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Nota Bene, La guerre de Cent Ans : 3 personnages, 3 guerres différentes

La guerre de Cent Ans : 3 personnages, 3 guerres différentes

Cet épisode est sponsorisé par The Elder Scrolls Online ! Si vous aimez l'univers

de Morrowind, Oblivion ou Skyrim, et que vous kiffez vous faire des persos aux petits oignons

que vous emmènerez accomplir des quêtes épiques, rejoignez dès maintenant les 18

millions de joueurs d'ESO pour la sortie du nouveau chapitre “Blackwood” dans lequel

vous allez devoir déjouer le complot de Mérunès Dagon, le Prince daedra de la Destruction

! Pour en savoir plus, on se retrouve en fin d'épisode et je vous glisse un lien dans la description ! Bon visionnage !

Mes chers camarades bien le bonjour ! Aujourd'hui je vous propose un petit épisode sur une grande thématique : la guerre de Cent Ans. Et ce que l'on va voir aujourd'hui, c'est que la Guerre de Cent Ans n'est pas une guerre unique, pour la seule succession du trône de France. En effet, on y trouve de nombreux enjeux, chacun situé dans une zone géographique bien précise, mais on y retrouve toujours aussi l'ombre de l'Angleterre et de la France : les descendants de Philippe Le Hardi s'affrontent de manière interposée, et envoient leurs troupes aux secours de leurs vassaux ou de leurs alliés ; c'est le cas par exemple pour de la guerre de succession du royaume de Castille, ou celle du duché de Bretagne.

En Aquitaine, Bretagne, ou encore en Espagne, se déroulent les premières batailles de la Guerre de Cent Ans, durant laquelle l'Angleterre domine combats et territoires, et d'où surgissent des héros avec un même objectif : se battre pour leur territoire. Mais ce territoire, ça n'est pas le même pour chacun d'entre eux ! Il faut se rendre compte que, la Guerre de Cent Ans, c'est pas que des gros bourrins qui se tapent dessus sans réfléchir. C'est aussi des gros bourrins qui se tapent dessus en réfléchissant un peu, et qui surtout réussissent à se construire une réputation malgré des défaites et des situations compliquées. Pour bien comprendre tout ce que ça implique, je vous propose de suivre rapidement trois personnages de cette guerre de cent ans.

Pour la France, le symbole de la chevalerie, celui que les anglais surnomment le Bouledogue de Brocéliande, ce sera Duguesclin. Pour l'Angleterre, le prince héritier Édouard de Woodstock. Et pour la zone franche, le très diplomate comte de Foix Gaston III.

Dans cet épisode, on ne va donc pas faire une histoire de la guerre de Cent ans comme on l'entend d'habitude, on ne va pas retracer les grandes batailles non plus. On le fera sûrement dans un autre épisode, un jour. Allez c'est parti !

Le jeune Bertrand naît au début des années 1320 à côté de Dinan en Bretagne, juste après la famine de 1315. Son physique n'est pas vraiment avantageux et de célèbres trouvères comme Cuvelier, qui est son plus célèbre biographe, le décrirons ainsi : “Il était camus, noir, malotru, déplaisant, d'où son père et sa mère le haïssaient tant qu'en leur coeur ils se prirent à désirer souvent qu'il fût mort ou noyé en quelque eau d'un courant”. Et ça, c'est une chanson que Cuvelier compose sur la vie de Duguesclin après sa mort, pour lui rendre hommage....Autant dire que l'ambiance n'était pas folichonne à la maison : les parents rejettent l'enfant, brutal et querelleur, ils ne l'autorisent pas à manger à la table de la famille, et il mange donc dans un coin de la salle, à l'écart de ses neufs frères et soeurs, dont il est pourtant l'aîné. Selon la légende, c'est là, dans un coin de la pièce, alors qu'il n'a que 6 ans, que le jour de la fête de l'Ascension une invitée de ses parents, religieuse connue pour ses dons de voyances, va le trouver. Et elle détrompe sa mère qui se plaint de son comportement “pervers et rude”, lui prédisant que son fils “n'aura pas son pareil sous tout le firmament, et sera le plus honoré qui soit au royaume de France”.

Et en effet l'esprit chevaleresque de Bertrand ne tarde pas à se faire sentir ! Il se fait rapidement meneur des paysans de son village, et les divise souvent en deux camps qu'il fait s'affronter. Il va même jusqu'à organiser des tournois. Et il ne s'arrête pas là, puisqu'à l'âge de 16 ans, il emprunte une armure à son cousin pour concourir anonymement dans un tournoi à Rennes. Celui que les hérauts appellent, faute de nom, “l'aventureux venu nouvellement”, défait une dizaine de chevaliers, avant de refuser de combattre contre Robert Duguesclin...son propre père !

Cette époque est aussi celle d'une guerre de succession en Bretagne, où après la mort du duc Jean III, sa nièce Jeanne de Penthièvre et son demi-frère Jean de Montfort vont se chamailler un peu. Il faut trouver des renforts dans les deux camps. Jeanne, épouse du neveu du roi de France, peut compter sur Philippe VI de Valois ; Jean de Montfort se tourne donc vers le roi d'Angleterre pour trouver des alliés. Et là, on a les deux principaux adversaires de la Guerre de Cent ans face à face !

Après quelques tournois remportés haut la main, notre jeune héros signe son premier fait d'armes, probablement en 1350. Il tente de prendre la forteresse de Fougeray, tenue par les anglais au milieu de la forêt de Paimpont. Avec 70 compagnons, Bertrand fait face aux 200 hommes qui occupent le château. Hardi mais pas téméraire, le jeune chef essaie de récolter un maximum d'informations en épiant les abords du château. Il capture ainsi un valet qui avoue un précieux secret : le capitaine de la place, Robert Bamborough, a quitté les lieux avec le fort de ses troupes pour mener une bataille contre Charles de Blois, ne laissant que quelques soldats pour garder la place. Bertrand décide de saisir l'occasion qui se présente, et passe à l'action. Déguisé en bûcheron, il entre dans le château avec quelques compagnons, et passe immédiatement à l'attaque, avant que les portes ne se referment, permettant ainsi au reste de sa troupe de le rejoindre. D'abord en fort mauvaise posture, isolé parmi les cuisiniers et les valets armés de broches et autres armes de fortune, il se tire rapidement d'affaire avec l'aide de ses hommes, qui aux cris de "Guesclin" et "Duc de Bretagne", réussissent à prendre la place. On raconte même que Robert de Bamborough, de retour sur les lieux, "y fut occis d'un épieu lancé contre lui".

En 1354, il participe à la défense de la ville de Dinan, puis en 1357, à celle de la ville de Rennes, assiégées par les anglais. Durant chacun de ces évènements, il remporte un important duel, au point d'être adoubé chevalier par Alacres de Marès. Et sa fulgurante ascension ne s'arrête pas là ! En 1364, il est nommé lieutenant de Normandie, d'Anjou et du Maine, puis capitaine général pour le territoire s'étendant de la Seine à la Loire, chambellan du roi et comte de Longeville.

Mais malheureusement pour Duguesclin, toutes les bonnes choses ont une fin !

Après s'être étripés durant 23 ans, les partis prétendant au duché de Bretagne signent un accord, le traité de Guérande, qui désigne Jean de Montfort comme duc. On décide donc d'envoyer Duguesclin là où il pourra faire valoir ses talents de chefs de guerre, en Espagne, auprès de Henri de Trastamare, un bâtard qui cherche à détrôner son demi-frère, héritier légitime du trône, Pierre Ier, surnommé le Cruel.

Doux surnom hérité de quelques répressions violentes sur la noblesse Castillane qui n'apprécie pas tellement son caractère autoritaire et qui arme donc son frère contre lui, avec l'appui de la France ; Logiquement Pierre le cruel fait donc alliance avec l'Angleterre ! Etonnant hein ? Non pas vraiment...C'est en tout cas dans ce pays que Bertrand va se mesurer au champion de l'Angleterre, le plus redoutable ennemi qu'il aura à affronter, le plus grand chef de guerre de ce siècle : Edouard de Woodstock ! Edouard de Woodstock naît en 1330 à … Woodstock, un village non loin d'Oxford. Son père, Edouard III, est roi d'Angleterre et décide , en 1337, de revendiquer le trône de France, puisqu'il est le petit-fils de Philippe le bel, et l'héritier mâle le plus direct que l'on puisse trouver à celui-ci. Il entraîne dans cette guerre son fils, auquel il a entre-temps donné le titre de prince de Galles, fondant ainsi la tradition qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours. En juin, Edouard III lance un appel depuis Londres, invitant la noblesse à le rejoindre pour récupérer le territoire qui lui est dû.

Il nous fait le coup de l'appel du général de Gaulle quoi. En tout cas ça marche puisqu'il aura lui aussi son D-Day, celui du débarquement de Normandie, le 12 juillet 1346 ! Le Prince se fait adouber chevalier dans la foulée, juste avant son baptême du feu, à la fameuse bataille de Crécy, le 26 août 1346 !

Après avoir guerroyé en Normandie, l'armée anglaise menée par Edouard III se retrouve face à celle de Philippe VI de Valois. Les anglais sont arrivés sur les lieux la veille, et alors que les français arrivent vers trois heures de l'après-midi, un orage éclate.

Philippe VI cherche à reporter la bataille au lendemain, mais n'arrive pas à convaincre ses hommes et ses capitaines. La bataille s'engage dans une immense confusion chez les français, qui n'entendent pas les ordres du roi et cherchent juste à affronter le plus vite possible les anglais. On installe les arbalétriers Génois, mais leurs armes ont été abîmées par la pluie. Les archers Gallois, eux, ne chôment pas, et déciment les rangs de leurs adversaires. Les charges françaises se lancent les unes après les autres, sans coordination, et viennent se briser sur les pièges installés la veille par les anglais.

Ils étaient 50 000 français contre seulement 20 000 anglais. Mais les mauvaises conditions et l'organisation des troupes d'Edouard III ont raison de l'armée de Philippe VI, qui perd la bataille. Après cette première victoire, ou Edouard de Woodstock, que l'on surnomme le Prince Noir, s'est battu comme un lion, les troupes anglaises en remportent une autre à Calais, avant de signer ensuite une trêve de presqu'un an avec la France, ce qui ramène Edouard à la maison, au milieu de tournois et de fêtes.

Malheureusement arrive la peste noire, qui détruit tant de vies sur son passage. Impossible de reprendre la guerre dans ces conditions : il faut veiller à la bonne marche des domaines dépeuplés, prévoir les famines, et éviter les dépenses inutiles. La trêve se prolonge, et pèse sur le moral du jeune prince, qui s'occupe comme il peut jusqu'en 1355. Cette année-là, son père l'envoie en Aquitaine, car les comtes d'Armagnacs, vassaux du roi de France, commencent à s'exciter en essayant de grignoter du terrain.

Ainsi commence la célèbre Chevauchée du Prince Noir : à la tête d'une petite troupe très mobile, Edouard va attaquer de nombreuses villes pour affaiblir les forces françaises entourant l'Aquitaine, traversant la Gascogne puis le Languedoc, allant même jusqu'à Narbonne ; il pillera ainsi Nogaro, Plaisance, Mirande, Samatan, Montgiscard, Castelnaudary, Trèbes…

Petite anecdote en passant, la sécheresse a vidé les ruisseaux, et on dit que pour abreuver ses chevaux sur la route du retour, il faut que ses hommes partagent leur vin avec eux !

La renommée d'Edouard ne cesse en tout cas de croître : l'année suivante il lance une autre chevauchée, plus au nord, et pille le Périgord, le Limousin et le Berry, jusqu'à Poitiers. Il passe les années suivantes à conforter la position de l'Angleterre dans la région puis est nommé prince d'Aquitaine en 1362. Prenant pour capitale Bordeaux, il entretient avec Jeanne de Kent, épousée l'année précédente, une cour de fêtes et de plaisir. Mais le devoir l'appelle bientôt en Espagne, aux côtés du roi de Castille détrôné, Pierre le cruel. Et c'est là qu'il se confronte à Duguesclin à la bataille de la Najera. Edouard aligne seulement quelques troupes : environ 17.000 hommes d'armes et 500 archers selon Cuvelier, ce qui fait bien peu face aux troupes franco-castillanes de Henri de Trastamare, l'actuel détenteur du trône de Castille soutenu par les français. Henri aligne en effet 60.000 à 70.000 hommes, dont 3.000 archers. Ça fait une sacré différence quand même. Mais le type ne va pas se laisser démonter !

L'armée d'Edouard est isolée en pays hostile, avec des conditions météorologiques difficiles : froid, neige, pluie… Face à elle, contrôlant la route de Burgos, Henri de Trastamare attend son ennemi, le sachant en mauvaise posture. Mais le Prince Noir fait encore une fois la preuve de son génie tactique : dans la nuit du 26 au 27 mars 1367, il fait allumer les feux de camps puis prend un chemin dans la montagne. Les franco-castillans ne découvrent sa nouvelle position que le 30, laissant ainsi à Edouard la possibilité de choisir son terrain. Et Henri de Trastamare, impétueux, refuse d'écouter le conseil de Duguesclin, qui entend épuiser peu à peu l'armée adverse par une guérilla.

Ainsi, le 3 avril, les deux armées se rencontrent, et encore une fois la puissance des archers gallois détruit une armée organisée sur un modèle classique. Seuls résistent encore les Bretons de Duguesclin et les Aragonais du lieutenant-général du Roi de Castille, don Sanche de Tovar, mais ils sont bientôt capturés. La victoire est totale pour le Prince Noir, forgeant sa légende.

Duguesclin est pour la première fois de sa vie confronté au prince Noir, mais il n'est pas vraiment impressionné. A la question du Prince Noir qui, plein de respect pour son adversaire, lui propose de fixer lui-même le prix de sa rançon, il se prend pas pour de la merde, et estime valoir 100.000 francs d'or, une somme absolument colossale ! Mais Edouard ne pense pas qu'il puisse valoir autant, et abaisse sa rançon à 60.000 francs or, somme qui sera réglée par le roi de France, certains notables bretons...et même par l'épouse du Prince Noir, Jeanne de Kent, qui verse 10.000 francs de sa poche ! Sympa !

Malgré les rançons amassées, la campagne victorieuse d'Edouard a réduit à néant les finances du Prince d'Aquitaine ; et pour rejoindre ses terres, il doit maintenant composer avec un personnage avec qui il n'est pas en très bon terme : le comte de Foix Béarn, Gaston Fébus. Fébus, fidèle à sa réputation de diplomate, s'entend avec le prince Noir pour qu'il traverse pacifiquement ses terres...à condition qu'il paye “jusqu'à la moindre poule”.

Parce que le Gaston, il sait où est son intérêt, et cela, il l'a toujours su ! Né en 1331, Gaston III porte un grand intérêt à son territoire, allant à la rencontre de ses sujets, nobles ou paysans, durant une tournée comptant près de 130 étapes et promettant d'observer les libertés et coutumes de chacun. Dès son accession au trône en 1345 à 14 ans, il fait preuve d'un certain génie diplomatique : prêtant allégeance au roi de France pour le comté de Foix, il obtient que le comté de Béarn soit indépendant, et qu'il y règne en maître, affranchi et de la France, et de l'Angleterre. Ne s'arrêtant pas là, il entre dans la famille royale française en épousant Agnès de Navarre, descendante de Louis X, mais aussi fille de Jacques II, roi de Majorque.

Bon, déjà le gars n'est pas mauvais en politique. Mais après ces coups de maître, Gaston fait ses preuves militaires, protégeant Toulouse contre les anglais, sans oublier d'apporter la facture aux consuls de la ville ! Après quelques démêlés entre la France et l'Angleterre, il s'embarque pour une croisade prussienne, où il gagne ses éperons à la suite d'assaut aux côtés des chevaliers Teutoniques. A son retour, passant par Meaux, il délivrera la dauphine de France Jeanne de Bourbon, retenue prisonnière par des paysans révoltés. Menant ses troupes comme un lion, il lance pour la première fois son fameux cri : Febus aban, Fébus en avant ! Il trouve ainsi sa devise, et son surnom, celui de Fébus, se comparant ainsi au dieu solaire grec, le symbole de la culture et de la beauté.

Bon, il a le droit d'être un peu mégalo sur les bords, il assure… Sa légende ne cesse en tout cas de s'embellir tout au long de sa vie !

Après avoir vaincu les Armagnacs, ennemis héréditaires de sa maison, et reçu comme butin près de 500.000 florins, il devient le banquier du 14ème siècle. Prêtant tantôt à la France, tantôt à l'Angleterre, il apparaît comme un homme très économe, voire pingre aux yeux des historiens d'aujourd'hui. Mais à l'époque, on le voit plutôt comme un homme généreux, notamment à travers le regard de Froissart, chroniqueur de la Guerre de Cent ans qui lui consacre une biographie après avoir vécu une année à sa cour.

Il décrit des fêtes fastueuses où Gaston, grand mécène, fait venir troubadours et poètes lors de grands banquets, ainsi que des chasses fabuleuses où le comte se rend célèbre. Il partage ses connaissances sur la vénerie dans “Le Livre de Chasse”, ouvrage merveilleusement enluminé. Du cerf à l'ours, Fébus ne délaisse aucune proie. Pas même son unique héritier…

Et oui ! Le fils de Gaston est ambitieux ! Il monte un complot pour l'empoisonner, et devenir comte à la place du comte. En apprenant cela, Gaston, en bon méridional, s'emporte violemment. Il tue son fils de ses propres mains, dans un accès de colère.

Le chroniqueur Froissart, plein de respect pour son hôte, cherche à l'excuser et nous présente une version...un peu arrangée des faits ! Le fils aurait été manipulé, croyant verser un aphrodisiaque dans le verre de son père pour que ce dernier se réconcilie avec sa mère. Alors que Gaston Fébus se nettoyait les ongles avec un coutelet, il décide de rendre une petite visite à son fils dans sa geôle, pour discuter et éclaircir les choses. Malencontreusement, le jeune homme glisse dans sa cellule et s'ouvre le cœur sur le coutelet de son père. Bref, toute l'affaire des poisons et des couteaux n'est qu'un malheureux accident. C'est pas de chance hein ? Ce qui est certain, c'est que Gaston est empli de désespoir après le décès de son fils, et certains prétendent qu'il aurait écrit son second ouvrage, “Le Livre des Oraisons”, où il montre tout son talent de poète, pour apaiser ses remords.

Poète, compositeur, diplomate, génie militaire, Fébus incarne un autre Moyen ge. En pleine Guerre de Cent Ans, il est le reflet d'une zone franche entre France et Angleterre. Gardien de l'art de son époque, il est le seul à avoir réussi à amasser de l'argent quand tous les autres nobles croulent sous les dettes de guerre. Chacun de ces personnages est devenu un symbole pour son parti, et représente une des facettes de la Guerre de Cent ans : de Calais à Najera en passant par la Bretagne et le Béarn, d'un fils de roi au noble de campagne devenu chevalier, en passant par le comte, ce sont les visages d'une guerre qui fait partie de la société que nous présentent ces trois héros, tirant leur nom de l'Histoire pour des faits d'armes glorieux ; Duguesclin et le Prince noir ont réinventés la manière de combattre, ne cherchant plus la bataille mais effectuant plutôt des raids, avec des redditions rapides de petites villes qui n'avaient pas le temps de se préparer pour un siège.

Mais si les héros s'en donnent à cœur joie, les pays doivent freiner cette guerre : économiquement, ils sont tous ruinés. Et puis il s'agit aussi de faire le ménage chez soi, puisqu'une telle guerre ruine non seulement les nobles, mais aussi les campagnes :la guerre civile n'est pas loin. Une trêve se profile, mais la guerre de Cent Ans est loin d'être finie ! Bientôt, la France et l'Angleterre vont cesser de s'attaquer par royaumes interposés, pour s'affronter face à face. On pourrait conclure en disant que l'Histoire retient les héros, mais elle oublie trop souvent les aspirations simples du peuple ; marchands, paysans et clergé ne veulent qu'une chose : vivre en paix.

Merci à tous d'avoir suivi cet épisode préparé avec Philippe Orsel, on espère qu'il vous a plu et qu'il a permis, si ce n'est de révolutionner votre compréhension de la guerre de Cent Ans, au moins d'élargir un peu la vision qu'on en a !

J'aimerais également remercier le sponsor de cette émission : the Elder Scrolls Online ! Cet épisode a été sponsorisé par The Elder Scrolls Online. Merci à eux ! The Elders Scrolls Online, c'est un RPG multijoueur situé dans l'univers de Skyrim/Oblivion/Morrowind. Si vous avez déjà passé un peu de temps sur ces jeux, vous savez que c'est du bon ! Ici, le jeu vous propose de rejoindre les quelques 18 millions de joueurs qui ont déjà foulé ces terres avec un nouveau Chapitre appelé “Blackwood” ! Dans cette nouvelle aventure, vous allez découvrir des dizaines de quêtes et devoir déjouer le complot de Mérunès Dagon, le Prince daedra de la Destruction ! Vous pourrez également profiter du nouveau système de compagnon avec la possibilité de recruter un allié qui vous suivra dans toutes vos quêtes ! Vous devrez l'équiper, monter ses compétences et même le commander au combat. Si vous n'avez jamais joué à The Elder Scrolls Online, ce nouveau chapitre est l'occasion de se lancer, au moins de le tester ! Comme tout RPG qui se respecte, vous pouvez personnaliser à fond votre personnage lors de sa création et rejoindre une des trois alliances qui s'affrontent dans le jeu. Vous aurez des heures d'exploration, de quêtes et de donjons en vue, tout ça sans abonnement et sur PC/Mac, Xbox One, Xbox Series, PS4 et PS5. Je vous mets un lien en description si vous voulez en savoir plus ! N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne, à partager l'épisode et à nous laisser un commentaire, en faisant ça vous soutenez réellement la chaîne ! A très vite pour de nouvelles vidéos. Ciao !


La guerre de Cent Ans : 3 personnages, 3 guerres différentes The Hundred Years' War: 3 characters, 3 different wars A Guerra dos Cem Anos: 3 personagens, 3 guerras diferentes

Cet épisode est sponsorisé par The Elder Scrolls Online ! Si vous aimez l'univers

de Morrowind, Oblivion ou Skyrim, et que vous kiffez vous faire des persos aux petits oignons from Morrowind, Oblivion or Skyrim, and that you like to make characters with small onions

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vous allez devoir déjouer le complot de Mérunès Dagon, le Prince daedra de la Destruction you will have to thwart the plot of Merunes Dagon, the Daedric Prince of Destruction

! Pour en savoir plus, on se retrouve en fin d'épisode et je vous glisse un lien dans ! To find out more, see you at the end of the episode and I'll slip you a link in la description ! Bon visionnage !

Mes chers camarades bien le bonjour ! Aujourd'hui je vous propose un petit épisode sur une  grande thématique : la guerre de Cent Ans. Et ce que l'on va voir aujourd'hui, c'est  que la Guerre de Cent Ans n'est pas une guerre unique, pour la seule succession du  trône de France. And what we're going to see today is that the Hundred Years' War was not a single war, fought solely for the succession to the throne of France. En effet, on y trouve de nombreux enjeux,  chacun situé dans une zone géographique bien précise, mais on y retrouve toujours  aussi l'ombre de l'Angleterre et de la France : les descendants de Philippe Le Hardi  s'affrontent de manière interposée, et envoient leurs troupes aux secours de leurs  vassaux ou de leurs alliés ; c'est le cas par exemple pour de la guerre de succession  du royaume de Castille, ou celle du duché de Bretagne. There are many issues at stake, each located in a specific geographical area, but the shadow of England and France is always present: the descendants of Philip the Bold confront each other by proxy, and send their troops to the aid of their vassals or allies; this is the case, for example, in the war of succession in the kingdom of Castile, or that of the duchy of Brittany.

En Aquitaine, Bretagne, ou encore en Espagne, se déroulent les premières batailles de  la Guerre de Cent Ans, durant laquelle l'Angleterre domine combats et territoires, et d'où surgissent  des héros avec un même objectif : se battre pour leur territoire. Mais ce territoire,  ça n'est pas le même pour chacun d'entre eux ! Il faut se rendre compte que, la Guerre de Cent Ans, c'est pas que des gros bourrins  qui se tapent dessus sans réfléchir. You have to realize that the Hundred Years War is not just big nags who hit each other without thinking. C'est aussi des gros bourrins qui se tapent dessus  en réfléchissant un peu, et qui surtout réussissent à se construire une réputation  malgré des défaites et des situations compliquées. They're also a bunch of tough guys who beat the crap out of each other with a bit of thought, and above all manage to build a reputation for themselves despite defeats and complicated situations. Pour bien comprendre tout ce que ça implique,  je vous propose de suivre rapidement trois personnages de cette guerre de cent ans.

Pour la France, le symbole de la chevalerie, celui que les anglais surnomment le Bouledogue  de Brocéliande, ce sera Duguesclin. For France, the symbol of chivalry, the man nicknamed by the English the Bulldog of Broceliande, will be Duguesclin. Pour l'Angleterre, le prince héritier Édouard  de Woodstock. For England, Crown Prince Edward of Woodstock. Et pour la zone franche, le très diplomate comte de Foix Gaston III. And for the free zone, the very diplomatic Count of Foix Gaston III.

Dans cet épisode, on ne va donc pas faire une histoire de la guerre de Cent ans comme  on l'entend d'habitude, on ne va pas retracer les grandes batailles non plus. On le fera  sûrement dans un autre épisode, un jour. We'll probably do it in another episode, one day. Allez c'est parti !

Le jeune Bertrand naît au début des années 1320 à côté de Dinan en Bretagne, juste  après la famine de 1315. Son physique n'est pas vraiment avantageux et de célèbres trouvères  comme Cuvelier, qui est son plus célèbre biographe, le décrirons ainsi : “Il était  camus, noir, malotru, déplaisant, d'où son père et sa mère le haïssaient tant  qu'en leur coeur ils se prirent à désirer souvent qu'il fût mort ou noyé en quelque  eau d'un courant”. His physique was not exactly advantageous, and famous trouvères such as Cuvelier, his most famous biographer, described him as follows: "His father and mother hated him so much that they often wished he were dead or drowned in some stream". Et ça, c'est une chanson que Cuvelier compose  sur la vie de Duguesclin après sa mort, pour lui rendre hommage....Autant dire que l'ambiance  n'était pas folichonne à la maison : les parents rejettent l'enfant, brutal et querelleur,  ils ne l'autorisent pas à manger à la table de la famille, et il mange donc dans un coin  de la salle, à l'écart de ses neufs frères et soeurs, dont il est pourtant l'aîné. And this is a song Cuvelier composed about Duguesclin's life after his death, to pay homage to him....So the atmosphere at home wasn't too great: his parents rejected the child, who was brutal and quarrelsome, and wouldn't allow him to eat at the family table, so he ate in a corner of the room, away from his nine brothers and sisters, of whom he was the eldest. Selon la légende, c'est là, dans un coin de la pièce, alors qu'il n'a que 6 ans,  que le jour de la fête de l'Ascension une invitée de ses parents, religieuse connue  pour ses dons de voyances, va le trouver. According to legend, it is there, in a corner of the room, when he was only 6 years old, that on the Ascension Day a guest of his parents, a nun known for her gifts of clairvoyance. , go find it. Et elle détrompe sa mère qui se plaint de  son comportement “pervers et rude”, lui prédisant que son fils “n'aura pas son  pareil sous tout le firmament, et sera le plus honoré qui soit au royaume de France”. And she disproved his mother, who complained of his "perverse and rude" behavior, predicting that her son "will have no equal under the firmament, and will be the most honored in the kingdom of France".

Et en effet l'esprit chevaleresque de Bertrand ne tarde pas à se faire sentir ! And Bertrand's chivalrous spirit soon makes itself felt! Il se fait  rapidement meneur des paysans de son village, et les divise souvent en deux camps qu'il  fait s'affronter. He quickly became the leader of the peasants in his village, often dividing them into two opposing camps. Il va même jusqu'à organiser des tournois. He even organizes tournaments. Et il ne s'arrête  pas là, puisqu'à l'âge de 16 ans, il emprunte une armure à son cousin pour concourir  anonymement dans un tournoi à Rennes. Celui que les hérauts appellent, faute de nom,  “l'aventureux venu nouvellement”, défait une dizaine de chevaliers, avant de refuser  de combattre contre Robert Duguesclin...son propre père ! For lack of a name, the heralds call him "the newly-arrived adventurer", who defeats a dozen knights before refusing to fight against Robert Duguesclin...his own father!

Cette époque est aussi celle d'une guerre de succession en Bretagne, où après la mort  du duc Jean III, sa nièce Jeanne de Penthièvre et son demi-frère Jean de Montfort vont se chamailler un peu. Il faut trouver des renforts dans les deux camps. Jeanne, épouse du neveu  du roi de France, peut compter sur Philippe VI de Valois ; Jean de Montfort se tourne  donc vers le roi d'Angleterre pour trouver des alliés. Et là, on a les deux principaux adversaires de la Guerre de Cent ans face à face ! And here we have the two main adversaries of the Hundred Years' War face to face!

Après quelques tournois remportés haut la main, notre jeune héros signe son premier  fait d'armes, probablement en 1350. Il tente de prendre la forteresse de Fougeray, tenue  par les anglais au milieu de la forêt de Paimpont. Avec 70 compagnons, Bertrand fait  face aux 200 hommes qui occupent le château. Hardi mais pas téméraire, le jeune chef  essaie de récolter un maximum d'informations en épiant les abords du château. Il capture  ainsi un valet qui avoue un précieux secret : le capitaine de la place, Robert Bamborough,  a quitté les lieux avec le fort de ses troupes pour mener une bataille contre Charles de  Blois, ne laissant que quelques soldats pour garder la place. Bertrand décide de saisir  l'occasion qui se présente, et passe à l'action. Déguisé en bûcheron, il entre dans le château  avec quelques compagnons, et passe immédiatement à l'attaque, avant que les portes ne se referment,  permettant ainsi au reste de sa troupe de le rejoindre. D'abord en fort mauvaise posture,  isolé parmi les cuisiniers et les valets armés de broches et autres armes de fortune,  il se tire rapidement d'affaire avec l'aide de ses hommes, qui aux cris de "Guesclin"  et "Duc de Bretagne", réussissent à prendre la place. Initially in a very bad position, isolated among the cooks and valets armed with broaches and other makeshift weapons, he quickly escaped with the help of his men, who, to the cries of "Guesclin" and "Duc de Bretagne", succeeded in taking the place. On raconte même que Robert de Bamborough,  de retour sur les lieux, "y fut occis d'un épieu lancé contre lui". It is even said that Robert of Bamborough, back on the scene, "was slain there with a spear thrown against him".

En 1354, il participe à la défense de la ville de Dinan, puis en 1357, à celle de  la ville de Rennes, assiégées par les anglais. In 1354, he helped defend the town of Dinan, then in 1357, the town of Rennes, under siege from the English. Durant chacun de ces évènements, il remporte  un important duel, au point d'être adoubé chevalier par Alacres de Marès. Et sa fulgurante  ascension ne s'arrête pas là ! En 1364, il est nommé lieutenant de Normandie, d'Anjou  et du Maine, puis capitaine général pour le territoire s'étendant de la Seine à  la Loire, chambellan du roi et comte de Longeville. In 1364, he was appointed lieutenant of Normandy, Anjou and Maine, then captain general for the territory stretching from the Seine to the Loire, chamberlain to the king and count of Longeville.

Mais malheureusement pour Duguesclin, toutes les bonnes choses ont une fin ! But unfortunately for Duguesclin, all good things must come to an end!

Après s'être étripés durant 23 ans, les partis prétendant au duché de Bretagne  signent un accord, le traité de Guérande, qui désigne Jean de Montfort comme duc. After 23 years of squabbling, the parties claiming the duchy of Brittany signed the Treaty of Guérande, designating Jean de Montfort as duke. On  décide donc d'envoyer Duguesclin là où il pourra faire valoir ses talents de chefs  de guerre, en Espagne, auprès de Henri de Trastamare, un bâtard qui cherche à détrôner  son demi-frère, héritier légitime du trône, Pierre Ier, surnommé le Cruel. It was therefore decided to send Duguesclin to Spain, where he could put his war leadership skills to good use with Henri de Trastamare, a bastard who was seeking to dethrone his half-brother, the rightful heir to the throne, Peter I, nicknamed the Cruel.

Doux surnom hérité de quelques répressions violentes sur la noblesse Castillane qui n'apprécie  pas tellement son caractère autoritaire et qui arme donc son frère contre lui, avec  l'appui de la France ;  Logiquement Pierre le cruel fait donc alliance avec l'Angleterre ! A gentle nickname inherited from some violent repression of the Castilian nobility, who didn't much appreciate his authoritarian nature and so armed his brother against him, with the support of France; Logically, Peter the Cruel formed an alliance with England! Etonnant hein ? Non  pas vraiment...C'est en tout cas dans ce pays que Bertrand va se mesurer au champion  de l'Angleterre, le plus redoutable ennemi qu'il aura à affronter, le plus grand chef  de guerre de ce siècle : Edouard de Woodstock ! Edouard de Woodstock naît en 1330 à … Woodstock,  un village non loin d'Oxford. Son père, Edouard III, est roi d'Angleterre et décide , en 1337, de revendiquer le trône de France, puisqu'il est le petit-fils de Philippe  le bel, et l'héritier mâle le plus direct que l'on puisse trouver à celui-ci. Il  entraîne dans cette guerre son fils, auquel il a entre-temps donné le titre de prince  de Galles, fondant ainsi la tradition qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours. He dragged his son into the war, to whom he had meanwhile given the title of Prince of Wales, thus founding the tradition that has continued to this day. En juin, Edouard III lance un appel depuis Londres, invitant la noblesse à le rejoindre  pour récupérer le territoire qui lui est dû.

Il nous fait le coup de l'appel du général de Gaulle quoi. It makes us the blow of the call of General de Gaulle what. En tout cas ça marche puisqu'il  aura lui aussi son D-Day, celui du débarquement de Normandie, le 12 juillet 1346 ! In any case, it's working, since it too will have its own D-Day, that of the Normandy landings on July 12, 1346! Le Prince  se fait adouber chevalier dans la foulée, juste avant son baptême du feu, à la fameuse  bataille de Crécy, le 26 août 1346 !

Après avoir guerroyé en Normandie, l'armée anglaise menée par Edouard III se retrouve  face à celle de Philippe VI de Valois. Les anglais sont arrivés sur les lieux la veille,  et alors que les français arrivent vers trois heures de l'après-midi, un orage éclate.

Philippe VI cherche à reporter la bataille au lendemain, mais n'arrive pas à convaincre  ses hommes et ses capitaines. Philippe VI seeks to postpone the battle to the next day, but does not manage to convince his men and his captains. La bataille s'engage dans une immense confusion chez  les français, qui n'entendent pas les ordres du roi et cherchent juste à affronter le  plus vite possible les anglais. On installe les arbalétriers Génois, mais leurs armes  ont été abîmées par la pluie. Les archers Gallois, eux, ne chôment pas, et déciment  les rangs de leurs adversaires. Les charges françaises se lancent les unes après les  autres, sans coordination, et viennent se briser sur les pièges installés la veille  par les anglais.

Ils étaient 50 000 français contre seulement 20 000 anglais. Mais les mauvaises conditions  et l'organisation des troupes d'Edouard III ont raison de l'armée de Philippe VI,  qui perd la bataille. Après cette première victoire, ou Edouard de Woodstock, que l'on  surnomme le Prince Noir, s'est battu comme un lion, les troupes anglaises en remportent  une autre à Calais, avant de signer ensuite une trêve de presqu'un an avec la France,  ce qui ramène Edouard à la maison, au milieu de tournois et de fêtes.

Malheureusement arrive la peste noire, qui détruit tant de vies sur son passage. Unfortunately, the Black Death arrived, destroying so many lives in its path. Impossible  de reprendre la guerre dans ces conditions : il faut veiller à la bonne marche des domaines  dépeuplés, prévoir les famines, et éviter les dépenses inutiles. La trêve se prolonge,  et pèse sur le moral du jeune prince, qui s'occupe comme il peut jusqu'en 1355. Cette année-là, son père l'envoie en Aquitaine, car les comtes d'Armagnacs, vassaux  du roi de France, commencent à s'exciter en essayant de grignoter du terrain. That year, his father sent him to Aquitaine, as the Counts of Armagnac, vassals of the King of France, began to get excited about trying to gain ground.

Ainsi  commence la célèbre Chevauchée du Prince Noir : à la tête d'une petite troupe très  mobile, Edouard va attaquer de nombreuses villes pour affaiblir les forces françaises  entourant l'Aquitaine, traversant la Gascogne puis le Languedoc, allant même jusqu'à  Narbonne ; il pillera ainsi Nogaro, Plaisance, Mirande, Samatan, Montgiscard, Castelnaudary,  Trèbes…

Petite anecdote en passant, la sécheresse a vidé les ruisseaux, et on dit que pour  abreuver ses chevaux sur la route du retour, il faut que ses hommes partagent leur vin  avec eux ! A little anecdote in passing, the drought has emptied the streams, and it is said that to water his horses on the road home, his men must share their wine with them!

La renommée d'Edouard ne cesse en tout cas de croître : l'année suivante il lance  une autre chevauchée, plus au nord, et pille le Périgord, le Limousin et le Berry, jusqu'à  Poitiers. Il passe les années suivantes à conforter la position de l'Angleterre dans  la région puis est nommé prince d'Aquitaine en 1362. Prenant pour capitale Bordeaux, il entretient avec Jeanne de Kent, épousée l'année précédente, une cour de fêtes et de plaisir. With Bordeaux as his capital, he and Jeanne de Kent, whom he had married the previous year, maintained a court of festivities and pleasure. Mais le devoir l'appelle bientôt en Espagne, aux côtés du roi de Castille détrôné, Pierre le cruel. But duty soon called him to Spain, to the side of the dethroned King of Castile, Peter the Cruel. Et c'est là qu'il se confronte à Duguesclin à la bataille de la Najera. And it was here that he came face to face with Duguesclin at the battle of La Najera. Edouard aligne seulement quelques troupes : environ 17.000 hommes d'armes  et 500 archers selon Cuvelier, ce qui fait bien peu face aux troupes franco-castillanes  de Henri de Trastamare, l'actuel détenteur du trône de Castille soutenu par les français. Edouard lines up only a few troops: around 17,000 men-at-arms and 500 archers according to Cuvelier, which does not face the Franco-Castilian troops of Henri de Trastamare, the current holder of the throne of Castile supported by the French. Henri aligne en effet 60.000 à 70.000 hommes, dont 3.000 archers. Ça fait une sacré différence quand même. That's quite a difference. Mais le type ne va pas se laisser démonter  ! But the guy is not going to let himself be taken down!

L'armée d'Edouard est isolée en pays hostile, avec des conditions météorologiques difficiles : froid, neige, pluie… Face à elle, contrôlant la route de Burgos, Henri de Trastamare attend son ennemi, le sachant en mauvaise posture. Mais le Prince Noir fait  encore une fois la preuve de son génie tactique : dans la nuit du 26 au 27 mars 1367, il fait  allumer les feux de camps puis prend un chemin dans la montagne. But the Black Prince once again proved his tactical genius: on the night of March 26-27, 1367, he had the campfires lit and then took to the mountains. Les franco-castillans ne  découvrent sa nouvelle position que le 30, laissant ainsi à Edouard la possibilité  de choisir son terrain. The Franco-Castilians did not discover their new position until the 30th, giving Edouard the chance to choose his ground. Et Henri de Trastamare, impétueux, refuse d'écouter le conseil  de Duguesclin, qui entend épuiser peu à peu l'armée adverse par une guérilla. And Henri de Trastamare, impetuous, refuses to listen to the advice of Duguesclin, who intends to gradually exhaust the opposing army by a guerrilla.

Ainsi, le 3 avril, les deux armées se rencontrent, et encore une fois la puissance des archers  gallois détruit une armée organisée sur un modèle classique. So, on April 3rd, the two armies met, and once again the power of the Welsh archers destroyed a classically organized army. Seuls résistent encore  les Bretons de Duguesclin et les Aragonais du lieutenant-général du Roi de Castille,  don Sanche de Tovar, mais ils sont bientôt capturés. Only Duguesclin's Bretons and the Aragonese lieutenant-generals of the King of Castile, don Sanche de Tovar, remained, but they were soon captured. La victoire est totale pour le  Prince Noir, forgeant sa légende.

Duguesclin est pour la première fois de sa vie confronté au prince Noir, mais il n'est  pas vraiment impressionné. A la question du Prince Noir qui, plein de respect pour  son adversaire, lui propose de fixer lui-même le prix de sa rançon, il se prend pas pour  de la merde, et estime valoir 100.000 francs d'or, une somme absolument colossale ! When asked by the Black Prince, who, full of respect for his adversary, offered to set his own ransom price, he didn't take himself for shit, and estimated that he was worth 100,000 gold francs, an absolutely colossal sum! Mais  Edouard ne pense pas qu'il puisse valoir autant, et abaisse sa rançon à 60.000 francs  or, somme qui sera réglée par le roi de France, certains notables bretons...et même  par l'épouse du Prince Noir, Jeanne de Kent, qui verse 10.000 francs de sa poche  ! But Edouard didn't think he was worth that much, and lowered his ransom to 60,000 gold francs, a sum paid by the King of France, certain Breton notables...and even the Black Prince's wife, Jeanne de Kent, who paid 10,000 francs out of her own pocket! Sympa !

Malgré les rançons amassées, la campagne victorieuse d'Edouard a réduit à néant les finances du Prince d'Aquitaine ; et pour rejoindre ses terres, il doit maintenant  composer avec un personnage avec qui il n'est pas en très bon terme : le comte de Foix Béarn,  Gaston Fébus. Fébus, fidèle à sa réputation de diplomate, s'entend avec le prince Noir pour qu'il  traverse pacifiquement ses terres...à condition qu'il paye “jusqu'à la moindre poule”.

Parce que le Gaston, il sait où est son intérêt, et cela, il l'a toujours su ! Né en 1331,  Gaston III porte un grand intérêt à son territoire, allant à la rencontre de ses  sujets, nobles ou paysans, durant une tournée comptant près de 130 étapes et promettant  d'observer les libertés et coutumes de chacun. Dès son accession au trône en 1345  à 14 ans, il fait preuve d'un certain génie diplomatique : prêtant allégeance au roi  de France pour le comté de Foix, il obtient que le comté de Béarn soit indépendant,  et qu'il y règne en maître, affranchi et de la France, et de l'Angleterre. Ne  s'arrêtant pas là, il entre dans la famille royale française en épousant Agnès de Navarre,  descendante de Louis X, mais aussi fille de Jacques II, roi de Majorque.

Bon, déjà le gars n'est pas mauvais en politique. Mais après ces coups de maître, Gaston fait  ses preuves militaires, protégeant Toulouse contre les anglais, sans oublier d'apporter  la facture aux consuls de la ville ! Après quelques démêlés entre la France  et l'Angleterre, il s'embarque pour une croisade prussienne, où il gagne ses éperons  à la suite d'assaut aux côtés des chevaliers Teutoniques. After some quarrels between France and England, he embarks on a Prussian crusade, where he gains his spurs following an assault alongside the Teutonic knights. A son retour, passant par Meaux,  il délivrera la dauphine de France Jeanne de Bourbon, retenue prisonnière par des paysans  révoltés. Menant ses troupes comme un lion, il lance pour la première fois son fameux  cri : Febus aban, Fébus en avant ! Leading his troops like a lion, he launched his famous cry for the first time: Febus aban, Fébus en avant! Il trouve ainsi sa devise, et son surnom, celui de Fébus,  se comparant ainsi au dieu solaire grec, le symbole de la culture et de la beauté.

Bon, il a le droit d'être un peu mégalo sur les bords, il assure… Sa légende ne  cesse en tout cas de s'embellir tout au long de sa vie ! Well, he has the right to be a little megalomaniac around the edges, he says… In any case, his legend continues to improve throughout his life!

Après avoir vaincu les Armagnacs, ennemis héréditaires de sa maison, et reçu comme butin près de 500.000 florins, il devient le banquier du 14ème siècle. Prêtant tantôt  à la France, tantôt à l'Angleterre, il apparaît comme un homme très économe, voire pingre aux yeux des historiens d'aujourd'hui. Mais à l'époque, on le voit plutôt comme  un homme généreux, notamment à travers le regard de Froissart, chroniqueur de la  Guerre de Cent ans qui lui consacre une biographie après avoir vécu une année à sa cour.

Il décrit des fêtes fastueuses où Gaston, grand mécène, fait venir troubadours et  poètes lors de grands banquets, ainsi que des chasses fabuleuses où le comte se rend  célèbre. Il partage ses connaissances sur la vénerie dans “Le Livre de Chasse”,  ouvrage merveilleusement enluminé. Du cerf à l'ours, Fébus ne délaisse aucune proie. From deer to bear, Fébus never neglected any prey. Pas même son unique héritier…

Et oui ! Le fils de Gaston est ambitieux ! Il monte un complot pour l'empoisonner, et  devenir comte à la place du comte. En apprenant cela, Gaston, en bon méridional, s'emporte  violemment. Il tue son fils de ses propres mains, dans un accès de colère.

Le chroniqueur Froissart, plein de respect pour son hôte, cherche à l'excuser et  nous présente une version...un peu arrangée des faits ! Le fils aurait été manipulé,  croyant verser un aphrodisiaque dans le verre de son père pour que ce dernier se réconcilie  avec sa mère. The son is said to have been manipulated into pouring an aphrodisiac into his father's drink, so that his father would reconcile with his mother. Alors que Gaston Fébus se nettoyait les ongles avec un coutelet, il  décide de rendre une petite visite à son fils dans sa geôle, pour discuter et éclaircir  les choses. Malencontreusement, le jeune homme glisse dans sa cellule et s'ouvre le cœur  sur le coutelet de son père. Unfortunately, the young man slips in his cell and cuts his heart open on his father's knife. Bref, toute l'affaire des poisons et des couteaux n'est  qu'un malheureux accident. In short, the whole poisons and knives affair is just an unfortunate accident. C'est pas de chance hein ? It's bad luck, isn't it? Ce qui est certain, c'est que Gaston est empli de désespoir après le décès de son  fils, et certains prétendent qu'il aurait écrit son second ouvrage, “Le Livre des  Oraisons”, où il montre tout son talent de poète, pour apaiser ses remords.

Poète, compositeur, diplomate, génie militaire, Fébus incarne un autre Moyen ge. Poet, composer, diplomat, military genius, Fébus embodies another Middle Ages. En pleine  Guerre de Cent Ans, il est le reflet d'une zone franche entre France et Angleterre. At the height of the Hundred Years' War, it was the reflection of a free zone between France and England. Gardien  de l'art de son époque, il est le seul à avoir réussi à amasser de l'argent  quand tous les autres nobles croulent sous les dettes de guerre. Chacun de ces personnages  est devenu un symbole pour son parti, et représente une des facettes de la Guerre de Cent ans  : de Calais à Najera en passant par la Bretagne et le Béarn, d'un fils de roi au noble  de campagne devenu chevalier, en passant par le comte, ce sont les visages d'une guerre  qui fait partie de la société que nous présentent ces trois héros, tirant leur nom de l'Histoire  pour des faits d'armes glorieux ; Duguesclin et le Prince noir ont réinventés la manière  de combattre, ne cherchant plus la bataille mais effectuant plutôt des raids, avec des  redditions rapides de petites villes qui n'avaient pas le temps de se préparer pour un siège.

Mais si les héros s'en donnent à cœur joie, les pays doivent freiner cette guerre  : économiquement, ils sont tous ruinés. Et puis il s'agit aussi de faire le ménage  chez soi, puisqu'une telle guerre ruine non seulement les nobles, mais aussi les campagnes  :la guerre civile n'est pas loin. Une trêve se profile, mais la guerre de Cent Ans est  loin d'être finie ! Bientôt, la France et l'Angleterre vont cesser de s'attaquer  par royaumes interposés, pour s'affronter face à face. Soon, France and England would stop attacking each other by proxy kingdoms, and come face to face. On pourrait conclure en disant  que l'Histoire retient les héros, mais elle oublie trop souvent les aspirations simples  du peuple ; marchands, paysans et clergé ne veulent qu'une chose : vivre en paix.

Merci à tous d'avoir suivi cet épisode préparé avec Philippe Orsel, on espère  qu'il vous a plu et qu'il a permis, si ce n'est de révolutionner votre compréhension  de la guerre de Cent Ans, au moins d'élargir un peu la vision qu'on en a !

J'aimerais  également remercier le sponsor de cette émission : the Elder Scrolls Online ! Cet épisode  a été sponsorisé par The Elder Scrolls Online. Merci à eux ! The Elders Scrolls  Online, c'est un RPG multijoueur situé dans l'univers de Skyrim/Oblivion/Morrowind. Si vous avez déjà passé un peu de temps sur ces jeux, vous savez que c'est du bon  ! Ici, le jeu vous propose de rejoindre les quelques 18 millions de joueurs qui ont déjà  foulé ces terres avec un nouveau Chapitre appelé “Blackwood” ! Dans cette nouvelle  aventure, vous allez découvrir des dizaines de quêtes et devoir déjouer le complot de  Mérunès Dagon, le Prince daedra de la Destruction ! Vous pourrez également profiter du nouveau  système de compagnon avec la possibilité de recruter un allié qui vous suivra dans  toutes vos quêtes ! Vous devrez l'équiper, monter ses compétences et même le commander  au combat. Si vous n'avez jamais joué à The Elder Scrolls Online, ce nouveau chapitre  est l'occasion de se lancer, au moins de le tester ! Comme tout RPG qui se respecte,  vous pouvez personnaliser à fond votre personnage lors de sa création et rejoindre une des  trois alliances qui s'affrontent dans le jeu. Vous aurez des heures d'exploration,  de quêtes et de donjons en vue, tout ça sans abonnement et sur PC/Mac, Xbox One, Xbox  Series, PS4 et PS5. Je vous mets un lien en description si vous voulez en savoir plus  ! N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne, à partager l'épisode et à nous laisser un commentaire, en faisant ça vous soutenez réellement la chaîne ! A très vite pour de nouvelles vidéos. Ciao !