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Histoire d'Europe et du monde: "Nota Bene", L'incroyable vie de Charles Lightoller : l'aventurier de la malchance

L'incroyable vie de Charles Lightoller : l'aventurier de la malchance

Mes chers camarades, bien le bonjour !

Si vous pensez avoir une vie bien remplie, prenez donc le temps d'écouter les ancêtres… Les témoins

de la première moitié du XXe siècle ont souvent beaucoup à raconter, eux qui ont traversé deux

guerres mondiales et des changements politiques, culturels et techniques assez imprévisibles. Mais

certains ont plus à raconter que d'autres, et c'est, de façon évidente, le cas du marin

Charles Herbert Lightoller ! Un type qui a été tour à tour naufragé sur une île déserte,

chercheur d'or au Canada, officier du Titanic, capitaine de torpilleur, éleveur de poules,

espion à temps partiel et qui a même participé, à la fin de sa vie, à l'évacuation de Dunkerque

en 1940. Et autant vous dire qu'une vie aussi agitée mérite bien un petit épisode !

Charles Herbert Lightoller, que l'on appelait généralement par son deuxième prénom à l'époque,

est né en mars 1874 à Chorley, dans le Lancaster. Depuis plusieurs générations, sa famille s'est

enrichie dans l'industrie du coton, et possède plusieurs filatures dans la région. Lui-même

devrait donc suivre les traces de son père, mais, esprit rebelle, il préfère tenter un coup de bluff

et, à l'âge de 13 ans, il annonce à sa famille son intention de devenir marin. Contre toute attente,

ses parents acceptent : peut-être, comme il le suppose dans ses mémoires, étaient-ils

trop heureux de se débarrasser de lui ! L'apprentissage de la marine n'est jamais

chose facile, en particulier au temps de la marine à voile. Cela commence très jeune,

pour des voyages de plusieurs mois, voire parfois près d'un an. La mer est dangereuse, agitée,

et le climat n'est pas toujours clément. Il faut accepter de s'exposer aux dangers, de monter dans

les mâts sans craindre le vertige, mais aussi de risquer les maladies et la faim. La mer n'est

pas une maîtresse bien tendre, et c'est à bord du Primrose Hill, un grand et récent voilier,

que Lightoller connaît son premier voyage, en 1888 : un périple jusqu'à San Francisco via

le cap Horn, qui va durer près d'un an. Sa vie de mousse n'est pas facile : il

découvre bien vite les joies du mal de mer, qui font regretter à plus d'un débutant son

choix de carrière ! Rats et cafards sont des compagnons fréquents, et l'une des activités

favorites des jeunes consiste à améliorer leur ration ordinaire en volant de la nourriture.

Lightoller raconte dans ses mémoires qu'il a été pris sur le fait par son capitaine alors qu'il

dérobait des biscuits. Pour tenter de s'en sortir, il prétexte qu'il est somnambule mais autant vous

dire que son capitaine y croit moyen...résultat : six semaines de veille de nuit !

Le passage du cap Horn n'est pas plus tendre puisque Lightoller déclare que le navire est

presque entré en collision avec le « père de tous les icebergs ». Quant à l'escale à San Francisco,

elle n'est, comme il se doit, que débauche dans un port de perdition.

Pourtant, ce premier voyage semble bien paisible par rapport au deuxième, qu'il effectue en 1889

sur le Holt Hill, le jumeau du précédent. Cette fois-ci, le navire qui doit d'abord se rendre à

Rio est pris dans une tempête et perd un mât, ce qui entraîne d'importantes réparations. Une

épidémie de variole éclate ensuite à bord et coûte la vie de plusieurs marins, mais Lightoller y

échappe. Puis la malédiction s'abat véritablement sur le fier voilier alors qu'il traverse l'Océan

Indien pour sa nouvelle destination, Calcutta : mi-novembre, en pleine tempête, le navire

heurte des rochers et coule près de l'île Saint Paul, une île de 8 km², dénuée d'habitants.

Dans la débandade qui s'ensuit, le second meurt, et ses compagnons parviennent à trouver refuge sur

l'île, qu'ils explorent tant bien que mal. Les marins affamés et assoiffés finissent

par trouver une étendue d'eau potable et se nourrissent tant bien que mal, tout en s'abritant

dans des cabanes vraisemblablement abandonnées depuis très longtemps.

Au bout de plus d'une semaine, finalement, ils sont repérés par un navire passant à proximité,

qui les amène jusqu'en Australie. Perso j'ai fais un BTS en alternance ce qui m'a

vraiment aidé à apprendre mon métier, mais quand je vois l'apprentissage de

Lightoller...clairement ça donne pas envie ! Fort heureusement, son voyage suivant lui laisse

plus de répit, et lui permet même de passer son certificat d'officier, lors d'une longue escale

à Calcutta, en 1892. Mais deux ans plus tard, son premier voyage comme officier, à bord du Knight of

St. Michael, tourne mal : sa cargaison de charbon prend feu et l'équipage doit conduire en toute

hâte ce brasier flottant jusqu'à Bahia Blanca, en Argentine, pour éteindre l'incendie et réparer les

dégâts. Pendant les réparations, Lightoller semble avoir vécu quelques aventures dans la pampa,

notamment une excursion nocturne entre amis qui se finit par son arrestation pour meurtre : le

sifflet d'officier qu'il portait l'aurait en effet fait confondre avec un tueur recherché !

Vous commencez à le sentir le sacré poissard là non ? Bref, quand il n'est pas arrêté pour

des crimes qu'il n'a pas commis, Lightoller apprend également des passe-temps classiques

de marins, comme la pêche. À la dynamite. À partir de 1895, Lightoller quitte les voiliers

pour les navires à vapeur. Ce n'est pas sans regrets : les machines bruyantes et odorantes lui

semblent sans âme par rapport aux voiles gonflées par le vent. Mais il ne faut pas être bien malin,

à l'époque, pour voir que l'avenir est dans la vapeur, et que celle-ci apporte un confort

matériel : des voyages moins difficiles, moins fatigants, plus courts, et par conséquent de la

meilleure nourriture. C'est sur les navires de l'Elder Dempster Line qu'il connaît son

baptême de la vapeur, principalement à destination de l'Afrique de l'Ouest.

Il situe dans ces années une aventure difficile : à bord du Niagara, il aurait été soumis à un

capitaine extrêmement violent et détesté. Lors de l'escale à Grand-Bassam, en Côte-d'Ivoire,

la cargaison devait être embarquée par une mer très agitée sur laquelle les locaux

avaient l'habitude d'utiliser des embarcations particulières, qui demandent une très grande

maîtrise. Le capitaine aurait alors mis au défi Lightoller de se livrer à l'exercice,

et il aurait échappé de peu à la noyade, tandis que ses quatre compagnons périssaient.

Tout ça, on le sait parce que Lightoller l'a écrit. L'histoire paraît vraie et les détails

semblent trop précis pour être inventés mais il y a quand même quelque chose qui cloche : la

compagnie n'avait pas, à l'époque, de navire de ce nom. Mais bon, Lightoller avait tendance à

souvent se tromper sur ce genre de chose, et il n'est pas impossible que l'histoire soit exacte,

mais qu'elle ait eu lieu sur un autre navire. Quoi qu'il en soit, les aventures sur les

côtes africaines se révèlent pour lui rapidement éprouvantes. Lors d'un de ses derniers voyages,

en 1898, il contracte même la malaria et manque d'en mourir, mais est sauvé par ses

collègues qui l'emballent de force dans des couvertures jusqu'à ce que la fièvre retombe.

Et après tout ça, il décide qu'il en a assez de la mer : il a en effet de

bien plus ambitieuses aspirations. Les dernières années du XIXe siècle

voient en effet une véritable ruée vers l'or au Klondike, dans le nord-ouest du Canada.

Des dizaines de milliers de prospecteurs partent pour la région, espérant s'enrichir rapidement,

mais ceux qui atteignent leur destination sont bien moins nombreux, et ceux qui trouvent

effectivement de l'or le sont encore moins. Malgré tout, ayant appris qu'il y avait des

prix avantageux pour voyager jusqu'à Halifax, et en dépit des moqueries de ses collègues et

proches qui le voient abandonner une carrière solide pour tenter sa chance, Lightoller quitte

la marine pour partir à la chasse aux pépites. Twist que vous n'avez pas vu venir... son

aventure tourne vite court, après plusieurs semaines d'errance avec un autre marin nommé

Bill. Entre montagnes et rivières, les vivres viennent à manquer et le seul « or » trouvé

n'est que de la pyrite sans valeur. Mais notre bon Charles, il a pas dit son dernier mot !

Dépité, sans ressources, Lightoller met à profit ses compétences de cavalier et se fait

temporairement cow-boy : contre de l'argent, il conduit de vastes troupeaux de vaches dans

les prairies canadiennes. Son objectif reste cependant de retrouver son foyer, et pour cela,

il voyage clandestinement dans des trains… ...où il se fait voler tous ses biens,

à l'exception de son banjo ! Finalement, après avoir trouvé un emploi comme

vacher à bord d'un navire au départ de Montréal, il parvient à regagner l'Angleterre. Sa ruée vers

l'or l'a laissé sans le moindre sou. Fin 1898, il reprend donc son poste à l'Elder Dempster Line,

et, ayant désormais décidé de faire sa vie dans la marine, il passe l'année suivante son brevet

de capitaine, susceptible de lui permettre de devenir officier pour de plus grandes compagnies.

À 25 ans, en effet, il est décidé à donner à sa vie un tour respectable, et c'est ainsi qu'il

frappe à la porte de la White Star Line en 1900. À cette époque, la White Star est l'une des plus

importantes compagnies maritimes au monde : ses paquebots transatlantiques sont renommés pour leur

luxe et leur fiabilité, et être officier à bord de l'un d'eux est bien plus prestigieux qu'être

capitaine de tous les navires sur lesquels Lightoller a voyagés jusque-là. En 1900,

peu après avoir contacté la compagnie, il devient officier sur le Medic, un navire

récent qui dessert l'Australie en passant par le Cap. Sa carrière prend un nouveau tournant.

Mais Lightoller reste malgré tout un petit farceur et, en octobre 1900, il va se retrouver

au centre d'un événement qui fait du bruit ! L'Empire britannique est alors très tendu du fait

de la guerre des Boers qui fait rage en Afrique du sud. Lors de l'escale de son navire dans le port

de Sydney, Lightoller aperçoit le Fort Denison, désaffecté, et lui et ses camarades décident de

jouer un tour à la population locale. Ils achètent de la poudre, chacun en petite quantité pour ne

pas attirer l'attention, et se rendent de nuit au fort, dont ils font tirer un canon, après

avoir hissé le drapeau des Boers. L'effet est garanti : le lendemain, les journaux en parlent

et s'interrogent sur l'origine de l'événement. On ignore si Lightoller a été finalement

démasqué après avoir fait le malin? Il raconte en tout cas dans ses mémoires

que son sévère capitaine l'a convoqué, lui a fait comprendre qu'il avait identifié les

coupables… puis l'a félicité pour cette blague qui l'avait bien fait rire ! Bonjour l'équipe….

Dans les années qui suivent, Lightoller poursuit son ascension au sein de la White Star, devenant

notamment, pendant plusieurs années, deuxième, puis premier officier du prestigieux Oceanic,

l'un des paquebots les plus populaires du moment. Il n'y perd pas son sens de l'humour et aime bien,

quand il a plu et que la passerelle de navigation est bien humide, y glisser en

évitant les divers instruments… jusqu'au jour où il heurte le commandant, qui lui passe un

savon monumental. Mais tout cela n'entrave pas sa carrière, et en avril 1912, il est affecté

à un poste de prestige : premier officier sur le tout nouveau navire de la compagnie, le Titanic.

Oui...le titanic... Fin mars, il est ainsi à Belfast pour

les essais du navire, mais très vite, une mauvaise nouvelle tombe : un nouveau chef officier a été

nommé à bord, Henry Wilde, et Lightoller doit donc être rétrogradé deuxième officier pour laisser la

place à son camarade Murdoch, qui devient le premier. A bord, l'ambiance est bonne, et la

traversée s'annonce glorieuse. Wilde, Murdoch et Lightoller alternent leurs quarts de quatre heures

durant lesquels ils ont la charge du navire, sous la direction du capitaine Edward Smith, le plus

renommé de son temps. Mais la suite des événements est connue : des avis de glace parviennent au

Titanic, qui ne ralentit pourtant pas, ni ne change sa route, et, le 14 avril à 23 h 40, le

paquebot heurte un iceberg et commence à couler. De là à dire que c'est la faute de

Lightoller...faudrait pas exagérer mais bon...le type est

capable de porter malheur à un chat noir... En réalité lorsque l'iceberg s'est présenté,

Lightoller était de repos, mais il est réveillé par la collision et est très vite appelé par le

commandant pour préparer les canots de sauvetage. Dès qu'il est confirmé que le Titanic va couler,

en deux heures à peine, l'évacuation est ordonnée. Tandis que Murdoch se charge des canots tribord,

qu'il tente de remplir au mieux de femmes et d'enfants avant d'y faire monter des hommes

pour compléter, Lightoller est chargé de bâbord avec Wilde et le capitaine Smith,

et semble appliquer de façon très stricte la règle des femmes et des enfants « seulement » : aucun

homme, ou presque, à part les marins chargés des canots, ne quitte le Titanic par bâbord,

quitte à ce que les embarcations partent sous remplies. Certains des canots de Lightoller

ne partent qu'avec une vingtaine de passagers à leur bord, pour une capacité de plus de 60.

Malgré tout, l'officier mouille sa chemise toute la nuit pour sauver un maximum de monde,

et refuse catégoriquement de monter dans un canot lorsqu'un supérieur le lui ordonne. Lorsque le

Titanic entame son plongeon final, Lightoller se retrouve à l'eau, est aspiré vers le fond,

repoussé par une masse d'air expulsée du navire, et arrive près d'un canot pliant qu'il n'avait

pas eu le temps de préparer et qui flotte, retourné coque en l'air. Sur ce canot, le B,

Lightoller et une trentaine d'hommes trouvent refuge et survivent pendant quelques heures, tant

bien que mal, l'officier essayant d'équilibrer les passagers en les faisant se pencher à gauche et à

droite selon les vagues. Il a, très certainement, sauvé plusieurs vies par cette action. Au lever

du jour, les naufragés sont récupérés par un autre canot, puis par le Carpathia.

Arrivé à New York, Lightoller est sommé de témoigner : il est en effet l'officier le

plus gradé à avoir survécu. Mais il décide de défendre sa compagnie et ses collègues disparus,

quitte à se révéler très évasif, voire à mentir, dans ses témoignages. Cette défense

acharnée de son entreprise n'est pourtant pas récompensée : comme tous les officiers

rescapés du naufrage, Lightoller ne montera jamais au-dessus du grade de chef officier.

Avoir survécu au Titanic semble interdire définitivement

d'obtenir un commandement. Tant pis pour lui ! Malgré tout, Lightoller reste un temps officier de

la White Star, à bord de l'Oceanic, lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale. Le navire est alors

transformé en croiseur auxiliaire, et son équipage décide de rester à son bord. Mais

la mission est de courte durée. Dès la fin du mois d'août 1914, le paquebot s'échoue lamentablement

sur des rochers et est irrécupérable. Dépité de perdre ainsi son navire préféré, Lightoller ne le

quitte qu'après avoir piqué l'horloge qui ornait sa cabine, qu'il décide de conserver en souvenir.

Il est ensuite affecté au Campania, un paquebot transformé en porte-avions expérimental. Les

missions ne sont pas glorieuses, les avions Short Type 184 finissant souvent à l'eau au décollage,

mais Lightoller parvient à mener quelques missions comme observateur,

et aurait même été le premier à repérer de la sorte des navires ennemis. Fin 1915,

il devient capitaine du HMTB117, un torpilleur, et en juillet 1916, il s'illustre en combattant

un Zeppelin venu bombarder Londres. Si le Zeppelin survit aux coups de canon,

il est obligé de bombarder sans succès le navire et ne peut donc atteindre la capitale.

Et sinon vous avez fait quoi vous la semaine dernière ? Parce que Charles, lui, il s'est

battu contre un zeppelin ! Et ouais ! Nommé capitaine du torpilleur Falcon,

il participe à la « Dover Patrol » chargée d'escorter les troupes et le ravitaillement

britanniques sur la Manche. Mais en avril 1918, le Falcon heurte un autre navire et

coule durant une mission. Lightoller y perd son navire, mais aussi ses meubles, qu'il avait

entreposés à bord en vue d'un déménagement ! Le type...déménage...en torpilleur...Je

me souviens avoir trouvé mon cousin ambitieux quand il m'a annoncé qu'il

voulait déménager en RER...finalement c'était pas si impressionnant que ça…

Lightoller reçoit enfin le commandement du destroyer Garry, avec lequel il

éperonne un U-Boat allemand : l'exploit lui vaut une médaille, mais aussi une polémique,

car l'équipage de Lightoller est soupçonné d'avoir tiré à vue sur les naufragés.

Bon, on a dit qu'il était malchanceux, pas que c'était un enfant de coeur...

Après la guerre, Lightoller comprend vite que sa carrière à la White Star n'ira pas loin,

et il quitte la compagnie. Avec sa femme Sylvia, rencontrée lors d'un voyage vers l'Australie,

il ouvre une chambre d'hôtes, et se met à l'élevage de poules. Il investit également dans

un petit yacht dont il rêvait depuis longtemps, le Sundowner, et connaît ainsi une vie confortable.

Dans les années 1930, sur pression de sa femme, il publie ses mémoires, sous le titre Titanic & Other Ships, et raconte également son histoire à la BBC mais, malheureusement, ses souvenirs sont

parfois inexacts et enjolivés. Puis vient la Deuxième Guerre

mondiale ! Lightoller a alors 65 ans, mais à la fin de l'été 1939, il met à profit le Sundowner

pour espionner les côtes allemandes. Pendant que Sylvia tricote et étend son linge sur le pont, il

est en-dessous, photographiant et cartographiant. Une patrouille allemande tente bien de les

inspecter, mais la vue du vieux marin qui déboule en faisant semblant de tituber, une bouteille

à la main, les convainc qu'il est inoffensif. Peu après, la guerre éclate. Dès le 4 septembre,

son fils Brian meurt en bombardant le nord de l'Allemagne. Mais malgré le deuil, Lightoller ne

reste pas inactif : lorsque survient la débandade de juin 1940, son Sundowner est réquisitionné pour

rapatrier des troupes depuis Dunkerque au sein de la flottille de « small ships ». Lightoller

accepte… à condition de commander son navire avec son fils aîné. Le petit yacht,

échappant aux attaques aériennes ennemies, arrive dans le port français et embarque pas moins de 130

soldats avant de repartir en esquivant autant que possible les bombes. Autant dire qu'à leur arrivée

de l'autre côté de la Manche, les autorités ont été surprises de voir sortir autant de gens

des quatre coins de ce petit bateau qui n'avait jamais transporté plus d'une vingtaine de gens.

Pour l'anecdote, son aventure a été adaptée dans le film Dunkerque de Christopher Nolan,

même s'il n'est pas nommé, et ouais ! Si Lightoller est un des héros de Dunkerque,

il connait cependant une fin de guerre amère puisqu'un autre de ses fils meurt au combat en

mars 1945… Après-guerre, septuagénaire, il reprend un petit chantier naval avec lequel

il répare des bateaux de la police locale. Après une vie très agitée, de Saint-Paul

à Dunkerque en passant par le Titanic, c'est finalement dans son lit que Charles Lightoller

meurt, à 78 ans, en 1952. Quelques années plus tard, il tient le rôle principal du

film A Night to Remember, sur le naufrage du Titanic, sous les traits de Kenneth

More. Une vie aussi active ne pouvait que le faire accéder à une certaine immortalité.

Quant au Sundowner, il est encore parfaitement préservé et continue à participer fièrement aux

commémorations de Dunkerque. Dedans trônerait encore l'horloge que Lightoller a piquée,

il y a plus d'un siècle, à bord de l'Oceanic… Merci à tous d'avoir suivi cet épisode préparé

par Antoine de la chaîne Histony, je vous mets son boulot en description c'est vachement bien

et on a déjà pas mal d'épisodes ensemble sur la transatlantique sur Nota Bene. On compte sur vous

pour vous abonner, partager et commenter. A très vite pour de nouvelles vidéos ! Ciao


L'incroyable vie de Charles Lightoller : l'aventurier de la malchance Das unglaubliche Leben des Charles Lightoller: Der Abenteurer des Unglücks The incredible life of Charles Lightoller: the adventurer of misfortune La increíble vida de Charles Lightoller: el aventurero de la desgracia A incrível vida de Charles Lightoller: o aventureiro do infortúnio Невероятная жизнь Чарльза Лайтоллера: авантюрист по несчастью Charles Lightollers otroliga liv: olyckans äventyrare Неймовірне життя Чарльза Лайтоллера: шукача пригод і нещасть 查尔斯-莱托勒不可思议的一生:不幸的冒险家

Mes chers camarades, bien le bonjour ! My dear comrades, good morning!

Si vous pensez avoir une vie bien remplie, prenez  donc le temps d'écouter les ancêtres… Les témoins If you think you've got a busy life ahead of you, take the time to listen to the ancestors... The witnesses

de la première moitié du XXe siècle ont souvent  beaucoup à raconter, eux qui ont traversé deux

guerres mondiales et des changements politiques,  culturels et techniques assez imprévisibles. Mais world wars and unpredictable political, cultural and technical changes. But

certains ont plus à raconter que d'autres,  et c'est, de façon évidente, le cas du marin

Charles Herbert Lightoller ! Un type qui a  été tour à tour naufragé sur une île déserte,

chercheur d'or au Canada, officier du Titanic,  capitaine de torpilleur, éleveur de poules,

espion à temps partiel et qui a même participé,  à la fin de sa vie, à l'évacuation de Dunkerque

en 1940. Et autant vous dire qu'une vie  aussi agitée mérite bien un petit épisode !

Charles Herbert Lightoller, que l'on appelait  généralement par son deuxième prénom à l'époque,

est né en mars 1874 à Chorley, dans le Lancaster.  Depuis plusieurs générations, sa famille s'est

enrichie dans l'industrie du coton, et possède  plusieurs filatures dans la région. Lui-même

devrait donc suivre les traces de son père, mais,  esprit rebelle, il préfère tenter un coup de bluff

et, à l'âge de 13 ans, il annonce à sa famille son  intention de devenir marin. Contre toute attente,

ses parents acceptent : peut-être, comme il  le suppose dans ses mémoires, étaient-ils

trop heureux de se débarrasser de lui ! L'apprentissage de la marine n'est jamais

chose facile, en particulier au temps de la  marine à voile. Cela commence très jeune,

pour des voyages de plusieurs mois, voire parfois  près d'un an. La mer est dangereuse, agitée,

et le climat n'est pas toujours clément. Il faut  accepter de s'exposer aux dangers, de monter dans

les mâts sans craindre le vertige, mais aussi  de risquer les maladies et la faim. La mer n'est

pas une maîtresse bien tendre, et c'est à bord  du Primrose Hill, un grand et récent voilier,

que Lightoller connaît son premier voyage, en  1888 : un périple jusqu'à San Francisco via

le cap Horn, qui va durer près d'un an. Sa vie de mousse n'est pas facile : il

découvre bien vite les joies du mal de mer,  qui font regretter à plus d'un débutant son

choix de carrière ! Rats et cafards sont des  compagnons fréquents, et l'une des activités

favorites des jeunes consiste à améliorer leur  ration ordinaire en volant de la nourriture.

Lightoller raconte dans ses mémoires qu'il a été  pris sur le fait par son capitaine alors qu'il

dérobait des biscuits. Pour tenter de s'en sortir,  il prétexte qu'il est somnambule mais autant vous

dire que son capitaine y croit moyen...résultat  : six semaines de veille de nuit !

Le passage du cap Horn n'est pas plus tendre  puisque Lightoller déclare que le navire est

presque entré en collision avec le « père de tous  les icebergs ». Quant à l'escale à San Francisco,

elle n'est, comme il se doit, que  débauche dans un port de perdition.

Pourtant, ce premier voyage semble bien paisible  par rapport au deuxième, qu'il effectue en 1889

sur le Holt Hill, le jumeau du précédent. Cette  fois-ci, le navire qui doit d'abord se rendre à

Rio est pris dans une tempête et perd un mât,  ce qui entraîne d'importantes réparations. Une

épidémie de variole éclate ensuite à bord et coûte  la vie de plusieurs marins, mais Lightoller y

échappe. Puis la malédiction s'abat véritablement  sur le fier voilier alors qu'il traverse l'Océan

Indien pour sa nouvelle destination, Calcutta  : mi-novembre, en pleine tempête, le navire

heurte des rochers et coule près de l'île Saint  Paul, une île de 8 km², dénuée d'habitants.

Dans la débandade qui s'ensuit, le second meurt,  et ses compagnons parviennent à trouver refuge sur

l'île, qu'ils explorent tant bien que mal.  Les marins affamés et assoiffés finissent

par trouver une étendue d'eau potable et se  nourrissent tant bien que mal, tout en s'abritant

dans des cabanes vraisemblablement  abandonnées depuis très longtemps.

Au bout de plus d'une semaine, finalement, ils  sont repérés par un navire passant à proximité,

qui les amène jusqu'en Australie. Perso  j'ai fais un BTS en alternance ce qui m'a

vraiment aidé à apprendre mon métier,  mais quand je vois l'apprentissage de

Lightoller...clairement ça donne pas envie ! Fort heureusement, son voyage suivant lui laisse

plus de répit, et lui permet même de passer son  certificat d'officier, lors d'une longue escale

à Calcutta, en 1892. Mais deux ans plus tard, son  premier voyage comme officier, à bord du Knight of

St. Michael, tourne mal : sa cargaison de charbon  prend feu et l'équipage doit conduire en toute

hâte ce brasier flottant jusqu'à Bahia Blanca, en  Argentine, pour éteindre l'incendie et réparer les

dégâts. Pendant les réparations, Lightoller semble  avoir vécu quelques aventures dans la pampa,

notamment une excursion nocturne entre amis qui  se finit par son arrestation pour meurtre : le

sifflet d'officier qu'il portait l'aurait en  effet fait confondre avec un tueur recherché !

Vous commencez à le sentir le sacré poissard  là non ? Bref, quand il n'est pas arrêté pour

des crimes qu'il n'a pas commis, Lightoller  apprend également des passe-temps classiques

de marins, comme la pêche. À la dynamite. À partir de 1895, Lightoller quitte les voiliers

pour les navires à vapeur. Ce n'est pas sans  regrets : les machines bruyantes et odorantes lui

semblent sans âme par rapport aux voiles gonflées  par le vent. Mais il ne faut pas être bien malin,

à l'époque, pour voir que l'avenir est dans  la vapeur, et que celle-ci apporte un confort

matériel : des voyages moins difficiles, moins  fatigants, plus courts, et par conséquent de la

meilleure nourriture. C'est sur les navires  de l'Elder Dempster Line qu'il connaît son

baptême de la vapeur, principalement  à destination de l'Afrique de l'Ouest.

Il situe dans ces années une aventure difficile  : à bord du Niagara, il aurait été soumis à un

capitaine extrêmement violent et détesté. Lors  de l'escale à Grand-Bassam, en Côte-d'Ivoire,

la cargaison devait être embarquée par une  mer très agitée sur laquelle les locaux

avaient l'habitude d'utiliser des embarcations  particulières, qui demandent une très grande

maîtrise. Le capitaine aurait alors mis au  défi Lightoller de se livrer à l'exercice,

et il aurait échappé de peu à la noyade,  tandis que ses quatre compagnons périssaient.

Tout ça, on le sait parce que Lightoller l'a  écrit. L'histoire paraît vraie et les détails

semblent trop précis pour être inventés mais  il y a quand même quelque chose qui cloche : la

compagnie n'avait pas, à l'époque, de navire de  ce nom. Mais bon, Lightoller avait tendance à

souvent se tromper sur ce genre de chose, et il  n'est pas impossible que l'histoire soit exacte,

mais qu'elle ait eu lieu sur un autre navire. Quoi qu'il en soit, les aventures sur les

côtes africaines se révèlent pour lui rapidement  éprouvantes. Lors d'un de ses derniers voyages,

en 1898, il contracte même la malaria et  manque d'en mourir, mais est sauvé par ses

collègues qui l'emballent de force dans des  couvertures jusqu'à ce que la fièvre retombe.

Et après tout ça, il décide qu'il en  a assez de la mer : il a en effet de

bien plus ambitieuses aspirations. Les dernières années du XIXe siècle

voient en effet une véritable ruée vers l'or  au Klondike, dans le nord-ouest du Canada.

Des dizaines de milliers de prospecteurs partent  pour la région, espérant s'enrichir rapidement,

mais ceux qui atteignent leur destination  sont bien moins nombreux, et ceux qui trouvent

effectivement de l'or le sont encore moins.  Malgré tout, ayant appris qu'il y avait des

prix avantageux pour voyager jusqu'à Halifax,  et en dépit des moqueries de ses collègues et

proches qui le voient abandonner une carrière  solide pour tenter sa chance, Lightoller quitte

la marine pour partir à la chasse aux pépites. Twist que vous n'avez pas vu venir... son

aventure tourne vite court, après plusieurs  semaines d'errance avec un autre marin nommé

Bill. Entre montagnes et rivières, les vivres  viennent à manquer et le seul « or » trouvé

n'est que de la pyrite sans valeur. Mais notre  bon Charles, il a pas dit son dernier mot !

Dépité, sans ressources, Lightoller met à  profit ses compétences de cavalier et se fait

temporairement cow-boy : contre de l'argent,  il conduit de vastes troupeaux de vaches dans

les prairies canadiennes. Son objectif reste  cependant de retrouver son foyer, et pour cela,

il voyage clandestinement dans des trains… ...où il se fait voler tous ses biens,

à l'exception de son banjo ! Finalement, après avoir trouvé un emploi comme

vacher à bord d'un navire au départ de Montréal,  il parvient à regagner l'Angleterre. Sa ruée vers

l'or l'a laissé sans le moindre sou. Fin 1898, il  reprend donc son poste à l'Elder Dempster Line,

et, ayant désormais décidé de faire sa vie dans  la marine, il passe l'année suivante son brevet

de capitaine, susceptible de lui permettre de  devenir officier pour de plus grandes compagnies.

À 25 ans, en effet, il est décidé à donner à sa  vie un tour respectable, et c'est ainsi qu'il

frappe à la porte de la White Star Line en 1900. À cette époque, la White Star est l'une des plus

importantes compagnies maritimes au monde : ses  paquebots transatlantiques sont renommés pour leur

luxe et leur fiabilité, et être officier à bord  de l'un d'eux est bien plus prestigieux qu'être

capitaine de tous les navires sur lesquels  Lightoller a voyagés jusque-là. En 1900,

peu après avoir contacté la compagnie, il  devient officier sur le Medic, un navire

récent qui dessert l'Australie en passant par  le Cap. Sa carrière prend un nouveau tournant.

Mais Lightoller reste malgré tout un petit  farceur et, en octobre 1900, il va se retrouver

au centre d'un événement qui fait du bruit ! L'Empire britannique est alors très tendu du fait

de la guerre des Boers qui fait rage en Afrique du  sud. Lors de l'escale de son navire dans le port

de Sydney, Lightoller aperçoit le Fort Denison,  désaffecté, et lui et ses camarades décident de

jouer un tour à la population locale. Ils achètent  de la poudre, chacun en petite quantité pour ne

pas attirer l'attention, et se rendent de nuit  au fort, dont ils font tirer un canon, après

avoir hissé le drapeau des Boers. L'effet est  garanti : le lendemain, les journaux en parlent

et s'interrogent sur l'origine de l'événement. On ignore si Lightoller a été finalement

démasqué après avoir fait le malin? Il  raconte en tout cas dans ses mémoires

que son sévère capitaine l'a convoqué, lui  a fait comprendre qu'il avait identifié les

coupables… puis l'a félicité pour cette blague  qui l'avait bien fait rire ! Bonjour l'équipe….

Dans les années qui suivent, Lightoller poursuit  son ascension au sein de la White Star, devenant

notamment, pendant plusieurs années, deuxième,  puis premier officier du prestigieux Oceanic,

l'un des paquebots les plus populaires du moment.  Il n'y perd pas son sens de l'humour et aime bien,

quand il a plu et que la passerelle de  navigation est bien humide, y glisser en

évitant les divers instruments… jusqu'au jour  où il heurte le commandant, qui lui passe un

savon monumental. Mais tout cela n'entrave pas  sa carrière, et en avril 1912, il est affecté

à un poste de prestige : premier officier sur le  tout nouveau navire de la compagnie, le Titanic.

Oui...le titanic... Fin mars, il est ainsi à Belfast pour

les essais du navire, mais très vite, une mauvaise  nouvelle tombe : un nouveau chef officier a été

nommé à bord, Henry Wilde, et Lightoller doit donc  être rétrogradé deuxième officier pour laisser la

place à son camarade Murdoch, qui devient le  premier. A bord, l'ambiance est bonne, et la

traversée s'annonce glorieuse. Wilde, Murdoch et  Lightoller alternent leurs quarts de quatre heures

durant lesquels ils ont la charge du navire, sous  la direction du capitaine Edward Smith, le plus

renommé de son temps. Mais la suite des événements  est connue : des avis de glace parviennent au

Titanic, qui ne ralentit pourtant pas, ni ne  change sa route, et, le 14 avril à 23 h 40, le

paquebot heurte un iceberg et commence à couler. De là à dire que c'est la faute de

Lightoller...faudrait pas  exagérer mais bon...le type est

capable de porter malheur à un chat noir... En réalité lorsque l'iceberg s'est présenté,

Lightoller était de repos, mais il est réveillé  par la collision et est très vite appelé par le

commandant pour préparer les canots de sauvetage.  Dès qu'il est confirmé que le Titanic va couler,

en deux heures à peine, l'évacuation est ordonnée.  Tandis que Murdoch se charge des canots tribord,

qu'il tente de remplir au mieux de femmes et  d'enfants avant d'y faire monter des hommes

pour compléter, Lightoller est chargé de  bâbord avec Wilde et le capitaine Smith,

et semble appliquer de façon très stricte la règle  des femmes et des enfants « seulement » : aucun

homme, ou presque, à part les marins chargés  des canots, ne quitte le Titanic par bâbord,

quitte à ce que les embarcations partent sous  remplies. Certains des canots de Lightoller

ne partent qu'avec une vingtaine de passagers  à leur bord, pour une capacité de plus de 60.

Malgré tout, l'officier mouille sa chemise  toute la nuit pour sauver un maximum de monde,

et refuse catégoriquement de monter dans un canot  lorsqu'un supérieur le lui ordonne. Lorsque le

Titanic entame son plongeon final, Lightoller  se retrouve à l'eau, est aspiré vers le fond,

repoussé par une masse d'air expulsée du navire,  et arrive près d'un canot pliant qu'il n'avait

pas eu le temps de préparer et qui flotte,  retourné coque en l'air. Sur ce canot, le B,

Lightoller et une trentaine d'hommes trouvent  refuge et survivent pendant quelques heures, tant

bien que mal, l'officier essayant d'équilibrer les  passagers en les faisant se pencher à gauche et à

droite selon les vagues. Il a, très certainement,  sauvé plusieurs vies par cette action. Au lever

du jour, les naufragés sont récupérés par  un autre canot, puis par le Carpathia.

Arrivé à New York, Lightoller est sommé de  témoigner : il est en effet l'officier le

plus gradé à avoir survécu. Mais il décide de  défendre sa compagnie et ses collègues disparus,

quitte à se révéler très évasif, voire à  mentir, dans ses témoignages. Cette défense

acharnée de son entreprise n'est pourtant  pas récompensée : comme tous les officiers

rescapés du naufrage, Lightoller ne montera  jamais au-dessus du grade de chef officier.

Avoir survécu au Titanic  semble interdire définitivement

d'obtenir un commandement. Tant pis pour lui ! Malgré tout, Lightoller reste un temps officier de

la White Star, à bord de l'Oceanic, lorsqu'éclate  la Première Guerre mondiale. Le navire est alors the White Star, aboard the Oceanic, when the First World War broke out. The ship is then

transformé en croiseur auxiliaire, et son  équipage décide de rester à son bord. Mais

la mission est de courte durée. Dès la fin du mois  d'août 1914, le paquebot s'échoue lamentablement

sur des rochers et est irrécupérable. Dépité de  perdre ainsi son navire préféré, Lightoller ne le

quitte qu'après avoir piqué l'horloge qui ornait  sa cabine, qu'il décide de conserver en souvenir.

Il est ensuite affecté au Campania, un paquebot  transformé en porte-avions expérimental. Les

missions ne sont pas glorieuses, les avions Short  Type 184 finissant souvent à l'eau au décollage,

mais Lightoller parvient à mener  quelques missions comme observateur,

et aurait même été le premier à repérer  de la sorte des navires ennemis. Fin 1915,

il devient capitaine du HMTB117, un torpilleur,  et en juillet 1916, il s'illustre en combattant

un Zeppelin venu bombarder Londres. Si  le Zeppelin survit aux coups de canon,

il est obligé de bombarder sans succès le  navire et ne peut donc atteindre la capitale.

Et sinon vous avez fait quoi vous la semaine  dernière ? Parce que Charles, lui, il s'est

battu contre un zeppelin ! Et ouais ! Nommé capitaine du torpilleur Falcon,

il participe à la « Dover Patrol » chargée  d'escorter les troupes et le ravitaillement

britanniques sur la Manche. Mais en avril  1918, le Falcon heurte un autre navire et

coule durant une mission. Lightoller y perd  son navire, mais aussi ses meubles, qu'il avait

entreposés à bord en vue d'un déménagement ! Le type...déménage...en torpilleur...Je

me souviens avoir trouvé mon cousin  ambitieux quand il m'a annoncé qu'il

voulait déménager en RER...finalement  c'était pas si impressionnant que ça…

Lightoller reçoit enfin le commandement  du destroyer Garry, avec lequel il

éperonne un U-Boat allemand : l'exploit lui  vaut une médaille, mais aussi une polémique,

car l'équipage de Lightoller est soupçonné  d'avoir tiré à vue sur les naufragés.

Bon, on a dit qu'il était malchanceux,  pas que c'était un enfant de coeur...

Après la guerre, Lightoller comprend vite que  sa carrière à la White Star n'ira pas loin,

et il quitte la compagnie. Avec sa femme Sylvia,  rencontrée lors d'un voyage vers l'Australie,

il ouvre une chambre d'hôtes, et se met à  l'élevage de poules. Il investit également dans

un petit yacht dont il rêvait depuis longtemps, le  Sundowner, et connaît ainsi une vie confortable.

Dans les années 1930, sur pression de sa femme, il  publie ses mémoires, sous le titre Titanic & Other Ships, et raconte également son histoire à la  BBC mais, malheureusement, ses souvenirs sont

parfois inexacts et enjolivés. Puis vient la Deuxième Guerre

mondiale ! Lightoller a alors 65 ans, mais à la  fin de l'été 1939, il met à profit le Sundowner

pour espionner les côtes allemandes. Pendant que  Sylvia tricote et étend son linge sur le pont, il

est en-dessous, photographiant et cartographiant.  Une patrouille allemande tente bien de les

inspecter, mais la vue du vieux marin qui déboule  en faisant semblant de tituber, une bouteille

à la main, les convainc qu'il est inoffensif. Peu après, la guerre éclate. Dès le 4 septembre,

son fils Brian meurt en bombardant le nord de  l'Allemagne. Mais malgré le deuil, Lightoller ne

reste pas inactif : lorsque survient la débandade  de juin 1940, son Sundowner est réquisitionné pour

rapatrier des troupes depuis Dunkerque au sein  de la flottille de « small ships ». Lightoller

accepte… à condition de commander son  navire avec son fils aîné. Le petit yacht,

échappant aux attaques aériennes ennemies, arrive  dans le port français et embarque pas moins de 130

soldats avant de repartir en esquivant autant que  possible les bombes. Autant dire qu'à leur arrivée

de l'autre côté de la Manche, les autorités  ont été surprises de voir sortir autant de gens

des quatre coins de ce petit bateau qui n'avait  jamais transporté plus d'une vingtaine de gens.

Pour l'anecdote, son aventure a été adaptée  dans le film Dunkerque de Christopher Nolan,

même s'il n'est pas nommé, et ouais ! Si Lightoller est un des héros de Dunkerque,

il connait cependant une fin de guerre amère  puisqu'un autre de ses fils meurt au combat en

mars 1945… Après-guerre, septuagénaire, il  reprend un petit chantier naval avec lequel

il répare des bateaux de la police locale. Après une vie très agitée, de Saint-Paul

à Dunkerque en passant par le Titanic, c'est  finalement dans son lit que Charles Lightoller

meurt, à 78 ans, en 1952. Quelques années  plus tard, il tient le rôle principal du

film A Night to Remember, sur le naufrage  du Titanic, sous les traits de Kenneth

More. Une vie aussi active ne pouvait que  le faire accéder à une certaine immortalité.

Quant au Sundowner, il est encore parfaitement  préservé et continue à participer fièrement aux

commémorations de Dunkerque. Dedans trônerait  encore l'horloge que Lightoller a piquée,

il y a plus d'un siècle, à bord de l'Oceanic… Merci à tous d'avoir suivi cet épisode préparé

par Antoine de la chaîne Histony, je vous mets  son boulot en description c'est vachement bien

et on a déjà pas mal d'épisodes ensemble sur la  transatlantique sur Nota Bene. On compte sur vous

pour vous abonner, partager et commenter.  A très vite pour de nouvelles vidéos ! Ciao