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Little women ''Les quatre filles du docteur Marsch'', Laurie fait des bêtises et Jo rétablit la paix XXI

Laurie fait des bêtises et Jo rétablit la paix XXI

Cela dit, Meg s'enfuit soudain dans le bureau. À son grand étonnement, elle venait d'entendre le pas de Laurie dans le corridor, et M me Marsch reçut seule le coupable. Jo avait, tout en courant, et dans la crainte de n'être pas maîtresse de sa colère, modifié son plan de campagne. Au lieu de mettre les fers au feu de sa personne, elle se contenta de dire à Laurie que sa mère désirait le voir, sans le prévenir de ce qui l'attendait. Une fois averti, il n'aurait plus osé venir, et il fallait, avant tout, l'amener devant son vrai juge.

Dès que Laurie eut jeté un regard sur la figure de Mme Marsch, il pressentit tout, et se mit à tortiller son chapeau d'un air de culpabilité si évidente que, si on en eût douté, le doute n'eût plus été possible. Jo fut renvoyée, et passa son temps à se promener de long en large devant la porte, comme une sentinelle, car elle avait quelque crainte que le prisonnier ne s'échappât. Le bruit des voix dans le parloir devint tantôt fort et tantôt faible, et cela dura bien une demi-heure ; mais jamais les deux soeurs ne surent ce qui s'était passé pendant cette entrevue.

Lorsqu'elles furent rappelées, Laurie était à genoux près de Mme Marsch, dans une attitude tellement repentante que Jo, dans son coeur, lui pardonna immédiatement. Toutefois, elle ne trouva pas qu'il fût sage de le lui laisser voir. Meg reçut ses plus humbles excuses, et, ce qui valait mieux pour elle, fut confirmée par lui dans l'assurance que M. Brooke ne savait rien de tout cela.

« Et je prie Dieu qu'il ne l'apprenne jamais ! s'écria Laurie. Quant à moi, des chevaux sauvages ne m'arracheraient pas une parole sur ce triste sujet ! Vis-à-vis de cet homme que j'aime et que j'honore, l'abus insensé que j'ai fait de sa personnalité ne mérite pas de pardon. Il ne me pardonnerait pas et il aurait cent fois raison. Il m'a vu capable d'être un homme dans quelques meilleures occasions, et je perdrais à jamais son estime s'il connaissait ma sotte action. Vous Meg, vous me pardonnerez, je l'espère. Je ferai tout pour vous montrer combien je me repens, ajouta-t-il, je n'ai de ma vie été si honteux de moi-même !

– J'essaierai, Laurie ; je suis heureuse pour vous que vous jugiez que votre action n'est pas celle d'un gentleman. Pour la droiture et la franchise, j'aurais juré que vous étiez un homme. Devons-nous ne plus voir en vous qu'un écolier incapable de se rendre compte de la portée de ses actes ?

– Ce que j'ai fait, dit Laurie, est complètement abominable. J'ai mérité de perdre plus que votre amitié, votre estime ; vous refuseriez de m'adresser la parole pendant des mois que cette punition serait encore au-dessous de celle que je mérite. »

Tout en parlant, Laurie joignait les mains d'un air si désolé, il avait l'air si malheureux, si repentant, il était si près, il faut le dire, de fondre en larmes, son humiliation faisait tant de peine à voir que Meg sentait sa colère lui échapper peu à peu. À la fin, elle lui tendit la main tout en lui disant :

« En vérité, on peut tout pardonner puisque je vous pardonne. »

La figure sévère de Mme Marsch s'était radoucie, en dépit de sa volonté de garder rigueur à Laurie, lorsqu'elle l'entendit déclarer qu'il était prêt à faire toutes les pénitences que Meg, Jo et elle voudraient lui imposer, lorsque, pour conclure, s'adressant à elle, il lui dit qu'elle ne pouvait pas douter qu'il eût un sincère respect pour Meg et pour son caractère, et quand surtout il répéta qu'il lui était plus pénible de se sentir un si grave tort vis-à-vis de M. Brooke, de l'homme à qui il devait le peu de qualités qu'il avait, la paix se fit aussi de son côté.

Pendant ce temps, Jo restait à l'écart et essayait d'endurcir son coeur contre Laurie ; car enfin il demandait pardon à tous, mais à elle qu'il avait si effrontément mise en cause, il ne lui demandait rien. En vérité, c'était trop de sans- gêne.

Laurie la regarda une ou deux fois ; mais, comme elle ne faisait pas mine de lui pardonner, il se sentit repris d'un mouvement d'humeur d'autant plus vif contre elle qu'il avait compté davantage sur sa clémence. Aussi, quand il eut fini avec les autres, il se borna à lui faire un grand salut et partit sans lui adresser un mot.

Grâce à cette sotte manoeuvre Laurie s'en alla encore mécontent de lui-même, et, ce qui était souverainement injuste, plus mécontent de Jo, car enfin il avait attiré sur elle d'injurieux soupçons, et il ne lui avait pas donné satisfaction sur ce point-là.

Il faut dire que Jo avait, au milieu de toute cette affaire, fait fort bon marché de ses griefs particuliers, et que Laurie, qui la connaissait bien, avait cru le comprendre ; aussi, à peine était-il sorti, qu'elle se repentit de n'avoir pas été plus indulgente. Quand Meg et sa mère furent remontées dans la chambre de Beth, elle regretta d'avoir laissé partir Laurie sans que la réconciliation se fût faite entre lui et elle. Les mouvements de Jo étaient aussi rapides que sa pensée ; en un clin d'oeil, s'étant armée d'un livre qu'elle avait à reporter dans la grande maison, elle s'y rendit.

« M. Laurentz est-il chez lui ? demanda-t-elle à une domestique...

– Oui, miss, mais je ne crois pas qu'il soit visible maintenant.

– Serait-il malade ?

– Oh ! non, miss ; mais il vient d'avoir une scène avec M. Laurie qui est dans un de ses mauvais jours, et le vieux monsieur paraît si contrarié que je n'ose pas aller près de lui.

– Où est Laurie ?

– Il est enfermé dans sa chambre, et il a défendu que, pour quoi que ce soit au monde, on vînt l'y déranger. Je ne sais pas ce que va devenir le dîner ; il est prêt et personne n'est là pour y faire honneur.

– Je vais aller voir ce qui se passe, répondit Jo, je n'ai peur ni de l'un ni de l'autre. »

Et, montant l'escalier, elle frappa vigoureusement à la porte de Laurie.

Laurie ne répondant que par le silence, Jo commença à s'inquiéter.

« Serait-il malade ? se dit-elle. Tout cela a dû lui être si pénible et tant coûter à son orgueil qu'il pourrait bien en avoir les nerfs bouleversés. »

Une fois que cette idée fut entrée dans sa tête, ce n'était pas une porte fermée qui pouvait l'arrêter. Elle lui donna un si rude assaut qu'elle s'ouvrit brusquement. Jo était au milieu de sa chambre avant que Laurie fût revenu de sa surprise.

« J'avais, lui dit-elle, un motif de plus que les autres de vous en vouloir : on m'avait accusée d'être votre complice dans l'affaire des lettres. Avant vous j'avais eu à subir le mécontentement et les soupçons, immérités pour moi, de ma mère et de ma soeur. Ma colère avait le droit d'être plus durable, et cependant me voici prête à vous dire, moi aussi, que tout est oublié. »

Le visage de Laurie était plus sombre que la nuit.

« Au nom de Dieu, dit Jo, qu'y-a-t-il ? La façon dont s'est terminée votre explication, avec maman et Meg, ne saurait motiver la façon dont vous me recevez.

– Il y a, dit Laurie, que votre manque de confiance en moi, après m'avoir donné l'idée de la sottise qui a failli me brouiller avec les vôtres, vient de me brouiller irréparablement avec grand- père, et que vous seule êtes, après tout, la cause première de tout ce qui est arrivé.

– Je ne suis la cause de rien du tout, lui répondit Jo. On m'avait confié un secret, mon devoir était de le garder, même envers vous. J'avais promis, j'ai tenu ma parole, et Dieu sait que j'y ai eu du mérite, car j'avais bien envie de tout vous dire. Vous seul, convenez-en, avez eu tort de vouloir me faire manquer à ma promesse, à mon devoir.

– Je n'ai à convenir de rien avec vous, répondit brusquement Laurie. Mes comptes sont réglés avec Meg et avec votre mère, c'est assez de deux comptes de ce genre dans le même jour et dans la même famille, et je n'ai pas à m'occuper d'un troisième. Je suis votre aîné, mademoiselle, ne l'oubliez pas...

– Vous êtes mon aîné, c'est certain, mais de si peu pour les mois et de si peu surtout pour la raison, que... mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Soit, dit Jo, je ne venais ni vous demander ni vous faire des excuses. Tout est arrangé entre ma famille et vous, c'est en effet le principal ; mais cela dit, pourquoi me faites-vous cette figure ?

– Pourquoi ! dit Laurie en bondissant dans un subit accès de rage, pourquoi ? Je viens, toujours à cause de vous, de recevoir un tel affront de mon grand-père, que je ne puis désormais demeurer sous son toit. Et elle me demande pourquoi j'ai la figure d'un homme exaspéré ? J'ai été pris au collet, entendez-vous, et jeté par mon grand-père à la porte de sa chambre ! Est-ce le moment de rire, s'il vous plaît ?

– Grand Dieu ! s'écria Jo. Et comment donc puis-je être responsable d'un fait pareil ?

– Comment ? Mais toujours de la même façon. Si, au lieu de me faire des mystères de l'affaire de Meg, vous m'aviez tout dit, j'aurais gardé votre secret et n'aurais pas eu la stupidité, pour pénétrer vos mystères, de faire ce que j'ai fait. Dès lors, rien avec vos parents, et puis après, rien avec grand-père, car les deux choses s'enchaînent et n'en font qu'une. Grand-père a voulu savoir pourquoi Mme Marsch m'avait fait promettre de ne rien révéler du motif de nos explications. J'ai dû refuser à grand-père de lui rien dire de ce qui était le secret des autres et non le mien. Il s'est irrité, il s'est emporté, et il m'a fait l'affront irréparable que je viens de subir. »

Jo était atterrée.

« Et cependant, Laurie, disait-elle, j'ai eu raison de me taire avec vous, et la preuve, c'est que vous avez eu raison de vous taire à votre tour, même avec votre grand-père. Un moment viendra où votre refus de dire le secret de Meg à votre grand-père vous fera comprendre mon refus de le trahir pour vous au début de toute cette histoire. Mais ce n'est pas de moi ni de vous qu'il s'agit, nous nous arrangerons plus tard, c'est de ce qui vient de se passer entre vous et votre pauvre grand-père ; vous vous y serez mal pris sans doute.

– Mon pauvre grand-père ! s'écria Laurie, plaignez-le ! Ah ! si tout autre que lui...

– Mais, dit Jo, ce n'est pas de tout autre que lui, c'est de lui, de lui seul qu'il s'agit, d'un vieillard et d'un grand-père, et pour un fait que vous lui expliquerez un jour, pour un refus qu'il sera le premier à comprendre, quand un autre que vous pourra lui en confier les motifs. Son mouvement de violence n'est pas un affront. Si vous lui aviez dit : J'ai juré à Mme Marsch de me taire, il ne se fût pas irrité.

– Les femmes n'entendent rien à ces questions d'honneur, dit Laurie ; avec votre permission, je me sens meilleur juge et meilleur gardien de ma dignité. Pour rien au monde je ne continuerai à vivre en face de celui qui vient de me traiter comme un esclave, celui-là fût-il cent fois mon grand-père et fût-il plus vieux que le monde. C'est précisément parce que je ne puis lui demander réparation de l'offense qu'il m'a faite, que mon parti est pris de ne pas me retrouver en sa présence. Demain matin, je serai en route pour Washington. Grand-père apprendra ainsi que je n'ai besoin, pour me tenir droit, du tablier de personne. Je m'embarquerai, je voyagerai, je ferai le tour du monde, je gagnerai ma vie ; bref, je serai indépendant, je ne devrai rien qu'à moi- même.

– Vous serez bien heureux, dit Jo, oubliant subitement, devant les visions de Laurie, son rôle de conseil et de Mentor.

– Vous en convenez. Je serai non seulement plus heureux, mais bien heureux ! Vous voyez donc que j'ai pleinement raison. Eh bien, au lieu de contrarier mon dessein, aidez-moi à l'accomplir, Jo, et tenez ! – on eût dit qu'il recevait d'en haut une illumination subite,

–faites mieux, faites-vous mon associée. Venez avec moi surprendre votre père à Washington, venez dire à Brooke les soucis que, sans s'en douter, il nous a causés. Quand il saura que c'est lui et lui seul qui, en somme, est la cause de la crise qui nous aura forcés à partir, pourra-t-il nous blâmer ? Non. Il nous aidera, au contraire, à nous tirer d'affaire, et en cela il ne fera que son plus strict devoir. Un peu de courage, Jo ; nous laisserons une lettre pour votre mère et pour grand-père, où nous les avertirons que nous allons retrouver M. Marsch. Nous l'aiderons à se guérir, et après, à guérir les autres ; nous serons ses aides. Les bras manquent à l'armée, les bras de femmes aussi bien que les bras d'hommes pour soigner les malades. Votre père sera ravi d'avoir deux aides jeunes et fidèles sur lesquels il pourra compter à la vie et à la mort. »

Jo battait des mains. Si inconsidéré, quelque absurde que fût le plan de Laurie, il était de son goût. Elle n'y voyait qu'une chose, l'étourdie : la pensée de revoir plus tôt son père, de remplacer tout d'abord sa mère auprès de lui ; cela lui faisait tout oublier et séduisait ce qu'il y avait d'aventureux dans sa folle imagination. La perspective de partager, une fois réunie à son père, la vie de M. Marsch dans les camps, dans les ambulances, au milieu de glorieux périls, la fascinait ; ses yeux étincelaient. Elle se voyait au milieu des combats, ramassant, au plus fort du feu, les blessés, consolant les mourants. Si la fenêtre eût été ouverte, si elle n'avait eu qu'à s'envoler, elle aurait dit oui à ce fou de Laurie, et on les eût vus s'élancer subitement dans l'espace ; mais ses regards tombèrent heureusement de la fenêtre de Laurie sur celle de la vieille maison qui contenait sa mère et ses soeurs, et elle secoua la tête comme pour en faire bien vite sortir des fantômes.


Laurie fait des bêtises et Jo rétablit la paix XXI Laurie makes mischief and Jo restores peace XXI Laurie hace travesuras y Jo restablece la paz XXI Laurie si mette nei guai e Jo ristabilisce la pace XXI Laurie 搞砸了,Jo 使和平 XXI

Cela dit, Meg s'enfuit soudain dans le bureau. With that said, Meg suddenly runs off into the office. Dicho esto, Meg huyó de repente al despacho. À son grand étonnement, elle venait d'entendre le pas de Laurie dans le corridor, et M me Marsch reçut seule le coupable. To her astonishment, she had just heard Laurie's footsteps in the corridor, and Mrs. Marsch received the culprit alone. Jo avait, tout en courant, et dans la crainte de n'être pas maîtresse de sa colère, modifié son plan de campagne. Jo had, while running, and in fear of not being in control of her anger, changed her campaign plan. Au lieu de mettre les fers au feu de sa personne, elle se contenta de dire à Laurie que sa mère désirait le voir, sans le prévenir de ce qui l'attendait. Instead of putting the irons in the fire of her person, she merely told Laurie that her mother wished to see him, without warning him of what was in store. Une fois averti, il n'aurait plus osé venir, et il fallait, avant tout, l'amener devant son vrai juge. Once warned, he would not dare to come, and it was necessary, above all, to bring him before his real judge. Una vez advertido, no se habría atrevido a venir, y lo primero que había que hacer era llevarlo ante su verdadero juez.

Dès que Laurie eut jeté un regard sur la figure de Mme Marsch, il pressentit tout, et se mit à tortiller son chapeau d'un air de culpabilité si évidente que, si on en eût douté, le doute n'eût plus été possible. As soon as Laurie had glanced at Mrs. Marsch's face, he sensed everything, and began to twist his hat with an air of guilt so obvious that, had there been any doubt, doubt would no longer have been possible. Jo fut renvoyée, et passa son temps à se promener de long en large devant la porte, comme une sentinelle, car elle avait quelque crainte que le prisonnier ne s'échappât. Jo was dismissed, and spent her time wandering up and down in front of the door, like a sentry, for she had some fear that the prisoner might escape. Le bruit des voix dans le parloir devint tantôt fort et tantôt faible, et cela dura bien une demi-heure ; mais jamais les deux soeurs ne surent ce qui s'était passé pendant cette entrevue. The noise of voices in the parlor became sometimes loud and sometimes soft, and this lasted for half an hour; but the two sisters never knew what had happened during this interview.

Lorsqu'elles furent rappelées, Laurie était à genoux près de Mme Marsch, dans une attitude tellement repentante que Jo, dans son coeur, lui pardonna immédiatement. When they were called back, Laurie was on her knees beside Mrs. Marsch, in such a repentant attitude that Jo, in her heart, forgave her immediately. Toutefois, elle ne trouva pas qu'il fût sage de le lui laisser voir. However, she didn't think it wise to let him see it. Sin embargo, no le pareció prudente dejárselo ver. Meg reçut ses plus humbles excuses, et, ce qui valait mieux pour elle, fut confirmée par lui dans l'assurance que M. Brooke ne savait rien de tout cela. Meg received his humblest apology, and, what was better for her, was confirmed by him in the assurance that Mr. Brooke knew nothing of this.

« Et je prie Dieu qu'il ne l'apprenne jamais ! s'écria Laurie. Quant à moi, des chevaux sauvages ne m'arracheraient pas une parole sur ce triste sujet ! As for me, wild horses wouldn't get a word out of me on this sad subject! En cuanto a mí, ¡los caballos salvajes no conseguirían sacarme ni una palabra sobre este triste tema! Vis-à-vis de cet homme que j'aime et que j'honore, l'abus insensé que j'ai fait de sa personnalité ne mérite pas de pardon. To this man, whom I love and honor, my senseless abuse of his personality deserves no forgiveness. Para este hombre al que amo y honro, mi abuso insensato de su personalidad no merece perdón. Il ne me pardonnerait pas et il aurait cent fois raison. Il m'a vu capable d'être un homme dans quelques meilleures occasions, et je perdrais à jamais son estime s'il connaissait ma sotte action. He has seen me capable of being a man on a few better occasions, and I would lose his esteem forever if he knew of my foolish action. Vous Meg, vous me pardonnerez, je l'espère. Je ferai tout pour vous montrer combien je me repens, ajouta-t-il, je n'ai de ma vie été si honteux de moi-même ! I'll do anything to show you how much I repent," he added, "I've never in my life been so ashamed of myself! Haré lo que sea para demostrarte cuánto me arrepiento", añadió, "¡nunca he sentido tanta vergüenza de mí mismo en mi vida!

– J'essaierai, Laurie ; je suis heureuse pour vous que vous jugiez que votre action n'est pas celle d'un gentleman. - I'll try, Laurie; I'm glad for your sake that you feel your action is not that of a gentleman. Pour la droiture et la franchise, j'aurais juré que vous étiez un homme. For straightforwardness and honesty, I could have sworn you were a man. Habría jurado que eras un hombre por tu honestidad y franqueza. Devons-nous ne plus voir en vous qu'un écolier incapable de se rendre compte de la portée de ses actes ? Are we to see you as nothing more than a schoolboy incapable of realizing the implications of his actions? ¿Debemos ver en usted nada más que a un colegial incapaz de darse cuenta de las consecuencias de sus actos?

– Ce que j'ai fait, dit Laurie, est complètement abominable. - What I've done," says Laurie, "is completely abominable. J'ai mérité de perdre plus que votre amitié, votre estime ; vous refuseriez de m'adresser la parole pendant des mois que cette punition serait encore au-dessous de celle que je mérite. I have deserved to lose more than your friendship, your esteem; you would refuse to speak to me for months that this punishment would still be below what I deserve. He merecido perder más que tu amistad, tu estima; te negarías a hablarme durante meses que este castigo aún estaría por debajo de lo que merezco. »

Tout en parlant, Laurie joignait les mains d'un air si désolé, il avait l'air si malheureux, si repentant, il était si près, il faut le dire, de fondre en larmes, son humiliation faisait tant de peine à voir que Meg sentait sa colère lui échapper peu à peu. As he spoke, Laurie clasped his hands together with such an air of regret, he looked so unhappy, so repentant, he was so close, it must be said, to bursting into tears, his humiliation so painful to witness that Meg felt her anger slipping away from her little by little. À la fin, elle lui tendit la main tout en lui disant : At the end, she held out her hand to him and said:

« En vérité, on peut tout pardonner puisque je vous pardonne. "In truth, we can forgive anything since I forgive you. »

La figure sévère de Mme Marsch s'était radoucie, en dépit de sa volonté de garder rigueur à Laurie, lorsqu'elle l'entendit déclarer qu'il était prêt à faire toutes les pénitences que Meg, Jo et elle voudraient lui imposer, lorsque, pour conclure, s'adressant à elle, il lui dit qu'elle ne pouvait pas douter qu'il eût un sincère respect pour Meg et pour son caractère, et quand surtout il répéta qu'il lui était plus pénible de se sentir un si grave tort vis-à-vis de M. Brooke, de l'homme à qui il devait le peu de qualités qu'il avait, la paix se fit aussi de son côté. Mrs. Marsch's stern face had softened, in spite of her determination to keep rigorously to Laurie, when she heard him declare that he was ready to do any penance she, Meg and Jo would like to impose on him, when, in conclusion, addressing her, he told her that she could not doubt that he had a sincere respect for Meg and for her character, and when above all he repeated that it was more painful for him to feel so grievously wronged by Mr. Brooke, the man to whom he owed so little of his qualities, peace also came over her side. Brooke, the man to whom he owed the few qualities he had, peace came over him too. El rostro severo de la señora Marsch se había suavizado, a pesar de su determinación de ser estricta con Laurie, cuando le oyó declarar que estaba dispuesto a cumplir cualquier penitencia que ella, Meg y Jo quisieran imponerle; cuando, para terminar, se dirigió a ella y le dijo que no podía dudar de que sentía un sincero respeto por Meg y por su carácter; y cuando, sobre todo, repitió que era más doloroso para él sentirse tan gravemente agraviado por el señor Brooke, el hombre a quien debía tan pocas de sus buenas cualidades, entonces también hubo paz por parte de ella. Cuando repitió que era más doloroso para él sentirse tan agraviado por el señor Brooke, por el hombre a quien debía las pocas cualidades que tenía, la paz se apoderó también de él.

Pendant ce temps, Jo restait à l'écart et essayait d'endurcir son coeur contre Laurie ; car enfin il demandait pardon à tous, mais à elle qu'il avait si effrontément mise en cause, il ne lui demandait rien. Meanwhile, Jo stood aside and tried to harden his heart against Laurie; for at last he asked everyone's forgiveness, but from her, whom he had so brazenly implicated, he asked nothing. Mientras tanto, Jo se mantuvo al margen y trató de endurecer su corazón contra Laurie; porque al fin pidió perdón a todos, pero a ella, a quien había acusado tan descaradamente, no le pidió nada. En vérité, c'était trop de sans- gêne. In truth, it was too much without embarrassment. En realidad, era demasiado obvio.

Laurie la regarda une ou deux fois ; mais, comme elle ne faisait pas mine de lui pardonner, il se sentit repris d'un mouvement d'humeur d'autant plus vif contre elle qu'il avait compté davantage sur sa clémence. Laurie looked at her once or twice; but, as she did not pretend to forgive him, he felt himself taken back by a movement of mood all the more lively against her that he had counted more on her clemency. Laurie la miró una o dos veces; pero, como ella no hizo ademán de perdonarlo, sintió que su temperamento se exaltaba tanto más cuanto que había contado más con su clemencia. Aussi, quand il eut fini avec les autres, il se borna à lui faire un grand salut et partit sans lui adresser un mot. So, when he had finished with the others, he simply bowed to her and left without saying a word.

Grâce à cette sotte manoeuvre Laurie s'en alla encore mécontent de lui-même, et, ce qui était souverainement injuste, plus mécontent de Jo, car enfin il avait attiré sur elle d'injurieux soupçons, et il ne lui avait pas donné satisfaction sur ce point-là. Thanks to this foolish maneuver, Laurie went away still unhappy with himself, and, what was sovereignly unfair, even more unhappy with Jo, for he had finally drawn unjust suspicions on her, and he hadn't given her satisfaction on that score. Gracias a esta tonta maniobra, Laurie se marchó aún más descontento consigo mismo y, lo que era más injusto, aún más descontento con Jo, porque había levantado injustas sospechas sobre ella y no la había satisfecho en ese punto.

Il faut dire que Jo avait, au milieu de toute cette affaire, fait fort bon marché de ses griefs particuliers, et que Laurie, qui la connaissait bien, avait cru le comprendre ; aussi, à peine était-il sorti, qu'elle se repentit de n'avoir pas été plus indulgente. It must be said that Jo had, in the midst of the whole affair, made much of her particular grievances, and Laurie, who knew her well, had thought she understood him; so, no sooner had he gone out, than she repented of not having been more indulgent. Hay que decir que Jo, en medio de todo el asunto, había hablado mucho de sus quejas particulares, y Laurie, que la conocía bien, había creído que ella le comprendía; así que, en cuanto él se hubo marchado, ella se arrepintió de no haber sido más indulgente. Quand Meg et sa mère furent remontées dans la chambre de Beth, elle regretta d'avoir laissé partir Laurie sans que la réconciliation se fût faite entre lui et elle. When Meg and her mother went back up to Beth's room, she regretted having let Laurie go without reconciling him with her. Les mouvements de Jo étaient aussi rapides que sa pensée ; en un clin d'oeil, s'étant armée d'un livre qu'elle avait à reporter dans la grande maison, elle s'y rendit. Jo's movements were as quick as her thinking; in a flash, having armed herself with a book she had to carry into the big house, she went there. Los movimientos de Jo eran tan rápidos como sus pensamientos, y en un abrir y cerrar de ojos, armada con un libro para llevar a la casa grande, se dirigió hacia allí.

« M. Laurentz est-il chez lui ? demanda-t-elle à une domestique...

– Oui, miss, mais je ne crois pas qu'il soit visible maintenant. - Yes, miss, but I don't think it's visible now.

– Serait-il malade ?

– Oh ! non, miss ; mais il vient d'avoir une scène avec M. Laurie qui est dans un de ses mauvais jours, et le vieux monsieur paraît si contrarié que je n'ose pas aller près de lui. no, miss; but he's just had a scene with Mr Laurie, who's having one of his bad days, and the old gentleman looks so upset that I don't dare go near him. No, señorita; pero acaba de tener una escena con el señor Laurie, que está teniendo uno de sus días malos, y el viejo caballero parece tan alterado que no me atrevo a acercarme a él.

– Où est Laurie ?

– Il est enfermé dans sa chambre, et il a défendu que, pour quoi que ce soit au monde, on vînt l'y déranger. - He is locked in his room, and has forbidden anyone to disturb him for any reason. Je ne sais pas ce que va devenir le dîner ; il est prêt et personne n'est là pour y faire honneur. I don't know what's going to happen to dinner; it's ready and no one's there to grace it. No sé qué va a pasar con la cena; está lista y no hay nadie para hacer los honores.

– Je vais aller voir ce qui se passe, répondit Jo, je n'ai peur ni de l'un ni de l'autre. - I'll go and see what's going on," replied Jo, "I'm not afraid of either. »

Et, montant l'escalier, elle frappa vigoureusement à la porte de Laurie. And, climbing the stairs, she knocked vigorously on Laurie's door.

Laurie ne répondant que par le silence, Jo commença à s'inquiéter. With Laurie only responding with silence, Jo began to worry.

« Serait-il malade ? se dit-elle. Tout cela a dû lui être si pénible et tant coûter à son orgueil qu'il pourrait bien en avoir les nerfs bouleversés. All this must have been so painful and so costly to his pride that his nerves may well have been shattered. Todo esto debió de ser tan doloroso para él y tan costoso para su orgullo que es muy posible que sus nervios estuvieran destrozados. »

Une fois que cette idée fut entrée dans sa tête, ce n'était pas une porte fermée qui pouvait l'arrêter. Once this idea had entered his head, it wasn't a closed door that could stop him. Una vez que esta idea había entrado en su cabeza, no había puerta cerrada que pudiera detenerle. Elle lui donna un si rude assaut qu'elle s'ouvrit brusquement. She assaulted it so hard that it suddenly opened. Le dio un golpe tan fuerte que se abrió de repente. Jo était au milieu de sa chambre avant que Laurie fût revenu de sa surprise. Jo was in the middle of her room before Laurie had recovered from his surprise.

« J'avais, lui dit-elle, un motif de plus que les autres de vous en vouloir : on m'avait accusée d'être votre complice dans l'affaire des lettres. "I had," she told him, "one more reason than the others to be angry with you: I had been accused of being your accomplice in the letter affair. Tenía -le dijo- un motivo más que los demás para estar enfadada contigo: me habían acusado de ser tu cómplice en el asunto de las cartas. Avant vous j'avais eu à subir le mécontentement et les soupçons, immérités pour moi, de ma mère et de ma soeur. Before you, I had to endure the displeasure and suspicions, undeserved for me, of my mother and sister. Antes de ti tuve que soportar el disgusto y las sospechas, inmerecidas para mí, de mi madre y mi hermana. Ma colère avait le droit d'être plus durable, et cependant me voici prête à vous dire, moi aussi, que tout est oublié. My anger had every right to be more lasting, and yet here I am, ready to tell you, too, that all is forgotten. Mi enfado tenía todo el derecho a ser más duradero y, sin embargo, aquí estoy, dispuesta a decirte también a ti que todo está olvidado. »

Le visage de Laurie était plus sombre que la nuit. Laurie's face was darker than night.

« Au nom de Dieu, dit Jo, qu'y-a-t-il ? "In God's name," said Jo, "what's the matter? La façon dont s'est terminée votre explication, avec maman et Meg, ne saurait motiver la façon dont vous me recevez. The way your explanation with Mom and Meg ended is no excuse for the way you receive me.

– Il y a, dit Laurie, que votre manque de confiance en moi, après m'avoir donné l'idée de la sottise qui a failli me brouiller avec les vôtres, vient de me brouiller irréparablement avec grand- père, et que vous seule êtes, après tout, la cause première de tout ce qui est arrivé. - It's just that," says Laurie, "your lack of confidence in me, after having given me the idea of the foolishness that almost put me at odds with yours, has just put me irreparably at odds with grandfather, and that you alone are, after all, the primary cause of everything that has happened. - Es que -dijo Laurie- tu falta de confianza en mí, después de haberme dado la idea de la tontería que casi me enemista con tu gente, acaba de enemistarme irremediablemente con el abuelo, y que sólo tú eres, al fin y al cabo, la causa primera de todo lo ocurrido.

– Je ne suis la cause de rien du tout, lui répondit Jo. - I'm not the cause of anything," Jo replied. On m'avait confié un secret, mon devoir était de le garder, même envers vous. I'd been entrusted with a secret, and it was my duty to keep it, even to you. Me habían confiado un secreto y era mi deber guardarlo, incluso para ti. J'avais promis, j'ai tenu ma parole, et Dieu sait que j'y ai eu du mérite, car j'avais bien envie de tout vous dire. I promised, I kept my word, and God knows I deserve credit for it, because I really wanted to tell you everything. Vous seul, convenez-en, avez eu tort de vouloir me faire manquer à ma promesse, à mon devoir. You alone, you must admit, were wrong to try and make me break my promise, my duty.

– Je n'ai à convenir de rien avec vous, répondit brusquement Laurie. - I don't have to agree to anything with you," Laurie replied abruptly. - No tengo por qué acordar nada contigo -replicó Laurie bruscamente-. Mes comptes sont réglés avec Meg et avec votre mère, c'est assez de deux comptes de ce genre dans le même jour et dans la même famille, et je n'ai pas à m'occuper d'un troisième. My accounts are settled with Meg and with your mother, it's enough to have two such accounts in the same day and in the same family, and I don't have to worry about a third. Mis cuentas están saldadas con Meg y con tu madre, basta con tener dos cuentas así el mismo día y en la misma familia, y no tengo que preocuparme por una tercera. Je suis votre aîné, mademoiselle, ne l'oubliez pas... I'm your eldest, mademoiselle, don't forget...

– Vous êtes mon aîné, c'est certain, mais de si peu pour les mois et de si peu surtout pour la raison, que... mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. - You're my eldest, that's for sure, but by so little in the way of months, and so little in the way of reason, that... but that's not what it's about. - Eres mi mayor, eso seguro, pero por tan poco en cuanto a meses y tan poco en cuanto a razón, que... pero no se trata de eso. Soit, dit Jo, je ne venais ni vous demander ni vous faire des excuses. So be it," says Jo, "I didn't come to ask or apologize. Tout est arrangé entre ma famille et vous, c'est en effet le principal ; mais cela dit, pourquoi me faites-vous cette figure ? Everything's settled between you and my family, that's the main thing, but having said that, why are you making such a face at me?

– Pourquoi ! dit Laurie en bondissant dans un subit accès de rage, pourquoi ? Laurie said, jumping up in a sudden fit of rage. dijo Laurie, levantándose de un salto en un repentino ataque de ira. Je viens, toujours à cause de vous, de recevoir un tel affront de mon grand-père, que je ne puis désormais demeurer sous son toit. Again because of you, I've just received such an affront from my grandfather that I can no longer live under his roof. Por tu culpa, acabo de recibir tal afrenta de mi abuelo que ya no puedo vivir bajo su techo. Et elle me demande pourquoi j'ai la figure d'un homme exaspéré ? And she asks me why I have the face of an exasperated man? ¿Y me pregunta por qué tengo cara de hombre exasperado? J'ai été pris au collet, entendez-vous, et jeté par mon grand-père à la porte de sa chambre ! I was snared, you hear, and thrown out of my grandfather's room! ¡Me cogieron por el cuello y me echaron de la habitación de mi abuelo! Est-ce le moment de rire, s'il vous plaît ? Is it time to laugh, please?

– Grand Dieu ! - Good heavens! s'écria Jo. Jo exclaimed. Et comment donc puis-je être responsable d'un fait pareil ? And how can I be responsible for something like that?

– Comment ? - How? Mais toujours de la même façon. But always in the same way. Si, au lieu de me faire des mystères de l'affaire de Meg, vous m'aviez tout dit, j'aurais gardé votre secret et n'aurais pas eu la stupidité, pour pénétrer vos mystères, de faire ce que j'ai fait. If, instead of making a mystery of Meg's affair, you'd told me everything, I'd have kept your secret and wouldn't have had the stupidity, in order to penetrate your mysteries, to do what I did. Dès lors, rien avec vos parents, et puis après, rien avec grand-père, car les deux choses s'enchaînent et n'en font qu'une. From then on, nothing with your parents, and then nothing with Grandpa, because the two things are one and the same. Grand-père a voulu savoir pourquoi Mme Marsch m'avait fait promettre de ne rien révéler du motif de nos explications. Grandpa wanted to know why Mrs. Marsch had made me promise not to reveal anything about the reason for our explanations. El abuelo quería saber por qué la señora Marsch me había hecho prometer que no revelaría nada sobre el motivo de nuestras explicaciones. J'ai dû refuser à grand-père de lui rien dire de ce qui était le secret des autres et non le mien. I had to refuse to tell Grandpa anything about what was other people's secret, not mine. Il s'est irrité, il s'est emporté, et il m'a fait l'affront irréparable que je viens de subir. He got angry, he got carried away, and he gave me the irreparable affront I've just suffered. Se irritó, se enfadó y me dedicó el insulto irreparable que acabo de sufrir. »

Jo était atterrée. Jo was appalled.

« Et cependant, Laurie, disait-elle, j'ai eu raison de me taire avec vous, et la preuve, c'est que vous avez eu raison de vous taire à votre tour, même avec votre grand-père. "And yet, Laurie," she said, "I was right to keep quiet with you, and the proof is that you were right to keep quiet in your turn, even with your grandfather. Y sin embargo, Laurie -dijo-, hice bien en guardar silencio contigo, y la prueba es que tú hiciste bien en guardar silencio a tu vez, incluso con tu abuelo. Un moment viendra où votre refus de dire le secret de Meg à votre grand-père vous fera comprendre mon refus de le trahir pour vous au début de toute cette histoire. There will come a time when your refusal to tell your grandfather Meg's secret will make you understand my refusal to betray him for you at the beginning of this whole story. Mais ce n'est pas de moi ni de vous qu'il s'agit, nous nous arrangerons plus tard, c'est de ce qui vient de se passer entre vous et votre pauvre grand-père ; vous vous y serez mal pris sans doute. But it's not about me or you - we'll sort that out later - it's about what's just happened between you and your poor grandfather. Pero no se trata de mí o de ti, eso lo arreglaremos después, se trata de lo que acaba de pasar entre tú y tu pobre abuelo.

– Mon pauvre grand-père ! - My poor grandfather! s'écria Laurie, plaignez-le ! cried Laurie, pity him! gritó Laurie, ¡apiádate de él! Ah ! si tout autre que lui... if anyone but him... si alguien que no sea él...

– Mais, dit Jo, ce n'est pas de tout autre que lui, c'est de lui, de lui seul qu'il s'agit, d'un vieillard et d'un grand-père, et pour un fait que vous lui expliquerez un jour, pour un refus qu'il sera le premier à comprendre, quand un autre que vous pourra lui en confier les motifs. - But, says Jo, it's not about anyone else but him, it's about him, him alone, an old man and a grandfather, and for a fact you'll explain to him one day, for a refusal he'll be the first to understand, when someone other than you can confide in him the reasons. - Pero", dice Jo, "no se trata de nadie más, se trata de él, sólo de él, un anciano y un abuelo, y por algo que algún día le explicarás, por un rechazo que él será el primero en entender, cuando alguien más pueda decirle por qué. Son mouvement de violence n'est pas un affront. His violence is not an affront. Si vous lui aviez dit : J'ai juré à Mme Marsch de me taire, il ne se fût pas irrité. If you'd told him: "I've sworn to Mrs Marsch to keep quiet," he wouldn't have been so angry.

– Les femmes n'entendent rien à ces questions d'honneur, dit Laurie ; avec votre permission, je me sens meilleur juge et meilleur gardien de ma dignité. - Women don't understand these matters of honor," says Laurie. "With your permission, I feel like a better judge and guardian of my dignity. Pour rien au monde je ne continuerai à vivre en face de celui qui vient de me traiter comme un esclave, celui-là fût-il cent fois mon grand-père et fût-il plus vieux que le monde. For nothing in the world will I continue to live opposite the man who has just treated me like a slave, even if he is a hundred times my grandfather and older than the world. Por nada del mundo seguiré viviendo frente al hombre que acaba de tratarme como a una esclava, aunque sea cien veces mi abuelo y más viejo que el mundo. C'est précisément parce que je ne puis lui demander réparation de l'offense qu'il m'a faite, que mon parti est pris de ne pas me retrouver en sa présence. It's precisely because I can't ask him to make reparation for the offence he's caused me, that I've decided not to find myself in his presence. Precisamente porque no puedo pedirle que repare la ofensa que me ha causado, he decidido no estar en su presencia. Demain matin, je serai en route pour Washington. Tomorrow morning, I'll be on my way to Washington. Grand-père apprendra ainsi que je n'ai besoin, pour me tenir droit, du tablier de personne. Grandpa will learn that I don't need anyone's apron to stand up straight. El abuelo aprenderá que no necesito el delantal de nadie para mantenerme erguida. Je m'embarquerai, je voyagerai, je ferai le tour du monde, je gagnerai ma vie ; bref, je serai indépendant, je ne devrai rien qu'à moi- même. I'll embark, I'll travel, I'll tour the world, I'll earn my living; in short, I'll be independent, I'll owe nothing to anyone but myself.

– Vous serez bien heureux, dit Jo, oubliant subitement, devant les visions de Laurie, son rôle de conseil et de Mentor. - You'll be very happy," says Jo, suddenly forgetting, in front of Laurie's visions, his role as advisor and Mentor.

– Vous en convenez. - You agree. - Seguro que estás de acuerdo. Je serai non seulement plus heureux, mais bien heureux ! I won't just be happier, I'll be much happier! No sólo seré más feliz, ¡sino que seré realmente feliz! Vous voyez donc que j'ai pleinement raison. As you can see, I'm absolutely right. Como puedes ver, tengo toda la razón. Eh bien, au lieu de contrarier mon dessein, aidez-moi à l'accomplir, Jo, et tenez ! Well, instead of thwarting my purpose, help me achieve it, Jo, and hold! Bueno, en vez de frustrar mi plan, ayúdame a conseguirlo, Jo, ¡y aguanta! – on eût dit qu'il recevait d'en haut une illumination subite, - he seemed to receive a sudden illumination from on high, - fue como si hubiera recibido una súbita iluminación de lo alto,

–faites mieux, faites-vous mon associée. -Do better, make yourself my partner. Venez avec moi surprendre votre père à Washington, venez dire à Brooke les soucis que, sans s'en douter, il nous a causés. Come with me to surprise your father in Washington, come to tell Brooke about the trouble he has unknowingly caused us. Quand il saura que c'est lui et lui seul qui, en somme, est la cause de la crise qui nous aura forcés à partir, pourra-t-il nous blâmer ? When he realizes that he, and he alone, is the cause of the crisis that forced us to leave, will he be able to blame us? Non. Il nous aidera, au contraire, à nous tirer d'affaire, et en cela il ne fera que son plus strict devoir. On the contrary, he'll help us get out of our predicament, and in doing so he'll be doing his utmost. Un peu de courage, Jo ; nous laisserons une lettre pour votre mère et pour grand-père, où nous les avertirons que nous allons retrouver M. Marsch. Cheer up, Jo; we'll leave a letter for your mother and grandfather, letting them know we're going to find Mr. Marsch. Nous l'aiderons à se guérir, et après, à guérir les autres ; nous serons ses aides. We'll help him heal himself, and then heal others; we'll be his helpers. Les bras manquent à l'armée, les bras de femmes aussi bien que les bras d'hommes pour soigner les malades. The army is short of men and women to care for the sick. Votre père sera ravi d'avoir deux aides jeunes et fidèles sur lesquels il pourra compter à la vie et à la mort. Your father will be delighted to have two young, loyal helpers on whom he can rely for life and death. »

Jo battait des mains. Jo clapped her hands. Jo dio una palmada. Si inconsidéré, quelque absurde que fût le plan de Laurie, il était de son goût. However inconsiderate, however absurd Laurie's plan, it was to his liking. Por muy poco meditado y absurdo que fuera el plan de Laurie, era de su agrado. Elle n'y voyait qu'une chose, l'étourdie : la pensée de revoir plus tôt son père, de remplacer tout d'abord sa mère auprès de lui ; cela lui faisait tout oublier et séduisait ce qu'il y avait d'aventureux dans sa folle imagination. The thought of seeing her father again sooner, of replacing her mother with him first, made her forget everything and seduced the adventurous in her wild imagination. La idea de volver a ver antes a su padre, de sustituir a su madre por él, le hizo olvidarse de todo y sedujo el lado aventurero de su imaginación desbocada. La perspective de partager, une fois réunie à son père, la vie de M. Marsch dans les camps, dans les ambulances, au milieu de glorieux périls, la fascinait ; ses yeux étincelaient. The prospect of sharing, once reunited with her father, Mr. Marsch's life in the camps, in the ambulances, in the midst of glorious perils, fascinated her; her eyes sparkled. Elle se voyait au milieu des combats, ramassant, au plus fort du feu, les blessés, consolant les mourants. She saw herself in the middle of the fighting, picking up the wounded at the height of the fire, consoling the dying. Si la fenêtre eût été ouverte, si elle n'avait eu qu'à s'envoler, elle aurait dit oui à ce fou de Laurie, et on les eût vus s'élancer subitement dans l'espace ; mais ses regards tombèrent heureusement de la fenêtre de Laurie sur celle de la vieille maison qui contenait sa mère et ses soeurs, et elle secoua la tête comme pour en faire bien vite sortir des fantômes. If the window had been open, if all she had to do was fly away, she would have said yes to that crazy Laurie, and we would have seen them suddenly dart off into space; but her gaze fell happily from Laurie's window to that of the old house that contained her mother and sisters, and she shook her head as if to quickly conjure up ghosts. Si la ventana hubiera estado abierta, si sólo hubiera tenido que salir volando, habría dicho que sí a aquel loco de Laurie, y se habrían visto de pronto lanzándose a través del espacio; pero sus ojos se posaron alegremente desde la ventana de Laurie a la de la vieja casa que contenía a su madre y a sus hermanas, y sacudió la cabeza como si quisiera hacer salir fantasmas muy deprisa.