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Bram Stoker - Dracula, Part (32)

Part (32)

Que dois-je faire ? Que dois-je faire ? Je suis revenue dans la chambre avec Maman. Je ne peux la laisser, et je suis seule, en dehors des servantes endormies, que quelqu'un a droguées. Seule avec le cadavre ! Je n'ose pas sortir, car j'entends le hurlement caverneux du loup à travers la fenêtre cassée. L'air semble plein de poussières, qui flottent et tournoient dans le courant d'air de la fenêtre, et la flamme de la lampe tourne au bleu et vacille. Que dois-je faire ? Que Dieu me protège du mal, cette nuit ! Je cacherai ce papier dans mon corsage, afin qu'on l'y trouve quand on me sortira d'ici. Ma chère mère, partie ! Il est temps que je parte aussi. Adieu, mon cher Arthur, si je ne survis pas à cette nuit. Que Dieu vous garde, et qu'il me vienne en aide !

CHAPITRE 12 JOURNAL DU DOCTEUR SEWARD, 18 septembre J'ai pris la route immédiatement pour Hillingham et suis arrivé tôt. Laissant ma voiture et mon chauffeur à la grille, j'ai remonté seul l'allée qui mène à la maison. J'ai frappé doucement, et sonné en faisant le moins de bruit possible, car j'avais peur de déranger Lucy ou sa mère. J'espérais alerter un simple domestique. Après un moment, comme personne ne venait m'ouvrir, je frappai et sonnai à nouveau; toujours aucune réponse. Je maudis la paresse des servantes, qui n'auraient pas dû être couchées à une heure pareille - car il était maintenant dix heures du matin - et je sonnai et frappai à nouveau, de plus en plus impatiemment, mais toujours sans réponse. Jusque là je n'avais fait que blâmer les domestiques, mais maintenant une peur terrible m'assaillait. La désolation de cette maison n'était-elle pas un nouveau maillon de la chaine maudite qui semblait se resserrer autour de nous ? N'était-ce pas une maison de mort, à laquelle je me présentais, trop tard ? Je savais que les minutes, et même les secondes de retard, pouvaient signifier des heures de danger pour Lucy, si elle avait eu l'une de ces effrayantes rechutes; et je fis le tour de la maison pour voir si je pouvais par hasard entrer par un autre côté. Je ne trouvai hélas aucune ouverture. Chaque fenêtre et chaque porte était soigneusement fermée et verrouillée, et je revins bredouille au porche. Alors que je m'en revenais, j'entendis le martèlement des sabots d'un cheval mené à vive allure. Le cheval s'arrêta à la grille, et quelques secondes plus tard je vis Van Helsing qui déboulait par l'allée. Quand il me vit, il s'exclama : « C'est donc vous, qui venez juste d'arriver! Comment va-t-elle ? Arrivons-nous trop tard ? N'avez-vous pas reçu mon télégramme ? » Je répondis, aussi vite et aussi distinctement que possible, que je n'avais reçu son télégramme que tôt ce matin, que je n'avais pas perdu une minute avant de me ruer ici, mais que je ne parvenais pas à me faire entendre des gens de la maison. Il s'arrêta, ôta son chapeau et dit d'un air solennel : « Alors je crains que nous n'arrivions trop tard. Que la volonté du Seigneur soit faite ! » Avec son habituelle réserve d'énergie, il ajouta : « Venez. S'il n'y a pas d'accès pour entrer, nous devons en créer un. C'est maintenant une course contre la montre. » Nous allâmes derrière la maison, où se trouvait une fenêtre de la cuisine. Le Professeur prit une petite scie chirurgicale de sa mallette, et, me la tendant, il me désigna les barreaux qui protégeaient la vitre. Je m'y attaquai sans attendre, et très vite, j'eux découpé trois d'entre eux. Avec un long couteau fin, nous parvînmes à faire jouer le mécanisme de la fenêtre et nous l'ouvrîmes. J'aidai le professeur à se glisser à l'intérieur, puis je le suivis. Il n'y avait personne, ni dans la cuisine, ni dans le quartier des domestiques, qui se trouvait tout à côté. Nous essayâmes toutes les pièces, tandis que nous progressions, et dans la salle à manger, éclairées faiblement par des rayons de lumière filtrant des volets, nous trouvâmes quatre femmes de chambre gisant sur le sol. Il était inutile de vérifier leurs fonctions vitales, car leur respiration stertoreuse et l'odeur âcre du laudanum dans la pièce ne laissait aucun doute sur leur état. Van Helsing et moi échangeâmes un regard, et, tandis que nous nous éloignions, il dit : « Nous pourrons nous en occuper plus tard ». Puis nous grimpâmes jusqu'à la chambre de Lucy. Nous nous arrêtâmes un instant à la porte pour tendre l'oreille, mais aucun bruit ne se faisait entendre. Avec des visages livides et des mains tremblantes, nous ouvrîmes la porte doucement, et pénétrâmes dans la pièce. Comment décrire le tableau que nous vîmes ? Sur le lit gisaient deux femmes, Lucy et sa mère. Celle-ci reposait du côté le plus éloigné de nous, et était recouverte d'un drap, dont le bord s'était envolé avec le courant d'air de la fenêtre cassée - dévoilant son visage livide et tiré, qui conservait une expression de terreur. A ses côtés reposait Lucy, le visage blême aussi, et encore plus tiré. Les fleurs qui étaient censées se trouver à son cou, nous les trouvâmes sur la poitrine de sa mère, et sa gorge nue, exhibant les deux petits points rouges que nous avions déjà remarqués, paraissait horriblement blanche et mutilée. Sans un mot le Professeur se pencha au-dessus du lit, sa tête frôlant la poitrine de cette pauvre Lucy; puis il fit un petit mouvement de tête, comme s'il écoutait quelque chose, et, sautant sur ses pieds, il cria : « Il n'est pas encore trop tard ! Vite ! Vite ! Amenez le brandy ! » Je m'élançai en bas pour m'emparer du brandy, en prenant bien garde de le renifler et de le goûter, de peur qu'il ne soit, lui aussi, drogué comme la carafe de sherry que j'avais trouvée sur la table. Les servantes respiraient toujours, mais de manière plus agitée, et je pensais que le narcotique était en train de se dissiper. Je ne restai pas pour m'en assurer, mais revins à Van Helsing sans tarder. Il versa du brandy, comme il l'avait déjà fait à une autre occasion, sur ses lèvres et ses gencives, ainsi que sur ses poignets et la paume de ses mains. Il me dit : « Je puis faire cela - et c'est tout ce que nous pouvons faire pour le moment. Allez réveiller ces servantes. Giflez-les sur le visage avec une serviette mouillée, et frappez fort. Qu'elles attisent le feu et préparent un bain chaud. Cette pauvre âme est presque aussi froide que le corps à côté d'elle. Elle a besoin d'être réchauffée avant toute autre chose. » Je m'éxécutai aussitôt, et rencontrai peu de difficultés à réveiller trois des quatre femmes. La dernière était une toute jeune fille, et la drogue l'avait manifestement affectée plus fortement, aussi je la laissai dormir sur le sofa. Les autres reprirent lentement leurs esprits, mais quand le souvenir leur revint, elles se mirent à sangloter et à crier comme des hystériques. Je me montrai très ferme avec elles, cependant, et ne leur laissai pas le loisir de parler. Je leur dis qu'il était bien suffisant d'avoir perdu une vie, et que si elles tardaient trop elles seraient responsables de la mort de Miss Lucy. Alors, pleurant et reniflant, elles se remirent au travail, en tenue de nuit, et préparèrent le feu et l'eau. Fort heureusement, les feux de la cuisine ne s'étaient pas éteints, et on ne manquait pas d'eau chaude. Nous préparâmes un bain et portâmes Lucy, telle qu'elle était, pour la plonger à l'intérieur. Comme nous étions occupés à frotter ses membres, on frappa à la porte. L'une des servantes, dépêchée pour aller chercher de nouveaux vêtements, en profita pour ouvrir. Puis elle revint et nous dit en murmurant qu'il y avait un gentleman porteur d'un message de Mister Holmwood. Je lui commandai de dire à ce monsieur qu'il n'avait qu'à attendre, car personne ne pouvait le recevoir pour le moment. Elle alla transmettre le message, et, absorbé par notre travail, j'oubliai totalement ce visiteur. Je n'ai jamais vu le Professeur travailler avec une telle hâte. Je savais - comme lui - qu'il s'agissait d'un bras de fer contre la mort, et je le lui dis, lors d'une brève pause. Il me répondit d'une manière que je ne compris pas très bien, mais avec le visage le plus sévère qui soit : « Si ce n'était que cela, je m'arrêterais immédiatement et je la laisserais s'éteindre en paix, car je ne vois aucune lumière à l'horizon de sa vie. » Et il se remit au travail, avec, s'il est possible, un acharnement redoublé et presque frénétique. A un moment nous nous rendîmes compte que la chaleur commençait à produire ses effets. Le battement de cœur de Lucy était un peu plus perceptible au stéthoscope, et ses poumons faisaient un mouvement visible. Le visage de Van Helsing rayonnait presque, lorsque nous la sortîmes de l'eau et l'enroulâmes dans un linge chaud pour la sécher. Il me dit : « Notre première victoire ! Echec au Roi ! » Nous amenâmes Lucy dans une autre pièce, qui avait été dûment préparée, et nous l'allongeâmes dans son lit, l'obligeant à avaler quelques gouttes de brandy. Je remarquai que Van Helsing nouait autour de son cou un mouchoir de soie fine. Elle était encore inconsciente, et par rapport aux dernières fois, son état ne s'était pas amélioré, et avait même plutôt empiré. Van Helsing appela l'une des femmes de chambre, et lui dit de rester avec elle et de ne pas la quitter des yeux jusqu'à notre retour, et ensuite il me fit signe de sortir de la chambre. « Nous devons discuter de ce qui doit être fait. », dit-il en descendant l'escalier. Dans le hall il ouvrit la porte de la salle à manger, et nous passâmes à l'intérieur, avant qu'il ne fermât la porte soigneusement derrière lui. Les volets avaient été ouverts, mais les stores étaient déjà baissés, conformément au protocole de deuil que les femmes britanniques des classes inférieures observent toujours scrupuleusement. La pièce se trouvait, par ce fait, dans la pénombre. Mais ce demi-jour suffisait amplement pour ce que nous avions à faire. La dureté de Van Helsing était en quelque manière adoucie par une expression de perplexité. Manifestement, son esprit ruminait une question, aussi j'attendis un moment qu'il prît la parole. « Que devons-nous faire maintenant ? Vers qui ou quoi pouvons-nous nous tourner pour obtenir de l'aide ? Nous avons absolument besoin d'une nouvelle transfusion sanguine, et cela, très rapidement, ou la vie de cette pauvre fille ne vaut plus rien. Vous êtes déjà épuisé; et moi aussi. Je n'ose faire confiance à ces femmes, même si elles avaient le courage de donner leur sang. Comment trouver quelqu'un qui s'ouvrira les veines pour elle?»

« Et avec moi, quel est le problème ? » La voix venait du sofa, et ses inflexions apportèrent à mon cœur le soulagement et la joie, car elles étaient celles de Quincey Morris. Van Helsing avait sursauté, agressif, quand il avait d'abord entendu la voix, mais son visage s'adoucit et une lueur joyeuse apparut dans ses yeux quand il cria : « Quincey Morris ! » et il se rua vers lui, les bras ouverts. « Qu'est-ce qui t'amène ici ? » demandai-je en lui serrant la main. « Je dirais que c'est Art. » Il me tendit un télégramme : « Aucune nouvelle de Seward depuis trois jours. Suis terriblement inquiet. Ne peux quitter mon père, toujours dans le même état. Envoie-moi un mot pour m'informer de la santé de Lucy. Ne tarde pas. Holmwood. » • J'ai comme l'impression que je suis arrivé à point nommé. Vous savez que vous n'avez qu'à me dire quoi faire, et je le ferai. Van Helsing fit un pas en avant, prit sa main, le regarda droit dans les yeux et dit : « Le sang d'un brave, c'est la meilleure chose sur cette terre quand une femme est en danger. Vous êtes un homme, pas de doute là-dessus. Eh bien, le démon peut bien déployer tous ses artifices contre nous, mais Dieu nous envoie des hommes quand nous en avons besoin. » Une fois encore, il procéda à cette effroyable opération.

Part (32) Anteil (32) Part (32) Parte (32)

Que dois-je faire ? Que dois-je faire ? Je suis revenue dans la chambre avec Maman. Je ne peux la laisser, et je suis seule, en dehors des servantes endormies, que quelqu'un a droguées. Seule avec le cadavre ! Je n'ose pas sortir, car j'entends le hurlement caverneux du loup à travers la fenêtre cassée. L'air semble plein de poussières, qui flottent et tournoient dans le courant d'air de la fenêtre, et la flamme de la lampe tourne au bleu et vacille. The air seems full of dust, floating and swirling in the draft from the window, and the lamp's flame turns blue and flickers. Que dois-je faire ? Que Dieu me protège du mal, cette nuit ! Je cacherai ce papier dans mon corsage, afin qu'on l'y trouve quand on me sortira d'ici. Ma chère mère, partie ! Il est temps que je parte aussi. Adieu, mon cher Arthur, si je ne survis pas à cette nuit. Que Dieu vous garde, et qu'il me vienne en aide !

CHAPITRE 12 JOURNAL DU DOCTEUR SEWARD, 18 septembre J'ai pris la route immédiatement pour Hillingham et suis arrivé tôt. Laissant ma voiture et mon chauffeur à la grille, j'ai remonté seul l'allée qui mène à la maison. J'ai frappé doucement, et sonné en faisant le moins de bruit possible, car j'avais peur de déranger Lucy ou sa mère. J'espérais alerter un simple domestique. Après un moment, comme personne ne venait m'ouvrir, je frappai et sonnai à nouveau; toujours aucune réponse. Je maudis la paresse des servantes, qui n'auraient pas dû être couchées à une heure pareille - car il était maintenant dix heures du matin - et je sonnai et frappai à nouveau, de plus en plus impatiemment, mais toujours sans réponse. Jusque là je n'avais fait que blâmer les domestiques, mais maintenant une peur terrible m'assaillait. La désolation de cette maison n'était-elle pas un nouveau maillon de la chaine maudite qui semblait se resserrer autour de nous ? N'était-ce pas une maison de mort, à laquelle je me présentais, trop tard ? Je savais que les minutes, et même les secondes de retard, pouvaient signifier des heures de danger pour Lucy, si elle avait eu l'une de ces effrayantes rechutes; et je fis le tour de la maison pour voir si je pouvais par hasard entrer par un autre côté. Je ne trouvai hélas aucune ouverture. Chaque fenêtre et chaque porte était soigneusement fermée et verrouillée, et je revins bredouille au porche. Alors que je m'en revenais, j'entendis le martèlement des sabots d'un cheval mené à vive allure. Le cheval s'arrêta à la grille, et quelques secondes plus tard je vis Van Helsing qui déboulait par l'allée. Quand il me vit, il s'exclama : « C'est donc vous, qui venez juste d'arriver! Comment va-t-elle ? Arrivons-nous trop tard ? N'avez-vous pas reçu mon télégramme ? » Je répondis, aussi vite et aussi distinctement que possible, que je n'avais reçu son télégramme que tôt ce matin, que je n'avais pas perdu une minute avant de me ruer ici, mais que je ne parvenais pas à me faire entendre des gens de la maison. Il s'arrêta, ôta son chapeau et dit d'un air solennel : « Alors je crains que nous n'arrivions trop tard. Que la volonté du Seigneur soit faite ! » Avec son habituelle réserve d'énergie, il ajouta : « Venez. S'il n'y a pas d'accès pour entrer, nous devons en créer un. C'est maintenant une course contre la montre. » Nous allâmes derrière la maison, où se trouvait une fenêtre de la cuisine. Le Professeur prit une petite scie chirurgicale de sa mallette, et, me la tendant, il me désigna les barreaux qui protégeaient la vitre. Je m'y attaquai sans attendre, et très vite, j'eux découpé trois d'entre eux. Avec un long couteau fin, nous parvînmes à faire jouer le mécanisme de la fenêtre et nous l'ouvrîmes. J'aidai le professeur à se glisser à l'intérieur, puis je le suivis. Il n'y avait personne, ni dans la cuisine, ni dans le quartier des domestiques, qui se trouvait tout à côté. Nous essayâmes toutes les pièces, tandis que nous progressions, et dans la salle à manger, éclairées faiblement par des rayons de lumière filtrant des volets, nous trouvâmes quatre femmes de chambre gisant sur le sol. Il était inutile de vérifier leurs fonctions vitales, car leur respiration stertoreuse et l'odeur âcre du laudanum dans la pièce ne laissait aucun doute sur leur état. Van Helsing et moi échangeâmes un regard, et, tandis que nous nous éloignions, il dit : « Nous pourrons nous en occuper plus tard ». Puis nous grimpâmes jusqu'à la chambre de Lucy. Nous nous arrêtâmes un instant à la porte pour tendre l'oreille, mais aucun bruit ne se faisait entendre. Avec des visages livides et des mains tremblantes, nous ouvrîmes la porte doucement, et pénétrâmes dans la pièce. Comment décrire le tableau que nous vîmes ? Sur le lit gisaient deux femmes, Lucy et sa mère. Celle-ci reposait du côté le plus éloigné de nous, et était recouverte d'un drap, dont le bord s'était envolé avec le courant d'air de la fenêtre cassée - dévoilant son visage livide et tiré, qui conservait une expression de terreur. A ses côtés reposait Lucy, le visage blême aussi, et encore plus tiré. Les fleurs qui étaient censées se trouver à son cou, nous les trouvâmes sur la poitrine de sa mère, et sa gorge nue, exhibant les deux petits points rouges que nous avions déjà remarqués, paraissait horriblement blanche et mutilée. Sans un mot le Professeur se pencha au-dessus du lit, sa tête frôlant la poitrine de cette pauvre Lucy; puis il fit un petit mouvement de tête, comme s'il écoutait quelque chose, et, sautant sur ses pieds, il cria : « Il n'est pas encore trop tard ! Vite ! Vite ! Amenez le brandy ! » Je m'élançai en bas pour m'emparer du brandy, en prenant bien garde de le renifler et de le goûter, de peur qu'il ne soit, lui aussi, drogué comme la carafe de sherry que j'avais trouvée sur la table. Les servantes respiraient toujours, mais de manière plus agitée, et je pensais que le narcotique était en train de se dissiper. Je ne restai pas pour m'en assurer, mais revins à Van Helsing sans tarder. Il versa du brandy, comme il l'avait déjà fait à une autre occasion, sur ses lèvres et ses gencives, ainsi que sur ses poignets et la paume de ses mains. Il me dit : « Je puis faire cela - et c'est tout ce que nous pouvons faire pour le moment. Allez réveiller ces servantes. Giflez-les sur le visage avec une serviette mouillée, et frappez fort. Qu'elles attisent le feu et préparent un bain chaud. Cette pauvre âme est presque aussi froide que le corps à côté d'elle. Elle a besoin d'être réchauffée avant toute autre chose. » Je m'éxécutai aussitôt, et rencontrai peu de difficultés à réveiller trois des quatre femmes. La dernière était une toute jeune fille, et la drogue l'avait manifestement affectée plus fortement, aussi je la laissai dormir sur le sofa. Les autres reprirent lentement leurs esprits, mais quand le souvenir leur revint, elles se mirent à sangloter et à crier comme des hystériques. Je me montrai très ferme avec elles, cependant, et ne leur laissai pas le loisir de parler. Je leur dis qu'il était bien suffisant d'avoir perdu une vie, et que si elles tardaient trop elles seraient responsables de la mort de Miss Lucy. Alors, pleurant et reniflant, elles se remirent au travail, en tenue de nuit, et préparèrent le feu et l'eau. Fort heureusement, les feux de la cuisine ne s'étaient pas éteints, et on ne manquait pas d'eau chaude. Nous préparâmes un bain et portâmes Lucy, telle qu'elle était, pour la plonger à l'intérieur. Comme nous étions occupés à frotter ses membres, on frappa à la porte. L'une des servantes, dépêchée pour aller chercher de nouveaux vêtements, en profita pour ouvrir. Puis elle revint et nous dit en murmurant qu'il y avait un gentleman porteur d'un message de Mister Holmwood. Je lui commandai de dire à ce monsieur qu'il n'avait qu'à attendre, car personne ne pouvait le recevoir pour le moment. Elle alla transmettre le message, et, absorbé par notre travail, j'oubliai totalement ce visiteur. Je n'ai jamais vu le Professeur travailler avec une telle hâte. Je savais - comme lui - qu'il s'agissait d'un bras de fer contre la mort, et je le lui dis, lors d'une brève pause. Il me répondit d'une manière que je ne compris pas très bien, mais avec le visage le plus sévère qui soit : « Si ce n'était que cela, je m'arrêterais immédiatement et je la laisserais s'éteindre en paix, car je ne vois aucune lumière à l'horizon de sa vie. » Et il se remit au travail, avec, s'il est possible, un acharnement redoublé et presque frénétique. A un moment nous nous rendîmes compte que la chaleur commençait à produire ses effets. Le battement de cœur de Lucy était un peu plus perceptible au stéthoscope, et ses poumons faisaient un mouvement visible. Le visage de Van Helsing rayonnait presque, lorsque nous la sortîmes de l'eau et l'enroulâmes dans un linge chaud pour la sécher. Il me dit : « Notre première victoire ! Echec au Roi ! » Nous amenâmes Lucy dans une autre pièce, qui avait été dûment préparée, et nous l'allongeâmes dans son lit, l'obligeant à avaler quelques gouttes de brandy. Je remarquai que Van Helsing nouait autour de son cou un mouchoir de soie fine. Elle était encore inconsciente, et par rapport aux dernières fois, son état ne s'était pas amélioré, et avait même plutôt empiré. Van Helsing appela l'une des femmes de chambre, et lui dit de rester avec elle et de ne pas la quitter des yeux jusqu'à notre retour, et ensuite il me fit signe de sortir de la chambre. « Nous devons discuter de ce qui doit être fait. », dit-il en descendant l'escalier. Dans le hall il ouvrit la porte de la salle à manger, et nous passâmes à l'intérieur, avant qu'il ne fermât la porte soigneusement derrière lui. Les volets avaient été ouverts, mais les stores étaient déjà baissés, conformément au protocole de deuil que les femmes britanniques des classes inférieures observent toujours scrupuleusement. La pièce se trouvait, par ce fait, dans la pénombre. Mais ce demi-jour suffisait amplement pour ce que nous avions à faire. La dureté de Van Helsing était en quelque manière adoucie par une expression de perplexité. Manifestement, son esprit ruminait une question, aussi j'attendis un moment qu'il prît la parole. « Que devons-nous faire maintenant ? Vers qui ou quoi pouvons-nous nous tourner pour obtenir de l'aide ? Nous avons absolument besoin d'une nouvelle transfusion sanguine, et cela, très rapidement, ou la vie de cette pauvre fille ne vaut plus rien. Vous êtes déjà épuisé; et moi aussi. Je n'ose faire confiance à ces femmes, même si elles avaient le courage de donner leur sang. Comment trouver quelqu'un qui s'ouvrira les veines pour elle?»

« Et avec moi, quel est le problème ? » La voix venait du sofa, et ses inflexions apportèrent à mon cœur le soulagement et la joie, car elles étaient celles de Quincey Morris. Van Helsing avait sursauté, agressif, quand il avait d'abord entendu la voix, mais son visage s'adoucit et une lueur joyeuse apparut dans ses yeux quand il cria : « Quincey Morris ! » et il se rua vers lui, les bras ouverts. « Qu'est-ce qui t'amène ici ? » demandai-je en lui serrant la main. « Je dirais que c'est Art. » Il me tendit un télégramme : « Aucune nouvelle de Seward depuis trois jours. Suis terriblement inquiet. Ne peux quitter mon père, toujours dans le même état. Envoie-moi un mot pour m'informer de la santé de Lucy. Ne tarde pas. Holmwood. » • J'ai comme l'impression que je suis arrivé à point nommé. Vous savez que vous n'avez qu'à me dire quoi faire, et je le ferai. Van Helsing fit un pas en avant, prit sa main, le regarda droit dans les yeux et dit : « Le sang d'un brave, c'est la meilleure chose sur cette terre quand une femme est en danger. Vous êtes un homme, pas de doute là-dessus. Eh bien, le démon peut bien déployer tous ses artifices contre nous, mais Dieu nous envoie des hommes quand nous en avons besoin. » Une fois encore, il procéda à cette effroyable opération.