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Bram Stoker - Dracula, Part (29)

Part (29)

Je rentrai ici à temps pour prendre un dîner tardif, puis je fis ma ronde – tout allait bien, et j'écris ceci en attendant le sommeil, qui ne tardera plus. 11 septembre. Je suis retourné à Hillingham cet après-midi. Y ai retrouvé Van Helsing, de très bonne humeur, et Lucy qui était beaucoup mieux. Peu après mon arrivée, un gros colis de l'étranger arriva pour le Professeur. Il l'ouvrit avec empressement - un empressement affecté, naturellement – et en sortit un grand bouquet de fleurs blanches. « Elles sont pour vous, Lucy » dit-il. « Pour moi ? Oh, Dr. Van Helsing ! » « Oui, ma chère, mais pas pour votre amusement. Ce sont des médicaments. » Lucy prit un air dégoûté. « Non, vous ne les prendrez pas en décoction, ou sous quelque autre forme nauséabonde, alors vous n'avez pas besoin de froncer ce joli petit nez, ou alors, je vais devoir informer Arthur de l'infortune qui sera la sienne quand il verra la beauté qu'il aime se distordre de cette façon ! Aha, ma mignonne petite miss, voilà ce joli nez redevenu tout droit. C'est un médicament, mais vous ne savez pas comment on l'utilise. Je le place à votre fenêtre, j'en fais un joli collier, et je le passe autour de votre cou, et ainsi vous dormez bien. Eh oui ! Tout comme les fleurs de lotus, elles vous aideront à oublier vos soucis. Leur odeur rappelle celle des eaux du Léthé, et de cette fontaine de jouvence que les Conquistadores cherchaient en Floride, et qu'ils ne trouvèrent que trop tard. » Tandis qu'il parlait, Lucy examinait les fleurs et respirait leur parfum. Puis elle les laissa retomber et dit, mi-rieuse, mi- dégoûtée : « Oh, Professeur, je crois que vous me faites une farce ? Ce sont tout simplement des fleurs d'ail ? » A ma grande surprise, Van Helsing se leva, serrant la mâchoire et fronçant ses épais sourcils, puis il dit :

« Je ne plaisante pas ! Je ne me moque jamais ! Il y a un but très sérieux à tout ce que je fais, et je vous avertis que vous ne devez pas me contrarier. Prenez garde, pour le salut des autres sinon pour le vôtre ! » Puis, voyant que Lucy était terrorisée, comme on l'imagine, il reprit, d'un ton beaucoup plus doux : « Oh, petite miss, ma chère, n'ayez pas peur de moi. Je ne veux que votre bien, mais ces fleurs communes peuvent vous faire tellement de bien. Ecoutez, je les placerai moi-même dans votre chambre. Je fabriquerai moi-même le collier que vous porterez. Mais chut ! Il ne faut rien dire aux autres, qui posent des questions indiscrètes. Il faut obéir, et le silence fait partie de l'obéissance, et l'obéissance vous amènera forte et en bonne santé entre les bras aimants qui vous attendent. Maintenant, reposez-vous calmement. Venez avec moi, ami John, vous allez m'aider à décorer cette chambre avec l'ail : il nous vient tout droit de Haarlem, où mon ami Vanderpool le fait pousser dans ses serres toute l'année. J'ai dû lui télégraphier hier, sinon nous n'aurions pas pu en avoir. » Nous retournâmes dans la chambre, portant les fleurs. Sans aucun doute, les pratiques du Professeur étaient étranges, et je n'en avais jamais entendu parler dans aucune pharmacopée connue de moi. D'abord, il ferma les fenêtres, et les verrouilla soigneusement, puis, prenant une poignée de fleurs, il les frotta sur le châssis, comme pour s'assurer que le moindre souffle d'air qui pourrait entrer serait saturé de l'odeur de l'ail. Enfin, il frotta également le montant de la porte, en haut, en bas, et sur les côtés, et il fit de même autour de la cheminée. Cela semblait tellement incongru que je lui dis : « Eh bien Professeur, je sais qu'il y a toujours une raison à ce que vous faites, mais je vous avoue que je suis perplexe. Il est heureux qu'il n'y ait ici aucun sceptique, car il dirait que vous préparez un sort pour repousser un esprit maléfique. » « Peut-être bien ! » répondit-il calmement tandis qu'il commençait à fabriquer la guirlande que Lucy devrait porter autour de son cou. Puis il attendit que Lucy eût fait sa toilette pour la nuit, et quand elle fut au lit, il revint dans la chambre afin de passer lui-même la guirlande d'ail autour de son cou. Avant de partir, il dit encore : « Faites attention à bien la garder sur vous, et même si la chambre sent le renfermé, n'ouvrez surtout pas la fenêtre ou la porte durant la nuit. » « Je vous le promets » répondit Lucy, « et merci mille fois à vous deux pour votre gentillesse ! Qu'ai-je fait pour mériter de tels amis ? » Quand nous quittâmes la maison, dans mon fiacre qui m'avait attendu, Van Helsing me dit : « Cette nuit je dormirai en paix, et il faut que je dorme ! Deux nuits de voyage, beaucoup de lecture entre-temps, et encore beaucoup d'inquiétude dans la journée à venir, et encore une nuit à veiller notre malade, et sans fermer l'œil ! Demain, tôt le matin, vous viendrez me rendre visite, et nous irons voir ensemble notre jolie petite miss, qui aura retrouvé ses forces grâce au sort que j'ai lancé ! Ha Ha ! » Il semblait si confiant que, me souvenant à quel point j'étais optimiste deux nuits auparavant, et avec le résultat désastreux que l'on sait, je ressentis une vague terreur. J'étais tellement fatigué que j'hésitai à me confier à mon ami, mais je sentais la peur au fond de moi, comme des larmes que l'on retient.

CHAPITRE 11 Journal de Lucy Westenra, 12 septembre Comme ils sont tous bons, pour moi. J'aime beaucoup ce cher Docteur Van Helsing, et je me demande pourquoi il s'est montré si angoissé à propos des fleurs. Il m'a véritablement effrayée, il était si catégorique ! Et pourtant, il doit avoir raison, car je ressens déjà de l'apaisement grâce à elles. Je n'éprouve pas d'anxiété à l'idée d'être seule ce soir, et je peux m'endormir sans peur. Aucun bruissement d'ailes ne me dérangera, à l'extérieur de ma fenêtre. Oh, quelle terrible lutte j'ai dû mener si souvent contre le sommeil - entre la douleur de l'insomnie, et la terreur du sommeil, qui est pour moi plein d'horreurs inconnues ! Comme certaines personnes sont chanceuses, de vivre sans peurs, sans angoisses - pour elles, le sommeil vient comme une bénédiction nocturne, et n'apporte rien que de doux rêves. Eh bien, me voici cette nuit, espérant le sommeil, allongée comme Ophélie dans la pièce, avec « les couronnes virginales et le lit de fleurs des jeunes filles »… Je n'ai jamais aimé l'ail auparavant, mais cette nuit c'est délicieux ! Il y a une sorte de paix dans ce parfum; je sens déjà le sommeil me prendre. Bonne nuit à tous. Journal du Dr. Seward, 13 septembre. Me suis rendu au Berkeley et ai trouvé, comme d'habitude, Van Helsing, prêt à l'heure convenue. La voiture commandée par l'hôtel nous attendait. Le Professeur a pris sa sacoche, qu'il emporte d'ailleurs maintenant toujours avec lui. Soyons précis. Van Helsing et moi arrivâmes à Hillingham à 8 heures. C'était une charmante matinée. Le soleil éclatant et la fraîcheur de ce début d'automne donnaient l'impression que la nature achevait d'accomplir son travail de l'année. Les feuilles prenaient toutes sortes de magnifiques couleurs, mais n'avaient pas encore commencé à tomber des arbres. En entrant, nous rencontrâmes Mrs. Westenra qui sortait du petit salon. Elle se lève toujours très tôt. Elle nous accueillit chaleureusement et nous dit : « Vous serez heureux de savoir que Lucy va mieux. La chère petite dort encore. J'ai jeté un œil dans sa chambre et je l'ai vue, mais je ne suis pas entrée ; je ne voulais pas la déranger. » Le Professeur sourit, et semblait jubiler intérieurement. Il se frotta les mains, et dit : « Aha ! Il me semblait bien avoir fait un bon diagnostic ! Mon traitement est efficace. » A quoi elle répondit : « Vous ne devez pas vous en attribuer tout le crédit, Docteur. L'amélioration de l'état de santé de Lucy est aussi de mon fait. » « Que voulez-vous dire, Madame ? » demanda le Professeur. « Eh bien, j'étais inquiète pour la pauvre enfant cette nuit, et je suis allée dans sa chambre. Elle dormait profondément – à tel point que je ne l'ai même pas réveillée en entrant. Mais l'air de la chambre était horriblement étouffant. Il y avait partout de ces fleurs horribles, à l'odeur insupportable, et elle en avait même une sorte de guirlande autour du cou ! Je craignais que cette odeur lourde ne soit difficile à supporter pour la pauvre enfant dans son état de faiblesse actuel, alors j'ai enlevé toutes les fleurs, et j'ai entrouvert la fenêtre pour faire entrer un peu d'air frais. Vous la trouverez mieux, j'en suis sûre. » Elle retourna au petit salon, où elle prenait généralement son petit déjeuner. Pendant qu'elle parlait, j'avais observé le visage du Professeur, et l'avais vu virer au gris. Il avait pu rester maître de lui tant que la pauvre femme était présente, car il connaissait son état de santé et savait combien un choc pouvait être désastreux, et à vrai dire il lui souriait encore quand il lui tenait la porte tandis qu'elle sortait de la pièce. Mais dès qu'elle eut disparu, il me poussa soudain de force dans la salle à manger, et referma la porte. Alors, pour la première fois de ma vie, je vis Van Helsing fondre en larmes. Dans un geste de muet désespoir, il leva les mains au-dessus de sa tête, les joignit d'un air désespéré, puis il se laissa tomber dans un fauteuil, et, plongeant son visage dans les

mains, commença à pleurer, avec de gros sanglots qui semblaient venir du plus profond de son cœur. Enfin, il leva à nouveau les mains, et, semblant en appeler à l'univers tout entier : « Dieu ! Dieu ! Dieu ! » dit-il, « Qu'avons-nous fait, qu'a fait cette pauvre petite pour que nous soyons si durement éprouvés ? Est-ce donc une fatalité que de nos jours encore, de telles choses puissent surgir du vieux monde païen de jadis, et d'une telle façon ? Cette pauvre mère, dans son ignorance, et avec les meilleures intentions du monde, cause la perte de sa fille, de corps et d'âme, et nous ne devons rien lui dire, nous ne devons même pas l'avertir, ou elle mourra, et alors les deux mourront ! Oh, que nous sommes durement frappés ! Et quelle puissance dans les forces démoniaques que nous devons affronter ! » Puis soudain, il bondit sur ses pieds. « Venez ! » dit-il. « Venez, nous devons aller voir, et agir. Démons ou pas démons, et même s'il y avait tous les démons des enfers, peu importe ; nous combattrons quoi qu'il arrive. » Il retourna vers le hall pour reprendre sa mallette, et nous gagnâmes ensuite la chambre de Lucy à l'étage. Une fois de plus je remontai les stores, tandis que Van Helsing se dirigeait vers le lit. Cette fois, il ne sursauta pas à la vue du pauvre visage et de son horrible pâleur. Il exprimait plutôt une grande tristesse et une infinie pitié. « Comme je m'y attendais » murmura-t-il, avec cette inspiration sifflante qui était si révélatrice chez lui. Sans ajouter un mot, il alla fermer la porte, et commença à préparer sur la petite table les instruments nécessaires à une nouvelle transfusion de sang. J'en avais immédiatement compris la nécessité, et je commençais à ôter ma veste, mais il m'arrêta d'un geste : « Non ! » dit-il. « Aujourd'hui, vous serez l'opérateur, et je serai le donneur. Vous êtes trop faible. » Et ce disant, il enlevait sa veste et remontait sa manche. A nouveau l'opération, à nouveau le narcotique, à nouveau les couleurs qui reviennent sur le visage blafard, puis enfin le souffle régulier du sommeil réparateur. Ce fut ensuite à moi de la veiller tandis que Van Helsing récupérait et se reposait. Cette fois, il informa Mrs. Westenra qu'elle ne devait rien ôter de la chambre de Lucy sans le consulter, que les fleurs avaient des vertus médicales, et que leur parfum contribuait à la guérison de Lucy. Puis il reprit lui-même la surveillance de la malade, me disant qu'il la veillerait cette nuit et la suivante, et qu'il me préviendrait lorsqu'il aurait besoin de moi. Après une heure, Lucy s'éveilla, fraîche et joyeuse, malgré la terrible épreuve qu'elle venait de traverser.

Part (29) Anteil (29) Part (29) Parte (29)

Je rentrai ici à temps pour prendre un dîner tardif, puis je fis ma ronde – tout allait bien, et j'écris ceci en attendant le sommeil, qui ne tardera plus. Sono tornata qui in tempo per cenare tardi, poi ho fatto il mio giro - tutto è andato bene, e sto scrivendo questo mentre aspetto di dormire, che non tarderà ad arrivare. 11 septembre. Je suis retourné à Hillingham cet après-midi. Y ai retrouvé Van Helsing, de très bonne humeur, et Lucy qui était beaucoup mieux. Peu après mon arrivée, un gros colis de l'étranger arriva pour le Professeur. Poco dopo il mio arrivo, è arrivato un grosso pacco dall'estero per il professore. Il l'ouvrit avec empressement - un empressement affecté, naturellement – et en sortit un grand bouquet de fleurs blanches. « Elles sont pour vous, Lucy » dit-il. « Pour moi ? Oh, Dr. Van Helsing ! » « Oui, ma chère, mais pas pour votre amusement. Ce sont des médicaments. » Lucy prit un air dégoûté. « Non, vous ne les prendrez pas en décoction, ou sous quelque autre forme nauséabonde, alors vous n'avez pas besoin de froncer ce joli petit nez, ou alors, je vais devoir informer Arthur de l'infortune qui sera la sienne quand il verra la beauté qu'il aime se distordre de cette façon ! Aha, ma mignonne petite miss, voilà ce joli nez redevenu tout droit. C'est un médicament, mais vous ne savez pas comment on l'utilise. Je le place à votre fenêtre, j'en fais un joli collier, et je le passe autour de votre cou, et ainsi vous dormez bien. Eh oui ! Tout comme les fleurs de lotus, elles vous aideront à oublier vos soucis. Leur odeur rappelle celle des eaux du Léthé, et de cette fontaine de jouvence que les Conquistadores cherchaient en Floride, et qu'ils ne trouvèrent que trop tard. » Tandis qu'il parlait, Lucy examinait les fleurs et respirait leur parfum. Puis elle les laissa retomber et dit, mi-rieuse, mi- dégoûtée : « Oh, Professeur, je crois que vous me faites une farce ? Ce sont tout simplement des fleurs d'ail ? » A ma grande surprise, Van Helsing se leva, serrant la mâchoire et fronçant ses épais sourcils, puis il dit :

« Je ne plaisante pas ! Je ne me moque jamais ! Il y a un but très sérieux à tout ce que je fais, et je vous avertis que vous ne devez pas me contrarier. Prenez garde, pour le salut des autres sinon pour le vôtre ! » Puis, voyant que Lucy était terrorisée, comme on l'imagine, il reprit, d'un ton beaucoup plus doux : « Oh, petite miss, ma chère, n'ayez pas peur de moi. Je ne veux que votre bien, mais ces fleurs communes peuvent vous faire tellement de bien. Ecoutez, je les placerai moi-même dans votre chambre. Je fabriquerai moi-même le collier que vous porterez. Mais chut ! Il ne faut rien dire aux autres, qui posent des questions indiscrètes. Il faut obéir, et le silence fait partie de l'obéissance, et l'obéissance vous amènera forte et en bonne santé entre les bras aimants qui vous attendent. Maintenant, reposez-vous calmement. Venez avec moi, ami John, vous allez m'aider à décorer cette chambre avec l'ail : il nous vient tout droit de Haarlem, où mon ami Vanderpool le fait pousser dans ses serres toute l'année. J'ai dû lui télégraphier hier, sinon nous n'aurions pas pu en avoir. » Nous retournâmes dans la chambre, portant les fleurs. Sans aucun doute, les pratiques du Professeur étaient étranges, et je n'en avais jamais entendu parler dans aucune pharmacopée connue de moi. D'abord, il ferma les fenêtres, et les verrouilla soigneusement, puis, prenant une poignée de fleurs, il les frotta sur le châssis, comme pour s'assurer que le moindre souffle d'air qui pourrait entrer serait saturé de l'odeur de l'ail. Enfin, il frotta également le montant de la porte, en haut, en bas, et sur les côtés, et il fit de même autour de la cheminée. Cela semblait tellement incongru que je lui dis : « Eh bien Professeur, je sais qu'il y a toujours une raison à ce que vous faites, mais je vous avoue que je suis perplexe. Il est heureux qu'il n'y ait ici aucun sceptique, car il dirait que vous préparez un sort pour repousser un esprit maléfique. » « Peut-être bien ! » répondit-il calmement tandis qu'il commençait à fabriquer la guirlande que Lucy devrait porter autour de son cou. Puis il attendit que Lucy eût fait sa toilette pour la nuit, et quand elle fut au lit, il revint dans la chambre afin de passer lui-même la guirlande d'ail autour de son cou. Avant de partir, il dit encore : « Faites attention à bien la garder sur vous, et même si la chambre sent le renfermé, n'ouvrez surtout pas la fenêtre ou la porte durant la nuit. » « Je vous le promets » répondit Lucy, « et merci mille fois à vous deux pour votre gentillesse ! Qu'ai-je fait pour mériter de tels amis ? » Quand nous quittâmes la maison, dans mon fiacre qui m'avait attendu, Van Helsing me dit : « Cette nuit je dormirai en paix, et il faut que je dorme ! Deux nuits de voyage, beaucoup de lecture entre-temps, et encore beaucoup d'inquiétude dans la journée à venir, et encore une nuit à veiller notre malade, et sans fermer l'œil ! Due notti di viaggio, molte letture nel frattempo, molte altre preoccupazioni nei giorni a venire, e un'altra notte a tenere d'occhio il nostro paziente, senza chiudere occhio! Demain, tôt le matin, vous viendrez me rendre visite, et nous irons voir ensemble notre jolie petite miss, qui aura retrouvé ses forces grâce au sort que j'ai lancé ! Ha Ha ! » Il semblait si confiant que, me souvenant à quel point j'étais optimiste deux nuits auparavant, et avec le résultat désastreux que l'on sait, je ressentis une vague terreur. "Sembrava così sicuro di sé che, ricordando quanto ero stato ottimista due sere prima, e con il risultato disastroso che tutti conosciamo, ho provato un vago terrore. J'étais tellement fatigué que j'hésitai à me confier à mon ami, mais je sentais la peur au fond de moi, comme des larmes que l'on retient.

CHAPITRE 11 Journal de Lucy Westenra, 12 septembre Comme ils sont tous bons, pour moi. J'aime beaucoup ce cher Docteur Van Helsing, et je me demande pourquoi il s'est montré si angoissé à propos des fleurs. Il m'a véritablement effrayée, il était si catégorique ! Et pourtant, il doit avoir raison, car je ressens déjà de l'apaisement grâce à elles. Je n'éprouve pas d'anxiété à l'idée d'être seule ce soir, et je peux m'endormir sans peur. Aucun bruissement d'ailes ne me dérangera, à l'extérieur de ma fenêtre. Oh, quelle terrible lutte j'ai dû mener si souvent contre le sommeil - entre la douleur de l'insomnie, et la terreur du sommeil, qui est pour moi plein d'horreurs inconnues ! Comme certaines personnes sont chanceuses, de vivre sans peurs, sans angoisses - pour elles, le sommeil vient comme une bénédiction nocturne, et n'apporte rien que de doux rêves. Eh bien, me voici cette nuit, espérant le sommeil, allongée comme Ophélie dans la pièce, avec « les couronnes virginales et le lit de fleurs des jeunes filles »… Je n'ai jamais aimé l'ail auparavant, mais cette nuit c'est délicieux ! Il y a une sorte de paix dans ce parfum; je sens déjà le sommeil me prendre. Bonne nuit à tous. Journal du Dr. Seward, 13 septembre. Me suis rendu au Berkeley et ai trouvé, comme d'habitude, Van Helsing, prêt à l'heure convenue. Sono andato alla Berkeley e ho trovato, come al solito, Van Helsing pronto all'ora concordata. La voiture commandée par l'hôtel nous attendait. Le Professeur a pris sa sacoche, qu'il emporte d'ailleurs maintenant toujours avec lui. Soyons précis. Van Helsing et moi arrivâmes à Hillingham à 8 heures. C'était une charmante matinée. Le soleil éclatant et la fraîcheur de ce début d'automne donnaient l'impression que la nature achevait d'accomplir son travail de l'année. Il sole splendente e la fresca aria autunnale davano l'impressione che la natura avesse completato il suo lavoro per l'anno. Les feuilles prenaient toutes sortes de magnifiques couleurs, mais n'avaient pas encore commencé à tomber des arbres. Le foglie stavano diventando di tutti i colori più belli, ma non avevano ancora iniziato a cadere dagli alberi. En entrant, nous rencontrâmes Mrs. Westenra qui sortait du petit salon. Elle se lève toujours très tôt. Elle nous accueillit chaleureusement et nous dit : « Vous serez heureux de savoir que Lucy va mieux. La chère petite dort encore. J'ai jeté un œil dans sa chambre et je l'ai vue, mais je ne suis pas entrée ; je ne voulais pas la déranger. » Le Professeur sourit, et semblait jubiler intérieurement. Il se frotta les mains, et dit : « Aha ! Il me semblait bien avoir fait un bon diagnostic ! Mon traitement est efficace. » A quoi elle répondit : « Vous ne devez pas vous en attribuer tout le crédit, Docteur. L'amélioration de l'état de santé de Lucy est aussi de mon fait. Il miglioramento della salute di Lucy è anche merito mio. » « Que voulez-vous dire, Madame ? » demanda le Professeur. « Eh bien, j'étais inquiète pour la pauvre enfant cette nuit, et je suis allée dans sa chambre. Elle dormait profondément – à tel point que je ne l'ai même pas réveillée en entrant. Mais l'air de la chambre était horriblement étouffant. Il y avait partout de ces fleurs horribles, à l'odeur insupportable, et elle en avait même une sorte de guirlande autour du cou ! Je craignais que cette odeur lourde ne soit difficile à supporter pour la pauvre enfant dans son état de faiblesse actuel, alors j'ai enlevé toutes les fleurs, et j'ai entrouvert la fenêtre pour faire entrer un peu d'air frais. Vous la trouverez mieux, j'en suis sûre. » Elle retourna au petit salon, où elle prenait généralement son petit déjeuner. Pendant qu'elle parlait, j'avais observé le visage du Professeur, et l'avais vu virer au gris. Il avait pu rester maître de lui tant que la pauvre femme était présente, car il connaissait son état de santé et savait combien un choc pouvait être désastreux, et à vrai dire il lui souriait encore quand il lui tenait la porte tandis qu'elle sortait de la pièce. Mais dès qu'elle eut disparu, il me poussa soudain de force dans la salle à manger, et referma la porte. Ma non appena lei scomparve, lui mi costrinse improvvisamente a entrare nella sala da pranzo e chiuse la porta. Alors, pour la première fois de ma vie, je vis Van Helsing fondre en larmes. Dans un geste de muet désespoir, il leva les mains au-dessus de sa tête, les joignit d'un air désespéré, puis il se laissa tomber dans un fauteuil, et, plongeant son visage dans les

mains, commença à pleurer, avec de gros sanglots qui semblaient venir du plus profond de son cœur. Enfin, il leva à nouveau les mains, et, semblant en appeler à l'univers tout entier : « Dieu ! Dieu ! Dieu ! » dit-il, « Qu'avons-nous fait, qu'a fait cette pauvre petite pour que nous soyons si durement éprouvés ? Est-ce donc une fatalité que de nos jours encore, de telles choses puissent surgir du vieux monde païen de jadis, et d'une telle façon ? È inevitabile, quindi, che anche oggi queste cose possano emergere dal vecchio mondo pagano di un tempo, e in questo modo? Cette pauvre mère, dans son ignorance, et avec les meilleures intentions du monde, cause la perte de sa fille, de corps et d'âme, et nous ne devons rien lui dire, nous ne devons même pas l'avertir, ou elle mourra, et alors les deux mourront ! Oh, que nous sommes durement frappés ! Et quelle puissance dans les forces démoniaques que nous devons affronter ! » Puis soudain, il bondit sur ses pieds. « Venez ! » dit-il. « Venez, nous devons aller voir, et agir. Démons ou pas démons, et même s'il y avait tous les démons des enfers, peu importe ; nous combattrons quoi qu'il arrive. » Il retourna vers le hall pour reprendre sa mallette, et nous gagnâmes ensuite la chambre de Lucy à l'étage. Une fois de plus je remontai les stores, tandis que Van Helsing se dirigeait vers le lit. Ancora una volta ho tirato su le tende, mentre Van Helsing si dirigeva verso il letto. Cette fois, il ne sursauta pas à la vue du pauvre visage et de son horrible pâleur. Il exprimait plutôt une grande tristesse et une infinie pitié. « Comme je m'y attendais » murmura-t-il, avec cette inspiration sifflante qui était si révélatrice chez lui. Sans ajouter un mot, il alla fermer la porte, et commença à préparer sur la petite table les instruments nécessaires à une nouvelle transfusion de sang. J'en avais immédiatement compris la nécessité, et je commençais à ôter ma veste, mais il m'arrêta d'un geste : « Non ! » dit-il. « Aujourd'hui, vous serez l'opérateur, et je serai le donneur. Vous êtes trop faible. » Et ce disant, il enlevait sa veste et remontait sa manche. A nouveau l'opération, à nouveau le narcotique, à nouveau les couleurs qui reviennent sur le visage blafard, puis enfin le souffle régulier du sommeil réparateur. Ce fut ensuite à moi de la veiller tandis que Van Helsing récupérait et se reposait. Cette fois, il informa Mrs. Westenra qu'elle ne devait rien ôter de la chambre de Lucy sans le consulter, que les fleurs avaient des vertus médicales, et que leur parfum contribuait à la guérison de Lucy. Puis il reprit lui-même la surveillance de la malade, me disant qu'il la veillerait cette nuit et la suivante, et qu'il me préviendrait lorsqu'il aurait besoin de moi. Après une heure, Lucy s'éveilla, fraîche et joyeuse, malgré la terrible épreuve qu'elle venait de traverser.