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Les mots de l'actualité (2009), LAMPISTE   2009-11-19

LAMPISTE 2009-11-19

Un procès s'ouvre en ce moment, celui qu'on appelle le procès des faux dinars de Bahreïn et qui est qualifié sur le site de RFI et ailleurs de procès des lampistes. Pourquoi cette étonnante désignation ?

Plus de dix ans après les faits, les principaux prévenus, un ancien conseiller du président tchadien Idriss Deby, un proche du président Mobutu et un Marocain ne sont pas présents à l'audience. En fait, au tribunal correctionnel, les huit prévenus sont ceux qui avaient été arrêtés à Paris en juin 1998, avec des valises de faux dinars.

Alors, pourquoi ces huit prévenus sont-ils qualifiés de lampistes ? Le mot est ironique et il s'emploie toujours pour désigner des personnages peu importants sur qui on fait retomber des fautes. On les accuse, on les juge, on les condamne pour avoir l'air d'être quitte avec la justice ; un peu pour dire : « vous voyez, on a des coupables et on les fait payer ». Et ces lampistes ne sont pas des innocents qu'on fait payer à tort. Ils ont bien trempé dans des affaires louches et fait des choses interdites.

Mais en général, elles ne sont pas très graves, en tout cas bien moins que celles dont sont responsables les grands absents du procès. Car les lampistes ce sont les exécutants, ceux qui font les basses besognes, mais qui font ce qu'on leur dit de faire, qui obéissent aux ordres. Et bien souvent, on considère que justement ils sont instrumentalisés, utilisés. Ce sont eux qui prennent les risques. Eton sait que si cela tourne mal, ce sont eux qui paieront et qu'on pourra charger. Ce qui implique qu'il y a derrière tout cela des gens importants, des organisateurs, ou des commanditaires, qui financent et récupèrent le gros des bénéfices, mais qui ne sont pas inquiétés.

Pourquoi ? Parce qu'ils sont trop importants justement, parce qu'ils ont des relations, une situation qui les met à l'abri. Ou parce qu'ils sont si liés avec tout un système qu'ils pourraient mettre en lumière, ou dénoncer, s'ils comparaissaient. Faire payer le lampiste, c'est donc trouver un moyen de se dédouaner sans faire condamner les vrais responsables.

Mais pourquoi le lampiste ? Lampiste est un petit métier qui d'ailleurs n'existe plus vraiment. Pas exactement un métier d'ailleurs, mais une fonction, qu'on trouvait dans les chemins de fer. Le lampiste est celui qui dans une gare est chargé de veiller au bon fonctionnement de l'éclairage. Il répare les lampes et change les ampoules. Et souvent on considérait que c'était l'employé le plus subalterne, la charge la moins importante et la moins valorisée.

Et ce mot, qui correspond aux « sans-grades » a été employé pour la première fois dans le années 30, c'était dans le Canard Enchaîné , sous la plume de Pierre Bénard.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/

LAMPISTE   2009-11-19 LAMPISTE 2009-11-19 LAMPIÃO 2009-11-19

Un procès s’ouvre en ce moment, celui qu’on appelle le procès des faux dinars de Bahreïn et qui est qualifié sur le site de RFI et ailleurs de procès des lampistes. Pourquoi cette étonnante désignation ?

Plus de dix ans après les faits, les principaux prévenus, un ancien conseiller du président tchadien Idriss Deby, un proche du président Mobutu et un Marocain ne sont pas présents à l’audience. En fait, au tribunal correctionnel, les huit prévenus sont ceux qui avaient été arrêtés à Paris en juin 1998, avec des valises de faux dinars.

Alors, pourquoi ces huit prévenus sont-ils qualifiés de lampistes ? So why are these eight defendants called lamplighters? Le mot est ironique et il s’emploie toujours pour désigner des personnages peu importants sur qui on fait retomber des fautes. The word is ironic and it is always used to designate unimportant characters on whom faults are made. On les accuse, on les juge, on les condamne pour avoir l’air d’être quitte avec la justice ; un peu pour dire : « vous voyez, on a des coupables et on les fait payer ». Et ces lampistes ne sont pas des innocents qu’on fait payer à tort. Ils ont bien trempé dans des affaires louches et fait des choses interdites.

Mais en général, elles ne sont pas très graves, en tout cas bien moins que celles dont sont responsables les grands absents du procès. Car les lampistes ce sont les exécutants, ceux qui font les basses besognes, mais qui font ce qu’on leur dit de faire, qui obéissent aux ordres. Et bien souvent, on considère que justement ils sont instrumentalisés, utilisés. Ce sont eux qui prennent les risques. Eton sait que si cela tourne mal, ce sont eux qui paieront et qu’on pourra charger. Ce qui implique qu’il y a derrière tout cela des gens importants, des organisateurs, ou des commanditaires, qui financent et récupèrent le gros des bénéfices, mais qui ne sont pas inquiétés.

Pourquoi ? Parce qu’ils sont trop importants justement, parce qu’ils ont des relations, une situation qui les met à l’abri. Because they are too important precisely, because they have relations, a situation which shelters them. Ou parce qu’ils sont si liés avec tout un système qu’ils pourraient mettre en lumière, ou dénoncer, s’ils comparaissaient. Or because they are so tied to a whole system that they could bring to light, or denounce, if they appeared. Faire payer le lampiste, c’est donc trouver un moyen de se dédouaner sans faire condamner les vrais responsables.

Mais pourquoi le lampiste ? But why the lantern? Lampiste est un petit métier qui d’ailleurs n’existe plus vraiment. Pas exactement un métier d’ailleurs, mais une fonction, qu’on trouvait dans les chemins de fer. Le lampiste est celui qui dans une gare est chargé de veiller au bon fonctionnement de l’éclairage. Il répare les lampes et change les ampoules. Et souvent on considérait que c’était l’employé le plus subalterne, la charge la moins importante et la moins valorisée.

Et ce mot, qui correspond aux « sans-grades » a été employé pour la première fois dans le années 30, c’était dans le Canard Enchaîné , sous la plume de Pierre Bénard.

Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/