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Bram Stoker - Dracula, Part (30)

Part (30)

Quelle est la signification de tout ceci ? Je commence à me demander si ma vie au milieu des aliénés ne commence pas à me porter sur le cerveau. Journal de Lucy Westenra, 17 septembre Quatre jours et quatre nuits de paix. Je reprends tant de forces que je me reconnais à peine moi-même. C'est comme si j'étais passée par quelque long cauchemar, et m'étais éveillée juste pour voir un soleil magnifique et sentir l'air frais du matin autour de moi. J'ai le vague souvenir de longs moments d'angoisse, d'attente et de peur; d'une obscurité dans laquelle il n'y avait même pas l'aiguillon de l'espoir pour rendre la détresse présente moins poignante : et ensuite, de longues périodes d'oubli, et la remontée vers la vie, comme un plongeur émergeant enfin d'une énorme masse d'eau. Depuis que le Docteur Van Helsing est avec moi, en tout cas, tous ces mauvais rêves semblent s'être évanouis; les bruits qui d'ordinaire me glaçaient les sangs - les bruits d'ailes contre les fenêtres, les voix lointaines qui semblaient toutes proches de moi, les sons brutaux, venus de je ne sais-où et me commandant de faire je ne sais quoi - tout a cessé. Je vais me coucher sans aucune peur de dormir. Je n'essaie même plus de rester éveillée. Je suis devenue une vraie adepte de l'ail, et j'en reçois par colis entiers chaque jour, qui me viennent de Haarlem. Ce soir le Docteur Van Helsing s'en va, car il doit se rendre pour un jour à Amsterdam. Mais je n'ai pas besoin d'être veillée; je vais assez bien pour être laissée seule. Grâce à Dieu, pour ma mère, pour mon cher Arthur et pour tous nos amis qui ont été si gentils ! Je ne sentirai même pas la différence, car la nuit dernière le Dr Van Helsing était endormi dans son fauteuil la plupart du temps. Je l'ai trouvé deux fois en train de dormir alors que je m'éveillais; mais je n'ai pas eu

peur de me rendormir, bien que les branches, ou les chauves-souris, ou je ne sais quoi d'autre, aient battu presque furieusement contre les volets. Extrait de la GAZETTE « LE PALL MALL », 18 septembre Le loup échappé Une aventure périlleuse de notre reporter Interview du Gardien des Jardins Zoologiques Après de nombreuses demandes, et presque autant de refus, usant perpétuellement des mots « PALL MALL Gazette » comme d'une sorte de talisman, j'ai fini par trouver le gardien de la section des jardins zoologiques qui comprend le département des loups. Thomas Bilder vit dans l'un de ces cottages, à l'intérieur de l'enceinte, qui se trouvent derrière la maison des éléphants, et il était attablé pour son thé lorsque je l'ai trouvé. Thomas et sa femme sont des gens accueillants, âgés, et sans enfants, et si l'échantillon d'hospitalité que j'ai reçu chez eux est représentatif de leur ordinaire, je dirais que leurs vies sont plutôt confortables. Le gardien ne voulait pas aborder le sujet de ce qu'il appelait « les affaires » avant que le souper fût achevé, et que nous fumes tous satisfaits. Alors, quand la table fut débarrassée, et qu'il eut allumé sa pipe, il dit : « Maintenant, monsieur, vous pouvez y aller et m'demander qu'est-ce que vous voulez. Vous m'pardonnerez d'refuser d'aborder les questions professionnelles avant l'repas. J'ai l'habitude, avec les loups, les chacals et les hyènes, d'leur donner leur thé avant que j'commence à leur poser des questions. » • Que voulez-vous dire par « leur poser des questions » ? demandai-je, soucieux de le mettre dans une humeur communicative. • « Y'a la possibilité de les frapper sur la tête avec une barre; y'a aussi la possibilité de leur gratter les oreilles quand les gars veulent un brin de démonstration pour épater les filles. Je ne suis pas friand de la première possibilité - les frapper avec une barre avant que je leur porte à diner; mais j'attends toujours qu'ils aient bu leur sherry et leur café, pour ainsi dire, avant d'essayer de leur gratter les oreilles. Vous remarquerez », ajouta-t-il avec philosophie, « que les bestiaux et nous, on n'est pas si différents. Vous, par exemple, vous déboulez et me posez des questions sur mon travail, et moi, si c'était pas pour vot' belle jeunesse, et vot' pourboire, je vous aurais envoyé bouler avant même de formuler une réponse. Même quand vous avez d'mandé de manière plutôt sarcastique si ça m'plairait de vous voir demander au Gardien en Chef la permission de m'poser des questions. Sans offense, est-ce que je ne vous ai pas dit d'aller vous faire voir ? » • « Si, en effet, c'est ce que vous m'avez répondu. » • « Et quand c'est qu'vous m'avez dit que vous rapporteriez mon langage grossier, ça c'était me donner un coup de barre sur la tête; mais j'avais pas envie de me battre, alors j'ai attendu la nourriture, et j'ai juste poussé mon cri comme les loups, les lions et les tigres. Mais, que le Seigneur vous bénisse, maintenant que la vieille m'a fourré son morceau de gâteau dans le caisson, et m'a rincé avec sa vieille théière, vous pouvez me gratter les oreilles autant que vous voulez, je ne vais même pas grogner. Allez-y avec vos questions. Je vous vois venir, de toutes façons, vous allez m'poser la question du loup échappé. • - Exactement. Je voudrais connaître votre opinion là-dessus. Dites-moi seulement comment c'est arrivé, et quand je connaîtrai tous les faits, je vous demanderai quelle est votre analyse de la cause de ce phénomène, et votre avis sur la façon dont tout cela va finir. • D'accord, cap'tain. Voilà toute l'histoire. Ce loup, qu'on appelait Bersicker, c'est l'un des trois loups gris qui nous viennent de Norvège, et qu'on a achetés à Jamrach's il y a de ça quatre ans. C'était un loup tout à fait correct, qui se comportait bien, et

qui n'a jamais fait parler de lui. Ca m'a vraiment épaté que ce soit lui, et pas un autre animal, qui ait voulu se faire la malle. Mais, vous voyez, ça prouve que vous pouvez pas faire confiance aux loups plus qu'aux femmes. • Faites pas attention à c'qu'y dit, intervint Mrs Tom, avec un rire chaleureux. Il s'occupe des animaux d'puis si longtemps qu'il est comme un vieux loup lui-même ! Mais y'a pas de mal en lui. • Eh bien, sir, c'était à peu près deux heures après leur repas, hier, que j'ai commencé à entendre du grabuge. J'étais en train d'installer la litière dans la maison des singes pour un jeune puma qu'est malade, mais quand j'ai entendu tout ce vacarme de gémissements et de hurlements, je suis sorti directement. Y'avait Bersicker qu'était comme un fou, aux barreaux, et y semblait vouloir sortir. Y'avait pas grand monde ce jour là, et à proximité y'avait qu'un seul homme, un type grand et maigre, avec un nez crochu et une barbiche pointue, où y'avait quelques poils blancs. Il avait un air dur et froid, et des yeux rouges, et j'l'ai tout d'suite pris en grippe, parce que c'était lui qui énervait le loup. Il avait des gants blancs sur ses mains, et voilà qu'il désigne les bêtes et qu'y me dit « Gardien, ces loups semblent vouloir quelque chose. » • P'têt ben que c'est vous, j'lui ai dit, parce que j'aimais pas trop les airs qu'y s'donnait. Mais y s'est pas mis en colère, comme je l'avais espéré, il a juste souri d'une manière insolente, et sa bouche était pleine de dents blanches et pointues. «Oh non, il a dit, ils n'apprécieraient pas ma chair ». « Mais si, mais si, j'ai dit, en l'imitant. Ils aiment bien avoir un os ou deux pour se curer les dents après le thé, et pour sûr vous êtes un sac d'os. » Eh bien, c'est une chose vraiment bizarre, mais quand les animaux ont vu qu'on était en train de causer, y se sont couchés, et quand je suis allé voir Bersicker, il m'a laissé lui gratter les oreilles comme d'habitude. Alors le type s'est approché, et bon sang de bonsoir il a avancé la main et il a caressé Bersicker aussi ! • Faites attention, j'ai dit. Bersicker est vif. • Peu importe, il a dit. J'ai l'habitude. • Ah, vous êtes du métier ? j'ai dit, en enlevant mon chapeau, parce qu'un type qui est dans le commerce des loups, c'est un ami pour un gardien. • Non, il a dit. Je ne suis pas vraiment du métier, mais j'en ai apprivoisé plusieurs. Et sur ces mots il a soulevé son chapeau avec des manières de lord, et il s'est éloigné. Le vieux Bersicker a continué à le suivre des yeux jusqu'à ce qu'il ait disparu, et ensuite il est parti et s'est couché dans un coin et il a pas voulu en sortir de toute la soirée. Et puis, hier soir, quand la lune s'est levée, tous les loups se sont mis à hurler. Ils n'avaient pourtant aucune raison de hurler: y'avait personne autour, à part quelqu'un qui appelait un chien quelque part derrière le Parc, sur la route. Une ou deux fois je suis sorti pour vérifier qu'tout allait bien, et c'était le cas, et puis les hurlements se sont tus. Juste avant minuit j'ai fait un dernier tour avant de rentrer, mais quand je suis arrivé en face de la cage du vieux Bersicker, j'ai vu les barreaux brisés et tordus et la cage vide. Et c'est tout ce que je sais de manière sûre. • Est-ce que quelqu'un d'autre a vu quoi que ce soit ? • Un de nos jardiniers était sur le chemin du retour, après un concert, quand il a vu un gros chien gris qui sortait des bords du zoo. Du moins c'est ce qu'il a dit, mais je m'y fierais pas trop, parce qu'il n'avait pas dit un mot de tout ça à sa bonne femme quand il est rentré, et ce n'est que quand l'évasion du loup a été connue, et qu'on a passé toute la nuit à battre le Parc pour retrouver Bersicker, qu'il s'est rappelé avoir vu quelque chose. Mon avis personnel, c'est que c'est le concert qui lui a porté sur le cerveau. • Et maintenant, Mister Bilder, êtes-vous capable de m'expliquer l'évasion du loup ? • Eh bien, sir, dit-il avec une modestie un peu méfiante, je crois que je l'peux, mais j'suis pas sûr que vous apprécierez ma théorie.

• Je suis sûr que je l'apprécierai. Si un homme tel que vous, un fin connaisseur des animaux, qui tire son savoir d'une longue expérience, ne peut hasarder une théorie, alors qui d'autre pourra seulement essayer de le faire ? » • Eh bien, sir, je suis d'accord avec vous; et il me semble, personnellement, que le loup s'est échappé, tout simplement parce qu'il avait envie de sortir. A la façon cordiale dont Thomas et sa femme étaient est en train de rire à cette plaisanterie, je compris qu'elle avait déjà fait de l'usage, et qu'il me faudrait mériter l'explication complète. Je n'étais pas de taille à rivaliser d'humour avec l'excellent Thomas, mais il y avait un meilleur moyen de gagner son coeur, et je dis : • Maintenant, Mister Bilder, considérons que vous avez gagné la moitié de votre pourboire - quant à l'autre moitié, elle attend que vous la réclamiez, quand vous m'aurez dit ce qui, à votre avis, va se passer maintenant. • Vous avez mille fois raison, dit-il vivement. Faut m'excuser, si je vous taquine, mais la vieille m'a fait un clin d'oeil, pour me dire de continuer… • C'est faux ! Je n'ai pas cligné ! dit la vieille femme. • Mon opinion est la suivante : le loup doit être en train de se cacher quelque part. Le jardinier, qui ne se souvient de rien, a dit qu'il galopait vers le nord plus vite qu'un cheval, mais je ne le crois pas, parce que voyez-vous, sir, les loups ça galope pas plus que les chiens, c'est pas pour ça qu'ils ont été fabriqués. Les loups c'est bien joli dans les histoires, ils se mettent en meute, en chasse de quelque chose de plus effrayé qu'eux, quoi que ça puisse être, et ils sont capables de faire un boucan d'enfer, et de l'attraper.

Part (30) Anteil (30) Part (30)

Quelle est la signification de tout ceci ? Je commence à me demander si ma vie au milieu des aliénés ne commence pas à me porter sur le cerveau. Journal de Lucy Westenra, 17 septembre Quatre jours et quatre nuits de paix. Je reprends tant de forces que je me reconnais à peine moi-même. C'est comme si j'étais passée par quelque long cauchemar, et m'étais éveillée juste pour voir un soleil magnifique et sentir l'air frais du matin autour de moi. J'ai le vague souvenir de longs moments d'angoisse, d'attente et de peur; d'une obscurité dans laquelle il n'y avait même pas l'aiguillon de l'espoir pour rendre la détresse présente moins poignante : et ensuite, de longues périodes d'oubli, et la remontée vers la vie, comme un plongeur émergeant enfin d'une énorme masse d'eau. Depuis que le Docteur Van Helsing est avec moi, en tout cas, tous ces mauvais rêves semblent s'être évanouis; les bruits qui d'ordinaire me glaçaient les sangs - les bruits d'ailes contre les fenêtres, les voix lointaines qui semblaient toutes proches de moi, les sons brutaux, venus de je ne sais-où et me commandant de faire je ne sais quoi - tout a cessé. Je vais me coucher sans aucune peur de dormir. Je n'essaie même plus de rester éveillée. Je suis devenue une vraie adepte de l'ail, et j'en reçois par colis entiers chaque jour, qui me viennent de Haarlem. Ce soir le Docteur Van Helsing s'en va, car il doit se rendre pour un jour à Amsterdam. Mais je n'ai pas besoin d'être veillée; je vais assez bien pour être laissée seule. Grâce à Dieu, pour ma mère, pour mon cher Arthur et pour tous nos amis qui ont été si gentils ! Je ne sentirai même pas la différence, car la nuit dernière le Dr Van Helsing était endormi dans son fauteuil la plupart du temps. Je l'ai trouvé deux fois en train de dormir alors que je m'éveillais; mais je n'ai pas eu

peur de me rendormir, bien que les branches, ou les chauves-souris, ou je ne sais quoi d'autre, aient battu presque furieusement contre les volets. Extrait de la GAZETTE « LE PALL MALL », 18 septembre Le loup échappé Une aventure périlleuse de notre reporter Interview du Gardien des Jardins Zoologiques Après de nombreuses demandes, et presque autant de refus, usant perpétuellement des mots « PALL MALL Gazette » comme d'une sorte de talisman, j'ai fini par trouver le gardien de la section des jardins zoologiques qui comprend le département des loups. Extract from "LE PALL MALL" GAZETTE, September 18 The escaped wolf A perilous adventure by our reporter Interview with the Keeper of the Zoological Gardens After numerous requests, and almost as many refusals, perpetually using the words "PALL MALL Gazette" as a kind of talisman, I finally found the keeper of the section of the zoological gardens that includes the wolf department. Thomas Bilder vit dans l'un de ces cottages, à l'intérieur de l'enceinte, qui se trouvent derrière la maison des éléphants, et il était attablé pour son thé lorsque je l'ai trouvé. Thomas et sa femme sont des gens accueillants, âgés, et sans enfants, et si l'échantillon d'hospitalité que j'ai reçu chez eux est représentatif de leur ordinaire, je dirais que leurs vies sont plutôt confortables. Thomas and his wife are welcoming, elderly, childless people, and if the sample of hospitality I received in their home is representative of their ordinary lives, I'd say their lives are pretty comfortable. Le gardien ne voulait pas aborder le sujet de ce qu'il appelait « les affaires » avant que le souper fût achevé, et que nous fumes tous satisfaits. The keeper wouldn't broach the subject of what he called "business" until supper was over, and we were all satisfied. Alors, quand la table fut débarrassée, et qu'il eut allumé sa pipe, il dit : « Maintenant, monsieur, vous pouvez y aller et m'demander qu'est-ce que vous voulez. Vous m'pardonnerez d'refuser d'aborder les questions professionnelles avant l'repas. J'ai l'habitude, avec les loups, les chacals et les hyènes, d'leur donner leur thé avant que j'commence à leur poser des questions. » • Que voulez-vous dire par « leur poser des questions » ? demandai-je, soucieux de le mettre dans une humeur communicative. • « Y'a la possibilité de les frapper sur la tête avec une barre; y'a aussi la possibilité de leur gratter les oreilles quand les gars veulent un brin de démonstration pour épater les filles. Je ne suis pas friand de la première possibilité - les frapper avec une barre avant que je leur porte à diner; mais j'attends toujours qu'ils aient bu leur sherry et leur café, pour ainsi dire, avant d'essayer de leur gratter les oreilles. I'm not fond of the first option - hitting them with a bar before I bring them dinner; but I always wait until they've had their sherry and coffee, so to speak, before I try to scratch their ears. Vous remarquerez », ajouta-t-il avec philosophie, « que les bestiaux et nous, on n'est pas si différents. Vous, par exemple, vous déboulez et me posez des questions sur mon travail, et moi, si c'était pas pour vot' belle jeunesse, et vot' pourboire, je vous aurais envoyé bouler avant même de formuler une réponse. Même quand vous avez d'mandé de manière plutôt sarcastique si ça m'plairait de vous voir demander au Gardien en Chef la permission de m'poser des questions. Sans offense, est-ce que je ne vous ai pas dit d'aller vous faire voir ? » • « Si, en effet, c'est ce que vous m'avez répondu. » • « Et quand c'est qu'vous m'avez dit que vous rapporteriez mon langage grossier, ça c'était me donner un coup de barre sur la tête; mais j'avais pas envie de me battre, alors j'ai attendu la nourriture, et j'ai juste poussé mon cri comme les loups, les lions et les tigres. Mais, que le Seigneur vous bénisse, maintenant que la vieille m'a fourré son morceau de gâteau dans le caisson, et m'a rincé avec sa vieille théière, vous pouvez me gratter les oreilles autant que vous voulez, je ne vais même pas grogner. Allez-y avec vos questions. Je vous vois venir, de toutes façons, vous allez m'poser la question du loup échappé. • - Exactement. Je voudrais connaître votre opinion là-dessus. Dites-moi seulement comment c'est arrivé, et quand je connaîtrai tous les faits, je vous demanderai quelle est votre analyse de la cause de ce phénomène, et votre avis sur la façon dont tout cela va finir. • D'accord, cap'tain. Voilà toute l'histoire. Ce loup, qu'on appelait Bersicker, c'est l'un des trois loups gris qui nous viennent de Norvège, et qu'on a achetés à Jamrach's il y a de ça quatre ans. C'était un loup tout à fait correct, qui se comportait bien, et

qui n'a jamais fait parler de lui. Ca m'a vraiment épaté que ce soit lui, et pas un autre animal, qui ait voulu se faire la malle. It really amazed me that it was he, and not some other animal, who wanted to get away. Mais, vous voyez, ça prouve que vous pouvez pas faire confiance aux loups plus qu'aux femmes. • Faites pas attention à c'qu'y dit, intervint Mrs Tom, avec un rire chaleureux. Il s'occupe des animaux d'puis si longtemps qu'il est comme un vieux loup lui-même ! Mais y'a pas de mal en lui. • Eh bien, sir, c'était à peu près deux heures après leur repas, hier, que j'ai commencé à entendre du grabuge. J'étais en train d'installer la litière dans la maison des singes pour un jeune puma qu'est malade, mais quand j'ai entendu tout ce vacarme de gémissements et de hurlements, je suis sorti directement. Y'avait Bersicker qu'était comme un fou, aux barreaux, et y semblait vouloir sortir. Y'avait pas grand monde ce jour là, et à proximité y'avait qu'un seul homme, un type grand et maigre, avec un nez crochu et une barbiche pointue, où y'avait quelques poils blancs. There weren't many people around that day, and nearby there was only one man, a tall, skinny guy with a hooked nose and a pointed goatee with a few white hairs. Il avait un air dur et froid, et des yeux rouges, et j'l'ai tout d'suite pris en grippe, parce que c'était lui qui énervait le loup. He looked hard and cold, with red eyes, and I took a liking to him right away, because he was the one who pissed off the wolf. Il avait des gants blancs sur ses mains, et voilà qu'il désigne les bêtes et qu'y me dit « Gardien, ces loups semblent vouloir quelque chose. » • P'têt ben que c'est vous, j'lui ai dit, parce que j'aimais pas trop les airs qu'y s'donnait. Mais y s'est pas mis en colère, comme je l'avais espéré, il a juste souri d'une manière insolente, et sa bouche était pleine de dents blanches et pointues. «Oh non, il a dit, ils n'apprécieraient pas ma chair ». « Mais si, mais si, j'ai dit, en l'imitant. "Pero si, pero si, dije, imitándolo. Ils aiment bien avoir un os ou deux pour se curer les dents après le thé, et pour sûr vous êtes un sac d'os. » Eh bien, c'est une chose vraiment bizarre, mais quand les animaux ont vu qu'on était en train de causer, y se sont couchés, et quand je suis allé voir Bersicker, il m'a laissé lui gratter les oreilles comme d'habitude. Alors le type s'est approché, et bon sang de bonsoir il a avancé la main et il a caressé Bersicker aussi ! • Faites attention, j'ai dit. Bersicker est vif. • Peu importe, il a dit. J'ai l'habitude. • Ah, vous êtes du métier ? j'ai dit, en enlevant mon chapeau, parce qu'un type qui est dans le commerce des loups, c'est un ami pour un gardien. • Non, il a dit. Je ne suis pas vraiment du métier, mais j'en ai apprivoisé plusieurs. Et sur ces mots il a soulevé son chapeau avec des manières de lord, et il s'est éloigné. Le vieux Bersicker a continué à le suivre des yeux jusqu'à ce qu'il ait disparu, et ensuite il est parti et s'est couché dans un coin et il a pas voulu en sortir de toute la soirée. Et puis, hier soir, quand la lune s'est levée, tous les loups se sont mis à hurler. Ils n'avaient pourtant aucune raison de hurler: y'avait personne autour, à part quelqu'un qui appelait un chien quelque part derrière le Parc, sur la route. Une ou deux fois je suis sorti pour vérifier qu'tout allait bien, et c'était le cas, et puis les hurlements se sont tus. Juste avant minuit j'ai fait un dernier tour avant de rentrer, mais quand je suis arrivé en face de la cage du vieux Bersicker, j'ai vu les barreaux brisés et tordus et la cage vide. Et c'est tout ce que je sais de manière sûre. • Est-ce que quelqu'un d'autre a vu quoi que ce soit ? • Un de nos jardiniers était sur le chemin du retour, après un concert, quand il a vu un gros chien gris qui sortait des bords du zoo. Du moins c'est ce qu'il a dit, mais je m'y fierais pas trop, parce qu'il n'avait pas dit un mot de tout ça à sa bonne femme quand il est rentré, et ce n'est que quand l'évasion du loup a été connue, et qu'on a passé toute la nuit à battre le Parc pour retrouver Bersicker, qu'il s'est rappelé avoir vu quelque chose. Mon avis personnel, c'est que c'est le concert qui lui a porté sur le cerveau. My personal opinion is that it was the concert that damaged his brain. • Et maintenant, Mister Bilder, êtes-vous capable de m'expliquer l'évasion du loup ? • Eh bien, sir, dit-il avec une modestie un peu méfiante, je crois que je l'peux, mais j'suis pas sûr que vous apprécierez ma théorie.

• Je suis sûr que je l'apprécierai. Si un homme tel que vous, un fin connaisseur des animaux, qui tire son savoir d'une longue expérience, ne peut hasarder une théorie, alors qui d'autre pourra seulement essayer de le faire ? » • Eh bien, sir, je suis d'accord avec vous; et il me semble, personnellement, que le loup s'est échappé, tout simplement parce qu'il avait envie de sortir. A la façon cordiale dont Thomas et sa femme étaient est en train de rire à cette plaisanterie, je compris qu'elle avait déjà fait de l'usage, et qu'il me faudrait mériter l'explication complète. Je n'étais pas de taille à rivaliser d'humour avec l'excellent Thomas, mais il y avait un meilleur moyen de gagner son coeur, et je dis : • Maintenant, Mister Bilder, considérons que vous avez gagné la moitié de votre pourboire - quant à l'autre moitié, elle attend que vous la réclamiez, quand vous m'aurez dit ce qui, à votre avis, va se passer maintenant. • Vous avez mille fois raison, dit-il vivement. Faut m'excuser, si je vous taquine, mais la vieille m'a fait un clin d'oeil, pour me dire de continuer… • C'est faux ! Je n'ai pas cligné ! dit la vieille femme. • Mon opinion est la suivante : le loup doit être en train de se cacher quelque part. Le jardinier, qui ne se souvient de rien, a dit qu'il galopait vers le nord plus vite qu'un cheval, mais je ne le crois pas, parce que voyez-vous, sir, les loups ça galope pas plus que les chiens, c'est pas pour ça qu'ils ont été fabriqués. Les loups c'est bien joli dans les histoires, ils se mettent en meute, en chasse de quelque chose de plus effrayé qu'eux, quoi que ça puisse être, et ils sont capables de faire un boucan d'enfer, et de l'attraper.