regardant avec inquiétude par-dessus son épaule. Puis il se leva sur la pointe des pieds, colla sa bouche à l’oreille d’Alice et lui souffla : « Elle est condamnée à mort » Then he got up on tiptoe, stuck his mouth in Alice's ear and whispered, "She's sentenced to death"

« Pour quelle raison ?

» dit Alice. « Avez-vous dit : « quel dommage ? Alice said. "Did you say," what damage? сказала Аліса. «Ви сказали: «Як шкода? » » demanda le Lapin.

« Non, » dit Alice.

« Je ne pense pas du tout que ce soit dommage. "I do not think it's too bad at all. «Я не думаю, що це зовсім соромно. J’ai dit : « pour quelle raison ? » » « Elle a donné des soufflets à la Reine, » commença le Lapin. «Χαστούκισε τη βασίλισσα», άρχισε το Κουνέλι. "" She gave the Queen some blows, "began the Rabbit. — Вона дала ляпаса Королеві, — почав Кролик. (Alice fit entendre un petit éclat de rire.) Alice gave a little laugh. « Oh, chut ! » dit tout bas le Lapin d’un ton effrayé. « La Reine va nous entendre ! Elle est arrivée un peu tard, voyez-vous, et la Reine a dit — »

« À vos places !

» cria la Reine d’une voix de tonnerre, et les gens se mirent à courir dans toutes les directions, trébuchant les uns contre les autres ; toutefois, au bout de quelques instants chacun fut à sa place et la partie commença. The Queen shrieked in a thunderous voice, and the people ran in all directions, stumbling against each other; however, after a few moments everyone was in his place and the game began. вигукнула Королева громовим голосом, і люди почали розбігатися на всі боки, спотикаючись один об одного; однак через кілька хвилин усі були на своїх місцях, і гра почалася.

Alice n’avait de sa vie vu de jeu de croquet aussi curieux que celui-là. Alice had never seen a game of croquet as curious as this one. Аліса ніколи в житті не бачила такої цікавої гри в крокет, як ця.

Le terrain n’était que billons et sillons ; des hérissons vivants servaient de boules, et des flamants de maillets. Το έδαφος δεν ήταν παρά κορυφογραμμές και αυλάκια. Οι ζωντανοί σκαντζόχοιροι χρησίμευαν ως μπάλες και τα φλαμίνγκο ως σφυρί. The ground was only ridges and furrows; live hedgehogs were used as balls, and flamingos of mallets. Земля була лише хребтами та борознами; м'ячами служили живі їжаки, а молотками - фламінго. Les soldats, courbés en deux, avaient à se tenir la tête et les pieds sur le sol pour former des arches. The soldiers, bent in half, had to hold their heads and feet on the ground to form arches. Солдати, зігнуті вдвічі, повинні були триматися головами і ногами на землі, щоб утворити дуги.

Ce qui embarrassa le plus Alice au commencement du jeu, ce fut de manier le flamant ; elle parvenait bien à fourrer son corps assez commodément sous son bras, en laissant pendre les pieds ; mais, le plus souvent, à peine lui avait-elle allongé le cou bien comme il faut, et allait-elle frapper le hérisson avec la tête, que le flamant se relevait en se tordant, et la regardait d’un air si ébahi qu’elle ne pouvait s’empêcher d’éclater de rire ; et puis, quand elle lui avait fait baisser la tête et allait recommencer, il était bien impatientant de voir que le hérisson s’était déroulé et s’en allait. Αυτό που ντρόπιασε περισσότερο την Αλίκη στην αρχή του παιχνιδιού ήταν ο χειρισμός του φλαμίνγκο. κατάφερε να χώσει το σώμα της αρκετά άνετα κάτω από το μπράτσο της, αφήνοντας τα πόδια της να κρέμονται. Αλλά τις περισσότερες φορές, μόλις άπλωσε σωστά το λαιμό της και ήταν έτοιμος να χτυπήσει τον σκαντζόχοιρο με το κεφάλι της, το φλαμίνγκο έστριψε και την κοίταξε με τέτοια έκπληξη που δεν μπορούσε να συγκρατήσει τα γέλια. και μετά, όταν τον έκανε να χαμηλώσει το κεφάλι του και ήταν έτοιμος να ξαναρχίσει, ήταν πολύ ανυπόμονος βλέποντας ότι ο σκαντζόχοιρος είχε ξετυλιχθεί και είχε φύγει. What embarrassed Alice the most at the beginning of the game was how to handle the flamingo; she managed to stuff her body conveniently under her arm, letting her feet hang down; but, more often than not, she had scarcely laid her neck properly, and was she going to strike the hedgehog with her head, that the flamingo would rise up writhing, and look at her with a look so amazed that she could not help but burst out laughing; and then, when she had lowered his head and was about to start again, he was very impatient to see that the hedgehog had unfolded and was leaving. Що найбільше збентежило Алісу на початку гри, так це поводження з фламінго; їй вдалося досить зручно затиснути тіло під пахвою, залишивши ноги звисати; але частіше за все, щойно вона як слід витягнула шию і збиралася вдарити їжака головою, як фламінго звивався і дивився на неї з таким подивом, що вона не втрималася від сміху; а потім, коли вона змусила його опустити голову і збиралася почати знову, він дуже нетерпляче побачив, що їжак розгорнувся й пішов геть.

En outre, il se trouvait ordinairement un billon ou un sillon dans son chemin partout où elle voulait envoyer le hérisson, et comme les soldats courbés en deux se relevaient sans cesse pour s’en aller d’un autre côté du terrain, Alice en vint bientôt à cette conclusion : que c’était là un jeu fort difficile, en vérité. In addition, there was ordinarily a billon or furrow in her path wherever she wanted to send the hedgehog, and as the soldiers bent in two were constantly getting up to leave on the other side of the field, Alice came soon to this conclusion: that it was a very difficult game, in truth. Крім того, зазвичай на її шляху був гребінь чи борозна, куди вона хотіла відправити їжака, і, оскільки зігнувшись солдати вставали, щоб піти на іншу сторону поля, Аліса прийшла звідти. що це справді була дуже складна гра.

Les joueurs jouaient tous à la fois, sans attendre leur tour, se querellant tout le temps et se battant à qui aurait les hérissons. The players were all playing at once, without waiting their turn, quarreling all the time and fighting over who would have the hedgehogs. Гравці грали всі разом, не чекаючи своєї черги, весь час сварячись і б'ючись, кому дісталися їжачки.

La Reine entra bientôt dans une colère furieuse et se mit à trépigner en criant : « Qu’on coupe la tête à celui-ci ! Σύντομα η βασίλισσα πέταξε σε έξαλλη οργή και άρχισε να χτυπάει τα πόδια της, φωνάζοντας: «Κόψε το κεφάλι αυτού!» The Queen soon became angry and began to stomp, shouting, "Cut your head to this one!" Незабаром королева впала в лють і почала тупотіти ногами, кричачи: «Відріжте цьому голову!» » ou bien : « Qu’on coupe la tête à celle-là ! Or else: "Cut one's head to that one! » une fois environ par minute. Once a minute.

Alice commença à se sentir très-mal à l’aise ; il est vrai qu’elle ne s’était pas disputée avec la Reine ; mais elle savait que cela pouvait lui arriver à tout moment. Alice began to feel very uncomfortable; it is true that she had not quarreled with the Queen; but she knew it could happen to her at any moment. Аліса почала відчувати себе дуже неспокійно; це правда, що вона не сварилася з королевою; але вона знала, що це може статися з нею будь-коли.

« Et alors, » pensait-elle, « que deviendrai-je ? "And then," she thought, "what will become of me? Ils aiment terriblement à couper la tête aux gens ici. They like terribly to cut people off here. Тут страшенно люблять рубати людям голови. Ce qui m’étonne, c’est qu’il en reste encore de vivants. What surprises me is that there are still some alive. » Elle cherchait autour d’elle quelque moyen de s’échapper, et se demandait si elle pourrait se retirer sans être vue ; lorsqu’elle aperçut en l’air quelque chose d’étrange ; cette apparition l’intrigua beaucoup d’abord, mais, après l’avoir considérée quelques instants, elle découvrit que c’était une grimace, et se dit en elle-même, « C’est le Grimaçon ; maintenant j’aurai à qui parler. Вона озирнулася в пошуках способу втечі й подумала, чи зможе вона піти непоміченою; коли вона побачила щось дивне в повітрі; ця поява спочатку дуже заінтригувала її, але, поміркувавши на кілька хвилин, вона виявила, що це була гримаса, і сказала собі: «Це Гримасон; тепер мені буде з ким поговорити. » « Comment cela va-t-il ? "Як ти?" » dit le Chat, quand il y eut assez de sa bouche pour qu’il pût parler. — сказав Кіт, коли рота вистачило, щоб говорити.

Alice attendit que les yeux parussent, et lui fit alors un signe de tête amical.

« Il est inutile de lui parler, » pensait-elle, « avant que ses oreilles soient venues, l’une d’elle tout au moins. «Немає сенсу з ним говорити, — подумала вона, — доки йому не підійде вухо, хоча б одне з них. » Une minute après, la tête se montra tout entière, et alors Alice posa à terre son flamant et se mit à raconter sa partie de croquet, enchantée d’avoir quelqu’un qui l’écoutât. Через хвилину показалася вся голова, а потім Аліса поклала свого фламінго й почала розповідати про свою гру в крокет, радіючи, що її хтось слухає. Le Chat trouva apparemment qu’il s’était assez mis en vue ; car sa tête fut tout ce qu’on en aperçut. Кіт, мабуть, вважав, що достатньо потрапив у поле зору; бо його голова була єдиним, що було видно з неї.

« Ils ne jouent pas du tout franc jeu, » commença Alice d’un ton de mécontentement, « et ils se querellent tous si fort, qu’on ne peut pas s’entendre parler ; et puis on dirait qu’ils n’ont aucune règle précise ; du moins, s’il y a des règles, personne ne les suit.

Ensuite vous n’avez pas idée comme cela embrouille que tous les instruments du jeu soient vivants ; par exemple, voilà l’arche par laquelle j’ai à passer qui se promène là-bas à l’autre bout du jeu, et j’aurais fait croquet sur le hérisson de la Reine tout à l’heure, s’il ne s’était pas sauvé en voyant venir le mien ! Тоді ви навіть не уявляєте, наскільки заплутаним є те, що всі інструменти в грі живі; наприклад, ось арка, крізь яку я маю пройти, яка йде там, на іншому кінці гри, і я б зараз грав крокет на їжака Королеви, якби він не втік, коли він бачив, як мій йде! » « Est-ce que vous aimez la Reine ? » dit le Chat à voix basse.

« Pas du tout, » dit Alice.

« Elle est si — » Au même instant elle aperçut la Reine tout près derrière elle, qui écoutait ; alors elle continua : « si sûre de gagner, que ce n’est guère la peine de finir la partie. «Вона така…» Водночас вона побачила, що Королева наблизилася до неї, прислухаючись; потім вона продовжила: «настільки впевнена в перемозі, що навряд чи варто закінчувати гру». » La Reine sourit et passa. Королева посміхнулася і пройшла. « Avec qui causez-vous donc là, » dit le Roi, s’approchant d’Alice et regardant avec une extrême curiosité la tête du Chat. «Тоді з ким ти розмовляєш?» — сказав Король, підходячи до Аліси й дивлячись з надзвичайною цікавістю на обличчя Кота.

« C’est un de mes amis, un Grimaçon, » dit Alice : « permettez-moi de vous le présenter.

» « Sa mine ne me plaît pas du tout, » dit le Roi. "I do not like his face at all," said the King. — Його обличчя мені зовсім не подобається, — сказав Король. « Pourtant il peut me baiser la main, si cela lui fait plaisir. "Yet he can kiss my hand, if it pleases him. — Але він може поцілувати мою руку, якщо йому це подобається. » « Non, grand merci, » dit le Chat. « Ne faites pas l’impertinent, » dit le Roi, « et ne me regardez pas ainsi ! «Не будь нахабним, — сказав король, — і не дивись на мене так!

» Il s’était mis derrière Alice en disant ces mots. He had gotten behind Alice saying these words. Він відійшов від Аліси, коли сказав ці слова.

« Un chat peut bien regarder un roi, » dit Alice.

« J’ai lu quelque chose comme cela dans un livre, mais je ne me rappelle pas où. «Щось подібне я читав у книзі, але не пам’ятаю де. » « Eh bien, il faut le faire enlever, » dit le Roi d’un ton très-décidé ; et il cria à la Reine, qui passait en ce moment : « Mon amie, je désirerais que vous fissiez enlever ce chat ! «Ну що ж, його треба прибрати», — сказав король дуже рішучим тоном; і він крикнув королеві, яка в цю мить проходила повз: «Моя люба, я хотів би, щоб ти прибрав того кота!» » La Reine n’avait qu’une seule manière de trancher les difficultés, petites ou grandes. Королева мала лише один спосіб вирішити труднощі, великі чи малі. « Qu’on lui coupe la tête ! » dit-elle sans même se retourner. «Відріжте йому голову! — сказала вона, навіть не обернувшись.

« Je vais moi-même chercher le bourreau, » dit le Roi avec empressement ; et il s’en alla précipitamment. «Я сам приведу ката», — палко сказав король; і він поспішно пішов геть.

Alice pensa qu’elle ferait bien de retourner voir où en était la partie, car elle entendait au loin la voix de la Reine qui criait de colère. Alice thought she would do well to go back to where the game was, because she heard in the distance the voice of the Queen screaming in anger. Аліса подумала, що їй краще повернутися й подивитися, як іде гра, бо здалеку вона чула голос королеви, який сердито кричав.

Elle l’avait déjà entendue condamner trois des joueurs à avoir la tête coupée, parce qu’ils avaient laissé passer leur tour, et elle n’aimait pas du tout la tournure que prenaient les choses ; car le jeu était si embrouillé qu’elle ne savait jamais quand venait son tour. Вона вже чула, як вона засудила трьох гравців до відрубування голови за пропуск черги, і їй зовсім не подобалося, як усе відбувається; оскільки гра була настільки заплутаною, що вона ніколи не знала, коли настане її черга. Elle alla à la recherche de son hérisson.

Il était en train de se battre avec un autre hérisson ; ce qui parut à Alice une excellente occasion de faire croquet de l’un sur l’autre. Він бився з іншим їжаком; що видалося Алісі чудовою можливістю пограти один на одному в крокет.

Il n’y avait à cela qu’une difficulté, et c’était que son flamant avait passé de l’autre côté du jardin, où Alice le voyait qui faisait de vains efforts pour s’enlever et se percher sur un arbre. У цьому була лише одна складність, і це те, що її фламінго перейшов на інший бік саду, де Аліса побачила, що він марно намагався піднятися й сісти на дерево.

Quand elle eut rattrapé et ramené le flamant, la bataille était terminée, et les deux hérissons avaient disparu. Коли вона наздогнала і повернула фламінго, битва закінчилася, а два їжаки зникли.

« Mais cela ne fait pas grand’chose, » pensa Alice, « puisque toutes les arches ont quitté ce côté de la pelouse. «Але це не має великого значення, — подумала Аліса, — оскільки всі арки залишили цю сторону галявини». » Elle remit donc le flamant sous son bras pour qu’il ne lui échappât plus, et retourna causer un peu avec son ami. Тому вона повернула фламінго під руку, щоб він не втік, і повернулася, щоб трохи поговорити з подругою.

Quand elle revint auprès du Chat, elle fut surprise de trouver une grande foule rassemblée autour de lui. Коли вона повернулася до Кота, то з подивом побачила, що навколо нього зібрався великий натовп.

Une discussion avait lieu entre le bourreau, le Roi, et la Reine, qui parlaient tous à la fois, tandis que les autres ne soufflaient mot et semblaient très-mal à l’aise. Між катом, королем і королевою відбулася дискусія, які розмовляли одночасно, а інші нічого не говорили і виглядали дуже неспокійно.

Dès que parut Alice, ils en appelèrent à elle tous les trois pour qu’elle décidât la question, et lui répétèrent leurs raisonnements. Як тільки з'явилася Аліса, вони втрьох звернулися до неї з проханням вирішити питання і повторили їй свої міркування.

Comme ils parlaient tous à la fois, elle eut beaucoup de peine à comprendre ce qu’ils disaient. Оскільки вони всі говорили одночасно, їй було важко зрозуміти, що вони говорять.

Le raisonnement du bourreau était : qu’on ne pouvait pas trancher une tête, à moins qu’il n’y eût un corps d’où l’on pût la couper ; que jamais il n’avait eu pareille chose à faire, et que ce n’était pas à son âge qu’il allait commencer.Le raisonnement du Roi était : que tout ce qui avait une tête pouvait être décapité, et qu’il ne fallait pas dire des choses qui n’avaient pas de bon sens. Міркування ката були такі: що не можна відрізати голову, якщо немає тіла, з якого можна її відрізати; що йому ніколи такого не було, і що він не в його віці збирався почати. не повинен говорити речі, які не мають сенсу.

Le raisonnement de la Reine était : que si la question ne se décidait pas en moins de rien, elle ferait trancher la tête à tout le monde à la ronde. Королева міркувала так: якщо питання не буде вирішено миттєво, вона змусить усіх у цьому районі відрубати собі голови.

(C’était cette dernière observation qui avait donné à toute la compagnie l’air si grave et si inquiet. (Це останнє спостереження змусило всю компанію виглядати такою серйозною та стурбованою. ) Alice ne trouva rien de mieux à dire que : « Il appartient à la Duchesse ; c’est elle que vous feriez bien de consulter à ce sujet. ) Аліса не знайшла нічого кращого, щоб сказати, ніж: «Це належить герцогині; саме з нею вам було б добре порадитися з цього питання. » « Elle est en prison, » dit la Reine au bourreau. «Вона у в'язниці», - сказала королева кату. « Qu’on l’amène ici. » Et le bourreau partit comme un trait. Και ο δήμιος απομακρύνθηκε με ταχύτητα. І кат помчав геть.

La tête du Chat commença à s’évanouir aussitôt que le bourreau fut parti, et elle avait complétement disparu quand il revint accompagné de la Duchesse ; de sorte que le Roi et le bourreau se mirent à courir de côté et d’autre comme des fous pour trouver cette tête, tandis que le reste de la compagnie retournait au jeu. Голова Кота почала зникати, як тільки кат пішов, і зовсім зникла, коли він повернувся в супроводі Герцогині; так що король і кат бігали туди-сюди, як божевільні, щоб знайти ту голову, а решта компанії повернулася до гри.

CHAPITRE IX.

HISTOIRE DE LA FAUSSE-TORTUE. ІСТОРІЯ МАКІЯЖНОЇ ЧЕРЕПАХИ.

« Vous ne sauriez croire combien je suis heureuse de vous voir, ma bonne vieille fille ! "You can not believe how happy I am to see you, my good old maid!

» dit la Duchesse, passant amicalement son bras sous celui d’Alice, et elles s’éloignèrent ensemble. — сказала герцогиня, дружньо простягнувши руку Алісі, і вони разом пішли геть.

Alice était bien contente de la trouver de si bonne humeur, et pensait en elle-même que c’était peut-être le poivre qui l’avait rendue si méchante, lorsqu’elles se rencontrèrent dans la cuisine. Аліса була рада, що побачила її в такому гарному настрої, і подумала про себе, що, можливо, це був перець, який зробив її такою злою, коли вони зустрілися на кухні.

« Quand je serai Duchesse, moi, » se dit-elle (d’un ton qui exprimait peu d’espérance cependant), « je n’aurai pas de poivre dans ma cuisine, pas le moindre grain. "When I'm Duchess, me," she told herself (in a tone that expressed little hope, however), "I will not have pepper in my kitchen, not a single grain. «Коли я стану герцогинею, — сказала вона собі (тоном, який, проте, не виражав надії), — у мене на кухні не буде жодного перцю, жодної зернинки. La soupe peut très-bien s’en passer. The soup can do without it. Суп цілком може обійтися і без нього. Ça pourrait bien être le poivre qui échauffe la bile des gens, » continua-t-elle, enchantée d’avoir fait cette découverte ; « ça pourrait bien être le vinaigre qui les aigrit ; la camomille qui les rend amères ; et le sucre d’orge et d’autres choses du même genre qui adoucissent le caractère des enfants. Це може бути просто перець, який розігріває людську жовч», — продовжила вона, радіючи відкриттям; «цілком міг бути оцет, який їх розкисав; ромашка, що робить їх гіркими; і льодяник і подібні речі, які пом'якшують вдачу дітей. Je voudrais bien que tout le monde sût cela ; on ne serait pas si chiche de sucreries, voyez-vous. Я б хотів, щоб усі це знали; ми б не так економили на солодощах, розумієте. » Elle avait alors complètement oublié la Duchesse, et tressaillit en entendant sa voix tout près de son oreille. She had completely forgotten about the Duchess, and started when she heard her voice close to her ear. На той час вона зовсім забула про герцогиню і здригнулася, почувши її голос біля вуха. « Vous pensez à quelque chose, ma chère petite, et cela vous fait oublier de causer. "You think of something, my dear child, and that makes you forget to talk. «Ти про щось думаєш, мій любий малюк, і це змушує тебе забути говорити. Je ne puis pas vous dire en ce moment quelle est la morale de ce fait, mais je m’en souviendrai tout à l’heure. I can not tell you at this moment what is the moral of this fact, but I will remember it later. Зараз я не можу сказати вам, яка мораль цього факту, але я згадаю про це пізніше. » « Peut-être n’y en a-t-il pas, » se hasarda de dire Alice. "Maybe there is none," Alice ventured to say. «Можливо, його й немає», — ризикнула сказати Аліса. « Bah, bah, mon enfant ! «Ба, ба, моя дитино!

» dit la Duchesse. « Il y a une morale à tout, si seulement on pouvait la trouver. «У всьому є мораль, якби ми тільки змогли її знайти. » Et elle se serra plus près d’Alice en parlant. And she squeezed closer to Alice as she spoke. І вона щільніше притиснулася до Аліси, поки та говорила.

Alice n’aimait pas trop qu’elle se tînt si près d’elle ; d’abord parce que la Duchesse était très-laide, et ensuite parce qu’elle était juste assez grande pour appuyer son menton sur l’épaule d’Alice, et c’était un menton très-désagréablement pointu. Алісі не подобалося, що вона стояла так близько до неї; по-перше, тому що герцогиня була дуже потворною, а по-друге, тому що вона була достатньо високою, щоб спертися підборіддям на плече Аліси, і це було дуже неприємно загострене підборіддя.

Pourtant elle ne voulait pas être impolie, et elle supporta cela de son mieux. Yet she did not want to be rude, and she supported it as best she could. Проте вона не хотіла бути грубою і терпіла це, як могла.

« La partie va un peu mieux maintenant, » dit-elle, afin de soutenir la conversation. «Тепер гра стала кращою», — сказала вона, щоб продовжити розмову.

« C’est vrai, » dit la Duchesse ; « et la morale en est : « Oh ! — Це правда, — сказала Герцогиня; «а мораль така: «О!

c’est l’amour, l’amour qui fait aller le monde à la ronde ! it's love, love that makes the world go round! це кохання, кохання крутить світ! » » « Quelqu’un a dit, » murmura Alice, « que c’est quand chacun s’occupe de ses affaires que le monde n’en va que mieux. "" Someone said, "whispered Alice," that it is when everyone looks after his business that the world gets better. «Хтось сказав, — прошепотіла Аліса, — коли кожен займається своїми справами, світ стає кращим». » « Eh bien ! " " Ну ! Cela signifie presque la même chose, » dit la Duchesse, qui enfonça son petit menton pointu dans l’épaule d’Alice, en ajoutant : « Et la morale en est : « Un chien vaut mieux que deux gros rats. It means almost the same thing, "said the Duchess, who thrust her small, pointed chin into Alice's shoulder, adding," And the moral is, "A dog is better than two big rats. Це означає майже те саме, — сказала герцогиня, втупившись своїм гострим маленьким підборіддям у плече Аліси, і додала: — А мораль цього така: «Собака краще двох великих щурів». » » « Comme elle aime à trouver des morales partout ! «Як їй подобається всюди знаходити мораль!» » pensa Alice. « Je parie que vous vous demandez pourquoi je ne passe pas mon bras autour de votre taille, » dit la Duchesse après une pause : « La raison en est que je ne me fie pas trop à votre flamant. Alice thought. "I bet you're wondering why I'm not putting my arm around your waist," said the Duchess after a pause: "The reason is that I do not trust your flamingo too much. подумала Аліса. "Б'юся об заклад, ви дивуєтесь, чому я не обіймаю вас за талію, - сказала герцогиня після паузи. - Причина в тому, що я не дуже довіряю вашому фламінго. Voulez-vous que j’essaie ? Do you want me to try? Хочеш я спробую? » « Il pourrait mordre, » répondit Alice, qui ne se sentait pas la moindre envie de faire l’essai proposé. "He could bite," said Alice, who did not feel the slightest desire to do the proposed test. «Він може вкусити», — відповіла Аліса, яка не відчувала ані найменшого бажання спробувати. « C’est bien vrai, » dit la Duchesse ; « les flamants et la moutarde mordent tous les deux, et la morale en est : « Qui se ressemble, s’assemble. "That's very true," said the Duchess; "Flamingos and mustard bite both, and the moral is:" That is alike, assembles. «Це правда», — сказала герцогиня. «Фламінго і гірчиця кусаються, і мораль така: «Все птахи злітаються разом».

» » « Seulement la moutarde n’est pas un oiseau, » répondit Alice. — Тільки гірчиця — не птах, — відповіла Аліса. « Vous avez raison, comme toujours, » dit la Duchesse ; « avec quelle clarté, vous présentez les choses ! "You are right, as always," said the Duchess; "With what clarity, you present things! — Ви, як завжди, маєте рацію, — сказала герцогиня; «Як чітко ви представляєте речі!

» « C’est un minéral, je crois, » dit Alice. "It's a mineral, I believe," Alice said. — Я думаю, це мінерал, — сказала Аліса. « Assurément, » dit la Duchesse, qui semblait prête à approuver tout ce que disait Alice ; « il y a une bonne mine de moutarde près d’ici ; la morale en est qu’il faut faire bonne mine à tout le monde ! "Assuredly," said the Duchess, who seemed ready to approve everything Alice said; "There is a good mustard look near here; the moral is that we must look good to everyone! «Звичайно», — сказала герцогиня, яка, здавалося, була готова схвалити будь-що, що сказала Аліса; «Тут неподалік є добра копальня гірчиці; мораль полягає в тому, що ви повинні добре виглядати на всіх!

» « Oh ! je sais, » s’écria Alice, qui n’avait pas fait attention à cette dernière observation, « c’est un végétal ; ça n’en a pas l’air, mais c’en est un. I know, "cried Alice, who had not paid attention to this last observation," it is a vegetable; it does not look like it, but it is one. Я знаю, — вигукнула Аліса, яка не звернула уваги на останнє зауваження, — це овоч; це не схоже, але це так. » « Je suis tout à fait de votre avis, » dit la Duchesse, « et la morale en est : « Soyez ce que vous voulez paraître ; » ou, si vous voulez que je le dise plus simplement : « Ne vous imaginez jamais de ne pas être autrement que ce qu’il pourrait sembler aux autres que ce que vous étiez ou auriez pu être n’était pas autrement que ce que vous aviez été leur aurait paru être autrement. "I am entirely of your opinion," said the Duchess, "and the moral is:" Be what you want to appear; Or, if you want me to say it more simply: "Do you ever imagine not being otherwise than what it might seem to others than what you were or could have been was not otherwise than what you had been seemed to them to be otherwise. «Я дотримуюся вашої думки, — сказала герцогиня, — і мораль така: «Будьте тим, ким хочете здаватися; або, якщо хочете, щоб я висловився простіше: «Ніколи не уявляйте, що ви не інакше, ніж те, що може здаватися іншим, що те, чим ви були або могли бути, не було інакше, ніж те, чим ви були, здавалося б іншим . » » « Il me semble que je comprendrais mieux cela, » dit Alice fort poliment, « si je l’avais par écrit : mais je ne peux pas très-bien le suivre comme vous le dites. »« «It seems to me that I would understand this better,» said Alice politely, «if I had it in writing: but I can not very well follow it as you say. » « Cela n’est rien auprès de ce que je pourrais dire si je voulais, » répondit la Duchesse d’un ton satisfait. "That's nothing I could say if I wanted to," replied the Duchess in a satisfied tone. «Це ніщо в порівнянні з тим, що я могла б сказати, якби захотіла», — самовдоволено відповіла Герцогиня. « Je vous en prie, ne vous donnez pas la peine d’allonger davantage votre explication, » dit Alice. "Please, do not bother to lengthen your explanation," Alice said. «Будь ласка, не подовжуйте своє пояснення, — сказала Аліса.

« Oh ! ne parlez pas de ma peine, » dit la Duchesse ; « je vous fais cadeau de tout ce que j’ai dit jusqu’à présent. " Oh ! do not speak of my grief, "said the Duchess; "I'm giving you everything I've said so far. "Ой! не говоріть про мій біль, — сказала герцогиня; «Я даю тобі все, що я сказав досі. » « Voilà un cadeau qui n’est pas cher ! "Here is a gift that is not expensive! «Ось подарунок не дорогий!» » pensa Alice. « Je suis bien contente qu’on ne fasse pas de cadeau d’anniversaire comme cela ! Alice thought. "I'm glad we do not make a birthday present like this! подумала Аліса. «Я дуже щаслива, що ми не даруємо такий подарунок на день народження! » Mais elle ne se hasarda pas à le dire tout haut. Але вона не ризикнула сказати це вголос.

« Encore à réfléchir ? "Still to think? «Ще думаєш?

» demanda la Duchesse, avec un nouveau coup de son petit menton pointu. — спитала герцогиня, знову змахнувши загостреним маленьким підборіддям.

« J’ai bien le droit de réfléchir, » dit Alice sèchement, car elle commençait à se sentir un peu ennuyée. "I have the right to think," Alice snapped, as she was starting to feel a little bored. — Я маю повне право думати, — сухо сказала Аліса, бо почала трохи нудьгувати.

« À peu près le même droit, » dit la Duchesse, « que les cochons de voler, et la mo— » "About the same right," said the Duchess, "that pigs fly, and the mo-" — Приблизно так само, — сказала Герцогиня, — що свині літають, а мо...

Mais ici, au grand étonnement d’Alice, la voix de la Duchesse s’éteignit au milieu de son mot favori, morale, et le bras qui était passé sous le sien commença de trembler. But here, to Alice's astonishment, the voice of the Duchess went out in the middle of her favorite moral word, and the arm that had passed under her began to tremble. Але тут, на превеликий подив Аліси, голос герцогині замовк серед її улюбленого слова «мораль», і рука, яка була в неї, почала тремтіти.

Alice leva les yeux et vit la Reine en face d’elle, les bras croisés, sombre et terrible comme un orage. Аліса підвела очі й побачила перед собою королеву зі схрещеними руками, темну й жахливу, як буря.

« Voilà un bien beau temps, Votre Majesté ! "Here is a fine weather, Your Majesty! «Це був чудовий день, Ваша Величносте!

» fit la Duchesse, d’une voix basse et tremblante. — сказала герцогиня тихим, тремтячим голосом.

« Je vous en préviens ! "I warn you! «Попереджаю!

» cria la Reine, trépignant tout le temps. The Queen shouted, stamping all the time. « Hors d’ici, ou à bas la tête ! "Out of here, or down the head! «Іди звідси, або вниз! et cela en moins de rien ! and that in no time! Choisissez. Виберіть. » La Duchesse eut bientôt fait son choix : elle disparut en un clin d’œil. The Duchess soon made her choice; she disappeared in the twinkling of an eye. « Continuons notre partie, » dit la Reine à Alice ; et Alice, trop effrayée pour souffler mot, la suivit lentement vers la pelouse. "Let's continue our game," said the Queen to Alice; and Alice, too frightened to breathe a word, slowly followed her to the lawn. «Давайте продовжимо нашу гру», — сказала Королева Алісі; і Аліса, надто налякана, щоб вимовити слово, повільно пішла за нею до галявини.

Les autres invités, profitant de l’absence de la Reine, se reposaient à l’ombre, mais sitôt qu’ils la virent ils se hâtèrent de retourner au jeu, la Reine leur faisant simplement observer qu’un instant de retard leur coûterait la vie. The other guests, taking advantage of the Queen's absence, were resting in the shade, but as soon as they saw her, they hastened to return to the game, the Queen simply pointing out that a moment's delay would cost them life. Інші гості, скориставшись відсутністю королеви, відпочивали в тіні, але, як тільки побачили її, поспішили назад до гри, королева просто вказала їм, що хвилинна затримка коштувала б їм життя.

Tant que dura la partie, la Reine ne cessa de se quereller avec les autres joueurs et de crier : « Qu’on coupe la tête à celui-ci ! As long as the game lasted, the Queen kept quarreling with the other players and shouting, "Cut your head to this one! Поки тривала гра, королева сварилася з іншими гравцями і кричала: «Відріжте цьому голову!»

Qu’on coupe la tête à celle-là ! » Ceux qu’elle condamnait étaient arrêtés par les soldats qui, bien entendu, avaient à cesser de servir d’arches, de sorte qu’au bout d’une demi-heure environ, il ne restait plus d’arches, et tous les joueurs, à l’exception du Roi, de la Reine, et d’Alice, étaient arrêtés et condamnés à avoir la tête tranchée. Cut your head to that one! Those whom she condemned were arrested by the soldiers who, of course, had to cease to serve as arches, so that in about half an hour there were no arches left, and all The players, with the exception of the King, the Queen, and Alice, were arrested and sentenced to have their heads cut off. Відріжте тому голову! Тих, кого вона засудила, заарештовували солдати, які, звісно, мусили перестати служити ковчегами, так що приблизно через півгодини ковчегів більше не залишилося, і всі гравці, за винятком Короля, Королеви та Аліси , були заарештовані і засуджені до відрубування голови.

Alors la Reine cessa le jeu toute hors d’haleine, et dit à Alice : « Avez-vous vu la Fausse-Tortue ? Then the Queen stopped the play out of breath, and said to Alice: "Have you seen the False Turtle? Потім Королева припинила гру, зовсім задихавшись, і сказала Алісі: «Ти бачила Фальшиву Черепаху?»

» « Non, » dit Alice ; « je ne sais même pas ce que c’est qu’une Fausse-Tortue. "No," said Alice; "I do not even know what a Fake Turtle is. — Ні, — сказала Аліса; «Я навіть не знаю, що таке помилкова черепаха. » « C’est ce dont on fait la soupe à la Fausse-Tortue, » dit la Reine. "That's what we do with the Fake Tortoise soup," said the Queen. «Ось із чого готують суп із фальшивої черепахи», — сказала Королева. « Je n’en ai jamais vu, et c’est la première fois que j’en entends parler, » dit Alice. «Я ніколи цього не бачила, і вперше про це чую», — сказала Аліса.

« Eh bien ! venez, » dit la Reine, « et elle vous contera son histoire. " Well ! come, "said the Queen," and she will tell you her story. " Ну ! Приходь, - сказала Королева, - і вона розповість тобі свою історію. » Comme elles s’en allaient ensemble, Alice entendit le Roi dire à voix basse à toute la compagnie : « Vous êtes tous graciés. As they were leaving together, Alice heard the King say in a whisper to the whole company: "You are all pardoned. Коли вони разом пішли, Аліса почула, як король тихим голосом сказав до всієї компанії: «Вам усім прощено. » « Allons, voilà qui est heureux ! "Come, here is who is happy! «Давай, ось хто щасливий!» » se dit-elle en elle-même, car elle était toute chagrine du grand nombre d’exécutions que la Reine avait ordonnées. — сказала вона собі, бо була дуже засмучена великою кількістю страт, які наказала королева.

Elles rencontrèrent bientôt un Griffon, étendu au soleil et dormant profondément. They soon met a Griffon lying in the sun and sleeping soundly. Невдовзі вони зустріли грифона, який лежав на сонці й міцно спав.

(Si vous ne savez pas ce que c’est qu’un Griffon, regardez l’image.) (If you do not know what a Griffon is, look at the picture.) (Якщо ви не знаєте, що таке грифон, подивіться на малюнок.) « Debout ! paresseux, » dit la Reine, « et menez cette petite demoiselle voir la Fausse-Tortue, et l’entendre raconter son histoire. «Вертикально! лінивцю, — сказала Королева, — і візьми цю маленьку дівчину, щоб побачити Фальшиву Черепаху й послухати, як вона розповість свою історію. Il faut que je m’en retourne pour veiller à quelques exécutions que j’ai ordonnées ; » et elle partit laissant Alice seule avec le Griffon. Я мушу повернутися, щоб спостерігати за деякими стратами, які я наказав; і вона пішла, залишивши Алісу наодинці з Грифоном. La mine de cet animal ne plaisait pas trop à Alice, mais, tout bien considéré, elle pensa qu’elle ne courait pas plus de risques en restant auprès de lui, qu’en suivant cette Reine farouche. Вигляд цієї тварини не надто сподобався Алісі, але, зважаючи на все, вона вважала, що не ризикує більше, залишаючись із ним, ніж слідуючи за цією лютою Королевою.

Le Griffon se leva et se frotta les yeux, puis il guetta la Reine jusqu’à ce qu’elle fût disparue ; et il se mit à ricaner. The Griffon stood up and rubbed his eyes, then he wandered the Queen until she was gone; and he began to sneer. Грифон підвівся і протер очі, потім дивився на королеву, доки вона не зникла; і почав глузувати.

« Quelle farce ! » dit le Griffon, moitié à part soi, moitié à Alice. — сказав Грифон наполовину собі, наполовину Алісі.

« Quelle est la farce ?

» demanda Alice. « Elle ! » dit le Griffon. « C’est une idée qu’elle se fait ; jamais on n’exécute personne, vous comprenez. "It's an idea she's making; we never execute anyone, you understand. «У неї є ідея; нікого ніколи не страчують, розумієте. Venez donc ! So come !

» « Tout le monde ici dit : « Venez donc ! «Усі тут кажуть: «Давай! » » pensa Alice, en suivant lentement le Griffon. « Jamais de ma vie on ne m’a fait aller comme cela ; non, jamais ! "Never in my life have I been made to go that way; no never ! «Ніколи в житті мене не змушували йти так; ні ніколи ! » Ils ne firent pas beaucoup de chemin avant d’apercevoir dans l’éloignement la Fausse-Tortue assise, triste et solitaire, sur un petit récif, et, à mesure qu’ils approchaient, Alice pouvait l’entendre qui soupirait comme si son cœur allait se briser ; elle la plaignait sincèrement. Вони не зайшли дуже далеко, як побачили вдалині Фальшиву Черепаху, яка сиділа сумна й самотня на маленькому рифі, і коли вони наблизилися, Аліса почула, як він зітхає, наче його серце мало розірватися; — щиро пожаліла вона її. « Quel est donc son chagrin ? "What is his sorrow? «Так у чому ж його горе? » demanda-t-elle au Griffon ; et le Griffon répondit, presque dans les mêmes termes qu’auparavant : « C’est une idée qu’elle se fait ; elle n’a point de chagrin, vous comprenez. She asked the Griffon; and the Griffon replied, almost in the same terms as before: "It is an idea that it is made; she has no sorrow, you understand. — запитала вона Грифона; і Грифон відповів майже тими ж словами, що й раніше: «У неї є ідея; у неї немає горя, ти розумієш. Venez donc ! » Ainsi ils s’approchèrent de la Fausse-Tortue, qui les regarda avec de grands yeux pleins de larmes, mais ne dit rien. Тож приходьте! Тож вони підійшли до Фальшивої Черепахи, яка подивилася на них великими очима, повними сліз, але нічого не сказала. « Cette petite demoiselle, » dit le Griffon, « veut savoir votre histoire. «Ця маленька леді, — сказав Грифон, — хоче знати твою історію.

» « Je vais la lui raconter, » dit la Fausse-Tortue, d’un ton grave et sourd : « Asseyez-vous tous deux, et ne dites pas un mot avant que j’aie fini. — Я розкажу йому, — сказала Фальшива Черепаха низьким серйозним тоном. » Ils s’assirent donc, et pendant quelques minutes, personne ne dit mot. Так вони сіли, і кілька хвилин ніхто не сказав ні слова. Alice pensait : « Je ne vois pas comment elle pourra jamais finir si elle ne commence pas. Alice thought, "I do not see how she can ever finish if she does not start. Аліса подумала: «Я не розумію, як вона може закінчитися, якщо не почне». » Mais elle attendit patiemment.« Autrefois, » dit enfin la Fausse-Tortue, « j’étais une vraie Tortue. Але вона терпляче чекала. «Колись, — сказала нарешті Фальшива Черепаха, — я була справжньою Черепахою». » Ces paroles furent suivies d’un long silence interrompu seulement de temps à autre par cette exclamation du Griffon : « Hjckrrh ! За цими словами настала довга мовчанка, яку лише час від часу переривав цей вигук Грифона: «Hjckrrh!» » et les soupirs continuels de la Fausse-Tortue. і постійне зітхання Фальшивої Черепахи. Alice était sur le point de se lever et de dire : « Merci de votre histoire intéressante, » mais elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il devait sûrement y en avoir encore à venir. Alice was about to stand up and say, "Thank you for your interesting story," but she could not help thinking that there must be more to come. Аліса збиралася підвестися й сказати: «Дякую за вашу цікаву історію», але вона не могла не подумати, що попереду має бути щось більше. Elle resta donc tranquille sans rien dire. Тому вона мовчала, нічого не кажучи.

« Quand nous étions petits, » continua la Fausse Tortue d’un ton plus calme, quoiqu’elle laissât encore de temps à autre échapper un sanglot, « nous allions à l’école au fond de la mer. "When we were little," continued the False Turtle in a calmer tone, though she still let out a sob from time to time, "we were going to school at the bottom of the sea. «Коли ми були маленькими, — продовжувала Фальшива Черепаха більш спокійним тоном, хоча час від часу все ще схлипувала, — ми ходили до школи на морське дно.

La maîtresse était une vieille tortue ; nous l’appelions Chélonée. The mistress was an old turtle; we called it Cheloneus. Господинею була стара черепаха; ми назвали її Chélonée. » « Et pourquoi l’appeliez-vous Chélonée, si ce n’était pas son nom ? "And why did you call her Cheloneus, if it was not her name? — А чому ти назвав її Шелоне, якщо це не її ім’я? » « Parce qu’on ne pouvait s’empêcher de s’écrier en la voyant : « Quel long nez ! "Because we could not help crying out when we saw her," What a long nose! «Тому що ви не могли не вигукнути, побачивши її: «Який довгий ніс!» » » dit la Fausse-Tortue d’un ton fâché ; « vous êtes vraiment bien bornée ! » сказала Фальшива Черепаха сердито; «Ти справді добре зв’язаний! » « Vous devriez avoir honte de faire une question si simple ! «Тобі має бути соромно ставити таке просте питання!» » ajouta le Griffon ; et puis tous deux gardèrent le silence, les yeux fixés sur la pauvre Alice, qui se sentait prête à rentrer sous terre. додав Грифон; а потім обидва замовкли, їхні очі прикуті до бідолашної Аліси, яка відчувала, що готова піти під землю. Enfin le Griffon dit à la Fausse-Tortue, « En avant, camarade ! Нарешті Грифон сказав Фальшивій Черепасі: «Вперед, товаришу!» Tâchez d’en finir aujourd’hui ! Спробуйте закінчити це сьогодні! » et elle continua en ces termes : і вона продовжила такими словами:

« Oui, nous allions à l’école dans la mer, bien que cela vous étonne. «Так, ми ходили в школу на море, хоча це вас дивує.

» « Je n’ai pas dit cela, » interrompit Alice. — Я цього не казала, — перебила Аліса. « Vous l’avez dit, » répondit la Fausse-Tortue. — Ти це сказав, — відповіла Фальшива Черепаха.

« Taisez-vous donc, » ajouta le Griffon, avant qu’Alice pût reprendre la parole. — Тоді замовкни, — додав Грифон, перш ніж Аліса встигла заговорити знову.

La Fausse-Tortue continua :

« Nous recevions la meilleure éducation possible ; au fait, nous allions tous les jours à l’école. «Ми отримували найкращу освіту; до речі, ми щодня ходили до школи.

» « Moi aussi, j’y ai été tous les jours, » dit Alice ; « il n’y a pas de quoi être si fière. «Я теж була там щодня», — сказала Аліса; «Немає чим так пишатися. » « Avec des « en sus, » » dit la Fausse-Tortue avec quelque inquiétude. «З додатковими послугами», — стурбовано сказала Фальшива Черепаха. « Oui, » dit Alice, « nous apprenions l’italien et la musique en sus.

» « Et le blanchissage ? — А прання? » dit la Fausse-Tortue.

« Non, certainement !

» dit Alice indignée.

« Ah ! Alors votre pension n’était pas vraiment des bonnes, » dit la Fausse-Tortue comme soulagée d’un grand poids. «О! Тож пенсія у вас була не дуже хороша, — сказала Фальшива Черепаха, ніби звільнившись від великої ваги. « Eh bien, à notre pension il y avait au bas du prospectus : « l’italien, la musique, et le blanchissage en sus. «Λοιπόν, στην πανσιόν μας υπήρχε στο κάτω μέρος του ενημερωτικού δελτίου: «Ιταλικά, μουσική και επιπλέον πλυντήριο». «Ну, в нашому пансіонаті внизу проспекту було написано: «Італійська мова, музика і прання додатково». » » « Vous ne deviez pas en avoir grand besoin, puisque vous viviez au fond de la mer, » dit Alice. «Це тобі навряд чи знадобилося, оскільки ти жив на дні моря», — сказала Аліса. « Je n’avais pas les moyens de l’apprendre, » dit en soupirant la Fausse-Tortue ; « je ne suivais que les cours ordinaires. "I could not afford to learn it," said the False Turtle, sighing; "I only followed ordinary classes. «Я не міг дозволити собі цього навчитися», — зітхнула Фальшива Черепаха; «Я відвідував лише звичайні заняття.

» « Qu’est-ce que c’était ? " " What was that ? » demanda Alice. « À Luire et à Médire, cela va sans dire, » répondit la Fausse-Tortue ; « et puis les différentes branches de l’Arithmétique : l’Ambition, la Distraction, l’Enjolification, et la Dérision. ρώτησε η Άλις. «Στον Luire και τον Médire, αυτό είναι αυτονόητο», απάντησε η Ψεύτικη Χελώνα. «Και μετά οι διαφορετικοί κλάδοι της Αριθμητικής: Φιλοδοξία, Διάσπαση της προσοχής, Εξωραϊσμός και Χλευασμός. Alice asked. "To shine and to meditate, that goes without saying," replied the False Tortoise; "And then the different branches of Arithmetic: Ambition, Distraction, Embolification, and Derision. запитала Аліса. «Люїру та Медіру, це само собою зрозуміло», — відповіла Фальшива Черепаха; «а потім різні гілки арифметики: честолюбство, відволікання, прикрашання та насмішка. » « Je n’ai jamais entendu parler d’enjolification, » se hasarda de dire Alice. — Я ніколи не чула про прикрашання, — ризикнула Аліса. « Qu’est-ce que c’est ? » Le Griffon leva les deux pattes en l’air en signe d’étonnement. Грифон здивовано підняв обидві лапи в повітря. « Vous n’avez jamais entendu parler d’enjolir ! «Ви ніколи не чули про прикрашання! » s’écria-t-il. « Vous savez ce que c’est que « embellir, » je suppose ? «Ви, мабуть, знаєте, що таке «прикрашати»?» » « Oui, » dit Alice, en hésitant : « cela veut dire — rendre — une chose — plus belle. "Yes," Alice said hesitatingly, "that means - make - a thing - more beautiful. «Так, — нерішуче сказала Аліса, — це означає — зробити — річ — красивішою». » « Eh bien ! » continua le Griffon, « si vous ne savez pas ce que c’est que « enjolir » vous êtes vraiment niaise. " " Ну ! — продовжував Грифон, — якщо ти не знаєш, що таке «красива», ти справді дурень». » Alice ne se sentit pas encouragée à faire de nouvelles questions là-dessus, elle se tourna donc vers la Fausse-Tortue, et lui dit, « Qu’appreniez-vous encore ? Alice did not feel encouraged to ask any more questions about it, so she turned to the False Turtle and said, "What are you learning yet? Аліса не відчувала бажання ставити більше запитань про це, тому вона звернулася до Фальшивої черепахи та запитала: «Що ти ще дізнався?» » « Eh bien, il y avait le Grimoire, » répondit la Fausse-Tortue en comptant sur ses battoirs ; « le Grimoire ancien et moderne, avec la Mérographie, et puis le Dédain ; le maître de Dédain était un vieux congre qui venait une fois par semaine ; il nous enseignait à Dédaigner, à Esquiver et à Feindre à l’huître. "Well, there was the Grimoire," replied the False Turtle, counting on her beaters; "The old and modern Grimoire, with Merographie, and then Dédain; the master of Dédain was an old conger who came once a week; he taught us to despise, to dodge, and to feign to the oyster. «Ну, там був Гримуар», — відповіла Фальшива Черепаха, покладаючись на своїх стукачів; «стародавній і сучасний Гримуар з Мерографією, а потім Зневагою; Господарем Дисдайн був старий конгер, який приходив раз на тиждень; він навчив нас зневажати, ухилятися і прикидатися устрицею. » « Qu’est-ce que cela ? " " What is that ? » dit Alice. « Ah ! je ne peux pas vous le montrer, moi, » dit la Fausse-Tortue, « je suis trop gênée, et le Griffon ne l’a jamais appris. сказала Аліса. «О! Я не можу тобі це показати, — сказала Фальшива Черепаха, — мені дуже соромно, а Грифон так і не дізнався. » « Je n’en avais pas le temps, » dit le Griffon, « mais j’ai suivi les cours du professeur de langues mortes ; c’était un vieux crabe, celui-là. "I did not have the time," said the Griffin, "but I attended the lessons of the dead language teacher; it was an old crab, that one. «Я не мав часу, — сказав Грифон, — але я брав уроки професора мертвих мов; це був старий краб, той. » « Je n’ai jamais suivi ses cours, » dit la Fausse-Tortue avec un soupir ; « il enseignait le Larcin et la Grève. "I never went to school," said the False Turtle with a sigh; "He taught larceny and the strike. «Я ніколи не ходив на його курси», — зітхнувши, сказала Фальшива Черепаха. «Він навчав крадіжки та страйку. » « C’est ça, c’est ça, » dit le Griffon, en soupirant à son tour ; et ces deux créatures se cachèrent la figure dans leurs pattes. "That's it, that's it," said the Griffon, sighing in turn; and these two creatures hid their faces in their paws. — Ось так, ось і все, — у свою чергу зітхнув Грифон; і ці дві істоти сховали свої обличчя в своїх лапах. « Combien d’heures de leçons aviez-vous par jour ? «Скільки у вас було годин уроків на день?

» dit Alice vivement, pour changer la conversation. — жваво сказала Аліса, щоб змінити розмову.

« Dix heures, le premier jour, » dit la Fausse-Tortue ; « neuf heures, le second, et ainsi de suite. "Ten o'clock on the first day," said the False Tortoise; "Nine o'clock, the second, and so on. «О десятій годині першого дня», — сказала Фальшива Черепаха; «дев'ята година, друга і так далі».

» « Quelle singulière méthode ! «Який унікальний метод! » s’écria Alice. « C’est pour cela qu’on les appelle leçons, » dit le Griffon, « parce que nous les laissons là peu à peu. Alice cried. "That's why they are called lessons," said the Griffon, "because we leave them there little by little. — скрикнула Аліса. «Ось чому вони називаються уроками, — сказав Грифон, — тому що ми залишаємо їх там потроху. » C’était là pour Alice une idée toute nouvelle ; elle y réfléchit un peu avant de faire une autre observation. Це була абсолютно нова ідея для Аліси; вона трохи подумала про це, перш ніж зробити інший коментар. « Alors le onzième jour devait être un jour de congé ? — Отже, одинадцятий день мав бути вихідним? » « Assurément, » répondit la Fausse-Tortue. « Et comment vous arrangiez-vous le douzième jour ? — А як ти впорався на дванадцятий день?

» s’empressa de demander Alice.

« En voilà assez sur les leçons, » dit le Griffon intervenant d’un ton très-décidé ; « parlez-lui des jeux maintenant. — Досить уроків, — сказав Грифон, втрутившись дуже рішучим тоном. «Скажи йому про ігри зараз.