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Alice au pays des merveilles - Alice in Wonderland, Part (1, 2 and 3)

Part (1, 2 and 3)

AVENTURES D'ALICE

AU PAYS DES MERVEILLES.

PAR LEWIS CARROLL.

TRADUIT DE L'ANGLAIS PAR HENRI BUÉ.

[L'Auteur désire exprimer ici sa reconnaissance envers le Traducteur de ce qu'il a remplacé par des parodies de sa composition quelques parodies de morceaux de poésie anglais, qui n'avaient de valeur que pour des enfants anglais ; et aussi, de ce qu'il a su donner en jeux de mots français les équivalents des jeux de mots anglais, dont la traduction n'était pas possible.]

Notre barque glisse sur l'onde Que dorent de brûlants rayons ; Sa marche lente et vagabonde Témoigne que des bras mignons, Pleins d'ardeur, mais encore novices, Tout fiers de ce nouveau travail, Mènent au gré de leurs caprices Les rames et le gouvernail.

Soudain trois cris se font entendre, Cris funestes à la langueur Dont je ne pouvais me défendre Par ce temps chaud, qui rend rêveur.

« Un conte ! Un conte ! » disent-elles Toutes d'une commune voix. Il fallait céder aux cruelles ; Que pouvais-je, hélas ! contre trois

La première, d'un ton suprême, Donne l'ordre de commencer.

La seconde, la douceur même, Se contente de demander Des choses à ne pas y croire. Nous ne fûmes interrompus Par la troisième, c'est notoire, Qu'une fois par minute, au plus.

Puis, muettes, prêtant l'oreille Au conte de l'enfant rêveur, Qui va de merveille en merveille Causant avec l'oiseau causeur ; Leur esprit suit la fantaisie.

Où se laisse aller le conteur, Et la vérité tôt oublie Pour se confier à l'erreur.

Le conteur (espoir chimérique !

) Cherche, se sentant épuisé, À briser le pouvoir magique Du charme qu'il a composé, Et « Tantôt » voudrait de ce rêve Finir le récit commencé : « Non, non, c'est tantôt ! pas de trêve ! » Est le jugement prononcé.

Ainsi du pays des merveilles Se racontèrent lentement Les aventures sans pareilles, Incident après incident.

Alors vers le prochain rivage Où nous devions tous débarquer Rama le joyeux équipage ; La nuit commençait à tomber.

Douce Alice, acceptez l'offrande De ces gais récits enfantins, Et tressez-en une guirlande, Comme on voit faire aux pélerins De ces fleurs qu'ils ont recueillies, Et que plus tard, dans l'avenir, Bien qu'elles soient, hélas !

flétries, Ils chérissent en souvenir.

CHAPITRE PREMIER.

AU FOND DU TERRIER.

Alice, assise auprès de sa sœur sur le gazon, commençait à s'ennuyer de rester là à ne rien faire ; une ou deux fois elle avait jeté les yeux sur le livre que lisait sa sœur ; mais quoi !

pas d'images, pas de dialogues ! « La belle avance, » pensait Alice, « qu'un livre sans images, sans causeries ! Elle s'était mise à réfléchir, (tant bien que mal, car la chaleur du jour l'endormait et la rendait lourde,) se demandant si le plaisir de faire une couronne de marguerites valait bien la peine de se lever et de cueillir les fleurs, quand tout à coup un lapin blanc aux yeux roses passa près d'elle.

Il n'y avait rien là de bien étonnant, et Alice ne trouva même pas très-extraordinaire d'entendre parler le Lapin qui se disait : « Ah !

j'arriverai trop tard ! » (En y songeant après, il lui sembla bien qu'elle aurait dû s'en étonner, mais sur le moment cela lui avait paru tout naturel.) Cependant, quand le Lapin vint à tirer une montre de son gousset, la regarda, puis se prit à courir de plus belle, Alice sauta sur ses pieds, frappée de cette idée que jamais elle n'avait vu de lapin avec un gousset et une montre. Entraînée par la curiosité elle s'élança sur ses traces à travers le champ, et arriva tout juste à temps pour le voir disparaître dans un large trou au pied d'une haie.

Un instant après, Alice était à la poursuite du Lapin dans le terrier, sans songer comment elle en sortirait.

Pendant un bout de chemin le trou allait tout droit comme un tunnel, puis tout à coup il plongeait perpendiculairement d'une façon si brusque qu'Alice se sentit tomber comme dans un puits d'une grande profondeur, avant même d'avoir pensé à se retenir.

De deux choses l'une, ou le puits était vraiment bien profond, ou elle tombait bien doucement ; car elle eut tout le loisir, dans sa chute, de regarder autour d'elle et de se demander avec étonnement ce qu'elle allait devenir.

D'abord elle regarda dans le fond du trou pour savoir où elle allait ; mais il y faisait bien trop sombre pour y rien voir. Ensuite elle porta les yeux sur les parois du puits, et s'aperçut qu'elles étaient garnies d'armoires et d'étagères ; çà et là, elle vit pendues à des clous des cartes géographiques et des images. En passant elle prit sur un rayon un pot de confiture portant cette étiquette, « MARMELADE D'ORANGES. » Mais, à son grand regret, le pot était vide : elle n'osait le laisser tomber dans la crainte de tuer quelqu'un ; aussi s'arrangea-t-elle de manière à le déposer en passant dans une des armoires.

« Certes, » dit Alice, « après une chute pareille je ne me moquerai pas mal de dégringoler l'escalier !

Comme ils vont me trouver brave chez nous ! Je tomberais du haut des toits que je ne ferais pas entendre une plainte. » (Ce qui était bien probable. )

Tombe, tombe, tombe !

« Cette chute n'en finira donc pas ! Je suis curieuse de savoir combien de milles j'ai déjà faits, » dit-elle tout haut. « Je dois être bien près du centre de la terre. Voyons donc, cela serait à quatre mille milles de profondeur, il me semble. » (Comme vous voyez, Alice avait appris pas mal de choses dans ses leçons ; et bien que ce ne fût pas là une très-bonne occasion de faire parade de son savoir, vu qu'il n'y avait point d'auditeur, cependant c'était un bon exercice que de répéter sa leçon.) « Oui, c'est bien à peu près cela ; mais alors à quel degré de latitude ou de longitude est-ce que je me trouve ? » (Alice n'avait pas la moindre idée de ce que voulait dire latitude ou longitude, mais ces grands mots lui paraissaient beaux et sonores. )

Bientôt elle reprit : « Si j'allais traverser complétement la terre ?

Comme ça serait drôle de se trouver au milieu de gens qui marchent la tête en bas. Aux Antipathies, je crois. » (Elle n'était pas fâchée cette fois qu'il n'y eût personne là pour l'entendre, car ce mot ne lui faisait pas l'effet d'être bien juste.) « Eh mais, j'aurai à leur demander le nom du pays. — Pardon, Madame, est-ce ici la Nouvelle-Zemble ou l'Australie ? » — En même temps elle essaya de faire la révérence. (Quelle idée ! Faire la révérence en l'air ! Dites-moi un peu, comment vous y prendriez-vous ?) « Quelle petite ignorante ! pensera la dame quand je lui ferai cette question. Non, il ne faut pas demander cela ; peut-être le verrai-je écrit quelque part. Tombe, tombe, tombe !

— Donc Alice, faute d'avoir rien de mieux à faire, se remit à se parler : « Dinah remarquera mon absence ce soir, bien sûr. » (Dinah c'était son chat.) « Pourvu qu'on n'oublie pas de lui donner sa jatte de lait à l'heure du thé. Dinah, ma minette, que n'es-tu ici avec moi ? Il n'y a pas de souris dans les airs, j'en ai bien peur ; mais tu pourrais attraper une chauve-souris, et cela ressemble beaucoup à une souris, tu sais. Mais les chats mangent-ils les chauves-souris ? » Ici le sommeil commença à gagner Alice. Elle répétait, à moitié endormie : « Les chats mangent-ils les chauves-souris ? Les chats mangent-ils les chauves-souris ? » Et quelquefois : « Les chauves-souris mangent-elles les chats ? » Car vous comprenez bien que, puisqu'elle ne pouvait répondre ni à l'une ni à l'autre de ces questions, peu importait la manière de les poser. Elle s'assoupissait et commençait à rêver qu'elle se promenait tenant Dinah par la main, lui disant très-sérieusement : « Voyons, Dinah, dis-moi la vérité, as-tu jamais mangé des chauves-souris ? » Quand tout à coup, pouf ! la voilà étendue sur un tas de fagots et de feuilles sèches, — et elle a fini de tomber.

Alice ne s'était pas fait le moindre mal.

Vite elle se remet sur ses pieds et regarde en l'air ; mais tout est noir là-haut. Elle voit devant elle un long passage et le Lapin Blanc qui court à toutes jambes. Il n'y a pas un instant à perdre ; Alice part comme le vent et arrive tout juste à temps pour entendre le Lapin dire, tandis qu'il tourne le coin : « Par ma moustache et mes oreilles, comme il se fait tard ! » Elle n'en était plus qu'à deux pas : mais le coin tourné, le Lapin avait disparu. Elle se trouva alors dans une salle longue et basse, éclairée par une rangée de lampes pendues au plafond.

Il y avait des portes tout autour de la salle : ces portes étaient toutes fermées, et, après avoir vainement tenté d'ouvrir celles du côté droit, puis celles du côté gauche, Alice se promena tristement au beau milieu de cette salle, se demandant comment elle en sortirait.

Tout à coup elle rencontra sur son passage une petite table à trois pieds, en verre massif, et rien dessus qu'une toute petite clef d'or.

Alice pensa aussitôt que ce pouvait être celle d'une des portes ; mais hélas ! soit que les serrures fussent trop grandes, soit que la clef fût trop petite, elle ne put toujours en ouvrir aucune. Cependant, ayant fait un second tour, elle aperçut un rideau placé très-bas et qu'elle n'avait pas vu d'abord ; par derrière se trouvait encore une petite porte à peu près quinze pouces de haut ; elle essaya la petite clef d'or à la serrure, et, à sa grande joie, il se trouva qu'elle y allait à merveille. Alice ouvrit la porte, et vit qu'elle conduisait dans un étroit passage à peine plus large qu'un trou à rat. Elle s'agenouilla, et, jetant les yeux le long du passage, découvrit le plus ravissant jardin du monde. Oh !

Qu'il lui tardait de sortir de cette salle ténébreuse et d'errer au milieu de ces carrés de fleurs brillantes, de ces fraîches fontaines ! Mais sa tête ne pouvait même pas passer par la porte. « Et quand même ma tête y passerait, » pensait Alice, « à quoi cela servirait-il sans mes épaules ? Oh !

que je voudrais donc avoir la faculté de me fermer comme un télescope ! Ça se pourrait peut-être, si je savais comment m'y prendre. » Il lui était déjà arrivé tant de choses extraordinaires, qu'Alice commençait à croire qu'il n'y en avait guère d'impossibles.

Comme cela n'avançait à rien de passer son temps à attendre à la petite porte, elle retourna vers la table, espérant presque y trouver une autre clef, ou tout au moins quelque grimoire donnant les règles à suivre pour se fermer comme un télescope.

Cette fois elle trouva sur la table une petite bouteille (qui certes n'était pas là tout à l'heure). Au cou de cette petite bouteille était attachée une étiquette en papier, avec ces mots « BUVEZ-MOI » admirablement imprimés en grosses lettres.

C'est bien facile à dire « Buvez-moi, » mais Alice était trop fine pour obéir à l'aveuglette.

« Examinons d'abord, » dit-elle, « et voyons s'il y a écrit dessus « Poison » ou non. » Car elle avait lu dans de jolis petits contes, que des enfants avaient été brûlés, dévorés par des bêtes féroces, et qu'il leur était arrivé d'autres choses très-désagréables, tout cela pour ne s'être pas souvenus des instructions bien simples que leur donnaient leurs parents : par exemple, que le tisonnier chauffé à blanc brûle les mains qui le tiennent trop longtemps ; que si on se fait au doigt une coupure profonde, il saigne d'ordinaire ; et elle n'avait point oublié que si l'on boit immodérément d'une bouteille marquée « Poison » cela ne manque pas de brouiller le cœur tôt ou tard.

Cependant, comme cette bouteille n'était pas marquée « Poison, » Alice se hasarda à en goûter le contenu, et le trouvant fort bon, (au fait c'était comme un mélange de tarte aux cerises, de crême, d'ananas, de dinde truffée, de nougat, et de rôties au beurre,) elle eut bientôt tout avalé.

« Je me sens toute drôle, » dit Alice, « on dirait que je rentre en moi-même et que je me ferme comme un télescope.

» C'est bien ce qui arrivait en effet. Elle n'avait plus que dix pouces de haut, et un éclair de joie passa sur son visage à la pensée qu'elle était maintenant de la grandeur voulue pour pénétrer par la petite porte dans ce beau jardin. Elle attendit pourtant quelques minutes, pour voir si elle allait rapetisser encore. Cela lui faisait bien un peu peur. « Songez donc, » se disait Alice, « je pourrais bien finir par m'éteindre comme une chandelle. Que deviendrais-je alors ? » Et elle cherchait à s'imaginer l'air que pouvait avoir la flamme d'une chandelle éteinte, car elle ne se rappelait pas avoir jamais rien vu de la sorte.

Un moment après, voyant qu'il ne se passait plus rien, elle se décida à aller de suite au jardin ; mais hélas, pauvre Alice !

en arrivant à la porte, elle s'aperçut qu'elle avait oublié la petite clef d'or. Elle revint sur ses pas pour la prendre sur la table. Bah ! impossible d'atteindre à la clef qu'elle voyait bien clairement à travers le verre. Elle fit alors tout son possible pour grimper le long d'un des pieds de la table, mais il était trop glissant ; et enfin, épuisée de fatigue, la pauvre enfant s'assit et pleura.

« Allons, à quoi bon pleurer ainsi, » se dit Alice vivement.

« Je vous conseille, Mademoiselle, de cesser tout de suite ! » Elle avait pour habitude de se donner de très-bons conseils (bien qu'elle les suivît rarement), et quelquefois elle se grondait si fort que les larmes lui en venaient aux yeux ; une fois même elle s'était donné des tapes pour avoir triché dans une partie de croquet qu'elle jouait toute seule ; car cette étrange enfant aimait beaucoup à faire deux personnages. « Mais, » pensa la pauvre Alice, « il n'y a plus moyen de faire deux personnages, à présent qu'il me reste à peine de quoi en faire un. Elle aperçut alors une petite boîte en verre qui était sous la table, l'ouvrit et y trouva un tout petit gâteau sur lequel les mots « MANGEZ-MOI » étaient admirablement tracés avec des raisins de Corinthe.

« Tiens, je vais le manger, » dit Alice : « si cela me fait grandir, je pourrai atteindre à la clef ; si cela me fait rapetisser, je pourrai ramper sous la porte ; d'une façon ou de l'autre, je pénétrerai dans le jardin, et alors, arrive que pourra ! Elle mangea donc un petit morceau du gâteau, et, portant sa main sur sa tête, elle se dit tout inquiète : « Lequel est-ce ?

Lequel est-ce ?

» Elle voulait savoir si elle grandissait ou rapetissait, et fut tout étonnée de rester la même ; franchement, c'est ce qui arrive le plus souvent lorsqu'on mange du gâteau ; mais Alice avait tellement pris l'habitude de s'attendre à des choses extraordinaires, que cela lui paraissait ennuyeux et stupide de vivre comme tout le monde.

Aussi elle se remit à l'œuvre, et eut bien vite fait disparaître le gâteau.

CHAPITRE II.

LA MARE AUX LARMES.

« De plus très-curieux en plus très-curieux !

» s'écria Alice (sa surprise était si grande qu'elle ne pouvait s'exprimer correctement) : « Voilà que je m'allonge comme le plus grand télescope qui fût jamais ! Adieu mes pieds ! » (Elle venait de baisser les yeux, et ses pieds lui semblaient s'éloigner à perte de vue.) « Oh ! mes pauvres petits pieds ! Qui vous mettra vos bas et vos souliers maintenant, mes mignons ? Quant à moi, je ne le pourrai certainement pas ! Je serai bien trop loin pour m'occuper de vous : arrangez-vous du mieux que vous pourrez. — Il faut cependant que je sois bonne pour eux, » pensa Alice, « sans cela ils refuseront peut-être d'aller du côté que je voudrai. Ah !

je sais ce que je ferai : je leur donnerai une belle paire de bottines à Noël. Puis elle chercha dans son esprit comment elle s'y prendrait.

« Il faudra les envoyer par le messager, » pensa-t-elle ; « quelle étrange chose d'envoyer des présents à ses pieds ! Et l'adresse donc ! C'est cela qui sera drôle.

À Monsieur Lepiédroit d'Alice,Tapis du foyer,Près le garde-feu.

(De la part de Mlle Alice. )

Oh !

que d'enfantillages je dis là ! Au même instant, sa tête heurta contre le plafond de la salle : c'est qu'elle avait alors un peu plus de neuf pieds de haut.

Vite elle saisit la petite clef d'or et courut à la porte du jardin.

Pauvre Alice !

C'est tout ce qu'elle put faire, après s'être étendue de tout son long sur le côté, que de regarder du coin de l'œil dans le jardin. Quant à traverser le passage, il n'y fallait plus songer. Elle s'assit donc, et se remit à pleurer.

« Quelle honte !

» dit Alice. « Une grande fille comme vous » (« grande » était bien le mot) « pleurer de la sorte ! Allons, finissez, vous dis-je ! » Mais elle continua de pleurer, versant des torrents de larmes, si bien qu'elle se vit à la fin entourée d'une grande mare, profonde d'environ quatre pouces et s'étendant jusqu'au milieu de la salle.

Quelque temps après, elle entendit un petit bruit de pas dans le lointain ; vite, elle s'essuya les yeux pour voir ce que c'était.

C'était le Lapin Blanc, en grande toilette, tenant d'une main une paire de gants paille, et de l'autre un large éventail. Il accourait tout affairé, marmottant entre ses dents : « Oh ! la Duchesse, la Duchesse ! Elle sera dans une belle colère si je l'ai fait attendre ! » Alice se trouvait si malheureuse, qu'elle était disposée à demander secours au premier venu ; ainsi, quand le Lapin fut près d'elle, elle lui dit d'une voix humble et timide, « Je vous en prie, Monsieur — » Le Lapin tressaillit d'épouvante, laissa tomber les gants et l'éventail, se mit à courir à toutes jambes et disparut dans les ténèbres.

Alice ramassa les gants et l'éventail, et, comme il faisait très-chaud dans cette salle, elle s'éventa tout en se faisant la conversation : « Que tout est étrange, aujourd'hui !

Hier les choses se passaient comme à l'ordinaire. Peut-être m'a-t-on changée cette nuit ! Voyons, étais-je la même petite fille ce matin en me levant ? — Je crois bien me rappeler que je me suis trouvée un peu différente. — Mais si je ne suis pas la même, qui suis-je donc, je vous prie ? Voilà l'embarras. » Elle se mit à passer en revue dans son esprit toutes les petites filles de son âge qu'elle connaissait, pour voir si elle avait été transformée en l'une d'elles.

« Bien sûr, je ne suis pas Ada, » dit-elle.

« Elle a de longs cheveux bouclés et les miens ne frisent pas du tout. — Assurément je ne suis pas Mabel, car je sais tout plein de choses et Mabel ne sait presque rien ; et puis, du reste, Mabel, c'est Mabel ; Alice c'est Alice ! — Oh ! mais quelle énigme que cela ! — Voyons si je me souviendrai de tout ce que je savais : quatre fois cinq font douze, quatre fois six font treize, quatre fois sept font — je n'arriverai jamais à vingt de ce train-là. Mais peu importe la table de multiplication. Essayons de la Géographie : Londres est la capitale de Paris, Paris la capitale de Rome, et Rome la capitale de — Mais non, ce n'est pas cela, j'en suis bien sûre ! Je dois être changée en Mabel ! — Je vais tâcher de réciter Maître Corbeau. » Elle croisa les mains sur ses genoux comme quand elle disait ses leçons, et se mit à répéter la fable, d'une voix rauque et étrange, et les mots ne se présentaient plus comme autrefois :

« Maître Corbeau sur un arbre perché,

Faisait son nid entre des branches ; Il avait relevé ses manches, Car il était très-affairé.

Maître Renard, par là passant, Lui dit : « Descendez donc, compère ; Venez embrasser votre frère. » Le Corbeau, le reconnaissant, Lui répondit en son ramage :

« Fromage.

» » « Je suis bien sûre que ce n'est pas ça du tout, » s'écria la pauvre Alice, et ses yeux se remplirent de larmes. « Ah !

je le vois bien, je ne suis plus Alice, je suis Mabel, et il me faudra aller vivre dans cette vilaine petite maison, où je n'aurai presque pas de jouets pour m'amuser. — Oh ! que de leçons on me fera apprendre ! — Oui, certes, j'y suis bien résolue, si je suis Mabel je resterai ici. Ils auront beau passer la tête là-haut et me crier, « Reviens auprès de nous, ma chérie ! » Je me contenterai de regarder en l'air et de dire, « Dites-moi d'abord qui je suis, et, s'il me plaît d'être cette personne-là, j'irai vous trouver ; sinon, je resterai ici jusqu'à ce que je devienne une autre petite fille. » — Et pourtant, » dit Alice en fondant en larmes, « je donnerais tout au monde pour les voir montrer la tête là-haut ! Je m'ennuie tant d'être ici toute seule. Comme elle disait ces mots, elle fut bien surprise de voir que tout en parlant elle avait mis un des petits gants du Lapin.

« Comment ai-je pu mettre ce gant ? » pensa-t-elle. « Je rapetisse donc de nouveau ? » Elle se leva, alla près de la table pour se mesurer, et jugea, autant qu'elle pouvait s'en rendre compte, qu'elle avait environ deux pieds de haut, et continuait de raccourcir rapidement.

Bientôt elle s'aperçut que l'éventail qu'elle avait à la main en était la cause ; vite elle le lâcha, tout juste à temps pour s'empêcher de disparaître tout à fait.

« Je viens de l'échapper belle, » dit Alice, tout émue de ce brusque changement, mais bien aise de voir qu'elle existait encore.

« Maintenant, vite au jardin ! » — Elle se hâta de courir vers la petite porte ; mais hélas ! elle s'était refermée et la petite clef d'or se trouvait sur la table de verre, comme tout à l'heure. « Les choses vont de mal en pis, » pensa la pauvre enfant. « Jamais je ne me suis vue si petite, jamais ! Et c'est vraiment par trop fort ! À ces mots son pied glissa, et flac !

La voilà dans l'eau salée jusqu'au menton. Elle se crut d'abord tombée dans la mer. « Dans ce cas je retournerai chez nous en chemin de fer, » se dit-elle.

(Alice avait été au bord de la mer une fois en sa vie, et se figurait que sur n'importe quel point des côtes se trouvent un grand nombre de cabines pour les baigneurs, des enfants qui font des trous dans le sable avec des pelles en bois, une longue ligne de maisons garnies, et derrière ces maisons une gare de chemin de fer.

) Mais elle comprit bientôt qu'elle était dans une mare formée des larmes qu'elle avait pleurées, quand elle avait neuf pieds de haut.

« Je voudrais bien n'avoir pas tant pleuré, » dit Alice tout en nageant de côté et d'autre pour tâcher de sortir de là.

« Je vais en être punie sans doute, en me noyant dans mes propres larmes. C'est cela qui sera drôle ! Du reste, tout est drôle aujourd'hui. Au même instant elle entendit patauger dans la mare à quelques pas de là, et elle nagea de ce côté pour voir ce que c'était.

Elle pensa d'abord que ce devait être un cheval marin ou hippopotame ; puis elle se rappela combien elle était petite maintenant, et découvrit bientôt que c'était tout simplement une souris qui, comme elle, avait glissé dans la mare.

« Si j'adressais la parole à cette souris ?

Tout est si extraordinaire ici qu'il se pourrait bien qu'elle sût parler : dans tous les cas, il n'y a pas de mal à essayer. » Elle commença donc : « Ô Souris, savez-vous comment on pourrait sortir de cette mare ? Je suis bien fatiguée de nager, Ô Souris ! » (Alice pensait que c'était là la bonne manière d'interpeller une souris. Pareille chose ne lui était jamais arrivée, mais elle se souvenait d'avoir vu dans la grammaire latine de son frère : — « La souris, de la souris, à la souris, ô souris. ») La Souris la regarda d'un air inquisiteur ; Alice crut même la voir cligner un de ses petits yeux, mais elle ne dit mot.

« Peut-être ne comprend-elle pas cette langue, » dit Alice ; « c'est sans doute une souris étrangère nouvellement débarquée.

Je vais essayer de lui parler italien : « Dove è il mio gatto ? » » C'étaient là les premiers mots de son livre de dialogues. La Souris fit un bond hors de l'eau, et parut trembler de tous ses membres. « Oh ! mille pardons ! » s'écria vivement Alice, qui craignait d'avoir fait de la peine au pauvre animal. « J'oubliais que vous n'aimez pas les chats. « Aimer les chats !

» cria la Souris d'une voix perçante et colère. « Et vous, les aimeriez-vous si vous étiez à ma place ? « Non, sans doute, » dit Alice d'une voix caressante, pour l'apaiser.

« Ne vous fâchez pas. Pourtant je voudrais bien vous montrer Dinah, notre chatte. Oh !

si vous la voyiez, je suis sûre que vous prendriez de l'affection pour les chats. Dinah est si douce et si gentille. » Tout en nageant nonchalamment dans la mare et parlant moitié à part soi, moitié à la Souris, Alice continua : « Elle se tient si gentiment auprès du feu à faire son rouet, à se lécher les pattes, et à se débarbouiller ;

son poil est si doux à caresser ; et comme elle attrape bien les souris !

— Oh ! pardon ! » dit encore Alice, car cette fois le poil de la Souris s'était tout hérissé, et on voyait bien qu'elle était fâchée tout de bon. « Nous n'en parlerons plus si cela vous fait de la peine. « Nous !

dites-vous, » s'écria la Souris, en tremblant de la tête à la queue. « Comme si moi je parlais jamais de pareilles choses ! Dans notre famille on a toujours détesté les chats, viles créatures sans foi ni loi. Que je ne vous en entende plus parler ! « Eh bien non, » dit Alice, qui avait hâte de changer la conversation.

« Est-ce que — est-ce que vous aimez les chiens ? » La Souris ne répondit pas, et Alice dit vivement : « Il y a tout près de chez nous un petit chien bien mignon que je voudrais vous montrer ! C'est un petit terrier aux yeux vifs, avec de longs poils bruns frisés ! Il rapporte très-bien ; il se tient sur ses deux pattes de derrière, et fait le beau pour avoir à manger. Enfin il fait tant de tours que j'en oublie plus de la moitié ! Il appartient à un fermier qui ne le donnerait pas pour mille francs, tant il lui est utile ; il tue tous les rats et aussi — Oh ! » reprit Alice d'un ton chagrin, « voilà que je vous ai encore offensée ! » En effet, la Souris s'éloignait en nageant de toutes ses forces, si bien que l'eau de la mare en était tout agitée.

Alice la rappela doucement : « Ma petite Souris !

Revenez, je vous en prie, nous ne parlerons plus ni de chien ni de chat, puisque vous ne les aimez pas ! À ces mots la Souris fit volte-face, et se rapprocha tout doucement ; elle était toute pâle (de colère, pensait Alice).

La Souris dit d'une voix basse et tremblante : « Gagnons la rive, je vous conterai mon histoire, et vous verrez pourquoi je hais les chats et les chiens. Il était grand temps de s'en aller, car la mare se couvrait d'oiseaux et de toutes sortes d'animaux qui y étaient tombés.

Il y avait un canard, un dodo, un lory, un aiglon, et d'autres bêtes extraordinaires. Alice prit les devants, et toute la troupe nagea vers la rive.

CHAPITRE III.

LA COURSE COCASSE.

Ils formaient une assemblée bien grotesque ces êtres singuliers réunis sur le bord de la mare ; les uns avaient leurs plumes tout en désordre, les autres le poil plaqué contre le corps.

Tous étaient trempés, de mauvaise humeur, et fort mal à l'aise.

« Comment faire pour nous sécher ?

» ce fut la première question, cela va sans dire. Au bout de quelques instants, il sembla tout naturel à Alice de causer familièrement avec ces animaux, comme si elle les connaissait depuis son berceau. Elle eut même une longue discussion avec le Lory, qui, à la fin, lui fit la mine et lui dit d'un air boudeur : « Je suis plus âgé que vous, et je dois par conséquent en savoir plus long. » Alice ne voulut pas accepter cette conclusion avant de savoir l'âge du Lory, et comme celui-ci refusa tout net de le lui dire, cela mit un terme au débat.

Enfin la Souris, qui paraissait avoir un certain ascendant sur les autres, leur cria : « Asseyez-vous tous, et écoutez-moi !

Je vais bientôt vous faire sécher, je vous en réponds ! » Vite, tout le monde s'assit en rond autour de la Souris, sur qui Alice tenait les yeux fixés avec inquiétude, car elle se disait : « Je vais attraper un vilain rhume si je ne sèche pas bientôt. « Hum !

» fit la Souris d'un air d'importance ; « êtes-vous prêts ? Je ne sais rien de plus sec que ceci. Silence dans le cercle, je vous prie. « Guillaume le Conquérant, dont le pape avait embrassé le parti, soumit bientôt les Anglais, qui manquaient de chefs, et commençaient à s'accoutumer aux usurpations et aux conquêtes des étrangers. Edwin et Morcar, comtes de Mercie et de Northumbrie — » »

« Brrr, » fit le Lory, qui grelottait.

« Pardon, » demanda la Souris en fronçant le sourcil, mais fort poliment, « qu'avez-vous dit ?

« Moi !

rien, » répliqua vivement le Lory.

« Ah !

je croyais, » dit la Souris. « Je continue. « Edwin et Morcar, comtes de Mercie et de Northumbrie, se déclarèrent en sa faveur, et Stigand, l'archevêque patriote de Cantorbery, trouva cela — » »

« Trouva quoi ?

» dit le Canard.

« Il trouva cela, » répondit la Souris avec impatience.

« Assurément vous savez ce que « cela » veut dire. « Je sais parfaitement ce que « cela » veut dire ; par exemple : quand moi j'ai trouvé cela bon ; « cela » veut dire un ver ou une grenouille, » ajouta le Canard.

« Mais il s'agit de savoir ce que l'archevêque trouva. La Souris, sans prendre garde à cette question, se hâta de continuer.

« « L'archevêque trouva cela de bonne politique d'aller avec Edgar Atheling à la rencontre de Guillaume, pour lui offrir la couronne. Guillaume, d'abord, fut bon prince ; mais l'insolence des vassaux normands — » Eh bien, comment cela va-t-il, mon enfant ? » ajouta-t-elle en se tournant vers Alice.

« Toujours aussi mouillée, » dit Alice tristement.

« Je ne sèche que d'ennui. « Dans ce cas, » dit le Dodo avec emphase, se dressant sur ses pattes, « je propose l'ajournement, et l'adoption immédiate de mesures énergiques.

« Parlez français, » dit l'Aiglon ; « je ne comprends pas la moitié de ces grands mots, et, qui plus est, je ne crois pas que vous les compreniez vous-même.

» L'Aiglon baissa la tête pour cacher un sourire, et quelques-uns des autres oiseaux ricanèrent tout haut.

« J'allais proposer, » dit le Dodo d'un ton vexé, « une course cocasse ; c'est ce que nous pouvons faire de mieux pour nous sécher.

« Qu'est-ce qu'une course cocasse ?

» demanda Alice ; non qu'elle tînt beaucoup à le savoir, mais le Dodo avait fait une pause comme s'il s'attendait à être questionné par quelqu'un, et personne ne semblait disposé à prendre la parole.

« La meilleure manière de l'expliquer, » dit le Dodo, « c'est de le faire.

» (Et comme vous pourriez bien, un de ces jours d'hiver, avoir envie de l'essayer, je vais vous dire comment le Dodo s'y prit. )

D'abord il traça un terrain de course, une espèce de cercle ( « Du reste, » disait-il, « la forme n'y fait rien » ), et les coureurs furent placés indifféremment çà et là sur le terrain.

Personne ne cria, « Un, deux, trois, en avant ! » mais chacun partit et s'arrêta quand il voulut, de sorte qu'il n'était pas aisé de savoir quand la course finirait. Cependant, au bout d'une demi-heure, tout le monde étant sec, le Dodo cria tout à coup : « La course est finie ! » et les voilà tous haletants qui entourent le Dodo et lui demandent : « Qui a gagné ? Cette question donna bien à réfléchir au Dodo ; il resta longtemps assis, un doigt appuyé sur le front (pose ordinaire de Shakespeare dans ses portraits) ; tandis que les autres attendaient en silence.

Enfin le Dodo dit : « Tout le monde a gagné, et tout le monde aura un prix. « Mais qui donnera les prix ?

» demandèrent-ils tous à la fois.

« Elle, cela va sans dire, » répondit le Dodo, en montrant Alice du doigt, et toute la troupe l'entoura aussitôt en criant confusément : « Les prix !

Les prix !

Alice ne savait que faire ; pour sortir d'embarras elle mit la main dans sa poche et en tira une boîte de dragées (heureusement l'eau salée n'y avait pas pénétré) ; puis en donna une en prix à chacun ; il y en eut juste assez pour faire le tour.

« Mais il faut aussi qu'elle ait un prix, elle, » dit la Souris.

« Comme de raison, » reprit le Dodo gravement.

« Avez-vous encore quelque chose dans votre poche ? » continua-t-il en se tournant vers Alice.

« Un dé ; pas autre chose, » dit Alice d'un ton chagrin.

« Faites passer, » dit le Dodo. Tous se groupèrent de nouveau autour d'Alice, tandis que le Dodo lui présentait solennellement le dé en disant : « Nous vous prions d'accepter ce superbe dé. » Lorsqu'il eut fini ce petit discours, tout le monde cria « Hourra ! Alice trouvait tout cela bien ridicule, mais les autres avaient l'air si grave, qu'elle n'osait pas rire ; aucune réponse ne lui venant à l'esprit, elle se contenta de faire la révérence, et prit le dé de son air le plus sérieux.

Il n'y avait plus maintenant qu'à manger les dragées ; ce qui ne se fit pas sans un peu de bruit et de désordre, car les gros oiseaux se plaignirent de n'y trouver aucun goût, et il fallut taper dans le dos des petits qui étranglaient.

Enfin tout rentra dans le calme. On s'assit en rond autour de la Souris, et on la pria de raconter encore quelque chose.

« Vous m'avez promis de me raconter votre histoire, » dit Alice, « et de m'expliquer pourquoi vous détestez — les chats et les chiens, » ajouta-t-elle tout bas, craignant encore de déplaire.

La Souris, se tournant vers Alice, soupira et lui dit : « Mon histoire sera longue et traînante.

« Tiens !

tout comme votre queue, » dit Alice, frappée de la ressemblance, et regardant avec étonnement la queue de la Souris tandis que celle-ci parlait. Les idées d'histoire et de queue longue et traînante se brouillaient dans l'esprit d'Alice à peu près de cette façon : — « Canichon dit à

la Souris, Qu'il rencontra dans le logis : « Je crois le moment fort propice De te faire aller en justice.

Je ne doute pas du succès Que doit avoir notre procès. Vite, allons, commençons l'affaire. Ce matin je n'ai rien à faire. » La Souris dit à Canichon : « Sans juge et sans jurés, mon bon ! » Mais Canichon plein de malice Dit : « C'est moi qui suis la justice, Et, que tu aies raison ou tort, Je vais te condamner à mort. « Vous ne m'écoutez pas, » dit la Souris à Alice d'un air sévère.

« À quoi pensez-vous donc ? « Pardon, » dit Alice humblement.

« Vous en étiez au cinquième détour. « Détour !

» dit la Souris d'un ton sec. « Croyez-vous donc que je manque de véracité ? « Des vers à citer ?

oh ! je puis vous en fournir quelques-uns ! » dit Alice, toujours prête à rendre service.

« On n'a pas besoin de vous, » dit la Souris.

« C'est m'insulter que de dire de pareilles sottises. » Puis elle se leva pour s'en aller.

« Je n'avais pas l'intention de vous offenser, » dit Alice d'une voix conciliante.

« Mais franchement vous êtes bien susceptible. La Souris grommela quelque chose entre ses dents et s'éloigna.

« Revenez, je vous en prie, finissez votre histoire, » lui cria Alice ; et tous les autres dirent en chœur : « Oui, nous vous en supplions.

» Mais la Souris secouant la tête ne s'en alla que plus vite.

« Quel dommage qu'elle ne soit pas restée !

» dit en soupirant le Lory, sitôt que la Souris eut disparu.

Un vieux crabe, profitant de l'occasion, dit à son fils : « Mon enfant, que cela vous serve de leçon, et vous apprenne à ne vous emporter jamais !

« Taisez-vous donc, papa, » dit le jeune crabe d'un ton aigre.

« Vous feriez perdre patience à une huître. « Ah !

si Dinah était ici, » dit Alice tout haut sans s'adresser à personne. « C'est elle qui l'aurait bientôt ramenée. « Et qui est Dinah, s'il n'y a pas d'indiscrétion à le demander ?

» dit le Lory.

Alice répondit avec empressement, car elle était toujours prête à parler de sa favorite : « Dinah, c'est notre chatte.

Si vous saviez comme elle attrape bien les souris ! Et si vous la voyiez courir après les oiseaux ; aussitôt vus, aussitôt croqués. Ces paroles produisirent un effet singulier sur l'assemblée.

Quelques oiseaux s'enfuirent aussitôt ; une vieille pie s'enveloppant avec soin murmura : « Il faut vraiment que je rentre chez moi, l'air du soir ne vaut rien pour ma gorge ! » Et un canari cria à ses petits d'une voix tremblante : « Venez, mes enfants ; il est grand temps que vous vous mettiez au lit ! Enfin, sous un prétexte ou sous un autre, chacun s'esquiva, et Alice se trouva bientôt seule.

« Je voudrais bien n'avoir pas parlé de Dinah, » se dit-elle tristement.

« Personne ne l'aime ici, et pourtant c'est la meilleure chatte du monde ! Oh !

chère Dinah, te reverrai-je jamais ? » Ici la pauvre Alice se reprit à pleurer ; elle se sentait seule, triste, et abattue.

Au bout de quelque temps elle entendit au loin un petit bruit de pas ; elle s'empressa de regarder, espérant que la Souris avait changé d'idée et revenait finir son histoire.

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AVENTURES D’ALICE ABENTEUER VON ALICE ADVENTURES OF ALICE

AU PAYS DES MERVEILLES. IN WONDERLAND. ワンダーランドで。

PAR LEWIS CARROLL. BY LEWIS CARROLL. ルイス・キャロル著。 POR LEWIS CARROLL.

TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR HENRI BUÉ. TRANSLATED FROM ENGLISH BY HENRI BÉÉ. HENRI BUÉによる英語からの翻訳。 TRADUZIDO DO INGLÊS POR HENRI BUÉ. ПЕРЕКЛАД З АНГЛІЙСЬКОЇ АНРІ БЮЕ.

[L’Auteur désire exprimer ici sa reconnaissance envers le Traducteur de ce qu’il a remplacé par des parodies de sa composition quelques parodies de morceaux de poésie anglais, qui n’avaient de valeur que pour des enfants anglais ; et aussi, de ce qu’il a su donner en jeux de mots français les équivalents des jeux de mots anglais, dont la traduction n’était pas possible.] [يود المؤلف أن يعرب هنا عن امتنانه للمترجم لأنه استبدل بالمحاكاة الساخرة لتأليفه بعض المحاكاة الساخرة لقطع من الشعر الإنجليزي، والتي كانت ذات قيمة للأطفال الإنجليز فقط؛ وأيضا ما استطاع أن يعطي في التورية الفرنسية ما يعادل التورية الإنجليزية التي لم تكن ترجمتها ممكنة.] [Der Autor möchte hier seine Dankbarkeit gegenüber dem Übersetzer ausdrücken, dass er einige Parodien englischer Gedichtstücke, die nur für englische Kinder von Wert waren, durch Parodien seiner eigenen Komposition ersetzt hat; und auch, dass er es verstanden hat, die Entsprechungen englischer Wortspiele, deren Übersetzung nicht möglich war, als französische Wortspiele zu geben]. [The Author wishes here to express his gratitude to the Translator for what he has replaced by parodies of his composition some parodies of English poems, which were of value only for English children; and also, that he knew how to give in French word games the equivalents of English word games, the translation of which was not possible.] [El Autor desea expresar aquí su gratitud al Traductor por haber sustituido por parodias de su propia composición algunas parodias de piezas poéticas inglesas, que sólo tenían valor para los niños ingleses; y también por haber dado en los juegos de palabras franceses los equivalentes de los juegos de palabras ingleses, cuya traducción no era posible]. [L'Auteur désire exprimer ici sa reconnaissance envers le Traducteur de ce qu'il a remplacé par des parodies de sa composition quelques parodies de morceaux de poésie anglais, qui n'avaient de valeur que pour des enfants anglais ; et aussi, de ce qu'il a su donner en jeux de mots français les équivalents des jeux de mots anglais, dont la traduction n'était pas possible.] [L'Autore desidera esprimere qui la sua gratitudine al Traduttore per ciò che ha sostituito con parodie della sua composizione alcune parodie di brani di poesia inglese, che avevano valore solo per i bambini inglesi; e anche, di ciò che è stato in grado di dare nei giochi di parole francesi gli equivalenti dei giochi di parole inglesi, la cui traduzione non era possibile.] [著者はここで、英国の子供たちだけに価値のある英国の詩の一部のパロディを、彼の作曲のパロディに置き換えてくれた翻訳者に感謝の意を表したいと思います。また、彼はフランス語の駄洒落で、英語の駄洒落に相当するものを与えることができましたが、その翻訳は不可能でした.] [O Autor deseja aqui expressar a sua gratidão ao Tradutor por ter substituído por paródias da sua própria composição algumas paródias de peças de poesia inglesas, que só tinham valor para as crianças inglesas; e também por ter dado em trocadilhos franceses os equivalentes dos trocadilhos ingleses, cuja tradução não era possível]. [作者在此感谢翻译者用他的作品的模仿代替了一些英国诗歌的模仿,这些模仿只对英国儿童有价值;而且,他能够在法语双关语中给出英语双关语的等价物,而翻译是不可能的。]

Notre barque glisse sur l’onde Que dorent de brûlants rayons ; Sa marche lente et vagabonde Témoigne que des bras mignons, Pleins d’ardeur, mais encore novices, Tout fiers de ce nouveau travail, Mènent au gré de leurs caprices Les rames et le gouvernail. Unser Boot gleitet über die Wellen, die von glühenden Strahlen vergoldet werden; sein langsamer, wandernder Gang zeugt von niedlichen Armen, die voller Eifer, aber noch unerfahren sind, stolz auf die neue Arbeit, nach Lust und Laune die Ruder und das Ruder führen. Το σκάφος μας γλιστράει στο κύμα Που χρυσώνει με καμένες ακτίνες. Το αργό και περιπλανώμενο περπάτημά του Μαρτυρεί ότι τα χαριτωμένα μπράτσα, Γεμάτα θέρμη, αλλά ακόμα αρχάριοι, Αρκετά περήφανοι για αυτό το νέο έργο, Οδηγούν σύμφωνα με τις ιδιοτροπίες τους Τα κουπιά και το πηδάλιο. Our boat slips on the wave That gilds of burning rays; His slow, wandering march Testifies that cute arms, full of ardor, but still novices, all proud of this new work, lead at the whims of their caprices oars and rudder. Nuestra barca se desliza sobre la ola que dora con ardientes rayos; Su andar lento y errante Testimonia que lindos brazos, Llenos de ardor, pero aún novicios, Bien orgullosos de esta nueva obra, Conducen según sus caprichos Los remos y el timón. La nostra barca scivola sull'onda dorata di raggi ardenti; Il suo passo lento e errante sono testimoni che braccia carine, piene di ardore, ma ancora novizie, tutte orgogliose di questa nuova opera, guidano secondo i loro capricci i remi e il timone. 私たちのボートは波の上を滑る燃える光線で金色に光る。そのゆっくりとしたさまよい歩きは かわいい腕であることを証明している 熱意に満ちているが、まだ初心者である この新しい仕事を誇りに思っている 彼らの気まぐれに従って 櫂と舵を操る O nosso barco desliza na onda dourada por raios ardentes; O seu lento e errante progresso testemunha o facto de que braços bonitos, cheios de ardor mas ainda noviços, Orgulhosos deste novo trabalho, Operam os remos e o leme como lhes apetece. 我们的小船在波光粼粼的波面上滑行;它缓慢而徘徊地前进着,见证着一个事实:可爱的手臂充满热情,但仍是个新手,以这项新工作为荣,随心所欲地操作着桨和舵。

Soudain trois cris se font entendre, Cris funestes à la langueur Dont je ne pouvais me défendre Par ce temps chaud, qui rend rêveur. Plötzlich sind drei Schreie zu hören, tödliche Schreie der Mattigkeit, gegen die ich mich bei diesem heißen Wetter, das einen zum Träumen bringt, nicht wehren konnte. Suddenly three cries are heard, Cries fatal to the languor Of which I could not defend myself By this hot weather, which makes dreamer. De pronto se oyen tres gritos, Crisis fatales de la languidez Que no pude defenderme En este calor, que hace soñar. 突然 3 つの叫び声が聞こえた だるさの致命的な危機 身を守ることができなかった 1 つの夢を作るこの暑い天気の中で。 De repente ouvem-se três gritos, Gritos que são fatais para a languidez De que não me pude defender Neste tempo quente, que nos faz sonhar.

« Un conte ! " Eine Geschichte ! " A tale ! "¡Un cuento! " 物語 ! Un conte ! Eine Geschichte ! ¡Un cuento de hadas! » disent-elles Toutes d’une commune voix. » sagen sie alle mit einer Stimme. They say All in one voice. "dicen todos a una voz. 彼らは皆、声をそろえて言います。 Il fallait céder aux cruelles ; Que pouvais-je, hélas ! It was necessary to yield to cruelty; What could I, alas! Tuve que ceder ante los crueles; ¡Qué podía yo, ay! 残酷に屈服する必要がありました。ああ、私は何をすることができましたか! contre trois against three contra tres 3に対して

La première, d’un ton suprême, Donne l’ordre de commencer. The first, in a supreme tone, gives the order to begin. El primero, en tono supremo, dio la orden de comenzar. 最初に、最高の口調で、開始の命令を出します。

La seconde, la douceur même, Se contente de demander Des choses à ne pas y croire. The second, sweetness itself, is content to ask things not to believe it. 第二に、甘さそのものは、信じないことを求めることに満足しています。 Nous ne fûmes interrompus Par la troisième, c’est notoire, Qu’une fois par minute, au plus. We were interrupted by the third, it is known, only once a minute, at most. No nos interrumpió el tercero, es notorio, sólo una vez por minuto, como mucho. 私たちは 3 番目までに中断されませんでした, それは悪名高いです。

Puis, muettes, prêtant l’oreille Au conte de l’enfant rêveur, Qui va de merveille en merveille Causant avec l’oiseau causeur ; Leur esprit suit la fantaisie. Then, dumb, listening In the tale of the dreamy child, Who goes from wonder to wonder Causing with the talking bird; Their minds follow fantasy. Entonces, mudos, prestan sus oídos al cuento del niño soñador, Que va de maravilla en maravilla charlando con el pájaro parlanchín; Sus mentes siguen la fantasía. それから、黙って耳を傾ける 夢見る子供の話を聞く 驚異から驚異へと移り変わる しゃべる鳥と話す彼らの心はファンタジーに従います。

Où se laisse aller le conteur, Et la vérité tôt oublie Pour se confier à l’erreur. Where the storyteller lets himself go, And the truth soon forgets To confide in the error. Donde el narrador se deja llevar, Y la verdad pronto olvida Confiar en el error.

Le conteur (espoir chimérique ! The storyteller (chimerical hope! El cuentacuentos (¡una quimera!

) Cherche, se sentant épuisé, À briser le pouvoir magique Du charme qu’il a composé, Et « Tantôt » voudrait de ce rêve Finir le récit commencé : « Non, non, c’est tantôt ! ) Seeking, feeling exhausted, To break the magical power Of the charm that he composed, And "Sometimes" would like this dream To finish the story started: "No, no, it is sometimes! ) Sintiéndose agotado, intenta romper el poder mágico del hechizo que ha creado, Y a "Tantôt" le gustaría terminar la historia de este sueño: "¡No, no, es tantôt! pas de trêve ! no truce! ¡no hay tregua! » Est le jugement prononcé. is the judgment pronounced.

Ainsi du pays des merveilles Se racontèrent lentement Les aventures sans pareilles, Incident après incident. So from the wonderland slowly told The Unparalleled Adventures, Incident after Incident.

Alors vers le prochain rivage Où nous devions tous débarquer Rama le joyeux équipage ; La nuit commençait à tomber. Then to the next shore Where we all had to land Rama the merry crew; The night was beginning to fall.

Douce Alice, acceptez l’offrande De ces gais récits enfantins, Et tressez-en une guirlande, Comme on voit faire aux pélerins De ces fleurs qu’ils ont recueillies, Et que plus tard, dans l’avenir, Bien qu’elles soient, hélas ! Sweet Alice, accept the offering Of these cheerful childish stories, And weave a garland, As one sees pilgrims making Of those flowers that they have gathered, And that later, in the future, Although they are , alas!

flétries, Ils chérissent en souvenir. withered, They cherish as souvenirs.

CHAPITRE PREMIER. FIRST CHAPTER.

AU FOND DU TERRIER. AUF DEM GRUND DES BAUES. AT THE BOTTOM OF THE LAND. НА ДНІ НОРИ.

Alice, assise auprès de sa sœur sur le gazon, commençait à s’ennuyer de rester là à ne rien faire ; une ou deux fois elle avait jeté les yeux sur le livre que lisait sa sœur ; mais quoi ! Alice, die neben ihrer Schwester im Gras saß, wurde es langsam langweilig, da zu stehen und nichts zu tun; ein- oder zweimal hatte sie einen Blick in das Buch geworfen, in dem ihre Schwester las; aber was ! Alice, seated beside her sister on the grass, was beginning to be bored to stay there doing nothing; once or twice she had looked at the book her sister read; but what ! Алісі, яка сиділа поруч із сестрою на галявині, почало набридати сидіти й нічого не робити; раз чи два вона глянула на книжку, яку читала її сестра; але що !

pas d’images, pas de dialogues ! no pictures, no dialogues! « La belle avance, » pensait Alice, « qu’un livre sans images, sans causeries ! 'A fine advance,' thought Alice, 'what a book without pictures, without talks! «Гарний аванс, — подумала Аліса, — яка книжка без малюнків, без розмов! Elle s’était mise à réfléchir, (tant bien que mal, car la chaleur du jour l’endormait et la rendait lourde,) se demandant si le plaisir de faire une couronne de marguerites valait bien la peine de se lever et de cueillir les fleurs, quand tout à coup un lapin blanc aux yeux roses passa près d’elle. Sie hatte angefangen nachzudenken (irgendwie, weil die Hitze des Tages sie eingeschlafen und schwer gemacht hatte), sich zu fragen, ob das Vergnügen, einen Kranz aus Gänseblümchen zu basteln, die Mühe wert war, aufzustehen und die Blumen zu pflücken. als plötzlich ein weißes Kaninchen mit rosa Augen an ihr vorbeiging. She had begun to think (as best she could, because the heat of the day made him sleepy and heavy), wondering if the pleasure of making a daisy crown was worth the trouble of getting up and picking them. flowers, when suddenly a white rabbit with pink eyes passed near her. Вона почала думати (якимось чином, через денну спеку вона заснула й стала важкою), гадаючи, чи справді задоволення від плетіння вінка з ромашок варте того, щоб встати й зривати квіти, коли раптом білий кролик з рожевими очима пройшов повз неї.

Il n’y avait rien là de bien étonnant, et Alice ne trouva même pas très-extraordinaire d’entendre parler le Lapin qui se disait : « Ah ! Da war nichts sehr Erstaunliches, und Alice fand es nicht einmal sehr außergewöhnlich, das Kaninchen sprechen zu hören, das sich sagte: „Ah! There was nothing very surprising about it, and Alice did not even find it very extraordinary to hear the Rabbit say to himself, "Ah! У цьому не було нічого дивовижного, і Аліса навіть не вважала чимось надзвичайним чути, як Кролик говорить, кажучи собі: «Ах!

j’arriverai trop tard ! I will arrive too late! Я запізнюся! » (En y songeant après, il lui sembla bien qu’elle aurait dû s’en étonner, mais sur le moment cela lui avait paru tout naturel.) "(Thinking about it later, it seemed to her that she should have been surprised, but at the time it seemed natural to her.) (Думаючи про це потім, їй здавалося, що вона мала б бути здивована, але тоді це здавалося їй цілком природним.) Cependant, quand le Lapin vint à tirer une montre de son gousset, la regarda, puis se prit à courir de plus belle, Alice sauta sur ses pieds, frappée de cette idée que jamais elle n’avait vu de lapin avec un gousset et une montre. However, when the Rabbit came to draw a watch from his pocket, looked at it, then began to run harder, Alice jumped to her feet, struck by the idea that she had never seen a rabbit with a pocket and a shows. Проте, коли Кролик підійшов, щоб витягти годинник із кишені, подивився на нього, а потім почав бігти ще енергійніше, Аліса скочила на ноги, вражена думкою, що вона ніколи не бачила кролика з кишенею та шоу. Entraînée par la curiosité elle s’élança sur ses traces à travers le champ, et arriva tout juste à temps pour le voir disparaître dans un large trou au pied d’une haie. Driven by curiosity, she rushed in her tracks across the field, and arrived just in time to see him disappear into a large hole at the foot of a hedge.

Un instant après, Alice était à la poursuite du Lapin dans le terrier, sans songer comment elle en sortirait. A moment later, Alice was in pursuit of the Rabbit in the burrow, without thinking how she would come out of it. Через мить Аліса погналася за Кроликом по норі, не думаючи, як вона вибереться.

Pendant un bout de chemin le trou allait tout droit comme un tunnel, puis tout à coup il plongeait perpendiculairement d’une façon si brusque qu’Alice se sentit tomber comme dans un puits d’une grande profondeur, avant même d’avoir pensé à se retenir. For a while the hole went straight like a tunnel, then suddenly it plunged perpendicularly so abruptly that Alice felt herself falling like a deep well, even before she had thought of refrain. Якийсь час діра йшла рівно, як тунель, а потім раптом занурилася перпендикулярно так різко, що Аліса відчула, як падає в дуже глибоку яму, навіть не подумавши про рефрен.

De deux choses l’une, ou le puits était vraiment bien profond, ou elle tombait bien doucement ; car elle eut tout le loisir, dans sa chute, de regarder autour d’elle et de se demander avec étonnement ce qu’elle allait devenir. Of two things one, or the well was really deep, or it fell very gently; for she had plenty of time, in her fall, to look around her and ask herself with astonishment what she would become. Одне з двох: або колодязь справді був дуже глибоким, або він падав дуже м’яко; бо в її падінні було достатньо часу, щоб озирнутися навколо і з подивом гадати, що з нею станеться.

D’abord elle regarda dans le fond du trou pour savoir où elle allait ; mais il y faisait bien trop sombre pour y rien voir. At first she looked in the bottom of the hole to find out where she was going; but it was too dark to see anything. Ensuite elle porta les yeux sur les parois du puits, et s’aperçut qu’elles étaient garnies d’armoires et d’étagères ; çà et là, elle vit pendues à des clous des cartes géographiques et des images. Then she put her eyes on the walls of the well, and saw that they were furnished with cupboards and shelves; here and there she saw nails, maps, and pictures hanging. En passant elle prit sur un rayon un pot de confiture portant cette étiquette, « MARMELADE D’ORANGES. As she passed by, she took on a shelf a jar of jam bearing this label, "MARMELADE D'ORANGES. » Mais, à son grand regret, le pot était vide : elle n’osait le laisser tomber dans la crainte de tuer quelqu’un ; aussi s’arrangea-t-elle de manière à le déposer en passant dans une des armoires. But, to his great regret, the pot was empty: she dared not let it fall for fear of killing someone; so she managed to put it down in one of the cupboards.

« Certes, » dit Alice, « après une chute pareille je ne me moquerai pas mal de dégringoler l’escalier ! "Of course," said Alice, "after such a fall I will not make fun of tumbling down the stairs!

Comme ils vont me trouver brave chez nous ! As they will find me brave at home! Je tomberais du haut des toits que je ne ferais pas entendre une plainte. I would fall from the rooftops that I would not hear a complaint. » (Ce qui était bien probable. ) (Which was very likely.)

Tombe, tombe, tombe ! Fall, fall, fall!

« Cette chute n’en finira donc pas ! "This fall will not end! Je suis curieuse de savoir combien de milles j’ai déjà faits, » dit-elle tout haut. I am curious to know how many miles I have already made, "she said aloud. « Je dois être bien près du centre de la terre. "I must be pretty close to the center of the earth. Voyons donc, cela serait à quatre mille milles de profondeur, il me semble. Let's see, it would be four thousand miles deep, it seems to me. » (Comme vous voyez, Alice avait appris pas mal de choses dans ses leçons ; et bien que ce ne fût pas là une très-bonne occasion de faire parade de son savoir, vu qu’il n’y avait point d’auditeur, cependant c’était un bon exercice que de répéter sa leçon.) (As you can see, Alice had learned a lot of things in her lessons, and although this was not a very good opportunity to parade her knowledge, since there was no listener, however it was a good exercise to repeat his lesson.) « Oui, c’est bien à peu près cela ; mais alors à quel degré de latitude ou de longitude est-ce que je me trouve ? "Yes, that's about right; but then at what degree of latitude or longitude am I? » (Alice n’avait pas la moindre idée de ce que voulait dire latitude ou longitude, mais ces grands mots lui paraissaient beaux et sonores. ) Alice had no idea what latitude or longitude meant, but those big words sounded beautiful and sonorous to her.

Bientôt elle reprit : « Si j’allais traverser complétement la terre ? Soon she went on: "If I were to cross the earth completely?

Comme ça serait drôle de se trouver au milieu de gens qui marchent la tête en bas. How funny it would be to be in the middle of people walking upside down. Aux Antipathies, je crois. Antipathies, I believe. » (Elle n’était pas fâchée cette fois qu’il n’y eût personne là pour l’entendre, car ce mot ne lui faisait pas l’effet d’être bien juste.) (She was not angry this time that there was no one there to hear her, because that word did not make her feel good.) « Eh mais, j’aurai à leur demander le nom du pays. "But, I'll have to ask them the name of the country. — Pardon, Madame, est-ce ici la Nouvelle-Zemble ou l’Australie ? - Excuse me, ma'am, is this New Zealand or Australia? » — En même temps elle essaya de faire la révérence. At the same time she tried to bow. (Quelle idée ! Faire la révérence en l’air ! Make the bow in the air! Dites-moi un peu, comment vous y prendriez-vous ?) Tell me a little bit, how would you do it? « Quelle petite ignorante ! "What ignorant little girl! pensera la dame quand je lui ferai cette question. the lady will think when I ask her this question. Non, il ne faut pas demander cela ; peut-être le verrai-je écrit quelque part. No, do not ask that; maybe I'll see it somewhere. Tombe, tombe, tombe ! Fall, fall, fall!

— Donc Alice, faute d’avoir rien de mieux à faire, se remit à se parler : « Dinah remarquera mon absence ce soir, bien sûr. - So Alice, having nothing better to do, began to talk again: "Dinah will notice my absence tonight, of course. » (Dinah c’était son chat.) "(Dinah was her cat.) « Pourvu qu’on n’oublie pas de lui donner sa jatte de lait à l’heure du thé. «Αρκεί να μην ξεχνάμε να του δίνουμε το γάλα του την ώρα του τσαγιού. "Provided we do not forget to give him his jug of milk at teatime. Dinah, ma minette, que n’es-tu ici avec moi ? Dinah, my pussy, what are you here with me? Il n’y a pas de souris dans les airs, j’en ai bien peur ; mais tu pourrais attraper une chauve-souris, et cela ressemble beaucoup à une souris, tu sais. There is no mouse in the air, I'm afraid; but you could catch a bat, and it looks a lot like a mouse, you know. Mais les chats mangent-ils les chauves-souris ? But do cats eat bats? » Ici le sommeil commença à gagner Alice. Here sleep began to win Alice. Elle répétait, à moitié endormie : « Les chats mangent-ils les chauves-souris ? She repeated, half asleep: "Do cats eat bats? Les chats mangent-ils les chauves-souris ? » Et quelquefois : « Les chauves-souris mangent-elles les chats ? "And sometimes: "Do bats eat cats? » Car vous comprenez bien que, puisqu’elle ne pouvait répondre ni à l’une ni à l’autre de ces questions, peu importait la manière de les poser. "You understand that, since she couldn't answer either of these questions, it didn't matter how she asked them. Elle s’assoupissait et commençait à rêver qu’elle se promenait tenant Dinah par la main, lui disant très-sérieusement : « Voyons, Dinah, dis-moi la vérité, as-tu jamais mangé des chauves-souris ? She dozed off and began to dream that she was walking along holding Dinah by the hand, saying very-seriously, "Come on, Dinah, tell me the truth, have you ever eaten bats? » Quand tout à coup, pouf ! "When all of a sudden, poof! la voilà étendue sur un tas de fagots et de feuilles sèches, — et elle a fini de tomber. here she is lying on a pile of fagots and dry leaves - and she has finished falling.

Alice ne s’était pas fait le moindre mal. Alice hadn't done herself any harm.

Vite elle se remet sur ses pieds et regarde en l’air ; mais tout est noir là-haut. Quickly she gets back on her feet and looks up; but everything is black up there. Elle voit devant elle un long passage et le Lapin Blanc qui court à toutes jambes. She sees in front of her a long passage and the White Rabbit running at full speed. Il n’y a pas un instant à perdre ; Alice part comme le vent et arrive tout juste à temps pour entendre le Lapin dire, tandis qu’il tourne le coin : « Par ma moustache et mes oreilles, comme il se fait tard ! There is not a moment to lose; Alice leaves like the wind and arrives just in time to hear the Rabbit say, as he turns the corner: "By my mustache and my ears, how late it is! » Elle n’en était plus qu’à deux pas : mais le coin tourné, le Lapin avait disparu. "She was only two steps away: but when the corner was turned, the Rabbit had disappeared. Elle se trouva alors dans une salle longue et basse, éclairée par une rangée de lampes pendues au plafond. She found herself in a long, low room, lit by a row of lamps hanging from the ceiling.

Il y avait des portes tout autour de la salle : ces portes étaient toutes fermées, et, après avoir vainement tenté d’ouvrir celles du côté droit, puis celles du côté gauche, Alice se promena tristement au beau milieu de cette salle, se demandant comment elle en sortirait. There were doors all around the room: these doors were all closed, and, after vainly trying to open those on the right side, then those on the left, Alice walked sadly in the middle of this room, wondering how she would come out of it.

Tout à coup elle rencontra sur son passage une petite table à trois pieds, en verre massif, et rien dessus qu’une toute petite clef d’or. Suddenly she met a little table with three legs, solid glass, and nothing on it but a tiny golden key.

Alice pensa aussitôt que ce pouvait être celle d’une des portes ; mais hélas ! Alice thought at once that it could be one of the doors; but unfortunately ! soit que les serrures fussent trop grandes, soit que la clef fût trop petite, elle ne put toujours en ouvrir aucune. either the locks were too big, or the key was too small, she could not open any. Cependant, ayant fait un second tour, elle aperçut un rideau placé très-bas et qu’elle n’avait pas vu d’abord ; par derrière se trouvait encore une petite porte à peu près quinze pouces de haut ; elle essaya la petite clef d’or à la serrure, et, à sa grande joie, il se trouva qu’elle y allait à merveille. However, having made a second round, she perceived a curtain placed very low and which she had not seen at first; from behind was still a little door about fifteen inches high; she tried the little key of gold at the lock, and to her great delight found herself going well. Alice ouvrit la porte, et vit qu’elle conduisait dans un étroit passage à peine plus large qu’un trou à rat. Alice opened the door, and saw that she was driving in a narrow passage barely wider than a rat hole. Elle s’agenouilla, et, jetant les yeux le long du passage, découvrit le plus ravissant jardin du monde. She knelt down, and, throwing her eyes down the passage, discovered the most beautiful garden in the world. Oh !

Qu’il lui tardait de sortir de cette salle ténébreuse et d’errer au milieu de ces carrés de fleurs brillantes, de ces fraîches fontaines ! How long he was to leave this dark room and wander among these squares of brilliant flowers, these cool fountains! Mais sa tête ne pouvait même pas passer par la porte. But his head couldn't even fit through the door. « Et quand même ma tête y passerait, » pensait Alice, « à quoi cela servirait-il sans mes épaules ? "And still my head would go through it," thought Alice, "what would it do without my shoulders? Oh !

que je voudrais donc avoir la faculté de me fermer comme un télescope ! that I would therefore like to be able to shut myself up like a telescope! Ça se pourrait peut-être, si je savais comment m’y prendre. It might be, if I knew how to do it. » Il lui était déjà arrivé tant de choses extraordinaires, qu’Alice commençait à croire qu’il n’y en avait guère d’impossibles. It had already happened to her so much extraordinary that Alice was beginning to believe that there were hardly any impossible things.

Comme cela n’avançait à rien de passer son temps à attendre à la petite porte, elle retourna vers la table, espérant presque y trouver une autre clef, ou tout au moins quelque grimoire donnant les règles à suivre pour se fermer comme un télescope. As it was not going anywhere to wait at the little door, she returned to the table, almost hoping to find another key, or at least some grimoire giving the rules to follow to close like a telescope.

Cette fois elle trouva sur la table une petite bouteille (qui certes n’était pas là tout à l’heure). This time she found on the table a small bottle (which certainly was not there earlier). Au cou de cette petite bouteille était attachée une étiquette en papier, avec ces mots « BUVEZ-MOI » admirablement imprimés en grosses lettres. Attached to the neck of this little bottle was a paper label, with the words "BUVEZ-MOI" beautifully printed in large letters.

C’est bien facile à dire « Buvez-moi, » mais Alice était trop fine pour obéir à l’aveuglette. It's easy to say, "Drink me," but Alice was too thin to blindly obey.

« Examinons d’abord, » dit-elle, « et voyons s’il y a écrit dessus « Poison » ou non. "Let's first examine," she said, "and see if there is written on it" Poison "or not. » Car elle avait lu dans de jolis petits contes, que des enfants avaient été brûlés, dévorés par des bêtes féroces, et qu’il leur était arrivé d’autres choses très-désagréables, tout cela pour ne s’être pas souvenus des instructions bien simples que leur donnaient leurs parents : par exemple, que le tisonnier chauffé à blanc brûle les mains qui le tiennent trop longtemps ; que si on se fait au doigt une coupure profonde, il saigne d’ordinaire ; et elle n’avait point oublié que si l’on boit immodérément d’une bouteille marquée « Poison » cela ne manque pas de brouiller le cœur tôt ou tard. "For she had read in pretty little tales, that children had been burned, devoured by ferocious beasts, and that other very unpleasant things had happened to them, all for not remembering the very simple instructions given to them by their parents: for example, that a white-hot poker burns hands that hold it too long; that if you cut your finger deeply, it usually bleeds; and she hadn't forgotten that drinking immoderately from a bottle marked "Poison" is bound to cloud the heart sooner or later.

Cependant, comme cette bouteille n’était pas marquée « Poison, » Alice se hasarda à en goûter le contenu, et le trouvant fort bon, (au fait c’était comme un mélange de tarte aux cerises, de crême, d’ananas, de dinde truffée, de nougat, et de rôties au beurre,) elle eut bientôt tout avalé.

« Je me sens toute drôle, » dit Alice, « on dirait que je rentre en moi-même et que je me ferme comme un télescope. "I feel all funny," says Alice, "I seem to be going inside myself and closing up like a telescope.

» C’est bien ce qui arrivait en effet. "That's exactly what was happening. Elle n’avait plus que dix pouces de haut, et un éclair de joie passa sur son visage à la pensée qu’elle était maintenant de la grandeur voulue pour pénétrer par la petite porte dans ce beau jardin. She was now only ten inches high, and a flash of joy passed over her face at the thought that she was now the right size to enter this beautiful garden through the small gate. Elle attendit pourtant quelques minutes, pour voir si elle allait rapetisser encore. Περίμενε λίγα λεπτά, ωστόσο, για να δει αν επρόκειτο να συρρικνωθεί ξανά. She waited a few minutes, however, to see if she would shrink again. Cela lui faisait bien un peu peur. That made him a little scared. « Songez donc, » se disait Alice, « je pourrais bien finir par m’éteindre comme une chandelle. "Just think," Alice said to herself, "I could end up burning out like a candle. Que deviendrais-je alors ? What will become of me then? » Et elle cherchait à s’imaginer l’air que pouvait avoir la flamme d’une chandelle éteinte, car elle ne se rappelait pas avoir jamais rien vu de la sorte. And she was trying to imagine the air that could have the flame of a candle extinguished, because she did not remember having never seen anything like that.

Un moment après, voyant qu’il ne se passait plus rien, elle se décida à aller de suite au jardin ; mais hélas, pauvre Alice ! A moment later, seeing that nothing was going on, she decided to go immediately to the garden; but alas, poor Alice!

en arrivant à la porte, elle s’aperçut qu’elle avait oublié la petite clef d’or. When she reached the door, she realized she'd forgotten the little golden key. Elle revint sur ses pas pour la prendre sur la table. Sie ging zurück und nahm sie vom Tisch. She retraced her steps to take it from the table. Bah ! impossible d’atteindre à la clef qu’elle voyait bien clairement à travers le verre. impossible to reach at the key she saw clearly through the glass. Elle fit alors tout son possible pour grimper le long d’un des pieds de la table, mais il était trop glissant ; et enfin, épuisée de fatigue, la pauvre enfant s’assit et pleura. She then did her utmost to climb up one of the table legs, but it was too slippery; and finally, exhausted with fatigue, the poor child sat down and wept.

« Allons, à quoi bon pleurer ainsi, » se dit Alice vivement. "Come on, what's the use of crying like that," Alice said to herself sharply.

« Je vous conseille, Mademoiselle, de cesser tout de suite ! "I advise you, Mademoiselle, to stop immediately! » Elle avait pour habitude de se donner de très-bons conseils (bien qu’elle les suivît rarement), et quelquefois elle se grondait si fort que les larmes lui en venaient aux yeux ; une fois même elle s’était donné des tapes pour avoir triché dans une partie de croquet qu’elle jouait toute seule ; car cette étrange enfant aimait beaucoup à faire deux personnages. "She used to give herself very good advice (although she rarely followed it), and sometimes she scolded herself so hard that tears came to her eyes; once she even slapped herself for cheating in a game of croquet she played on her own; for this strange child was very fond of playing two characters. « Mais, » pensa la pauvre Alice, « il n’y a plus moyen de faire deux personnages, à présent qu’il me reste à peine de quoi en faire un. "But," thought poor Alice, "there is no way to make two characters, now that I have barely enough to make one. Elle aperçut alors une petite boîte en verre qui était sous la table, l’ouvrit et y trouva un tout petit gâteau sur lequel les mots « MANGEZ-MOI » étaient admirablement tracés avec des raisins de Corinthe. She then saw a small glass box under the table, opened it and found a small cake on which the words "EAT ME" were beautifully drawn with currants.

« Tiens, je vais le manger, » dit Alice : « si cela me fait grandir, je pourrai atteindre à la clef ; si cela me fait rapetisser, je pourrai ramper sous la porte ; d’une façon ou de l’autre, je pénétrerai dans le jardin, et alors, arrive que pourra ! "Here I am going to eat it," said Alice, "if it makes me grow, I can reach for the key; if it makes me smaller, I can crawl under the door; one way or the other, I will enter the garden, and then, what will happen! Elle mangea donc un petit morceau du gâteau, et, portant sa main sur sa tête, elle se dit tout inquiète : « Lequel est-ce ? She ate a little piece of the cake, and, putting her hand on her head, she said she was worried. "Which one is it?

Lequel est-ce ?

» Elle voulait savoir si elle grandissait ou rapetissait, et fut tout étonnée de rester la même ; franchement, c’est ce qui arrive le plus souvent lorsqu’on mange du gâteau ; mais Alice avait tellement pris l’habitude de s’attendre à des choses extraordinaires, que cela lui paraissait ennuyeux et stupide de vivre comme tout le monde. She wanted to know if she was growing or shrinking, and was astonished to stay the same; frankly, that's what happens most often when you eat cake; but Alice had become so accustomed to expecting extraordinary things that it seemed boring and stupid to live like everyone else.

Aussi elle se remit à l’œuvre, et eut bien vite fait disparaître le gâteau. Έτσι, επέστρεψε στη δουλειά και γρήγορα εξαφάνισε την τούρτα. So she went back to work, and quickly removed the cake.

CHAPITRE II.

LA MARE AUX LARMES. THE POOL OF TEARS.

« De plus très-curieux en plus très-curieux ! "From very-curious to very-curious!

» s’écria Alice (sa surprise était si grande qu’elle ne pouvait s’exprimer correctement) : « Voilà que je m’allonge comme le plus grand télescope qui fût jamais ! "Alice exclaimed (her surprise was so great she couldn't express herself properly): "Now I'm lying down like the biggest telescope ever! Adieu mes pieds ! » (Elle venait de baisser les yeux, et ses pieds lui semblaient s’éloigner à perte de vue.) (She had just lowered her eyes, and her feet seemed to drift away as far as the eye could see.) « Oh ! mes pauvres petits pieds ! Qui vous mettra vos bas et vos souliers maintenant, mes mignons ? Who's going to put your socks and shoes on now, my little cuties? Quant à moi, je ne le pourrai certainement pas ! As for me, I certainly won't be able to! Je serai bien trop loin pour m’occuper de vous : arrangez-vous du mieux que vous pourrez. I'll be far too far away to look after you, so make the best of it. — Il faut cependant que je sois bonne pour eux, » pensa Alice, « sans cela ils refuseront peut-être d’aller du côté que je voudrai. - But I have to be good to them," thought Alice, "otherwise they might refuse to go my way. Ah !

je sais ce que je ferai : je leur donnerai une belle paire de bottines à Noël. I know what I'll do: I'll give them a nice pair of boots for Christmas. Puis elle chercha dans son esprit comment elle s’y prendrait. Then she searched in her mind how she would go about it.

« Il faudra les envoyer par le messager, » pensa-t-elle ; « quelle étrange chose d’envoyer des présents à ses pieds ! "We'll have to send them by messenger," she thought; "what a strange thing to send presents at his feet! Et l’adresse donc ! C’est cela qui sera drôle. That's the fun part.

À Monsieur Lepiédroit d’Alice,Tapis du foyer,Près le garde-feu. À Monsieur Lepiédroit d'Alice,Tapis du foyer,Près le garde-feu.

(De la part de Mlle Alice. ) (From Miss Alice. )

Oh !

que d’enfantillages je dis là ! what childish things I'm saying! Au même instant, sa tête heurta contre le plafond de la salle : c’est qu’elle avait alors un peu plus de neuf pieds de haut. At the same moment, her head hit the ceiling of the room: she was just over nine feet tall at the time.

Vite elle saisit la petite clef d’or et courut à la porte du jardin.

Pauvre Alice !

C’est tout ce qu’elle put faire, après s’être étendue de tout son long sur le côté, que de regarder du coin de l’œil dans le jardin. Ήταν το μόνο που μπορούσε να κάνει, αφού ξαπλώθηκε σε όλο της το μήκος στο πλάι, για να κοιτάξει με την άκρη του ματιού της στον κήπο. It was all she could do, after stretching out on her side, to look out of the corner of her eye into the garden. Quant à traverser le passage, il n’y fallait plus songer. Was das Überqueren der Passage betraf, so war daran nicht mehr zu denken. As for crossing the passage, there was no need to think about it. Elle s’assit donc, et se remit à pleurer. So she sat down and started crying again.

« Quelle honte ! "What a shame!

» dit Alice. « Une grande fille comme vous » (« grande » était bien le mot) « pleurer de la sorte ! "A big girl like you" ("big" was the right word) "crying like that! Allons, finissez, vous dis-je ! Come on, finish, I say! » Mais elle continua de pleurer, versant des torrents de larmes, si bien qu’elle se vit à la fin entourée d’une grande mare, profonde d’environ quatre pouces et s’étendant jusqu’au milieu de la salle. "But she continued to weep, shedding torrents of tears, so that in the end she saw herself surrounded by a great pool, about four inches deep and extending to the middle of the room.

Quelque temps après, elle entendit un petit bruit de pas dans le lointain ; vite, elle s’essuya les yeux pour voir ce que c’était.

C’était le Lapin Blanc, en grande toilette, tenant d’une main une paire de gants paille, et de l’autre un large éventail. It was the White Rabbit, in full regalia, holding a pair of straw gloves in one hand, and a large fan in the other. Il accourait tout affairé, marmottant entre ses dents : « Oh ! la Duchesse, la Duchesse ! the Duchess, the Duchess! Elle sera dans une belle colère si je l’ai fait attendre ! She'll be so angry if I keep her waiting! » Alice se trouvait si malheureuse, qu’elle était disposée à demander secours au premier venu ; ainsi, quand le Lapin fut près d’elle, elle lui dit d’une voix humble et timide, « Je vous en prie, Monsieur — » Le Lapin tressaillit d’épouvante, laissa tomber les gants et l’éventail, se mit à courir à toutes jambes et disparut dans les ténèbres.

Alice ramassa les gants et l’éventail, et, comme il faisait très-chaud dans cette salle, elle s’éventa tout en se faisant la conversation : « Que tout est étrange, aujourd’hui ! Alice picked up the gloves and fan and, as it was very warm in the room, fanned herself while making small talk: "How strange everything is today!

Hier les choses se passaient comme à l’ordinaire. Yesterday was business as usual. Peut-être m’a-t-on changée cette nuit ! Maybe I was changed last night! Voyons, étais-je la même petite fille ce matin en me levant ? Let's see, was I the same little girl this morning when I got up? — Je crois bien me rappeler que je me suis trouvée un peu différente. - I seem to remember finding myself a little different. — Mais si je ne suis pas la même, qui suis-je donc, je vous prie ? - But if I am not the same, who am I, please? Voilà l’embarras. That's the problem. » Elle se mit à passer en revue dans son esprit toutes les petites filles de son âge qu’elle connaissait, pour voir si elle avait été transformée en l’une d’elles. "She began to go over in her mind all the little girls her age that she knew, to see if she had been transformed into one of them.

« Bien sûr, je ne suis pas Ada, » dit-elle.

« Elle a de longs cheveux bouclés et les miens ne frisent pas du tout. "She has long curly hair and mine doesn't curl at all. — Assurément je ne suis pas Mabel, car je sais tout plein de choses et Mabel ne sait presque rien ; et puis, du reste, Mabel, c’est Mabel ; Alice c’est Alice ! - Of course I'm not Mabel, because I know all kinds of things and Mabel knows almost nothing; and besides, Mabel is Mabel; Alice is Alice! — Oh ! mais quelle énigme que cela ! but what an enigma that is! — Voyons si je me souviendrai de tout ce que je savais : quatre fois cinq font douze, quatre fois six font treize, quatre fois sept font — je n’arriverai jamais à vingt de ce train-là. Mais peu importe la table de multiplication. But never mind the multiplication table. Essayons de la Géographie : Londres est la capitale de Paris, Paris la capitale de Rome, et Rome la capitale de — Mais non, ce n’est pas cela, j’en suis bien sûre ! Let's try Geography: London is the capital of Paris, Paris the capital of Rome, and Rome the capital of - But no, it's not that, I'm quite sure! Je dois être changée en Mabel ! I must be turned into Mabel! — Je vais tâcher de réciter Maître Corbeau. » Elle croisa les mains sur ses genoux comme quand elle disait ses leçons, et se mit à répéter la fable, d’une voix rauque et étrange, et les mots ne se présentaient plus comme autrefois : "She crossed her hands on her knees as when she was saying her lessons, and began to repeat the fable, in a hoarse, strange voice, and the words no longer presented themselves as they once had:

« Maître Corbeau sur un arbre perché, "Master Raven on a perched tree,

Faisait son nid entre des branches ; Il avait relevé ses manches, Car il était très-affairé. Made his nest between branches; He had rolled up his sleeves, For he was very busy.

Maître Renard, par là passant, Lui dit : « Descendez donc, compère ; Venez embrasser votre frère. Master Fox, passing by, said to him: "Come on down, mate; come and embrace your brother. » Le Corbeau, le reconnaissant, Lui répondit en son ramage :

« Fromage. "Cheese.

» » « Je suis bien sûre que ce n’est pas ça du tout, » s’écria la pauvre Alice, et ses yeux se remplirent de larmes. " " "I'm quite sure it's not that at all," cried poor Alice, and her eyes filled with tears. « Ah !

je le vois bien, je ne suis plus Alice, je suis Mabel, et il me faudra aller vivre dans cette vilaine petite maison, où je n’aurai presque pas de jouets pour m’amuser. I can see that, I'm no longer Alice, I'm Mabel, and I'll have to go and live in that ugly little house, where I'll have hardly any toys to play with. — Oh ! que de leçons on me fera apprendre ! I'll learn so many lessons! — Oui, certes, j’y suis bien résolue, si je suis Mabel je resterai ici. - If I'm Mabel, I'll stay here. Ils auront beau passer la tête là-haut et me crier, « Reviens auprès de nous, ma chérie ! No matter how many times they look up and shout, "Come back to us, my darling! » Je me contenterai de regarder en l’air et de dire, « Dites-moi d’abord qui je suis, et, s’il me plaît d’être cette personne-là, j’irai vous trouver ; sinon, je resterai ici jusqu’à ce que je devienne une autre petite fille. "I'll just look up and say, "First tell me who I am, and, if it pleases me to be that person, I'll go find you; if not, I'll stay here until I become another little girl. » — Et pourtant, » dit Alice en fondant en larmes, « je donnerais tout au monde pour les voir montrer la tête là-haut ! "- And yet," said Alice, bursting into tears, "I'd give anything in the world to see them show their heads up there! Je m’ennuie tant d’être ici toute seule. I miss being here by myself so much. Comme elle disait ces mots, elle fut bien surprise de voir que tout en parlant elle avait mis un des petits gants du Lapin. As she said these words, she was surprised to see that she had put on one of the Rabbit's little gloves as she spoke.

« Comment ai-je pu mettre ce gant ? "How did I get this glove on? » pensa-t-elle. « Je rapetisse donc de nouveau ? "Am I getting smaller again? » Elle se leva, alla près de la table pour se mesurer, et jugea, autant qu’elle pouvait s’en rendre compte, qu’elle avait environ deux pieds de haut, et continuait de raccourcir rapidement. "She stood up, went over to the table to measure herself, and judged, as far as she could see, that she was about two feet tall, and continuing to shorten rapidly.

Bientôt elle s’aperçut que l’éventail qu’elle avait à la main en était la cause ; vite elle le lâcha, tout juste à temps pour s’empêcher de disparaître tout à fait. Soon she realized that the fan in her hand was the cause; quickly she dropped it, just in time to prevent herself from disappearing altogether.

« Je viens de l’échapper belle, » dit Alice, tout émue de ce brusque changement, mais bien aise de voir qu’elle existait encore. "I just escaped her beautiful," said Alice, moved by this sudden change, but glad to see that she still existed.

« Maintenant, vite au jardin ! "Now hurry to the garden! » — Elle se hâta de courir vers la petite porte ; mais hélas ! "She hurried to the little door, but alas! elle s’était refermée et la petite clef d’or se trouvait sur la table de verre, comme tout à l’heure. it had closed and the little gold key was on the glass table, just as before. « Les choses vont de mal en pis, » pensa la pauvre enfant. "Things are going from bad to worse," thought the poor child. « Jamais je ne me suis vue si petite, jamais ! "I've never seen myself so small! Et c’est vraiment par trop fort ! And it's really too strong! À ces mots son pied glissa, et flac ! At these words his foot slipped, and flac!

La voilà dans l’eau salée jusqu’au menton. She's up to her chin in salt water. Elle se crut d’abord tombée dans la mer. At first, she thought she'd fallen into the sea. « Dans ce cas je retournerai chez nous en chemin de fer, » se dit-elle. "In that case I'll go home by rail," she said to herself.

(Alice avait été au bord de la mer une fois en sa vie, et se figurait que sur n’importe quel point des côtes se trouvent un grand nombre de cabines pour les baigneurs, des enfants qui font des trous dans le sable avec des pelles en bois, une longue ligne de maisons garnies, et derrière ces maisons une gare de chemin de fer. (Alice had been by the sea once in her life, and imagined that on any part of the coast there were a great many cabins for bathers, children digging holes in the sand with shovels. in wood, a long line of furnished houses, and behind these houses a railway station.

) Mais elle comprit bientôt qu’elle était dans une mare formée des larmes qu’elle avait pleurées, quand elle avait neuf pieds de haut. ) But she soon realized that she was in a pool formed from the tears she had cried, when she was nine feet tall.

« Je voudrais bien n’avoir pas tant pleuré, » dit Alice tout en nageant de côté et d’autre pour tâcher de sortir de là. "I wish I hadn't cried so much," Alice said as she swam back and forth trying to get out of there.

« Je vais en être punie sans doute, en me noyant dans mes propres larmes. “I will no doubt be punished for it, by drowning myself in my own tears. C’est cela qui sera drôle ! This is what will be funny! Du reste, tout est drôle aujourd’hui. Besides, everything is funny today. Au même instant elle entendit patauger dans la mare à quelques pas de là, et elle nagea de ce côté pour voir ce que c’était. At the same time she heard wading in the pond a few feet away, and she swam over to see what it was.

Elle pensa d’abord que ce devait être un cheval marin ou hippopotame ; puis elle se rappela combien elle était petite maintenant, et découvrit bientôt que c’était tout simplement une souris qui, comme elle, avait glissé dans la mare. She thought at first that it must be a sea horse or hippopotamus; then she remembered how small she was now, and soon discovered that it was simply a mouse which, like her, had slipped into the pond.

« Si j’adressais la parole à cette souris ? "Should I talk to this mouse?

Tout est si extraordinaire ici qu’il se pourrait bien qu’elle sût parler : dans tous les cas, il n’y a pas de mal à essayer. Everything is so extraordinary here that she might well know how to speak: in any case, there is no harm in trying. » Elle commença donc : « Ô Souris, savez-vous comment on pourrait sortir de cette mare ? So she began, "O Mouse, do you know how we could get out of this pond?" Je suis bien fatiguée de nager, Ô Souris ! I am very tired of swimming, O Mouse! » (Alice pensait que c’était là la bonne manière d’interpeller une souris. (Alice thought that was the right way to call out a mouse. Pareille chose ne lui était jamais arrivée, mais elle se souvenait d’avoir vu dans la grammaire latine de son frère : — « La souris, de la souris, à la souris, ô souris. Such a thing had never happened to her, but she remembered having seen in her brother's Latin grammar: "The mouse, from the mouse, to the mouse, oh mouse." ») La Souris la regarda d’un air inquisiteur ; Alice crut même la voir cligner un de ses petits yeux, mais elle ne dit mot. The Mouse looked at her inquisitively; Alice even thought she saw her blink one of her little eyes, but she didn't say a word.

« Peut-être ne comprend-elle pas cette langue, » dit Alice ; « c’est sans doute une souris étrangère nouvellement débarquée. "Perhaps she doesn't understand that language," said Alice; “It's probably a newly landed foreign mouse.

Je vais essayer de lui parler italien : « Dove è il mio gatto ? I'll try to speak Italian to him: "Dove è il mio gatto? » » C’étaient là les premiers mots de son livre de dialogues. » » Those were the first words of his dialogue book. La Souris fit un bond hors de l’eau, et parut trembler de tous ses membres. The Mouse jumped out of the water, and seemed to be shaking all over. « Oh ! mille pardons ! a thousand pardons! » s’écria vivement Alice, qui craignait d’avoir fait de la peine au pauvre animal. « J’oubliais que vous n’aimez pas les chats. "I forgot you don't like cats. « Aimer les chats ! "Loving cats!

» cria la Souris d’une voix perçante et colère. "shouted the Mouse in a shrill, angry voice. « Et vous, les aimeriez-vous si vous étiez à ma place ? "Would you like them if you were in my shoes? « Non, sans doute, » dit Alice d’une voix caressante, pour l’apaiser. "No, probably not," said Alice in a caressing voice, to soothe him.

« Ne vous fâchez pas. "Don't be angry. Pourtant je voudrais bien vous montrer Dinah, notre chatte. But I'd love to show you Dinah, our cat. Oh !

si vous la voyiez, je suis sûre que vous prendriez de l’affection pour les chats. if you saw it, I'm sure you'd take a liking to cats. Dinah est si douce et si gentille. » Tout en nageant nonchalamment dans la mare et parlant moitié à part soi, moitié à la Souris, Alice continua : « Elle se tient si gentiment auprès du feu à faire son rouet, à se lécher les pattes, et à se débarbouiller ; "While swimming nonchalantly in the pond and talking half to herself, half to the Mouse, Alice continued: "She stands so sweetly by the fire making her spinning wheel, licking her paws, and unwashing herself ;

son poil est si doux à caresser ; et comme elle attrape bien les souris ! her fur is so soft to stroke; and how well she catches mice!

— Oh ! pardon ! » dit encore Alice, car cette fois le poil de la Souris s’était tout hérissé, et on voyait bien qu’elle était fâchée tout de bon. « Nous n’en parlerons plus si cela vous fait de la peine. « Nous !

dites-vous, » s’écria la Souris, en tremblant de la tête à la queue. you say," cried the Mouse, shaking from head to tail. « Comme si moi je parlais jamais de pareilles choses ! "As if I'd ever talk about such things! Dans notre famille on a toujours détesté les chats, viles créatures sans foi ni loi. Our family has always hated cats, vile, lawless creatures. Que je ne vous en entende plus parler ! Don't let me hear any more about it! « Eh bien non, » dit Alice, qui avait hâte de changer la conversation. "Well, no," said Alice, eager to change the conversation.

« Est-ce que — est-ce que vous aimez les chiens ? » La Souris ne répondit pas, et Alice dit vivement : « Il y a tout près de chez nous un petit chien bien mignon que je voudrais vous montrer ! "The Mouse didn't reply, and Alice said briskly, "There's a cute little dog nearby that I'd like to show you! C’est un petit terrier aux yeux vifs, avec de longs poils bruns frisés ! He's a bright-eyed little terrier with long, curly brown hair! Il rapporte très-bien ; il se tient sur ses deux pattes de derrière, et fait le beau pour avoir à manger. He reports very well; he stands on his two hind legs and shows off to get something to eat. Enfin il fait tant de tours que j’en oublie plus de la moitié ! Finally, he does so many tricks that I forget more than half of them! Il appartient à un fermier qui ne le donnerait pas pour mille francs, tant il lui est utile ; il tue tous les rats et aussi — Oh ! He belongs to a farmer who wouldn't give him up for a thousand francs, so useful is he to him; he kills all the rats and also - Oh! » reprit Alice d’un ton chagrin, « voilà que je vous ai encore offensée ! "I've offended you again! » En effet, la Souris s’éloignait en nageant de toutes ses forces, si bien que l’eau de la mare en était tout agitée. "Indeed, the Mouse swam away with all his might, so that the water of the pond was all agitated.

Alice la rappela doucement : « Ma petite Souris ! Alice gently called her back: "My little Mouse!

Revenez, je vous en prie, nous ne parlerons plus ni de chien ni de chat, puisque vous ne les aimez pas ! Please come back and we won't talk about cats and dogs, since you don't like them! À ces mots la Souris fit volte-face, et se rapprocha tout doucement ; elle était toute pâle (de colère, pensait Alice). At these words, the Mouse turned around and slowly came closer; she was very pale (from anger, Alice thought).

La Souris dit d’une voix basse et tremblante : « Gagnons la rive, je vous conterai mon histoire, et vous verrez pourquoi je hais les chats et les chiens. Il était grand temps de s’en aller, car la mare se couvrait d’oiseaux et de toutes sortes d’animaux qui y étaient tombés. It was high time to leave, as the pond was covered with birds and all sorts of animals that had fallen in.

Il y avait un canard, un dodo, un lory, un aiglon, et d’autres bêtes extraordinaires. There was a duck, a dodo, a lory, an eaglet, and other extraordinary beasts. Alice prit les devants, et toute la troupe nagea vers la rive. Alice took the lead, and the whole group swam towards the shore.

CHAPITRE III.

LA COURSE COCASSE. THE FUNNY RACE.

Ils formaient une assemblée bien grotesque ces êtres singuliers réunis sur le bord de la mare ; les uns avaient leurs plumes tout en désordre, les autres le poil plaqué contre le corps. Some had their feathers in disarray, others had their hair pressed against their bodies.

Tous étaient trempés, de mauvaise humeur, et fort mal à l’aise. Everyone was soaked, in a bad mood, and very uncomfortable.

« Comment faire pour nous sécher ? "How do we dry ourselves?

» ce fut la première question, cela va sans dire. Au bout de quelques instants, il sembla tout naturel à Alice de causer familièrement avec ces animaux, comme si elle les connaissait depuis son berceau. After a few moments, it seemed quite natural for Alice to chat familiarly with these animals, as if she'd known them from the cradle. Elle eut même une longue discussion avec le Lory, qui, à la fin, lui fit la mine et lui dit d’un air boudeur : « Je suis plus âgé que vous, et je dois par conséquent en savoir plus long. Είχε μάλιστα μια πολύωρη διαμάχη με τον Lory, ο οποίος στο τέλος της έριξε μια ματιά και είπε σκυθρωπά: «Είμαι μεγαλύτερη από σένα, οπότε πρέπει να μάθω περισσότερα». She even had a long chat with the Lory, who finally scowled at her and said sulkily: "I'm older than you, so I must know more. » Alice ne voulut pas accepter cette conclusion avant de savoir l’âge du Lory, et comme celui-ci refusa tout net de le lui dire, cela mit un terme au débat. "Alice wouldn't accept this conclusion until she knew the Lory's age, and as he flatly refused to tell her, that put an end to the debate.

Enfin la Souris, qui paraissait avoir un certain ascendant sur les autres, leur cria : « Asseyez-vous tous, et écoutez-moi ! Finally the Mouse, who seemed to have a certain ascendancy over the others, called out to them: "Sit down, all of you, and listen to me!

Je vais bientôt vous faire sécher, je vous en réponds ! I'll dry you off soon, I promise! » Vite, tout le monde s’assit en rond autour de la Souris, sur qui Alice tenait les yeux fixés avec inquiétude, car elle se disait : « Je vais attraper un vilain rhume si je ne sèche pas bientôt. "Quickly, everyone sat in a circle around the Mouse, on whom Alice kept her eyes fixed with concern, for she was thinking, "I'm going to catch a nasty cold if I don't dry off soon. « Hum !

» fit la Souris d’un air d’importance ; « êtes-vous prêts ? Je ne sais rien de plus sec que ceci. I don't know anything drier than this. Silence dans le cercle, je vous prie. « Guillaume le Conquérant, dont le pape avait embrassé le parti, soumit bientôt les Anglais, qui manquaient de chefs, et commençaient à s’accoutumer aux usurpations et aux conquêtes des étrangers. "William the Conqueror, whose side the Pope had embraced, soon subdued the English, who lacked leaders and were becoming accustomed to the usurpations and conquests of foreigners. Edwin et Morcar, comtes de Mercie et de Northumbrie — » » Edwin and Morcar, Earls of Mercy and Northumbria - " "

« Brrr, » fit le Lory, qui grelottait. "Brrr," said the shivering Lory.

« Pardon, » demanda la Souris en fronçant le sourcil, mais fort poliment, « qu’avez-vous dit ? "Excuse me," asked the Mouse, frowning, but very politely, "what did you say?

« Moi !

rien, » répliqua vivement le Lory.

« Ah !

je croyais, » dit la Souris. I thought," said the Mouse. « Je continue. « Edwin et Morcar, comtes de Mercie et de Northumbrie, se déclarèrent en sa faveur, et Stigand, l’archevêque patriote de Cantorbery, trouva cela — » » "Edwin and Morcar, earls of Mercy and Northumbria, declared in his favor, and Stigand, the patriotic archbishop of Cantorbery, found that - ""

« Trouva quoi ? "Found what?

» dit le Canard.

« Il trouva cela, » répondit la Souris avec impatience. "He found it," replied the Mouse impatiently.

« Assurément vous savez ce que « cela » veut dire. "Surely you know what that means. « Je sais parfaitement ce que « cela » veut dire ; par exemple : quand moi j’ai trouvé cela bon ; « cela » veut dire un ver ou une grenouille, » ajouta le Canard. "I know perfectly well what 'that' means; for example: when I thought it was good; 'that' means a worm or a frog," added the Duck.

« Mais il s’agit de savoir ce que l’archevêque trouva. "But the question is, what did the archbishop find? La Souris, sans prendre garde à cette question, se hâta de continuer. The Mouse, oblivious to this question, hurried on.

« « L’archevêque trouva cela de bonne politique d’aller avec Edgar Atheling à la rencontre de Guillaume, pour lui offrir la couronne. " " The archbishop thought it good policy to go with Edgar Atheling to meet William, to offer him the crown. Guillaume, d’abord, fut bon prince ; mais l’insolence des vassaux normands — » Eh bien, comment cela va-t-il, mon enfant ? William was a good prince at first, but the insolence of the Norman vassals - "Well, how are you, my child? » ajouta-t-elle en se tournant vers Alice.

« Toujours aussi mouillée, » dit Alice tristement. "Still wet as ever," Alice said sadly.

« Je ne sèche que d’ennui. "I just dry up with boredom. « Dans ce cas, » dit le Dodo avec emphase, se dressant sur ses pattes, « je propose l’ajournement, et l’adoption immédiate de mesures énergiques. "In that case," said the Dodo emphatically, rising to his feet, "I propose adjournment, and the immediate adoption of energetic measures.

« Parlez français, » dit l’Aiglon ; « je ne comprends pas la moitié de ces grands mots, et, qui plus est, je ne crois pas que vous les compreniez vous-même. "Speak French," said L'Aiglon; "I don't understand half those big words, and, what's more, I don't think you understand them yourself.

» L’Aiglon baissa la tête pour cacher un sourire, et quelques-uns des autres oiseaux ricanèrent tout haut. Ο Αετός χαμήλωσε το κεφάλι του για να κρύψει ένα χαμόγελο, και μερικά από τα άλλα πουλιά γέλασαν δυνατά. "L'Aiglon lowered his head to hide a smile, and some of the other birds giggled aloud.

« J’allais proposer, » dit le Dodo d’un ton vexé, « une course cocasse ; c’est ce que nous pouvons faire de mieux pour nous sécher. "I was going to suggest," says the Dodo vexedly, "a funny race; it's the best we can do to dry ourselves off.

« Qu’est-ce qu’une course cocasse ?

» demanda Alice ; non qu’elle tînt beaucoup à le savoir, mais le Dodo avait fait une pause comme s’il s’attendait à être questionné par quelqu’un, et personne ne semblait disposé à prendre la parole. "Alice asked; not that she cared very much, but the Dodo had paused as if expecting to be questioned by someone, and no one seemed inclined to speak up.

« La meilleure manière de l’expliquer, » dit le Dodo, « c’est de le faire. "The best way to explain it," says the Dodo, "is to do it.

» (Et comme vous pourriez bien, un de ces jours d’hiver, avoir envie de l’essayer, je vais vous dire comment le Dodo s’y prit. ) " (Und da Sie vielleicht an einem dieser Wintertage Lust haben, es auszuprobieren, erzähle ich Ihnen, wie der Dodo es gemacht hat. ) (And as you might, one of those winter days, want to try it, I'll tell you how the Dodo did it.)

D’abord il traça un terrain de course, une espèce de cercle ( « Du reste, » disait-il, « la forme n’y fait rien » ), et les coureurs furent placés indifféremment çà et là sur le terrain. First of all, he laid out a racecourse, a sort of circle ("Besides," he said, "the shape doesn't matter"), and the runners were placed here and there on the course.

Personne ne cria, « Un, deux, trois, en avant ! Nobody shouted, "One, two, three, forward! » mais chacun partit et s’arrêta quand il voulut, de sorte qu’il n’était pas aisé de savoir quand la course finirait. But everyone left and stopped when he wanted, so it was not easy to know when the race would end. Cependant, au bout d’une demi-heure, tout le monde étant sec, le Dodo cria tout à coup : « La course est finie ! However, after half an hour, with everyone dry, the Dodo suddenly shouted: "The race is over! » et les voilà tous haletants qui entourent le Dodo et lui demandent : « Qui a gagné ? Cette question donna bien à réfléchir au Dodo ; il resta longtemps assis, un doigt appuyé sur le front (pose ordinaire de Shakespeare dans ses portraits) ; tandis que les autres attendaient en silence. This question gave the Dodo plenty to think about, and he remained seated for a long time, one finger pressed to his forehead (Shakespeare's ordinary pose in his portraits); while the others waited in silence.

Enfin le Dodo dit : « Tout le monde a gagné, et tout le monde aura un prix. Finally, the Dodo says: "Everyone has won, and everyone will get a prize. « Mais qui donnera les prix ? "But who will give out the prizes?

» demandèrent-ils tous à la fois. "they all asked at once.

« Elle, cela va sans dire, » répondit le Dodo, en montrant Alice du doigt, et toute la troupe l’entoura aussitôt en criant confusément : « Les prix ! "Her, that goes without saying," replied the Dodo, pointing to Alice, and the whole gang immediately surrounded her, shouting confusedly, "The prizes!

Les prix !

Alice ne savait que faire ; pour sortir d’embarras elle mit la main dans sa poche et en tira une boîte de dragées (heureusement l’eau salée n’y avait pas pénétré) ; puis en donna une en prix à chacun ; il y en eut juste assez pour faire le tour. Alice didn't know what to do; to get out of embarrassment she put her hand in her pocket and took out a box of sugared almonds (fortunately the salt water had not entered it); then gave one as a prize to each; there were just enough to go around.

« Mais il faut aussi qu’elle ait un prix, elle, » dit la Souris. "But it has to have a price too," says the Mouse.

« Comme de raison, » reprit le Dodo gravement. "As if on cue," said the Dodo gravely.

« Avez-vous encore quelque chose dans votre poche ? "Do you still have something in your pocket? » continua-t-il en se tournant vers Alice.

« Un dé ; pas autre chose, » dit Alice d’un ton chagrin. "A die; not anything else," said Alice in a chagrined tone.

« Faites passer, » dit le Dodo. "Pass it on," says the Dodo. Tous se groupèrent de nouveau autour d’Alice, tandis que le Dodo lui présentait solennellement le dé en disant : « Nous vous prions d’accepter ce superbe dé. They all gathered around Alice again, while the Dodo solemnly presented her with the die, saying: "Please accept this superb die." » Lorsqu’il eut fini ce petit discours, tout le monde cria « Hourra ! When he finished this little speech, everyone shouted "Hooray!" Alice trouvait tout cela bien ridicule, mais les autres avaient l’air si grave, qu’elle n’osait pas rire ; aucune réponse ne lui venant à l’esprit, elle se contenta de faire la révérence, et prit le dé de son air le plus sérieux. Alice found the whole thing quite ridiculous, but the others looked so serious that she didn't dare laugh; no answer coming to mind, she simply curtsied, and took the dice with her most serious air.

Il n’y avait plus maintenant qu’à manger les dragées ; ce qui ne se fit pas sans un peu de bruit et de désordre, car les gros oiseaux se plaignirent de n’y trouver aucun goût, et il fallut taper dans le dos des petits qui étranglaient. Now there was nothing to eat but dragees; which was not done without a little noise and disorder, for the big birds complained of not finding any taste in it, and it was necessary to pat on the backs of the little ones who were strangling.

Enfin tout rentra dans le calme. On s’assit en rond autour de la Souris, et on la pria de raconter encore quelque chose.

« Vous m’avez promis de me raconter votre histoire, » dit Alice, « et de m’expliquer pourquoi vous détestez — les chats et les chiens, » ajouta-t-elle tout bas, craignant encore de déplaire. "You promised to tell me your story," said Alice, "and to explain why you hate - cats and dogs," she added softly, still afraid of displeasing.

La Souris, se tournant vers Alice, soupira et lui dit : « Mon histoire sera longue et traînante. The Mouse, turning to Alice, sighed and said: "My story will be long and drawn out.

« Tiens ! "Here!

tout comme votre queue, » dit Alice, frappée de la ressemblance, et regardant avec étonnement la queue de la Souris tandis que celle-ci parlait. just like your tail," said Alice, struck by the resemblance, and staring in amazement at the Mouse's tail as she spoke. Les idées d’histoire et de queue longue et traînante se brouillaient dans l’esprit d’Alice à peu près de cette façon : — « Canichon dit à Οι ιδέες της ιστορίας και η μακριά, συρόμενη ουρά ανακατεύονταν στο μυαλό της Αλίκης κάπως έτσι: «Ο Doodle λέει στον The long, drawn-out story ideas and quirks were blurred in Alice's mind pretty much this way: - "Canichon says to

la Souris, Qu’il rencontra dans le logis : « Je crois le moment fort propice De te faire aller en justice. the Mouse, whom he met in the house: "I think the moment is very propitious to make you go to court.

Je ne doute pas du succès Que doit avoir notre procès. I do not doubt the success that our trial must have. Vite, allons, commençons l’affaire. Quickly, let's get down to business. Ce matin je n’ai rien à faire. This morning I have nothing to do. » La Souris dit à Canichon : « Sans juge et sans jurés, mon bon ! "The Mouse said to Canichon: 'Without judge and jury, my good fellow! » Mais Canichon plein de malice Dit : « C’est moi qui suis la justice, Et, que tu aies raison ou tort, Je vais te condamner à mort. "But Canichon full of mischief Says: "It is I who am justice, And, whether you are right or wrong, I will condemn you to death. « Vous ne m’écoutez pas, » dit la Souris à Alice d’un air sévère. "You're not listening to me," said the Mouse sternly to Alice.

« À quoi pensez-vous donc ? "What are you thinking about? « Pardon, » dit Alice humblement.

« Vous en étiez au cinquième détour. « Détour !

» dit la Souris d’un ton sec. « Croyez-vous donc que je manque de véracité ? « Des vers à citer ?

oh ! je puis vous en fournir quelques-uns ! » dit Alice, toujours prête à rendre service.

« On n’a pas besoin de vous, » dit la Souris.

« C’est m’insulter que de dire de pareilles sottises. » Puis elle se leva pour s’en aller.

« Je n’avais pas l’intention de vous offenser, » dit Alice d’une voix conciliante.

« Mais franchement vous êtes bien susceptible. La Souris grommela quelque chose entre ses dents et s’éloigna.

« Revenez, je vous en prie, finissez votre histoire, » lui cria Alice ; et tous les autres dirent en chœur : « Oui, nous vous en supplions.

» Mais la Souris secouant la tête ne s’en alla que plus vite.

« Quel dommage qu’elle ne soit pas restée !

» dit en soupirant le Lory, sitôt que la Souris eut disparu.

Un vieux crabe, profitant de l’occasion, dit à son fils : « Mon enfant, que cela vous serve de leçon, et vous apprenne à ne vous emporter jamais ! An old crab, seizing the opportunity, said to his son: "My child, let this be a lesson to you, and teach you never to get carried away!

« Taisez-vous donc, papa, » dit le jeune crabe d’un ton aigre. "Shut up, Dad," said the young crab in a sour tone.

« Vous feriez perdre patience à une huître. « Ah !

si Dinah était ici, » dit Alice tout haut sans s’adresser à personne. « C’est elle qui l’aurait bientôt ramenée. « Et qui est Dinah, s’il n’y a pas d’indiscrétion à le demander ?

» dit le Lory.

Alice répondit avec empressement, car elle était toujours prête à parler de sa favorite : « Dinah, c’est notre chatte.

Si vous saviez comme elle attrape bien les souris ! Et si vous la voyiez courir après les oiseaux ; aussitôt vus, aussitôt croqués. Και αν την έβλεπες να τρέχει πίσω από τα πουλιά. αμέσως εμφανίστηκε, αμέσως τσακίστηκε. Ces paroles produisirent un effet singulier sur l’assemblée.

Quelques oiseaux s’enfuirent aussitôt ; une vieille pie s’enveloppant avec soin murmura : « Il faut vraiment que je rentre chez moi, l’air du soir ne vaut rien pour ma gorge ! » Et un canari cria à ses petits d’une voix tremblante : « Venez, mes enfants ; il est grand temps que vous vous mettiez au lit ! Enfin, sous un prétexte ou sous un autre, chacun s’esquiva, et Alice se trouva bientôt seule.

« Je voudrais bien n’avoir pas parlé de Dinah, » se dit-elle tristement.

« Personne ne l’aime ici, et pourtant c’est la meilleure chatte du monde ! Oh !

chère Dinah, te reverrai-je jamais ? » Ici la pauvre Alice se reprit à pleurer ; elle se sentait seule, triste, et abattue.

Au bout de quelque temps elle entendit au loin un petit bruit de pas ; elle s’empressa de regarder, espérant que la Souris avait changé d’idée et revenait finir son histoire.